L'invitée du jour - Elodie Frégé

Télématin

04/06/2024

Télématin reçoit Elodie Frégé, auteure, compositrice, interprète et comédienne. Elle présente le festival de la correspondance de Grignan auquel elle participera le 4 juillet prochain. A cette occasion, elle lira la correspondance de Marilyn Monroe.

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00:00 Et on accueille avec grand plaisir ce matin la comédienne et chanteuse Élodie Frégez.

00:04 Bonjour et bienvenue.

00:05 Bonjour.

00:06 Vous êtes là entre autres pour nous parler du festival, de la correspondance de Grignan.

00:10 Vous y lirez des lettres.

00:11 La personne qu'on entend en ce moment, Marilyn Monroe, sur scène, ça va se passer le 4

00:16 juillet prochain dans Comme si je donnais des lettres.

00:19 Alors c'est curieux parce qu'il suffit de mettre quelques notes de Marilyn Monroe

00:21 et on sent qu'il se passe quelque chose.

00:23 Comment vous expliquez que plus de 60 ans après sa disparition, elle fascine toujours

00:27 autant Marilyn ?

00:28 Je me demande si elle ne se poserait pas la question elle-même.

00:32 Parce que c'est quelqu'un qui était pétri de doutes.

00:35 On le sent d'ailleurs à travers ses correspondances.

00:38 Mais qui était pleine de convictions aussi.

00:41 C'est cette dualité en elle qui fait qu'elle reste iconique et très inspirante pour les

00:48 femmes et les hommes de maintenant.

00:50 Elle est inspirante pour vous aussi je crois.

00:52 Qu'est-ce que vous admirez particulièrement chez elle ?

00:54 Moi j'ai une histoire particulière avec Marilyn Monroe.

00:56 J'ai l'impression qu'elle me poursuit.

00:58 Oui c'est vous qui la poursuivez.

00:59 C'est moi qui la poursuis, je ne sais pas.

01:01 Mais elle réapparaît toujours à des moments de ma vie où je ne m'attends pas à la voir

01:04 apparaître.

01:05 Par exemple ?

01:06 Là par exemple, on m'a appelée il y a très peu de temps pour me dire "on aimerait que

01:11 tu lises les correspondances de quelqu'un d'iconique".

01:13 Je ne me faisais pas du tout d'idée à propos de la personne que ça allait être.

01:18 Marilyn Monroe encore une fois, que j'avais interprétée dans une pièce de théâtre

01:22 en 2019.

01:23 Mais le Covid nous avait coupé l'arbre sous le pied.

01:25 Ça s'appelait Norma Jean Monroe.

01:29 Et justement, c'est ça qui me la rend sympathique.

01:34 Je crois qu'on est tous fait de mille facettes, au moins deux.

01:39 Elle c'était Norma Jean et Marilyn Monroe.

01:43 Moi c'est peut-être Élodie Fréget et une certaine Vanda.

01:46 La photo qu'on voit là, c'est vous avec une vraie robe de Marilyn.

01:51 Une robe qu'elle a portée.

01:52 Quand c'était quoi ?

01:55 C'est un photographe qui avait fait l'acquisition de cette robe de Marilyn, qui avait été

02:01 faite sur mesure sur elle.

02:03 C'est un vieux souvenir.

02:05 Qu'est-ce que vous avez ressenti quand vous l'avez portée ?

02:07 Je pense que je suis la seule à l'avoir enfilée, si je puis dire.

02:10 J'ai ressenti peut-être une émotion particulière, singulière.

02:18 Pas comme si je me sentais comme Marilyn, mais comme si son énergie pénétrait un

02:24 peu de mon monde.

02:25 C'est un modèle aujourd'hui, Marilyn Monroe ? Je ne parle pas de Norma Jean, mais de Marilyn

02:30 Monroe.

02:31 En termes d'image de la femme, on est quand même un peu dans la femme fatale, la femme

02:35 objet, tout ce qu'on essaie de combattre un peu aujourd'hui.

02:37 On se trompe un petit peu.

02:39 Parce que Marilyn, par exemple, c'est la première.

02:41 Elle a été une pionnière dans la création d'une société de production pour pouvoir

02:47 s'émanciper, pour pouvoir être certainement mieux traitée en tant que comédienne.

02:53 C'est vrai qu'elle affichait un physique et souvent une attitude de pin-up, ce qui

03:00 ne ressemble pas à la femme qu'on a envie d'incarner à notre époque.

03:04 Mais je crois quand même que c'était une battante, une combattante.

03:08 Le fait qu'elle ait été résiliente par rapport à son début de vie en tant que Norma

03:14 Jean et qu'elle ait inventé le personnage de Marilyn pour se sortir de tout ce sombre,

03:21 peut-être que ça en fait quelqu'un de moderne, une héroïne moderne.

03:24 Elle a beaucoup écrit Marilyn Monroe et vous lisez une partie de ses correspondances.

03:29 Elle l'a fait notamment quand elle a été internée en psychiatrie, je crois que c'était

03:32 en 1961.

03:33 Qu'est-ce qui, vous, vous a le plus touché dans ce que vous avez pu lire de ses correspondances

03:38 justement ? Ce qui me touche le plus, c'est finalement,

03:44 c'est un peu narcissique, mais c'est ce qui me ramène à moi.

03:47 J'imagine que c'est la même chose pour beaucoup de gens.

03:50 C'est encore une fois cette dualité, cette schizophrénie.

03:54 On a l'impression que ce n'est pas une correspondance qu'elle adresse à Lise Strasberg,

03:57 mais qu'elle se parle à elle-même et qu'elle est en train de faire son chemin.

04:00 En ça, encore une fois, c'est quelqu'un que je trouve intelligent, avec une grande

04:07 émotivité, mais aussi une maîtrise du dialogue intérieur qu'on doit tous amener.

04:12 Vous écrivez vous aussi ou pas ? Parce que vous dites que ça me fait un peu penser parfois.

04:15 Est-ce que je me parle à moi-même aussi ? Oui, voilà.

04:16 Exactement, on peut le dire comme ça.

04:18 Déjà, la chanson, la musique, l'écriture, en tant qu'auteur-compositeur, me permet

04:24 de survivre dans ce monde.

04:26 Mais vous la partagez, cette écriture-là.

04:28 Est-ce que vous avez une écriture plus intime, on va dire, que vous gardez pour vous ?

04:30 Un journal, par exemple.

04:31 J'ai commencé quand j'avais entre 15 et 18 ans.

04:35 J'écrivais beaucoup.

04:36 J'ai vécu une adolescence un peu trouble.

04:39 Le fait d'être une femme n'était pas forcément un cadeau à ce moment-là.

04:43 J'ai eu besoin d'écrire beaucoup et j'écrivais des nouvelles qui ressemblaient

04:47 possiblement à un journal.

04:48 C'est marrant parce que j'ai relu ces nouvelles plus tard et j'ai souffert de les relire

04:53 parce que je crois que j'étais vraiment en souffrance à cette période-là.

04:56 Je les ai brûlées.

04:57 Ça m'a fait du bien.

04:58 Elodie Frégez, on se souvient de vous parce que vous avez gagné la Starac en 2003.

05:02 Ça fait longtemps qu'on vous… Oui, il paraît.

05:03 Je ne m'en souviens pas.

05:04 Il y a un de vos vieux copains de l'époque qui ne vous a jamais oublié.

05:08 Il ne vous a pas écrit de lettre, mais il a un petit message pour vous.

05:11 Regardez.

05:12 Bonjour ma princesse, c'est Michel, c'est moi, c'est toujours moi depuis 20 ans déjà.

05:16 Je voudrais te laisser ce petit message pour te dire quelque chose que tu sais déjà

05:20 très très bien, pour te dire que je t'aime, que je suis très fier de toi, que je suis

05:24 très fier d'être ton ami et ton frère de cœur.

05:26 On m'a proposé de te poser une question, ce qui n'est pas une tâche facile pour

05:29 moi parce que je t'en pense tous les jours et tu me réponds tous les jours.

05:32 Mais effectivement, je voudrais savoir une chose.

05:35 Nous avons chanté beaucoup de chansons ensemble.

05:37 Je voudrais savoir laquelle a été ta préférée.

05:39 Je t'embrasse, je t'aime.

05:40 Ah, qu'est-ce que je l'aime.

05:43 Qu'est-ce qu'elle a été ma préférée ?

05:47 Il y en a eu beaucoup.

05:52 Il y en a eu tellement.

05:54 La première était vraiment belle, mais j'ai un trou de mémoire.

05:58 Étrangement, ça doit être l'émotion, mais en fait, on a écrit une chanson ensemble

06:02 sur un album de Michel où il reprenait à la façon de Gainsbourg les thèmes de Chopin.

06:07 J'avais écrit un texte sur un thème de Chopin que nous avons chanté ensemble et

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