Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 12/06/2024
Jean-Loup Hahn, fils de bonne famille et élève prometteur, était promis à un avenir réussi. C'était sans compter sur son malaise, une névrose destructrice qui le consumai comme un feu intérieur. Au premier jour de l'été 2005, il est arrêté après avoir tué, en plein cours, une étudiante de sa promotion, Julia Bastide, 20 ans. Depuis des semaines, il faisait une "fixette" sur la jeune femme. Elle était de plus en plus terrorisée, craignait que tout cela finisse mal mais par bonté n'avait pas osé porté plainte.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 12 juin 2024

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00On n'est pas du tout en train de parler d'une déception amoureuse, on est en train de parler
00:11d'un harcèlement lié à une construction meurtrière depuis deux ans.
00:16Elle avait peur, il a tué Julia, elle était pleine de vie, on ne lui demandait pas de
00:20réussir, on lui demandait d'être heureuse dans la vie, on ne l'a pas assez protégée.
00:25Bonjour, Jean-Loup Anne, fils de bonne famille et élève brillant, était promis à un avenir
00:32réussi, c'était sans compter sur sa névrose destructrice qui le consumait comme un feu
00:38intérieur.
00:39Au premier jour de l'été 2005, il va tuer en plein cours une étudiante de sa promotion
00:44Julia Bastide, 20 ans.
00:46Depuis des semaines, il faisait une fixette sur cette jeune femme, elle était de plus
00:50en plus terrorisée, craignait que tout cela finisse mal, mais par bonté, elle n'avait
00:55pas osé porter plainte.
00:57L'enquête sur ce jeune homme va montrer qu'il n'en était pas à son coup d'essai pour menacer
01:02ces femmes qui lui paraissaient inatteignables ou méprisables.
01:06Il avait même effrayé la présentatrice de journaux télévisés Anne-Sophie Lapix.
01:11Pourquoi cet étudiant, garçon grandi dans une famille aimante, est-il devenu un assassin ? Pourquoi
01:17cette haine accumulée envers les femmes qu'il rêvait et sans doute de s'approprier
01:22s'est-elle exprimée ? Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:26Jean-Loup Hahn, l'obsession fatale de l'étudiant en gestion, il s'est procuré mon numéro
01:32de téléphone, il me suit partout, il passe son temps à me dévisager, il se renseigne
01:37sur ma vie privée.
01:39L'enquête de l'or du crime, la seule émission radio 100% fait divers, à tout de suite sur RTL.
01:48L'heure du crime.
01:4914h30, 15h30, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:54L'heure du crime.
01:56Dans l'heure du crime aujourd'hui nous revenons sur l'affaire Jean-Loup Hahn, un étudiant
02:00qui en 2005 va abattre une camarade de promotion à l'IUT d'Orléans.
02:04Il a harcelé depuis des semaines, 2 ans avant les faits, il a jeté son dévolu sur une
02:11célèbre présentatrice de télévision.
02:15Été 2003, la présentatrice de LCI, Anne-Sophie Lapix, commence à recevoir une série de mails
02:22anonymes dont le ton familier se fait de plus en plus insultant jusqu'à prendre un tour
02:27menaçant.
02:28« Présente ta démission ou tu es foutu » est-il écrit dans un message.
02:32Une autre fois, le correspondant raconte qu'il la guette quand elle sort de son travail à
02:371h du matin.
02:38« Protège ton enfant, je pourrais m'y intéresser » peut-on lire dans un mail.
02:43L'inscripteur finit par envoyer à la journaliste une enveloppe contenant de la poudre blanche
02:48qui pourrait être de l'anthrax, un poison violent.
02:51« Maintenant, tu vas avoir besoin d'un médecin » avertit l'expéditeur.
02:55Le siège de la chaîne LCI est ce jour-là évacué.
02:58La poudre est en fait du détergent pour piscine.
03:01La police est alertée, le corbeau identifié.
03:04Il s'agit d'un étudiant âgé de 20 ans, un certain Jean-Loup Hahn.
03:08Il vit chez ses parents à Orléans, un père général à la retraite, une mère qui a
03:13été pilote de ligne, une sœur de 2 ans son aîné.
03:17Jean-Loup Hahn est alors en stage, rémunéré pour 2 mois à l'agglomération des communes
03:22orléanaises.
03:23Il est convoqué au commissariat.
03:25Il explique qu'il n'en veut pas à Anne-Sophie Lapix, tout au contraire.
03:29Il aurait d'ailleurs choisi sa victime au hasard.
03:31S'il a fait tout ça, c'est parce qu'il s'ennuyait dans son stage.
03:35C'était un canular, un rôle que je me donnais pour passer le temps, dira-t-il.
03:39Le dossier est transmis au procureur de la République d'Orléans, qui décidera d'un
03:43éventuel renvoi en correctionnel pour harcèlement.
03:49Les parents de Jean-Loup Hahn sont avertis de l'affaire Lapix.
03:52Ils sont effondrés.
03:53Ils ne comprennent pas, même si ce n'est pas la première fois que leur fils affiche
03:57un comportement déroutant, menaçant, voire violent.
04:01Classe de quatrième, fou amoureux, selon lui, de sa camarade Clémence.
04:05Il l'a un jour coincé dans une cage d'escalier au collège.
04:09Il lui a griffé les avant-bras.
04:11Il a commencé à lui serrer le cou jusqu'à ce qu'une adolescente parvienne à lui faire
04:15lâcher prise.
04:16Au lycée, classe de première, il ne lâche pas d'une semelle Cécile, lui reproche de
04:21s'habiller comme une pute, puis finit par la gifler.
04:25L'adolescente et ses parents rencontrent la famille Hahn.
04:28Jean-Loup promet de ne plus recommencer.
04:31Il gifle toutefois une autre fille, Claire, qui se sentait menacée.
04:36Le lycéen avait créé un blog avec la photo de la jeune fille accompagnée de l'image
04:40d'un couteau ensanglanté qui portait cette légende « Sa mort sera ma victoire ».
04:46Un égorgement était prévu dans les toilettes de l'établissement.
04:50Autant de faits qui ne font pas l'objet de poursuites.
04:53Ils ne figurent même pas dans le dossier scolaire de Jean-Loup Hahn.
04:59Vendredi 4 février 2005, un an et demi après l'affaire Lapix, Julia Bastide, 20 ans, étudiante
05:05en deuxième année à l'IUT de gestion d'Orléans, est devant son professeur principal ainsi
05:10que le responsable des services administratifs.
05:13Elle dénonce le comportement d'un de ses camarades, Jean-Loup Hahn.
05:18Il ne cesse de la harceler.
05:20Il s'est procuré mon numéro de téléphone.
05:22Il me suit partout.
05:24Il s'assoit toujours en face de moi.
05:26Il passe son temps à me dévisager, dit la jeune femme.
05:29Il se renseigne sur ma vie privée.
05:32Récemment, le garçon a laissé tomber un couteau de sa poche, un cran d'arrêt.
05:36Il disait qu'il voulait se protéger car il habita à proximité d'un quartier chaud.
05:40Julia s'est sentie visée.
05:42Elle a envisagé de changer de groupe de TD mais elle y a renoncé.
05:46Elle ne veut pas déposer plainte car elle a pitié de l'étudiant.
05:50Jean-Loup Hahn est convoqué.
05:52Les enseignants ne sont pas informés de son passé et notamment de l'affaire Lapix.
05:55Le jeune homme promet qu'il va se tenir tranquille.
05:58« Je l'ai senti sincère », dira un professeur.
06:04« Je l'ai senti sincère », ça veut dire que Jean-Loup Hahn cache bien son jeu.
06:08Mais ce Jean-Loup Hahn ne va pas tenir sa parole.
06:11Quatre mois plus tard, Julia Bastide sera morte, tuée à bout portant,
06:16à coups de carabine dans l'enceinte même de l'IUT.
06:20Jean-Loup Hahn sera, à partir de ce jour-là, un assassin.
06:23On va examiner comment tout a basculé dans le chapitre suivant de l'heure du crime.
06:27Il faut revenir à cette chronologie de l'affaire.
06:30Et puis à ces années précédentes qui ont précédé ce crime
06:33parce qu'elles sont le terreau du crime qui a fini par survenir.
06:38Bonjour Christian Panvert.
06:40Bonjour à tous.
06:41Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui sur RTL et dans l'heure du crime.
06:46RTL c'est une maison que vous connaissez parfaitement
06:48et on connaît votre voix évidemment sur RTL, Christian Panvert.
06:51Vous êtes journaliste et vous êtes notre correspondant RTL pour cette région-centre.
06:56Cette affaire, évidemment, vous vous êtes penché dessus.
06:58Vous l'avez traité à l'époque.
07:00Vous avez lu tous les journaux.
07:02On en parlait beaucoup à Orléans et puis dans toute la région.
07:06Un mot déjà.
07:07Qui est Jean-Loup Hahn ?
07:08Fils de bonne famille ?
07:09Bien entouré ?
07:10On a l'impression qu'il manque de rien ce garçon.
07:13Oui, vous l'avez dit.
07:14Sur le papier, non.
07:15Il a une vie assez facile dans une famille très aisée.
07:20Un père général de brigade dans l'armée de l'air.
07:22Une mère pilote de ligne reconvertie dans l'humanitaire.
07:26Il a trois soeurs.
07:27Une de deux ans son aîné.
07:29Et puis les deux autres de 14 et 15 ans ses cadettes.
07:32On dirait qu'il vit dans une famille très bourgeoise orléanaise.
07:36Alors il y a, Christian, encore un mot, il y a ces premiers incidents.
07:40Évidemment, on va les découvrir plus tard.
07:42Mais on s'aperçoit qu'il ne figure même pas dans le carnet scolaire de l'étudiant.
07:46Il y a ces premiers incidents.
07:48Collège, lycée.
07:49Il y a cette violence chez lui quand même.
07:51Il attaque des filles.
07:52Il les gifle.
07:53Il les menace.
07:54C'est le moins qu'on puisse dire.
07:56En classe de quatrième, il tombe amoureux de Clémence.
07:58Alors il l'a choisi car, dit-il, elle a du caractère et elle est très jolie.
08:02Il la harcèle, la menace de mort.
08:05Tente même de l'étrangler.
08:06En seconde, il flashe sueur claire.
08:08Il la bouscule dans les couloirs.
08:10Tente de l'embrasser.
08:11Le jeune homme est prié de quitter l'établissement en cours d'année.
08:14Il va alors au lycée Jean Zay, qu'il fréquente d'ailleurs assez peu.
08:18Cécile est sa troisième victime.
08:20Et là, sur un blog, il la menace carrément de mort.
08:23Et ça, c'est assez terrifiant.
08:25Alors, on ne va pas jouer les perles à morale.
08:27Mais en tout cas, il y a quelque chose qui ne va pas.
08:29Christian Panvert, c'est que le dossier scolaire, il n'y a rien du tout qui est reporté sur ces affaires.
08:34Moi, je suis tombé des nues quand j'ai vu ça.
08:36Eh bien, moi aussi, ça paraît incompréhensible.
08:40On en parlera, j'imagine, tout à l'heure.
08:42Mais on a l'impression que le dossier ne suit pas d'établissement à établissement.
08:47Et c'est ça.
08:48Et donc, du coup, cet homme, comme on dit dans le jargon, il est sous les radars.
08:52On ne le voit pas venir.
08:53Il va pouvoir prospérer.
08:54Et puis se livrer à ces harcèlements qui vont atteindre un pic, évidemment, avec cet assassinat.
09:01Bonjour, Frédéric Ploquin.
09:03Bonjour.
09:04Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui, au Téléphone de l'heure du crime.
09:08Au Téléphone de l'heure du crime, vous êtes grand reporter indépendant, journaliste, bien sûr.
09:12Et vous signez un grand article sur cette affaire meurtre à la fac,
09:17qui est publiée dans un nouveau magazine qui s'appelle Pulp Non-Fiction,
09:21publié chez Dark Side Editions.
09:23Alors, c'est un magazine, il faut le lire, je le présente, parce qu'on ne le connaît pas encore ce magazine.
09:26Il vient de sortir.
09:27C'est un magazine qui revient sur les grandes affaires criminelles.
09:30Et le 26 juin, vous pourrez acheter les deux premiers volumes de ce magazine,
09:35prometteur, et qu'on encourage.
09:37On est là pour encourager toute publication.
09:39Évidemment, c'est toujours bien, en France, quand on a des journaux et le maximum de journaux, c'est très bien.
09:44Frédéric Ploquin, un mot sur l'affaire Lapix.
09:48Il est en stage à Orléans.
09:50C'est là qu'il se fait connaître.
09:52Il persécute cette présentatrice.
09:54Alors, ce n'est pas le premier stalker, comme on dit dans le milieu,
09:56c'est-à-dire quelqu'un qui attend des célébrités.
09:58Mais lui, c'est particulier, parce qu'il monte en puissance.
10:02Il se montre, le jeune Jean-Louis Appann, ce jour-là, il n'a même pas 20 ans,
10:07il se montre totalement machiavélique.
10:10Il s'ennuie, effectivement, dans ce stage de comptabilité.
10:14Il tombe, dit-il, amoureux,
10:16mais c'est un mot dans lequel on ne sait pas trop ce qu'il projette,
10:20mais il tombe amoureux de cette présentatrice,
10:23qui, effectivement, probablement, dans son rapport aux femmes,
10:27qui a l'air assez particulier,
10:29je pense que Jean-Louane considère,
10:31d'une certaine façon, que les femmes doivent être à sa disposition.
10:35Elles ne le sont pas.
10:36Mais là, en s'attaquant à un de ces filles,
10:39il s'attaque à quelque chose qu'il ne peut pas atteindre.
10:42Il le sait déjà.
10:44C'est une femme présentatrice qu'il met sur un piédestal.
10:47Mais ce qui est étonnant, c'est qu'il n'est pas complètement idiot.
10:51Il arrive quand même à se faire passer pour quelqu'un d'autre,
10:55à travers divers mails.
10:57Il obtient quand même l'adresse personnelle mail de Anne-Sophie Lapix.
11:02Et puis, à partir de là, il commence à la menacer.
11:05Il commence à parler de ses enfants.
11:08Ça va très vite, assez loin, au point que la présentatrice n'est pas très tranquille.
11:13Oui, et elle va porter plainte, évidemment.
11:15Et on comprend, évidemment, son attitude à Anne-Sophie Lapix.
11:18Frédéric Bloquin, encore une question.
11:20Julia Bastide, elle avertit sa hiérarchie à l'IUT.
11:24Elle dit, moi j'ai peur, ça ne va pas, ce garçon me menace.
11:28C'est curieux, on l'écoute.
11:30Mais finalement, ça va un peu rester l'être mort, ce qu'elle raconte.
11:34Ce qui est plutôt bien de sa part, c'est qu'elle a l'intelligence d'en parler.
11:38On ne sait pas si elle en a parlé à sa famille.
11:41En tout cas, elle en parle à son professeur principal.
11:44Elle en parle aux responsables de l'établissement.
11:47Elle cite un certain nombre de faits qui sont pour elle insupportables.
11:51C'est vrai que chaque jour dans cette salle en travaux pratiques,
11:55chaque jour dans cette salle disposée,
11:57lui se débrouille pour se mettre en face d'elle.
12:00Il l'inscrute en permanence.
12:02En fait, il est totalement obsédé par Julia.
12:05Il la suit, il faut quand même dire,
12:07parce que les auditeurs ne le savent pas, il la suit jusqu'à chez elle.
12:10Il a réussi à la localiser.
12:12Il a déménagé, quitté de chez ses parents pour s'installer.
12:16Donc, si vous voulez, effectivement, à un moment donné,
12:18elle va voir le personnel enseignant
12:20et elle dit, ça ne va pas, il faut faire quelque chose.
12:23Et là, on peut effectivement refaire le procès de ces enseignants
12:28en disant qu'ils n'ont pas entendu, pas perçu, pas vu.
12:31Mais pour eux, en fait, je crois qu'ils perçoivent ça finalement
12:36comme une bagarre amoureuse classique, ordinaire,
12:39comme il y en a après tous les jours dans les collèges.
12:42Et ils ne prennent pas du tout la mesure de ce qui est en train de se passer,
12:46du drame qui est en train de se jouer.
12:48Julia avait donné l'alerte, quatre mois plus tard, elle est assassinée.
12:51Jean-Loup Anne, l'obsession fatale de l'étudiant en gestion.
12:54J'entendais sa voix, je me disais que si je faisais demi-tour,
12:57elle continuerait à vivre.
12:59L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
13:0314h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
13:07Jean-Alphonse Richard.
13:09Alex, ça va ?
13:1014h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
13:15L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Jean-Loup Anne.
13:17En février 2005, cet étudiant en gestion à Orléans, âgé de 22 ans,
13:22avait été mis en cause par une de ses camarades pour harcèlement.
13:25Il a promis de s'amender.
13:27Quatre mois plus tard, il va tuer cette jeune femme qui l'obsédait.
13:31Mercredi 22 juin 2005, premier jour de l'été.
13:34Salle 109 de l'IUT d'Orléans, La Source.
13:37À 15h08, Julia Bastide, 20 ans, soutient son mémoire de stage de fin d'étude.
13:43Debout, derrière un pupitre.
13:45Cinq étudiants assistent à sa soutenance.
13:48Dans la pièce, il y a encore deux professeurs et le maître de stage
13:51de l'étudiante, patron d'une agence de communication locale.
13:54Il fait tellement chaud que la porte a été laissée entre-ouverte.
13:58Quinze minutes plus tard, l'exposé est terminé.
14:00Les questions s'enchaînent quand, tout d'un coup,
14:03un claquement sec se fait entendre.
14:05Un homme, grand, 1m90 et mince, fait irruption.
14:09Il est vêtu comme les personnages du film Matrix.
14:12Un long manteau noir, des gants noirs, des cheveux courts taillés en brosse.
14:16Il est armé d'une carabine 22 longs-rifles.
14:18En une fraction de seconde, les enseignants reconnaissent Jean-Loup Hahn.
14:22Julia avait demandé à un professeur de surveiller l'étudiant
14:26afin qu'il n'entre pas dans la salle.
14:28Mais celui-ci a oublié.
14:30Julia est touchée au bras.
14:32Elle crie, elle tente de se protéger.
14:34Une deuxième balle la frappe au ventre.
14:36L'étudiant tire une troisième fois à bout portant.
14:38Elle s'effondre, la poitrine couverte de sang.
14:41Après le premier tir, Jean-Loup Hahn avait fait un doigt d'honneur à l'assistance.
14:45Le maître de stage lui arrache la carabine des mains.
14:48Il quitte la salle en bousculant un élève et en faisant un deuxième doigt d'honneur.
14:53Il est interpellé 30 minutes plus tard par la police, assis dans un bois sur un tronc d'arbre.
15:00Jean-Loup Hahn est interrogé par les policiers.
15:02« Ce qui s'est passé aujourd'hui était inévitable », déclare-t-il.
15:05Il affirme qu'il voulait tuer Julia puis se suicider.
15:08« Je me suis levé ce matin avec l'idée que j'allais mourir.
15:11C'était pour moi le meilleur scénario », poursuit-il.
15:14Il raconte qu'il a acheté la carabine et les munitions trois semaines auparavant sur Internet.
15:19Il s'est entraîné à tirer dans un bois.
15:21Le matin, il a démonté l'arme, la cachée dans un sac, la remontée dans les toilettes,
15:25la chargée de 10 balles, puis il s'est changé.
15:28L'étudiant explique qu'il n'a jamais eu de petit ami.
15:31« C'est le néant », précise-t-il.
15:33Jean-Loup Hahn est mis en examen pour assassinat.
15:36La juge d'instruction l'interroge à plusieurs reprises.
15:39Elle lui fait remarquer qu'il a tué quelqu'un qui ne lui demandait rien.
15:42Réponse ? « J'étais dans le couloir, j'entendais sa voix.
15:46Je me disais que si je faisais demi-tour, elle continuerait à vivre.
15:49Elle se marierait, elle aurait des enfants.
15:53J'ai fait un choix », dit-il.
15:55Il ajoute « J'ai tué bien plus qu'une personne, j'ai tout tué ».
16:00À une psychologue, Jean-Loup va raconter que Julia pensait qu'il était un bouffon.
16:05« J'en avais marre. Pour elle, tout allait bien, mais pas pour moi », commente-t-il.
16:11Vendredi 7 octobre, presque quatre mois après son interpellation,
16:15Jean-Loup Han est extrait de sa cellule pour comparaître devant le tribunal correctionnel de Nanterre.
16:20Il est jugé pour le harcèlement de Anne-Sophie Lapix.
16:23Il explique qu'à l'époque où il envoyait ses mails, sa vie était compliquée.
16:26Il venait de rater sa prépa HEC et s'ennuyait dans son job d'été.
16:32Il demande lui-même à être condamné à trois mois de prison avec sursis
16:37pour les mails adressés à la journaliste.
16:39Il est condamné à six mois ferme.
16:43Condamnation évidemment presque symbolique.
16:45On regarde ce qu'il va sans doute écoper devant la cour d'assises lors de ce procès auquel il n'échappera pas.
16:52On va évidemment suivre ce rendez-vous dans la suite de l'heure du crime
16:55et voir comment va se comporter cet étudiant qui est pour le moins déroutant.
17:00On rejoint l'un de nos invités dans cette heure du crime, c'est Frédéric Ploquin,
17:04journaliste, auteur d'un très long article dans le nouveau magazine qui sort dans les jours à venir,
17:09Pulp Non-Fiction, Meurtre à la fac, c'est le titre de cet article.
17:15Frédéric Ploquin, la scène de l'assassinat, elle est vraiment cinématographique,
17:21mais finalement c'est Jean Louane qui l'a imaginé comme ça dans ses fantasmes.
17:25Effectivement, depuis qu'il est très jeune, il s'est impassionné de cinéma
17:31et on se demande s'il n'est pas en train de jouer un rôle de toute façon depuis le départ.
17:38Lui, il se trouve très moche, il rate tout, il le sait, il a une vision, il se dévalorise en permanence,
17:46sauf quand il devient un autre.
17:48Et là, en l'occurrence, il y a deux choses qu'il va faire,
17:51c'est qu'il va visibiliser à plusieurs reprises un film de Guzman Sand qui s'appelle Elephant
17:58et qui met en scène précisément un raid de collégiens dans un collège américain
18:04qui vont tuer un certain nombre d'étudiants
18:06avant eux-mêmes de se donner la mort.
18:08Donc, il visualise ce film, il rentre dans ce film, il rentre dans ce personnage
18:12et en même temps, il est fan de Matrix, il s'habille régulièrement comme un des héros de Matrix
18:18qu'on appelle Neo, il met des Rangers au pied
18:21et il se prend un peu pour ce héros de ce film de science-fiction
18:25qui est sorti quelques années auparavant.
18:27Et ce jour-là, il n'a rien trouvé de mieux qu'effectivement s'habiller comme ce héros.
18:34Alors, il est filiforme, grand, 1m90, il avance avec ce manteau,
18:40il a très médité son opération.
18:42Cet assassinat, depuis longtemps, comme vous le disiez à l'instant,
18:45il avait acheté cette arme qui était démontée au-dessus de son armoire
18:49et qu'il a montée au dernier moment.
18:51C'est un événement, cet assassinat, qu'il a totalement programmé.
18:58Il est par ailleurs amateur de jeux vidéo violents depuis toujours
19:05et il met toujours des écrans entre lui et le réel
19:09comme lorsqu'il crée une fausse messagerie avec un faux nom pour aborder cette Julia.
19:16Et justement, en mot là-dessus, Frédéric Ploquin, il tue Julia
19:20parce qu'elle ne voulait pas de lui, c'est un crime totalement égoïste.
19:24Il dit, je ne supportais pas qu'elle vive.
19:26Elle allait vivre, elle allait se marier, elle allait avoir des enfants.
19:29C'est abominable ce qu'il raconte.
19:31C'est d'autant plus abominable que cette jeune fille qui est une beauté,
19:36cette jeune fille est l'empathie même.
19:39C'est-à-dire qu'elle aurait pu porter plainte puisqu'un professeur l'avait dit,
19:43elle aurait pu aller plus loin.
19:45Mais d'une certaine façon, elle a autant d'empathie envers lui
19:49que lui n'en a pas envers elle et même envers personne.
19:52C'est-à-dire qu'elle, elle le protège, elle ne le dénonce pas,
19:55elle ne veut pas qu'il ait d'ennuis.
19:58Et lui, à côté, il est complètement, justement, dépourvu.
20:03Il est dans sa bulle, en réalité.
20:05Il est dans sa bulle, il est réfugié là-dedans.
20:11Effectivement, on voit bien cette fuite en avant de cet homme
20:15qui se joue un personnage et qui ne supportait pas que cette fille lui échappe
20:20et qu'il ne puisse pas la posséder.
20:23Alors vraiment, là, on est en pleine névrose.
20:25Christian Panvert, journaliste RTL,
20:27et vous êtes notre correspondant dans cette région Blois-Orléans,
20:30toute cette région du centre.
20:32À l'époque, c'est vraiment le choc à Orléans
20:36lorsqu'il y a cette annonce de cette mort, de cet assassinat
20:39au sein même de l'IUT.
20:41Absolument, cette affaire a, on peut le dire, traumatisé Orléans.
20:46Pour préparer cette émission,
20:48hier, j'ai recontacté un journaliste de la République du Centre.
20:52Il me disait, vous savez, c'est la plus terrible des affaires criminelles d'Orléans
20:55de ces 30 dernières années, peut-être plus.
20:58Il me disait, évidemment, il n'y a aucune comparaison à établir,
21:01mais tout le monde a pensé, comme le disait très justement Frédéric Ploquin,
21:05la fusillade de Colombagne en avril 1999 dans l'état du Colorado aux Etats-Unis.
21:09En plein jour, en plein cours, à Orléans,
21:13il y avait quelque chose de surréaliste, d'irréel.
21:17Ce garçon, Christian Panvert, évidemment vous avez étudié son cœur aussi,
21:21il avait des photos de sa victime partout, dans son téléphone, son ordinateur.
21:25Il les a effacées juste après le crime, mais enfin on l'a retrouvée tout ça.
21:28Pire encore, Jean-Alphonse, pire,
21:31il demande, lors de son instruction,
21:34s'il peut garder près de lui pour parler,
21:37parler plus encore, une photo de Julia.
21:40Et quand il sera déféré,
21:42il demande s'il peut emmener en cellule
21:45une photo de Julia.
21:47Ce qui d'ailleurs va faire pleurer les parents
21:51et sortir les parents de l'audience.
21:53Et à juste titre, évidemment, on comprend ses parents
21:56qui étaient dans l'affliction et le malheur
21:58et qui voient cet homme qui est d'une cruauté insensée.
22:01Il ne sera pas compte de ce qui s'est passé.
22:03Deux ans après le drame, l'étudiant va se retrouver aux assises.
22:07Jean Louane, l'obsession fatale de l'étudiant en gestion.
22:10J'ai une photo en noir et blanc de Julia dans ma cellule.
22:13L'enquête de l'heure du crime.
22:15Qui est l'accusé ?
22:16Un amoureux frustré et colérique
22:18ou bien un criminel cynique et calculateur ?
22:20C'est à suivre dans un court instant sur RTL.
22:24L'heure du crime.
22:25Jean-Alphonse Richard.
22:26Jusqu'à 15h30 sur RTL.
22:29L'heure du crime.
22:30Jean-Alphonse Richard.
22:31Jusqu'à 15h30 sur RTL.
22:33J'appelle ça un suicide judiciaire.
22:35Venir soi-même réclamer la perpétuité,
22:37ça montre encore une fois un peu de dérèglement.
22:39Je pense qu'effectivement, on a affaire aujourd'hui
22:41à un grand malade.
22:44Au programme, aujourd'hui de l'heure du crime,
22:45l'affaire Jean-Loup Hahn.
22:46Cet étudiant harceleur, il s'en était notamment pris
22:49à la journaliste Anne-Sophie Lapix,
22:51a tué une de ses camarades à l'IUT d'Orléans
22:53à l'été 2005.
22:54Trois coups de carabine, deux ans plus tard, il est jugé.
22:59Mercredi 27 juin 2007, Jean-Loup Hahn, 24 ans,
23:02est devant la cour d'assises du Loiret à Orléans
23:04en chemise bleue, pantalon beige.
23:06Il se montre sûr de lui.
23:08Son regard balaie la salle d'audience
23:10où a pris place la famille de Julia Bastide.
23:12On l'interroge sur son enfance.
23:15Un père général décédé avant le procès,
23:17une mère attentionnée, une famille idéale
23:19où les conflits n'existaient pas.
23:21On lui demande de parler de ses années collège,
23:23de ses années lycée, des filles
23:25avec qui il a eu maille à partir.
23:27Clémence, j'étais fou amoureux d'elle.
23:29Claire, elle m'impressionnait, mais aucune chance
23:31que je sorte avec elle.
23:32Cécile, je lui ai proposé de la raccompagner,
23:35elle a refusé.
23:36Il les a toutes menacées ou giflées.
23:38C'est ça que vous appelez être amoureux,
23:40questionne la présidente.
23:41Réponse, je voulais faire partie de leur vie
23:44quel que soit le prix à payer.
23:47La sœur de l'accusé, Amandine Anne, témoigne.
23:50Il essayait de nouer des contacts
23:52mais très maladroitement, dit-elle sa mère.
23:54Daniel s'adresse à la famille de Julia Bastide.
23:58Aujourd'hui, comme vous,
23:59je mesure l'accumulation de tous ces faits,
24:01je suis devenu la maman d'un meurtrier.
24:04La cour s'étonne que le cas Jean-Loup Anne
24:06n'ait pas été signalé à l'IUT.
24:08L'avocate de la famille de la victime
24:10déplore cette inertie.
24:12Jean-Loup Anne n'a jamais croisé la sanction.
24:15L'accusé a cette phrase glaçante envers Thomas,
24:19le fiancé de Julia.
24:21J'ai une photo en noir et blanc de Julia dans ma cellule.
24:24Jean-Loup Anne est condamné à la réclusion criminelle
24:28à perpétuité.
24:33Et on retrouve dans cette heure du crime
24:34Frédéric Ploquin, un grand reporter, journaliste,
24:37auteur d'un très long article sur cette affaire
24:39Meurtre à la fac et publié dans un tout nouveau magazine
24:41Pulp Non Fiction
24:43qui sera en vente à partir du 26 juin.
24:47Frédéric Ploquin,
24:49on a le sentiment que, d'abord,
24:51il n'y a pas d'excuses de la part de cet accusé,
24:53ce qui est quand même frappant.
24:55Il n'y a pas de repentir.
24:57Et puis, il est toujours en représentation.
24:59C'est moi, moi, moi, je.
25:02Absolument.
25:03C'est quelqu'un qui ne connaît pas l'excuse.
25:05Il est enfoncé dans son rôle.
25:07Aux policiers qui l'ont arrêté,
25:10il a expliqué avec ses mots qu'il était,
25:13depuis le début, dans toute sa vie,
25:15le dindon de la farce, il est un petit canard.
25:17Ce sont les mots qu'il utilisait.
25:19Et en fait, c'est un jeune homme
25:21totalement meurtri et sans empathie,
25:24comme on le disait,
25:26qui a l'impression que les femmes
25:28le prennent pour un bouffon.
25:30En gros, elles ne le prennent pas en compte.
25:32Et l'excuse, non, ce n'est pas quelque chose
25:34qui monte à son cerveau.
25:36Sa maman, un jour, lui a dit
25:38écoute, pour être aimé,
25:41il faut s'aimer soi-même.
25:43Je pense que ce garçon,
25:45je ne sais pas, il s'aime d'une drôle de manière.
25:49C'est une espèce de passion tragique.
25:55Oui, mais il se voit comme un nul.
25:58C'est du poison.
26:00Il cultive son poison, ce garçon.
26:02Et là, il va jusqu'au bout.
26:04En fait, il a parlé aussi
26:06aux policiers de suicide.
26:08Il pensait se faire comme dans le film.
26:10Il pensait se donner la mort,
26:12comme les étudiants à Columbine,
26:14mais il ne l'a pas fait.
26:16Il n'a pas eu les moyens.
26:18En gros, il y a un professeur
26:20qui lui a arraché l'arme des mains.
26:22Mais le suicide, il va le poursuivre
26:24durant ce premier procès.
26:26Il est limite à le défendre.
26:28Il ne veut pas se défendre.
26:30Il va jusqu'au bout, tout en restant,
26:32tout en gardant cette espèce de distance
26:34avec lui-même.
26:36Et comme vous le disiez,
26:38en annonçant comme ça à la famille
26:40de Julien qu'il avait encore dans sa cellule
26:42cette photo, comme si ce n'était pas terminé
26:44pour lui.
26:46C'est terrifiant, Frédéric Ploquin.
26:48D'ailleurs, la famille va réagir très mal.
26:50Elle va ressentir ça
26:52comme une nouvelle attaque,
26:54c'est sûr, et on la comprend,
26:56la famille de l'étudiante Christian Panvert.
26:58Vous êtes notre correspondant
27:00RTL pour cette région-centre
27:02et dans cette région d'Orléans et de Blois.
27:04Cette affaire
27:06a fait beaucoup de bruit.
27:08La jeune femme a été tuée
27:10en pleine IUT, en plein jour,
27:12alors qu'elle venait de terminer un exposé.
27:14Comment on vit
27:16ce procès à Orléans ?
27:18Ce qui est terrible,
27:20c'est qu'à la fois, c'est un drame.
27:22Les faits sont dramatiques,
27:24mais comme le disait très justement Frédéric Ploquin,
27:26on suit aussi avec
27:28intérêt ce procès
27:30et la façon dont il parle
27:32de la pauvre Julia.
27:34Il dit par exemple, elle était lumineuse pendant
27:36deux ans de ma vie, je n'ai pensé qu'à elle.
27:38Cette jeune fille me donnait l'envie
27:40le matin de venir à l'école,
27:42de venir en cours.
27:44C'est aussi ça qu'on a suivi.
27:46Comment un étudiant
27:48peut en arriver là ?
27:50Comment ce fan de jeux vidéo
27:52peut en arriver là ?
27:54C'est une dérive qui est totalement
27:56terrifiante. Le condamné
27:58fait appel, aura-t-il la même
28:00attitude devant les juges ?
28:02Jean-Loup Hahn,
28:04l'obsession fatale de l'étudiant en gestion,
28:06il m'a dit que j'étais la première
28:08sur sa liste. Dix ans après, ça me marque encore.
28:10L'enquête de l'heure du crime,
28:12on se retrouve dans un instant sur RTL.
28:2014h30, 15h30,
28:22l'heure du crime sur RTL.
28:24Jean-Alphonse Richard.
28:26Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur l'affaire
28:28Jean-Loup Hahn. Ce jeune homme a été condamné
28:30en 2007 à la perpétuité pour avoir
28:32abattu une étudiante à Orléans,
28:34étudiante qu'il harcelait depuis des
28:36semaines. Il n'a formulé aucun
28:38regret. Deux ans plus tard, il comparaît
28:40en appel.
28:42Mardi 31 mars 2009, Jean-Loup Hahn,
28:4426 ans, est rejugé par
28:46la cour d'assises d'appel d'Indre-et-Loire
28:48à Tours pour l'assassinat de l'étudiante
28:50Julia Bastide. Les jeunes
28:52femmes qu'il avait agressées lors des
28:54années collège et lycée sont appelées à témoigner.
28:56Clémence, Claire,
28:58Cécile, mais aussi Nadia
29:00et la présentatrice télé Anne-Sophie
29:02Lapix. Cette dernière énumère
29:04les mails inquiétants qu'elle recevait.
29:06Il s'était présenté comme un prédateur qui
29:08poursuit une seule proie, une célébrité,
29:10explique-t-elle. Elle est devenue
29:12subitement inquiète quand cet homme
29:14m'a menacé de s'en prendre à son enfant.
29:16Mon fils avait un an,
29:18ça m'a glacé, dit-elle. Clémence
29:20décrit, elle, un harceleur
29:22qui a tenté de l'étrangler.
29:24J'avais l'intime conviction que ça ne
29:26s'arrêterait pas là, déclare-t-elle.
29:28Il m'a dit que j'étais la première
29:30sur sa liste. Dix ans après,
29:32ça me marque encore.
29:34L'avocat de général parle d'une
29:36maturation criminologique
29:38qui a mené au drame.
29:40La volonté de tuer est constante
29:42dans ce dossier, dit-elle. Les avocats
29:44de l'accusé le présentent comme un garçon
29:46qui s'auto-détruit. Jean-Loup
29:48Anne est condamné à 30 ans
29:50de prison et, par décision spéciale,
29:52à 20 ans de sûreté.
29:56Et on retrouve dans cette heure du crime
29:58l'un de nos invités, c'est le journaliste
30:00Christian Panvert, journaliste à RTL.
30:02Évidemment, vous êtes auto-correspondant dans cette région-centre.
30:04Christian, vous êtes
30:06à l'époque à RTL pour ce procès.
30:08Vous allez le suivre, ce procès.
30:10Il y a ce défilé
30:12de ces femmes qu'il a maltraitées,
30:14qu'il a harcelées, qu'il a parfois
30:16agressées physiquement.
30:18C'est assez impressionnant.
30:20Oui, c'est très impressionnant.
30:22L'ambiance est très pesante.
30:24La famille ne comprend pas cet appel.
30:26Elle le vit vraiment comme
30:28un ultime acte de torture.
30:30Pendant quatre jours,
30:32imaginez-vous, on a tous devant nous
30:34l'arme du crime, le fusil
30:36sous les yeux. La sœur de Julia
30:38m'avait dit, regardez,
30:40il prend son pied avec notre douleur.
30:42C'est un pervers.
30:44Effectivement, on a l'impression que
30:46comment est-il cet accusé ?
30:48Vous le voyez, il est face à vous.
30:50Ce grand bonhomme,
30:52qu'est-ce qu'il raconte ?
30:54Il est content de lui ?
30:56Il est dans son coin ?
30:58C'est très curieux, parce qu'il est assez élégant,
31:00contrairement à ce qu'il dit. C'est plutôt
31:02un beau mec. Il est bourrétique.
31:04À la lecture des faits, on le voit se pencher en avance,
31:06s'enfermer la tête entre les mains.
31:08De temps en temps, il jette un regard
31:10furtif en direction de la famille.
31:12Sa mère essaie aussi de capter son regard.
31:14Elle n'y parvient pas. Ça fait quand même un an
31:16qu'il refuse de la voir au parloir.
31:18Et puis, il y a cette question du président.
31:20Pourquoi avez-vous fait appel ?
31:22Là, il répond, laconique. Dans un premier temps,
31:24il dit, vous savez, j'ai longtemps hésité.
31:26J'ai pensé que je pouvais apporter
31:28des réponses. Puis ensuite, il ajoute,
31:30non, en fait, je demande pardon
31:32pour cet appel que je n'avais pas souhaité,
31:34que j'ai fait à la demande de ma famille.
31:36Et puis, il raconte les faits
31:38avec une froideur incroyable.
31:40Il finit même par dire, allez,
31:42je ne supporte pas cet appel.
31:44Laissez-moi. Moi, je suis en dehors
31:46de ce monde-là.
31:48C'est très étonnant ce que vous racontez, Christian.
31:50À la fois, c'est glaçant, ça donne des frissons,
31:52cette espèce d'attitude
31:54vraiment terrifiante.
31:56Ça donnait des frissons aussi à ses avocats.
31:58À un moment donné,
32:00de lui redemander un peu d'humanité.
32:02Il considère qu'il n'est pas manipulateur.
32:04Il lance à la barre. Mais vous avez déjà vu
32:06un manipulateur qui demande perpétuité.
32:08Même le plus idiot comprend
32:10qu'il faut séduire la cour. Lui,
32:12il s'auto-détruit. C'est un pauvre
32:14môme perdu.
32:16C'est ce qu'ont dit les avocats. Frédéric Ploquin,
32:18vous êtes journaliste, auteur d'un
32:20long article sur cette affaire meurtre à la fac
32:22qui est publiée dans un nouveau magazine
32:24qui va sortir, Pulp Non Fiction.
32:26On n'est pas loin. On entend ce que
32:28dit Christian Paronvert et c'est passionnant parce qu'il était
32:30à ce procès. Frédéric Ploquin, on n'est pas loin
32:32du sadisme avec cet homme.
32:34Effectivement.
32:36J'ai l'impression
32:38qu'il y a une grande dissimulation.
32:40Au départ, il passe vraiment
32:42juste auprès du personnel enseignant,
32:44auprès de ses camarades,
32:46pour un garçon mal dans sa peau, un peu taciturne.
32:48Mais fort heureusement,
32:50j'ai envie de dire, tous les garçons
32:52mal dans leur peau, qui ont du mal avec les filles,
32:54ne deviennent pas des assassins.
32:56Il y a quelque chose comme ça qui se trame
32:58en lui et qui va le pousser
33:00vers ces crimes qui pourraient
33:02être sous-classés
33:04parmi les crimes passionnels. On sait que
33:06la passion,
33:08la frontière est parfois difficile
33:10entre la passion
33:12et l'envie de meurtre.
33:14Mais lui, j'ai l'impression qu'il est
33:16au-delà de cela.
33:18Il est dans un univers
33:20parallèle,
33:22j'ai envie de dire. Et donc, effectivement,
33:24sa famille a trouvé une bonne avocate.
33:26C'est Françoise Cota, elle s'appelle à l'époque
33:28pour cet appel, qui essaie de lui donner
33:30de l'humanité, parce qu'elle a l'habitude de faire ça.
33:32C'est comme ça qu'elle défend les criminels en général.
33:34Mais elle n'y arrive pas.
33:36Parce qu'il fait de la résistance
33:38et lui, il veut rester dans son
33:40jeu de rôle, dans son monde parallèle.
33:42Donc, je ne sais même pas, j'espère
33:44qu'en fait,
33:46il a été appelé, d'une manière ou d'une autre,
33:48à se traiter, à se soigner.
33:50Parce que tôt ou tard, effectivement, il va sortir.
33:52Et je pense qu'il va rester,
33:54il va garder cette espèce d'orgueil
33:56du côté hautain qu'il a.
34:00Mais il faut espérer qu'il ait un petit peu
34:02fait un retour sur lui-même et qu'il va sortir
34:04de cette bulle, de cette coquille.
34:06C'est effectivement à espérer.
34:08Le condamné retrouve donc la prison
34:10avec l'espoir d'en sortir
34:12à l'aube de la cinquantaine.
34:14Jean Louane, l'obsession fatale
34:16de l'étudiant en gestion, pas assez
34:18de fleurs sur terre pour te dire
34:20au revoir. L'enquête de l'art du crime,
34:22je vous retrouve tout de suite sur RTL.
34:26L'enquête de l'art du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard
34:28sur RTL.
34:30L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard
34:32jusqu'à 15h30 sur RTL.
34:34Dans l'heure du crime, aujourd'hui, l'affaire
34:36Jean-Louane. Ce jeune homme a été condamné
34:38à 30 ans de prison pour l'assassinat
34:40de l'étudiante Julia Bastide,
34:42avec qui il était en cours à Orléans
34:44à l'été 2005. Le profil
34:46d'un harceleur et agresseur de femmes
34:48qui a eu la volonté de tuer.
34:50Jean-Louane,
34:52incarcéré depuis presque 20 ans,
34:54espère bien pouvoir bénéficier
34:56d'une libération conditionnelle.
34:58Si je devais passer 20 ans en prison,
35:00ce ne serait rien,
35:02à côté de la peine des proches de Julia,
35:04avait-il indiqué à son premier procès.
35:08Julia Bastide repose dans le caveau familial
35:10à Orange.
35:12Lors de ses obsèques, Lorraine, sa sœur aînée,
35:14avait rédigé ces quelques mots
35:16Il n'y a pas assez de fleurs
35:18sur la terre pour te dire
35:20au revoir comme tu le mérites.
35:22Que tout le monde sache
35:24à quel point, justement,
35:26elle était merveilleuse, elle nous manque.
35:28J'aimerais qu'aucune mère, aucun père, aucun frère,
35:30aucune sœur, ne vive ce qu'on a vécu.
35:32Et je voudrais, à partir d'aujourd'hui,
35:34que chaque fois que vous entendrez quelqu'un
35:36se plaindre de harcèlement,
35:38il faut absolument que chaque adulte
35:40prenne ses responsabilités. Il n'en faut plus.
35:42Ce sont les mots très touchants
35:44de la maman de Julia Bastide,
35:46et c'était des mots sur RTL,
35:48avec vous, Christian Panvers,
35:50le micro RTL ce jour-là,
35:52vous l'avez vu, cette maman,
35:54notre correspondant dans cette région-centre
35:56pour notre station,
35:58un mot là-dessus quand même,
36:00parce que cette famille, vous l'avez vu
36:02lors de l'affaire, vous l'avez vu
36:04lors du dernier procès en appel,
36:06ils sont complètement
36:08bouleversés, fracassés,
36:10par la mort de Julia.
36:12Oui, je me souviens que lors du procès,
36:14lorsque le président
36:16a lu les faits, la famille de Julia
36:18se mettait les mains
36:20sur les oreilles pour ne pas entendre,
36:22la parole de Jean-Louane
36:24était inaudible,
36:26il ne voulait pas entendre, il ne voulait pas parler,
36:28et finalement, la maman est venue me voir
36:30en me disant, je vais quand même parler
36:32pour que ça ne recommence plus,
36:34pour que
36:36cette horreur fasse avancer
36:38ce qu'on peut penser du harcèlement,
36:40et il faut dire, il faut dire
36:42quand on est harcelé, notre fille
36:44avait trop d'empathie,
36:46elle n'a pas dit, et puis aussi,
36:48peut-être, faut-il dire que
36:50on était dans une famille
36:52assez bourgeoise d'un côté,
36:54et puis de l'autre aussi, on pensait que ça allait
36:56s'arranger autrement, il n'y avait pas
36:58de suivi, j'allais dire,
37:00social, et c'est peut-être
37:02aussi ce qui a fait que
37:04ça s'est terminé encore plus dramatiquement.
37:06Oui, tout à fait, effectivement, cette famille
37:08elle est très touchante dans sa dignité,
37:10ils ne se sont jamais mis
37:12sur le devant de la scène, et effectivement,
37:14il faut les saluer, d'ailleurs, cette émission
37:16évidemment, elle est dédiée à la victime,
37:18Julia Bastide, parce que c'est la seule victime
37:20dans cette affaire, c'est Julia Bastide, il faut
37:22bien le répéter. Frédéric Ploquin,
37:24il y a beaucoup de choses
37:26en arrière-plan de cette histoire,
37:28Jean-Luc, Anne,
37:30Jean-Loup, Anne, pardon, il y a
37:32le harcèlement, on l'a dit, et puis
37:34il y a le fait aussi que finalement, on l'a raté
37:36ce garçon, on n'a pas su le voir
37:38venir, alors qu'il y avait des signes annonciateurs
37:40de sa folie.
37:42Absolument, parce qu'il a
37:44totalement, il a réussi à
37:46dissimuler cette approche,
37:48il y a un expert psychiatrique qui a eu
37:50deux, trois phrases que je vais me permettre de vous
37:52lire, parce qu'elle résume
37:54bien la situation, l'expert psychiatrique
37:56dit, sous le masque de la
37:58passion, sa relation impossible
38:00et idéalisée avec Julia
38:02n'est qu'un désir de toute puissance
38:04et d'emprise, l'auteur
38:06du passage à l'acte
38:08ne tue pas par amour,
38:10mais par rancune et par volonté
38:12de conquête. Je trouve que c'est assez
38:14bien résumé. Très bien vu.
38:16Effectivement, derrière
38:18tout ça, il y a toute la problématique,
38:20comme le disait la maman de Julia, du harcèlement
38:22qui passe sous les radars,
38:24comme si on s'y
38:26habituait, comme si rien
38:28ne nous alarmait, rien ne nous
38:30alertait, et là,
38:32comme on le disait tout à l'heure,
38:34c'est tout ce personnel enseignant qui
38:36auto-considère que c'est une petite histoire
38:38complémentaire, comme il y en a tous les jours entre les garçons et les filles,
38:40et que ça ne va pas
38:42se terminer comme ça, sauf que
38:44ce n'est pas facile d'aller
38:46voir que derrière ce garçon mal dans sa peau,
38:48il y a quelqu'un qui va être capable de
38:50ce passage à l'acte.
38:52Donc il faut effectivement
38:54se protéger,
38:56être beaucoup plus,
38:58je crois, dans les établissements scolaires,
39:00vigilant par rapport à toutes les
39:02formes de harcèlement qui, au départ, peuvent être
39:04paraître banales, mais qui peuvent
39:06se cacher de noir des seins,
39:08comme c'est le cas.
39:10Depuis cette affaire, évidemment, les choses ont évolué
39:12en matière de harcèlement, et c'est heureux,
39:14on s'est penché beaucoup plus sur la question
39:16qu'à l'époque, mais encore pas suffisamment.
39:18Il y a beaucoup de familles qui nous écoutent aujourd'hui
39:20dont les enfants sont victimes de harcèlement,
39:22et on les salue, ces familles, parce qu'elles
39:24ont du courage, ce sont des situations
39:26compliquées. Christian Panvert,
39:28je vais terminer cette émission
39:30avec vous, parce que
39:32vous êtes dans la région d'Orléans, pour RTL,
39:34journaliste, cette histoire,
39:36elle a vraiment figé un peu Orléans
39:38dans la stupeur, et encore aujourd'hui,
39:40ils l'ont toujours en mémoire, les
39:42Orléanais, les Orléanaises.
39:44Vous avez raison,
39:46j'ai pris contact avec un proche de Julia,
39:48qui me disait, c'est incroyable, mais
39:50il n'y a jamais eu de geste
39:52commémoratif sur le campus,
39:54jamais. Il me racontait
39:56c'est comme si on voulait oublier ce qui s'est
39:58passé, c'est comme si on voulait que ça reste
40:00dans un mauvais film,
40:02et d'ailleurs, j'ai eu cette information il y a quelques jours,
40:04la salle où a eu lieu
40:06le drame a été détruite.
40:08Merci infiniment
40:10Christian Panvert
40:12et Frédéric Ploquin d'avoir été
40:14aujourd'hui les invités de L'Heure du Crime, merci
40:16à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine
40:18Vigneault, préparation Marie Bossard,
40:20Marie-Lou Goyer, réalisation
40:22en direct, comme d'habitude
40:24et toujours avec vous, Nicolas Godet.

Recommandations