Le train dans la revue "Sphères" : une invitation au voyage et à la rêverie - L'édito culture

France Inter

04/06/2024

Coup de cœur donc pour la revue Sphères (joliment sous titrée « Petites communautés, grandes histoires ») et son nouveau numéro, le quinzième, entièrement consacré au « Train, voyageurs, cheminots, passionnés, usagers, mécanos… ».

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00:00 9h47, l'édito culture, Laurent Delmas, ce matin un coup de cœur pour une revue qui

00:06 ne vous a pas laissé sur le quai ! Oui, un coup de cœur, puisque hier, mon

00:10 affûté consoeur, Élisabeth Philippe, a lancé à contrario un salutaire moratoire

00:15 olympique auquel il va s'en dire que je souscris sans réserve.

00:18 Coup de cœur donc ce matin pour la revue « Sphères » joliment sous-titrée « Petite

00:23 communauté, grandes histoires ». Et son nouveau numéro, le 15ème, entièrement consacré

00:28 aux trains, voyageurs, cheminots, passionnés, usagers, mécanos.

00:32 J'avoue mon penchant définitif pour ce mode de transport comparé à la voiture qui, parlant

00:36 de décors, compte faire ma chronique de mardi dernier, et à l'avion dont les portes se

00:40 détachent en plein vol, compte faire l'actualité récente.

00:42 Et puis le cinéphile que je suis se souvient des mots de François Truffaut dans « La

00:47 nuit américaine ». Il n'y a pas d'embouteillage dans les films, il n'y a pas de temps mort,

00:52 les films avancent comme des trains, comme des trains dans la nuit.

00:56 De même que je me souviens à jamais de Jean Gabin et Julien Carette pilotant la Louison,

01:01 la locomotive reine de la bête humaine de Jean Renoir d'après Zola.

01:04 Autrement dit, ce numéro de « Sphères » nous embarque dans un univers où le très

01:08 prosaïque transport quotidien côtoie sans cesse l'imaginaire romanesque.

01:13 Mais les trains d'aujourd'hui, Laurent, peuvent-ils encore faire rêver ?

01:15 Oui Nicolas, à condition de le vouloir.

01:18 Comme le dit le dessinateur belge François Chuitaine, l'auteur avec Benoît Peters des

01:23 « Cités obscures » dans un grand entretien au cours duquel il déclare par exemple « Auparavant,

01:29 le train arrivait en gare avec un panache de fumée.

01:32 C'était un spectacle.

01:33 Cette chose magnifique est pourtant devenue confidentielle, alors qu'elle pourrait être

01:37 mise en lumière et en son, ce qui ne coûterait rien.

01:41 Chaque train pourrait avoir sa couleur musicale et sa couleur tout court.

01:45 » Et puis fort justement, cette revue donne la parole aux acteurs même de l'opéra

01:50 ferroviaire.

01:51 Comme ce cheminot Mathias Philis, auteur de Polar par ailleurs, et qui affiche à son

01:56 compteur 14 328 trains, 232 254 arrêts à quai et 481 346 kilomètres, soit en passant

02:07 plus que la distance de la Terre à la Lune.

02:09 C'est phénoménal.

02:10 Et qui raconte son métier en véritable écrivain.

02:12 « En tête de ma locomotive, j'affronte le paysage.

02:16 Dans un face-à-face, je l'engloutis avec cette impression de laisser le passé derrière.

02:21 Percevoir l'avenir à l'horizon, les pieds posés sur un présent toujours instable,

02:26 brinqueballés par le galop, le roulis et le lacet, ces mouvements parasites que les

02:31 suspensions de la machine ne parviennent pas toujours à effacer, je suis émerveillé

02:37 et tétanisé.

02:38 » A côté de ces témoignages précieux, ce numéro donne à lire de beaux textes ferroviaires

02:43 signés Zola, Simnon, Benacquista et Carrère.

02:46 Sans oublier de très nombreuses illustrations et notamment de ces cathédrales que sont

02:51 les gares qui sont banalisées comme l'écrit Schwitten et qu'il faut se remettre à rêver.

02:56 Oui, décidément, ce numéro de Sphères est une très belle invitation au voyage et à

03:01 la féconde rêverie.

03:03 Sphères numéro 15, consacré au train, en kiosque et en librairie.

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