• il y a 4 mois
Maxime Bossis sur le titre européen de 1984 : "La grande réussite était celle de Hidalgo. Si on gagne, c'est 50 % grâce à lui."

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Transcription
00:00Maxime Baussis est avec nous, bonsoir !
00:02Bonsoir !
00:04Et merci d'être là.
00:06Merci, le plaisir est réciproque d'être avec vous.
00:10En plus, la façon dont je vous ai présenté,
00:14je pense que ça correspond tout à fait à la réalité.
00:18C'est un peu trop pélogieux pour moi, mais bon.
00:21C'est vrai que toutes les générations ne connaissent pas
00:24les anciens, grands ou petits.
00:27Exactement, je rappelle que Maxime Baussis a été en son temps
00:29recordman de sélection en équipe de France,
00:31titulaire indiscutable en défense
00:34pendant à peu près dix ans,
00:36en équipe de France.
00:38Le bouquin, c'est Le Grand Max.
00:40Parce que c'est un peu son surnom.
00:42Édition Nouvelle Source.
00:43Les commentateurs l'appelaient comme ça,
00:45que ce soit Thierry Roland ou Druecker
00:47pendant la Coupe du Monde 1986.
00:49C'est un peu son surnom.
00:50Alors, on a choisi, Maxime, si vous le voulez bien,
00:52de nous concentrer avec vous ce soir sur l'Euro 84.
00:55Parce que demain, il y a l'Euro 2024 qui démarre.
00:58Donc, on ne va pas vous rebassiner ce soir
01:00avec Séville ou d'autres événements.
01:02Mais Séville, il ne s'en souvient plus.
01:04On en parle toutes les semaines de Séville.
01:06Mais vraiment, Max, c'est un truc,
01:08je ne sais pas, quand on dit
01:10toutes les semaines, ça veut dire quoi ?
01:11Ça veut dire quand tu sors te balader,
01:13quand tu croises des gens, c'est quoi en fait,
01:14quand on dit ça ?
01:15Quand je croise des gens et qu'on rencontre
01:17des supporters de l'équipe de France,
01:19de la génération 80, qui faisait 10 ans
01:21ou 30 ans à l'époque,
01:23au bout de 30 secondes,
01:25ils nous abordent gentiment et ils nous parlent
01:27de Séville.
01:28Évidemment, jusqu'au bout, forcément,
01:30les tirs au but, malheureusement pour moi.
01:34Nous, on n'en parlera pas.
01:35Tu sais, c'est quand même curieux, Max,
01:37parce que le décembre...
01:39Tu ne vas pas en parler ?
01:41Eh si, parce que j'ai pensé à un truc.
01:43Tu as droit à une seule question.
01:44D'abord, parce que Max m'a confié
01:46qu'il n'a plus jamais tiré de pénalty après ça.
01:48D'ailleurs, j'en avais parlé dans le spectacle.
01:52Dans le spectacle, l'after remonte le temps.
01:54Et ensuite, parce que
01:56c'est marrant, parce que moi, je suis fasciné
01:58par les tirs au but, parce que ça change,
02:00ça peut changer la vie d'un homme,
02:02ça peut le marquer en bien ou en pas bien.
02:04Et finalement, alors que
02:06c'est toi qui rates le dernier,
02:08les gens t'aimaient tellement
02:10et en même temps, sur le terrain,
02:12tu dégageais quelque chose qui faisait qu'on était toujours
02:14derrière toi,
02:16parce que tu avais une générosité.
02:18On ne t'en a pas voulu de ça, alors que ça aurait
02:20pu être terrible. On a tellement d'exemples.
02:22Et ça m'a fait penser à l'histoire de Didier Six.
02:24Tu sais, quand on avait fait notre match à Marrakech,
02:26où lui a été marqué à vie,
02:28alors que lui, il le rate avant toi,
02:30que c'était récupérable. Eh bien, lui,
02:32ça l'a marqué négativement dans sa vie,
02:34alors que toi, on vient de taper sur l'épaule,
02:36on te dit, on t'en parle,
02:38mais de façon
02:40peut-être moins tragique.
02:42C'est marrant, parfois, les destins.
02:44Oui, c'est sûr que je pense
02:46que Didier a encore
02:48un plus mauvais souvenir que moi
02:50du tir au but raté
02:52à Séville. Les réactions
02:54ont été un peu plus mitigées,
02:56peut-être, pour lui,
02:58sans savoir exactement pourquoi.
03:00Est-ce que c'est un problème de personnalité ou autre ?
03:02Mais c'est sûr que ça peut marquer
03:04un homme à vie. Moi, ça ne m'a pas marqué
03:06sur le terrain. J'ai continué
03:08ma carrière, bien que je n'ai plus jamais tiré
03:10de pénalty, mais je sais, pour en avoir parlé
03:12avec lui, avec Didier, que lui,
03:14ça l'a marqué vraiment très, très profondément.
03:16Pour l'anecdote, on a joué
03:18un jour un match de Média français
03:20contre Média marocain à Marrakech. Didier Six était avec nous.
03:22Ça s'est terminé au tir au but. Il n'a pas voulu
03:24tirer, alors qu'il n'y avait que nous, là, sur le terrain.
03:26Même un tir au but pour rien, je trouve.
03:28J'aurais fait la même chose.
03:30Tu te rends compte, un peu, comment ça peut...
03:32Alors, l'an 84,
03:34c'est intéressant parce que c'est peut-être
03:36la compétition, il y a eu 2000,
03:38il y a eu 98,
03:40c'est peut-être la compétition que la France
03:42a finalement le plus dominée,
03:44de la tête et des épaules, quand on reprend les matchs.
03:46Il n'y a pas eu que les matchs faciles, bien sûr.
03:48C'est la dualité, s'entend Maxime.
03:50Est-ce que vous vous sentiez,
03:52en 84, largement au-dessus ?
03:54Vous marchiez sur l'eau, vraiment ?
03:56On n'était pas...
03:58On ne se sentait pas vraiment
04:00au-dessus de tout le monde, mais c'est la première
04:02compétition qu'on abordait
04:04en étant favoris. Il y avait
04:06évidemment les demi-finales, la Coupe du Monde 82.
04:08Malgré la défaite,
04:10on avait montré qu'on était capables de rivaliser
04:12avec les meilleurs. Et là, c'était
04:14une compétition en France.
04:16On était arrivé avec les joueurs-cadres
04:18entre 27 et 29 ans, 31 ans
04:20pour Alagires. Et c'est vrai
04:22qu'on se sentait capables
04:24de gagner cette compétition.
04:26Mais il y avait énormément de pression.
04:28On s'est senti au-dessus, qu'on a battu la Belgique 5-0
04:30à la Beaujoire. Mais lors du premier match
04:32contre le Danemark, gagné péniblement
04:341-0, on était quand même
04:36dans nos petits souliers.
04:38C'est marrant parce que ce match contre la Belgique,
04:40souvent on dirait qu'ils ont collé 5-0 à la Belgique,
04:42qu'ils ont collé 5-0 à la Belgique.
04:44La Belgique du début des années 80,
04:46c'est une sacrée équipe.
04:48D'abord, qui fera demi-finale
04:50à la Coupe du Monde d'après,
04:52et qui, en face de groupe
04:54dans la qualif pour le Mondial 82,
04:56finit devant la France. Le football
04:58belge du début des années 80, c'est un football qui a plus
05:00de Coupes d'Europe que nous, parce que nous on en a pas
05:02et eux ils en ont. C'est des
05:04clubs, comme Anderlecht
05:06notamment, avec des vrais joueurs,
05:08avec les joueurs néerlandais qui beaucoup
05:10jouaient dans ce championnat. C'était un championnat
05:12qui était supérieur au nôtre
05:14et quand on croisait
05:16une équipe belge en Coupe d'Europe,
05:18déjà qu'aujourd'hui,
05:20c'est pas toujours qu'on gagne,
05:22mais à l'époque,
05:24on gagnait pas. Je crois même qu'avec Nantes,
05:26vous n'aviez pas galéré contre une équipe belge
05:28à l'Ockerenne ?
05:30Oui, à l'Ockerenne, on avait galéré
05:32grave. Je sais même pas si
05:34on s'est qualifiés, si on était éliminés,
05:36je pense qu'on était... On s'est pas
05:38qualifiés, comme souvent.
05:40C'est vrai que, comme le disait Daniel,
05:42c'est avec la Belgique, sur le papier,
05:44avant ce match, et même les années
05:46qui précédaient et les années d'après,
05:48c'était une équipe redoutable,
05:50avec des qualités individuelles de joueurs
05:52que vous avez cités,
05:54qui étaient fabuleux.
05:56Bon, attention, l'équipe de France, c'était pas rien
05:58non plus. Parce que là, j'ai par exemple
06:00la compo face à la Belgique,
06:02bon bah pardon, il y avait quand même
06:04du lourd. Je vous la refais
06:06vite fait, dans les buts, défense,
06:08Bresson, Bossis,
06:10Domergue,
06:12Louis,
06:14Gengini,
06:16Giresse, Platini,
06:18Tigana, et puis Six,
06:20Lacombe, et le dernier
06:22que je n'ai pas donné...
06:24J'ai tout dit ?
06:26Il y avait quatre au milieu, il n'y avait que deux attaquants.
06:28J'ai Michel Platini que je n'ai pas cité.
06:30Tu l'as dit ?
06:32Ah oui, Michel Platini, c'est un petit oubli.
06:34Pour ce match-là, ils avaient ressorti...
06:36C'est intéressant, la position de Platini pendant l'Euro 84,
06:38parce qu'il marque, il finit à neuf buts,
06:40donc meilleur buteur de l'Euro, neuf buts en cinq matchs,
06:42parce que...
06:44Et en fait, il était quand même...
06:46C'est un record qui sera très dur à chercher, je pense.
06:48Il était très offensif. Aujourd'hui, il y a le débat sur
06:50Bappé en neuf et tout,
06:52Griezmann, où est-ce qu'on le met ?
06:54Platini, en fait, il était devant.
06:56Ouais, il était devant.
06:58C'était un neuf et demi, un dix
07:00à la base. C'était pas un attaquant
07:02de pointe, il n'en avait pas toutes les qualités,
07:04mais il était tellement à droit
07:06qu'il pouvait éventuellement jouer un peu plus devant.
07:08En plus, l'équipe jouait
07:10aussi pour lui, et des joueurs
07:12très offensifs, comme Giresse,
07:14Gengini, avant notamment,
07:16se permettaient
07:18de revenir défendre,
07:20pour lui donner le ballon dans les meilleures conditions.
07:22Et donc, on savait très bien, surtout
07:24en 84, où c'était la première
07:26compétition où il n'avait pas de
07:28petites blessures, il était au summum de sa
07:30force, et donc de sa forme aussi.
07:32Et donc, il fallait éventuellement le
07:34mettre dans les meilleures conditions.
07:36Toi, Max, t'étais considéré, quand même, à l'époque,
07:38d'être un des meilleurs défenseurs
07:40au monde. Rappelons quand même que tu viens
07:42de l'école nantaise, et que
07:44à l'époque, ça voulait dire quelque chose. On parlait tout à l'heure
07:46de deux herbis qui arrivaient à l'OM,
07:48donc des styles de jeu, c'est des débats
07:50qui animent beaucoup les connaisseurs.
07:52À l'époque, il n'y avait pas d'émission comme la nôtre,
07:54il y avait un journal qui parlait de foot,
07:56et les débats sur le jeu, il y en avait peu.
07:58Néanmoins, autour de Nantes,
08:00vous aviez véritablement un
08:02mouvement d'appréciation du style
08:04que vous aviez.
08:06Ça t'a marqué, évidemment, parce que
08:08tu étais un défenseur qui n'hésitait
08:10pas à dépasser sa fonction.
08:12Le voyant d'Equipe de France, et encore plus avec Nantes.
08:14Ce serait bien si tu nous rappelais
08:16à l'époque comment vous étiez perçu.
08:18C'était l'époque,
08:20pour les nostalgiques
08:22supporters nantais, du fameux jeu
08:24à la nantaise, où on pouvait
08:26allier le plaisir de jouer ensemble,
08:28et également les résultats.
08:30Un petit peu moins, malheureusement, au niveau européen,
08:32mais au niveau national.
08:34On a été plusieurs fois champions, on terminait souvent second
08:36quand on ne l'était pas.
08:38C'était surtout le plaisir
08:40de démarquer le partenaire,
08:42de penser d'abord aux autres,
08:44aux coéquipiers, avant de penser à soi.
08:46Ce qui n'empêchait pas quelques actions individuelles.
08:48Me concernant, concernant le rôle
08:50des arrières latéraux, avec Arrivas,
08:52et surtout après Soido et Jean-Vincent,
08:54il y a eu un changement dans ces années 70,
08:56milieu des années 70,
08:58où auparavant, les latéraux, dans les petites équipes,
09:00par exemple, on les mettait souvent
09:02à ce poste-là, parce qu'ils n'étaient pas bons
09:04techniquement, et on nous disait, même au niveau
09:06professionnel, une fois passé le milieu de terrain,
09:08c'est fini, vous donnez le ballon, et puis vous vous
09:10replacez pour marquer l'attaquant.
09:12Il y a eu vraiment un changement, pendant
09:14quelques années, on a été quelques Français,
09:16et j'ai cette fierté-là, à changer
09:18un peu le rôle de latéral, et puis il y avait
09:20également de très bons latéraux dans d'autres équipes,
09:22je pense à Cabrini, à Junior le Brésilien,
09:24à Kals, évidemment, en Allemagne,
09:26et donc, c'est une belle période
09:28où le poste a vraiment changé en
09:305-10 ans. Oui, oui, tu n'étais pas le seul,
09:32c'est vrai qu'il y avait beaucoup de latéraux qui montaient comme ça.
09:34Il y avait Jean-Vion, Baptisteon,
09:36en France, Amoros après, il y avait les
09:38Nantais, Tussaud et
09:40Ayache, et donc, c'était vraiment des
09:42joueurs qui étaient capables de faire autre chose,
09:44qui savaient défendre, mais qui pouvaient
09:46faire aussi autre chose, et aider l'équipe
09:48dans le jeu à la Nantaise de l'époque.
09:50Ou Lyde Acherchour, qui aurait pu
09:52être le fils de Maxime Bossis.
09:54Oui, en parlant de jeu, je regarde les années,
09:56c'est l'année de naissance de mon père,
09:58sur les joueurs.
10:00Non, Maxime,
10:02je voulais te poser la question sur le jeu,
10:04pour faire une transition, par rapport au
10:06football actuel et par rapport à notre équipe de France.
10:08Qu'est-ce que tu penses, toi ?
10:10La 84 était une référence,
10:12nous, on a eu une transmission
10:14sur le carré magique de 84,
10:16est-ce qu'aujourd'hui, quand tu regardes l'équipe de France,
10:18qu'est-ce que tu penses
10:20de ce qui se produit
10:22sur le terrain ? Est-ce que parfois, tu es frustré
10:24un peu comme nous, ou non ?
10:26Parfois,
10:28je suis frustré, évidemment, si je me
10:30réfère à ce qui se passait
10:32il y a 20-30 ans, ou la génération
10:34parfois aussi, 98-2000.
10:36Mais il faut
10:38d'abord, aujourd'hui, dans un football
10:40qui a beaucoup évolué, penser au résultat,
10:42être pragmatique,
10:44pardon, à l'image
10:46du sélectionneur, d'idée des champs.
10:48Je pense qu'il utilise les joueurs
10:50de la meilleure façon qui soit,
10:52avec des joueurs capables
10:54de faire la différence quand il y a de l'espace.
10:56Je pense à Dembélé et à Mbappé.
10:58C'est un jeu, je crois, qui convient
11:00très bien à l'équipe de France,
11:02qui n'est jamais plus dangereuse
11:04que quand, parfois, elle laisse venir l'adversaire,
11:06parce qu'en deux ou trois passes, elle peut aller
11:08au bout
11:10et faire parler la poudre et marquer.
11:12Donc, oui, au niveau
11:14du jeu, j'aimerais retrouver
11:16ce que j'ai retrouvé avec la
11:18Grande Espagne, il y a quelques années,
11:20avec même l'équipe de France
11:22des années 80 ou 2000.
11:24Oui, parce que c'est son identité de jeu.
11:26Et le pire, c'est que les champs, ils viennent de là.
11:28On oublie trop souvent que des champs,
11:30ils viennent de Suodo.
11:32Bien sûr, il vient de Suodo, mais il a pu
11:34acquérir très vite
11:36la culture de la victoire. Il est parti
11:38jeune de Nantes. Joueur, il a
11:40absolument tout gagné. Après, il est parti aussi
11:42en Italie. Et donc, il a
11:44sévéré en tant qu'entraîneur. Et pour lui,
11:46la victoire compte plus
11:48que tout. Mais
11:50ce n'est pas pour ça qu'il n'aime
11:52pas le beau jeu. Quand on arrive de Nantes,
11:54qu'on a été formé à Nantes, forcément
11:56qu'on aime le beau jeu. Mais seulement, il l'adapte
11:58aux joueurs qu'il a avec
12:00leur qualité et parfois peut-être aussi
12:02un petit peu leur faiblesse technique pour certains.
12:04Je pense que la Juve est là, au final, beaucoup plus
12:06marquée que Nantes.
12:08Mais bon, après, chacun
12:10ses références.
12:12Maxime,
12:14qu'est-ce que vous pensez aujourd'hui de la défense
12:16de l'équipe de France ? Les latéraux,
12:18les défenseurs centraux,
12:20quand vous les voyez, vous vous dites bon,
12:22c'est du niveau mondial de ce qu'on avait à l'époque
12:24en 1984 ou alors vous avez des doutes ?
12:26Des doutes,
12:28non, parce que ce sont tous des joueurs
12:30costauds, même si certains ont eu des saisons
12:32compliquées. Par contre,
12:34il ne se dégage pas forcément
12:36une défense type. Il y a
12:38toujours, bon, il y a ou pas mes canots
12:40Max qui, malgré quelques soucis,
12:42va rester.
12:44Aujourd'hui, on parle de Saliba. Il paraît que Saliba
12:46pourrait être titulaire aujourd'hui.
12:48Voilà, on parle de Saliba qui a marqué
12:50des points lors des derniers
12:52matchs par rapport
12:54à un canter. Théo Ornandes
12:56n'est pas si mal, mais il y a aussi Fernand Mendy.
12:58Donc, on a de la peine
13:00quand même à dégager une défense type
13:02qui n'est jamais très très bonne, mais on
13:04n'encaisse pas beaucoup
13:06de buts malgré tout.
13:10Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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