• il y a 4 mois
Après les élections européennes ayant marqué une percée historique de l'extrême droite, le Président Emmanuel Macron a choisi une voie rarement empruntée en annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale.

Cette décision, loin d'être sans précédent, évoque le souvenir de Jacques Chirac, président de la République en 1997, qui avait également tenté cette manœuvre politique, avec des conséquences significatives.

En 1997, Jacques Chirac, alors président depuis deux ans, se trouvait face à une conjoncture délicate. Malgré une majorité confortable à l'Assemblée nationale et des élections législatives prévues pour l'année suivante, des signaux d'alerte émergeaient. Son Premier ministre Alain Juppé, confronté à des grèves massives contre la réforme des retraites, subissait une baisse de popularité. Parallèlement, les efforts pour réduire le chômage semblaient insuffisants.

Face à ces défis, Chirac cherchait à insuffler un nouveau dynamisme à son mandat tout en conservant la confiance des Français. La dissolution de l'Assemblée nationale apparaissait comme une option pour contrer une éventuelle montée de la gauche avant les élections prévues en 1998. Ainsi, le 21 avril 1997, dans une décision surprenante, il annonçait la dissolution de l'hémicycle, sans anticiper les retombées politiques à venir.

Le pari s'avéra risqué. Les élections législatives des 25 mai et 1er juin 1997 virent la gauche se rassembler sous la bannière de la "gauche plurielle", regroupant divers partis dont le PS, le PCF, les radicaux de gauche, les Verts et le Mouvement des citoyens. Cette coalition fut couronnée de succès, obtenant la majorité absolue à l'Assemblée. La droite, quant à elle, subit une débâcle, passant de 472 à 251 députés.

Jacques Chirac se retrouva alors contraint de nommer Lionel Jospin, Premier secrétaire du Parti socialiste, au poste de Premier ministre, instaurant une période de cohabitation jusqu'en 2002. Cette dissolution marqua ainsi la naissance de la troisième cohabitation de la Ve République, la plus inattendue et la plus longue de son histoire.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:11 Mes chers compatriotes,
00:14 Après consultation du Premier ministre, du Président du Sénat, du Président de l'Assemblée Nationale,
00:21 j'ai décidé de dissoudre l'Assemblée Nationale.
00:26 Le décret de dissolution et le décret fixant les dates des élections législatives au 25 mai et au 1er juin
00:35 seront publiés demain matin.
00:38 Pourquoi, au risque de vous surprendre,
00:42 me suis-je résolu à user maintenant du pouvoir que me confère l'article 12 de la Constitution
00:49 pour abréger le mandat d'une assemblée que j'ai tenu à conserver en 1995,
00:56 dont la majorité a soutenu loyalement le gouvernement,
01:01 une assemblée qui a contribué à définir les lignes de force d'une France moderne et compétitive
01:09 et à laquelle je tiens à rendre hommage.
01:13 Aujourd'hui, je considère en conscience
01:18 que l'intérêt du pays commande d'anticiper les élections.
01:23 J'ai acquis la conviction qu'il faut redonner la parole à notre peuple
01:29 afin qu'il se prononce clairement sur l'ampleur et sur le rythme des changements à conduire pendant les cinq prochaines années.
01:38 Pour aborder cette nouvelle étape,
01:42 nous avons besoin d'une majorité ressourcée et disposant du temps nécessaire à l'action.
01:50 Nous avons engagé ensemble un effort considérable.
01:55 Des réformes de fonds sont en cours,
01:59 la protection sociale, les armées et le service national,
02:03 l'enseignement supérieur, la fiscalité, le secteur public.
02:08 Après un long laissé-aller, dont nous payons toujours le prix,
02:14 l'assainissement de nos finances a été entrepris grâce à chacun d'entre vous.
02:21 Nous avons ainsi recréé les conditions de la croissance.
02:27 Cette politique commence à donner des résultats, mais ils ne sont pas suffisants.
02:35 Ce n'est donc pas le moment de marquer une pause.
02:38 Notre économie, nos entreprises, l'emploi ne peuvent attendre.
02:43 Il faut au contraire, dès maintenant, aller plus loin sur le chemin des changements.
02:51 Il faut que l'action politique monte en puissance pendant les cinq années qui viennent.
02:57 Pour réussir, la France a besoin d'un nouvel élan.
03:02 Cet élan ne peut être donné que par l'adhésion clairement exprimée du peuple français.
03:08 Mes chers compatriotes, le moment est venu de vous prononcer.
03:14 Ensemble, nous devons réformer en profondeur l'État,
03:20 afin de permettre une baisse de la dépense publique.
03:24 Seule façon d'alléger les impôts et les charges qui pèsent trop lourdement sur vous
03:31 et qui trop souvent vous démotivent.
03:34 La baisse des impôts, c'est un choix exigeant,
03:38 mais c'est un choix majeur, que je fais parce que c'est le choix de l'avenir.
03:44 Ensemble, nous devons encourager plus fortement qu'on ne le fait
03:50 les créations d'entreprises et les initiatives locales qui font notre richesse.
03:56 Nous devons faire évoluer les comportements qui font obstacle à l'emploi.
04:01 Il faut partout développer le dialogue et la concertation
04:07 pour trouver de nouvelles réponses au chômage.
04:11 Ensemble, nous devons prendre toutes les mesures qui s'imposent
04:15 afin que notre système éducatif s'adapte aux exigences de l'entrée des jeunes dans la vie active.
04:23 Nous devons poursuivre la nécessaire adaptation de notre protection sociale
04:30 dont je suis et dont je resterai le garant.
04:34 Nous devons réformer notre justice et la rendre plus indépendante,
04:39 mais aussi plus rapide et plus proche.
04:42 Vous le voyez, il s'agit de choix déterminants pour chacun d'entre vous.
04:50 Et ces choix requièrent, exigent votre adhésion.
04:55 Et puis, il y a l'Europe.
05:00 Elle impose parfois des contraintes, c'est vrai, mais ne l'oublions jamais.
05:05 Depuis un demi-siècle, pour nos vieilles nations qui se sont tant combattues,
05:11 l'Europe, c'est la paix.
05:16 Aujourd'hui, dans un monde qui s'organise et se transforme toujours plus vite,
05:21 l'Europe nous apportera un supplément de prospérité et de sécurité.
05:26 Tout simplement parce que l'Europe, c'est l'Union, et que l'Union fait la force.
05:33 Or, d'importantes décisions seront prises au cours des tout prochains mois.
05:43 Le passage à la monnaie unique, indispensable si nous voulons nous affirmer
05:48 comme une grande puissance économique et politique,
05:51 avec un euro à l'égal du dollar et du yène.
05:56 La réforme des institutions européennes, que nous voulons plus démocratique,
06:02 plus équilibrée, plus efficace.
06:04 L'élargissement de l'Union aux jeunes démocraties qui appartiennent à la famille européenne
06:12 et qui formeront avec nous la grande Europe.
06:16 La réforme de l'Alliance Atlantique, qui doit permettre aux Européens
06:21 de mieux assumer la responsabilité de leur sécurité
06:25 dans un nouveau partage avec les Américains.
06:29 Et surtout, et surtout, ce qui me tient le plus à cœur,
06:36 une Union européenne au service des hommes.
06:41 Un modèle social vivant.
06:44 Un front commun contre les fléaux qui menacent nos sociétés.
06:50 Le chômage et l'exclusion, bien sûr,
06:54 mais aussi l'exploitation des enfants, la drogue, l'argent sale, le terrorisme.
07:02 Tout cela va donner lieu à des négociations difficiles
07:09 pour aborder ces échéances en position de force.
07:12 Pour construire une Europe respectueuse du génie des nations qui la composent
07:18 et capable de rivaliser avec les grands ensembles mondiaux,
07:22 votre adhésion et votre soutien sont essentiels.
07:28 Enfin, mes chers compatriotes, nous partageons des valeurs
07:35 qui fondent notre communauté nationale et qui donnent à la France son destin singulier.
07:41 Or, les esprits sont troublés.
07:46 Des principes essentiels ont été mis en cause.
07:49 Le respect dû à chaque homme, la tolérance, la solidarité la plus élémentaire.
07:55 Des appels à la haine ont été lancés et des boucs émissaires désignés.
08:03 Ensemble, nous devons réaffirmer nos valeurs
08:07 et les repères civiques et moraux qui sont les nôtres.
08:11 Ensemble, nous devons dire clairement dans quelle société nous voulons vivre.
08:18 Les réponses aux grandes questions qui se posent aujourd'hui
08:23 ne se trouvent ni dans le repli sur nous-mêmes
08:27 ni dans l'exploitation des peurs et des ignorances.
08:33 Les réponses ne se trouvent pas non plus dans un laisser-faire, laisser-aller
08:39 contraire à notre culture et à nos traditions sociales.
08:43 Les réponses ne se trouvent pas davantage dans des solutions archaïques
08:49 fondées sur le toujours plus d'État, le toujours plus de dépenses, le toujours plus d'impôts.
08:58 C'est un autre chemin que je vous propose de suivre.
09:02 Ce que je vous propose, c'est l'idéal de notre République.
09:08 Des droits farouchement défendus et d'abord le droit à la dignité et à la protection
09:14 pour chaque homme, chaque femme, chaque enfant.
09:18 Des devoirs et des responsabilités assumées qui correspondent à ces droits.
09:25 Une cohésion sociale renforcée.
09:28 C'est la défense de l'ordre républicain.
09:31 C'est une société apaisée, décrispée, qui anticipe mieux les problèmes
09:38 et qui les surmonte par le dialogue et la concertation.
09:42 C'est une morale politique retrouvée, avec des dirigeants qui donnent l'exemple.
09:48 C'est une vie politique modernisée, donnant toute leur place aux femmes
09:54 et où les élus se consacrent pleinement à leur fonction.
09:57 C'est une France laïque, respectueuse des croyances de chacun.
10:03 Voilà pourquoi, mes chers compatriotes, je vous demande de donner à la France
10:08 une majorité qui aura la force et la durée nécessaires pour relever les défis d'aujourd'hui.
10:16 Rien n'est facile.
10:21 Mais nous devons choisir la bonne voie, celle qui concilie la justice, la solidarité et la modernité.
10:29 Nous sommes à moins de mille jours de l'an 2000.
10:36 Je veux que nous exprimions sans tarder notre volonté commune
10:42 d'entrer dans le troisième millénaire avec confiance et avec enthousiasme.
10:49 Mes chers compatriotes, je vous remercie.
10:51 [Musique]
10:59 [Musique]

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