Guerre en Ukraine : à Kharkiv, "on vit toute la journée avec des explosions"

  • il y a 4 mois

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00:00 – Emmanuelle Chasse, vous êtes notre correspondante en Ukraine,
00:03 vous étiez à Kharkiv cet après-midi, pouvez-vous nous raconter ce qui s'est passé ?
00:07 – Oui tout à fait, aux alentours de 16h, je filmais en plein centre-ville,
00:15 il n'y avait pas d'alerte aérienne en cours et une explosion à retentit,
00:22 moi je savais, j'avais compris que ce n'était pas dans le centre-ville,
00:25 en revanche il était clair que c'était dans un quartier de la ville, dans un quartier résidentiel,
00:30 effectivement c'est donc une zone commerciale, un magasin de bricolage qui a été touché,
00:36 15 000 m² sur lesquels se sont abattues plusieurs bombes planantes,
00:41 alors c'est un samedi après-midi, comme dans beaucoup de pays,
00:45 c'est le jour que choisissent les gens qui ne travaillent pas ce jour-là
00:50 pour venir chercher tout ce dont ils ont besoin pour la maison,
00:56 donc on a très vite craint de nombreuses victimes, on compte déjà 6 morts,
01:00 il y a plus de 40 blessés et surtout il y a 16 personnes qui sont toujours portées disparues,
01:05 pour vous donner une idée de la gravité de ce qui est en train de se passer ce soir à Kharkiv,
01:10 il y a des équipes médico-légales qui examinent les sites
01:14 pour tenter de donner des réponses aux familles qui attendent des nouvelles de leurs proches
01:19 et ce n'est pas un événement isolé.
01:21 Quelques heures plus tard, il y a eu une deuxième frappe sur le centre-ville de Kharkiv,
01:26 là encore plus d'une douzaine de blessés, c'est un quotidien en fait pour les habitants
01:32 qui est effroyable à vivre au quotidien, on s'endort au bruit des alertes et des explosions,
01:37 on se réveille avec les explosions, on vit toute la journée avec des explosions,
01:41 je vous donnerai un dernier exemple, ce matin lorsque j'étais dans l'une des rues principales,
01:45 je suis passée à côté d'un jeune couple qui venait de se marier, qui faisait une photo de mariage,
01:50 une explosion a retentit au centre-ville, toute la famille s'est éparpillée pour aller se mettre à l'abri
01:57 et puis deux minutes plus tard, une fois l'explosion passée, une fois l'effroi passé,
02:00 ils sont revenus se mettre en groupe pour refaire cette photo, donc c'est une réalité,
02:04 à la fois une réalité complètement, un monde complètement étrange
02:09 dans lequel vivent les habitants de Kharkiv aujourd'hui.
02:12 – Justement, Emmanuel, comment les gens arrivent à continuer à vivre dans ces conditions,
02:17 dans une ville visée, comme vous l'avez dit, quotidiennement ?
02:20 – Ecoutez, c'est extrêmement difficile parce que d'un côté,
02:25 il y a la volonté de continuer à vivre coûte que coûte, je vous parlais,
02:28 je vous donnais un exemple, ce jeune couple qui venait de se marier,
02:32 qui comptait célébrer coûte que coûte, mais il y a aussi l'angoisse de vivre avec la conscience pleine
02:38 que chaque moment peut être le dernier.
02:41 Je vérifiai ce soir si une amie que j'ai à Kharkiv se portait bien
02:46 parce que je savais qu'elle n'était pas très loin de l'endroit de l'explosion,
02:49 elle m'a dit qu'elle ne savait pas si elle devait quitter la ville,
02:52 si elle devait rester coûte que coûte ou si elle devait penser à mettre fin à ses jours.
02:56 Vous imaginez les options dramatiques qui se présentent aux Ukrainiens,
02:59 certains sont restés à Kharkiv au plus fort des combats au début de 2022,
03:05 ils avaient aussi été témoins de la libération de la région
03:08 par les troupes ukrainiennes en septembre de la même année,
03:11 ils sont restés dans leur ville et maintenant ils se retrouvent menacés à nouveau avec l'Ukraine
03:16 qui pour l'instant n'a pas le droit de se défendre avec les armes occidentales en territoire russe,
03:21 or la Russie profite justement de cet avantage stratégique qu'elle a
03:25 puisqu'elle peut lancer les bombes planantes,
03:27 donc ces bombes dont il est question notamment sur ce magasin de bricolage,
03:30 elle peut lancer ces bombes à partir de son aviation sans dépasser la frontière,
03:34 sauf que si l'Ukraine ne peut pas se défendre,
03:37 elle ne peut pas non plus arrêter ces bombardements.
03:39 Ces bombardements se sont vraiment démultipliés au cours des derniers mois,
03:44 c'est tout simplement des attaques quotidiennes.
03:45 Il y a deux jours seulement, la plus grande imprimerie du pays était détruite également à Kharkiv,
03:50 j'y étais hier, j'ai parlé à la directrice,
03:52 elle m'a expliqué que des millions de livres y étaient imprimés chaque année.
03:55 Alors sur le marché national, ça veut dire que tous les manuels scolaires,
03:59 la moitié des manuels scolaires qui étaient fournis aux écoliers ukrainiens
04:04 ne pourront plus être produits.
04:05 Sur le marché international, beaucoup de maisons d'édition européennes
04:08 dépendaient aussi de cette maison d'édition,
04:12 et même plus que symboliquement, culturellement,
04:15 c'est tout un monument de la langue ukrainienne,
04:19 de la culture ukrainienne qui a été détruit,
04:21 et là encore, pas de cible stratégique,
04:23 il n'y avait ni militaires, ni personnel militaire,
04:25 ni équipement militaire à détruire.
04:28 Donc on voit encore toute la détermination russe
04:30 à vouloir démoraliser au maximum la population ukrainienne
04:35 sans avoir un but de guerre, un but militaire précis en lancant ces frappes.
04:40 – Emmanuelle Chasse, notre correspondante en Ukraine, merci beaucoup.

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