• il y a 4 mois
Grand témoin : Manuel Valls, ancien Premier ministre

GRAND DÉBAT / Alliance Ciotti-RN : la mort de LR ?

« Le récap » par Valérie Brochard

Le 11 juin 2024 sur le plateau du journal de 13h de TF1, Éric Ciotti, le Président du parti gaulliste « Les Républicains », a annoncé à la surprise générale qu'il « faut une alliance avec le RN ». Il a ainsi répondu favorablement à la main tendue par le Rassemblement National en vue des élections législatives fin juin. Cette annonce du dirigeant LR a provoqué de nombreuses critiques au sein de son parti. Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, reproche ainsi à Éric Ciotti d'avoir « menti », tout en clarifiant que « Les Républicains ne feront jamais d'alliance avec le RN ». Michèle Tabarot, Olivier Marleix, Christian Jacob, François Baroin ou encore Gérard Larcher ont affiché publiquement leur désaccord dans une tribune publiée dans « Le Figaro ». Quelques rares voix telles que la députée des Alpes-Maritimes Christelle d'Intorni ou le Président des Jeunes Républicains, Guilhem Carayon, apportent cependant leur soutien à Éric Ciotti. L'annonce d'Éric Ciotti entérine-t-elle la mort de son parti ?

Invités :
- Anne-Charlène Bezzina, politologue, maîtresse de conférences en droit public,
- Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof et enseignant à Sciences Po,
- Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction et éditorialiste au Figaro,
- Yaël Goosz, chef du service politique et éditorialiste à France Inter.

GRAND ENTRETIEN / Manuel Valls : que vaut cette nouvelle réconciliation des gauches ?

Après plusieurs heures de négociations lundi 10 juin 2024, les partis de gauche sont parvenus à poser les bases d'une alliance en vue des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. Les écologistes, le Parti socialiste, la France insoumise et le PCF ont annoncé la « constitution d'un nouveau front populaire », rassemblant « toutes les forces de gauche humanistes, syndicales, associatives et citoyennes ». Un accord jugé « misérable » par l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls, théoricien de longue date des « gauches irréconciliables ». Pourquoi s'oppose-t-il tant à un pacte entre son ancienne famille politique et Jean-Luc Mélenchon ?

Grand témoin : Manuel Valls, ancien Premier ministre

LES AFFRANCHIS

- Fanny Guinochet, journaliste économique à France Info,
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »,
- « Campagne express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:06Bonsoir et bienvenue.
00:00:08Nouvelle émission spéciale dans
00:00:09Savour Garde sur les conséquences de la dissolution.
00:00:12Avec vous, Manuel Valls. Bonsoir.
00:00:14Merci d'être notre grand témoin ce soir.
00:00:17On va d'abord revenir sur le coup de tonnerre.
00:00:20A droite, le patron des Républicains,
00:00:22Eric Ciotti, a fait tomber un tabou
00:00:24en proposant une alliance électorale avec le RN.
00:00:27Quelles conséquences sur les législatives dans trois semaines ?
00:00:31C'est notre grand débat dans un instant avec nos invités.
00:00:34Et puis, on reviendra aussi sur l'autre accord électoral,
00:00:37celui de la gauche, baptisé le Nouveau Front Populaire.
00:00:40Il a été annoncé hier soir avec LFI, les écolos, l'EPC et l'EPS.
00:00:44Manuel Valls, vous dénoncez une faute morale et politique.
00:00:48Vous nous direz pourquoi dans cette émission.
00:00:51Enfin, les partis pris de nos affranchis ce soir.
00:00:54L'économie, Fanny Dignochet nous dira
00:00:56quelles sont les conséquences de son grand saut dans l'inconnu.
00:01:00Et puis, Richard Berly sur la place de la France dans l'Europe
00:01:03si l'extrême droite l'emportait le 7 juillet prochain.
00:01:06Enfin, un nouveau rendez-vous,
00:01:08campagne express pendant trois semaines avec Elzamon Dengaba.
00:01:11Voilà pour le programme.
00:01:13Ça vous regarde les suites du séisme politique.
00:01:27Il n'a prévenu personne, mais on est convaincus,
00:01:30les Républicains ont besoin d'une alliance
00:01:32avec le RN aux législatives.
00:01:34C'est une première dans l'histoire du Parti gaulliste, son chef.
00:01:37Éric Ciotti propose de faire tomber un tabou, la digue,
00:01:42entre la droite républicaine et l'extrême droite.
00:01:44Est-ce que 40 ans de cordon sanitaire
00:01:46sont en train de disparaître sous nos yeux ?
00:01:49En tous les cas, c'est un nouvel électrochoc,
00:01:52deux jours seulement après un autre choc,
00:01:54l'annonce présidentielle de la dissolution.
00:01:56Alors, quelles conséquences ?
00:01:58Bonsoir, Anne-Charlene Bézina.
00:02:00Bonsoir, Myriam.
00:02:01Merci d'être là. Vous êtes constitutionnaliste
00:02:04et professeur de droit public. Bonsoir, Yves Tréhard.
00:02:07Bienvenue, éditorialiste et directeur adjoint
00:02:09de la rédaction du Figaro,
00:02:11qui publie une tribune de tout l'Etat-major.
00:02:13On va y revenir, des Républicains contre,
00:02:15Éric Ciotti, demain. Bonsoir, Yelgauze.
00:02:18Bonsoir, Myriam.
00:02:19Merci d'être là, chef du service politique de France Inter,
00:02:23l'édito politique tous les matins sur France Inter.
00:02:257h40, enfin. Bonsoir, Bruno Cotteres.
00:02:28Bonsoir, Myriam.
00:02:29Ravi de vous accueillir. Vous êtes politologue
00:02:31au Cevipof, à Sciences Po, Paris.
00:02:33Manuel Valls est aussi pour vous ce débat.
00:02:36Vous réagissez quand vous le souhaitez.
00:02:38On va commencer par l'entendre, Éric Ciotti,
00:02:41ainsi que le torrent de réactions que sa déclaration a suscité.
00:02:44C'est tout de suite dans le récap de Valérie Brochard.
00:02:47Musique rythmée
00:02:51...
00:02:57Alors, c'est un nouveau tremblement de terre,
00:03:00si je comprends bien.
00:03:01Exactement, Myriam.
00:03:02Quand il y a un tremblement de terre,
00:03:04souvent, il arrive que des séismes
00:03:06viennent secouer l'espace concerné.
00:03:08Un ou deux jours après, c'est ce qu'on appelle une réplique.
00:03:12Elle est arrivée, aujourd'hui, chez les Républicains,
00:03:15deux jours après la dissolution,
00:03:16voulue par Emmanuel Macron, pour, je cite,
00:03:19clarifier la situation.
00:03:21Eh bien, c'était très clair, aujourd'hui,
00:03:23à 13h, pour le président du parti Les Républicains.
00:03:26Une alliance avec le Rassemblement national,
00:03:29avec ses candidats,
00:03:30une alliance à droite,
00:03:32avec tous ceux qui se retrouvent dans des idées droites,
00:03:35dans des valeurs de droite.
00:03:36Après avoir tendu la main au responsable LR,
00:03:39Jordan Bardella applaudit la décision d'Éric Ciotti.
00:03:43Il félicite sur les réseaux sociaux.
00:03:44Il choisit l'intérêt des Français
00:03:46avant celui de nos partis.
00:03:48L'union fait la France.
00:03:49Dans la foulée, Marine Le Pen saluera le choix courageux
00:03:53d'Éric Ciotti et son sens des responsabilités.
00:03:55Pour la députée sortante du Var et porte-parole
00:03:58du groupe Rassemblement national,
00:04:00la porosité entre le chef des Républicains et l'ORN
00:04:03ne fait aucun doute.
00:04:04Nous sommes donc très heureux, évidemment,
00:04:07qu'Éric Ciotti est accepté, la main tendue de Jordan Bardella,
00:04:11main tendue qui était attendue, je pense,
00:04:13par tous les militants, les adhérents LR.
00:04:15Vous savez, moi, dans le Var,
00:04:17il y a une grande porosité de nos électorats.
00:04:20C'est un domino, c'est le premier, j'espère,
00:04:22d'une série qui va arriver.
00:04:24Ca, c'est pas sûr, pas sûr du tout.
00:04:26Myriam, depuis l'annonce d'Éric Ciotti,
00:04:29les ténors du parti Les Républicains
00:04:31se répandent sur tous les canaux possibles
00:04:33pour dire leur colère, leur honte,
00:04:35leur refus catégorique de s'allier
00:04:37avec le Rassemblement national,
00:04:39à l'instar de Gérard Larcher, Laurent Wauquiez,
00:04:42Marlex, qui ont signé une tribune
00:04:44pour qualifier la position d'Éric Ciotti d'impasse.
00:04:47Autre signataire, Valérie Pécresse,
00:04:49qui accuse Éric Ciotti de vendre son âme
00:04:51pour un plat de lentilles
00:04:53et de râper cela dans l'intérêt du pays.
00:04:55Les Républicains doivent dénoncer immédiatement
00:04:58l'accord avec l'ERN.
00:04:59Ces choses faites dans l'après-midi.
00:05:01Le chef de file des sénateurs, Bruno Retailleau,
00:05:04donnait une conférence de presse.
00:05:06Il a d'abord fustigé les idées
00:05:07défendues par le Rassemblement national.
00:05:10Il a rappelé que la politique
00:05:11pour les LR était différente,
00:05:13mais il a aussi partagé sa profonde déception.
00:05:16Ecoutez.
00:05:17-"Jusqu'à ce matin, c'est à travers les dépêches,
00:05:20à travers les alertes que j'ai appris,
00:05:25je ne voulais pas y croire dans un premier temps,
00:05:27pendant ma réunion de groupe, que j'ai appris
00:05:30la décision que le chef du parti allait prendre,
00:05:33seul.
00:05:37Et il a menti.
00:05:39Il a donc menti, il nous a menti.
00:05:41-"Seul", Myriam, mais alors sur qui a bien pu compter Eric Ciotti
00:05:45quand il déclarait ce midi même au journal de TF1
00:05:48qu'il avait des soutiens ?
00:05:50Il y a bien Christelle Dintorni, députée LR sortant des Alpes-Maritimes,
00:05:54qui salue la décision courageuse de son amie.
00:05:56Ca fait un soutien.
00:05:58Il y a aussi le patron des jeunes Républicains.
00:06:00-"Il faut dire la vérité aux Français
00:06:02et faire des alliances avec ceux qui s'opposent aux macronistes
00:06:06et sont incapacités de redresser le pays."
00:06:09Au moment où on se parle, Myriam, si on compte ensemble,
00:06:12ça fait un, deux... Cécile, Céline, pardon,
00:06:14Imar également, tout juste élue députée européenne.
00:06:17Il y aurait en tout une dizaine de soutiens,
00:06:20un chiffre qui interroge et qui fait dire à Yann Boucar,
00:06:23l'ancien député LR de Belfort,
00:06:25je ne sais pas à qui Eric Ciotti a pu parler dans notre groupe.
00:06:28Nous sommes déjà à une quarantaine sur 61
00:06:31à avoir condamné cette annonce,
00:06:33à croire qu'il s'est mis devant un miroir hier
00:06:35et à parler avec lui-même.
00:06:37Je vous laisse méditer là-dessus avec vos invités.
00:06:39Merci beaucoup, Valérie Yves Thréard.
00:06:42Il est si seul que ça.
00:06:43C'est un débauchage individuel, ce soir ?
00:06:45Ce n'est pas un débauchage individuel,
00:06:47il n'est pas tout seul, évidemment.
00:06:49Bon, d'abord, le feu couvait depuis très longtemps.
00:06:52Eric Ciotti, il avait quand même des clins d'oeil réguliers
00:06:56auprès de l'électorat frontiste
00:07:00et puis du Rassemblement national.
00:07:02Aujourd'hui, je suis persuadé, si vous faites un sondage
00:07:05à l'intérieur du Parti des Républicains,
00:07:08et parmi les patrons de fédérations,
00:07:10vous trouvez beaucoup de personnes, d'individus,
00:07:13qui sont d'accord avec Eric Ciotti et qui vont le suivre.
00:07:17Vous avez aussi quelques députés...
00:07:18C'est ça qu'ils jouent ?
00:07:20Oui, bien sûr, il y a une fracture entre...
00:07:22D'abord, le Parti des Républicains va mal.
00:07:25Il est malade depuis très longtemps.
00:07:27C'est un parti qui est déchiré, divisé,
00:07:30qui ne pense pas la même chose.
00:07:32Avant, il y avait des figures pour le réunifier.
00:07:35Quand il y avait des gaullistes et puis des gaullistes de gauche,
00:07:40quand vous aviez, après, un grand parti de droite
00:07:42avec des centristes, ça marchait,
00:07:44car vous aviez des figures qui l'incarnaient.
00:07:47Vous aviez du charisme.
00:07:48Aujourd'hui, vous avez peut-être des talents,
00:07:51mais vous n'avez plus de charisme.
00:07:53Vous le souvenez des mots de Jacques Chirac
00:07:55au moment de partir ?
00:07:56Il a produit la même chose.
00:07:58-"Ne composez jamais avec l'extrémisme,
00:08:00c'est un poison, il détruit tout, ce n'est pas la France."
00:08:04Est-ce que c'est un tournant majeur
00:08:06qui est en train de se produire ou pas ?
00:08:08Il y a eu, déjà, en 1998, souvenez-vous,
00:08:10à l'issue des élections régionales de 1998,
00:08:13avec quelques figures très connues,
00:08:15Charles Millon, patron de la région Ronalp, à l'époque,
00:08:18qui avait accepté les voix
00:08:20et pactisé avec le rassemblement régional.
00:08:23Jean-Claude Godin, 1986.
00:08:25À l'époque, il y avait Chirac qui frappait du poing sur la table,
00:08:29et pas que lui. Là, c'est un tournant,
00:08:31je peux vous l'avouer.
00:08:32C'est un tournant.
00:08:34Les Républicains vont exploser et vont peut-être renaître autrement.
00:08:37Il va mettre du temps.
00:08:39Evidemment qu'il est mort.
00:08:40C'est un tournant, mais qui était attendu.
00:08:43C'est ça, le paradoxe.
00:08:44Pas surpris.
00:08:45En fait, c'était écrit d'avance dans l'histoire d'Éric Ciotti.
00:08:49On peut prendre plusieurs déclarations depuis 2020.
00:08:52S'il y avait le choix entre Éric Zemmour et Emmanuel Macron
00:08:55à un deuxième tournée présidentielle,
00:08:58je voterais Zemmour.
00:08:59C'était le débat des primaires à droite,
00:09:03décembre 2021, de mémoire.
00:09:05De la même manière...
00:09:06C'est pas la même chose que Marine Le Pen et le RN.
00:09:09C'est encore pire.
00:09:10Sur le programme économique, il y a des grosses divergences.
00:09:13Pour Éric Ciotti, il y a la retraite à 65 ans,
00:09:17il y a pas d'augmentation du SMIC.
00:09:19Il y a quand même, avec Marine Le Pen,
00:09:21des divergences de fonds au-delà de l'immigration.
00:09:24La seule différence entre le RN et nous,
00:09:27c'est notre capacité à gouverner.
00:09:29C'est vrai.
00:09:30Il y a deux ans, pareil.
00:09:31La seule différence, c'est la capacité à gouverner.
00:09:34Et dernier fait d'armes, la semaine dernière,
00:09:37il a validé, assumé un tweet au nom du Parti des Républicains
00:09:40demandant aux Algériens, à l'Algérie,
00:09:42de reprendre ces OQTF, ces clandestins, ces criminels
00:09:46dans la pure vulgate du RN.
00:09:47C'est pas un langage LR habituel, ça.
00:09:49Il engage qui, alors, ce soir ?
00:09:51Il n'engage que lui-même ?
00:09:53Il engage son aventure personnelle pour Nice,
00:09:56municipale 2026.
00:09:57Il y a un enjeu énorme, il y a 32 %, le RN, à Nice.
00:09:59Comment fait-il ?
00:10:01Il clarifie, par rapport à Christian Estrosi,
00:10:03son frère ennemi depuis toujours,
00:10:05qui lui a rejoint le camp Édouard-Philippe Macron.
00:10:08C'est un agenda niçois.
00:10:10Colombey, les deux églises,
00:10:11combien a fait le RN, dimanche ?
00:10:13Vous allez me le dire ?
00:10:1553 %.
00:10:16C'est tout un symbole.
00:10:18Manuel Valls, est-ce qu'il s'est compromis,
00:10:21Éric Ciotti ?
00:10:22Oui, sans doute, mais c'est toujours difficile
00:10:24d'analyser une trajectoire personnelle.
00:10:27Comment vous jugez ?
00:10:28Nous vivons, de toute façon,
00:10:30s'il vous plaît, d'être dit une forme de crise politique,
00:10:33un remondissement, sans doute d'ailleurs depuis 2017.
00:10:36La crise de la gauche, la crise de la droite
00:10:38due aux affaires de François Fillon.
00:10:41Au fond, on est dans ce mouvement qui s'accélère
00:10:43et qui, évidemment, se précipite avec la dissolution.
00:10:47Est-ce que c'est l'alliance de la honte,
00:10:49comme certains le disent ?
00:10:50Par rapport, s'il vous plaît,
00:10:52de position claire de Jacques Chirac
00:10:55et de Nicolas Sarkozy
00:10:57concernant les alliances avec l'extrême droite,
00:10:59oui, à l'évidence.
00:11:01Et en plus, dans ces situations,
00:11:02contrairement à ce qui s'était passé il y a quelques années,
00:11:06dans un rapport de force de très grande infériorité.
00:11:09Ce n'est pas un Jean-Claude Godin ou un Charles Millon,
00:11:12qui vont chercher des voix pour pouvoir gouverner,
00:11:15mais ils étaient majoritaires.
00:11:16Vous, l'homme politique de centre-gauche,
00:11:19je vais dire ça comme ça, vous dénoncez
00:11:21cette proposition d'alliance, clairement ?
00:11:24Je peux la dénoncer, comme elle a été d'ailleurs dénoncée.
00:11:27Vous le faites ?
00:11:28Je le fais, mais avec d'autant plus de logique
00:11:31et de cohérence que d'autres le font
00:11:34du propre camp d'Éric Ciotti,
00:11:36Gérard Larcher, Bruno Retailleau,
00:11:38qui étaient touchés.
00:11:40La politique aussi est faite, en effet,
00:11:42d'émotions et, en l'occurrence,
00:11:44de trahisons auxquelles il ne s'attendait pas.
00:11:48Mais Wauquiez, Valéry Pécresse,
00:11:51Xavier Bertrand, Jean-François Copé,
00:11:53c'est un choc, c'est un traumatisme,
00:11:56mais cela ouvre, et c'est là où je voulais en venir,
00:11:59surtout une recomposition.
00:12:01Nous sommes collés, c'est normal,
00:12:03au choc de la dissolution, aux premières enquêtes d'opinion,
00:12:07il n'y a que trois semaines, mais quand même,
00:12:09donc ça bouge, ça va bouger.
00:12:11C'est la première clarification
00:12:13souhaitée par le chef de l'Etat avec cette dissolution ?
00:12:16Oui, et à laquelle j'appelle,
00:12:18mais ça oblige un changement absolu de méthode.
00:12:21Aussi bien par rapport à ce qui se passe à droite
00:12:23qu'avec une autre alliance,
00:12:25je pourrais utiliser la honte, en tout cas,
00:12:27la faute politique et morale du côté de la gauche,
00:12:30et ça oblige à un changement de la part de tout le monde
00:12:35et à construire, je reprends la formule,
00:12:38je crois, juste d'Édouard Philippe,
00:12:40de cet après-midi, une nouvelle majorité.
00:12:43Pas comme ce qui a été fait depuis sept ans,
00:12:46encore moins depuis deux ans,
00:12:48où le quinquennat n'a pas eu de sens,
00:12:50ce qui s'est passé,
00:12:51mais une nouvelle construction, une nouvelle coalition,
00:12:54à gauche et à droite.
00:12:57Ces différentes clarifications peuvent amener,
00:12:59ça va être difficile, à cette nouvelle majorité.
00:13:02Il faut que ce soit possible,
00:13:04parce que les coalitions, par le haut, on en connaît peu.
00:13:07Ca dépend d'abord des Français.
00:13:09C'est vrai que sur la méthode, il prend tout le monde de cours,
00:13:13il met la droite sur le fait accompli.
00:13:15C'est quand même le chef du parti,
00:13:17donc il doit défendre un collectif.
00:13:19Comment expliquer qu'on puisse,
00:13:21quand on représente un parti, faire ça seul ?
00:13:24Il faut avoir en tête
00:13:25que la prise de parole d'Éric Ciotti
00:13:28se drape aussi dans les circonstances.
00:13:31Quand on l'entend, on nous parle de l'urgence dans le pays,
00:13:35de l'herbe coupée sous le pied des oppositions
00:13:37eu égard à cette urgence dans laquelle sont les oppositions
00:13:41pour s'organiser, et donc, en quelque sorte,
00:13:43c'est une forme de prise de position plus feutrée,
00:13:47en disant que je suis obligée de considérer
00:13:50que mon parti a besoin de ça à ce moment donné.
00:13:52C'est peut-être aussi ça qui lui permet d'agir seul.
00:13:55Néanmoins, c'est vrai que ça pose un problème de gouvernance,
00:13:59notamment quand on mit les statuts du groupe Les Républicains.
00:14:03Les appels à la démission pleuvent.
00:14:05Lui veut rester, pour l'instant, à la tête du parti.
00:14:08C'est ce qu'il affirme.
00:14:09Ce cas de figure n'est absolument pas prévu.
00:14:12On peut le démettre par un vote ?
00:14:13Non, parce que tous les partis fonctionnent
00:14:16sur un principe qu'on peut appeler le principe de démocratie,
00:14:19en tout cas démocratie interne,
00:14:21qui consiste à ce que le dirigeant soit élu par la base.
00:14:24Donc, comment est-ce possible de se démettre
00:14:27d'un président dont on ne veut plus ?
00:14:29La seule logique, c'est de renvoyer au règlement intérieur
00:14:32qui parle des adhérents, mais dès lors que l'adhérent
00:14:35a un mandat politique, c'est le bureau politique,
00:14:38dirigé par le président, qui doit décider.
00:14:40Donc, il y a une forme de serpent qui se mord la queue ici
00:14:43et, clairement, sans repasser par le vote des adhérents,
00:14:46ça sera difficile de se débarrasser d'un président
00:14:49qui ne représenterait plus la ligne du parti.
00:14:51C'est inconcréhensible.
00:14:53Je rejoins ce qui a été dit.
00:14:54L'argent des LR, il est en capacité, aujourd'hui,
00:14:57de le redistribuer aux RN,
00:14:59tels que sont les statues.
00:15:00Ils sont coincés, c'est la panique, dans l'état-major.
00:15:03Expliquez-nous ça.
00:15:04Aujourd'hui, Eric Ciotti n'a pas nommé de vice-président.
00:15:08Il avait Rachida Dati au départ,
00:15:09présidente du Conseil national, du Parlement du parti.
00:15:12Rachida Dati a quitté les LR
00:15:14pour rejoindre Emmanuel Macron et devenir ministre.
00:15:17Elle n'a pas été remplacée.
00:15:18Il n'y a même pas le Conseil national qui peut être saisi.
00:15:21Il y a un comité stratégique de 25 membres
00:15:24qui peut devenir une direction provisoire.
00:15:26Mais dans l'état actuel, sauf à lancer un procès contre lui,
00:15:30il a la possibilité de reverser les fonds des LR
00:15:33à la structure du RN.
00:15:35Donc, c'est...
00:15:36C'est une prise d'otage.
00:15:38C'est fort à la mot.
00:15:39Bruno Cotreffe,
00:15:40on va parler des électeurs de droite,
00:15:42mais sur cette, je sais pas comment l'appeler,
00:15:45stratégie collective, solitaire,
00:15:47il y a une rupture qui va s'opérer, forcément.
00:15:50C'est une élection législative,
00:15:52ce sont les élus qui veulent remettre leur mandat en jeu,
00:15:55et il y a, demain, cette tribune, ils sont tous là,
00:15:58Gérard Larcher, François Barouin, Christian Jacob,
00:16:01Valérie Pécresse, et j'en passe, Bruno Retailleau,
00:16:04tous contre Ciotti.
00:16:06Est-ce que cette base militante,
00:16:07si elle est effectivement sur une autre ligne,
00:16:10peut avoir son mot à dire ?
00:16:12Si on suit ce qu'Anne-Charlène vient de dire,
00:16:14effectivement, oui, ils devront.
00:16:16Et puis, peut-être qu'il y a un principe démocratique.
00:16:20Le temps est très compté,
00:16:21parce qu'il y a un calendrier qui est, lui,
00:16:24extrêmement contraint, dépôt des candidatures dimanche soir.
00:16:27Donc, le calendrier est extrêmement contraint,
00:16:30mais c'est vrai que si le leader d'un parti politique
00:16:34prend une prise de position,
00:16:35que les cadres du parti le désavouent,
00:16:38mais qu'on fait l'hypothèse que les militants le suivraient,
00:16:41il y a un vrai problème démocratique
00:16:43qui doit être posé sur la table
00:16:45et qui ne peut pas être passé à la trappe.
00:16:48Il n'y a déjà pas beaucoup d'adhérents
00:16:50dans les partis politiques en France.
00:16:52S'ils doivent se prononcer sur un des choix les plus historiques
00:16:56de leur mouvement politique, on ne leur demande pas leur avis,
00:17:00on ne va pas s'étonner que, derrière,
00:17:02il y ait de moins en moins de militants sur le fond,
00:17:05c'est vraiment dramatique, un peu tragique
00:17:07pour ce mouvement politique.
00:17:09Quand on regarde la sociologie des électeurs,
00:17:11de leurs préférences, de ce qu'ils veulent,
00:17:14eux-mêmes sont un peu à l'image du parti.
00:17:16Ils sont clivés.
00:17:17Les mêmes électeurs sont clivés.
00:17:19C'est impossible.
00:17:21On va les écouter, les électeurs.
00:17:22Marco Pommier a promené son micro, cet après-midi,
00:17:25dans deux villes de l'île de France,
00:17:28Poissy et Saint-Germain-en-Laye.
00:17:30Ecoutez cette guirlande de réactions de Français.
00:17:35Sur l'alliance, son potentiel.
00:17:40C'est une catastrophe,
00:17:43une absurdité totale.
00:17:45Je venais justement de renouveler mon inscription
00:17:49aux Républicains.
00:17:50Je suis atterré.
00:17:52J'espère qu'il va être renvoyé des Républicains,
00:17:55parce que je trouve qu'au contraire,
00:17:57les Républicains ne doivent surtout pas s'allier
00:18:00avec leur Assemblée nationale,
00:18:02ils doivent jouer leur partition.
00:18:03Ils ont un rôle à jouer pour être le centre-droit
00:18:08par rapport au centre-gauche.
00:18:11Je trouve ça très bien que la droite s'unisse.
00:18:13Ce n'est pas forcément tous des nazis,
00:18:16il ne faut pas arrêter.
00:18:17Ça n'a pas de sens.
00:18:18Je reste convaincu que c'est quand même dommage
00:18:21des alliances purement politiciennes
00:18:23avec des partis qui partagent certaines valeurs,
00:18:25mais il y a plein de valeurs qu'ils ne partagent pas.
00:18:28On est juste dans un calcul électoral, en fin de compte.
00:18:31De toute façon, c'est une bonne chose,
00:18:33parce que la droite n'a plus grand-chose à faire, maintenant.
00:18:37Elle est débordée de tous les côtés et tout.
00:18:40Si elle s'isole,
00:18:41elle va se retrouver vraiment seule,
00:18:45et après, on va l'oublier.
00:18:47Ce matin, sur le marché de Poissy,
00:18:50certains électeurs du Rassemblement national
00:18:52appelaient aussi à une alliance de la droite et de l'extrême-droite.
00:18:56Il y a bien une alliance de gauche, pourquoi pas de droite ?
00:18:59C'est ce qu'il faut, une alliance de droite, c'est tout.
00:19:03Certains disent que la droite et l'extrême-droite
00:19:05ne sont pas la même chose.
00:19:07Pas la même chose, mais les filles, les socialistes
00:19:10et les écolos, ce n'est pas la même chose non plus.
00:19:12Alors qu'ils se sont réunis,
00:19:14comme on dit, l'union fait la force.
00:19:17Donc, autant s'unir...
00:19:19Vous disiez qu'il y avait beaucoup de passerelles
00:19:21entre la droite et l'extrême-droite.
00:19:23Bien sûr qu'il y a des passerelles.
00:19:26Sur le régalien et tout, que ce soit les LR ou le RN,
00:19:30on est tous d'accord sur la même chose,
00:19:32mais il faut un peu plus de fermeté.
00:19:34Bon, alors, maintenant, il faut s'entendre.
00:19:36Très instructif, très intéressant.
00:19:39Ils disent tout de ce qui se passe dans leur parti,
00:19:42ces adhérents.
00:19:43C'est pas des adhérents, c'est des électeurs.
00:19:45Certains voulaient reprendre leur carte,
00:19:47mais pas tous.
00:19:49Quand on les étudie, c'est ce qu'on voit
00:19:51dans nos grandes enquêtes qu'on réalise à Sciences Po,
00:19:54on voit que sur les questions, par exemple, économiques,
00:19:57les sympathisants des Républicains,
00:20:01ils sont pas si éloignés que ça
00:20:03des sympathisants du mouvement Renaissance.
00:20:05Ils veulent une économie plus fluide, plus simple,
00:20:08moins de dépenses publiques,
00:20:10moins de réglementations,
00:20:11moins de fonctionnaires, moins de dépenses, voilà.
00:20:14Par contre, sur les questions régaliennes,
00:20:17sécurité, justice, police, immigration,
00:20:19elles sont beaucoup plus proches
00:20:21des sympathisants du RN.
00:20:22J'ai même trouvé dans mes données
00:20:24des sympathisants LR qui, sur ces questions-là,
00:20:27sont plus à droite que les sympathisants RN.
00:20:29Mais là, ça fait deux candidats.
00:20:31Est-ce qu'on peut dire que parmi les électeurs de droite,
00:20:34aujourd'hui, il y a moitié qui pourrait très bien vouloir
00:20:38cette union avec le RN et l'autre moitié avec Macron-Renaissance ?
00:20:41Ou c'est plus compliqué que ça, les proportions ?
00:20:44C'est plus compliqué, parce qu'ils tiennent aussi
00:20:46à leur identité, c'est-à-dire que c'est un mouvement politique
00:20:50qui va pas bien. Quand on va pas bien,
00:20:52on a toujours des problèmes d'identité.
00:20:54Ce qui fait le ciment d'un parti politique, souvent,
00:20:57c'est la gagne. A partir du moment où on gagne,
00:21:00le clivage interne, on trouve des moyens
00:21:02de s'arranger. Mais là, ils perdent et ils sont clivés.
00:21:05C'est beaucoup pour une formation politique.
00:21:07C'est un moment donné où ils sont en réaffirmation d'identité.
00:21:11Beaucoup de leaders républicains disent qu'ils sont de la droite
00:21:14et qu'ils veulent se réaffirmer comme la droite.
00:21:17Il y a des problèmes qui ne se régleront pas facilement
00:21:20en exfiltrant le leader, en le remplaçant par un autre.
00:21:23Le premier occupation des Français dans l'élection européenne,
00:21:26l'immigration. Donc, si le sujet fédérateur
00:21:29de l'Union des droites, dont on parle dans la génération
00:21:32des trentenaires, tout ça est très fluide entre les jeunes LR,
00:21:36les jeunes RN, les jeunes de Reconquête,
00:21:38la cocarde, les syndicats étudiants de droite.
00:21:41Tout ça circule ensemble, fait la fête ensemble,
00:21:44écrit ensemble. C'est une génération
00:21:46qui n'a plus rien à voir avec celle de Jacques Chirac
00:21:48ou Bruno Retailleau.
00:21:50C'est un excellent livre de Nicolas Massol.
00:21:52Immigration, ça, c'est fédérateur,
00:21:54DLR jusqu'à Bardella, il n'y a pas de souci.
00:21:56Comment peuvent survivre les Républicains ?
00:22:00Est-ce qu'il faut tout reconstruire ?
00:22:02C'est un nouveau parti ?
00:22:04C'est ce qui va se passer.
00:22:05Je suis d'accord pour dire qu'il y a un problème,
00:22:08il y a un attachement et une identité.
00:22:12C'est très clair.
00:22:13Si vous écoutez certains élus convaincus,
00:22:17il y en a, Jean-François Copé,
00:22:20Florence Portelli, qui a un discours extrêmement percutant,
00:22:24ces gens-là, enfin, ces élus-là,
00:22:27ne veulent pas ni se faire absorber par le RN,
00:22:30surtout pas, et ne donneront pas un billet
00:22:32à Emmanuel Macron ou à un candidat centriste.
00:22:36Donc, ils seront patients et ils vont reconstruire.
00:22:39Vous savez, c'est un éternel recommencement,
00:22:42la vie politique.
00:22:43Donc, là, ils vont être en sommeil.
00:22:45-"Patient", dix ans, vingt ans ?
00:22:47Je ne sais pas, ça peut aller très vite,
00:22:49jusqu'à la prochaine présidentielle.
00:22:51On est à trois ans de la présidentielle.
00:22:54Emmanuel Macron s'est construit un personnage,
00:22:57une étiquette, une réputation en deux ans.
00:23:00Donc, ça peut aller très vite,
00:23:02aujourd'hui, avec la société médiatique
00:23:05dans laquelle nous sommes.
00:23:06Ce qu'ils veulent, c'est ne pas vendre leur âme.
00:23:09C'est une expression très facile,
00:23:11mais c'est une expression qui a un sens, quand même.
00:23:14Et donc, le Rassemblement national
00:23:17n'arrivera pas à absorber
00:23:19la droite dite classique,
00:23:22la droite d'inspiration,
00:23:23même si c'est un mot qui ne veut plus rien dire,
00:23:26d'inspiration gaulliste,
00:23:27puisque même Marine Le Pen, maintenant,
00:23:30c'est ça aussi qui brouille le discours,
00:23:32se réclame de De Gaulle.
00:23:34Donc, vous voyez, on est quand même
00:23:36dans une phase de reconstruction complète
00:23:38du paysage politique.
00:23:39Il y a des élections dans trois semaines.
00:23:42Le deuxième tour, c'est le 7 juillet.
00:23:44Je voudrais qu'on regarde les forces politiques
00:23:47de l'actuel hémicycle sortant.
00:23:48Aujourd'hui, les Républicains, c'est 62 députés,
00:23:51et c'est très clairement le groupe
00:23:53qui fait ou défait les majorités,
00:23:55c'est la position d'arbitre.
00:23:57Qu'est-ce que les déclarations d'Éric Fioti
00:24:01peuvent changer, en termes de sièges ?
00:24:03Est-ce que ça peut être efficace ?
00:24:05Ou, d'après le tir de barrage de toute la famille de droite,
00:24:08à part un ou deux sièges, peut-être côté Alpes-Maritimes,
00:24:12ça n'a pas d'effet ?
00:24:13Justement, je pense qu'il y a beaucoup de choses
00:24:16qui méritent d'être dites pour vous répondre.
00:24:19La première chose, c'est qu'on a eu
00:24:21deux grandes échéances dans l'opinion,
00:24:24la loi sur la réforme des retraites et la loi immigration,
00:24:27qui ont toutes les deux été des moments de vérité
00:24:30pour le groupe des Républicains à l'Assemblée nationale
00:24:33et au Sénat. On ne savait plus
00:24:35quelle était la couleur de ce groupe dans aucun des votes.
00:24:38Eric Fioti, à l'époque des retraites,
00:24:40avait promis une majorité à Macron, avec des OLR.
00:24:43C'est l'idée. Il y a eu des promesses,
00:24:45dans un premier cas, d'autres dans le deuxième,
00:24:47qui ont été trahies. En réalité,
00:24:49il n'y a pas deux familles au sein des OLR,
00:24:52ceux qui sympathiseraient avec l'ARN
00:24:54et ceux qui sympathiseraient avec Emmanuel Macron ou le Centre.
00:24:57Il y a aussi ceux qui veulent une identité particulière.
00:25:00Il y en a trois qui se sont dessinés
00:25:02dans ces deux échéances électorales.
00:25:04Et c'est pour ça qu'on les appelle les auto-entrepreneurs.
00:25:08Trois à 7 % d'électeurs aux dernières européennes,
00:25:11ça fait peu.
00:25:12Ce groupe de jonction de 60 députés,
00:25:14la manière dont la dissolution a introduit
00:25:16des élections législatives anticipées,
00:25:18elle est sûre de le torpiller de l'intérieur.
00:25:21C'est-à-dire que ce groupe de 60,
00:25:23qui était la cheville, en quelque sorte,
00:25:25disparaît nécessairement,
00:25:27parce que soit on est dans une alliance plus à droite,
00:25:30soit on est dans une alliance plus au centre.
00:25:32Les dissolutions ont toujours eu cet effet-là.
00:25:35En quelque sorte, l'élection législative anticipée
00:25:38cristallise des positions extrêmes,
00:25:40des coalitions qui ont un but complètement électoraliste,
00:25:44et qui viennent se casser au Parlement.
00:25:46On a un Parlement qui risque d'avoir trois grands blocs
00:25:49qui vont s'affronter, et ce groupe-là,
00:25:51pour répondre à votre question, ce groupe des 60,
00:25:54il aura une identité tripartite, et ça va être difficile.
00:25:57Sauf qu'Éric Ciotti, il dit
00:25:59que il veut s'allier, mais qu'il reste républicain.
00:26:02Je vous garantis, les 60 députés,
00:26:04elle est avec un groupe à nous,
00:26:06mais qui dépendra du bon vouloir du RN.
00:26:08Ca, je ne comprends pas.
00:26:09C'est pas gaulliste.
00:26:10Parce que là, il donne son indépendance,
00:26:13il la perd, il la brade au RN,
00:26:16qui ne mettra pas de candidat face à lui et à ses amis
00:26:20dans ses élections législatives.
00:26:21Il dit qu'il maintiendrait le groupe derrière.
00:26:24C'est pas la même chose.
00:26:25C'est un groupe sous perfusion.
00:26:27Ce qui dépendra du Rassemblement national.
00:26:30De l'aumône du RN.
00:26:32Est-ce que ça rapproche, le RN,
00:26:33ce qui s'est passé aujourd'hui à droite,
00:26:36de la majorité absolue des 289 ?
00:26:38Oui, là, incontestablement.
00:26:40Si vous regardez le sondage que Le Figaro sort demain...
00:26:4335 %, c'est ça, pour le RN ?
00:26:45Oui, 35 % pour le RN.
00:26:47Alors, on n'a pas de projection au siège,
00:26:49parce que c'est un peu tôt,
00:26:51et puis on ne connaît pas encore exactement.
00:26:53Mais avec ça, ils peuvent friser la majorité absolue.
00:26:57Parce que la deuxième force politique,
00:27:00si elle est unie,
00:27:01ça serait la gauche, la gauche unie,
00:27:04qui serait autour de 25, je crois.
00:27:08Et puis, la majorité actuelle tomberait à 18.
00:27:11Donc, elle tomberait très bas.
00:27:14Vous y croyez, ce scénario-là ?
00:27:16On croyait que Marine Le Pen était au port du pouvoir
00:27:19dans trois ans.
00:27:21Jordan Bardella, c'est dans trois semaines.
00:27:23Mais...
00:27:24Pourquoi le RN est favori ?
00:27:27A partir du score de dimanche dernier,
00:27:30est-ce qu'on peut déjouer ce pronostic
00:27:34sans aucun doute ?
00:27:35C'est possible.
00:27:36Ca va être très difficile, mais il faut s'y atteler.
00:27:39Pourquoi il y a cette crise ?
00:27:41Elle est la responsabilité d'Emmanuel Macron
00:27:44et d'Hélaire aussi.
00:27:45Une alliance était possible, un pacte,
00:27:47au lendemain des présidentielles et des législatives de 2022.
00:27:52Le président et sa famille expliquent
00:27:54qu'ils n'ont pas souhaité ce pacte.
00:27:56C'est leur faute.
00:27:57C'est sans doute des responsabilités partagées,
00:28:00mais sur les retraites, vous l'avez dit,
00:28:02sur l'immigration, la politique économique,
00:28:05je pense qu'il y avait des espaces communs.
00:28:07C'était la logique,
00:28:08puisque le président de la République
00:28:10n'avait qu'une majorité relative à l'Assemblée.
00:28:13Le fait de ne pas y avoir réussi,
00:28:15quelles que soient les responsabilités,
00:28:17aboutit aussi à cette Assemblée difficilement gouvernable,
00:28:21vous le suivez ici tous les jours,
00:28:23et à la crise que nous connaissons.
00:28:25Mais je fais partie de ceux qui considèrent
00:28:27que d'une crise, y compris celle que nous commentons,
00:28:31de cette crise peuvent surgir aussi des possibilités.
00:28:33Je crois qu'il est très important
00:28:35qu'il y ait une famille républicaine de droite
00:28:38qui se maintienne, qui n'a pas disparu,
00:28:40même si elle est en crise,
00:28:42parce qu'elle est majoritaire au Sénat,
00:28:44parce qu'elle contrôle beaucoup de collectivités territoriales
00:28:48et locales, et parce qu'elle a quand même un message.
00:28:51Cette droite, ce centre droit, il existe en Europe.
00:28:54C'est même le premier parti en Europe.
00:28:56Il y a quelque chose de vital qui se joue,
00:28:58et je pense qu'au centre, dans le macronisme,
00:29:01parmi les sociodémocrates,
00:29:03peu nombreux que nous sommes,
00:29:04mais à nous battre pour faire vivre
00:29:06l'idée d'une gauche républicaine,
00:29:08et au centre droit,
00:29:10il faut qu'il y ait des convergences,
00:29:12mais sur la base, une coalition,
00:29:14pas d'une absorption, pas du en même temps,
00:29:17pas du ralliement au président de la République.
00:29:20Il faut quelque chose de nouveau.
00:29:22Donc, on a quelques jours, quelques semaines pour le faire.
00:29:25Ce qui est en train de se passer, paradoxalement,
00:29:28pourrait, même si je suis très lucide, y aider.
00:29:30Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est quoi, la méthode ?
00:29:33Le président de la République parle demain.
00:29:36Il faut qu'il propose...
00:29:37Radicalement différente de ce qui a été fait
00:29:40depuis 2 ans et 7 ans.
00:29:41Il faut qu'il propose de se réunir autour de la table,
00:29:44à une partie de la gauche, les socialistes,
00:29:47à une partie de la droite, les républicains,
00:29:49pour se mettre d'accord sur des réformes précises.
00:29:52Le chef de l'Etat a explicitement, à deux reprises,
00:29:55déclaré qu'il ne croyait pas dans les coalitions.
00:29:57C'est une erreur.
00:29:59Il y a un moment donné où la parole du numéro un du pays
00:30:02qui dit ça, ça compte.
00:30:04Ca compte.
00:30:05Je me demande s'il n'a pas loupé le dernier train,
00:30:08de ce point de vue-là.
00:30:09Je rejoins votre point de vue.
00:30:11Au lendemain des élections législatives de 2022,
00:30:14où il fallait effectivement dire que le périmètre de la discussion,
00:30:17ça ne peut plus être mon programme.
00:30:19Le sens d'une coalition, c'est de réunir des gens
00:30:22qui n'ont pas le même programme, qui discutent,
00:30:25qui se mettent d'accord avec...
00:30:27Chez les Allemands, ça prend plusieurs semaines.
00:30:30On voit qu'on tourne autour de cette question.
00:30:33Ca n'a pas déjà été proposé, ça ?
00:30:34C'est compliqué.
00:30:36Une négociation.
00:30:37L'électeur est l'empêcheur.
00:30:39Le RN, c'est du ralliement, aussi.
00:30:41On se rallie à son programme, on signe une charte.
00:30:43D'ailleurs, l'union des droites avec Marion Maréchal
00:30:46est refusée par Marine Le Pen, ce soir.
00:30:49Emmanuel Macron est le seul visage...
00:30:51C'est le chef de la campagne législative.
00:30:53Il va faire ce qu'il a raté il y a deux ans
00:30:55avec les fameux 100 jours SANS,
00:30:57les jours qui ont suivi la présidentielle,
00:31:00où il a disparu, on a mis deux mois à faire un gouvernement.
00:31:03Là, il fait l'exact contraire.
00:31:05Accélération du temps, tempo rapide,
00:31:07mais il est le chef de la campagne.
00:31:09Les Français ont dit quoi dimanche ?
00:31:11Ils ont rejeté Emmanuel Macron dans les urnes.
00:31:14Comment est-ce que lui peut être le point de ralliement
00:31:17de cette coalition fictive ? C'est un énorme problème.
00:31:20Il faut démacroniser la campagne.
00:31:22Vous avez des candidats à renaissance,
00:31:24des candidats modèmes, qui feront tout
00:31:26pour ne pas avoir le président dans leur meeting de campagne.
00:31:29Ils le disent.
00:31:30Ils vous le disent.
00:31:32Ils vous le disent.
00:31:33C'est devenu le problème et plus la solution.
00:31:35C'est le problème.
00:31:36Plus il parle, plus il fait monter le RN.
00:31:39C'est ce qui va se produire demain.
00:31:41Il y a des questions concrètes.
00:31:43Le décret de convocation des électeurs est paru hier,
00:31:46dans la soirée.
00:31:47Les candidats qui se réclament plus ou moins de la majorité
00:31:50n'ont toujours pas de bannière.
00:31:52Ils ne savent pas comment imprimer les professions de foi,
00:31:55comment réclamer une banque.
00:31:57Des détails précis pour une élection...
00:31:59Ils ne connaissent pas la nouvelle ombre.
00:32:01On a jusqu'à vendredi. Il reste 48 heures.
00:32:04En tout cas, vendredi pour organiser
00:32:06toutes les conditions matérielles.
00:32:08C'est ça qui est intéressant.
00:32:10On a besoin d'un positionnement urgent
00:32:12et, finalement, tellement programmatique
00:32:15qu'ils réclameraient à la fois des consultations de base, etc.
00:32:18C'est ça qui est intéressant
00:32:20dans les processus de législatives anticipées.
00:32:23Vous avez une reconstruction idéologique
00:32:25qui se fait. Le président de la République
00:32:27nous parle de clarification.
00:32:29Ca, en trois semaines,
00:32:31ça va être quelque chose qui, matériellement,
00:32:33va être très compliqué à organiser.
00:32:35Chacun va sûrement vouloir garder ses identités parlementaires
00:32:39par la suite.
00:32:40Donc, on est vraiment dans une quadrature du cercle.
00:32:43Il faut le dire, les heures vont,
00:32:45on va dire plutôt en faveur de ces coalitions,
00:32:48mais en défaveur d'une véritable union programmatique.
00:32:51C'est très contradictoire.
00:32:52Un dernier mot, peut-être,
00:32:54pour essayer de comprendre ce pari présidentiel.
00:32:57Quand on lit les papiers bien informés,
00:32:59on comprend que son entourage parie sur les divisions de la gauche.
00:33:03Ou, en tout cas, une union de la gauche plus faible
00:33:06qui favoriserait, au fond, Renaissance dans des duels
00:33:09et, face au RN, barrage.
00:33:12Donc, RN-Renaissance permettrait, d'une certaine façon,
00:33:15à Renaissance d'espérer les voix de la gauche.
00:33:17C'est raté ?
00:33:19En tout cas, le RAND 1 est raté.
00:33:20On verra comment ça va se passer
00:33:22côté place publique, Raphaël Glucksmann,
00:33:25mais j'ai entendu Carole Delga,
00:33:26une socialiste importante en Occitanie,
00:33:29présidente de région, accepter ce front populaire.
00:33:32Donc, elle, qui était en marge
00:33:34dans l'opposition à Olivier Faure au sein du PS,
00:33:36choisit d'être dans cette stratégie de la gagne rapide
00:33:41aux élections dans deux semaines et demie.
00:33:43Il n'y a plus de divergence.
00:33:45Il y a des survies politiques en jeu.
00:33:47Le pari, c'était de coincer la gauche
00:33:50entre Mélenchon et les Insoumis et les socialistes.
00:33:54Qu'est-ce qu'ils ont fait au bout de 24 heures ?
00:33:57Un accord front populaire.
00:33:58Il n'y a pas d'hésitement aux législatives.
00:34:01Il n'y en a qu'un pour tout le front populaire
00:34:03dans chaque circonscription.
00:34:05On en parlera dans un instant.
00:34:07Pour être au deuxième tour,
00:34:09il faut faire 12,5 % des inscrits.
00:34:1125 % des exprimés.
00:34:12Ca veut dire que si vous n'êtes pas groupé,
00:34:15c'est très compliqué.
00:34:16Or, dans l'ordre d'arrivée des blocs,
00:34:18M. Macron est le troisième bloc.
00:34:20La pire des positions pour affronter un deuxième tour.
00:34:23On va tout droit vers Jordan Bardella,
00:34:26à Matignon, avec peut-être Éric Ciotti,
00:34:28ministre de l'Intérieur.
00:34:30Au moment, c'est vrai qu'au vu du climat de l'opinion
00:34:33et des données dont on dispose,
00:34:35c'est le scénario le plus vraisemblable,
00:34:37celui d'une victoire du RN aux législatives.
00:34:40Ca ne veut pas dire majorité absolue,
00:34:42mais une victoire du RN.
00:34:45Sur les questions de coalition,
00:34:47je suis un peu inquiet.
00:34:48Le problème du pays, c'est pas le billet à trois bandes
00:34:51de miser sur les divisions de son adversaire.
00:34:54On est le pays le plus défiant, le plus pessimiste,
00:34:57le plus endetté.
00:34:58Le problème, c'est le lendemain de l'élection.
00:35:01Qu'est-ce qu'on dit sur les déficits publics,
00:35:03sur les hiérarchies de dépenses publiques,
00:35:06sur l'objectif numéro un de cette nouvelle coalition ?
00:35:09C'est réduire nos déficits publics,
00:35:11c'est lutter contre la pauvreté et les injustices sociales.
00:35:14Sachant que le budget arrive dès septembre.
00:35:17C'est quoi, l'objectif de cette coalition ?
00:35:20La guerre.
00:35:21La guerre en Ukraine.
00:35:22Yves Tréard, je vais vous donner le mot de la fin.
00:35:25Une question simple. Les électeurs, je suis sûre,
00:35:28se posent la question, si le RN arrive en tête
00:35:31sans majorité absolue, en gagnant plus d'une centaine de sièges,
00:35:34voire plus, mais sans passer la barre des 289,
00:35:37est-ce qu'Emmanuel Macron sera obligé de le nommer
00:35:40ou est-ce qu'il peut trouver une autre solution ?
00:35:42Le pays sera en crise politique grave
00:35:45parce que vous aurez une majorité relative
00:35:47comme vous l'avez aujourd'hui.
00:35:49On voit bien qu'aujourd'hui, c'est impossible de réformer
00:35:52sans passer par l'article 49-3.
00:35:54Alors là, et vous vous exposez à des motions de censure,
00:35:57alors là, avec M. Bardella, Premier ministre,
00:36:00ça, vous pouvez être sûr qu'il y aura des motions de censure
00:36:03qui seront votées par toutes les oppositions.
00:36:05Donc, on sera dans une crise monumentale.
00:36:08On sera bloqués.
00:36:09C'est là où se posera la question suivante.
00:36:11La démission du président de la République.
00:36:14On va s'arrêter là.
00:36:15Il a déjà dit qu'il avait exclu
00:36:17quel que soit le scénario de sortie de ces élections législatives.
00:36:20Pas pour plus tard. On n'y va pas à part.
00:36:23Si on n'arrive pas à voter le budget de la France,
00:36:25je vois pas comment on peut avancer.
00:36:28Il y a un an sans dissolution.
00:36:29On ne peut pas dissoudre pendant un an
00:36:31après cette première dissolution.
00:36:33Constitutionnellement,
00:36:35Emmanuel Macron n'a pas le choix de nommer un Premier ministre
00:36:38qui ne soit pas le leader naturel de sa majorité.
00:36:41Coutume, mais obligation ?
00:36:43La Constitution n'est pas bavarde à ce propos,
00:36:46mais on imagine quand même mal
00:36:47à Emmanuel Macron nommer quelqu'un qui ne vient pas,
00:36:50le groupe qui vient de gagner.
00:36:52Majorité relative, il y avait quand Elisabeth Borne
00:36:55a été choisie Première ministre.
00:36:57Ce sera le leader naturel de ce groupe-là.
00:37:00Mais l'Assemblée nationale sera ingouvernable
00:37:02car c'est vrai que les motions de censure vont pleuvoir
00:37:05et que les groupes qui faisaient en réalité le pivot,
00:37:08PS, ELV et LR,
00:37:10surtout, n'existeront même plus.
00:37:12On aura trois blocs qui se feront face
00:37:14sur les budgets, sur l'immigration, sur le social.
00:37:17Personne ne trouvera des points d'accord.
00:37:19Merci beaucoup.
00:37:21On va s'arrêter là.
00:37:22Merci pour vos éclairages.
00:37:24J'espère que chez vous, vous y voyez un peu plus clair.
00:37:27Manuel Valls, vous restez avec moi.
00:37:29On va parler d'un autre accord,
00:37:31l'accord électoral de la gauche, annoncé hier soir,
00:37:34accord d'union baptisé le Front populaire,
00:37:36mais n'est pas Léon Blum qui veut.
00:37:38Vous allez nous dire pourquoi.
00:37:40D'abord, l'invitation de Maïté Frémont,
00:37:42interview juste après.
00:37:47Si on vous invite, Manuel Valls,
00:37:49c'est pour avoir votre regard sur cette nouvelle union à gauche.
00:37:52Vous, l'auteur, il y a sept ans, de cette formule devenue célèbre,
00:37:57pour dénoncer ces gauches irréconciliables.
00:38:00On reste à l'accord ! On reste à l'accord !
00:38:03On reste à l'accord !
00:38:04Hier, devant le siège des écolos,
00:38:06les quatre forces de gauche,
00:38:08Insoumis, Écologistes, Communistes et Partis socialistes,
00:38:11ont signé un pacte avec un objectif.
00:38:14Ca veut dire que nous allons travailler ensemble
00:38:17autour de candidatures communes au premier tour
00:38:20des élections législatives,
00:38:23qui défendront un programme de rupture.
00:38:27Un programme de rupture pour l'heure pas encore clairement établi.
00:38:31Fini la NUPES, place au Front populaire,
00:38:34en référence à cette coalition,
00:38:36menée par Léon Blum, en 1936.
00:38:39Un accord électoral en un temps record.
00:38:42Le programme commun attendra,
00:38:44mais déjà, l'unité de façade se fissure.
00:38:47On ne va pas refaire la NUPES.
00:38:50Il y a eu une inversion des rapports de force.
00:38:52Je suis en tête à gauche. Voilà les conditions.
00:38:55Elles doivent être remplies.
00:38:57D'abord, un soutien indéfectible à la construction européenne.
00:39:01Ensuite, un soutien indéfectible à la résistance ukrainienne,
00:39:04car l'avenir du continent ukrainien se joue en Ukraine en ce moment.
00:39:09Un rejet, une abrogation de la réforme des retraites,
00:39:12de la réforme de l'assurance chômage et de la loi immigration.
00:39:17Une accélération de la transition écologique et, enfin,
00:39:20un rejet de la brutalisation de la vie politique.
00:39:24Aujourd'hui, libéré de tout mandat politique,
00:39:26vous êtes devenu un observateur de la vie politique.
00:39:30Manuel Valls, vous, l'ancien Premier ministre,
00:39:32rallié à Emmanuel Macron en 2017.
00:39:35Ce soir, on a une question pour vous.
00:39:38Cet accord, pour contrer le Rassemblement national
00:39:41et espérer l'emporter aux législatives,
00:39:44n'est-ce pas le prix à payer
00:39:46pour que la gauche redevienne une force politique ?
00:39:49Réponse.
00:39:50Nous venons de parler, il y a un instant,
00:39:52de la faute morale d'Éric Ciotti,
00:39:55en s'alliant au Rassemblement national.
00:39:58Donc, là aussi, s'allier la part du Parti socialiste
00:40:02ou de sa direction, une nouvelle fois,
00:40:04parce que ce n'est pas nouveau, avec la France insoumise,
00:40:07au-delà du choc, déjà, entre Raphaël Glucksmann
00:40:10et Manon Aubry,
00:40:11mais s'allier avec un parti qui n'a pas les mêmes positions,
00:40:16c'est le moins qu'on puisse dire, sur l'Ukraine,
00:40:19qui est totalement éloignée sur les questions économiques
00:40:22et sociales, mais surtout, qui a tenu une ligne
00:40:25des propos antisémites, antisraéliens,
00:40:28qui considèrent le Hamas
00:40:30comme une organisation de résistance.
00:40:34C'est une faute politique, morale,
00:40:37et que rien ne justifie.
00:40:39Par ailleurs, certes, il s'agit de sauver des sièges.
00:40:43Ca a été, d'ailleurs, le but de la NUPES en 2022.
00:40:49Mais la gauche, depuis déjà plusieurs élections,
00:40:53et encore dimanche dernier,
00:40:54plafonne, si on additionne...
00:40:57...autour de 30 %,
00:41:00donc je ne crois pas qu'elle puisse l'emporter.
00:41:02Elle est trop faible.
00:41:04Elle est trop faible, elle est divisée sur le fond.
00:41:07C'est vrai au Parlement européen,
00:41:10c'est vrai dans notre propre Parlement,
00:41:12à l'Assemblée nationale.
00:41:14Pour vous, les gauches sont encore plus irréconciliables
00:41:17qu'elles ne l'étaient au moment de la NUPES,
00:41:20première version, en 2022.
00:41:21Mais sur le fond, et après ce que nous avons vécu
00:41:24avec des propos incendiaires de la part de Jean-Luc Mélenchon
00:41:28et de ses amis depuis le 7 octobre,
00:41:30avec une stratégie qui a sa manière à fonctionner,
00:41:33nous voyons, à travers les votes récoltés par la liste Manon Aubry,
00:41:37avec une campagne centrée essentiellement
00:41:39sur la question palestinienne et sur ce qui se passe à Gaza,
00:41:43avec une stratégie prendre, capter le vote des Français
00:41:46de confession ou de culture musulmane.
00:41:49Je vous redonne la parole dans un instant.
00:41:52Soir de l'élection, dimanche dernier,
00:41:54place de la République,
00:41:55voilà ce que criaient quelques jeunes rassemblés.
00:41:58-"Luxman complice, Israël assassin !
00:42:01Luxman complice, Israël assassin !"
00:42:05Voilà, on est au lendemain de l'élection,
00:42:07pardonnez-moi, le 10 juin dernier.
00:42:09Ces slogans-là,
00:42:11c'est le fruit de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, pour vous ?
00:42:15-"Evidemment, comme on a la direction du Parti socialiste,
00:42:18qui a fait le choix de Raphaël Luxman,
00:42:21qui a mené une campagne courageuse, intéressante,
00:42:25claire, en tout cas, sur l'Europe,
00:42:27comme en cette même direction,
00:42:29alors que Raphaël Luxman a été agressé
00:42:32par des militants de l'EFI, il y a quelques semaines,
00:42:35à Saint-Etienne, a subi, pendant toute la campagne
00:42:38et encore le soir même de l'élection,
00:42:40vous venez de montrer ses injures,
00:42:42comment cette direction peut, sans aucun débat,
00:42:45sans crier gare,
00:42:48passer un accord dont le but n'est pas de gagner, je le répète,
00:42:52et de préserver...
00:42:53-...il s'est déshonoré pour vous, Olivier Faure.
00:42:56-...c'est pas nouveau. -...il n'est plus légitime...
00:42:59-...je fais attention... -...à diriger le Parti socialiste ?
00:43:02-...je ne suis pas membre du Parti socialiste...
00:43:05-...vous l'avez été. -...oui, mais depuis 2017,
00:43:07parce que je considérais que les gauches étaient irréconciliables,
00:43:11parce que la trajectoire du Parti socialiste,
00:43:14force de gouvernement, était terminée.
00:43:16Bernard Cazeneuve aussi a fait ce choix,
00:43:18il ne se retrouve pas, je parle de ce dernier,
00:43:20mon ami Bernard Cazeneuve ne peut pas se retrouver dans ce choix,
00:43:24donc il faut des voix qui s'expriment.
00:43:26-...mais celle de Raphaël Guczman,
00:43:28elle s'exprime, il a ses conditions, il les a posées,
00:43:31mais il défend l'Alliance avec certaines conditions.
00:43:35Sans cette unité, vous ne pouvez pas peser,
00:43:38et ça, on l'a bien compris avec notre débat,
00:43:40il y a des règles électorales, il faut passer les 25 % des exprimés.
00:43:44-...mais c'est dans un moment,
00:43:46Raphaël Guczman le disait au journal France 2 hier soir,
00:43:49où l'avenir de l'Europe, de la démocratie,
00:43:53se joue en Ukraine.
00:43:55Au moment où l'Europe, comme le monde,
00:43:58est submergée par une vague de haine des Juifs et d'Israël,
00:44:02comment justifier une alliance avec une formation politique,
00:44:07c'est le moins qu'on puisse dire,
00:44:08qui n'est pas claire sur ce qui se passe en Ukraine,
00:44:11qui n'a pas voté, d'ailleurs, comme le Rassemblement national,
00:44:15les crédits et l'accord, plutôt,
00:44:17entre la France et l'Ukraine,
00:44:18qui tient des propos.
00:44:20J'étais à l'Assemblée nationale, il y a quelques jours,
00:44:23pour écouter le président Volodymyr Zelensky,
00:44:25avec un hémicycle à moitié vide.
00:44:27Quelle honte, alors que c'est aujourd'hui
00:44:30l'élément essentiel où se joue l'avenir,
00:44:32même si les Français ont du mal à le comprendre.
00:44:35C'est là où se joue notre avenir.
00:44:37Comment peut-on accepter cette...
00:44:39Comment peut-on accepter cela ?
00:44:41Ce que j'espère, c'est que des voix comme celle de François Hollande,
00:44:44qui lui a fait le choix de rester au PS...
00:44:47-...et qui a dénoncé cette nouvelle alliance.
00:44:49-...je suis surpris par l'attitude de Carole Delga,
00:44:52que j'aime beaucoup et que je respecte.
00:44:54On ne peut pas accepter cela, on ne peut pas.
00:44:57Il y a des élus des Républicains,
00:45:00qui, tout en gardant leurs lignes,
00:45:03l'indépendance de l'air, n'acceptent pas le choix...
00:45:06Je vais vous poser la question très clairement.
00:45:09Entre la gauche et l'ERN, vous préférez l'ERN ?
00:45:11Pourquoi vous voulez me poser cette question ?
00:45:14Il y aura des duels dans certaines circonscriptions,
00:45:17entre la gauche unie, qui pourra peut-être
00:45:19se qualifier au deuxième tour, contre la majorité présidentielle.
00:45:23C'est aux électeurs dans chacune des circonscriptions...
00:45:26Vous pouvez répondre à cette question ?
00:45:28Vous pouvez ne pas choisir ?
00:45:30Je ne veux pas choisir, je ne veux pas être face au choix
00:45:33entre l'ERN et la France insoumise.
00:45:35Je sais faire le choix entre un socialiste et l'ERN,
00:45:40mais au-delà des parcours individuels de chacun,
00:45:42ce qui compte, c'est ce qui se passe.
00:45:44Donc, j'en viens pour moi à l'essentiel...
00:45:47La solution valse.
00:45:48Non, il n'y a pas de solution valse.
00:45:50Il faut être modeste et lucide par rapport à ce qui se passe,
00:45:53mais au fond, on commente tout ce qui se passe.
00:45:57Moi, je suis inquiet de la possibilité d'une victoire du ERN,
00:46:01pas pour des questions morales
00:46:02ou parce qu'il faut créer un front antifasciste
00:46:05ou parce qu'il faut renouer avec le front populaire.
00:46:08Ce sont des mots qui semblent...
00:46:10Ca vous choque, cette référence à Léon Blum ?
00:46:12J'ai dit que ce n'est pas Léon Blum qui veut,
00:46:15mais on était dans une autre époque.
00:46:17Le front populaire est le fruit de quelque chose
00:46:20qui a été construit dans le temps,
00:46:22avec un programme, celui du Parti socialiste.
00:46:24On va être à la traîne, ils vont être à la traîne,
00:46:27évidemment, de la France insoumise
00:46:29et des saillies de Jean-Luc Mélenchon.
00:46:31C'est ce qu'on a fait à l'Assemblée nationale,
00:46:34avec un Jean-Luc Mélenchon qui attend et qui espère...
00:46:37Mais qui espère la victoire du ERN, bien évidemment.
00:46:40C'est sa stratégie depuis plusieurs années,
00:46:42mais au fond, comment...
00:46:44La seule question qui vaille,
00:46:46après la dissolution du président de la République
00:46:49et la convocation du peuple,
00:46:50puisque ce sont les Français qui vont décider,
00:46:53c'est comment on évite la victoire du RN
00:46:56et comment on construit une nouvelle majorité.
00:46:58Il ne peut pas être la répétition
00:47:00de ce que nous avons connu.
00:47:02Il ne peut pas être uniquement non au RN.
00:47:04Il faut être clair sur l'Europe,
00:47:06sur les questions d'immigration et de sécurité,
00:47:09puisque les Français ont parlé, sur l'islamisme,
00:47:12la politique économique, les déficits publics,
00:47:14la transition écologique...
00:47:16-"C'est possible, en trois semaines,
00:47:18de réunir les Républicains de ce pays ?"
00:47:20-"C'est pas possible, c'est impératif."
00:47:23Regardez ce que disent François Bayrou ou Édouard Philippe,
00:47:26ce que peuvent dire des gens comme Jean-Michel Blanquer,
00:47:29Jean-Michel Gaupé, moi-même, ce que dit Bernard Casse-Neuve.
00:47:33Il faut reconstruire une nouvelle majorité.
00:47:35-"Autour de quoi ?
00:47:36De quatre grandes réformes sur quel sujet ?"
00:47:39-"Oui, parce qu'il faut que les trois prochaines années
00:47:42soient utiles, que le président de la République
00:47:45l'entende, comprenne qu'il faut revenir à l'esprit
00:47:47des institutions de la Ve République,
00:47:49il faut gouverner autrement.
00:47:51Il y a eu de la brutalité dans la réforme des retraites,
00:47:54incontestablement.
00:47:56Il y a des choses qui n'ont pas marché,
00:47:58parce que c'est un sujet qui me passionne,
00:48:00comme la Nouvelle-Calédonie, mais il y a une attente
00:48:03des Français en matière d'ordre, d'autorité républicaine.
00:48:06Il faut répondre, des pouvoirs d'achat,
00:48:08on ne peut pas l'oublier.
00:48:10-"Le triomphe du RN, c'est aussi l'échec du président ?"
00:48:13-"Mais...
00:48:14Il a une part, bien évidemment,
00:48:17mais c'est aussi les conséquences d'une crise générale
00:48:20et d'une irresponsabilité de beaucoup.
00:48:22L'EHR aurait pu aussi offrir ce pacte de gouvernement,
00:48:26notamment à l'occasion de la réforme des retraites,
00:48:29vous l'évoquiez, ça n'a pas été possible.
00:48:32Au moment de la loi immigration, on aurait pu trouver un terrain.
00:48:35La gauche de gouvernement marginalisée
00:48:38porte aussi sa responsabilité.
00:48:39La crise politique, elle coude,
00:48:41depuis longtemps, dans toutes les démocraties avancées,
00:48:44mais évidemment, chez nous, encore davantage.
00:48:47Quand les Français ont le sentiment,
00:48:49et le mot est faible,
00:48:51que les services publics essentiels,
00:48:53l'école, la transmission des savoirs,
00:48:55la santé et la sécurité dysfonctionnent,
00:48:57donc c'est autour de cela.
00:48:59Je ne veux pas laisser l'idée que cette reconstruction
00:49:02serait possible avec un parti, l'ERN, qui n'est pas prêt,
00:49:05qui est anti-européen, qui divisera le pays,
00:49:08qui mène une politique économique,
00:49:10qui est plus proche du programme de Jean-Luc Mélenchon
00:49:13que celui d'EHR.
00:49:14Le choix d'Eric Ciotti est absurde.
00:49:16-"Un homme de gauche", proposé par Raphaël Glucksmann,
00:49:19vous le connaissez bien, vous avez négocié avec lui,
00:49:22c'est le syndicaliste Laurent Berger.
00:49:25C'est la bonne personne pour mener, au fond,
00:49:28ce travail de grand rassemblement, de coalition en trois semaines.
00:49:31-"Proposé", ça avait été fait avec Jean-Luc Mélenchon
00:49:34il y a cinq ans, ça n'a rien à voir.
00:49:37Quelqu'un, alors que cette gauche ne peut pas gagner,
00:49:40ça me paraît d'une certaine manière absurde.
00:49:42Je ne sais même pas ce qu'en pense Laurent Berger.
00:49:45Vous ne l'avez pas contacté ?
00:49:47Non, mais je suis trop respectueux de la personne de Berger,
00:49:50mais que des hommes comme Laurent Berger,
00:49:53demain, d'une manière ou d'une autre,
00:49:55c'est déjà le cas aujourd'hui,
00:49:57à travers le livre qu'il vient de publier,
00:50:00les propos qu'il peut tenir,
00:50:01puissent jouer un rôle dans l'apaisement du pays.
00:50:04Mais l'idée de Berger me fait penser à autre chose.
00:50:07Pour gouverner, c'est là où le président de la République
00:50:10doit changer aussi.
00:50:12Il faut se réconcilier avec les corps intermédiaires,
00:50:15les partenaires sociaux, les élus, le monde associatif...
00:50:18Il les a piétinés.
00:50:19Il faut reconstruire de la démocratie un peu partout,
00:50:22c'est le message de Berger.
00:50:24Ses écrits, ses prises de parole servent,
00:50:26et je suis persuadé que d'une manière ou d'une autre,
00:50:29il sera utile à ce pays.
00:50:30Manuel Valls, quel rôle voulez-vous jouer
00:50:33dans l'urgence à reconstruire le pays ?
00:50:35Est-ce que vous avez renoncé à la politique ?
00:50:38Est-ce que vous pourriez être candidat ?
00:50:40On ne renonce jamais à la politique,
00:50:42mais je ne renonce pas à aider mon pays.
00:50:44Je ne veux pas être un spectateur, je veux être un acteur.
00:50:48Je n'ai pas besoin d'être candidat à des élections législatives.
00:50:51Ca ne vous manque pas ?
00:50:53D'une certaine manière, grâce à vous, je suis là,
00:50:55à l'Assemblée nationale.
00:50:57Non, je vais m'engager, nous devons nous engager.
00:51:00J'ai parlé d'Edouard Philippe, de François Bayrou,
00:51:02de Jean-Michel Blanquer, d'élus locaux,
00:51:05d'hommes et de femmes qui ne peuvent pas accepter
00:51:07ce qui est en train de se passer.
00:51:09Vous le citez en premier, c'est un modèle à suivre ?
00:51:12Je ne sais pas...
00:51:13Une personnalité qui a de l'ambition présidentielle
00:51:16qu'il faut regarder ?
00:51:17Les ambitions présidentielles peuvent être mises de côté.
00:51:21Je ne suis pas un candidat à des élections législatives.
00:51:24Ce que les uns et les autres disent sur l'idée
00:51:26d'une nouvelle majorité, sur le fait qu'il faut faire autrement,
00:51:30qu'il faut un contrat de gouvernement,
00:51:32qu'il faut se donner les objectifs pour les 3 ans qui viennent,
00:51:35ça intéresse les Républicains de gauche et de droite.
00:51:38Sur les questions que j'ai évoquées,
00:51:40école, sécurité, économie, Europe, environnement,
00:51:43il faut être clair.
00:51:44Donc oui, je m'engage pour aider, c'est la moindre des choses.
00:51:48Le pays est en danger de division profonde.
00:51:51Je ne veux pas regarder le Titanic couler.
00:51:53-"L'offre de service d'Emmanuel Macron".
00:51:56Pour aider et s'engager,
00:51:57je n'entends pas pour faire de la politique.
00:52:00Non, non, non. La situation est trop grave.
00:52:02Je ne suis pas au gouvernement, je ne demande rien.
00:52:05Je demande simplement que les uns et les autres s'engagent.
00:52:08La situation est trop dangereuse. Les gens ont peur.
00:52:11Les gens regardent ce qui se passe.
00:52:13Je ne veux pas que le Titanic coule,
00:52:15je ne veux pas d'une victoire d'URN.
00:52:17Je veux que mon pays, la France,
00:52:19la République, sortent, si c'est possible,
00:52:22renforcées de cette crise.
00:52:23On vous entend.
00:52:24On entend votre avertissement et votre appel.
00:52:27Vous restez avec moi, c'est la dernière partie de l'émission.
00:52:30On commence par un nouveau rendez-vous.
00:52:32Vous allez voir Elsa Mondingava,
00:52:34Campagne Express.
00:52:35Musique d'ambiance
00:52:38...
00:52:43Bonsoir, Elsa.
00:52:45Bonsoir à tous.
00:52:46Juste qu'au 7 juillet prochain,
00:52:48journal de campagne avec vous,
00:52:49les dernières infos de ces législatives en cours.
00:52:52Oui, on commence, Myriam, par un revenant,
00:52:55Gabriel Attal.
00:52:56Le Premier ministre était plutôt discret
00:52:58depuis dimanche soir, peut-être parce qu'il n'avait pas été mis
00:53:02dans la confidence de la dissolution.
00:53:04Ce matin, il était à la réunion des anciens députés Renaissance.
00:53:07La messe n'est pas dite, a dit le Premier ministre,
00:53:10façon de motiver les troupes.
00:53:12Il était au 20h, on en reparlera.
00:53:14La présidente de l'Assemblée nationale,
00:53:16Yael Broun-Pivet, avait été sonnée et assommée
00:53:19par la décision du président de la République.
00:53:21Elle se représente dans sa circonscription des Yvelines.
00:53:24On a appris que Jean-Louis Bourlange,
00:53:26président de la Commission des Affaires étrangères,
00:53:29député modem, ne se représente pas
00:53:31pour des questions d'âge et de santé.
00:53:33Les candidats ont jusqu'à dimanche soir
00:53:36pour déposer leur liste.
00:53:37Eux, on le sait, ils ne feront pas liste commune.
00:53:40Pourtant, c'était plutôt bien parti.
00:53:42Sur ces images, Marion Maréchal,
00:53:44tête de liste reconquête aux élections européennes.
00:53:47Elle sortait du siège du Rassemblement national.
00:53:50Avec le sourire, un accord semblait aller à ses proches,
00:53:54avec Jordan Bardella,
00:53:55qui est le président du parti Rassemblement national.
00:53:58Mais aujourd'hui, à 16h,
00:54:00on a appris que l'accord capote finalement.
00:54:02La raison officielle,
00:54:04c'est que le Rassemblement national a changé d'avis
00:54:06et ne veut pas d'association directe ou indirecte
00:54:09avec Éric Zemmour.
00:54:10Vous évoquiez les 20h,
00:54:12beaucoup de personnalités politiques
00:54:14très attendues ce soir.
00:54:15Vous les avez écoutées.
00:54:17On a gardé un oeil.
00:54:18Gabriel Attal, le Premier ministre,
00:54:20était invité TF1.
00:54:21Il a affirmé que la dissolution était une décision lourde,
00:54:25mais il fallait pour pouvoir agir,
00:54:27des axes de campagne, travail, insécurité, pouvoir d'achat.
00:54:30Il n'a pas voulu répondre aux questions sur les partis.
00:54:33C'est de la tambouille.
00:54:34Il veut s'adresser aux Français.
00:54:36Il mènera la campagne pour la majorité.
00:54:38Gabriel Attal a été invité de France 2.
00:54:41Il annonce des dizaines de députés
00:54:43les Républicains investis ou soutenus.
00:54:45Il le redit.
00:54:46Des dizaines.
00:54:47On attend d'avoir les noms.
00:54:49Aujourd'hui, tous les journalistes ont essayé de contacter
00:54:52tous les députés pour savoir qui en était, qui n'en était pas.
00:54:56Enfin, un rendez-vous, vous le savez.
00:54:58Emmanuel Macron donne une conférence de presse.
00:55:00Demain, ce sera à 11h.
00:55:02Il répondra à toutes les questions qu'on se pose
00:55:05sur sa décision de dissoudre l'Assemblée.
00:55:07Beaucoup.
00:55:08On en aurait aussi beaucoup directement à lui poser.
00:55:11Merci pour ce premier rendez-vous Campagne Express.
00:55:14On se retrouve tous les soirs dans sa Beauregarde.
00:55:16Les Affranchis, pour terminer, vous allez pouvoir réagir
00:55:19à leur parti pris. Jingle.
00:55:21Générique
00:55:22...
00:55:29Bonsoir, Richard Verli, du quotidien Suisse Blic.
00:55:33Et bonsoir, Fanny Guinochet,
00:55:35pour l'économie de France Info et La Tribune.
00:55:38On commence avec vous et votre regard européen.
00:55:41Richard, comment nos voisins regardent-ils
00:55:44ce grand désordre, voire ce chaos français,
00:55:48politique, depuis l'annonce de la dissolution ?
00:55:51Ils le regardent avec inquiétude et pour ceux qui s'opposaient
00:55:54à Emmanuel Macron, avec une certaine satisfaction.
00:55:57La première réponse à cette après-élection
00:56:00au niveau européen, on l'aura le 17 juin.
00:56:02Ce soir-là, les 27 chefs d'Etat ou de gouvernement
00:56:05du pays de l'Union doivent se retrouver
00:56:07pour un dîner informel, préalable à leur sommet
00:56:10des 27 et 28 juin, la veille du premier tour.
00:56:12Cela ne vous surprendra pas, Emmanuel Macron avait prévu
00:56:15de jouer les premiers rôles à ces deux réunions.
00:56:18On prédisait même une sorte de passe d'armes
00:56:21entre lui et le chancelier Scholz.
00:56:23C'est compliqué.
00:56:24Scholz, social-démocrate, a perdu les élections européennes.
00:56:28La CDU conservatrice l'a emportée.
00:56:30La CDU soutient Ursula von der Leyen
00:56:32pour être un nouveau président de la commission.
00:56:35Scholz, allemand, veut aussi von der Leyen.
00:56:37Macron avait envie de jouer un peu d'autres cartes.
00:56:40Pourquoi pas celle de Mario Draghi ?
00:56:42Ça a été évoqué. Pourquoi pas Thierry Breton,
00:56:45le très remont commissaire au marché intérieur ?
00:56:48Maintenant, le locataire de l'Elysée
00:56:50va avoir de la peine à abattre ses cartes.
00:56:52Sauf que ?
00:56:53Sauf que Emmanuel Macron est désormais perçu
00:56:56comme un président en sursis.
00:56:58Ca ne va peut-être pas durer,
00:56:59peut-être que le 7 juillet, ça changera,
00:57:02et la France, un pays si essentiel à la construction européenne,
00:57:05sera peut-être demain aux mains d'une majorité
00:57:08de députés d'extrême droite,
00:57:10vu de Bruxelles ou d'autres pays européens.
00:57:12Jordan Bardella, qui n'a jamais vraiment travaillé
00:57:15ses dossiers au Parlement européen, pourrait être Premier ministre.
00:57:19Imaginez le plaisir de Viktor Orban,
00:57:21qui, lui, assumera à partir du 1er juillet
00:57:24la présidence semestrielle de l'Union.
00:57:26Alors, en fait, cette dissolution,
00:57:28elle fait passer un nuage, un nuage sombre,
00:57:31qui menace de se transformer
00:57:33en un énorme orage européen pour Emmanuel Macron,
00:57:36avec une conséquence immédiate,
00:57:38la perte complète de visibilité
00:57:39pour ceux qui croient encore au leadership français
00:57:42dans une union prise en étau
00:57:44entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine.
00:57:47Merci, Richard Verli.
00:57:48Déjà, même s'il reste à l'Elysée,
00:57:50le président français a moins de poids à Bruxelles.
00:57:53On n'a pas le temps de vous faire réagir,
00:57:56on veut vous laisser développer votre parti pris.
00:57:59Ce soir, l'annonce de la dissolution
00:58:01a des effets quasi-immédiats sur les marchés financiers.
00:58:04Ca a été quasi-immédiat.
00:58:05La Bourse de Paris, hier, a chuté.
00:58:07Elle tremble encore un peu aujourd'hui,
00:58:09mais elle s'est stabilisée.
00:58:11Mais cette situation d'instabilité politique
00:58:13inquiète les investisseurs,
00:58:15qui se demandent ce qui se passera
00:58:17si, demain, on a une arrivée de Jordane Bardella à Matignon.
00:58:21Preuve en est aussi l'alerte, aujourd'hui,
00:58:23de l'agence de notation Moody's,
00:58:25qui dit qu'il y a un risque sur la maîtrise budgétaire,
00:58:29que cette dissolution n'est pas de bonne augure
00:58:31et que, donc, notre note pourrait être dégradée.
00:58:34En attendant, le taux de la dette à dix ans,
00:58:37c'est-à-dire la façon dont la France emprunte de l'argent
00:58:40sur les marchés à dix ans, eh bien, ce taux augmente.
00:58:43C'était prévisible. On est à 3,30 %.
00:58:46On était à 3,12 à la fin de semaine dernière.
00:58:49Ca a l'air de rien, mais en fait, c'est énorme.
00:58:52Ce sont des milliards d'euros en plus qu'il faut payer
00:58:55en taux d'intérêt.
00:58:57Et cette poussée de fièvre,
00:58:58surtout, on voit qu'on s'écarte avec l'Allemagne,
00:59:01que l'emprunt du côté de l'Allemagne se maintient
00:59:04et qu'en revanche, en France,
00:59:06il y a vraiment des incertitudes.
00:59:08D'ailleurs, Bruno Le Maire, qui est en campagne,
00:59:11vient de dire, à l'instant,
00:59:13qu'il y aurait une possible crise de la dette
00:59:16si jamais le RN passait.
00:59:18C'est le grand saut dans l'inconnu
00:59:20qui inquiète les marchés financiers.
00:59:22Quel sera le programme du RN ?
00:59:24On attendait un livret sur les propositions économiques
00:59:27pour ces élections.
00:59:29On a compris que Jordan Bardella ne le présenterait pas.
00:59:32Que va-t-il se passer sur tout un tas de dossiers ?
00:59:35La retraite, on retourne à 60 ans, 62 ans.
00:59:37La TVA sur les produits de première nécessité
00:59:40que l'on baisse à 0 %,
00:59:42la TVA sur les carburants,
00:59:43les taxes sur les carburants,
00:59:45c'est de l'argent qui rentre dans les caisses de l'Etat.
00:59:48Le budget, on est en pleine préparation du budget.
00:59:51Que se passera-t-il ?
00:59:52En tout cas, c'est très dépensé.
00:59:54Souvenez-vous, au moment des élections présidentielles,
00:59:57le programme du RN était établi à 100 milliards d'euros de dépenses.
01:00:02On imagine bien que du côté des milieux d'affaires
01:00:05et des investisseurs, ça crée un petit vent de panique.
01:00:08Bon, merci. Elles sont raides, ces émissions.
01:00:10On les enchaîne.
01:00:11Abaissement de la France, dégradation de la France.
01:00:14Je pense que les Français doivent se rendre compte
01:00:17que cela signifie une victoire du RN.
01:00:19Merci beaucoup.
01:00:21Merci, les Affranchis, et merci, Manuel Valls,
01:00:23d'être passé dans sa bourgarde ce soir.
01:00:25Merci à vous de nous avoir suivis.
01:00:27Très belle soirée documentaire.
01:00:29Jean-Pierre Gracien, à demain.
01:00:31Sous-titrage ST' 501

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