Parlement Hebdo - Jérôme Guedj

  • il y a 4 mois
retrouvez un point complet sur l'actualité parlementaire et politique de la semaine, en présence de Jérôme Guedj, député de l'Essonne, groupe Socialistes et Apparentés.

Parlement Hebdo, c´est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Chaque vendredi, Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions - en séance ou en commission - qui ont animé les débats. Une mise en perspective analysée en plateau par une personnalité politique.

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00:00 *Générique*
00:10 Bonjour à tous, ravis de vous retrouver pour un nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:13 l'émission qui revient sur les temps forts de la semaine au Parlement.
00:16 - Et cette semaine nous accueillons Jérôme Gage, bonjour. - Bonjour.
00:19 - Merci d'être avec nous sur ce plateau, vous êtes député socialiste de l'Essonne
00:22 et membre de la commission spéciale qui a été constituée pour examiner le projet de loi sur la fin de vie, on en parle.
00:27 - Et oui, puisque l'examen de ce projet de loi sur la fin de vie va débuter ce lundi dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
00:32 un texte très sensible qui crée le droit à une aide à mourir et qui divise jusque dans la majorité présidentielle.
00:38 La visite du président de la République Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie pour essayer d'apaiser les tensions sur l'archipel.
00:46 Une crise calédonienne qui fait notamment l'objet d'ingérences étrangères et justement, le Sénat a voté mercredi
00:52 un texte pour mieux lutter contre ces tentatives de déstabilisation venues de l'étranger.
00:57 Les députés ont examiné cette semaine le projet de loi d'orientation agricole censé répondre à la colère des agriculteurs
01:03 qui s'exprime depuis le début d'année, mais ce projet de loi ne convainc pas les oppositions.
01:08 - Lundi 16h, coup d'envoi du grand débat sociétal qui s'ouvre à l'Assemblée nationale.
01:15 Les députés examinent le projet de loi qui instaure notamment une aide à mourir sous certaines conditions.
01:20 La commission spéciale chargée d'examiner le texte a modifié certains points sensibles du texte.
01:25 Explication avec Stéphanie Despierre.
01:27 - Le projet de loi consacre le principe d'une aide à mourir et pose cinq conditions pour y avoir recours.
01:34 Après des mois de réflexion, à l'arrivée à l'Assemblée, la ministre de la Santé vante un texte équilibré.
01:41 - Équilibre entre la solidarité que nous devons apporter aux personnes les plus vulnérables
01:46 par le développement des soins d'accompagnement et le respect de l'autonomie individuelle en ouvrant l'accès à une aide à mourir.
01:53 Pour obtenir une aide à mourir, le projet de loi indique que le patient devra avoir un pronostic vital engagé à court ou moyen terme.
02:03 Confrontés à la difficulté de définir précisément ce qui relève du moyen terme,
02:08 les députés ont préféré faire référence à une maladie grave et incurable en phase avancée ou terminale.
02:16 Un changement contre l'avis du gouvernement et de l'ancienne ministre Agnès Firmin-Lebaudot,
02:21 désormais présidente de la commission spéciale.
02:24 - Pronostic vital engagé à court et moyen terme, on était dans l'épure de quelques mois maximum.
02:30 Maladie incurable, phase terminale ou avancée, on n'a plus du tout d'engagement du pronostic vital.
02:36 Donc on n'est plus du tout dans la même chose.
02:38 Et sur ce point, la majorité présidentielle se divise car le rapporteur du texte, lui, soutient la modification votée en commission.
02:47 - Il s'agit de rendre applicable le droit. Le moyen terme, c'est inopérant.
02:52 Il est impossible pour un médecin de dire "vous en avez pour 6 mois, vous en avez pour 12 mois, vous en avez pour 18 mois".
02:59 Autre point de débat intense, qui administre la substance mortelle ?
03:04 Dans la version initiale, c'est le malade lui-même ou un tiers, un proche, un soignant, si le malade ne peut pas accomplir ce geste.
03:12 En commission, les députés ont renforcé le libre arbitre du patient.
03:17 Même s'il est en pleine possession de ses moyens, il pourra demander à quelqu'un d'autre de lui injecter le produit létal.
03:23 Finalement, le texte a été largement approuvé en commission.
03:27 Les débats reprennent lundi dans l'hémicycle pour deux semaines.
03:31 - Jérôme Goetsch, la commission spéciale à laquelle vous siégez a assoupli l'un des critères pour obtenir cette aide à mourir.
03:37 Le patient atteint d'une maladie grave et incurable doit être désormais en phase avancée ou terminale.
03:43 Est-ce que ces nouveaux critères vous conviennent ?
03:47 - D'abord, je veux rappeler que c'est heureux qu'on puisse légiférer sur la fin de vie.
03:53 Enfin, à partir de lundi, on va être dans un marathon qui va durer plusieurs mois avec la navette parlementaire, avec le Sénat.
04:00 Je suis heureux qu'on puisse enfin aborder cette question du libre choix de sa fin de vie.
04:06 Je suis un soutien de l'aide à mourir.
04:08 Simplement, il faut que celle-ci s'inscrive dans un cadre global.
04:12 D'abord, celui du renforcement des soins palliatifs.
04:14 Tout le monde est d'accord, mais il faut qu'on soit certains du rythme et de l'intensité.
04:19 Pour l'instant, on a une stratégie décennale.
04:21 Nous, on voudrait qu'on aille plus vite.
04:23 Au moment où notre système de santé dans son ensemble et les soins palliatifs n'y échappent pas,
04:26 sont fragilisés par la faiblesse des ressources humaines et les difficultés générales du système de santé en ville ou à l'hôpital.
04:35 Donc, mettre le paquet sur le renforcement des soins palliatifs, c'est pour ça qu'on a fait adopter notamment des amendements pour une répartition équitable.
04:41 Et que moi, je continuerai à déposer des amendements pour une véritable loi de programmation sur les soins palliatifs.
04:46 Ça a été refusé en commission.
04:48 On nous dit qu'il y aura une stratégie décennale régulièrement.
04:50 Moi, je préfère que ce soit les parlementaires qui, tous les cinq ans, votent sur une loi de programmation et fassent le point sur la montée en puissance.
04:57 Mais sur les critères pour y recourir.
04:59 Sur les critères pour y recourir, et donc, je suis favorable à l'aide à mourir.
05:04 Mais il faut être vigilant et légiféré.
05:07 Et vous voyez le débat d'ailleurs qui traverse.
05:10 La présidente de la commission et le rapporteur général ne sont pas sur la même ligne.
05:14 Le texte initial prévoyait un pronostic vital engagé à court et moyen terme.
05:18 Ce que soutient encore aujourd'hui Agnès Fiammarle-Bodot.
05:21 Olivier Falorni a soutenu un amendement qui change la définition en parlant de phase avancée et terminale.
05:28 Moi, sincèrement, au moment où je vous parle, je ne mesure pas la différence.
05:32 C'est d'ailleurs assez problématique.
05:34 Vous savez, quand c'est un amendement, on n'a pas ce qu'on appelle une étude d'impact.
05:38 Et même sur le pronostic vital à court ou moyen terme, pendant toutes les auditions,
05:43 moi j'ai fait toutes les auditions de la commission spéciale,
05:45 plusieurs professionnels de santé nous ont dit qu'on ne savait pas bien définir le moyen terme.
05:51 Mais moi, depuis une semaine, chacun le fait un peu individuellement,
05:55 j'essaye de comprendre ce qu'est la phase avancée et terminale de différentes pathologies.
06:00 Et là aussi, on a des gens qui sont en difficulté pour définir.
06:03 Ce ne sont pas des critères objectifs ?
06:05 De toute façon, il y a une part de ce qui est...
06:07 Qu'est-ce qu'on dit sur cette phase avancée ou terminale ?
06:09 Eh bien, qu'elle peut être variable selon le patient lui-même,
06:13 et puis selon la nature des pathologies.
06:15 Moi, j'ai posé la question hier matin, j'ai auditionné un éminent gériatre français,
06:19 le professeur Claude Jandel, en lui demandant
06:22 "C'est quoi la phase avancée et terminale d'une maladie d'Alzheimer ?"
06:25 Et il m'a tout de suite dit "Mais vous savez, on ne meurt pas de la maladie d'Alzheimer,
06:28 on meurt d'infections ou de pathologies qui sont liées."
06:31 Et donc, moi, c'est un des sujets sur lesquels je serai extrêmement vigilant.
06:35 Je suis favorable à l'aide à mourir.
06:37 Je ne souhaite pas qu'elle puisse apparaître comme une alternative possible
06:42 face à l'effondrement du système de santé,
06:44 et que des populations, des personnes fragiles ou vulnérables
06:48 puissent se voir proposer cette aide à mourir,
06:51 alors même qu'il n'y a pas, justement...
06:53 Vous savez, on s'adresse à des personnes qui veulent mourir
06:58 parce qu'elles vont mourir bientôt.
07:00 Et vous voyez, c'est des personnes qui veulent mourir parce qu'elles vont mourir,
07:04 mais parce qu'elles vont mourir bientôt.
07:06 Et donc, tout l'enjeu, c'est qu'elles puissent être conscientes du fait
07:08 qu'elles vont mourir bientôt, qu'elles ont une souffrance physique
07:12 et psychologique insupportable,
07:15 et qu'à ce moment-là, on mette en place l'aide à mourir.
07:17 - Alors, un autre point du texte fait débat avec cette question
07:20 "Qui peut administrer la substance létale ?"
07:23 Est-ce que, selon vous, cela doit être le patient,
07:25 comme c'est prévu dans le texte initial, sauf certains cas exceptionnels,
07:29 ou est-ce qu'il faut laisser le choix au patient,
07:32 pratiquer lui-même le geste,
07:34 ou peut-on demander à un soignant ou à un proche de le faire ?
07:36 - Vous avez prononcé le mot.
07:37 C'est celui du choix qui doit être...
07:39 Ça doit être une loi de liberté et une loi de choix.
07:42 Et donc, pendant tous les débats,
07:46 parce qu'il faut nommer les choses,
07:48 l'auto-administration, c'est le suicide assisté.
07:51 L'administration par un tiers, c'est l'euthanasie.
07:54 Nous nous plaidons pour que le patient ait le choix
07:59 de recourir à l'une ou l'autre des modalités.
08:03 Mais, finalement, le texte dit que c'est le suicide assisté,
08:07 c'est-à-dire l'auto-administration,
08:09 et ce n'est uniquement si la personne n'est pas en capacité physique
08:13 de le faire qu'il y a le recours à l'administration par un tiers,
08:16 c'est-à-dire l'euthanasie.
08:18 Moi, je plaide pour que ce soit un choix.
08:20 - Donc, pas une exception d'euthanasie, mais un choix.
08:22 - Un choix, voilà.
08:23 - Donc, vous êtes plutôt favorable à ce qui a été ajouté dans le texte.
08:26 - Exactement.
08:27 C'est de dire, par rapport à la version initiale,
08:29 qui disait que c'est euthanasie à la condition
08:33 que le suicide assisté ne soit pas possible,
08:35 c'est-à-dire que concrètement, la personne n'est pas en capacité
08:37 de prendre le verre ou d'activer la pompe de la perfusion.
08:41 Dans ce cas de figure, c'est l'euthanasie qui peut être recourue.
08:45 Moi, je plaide pour que ce soit le choix de la personne.
08:48 Par contre, je ne suis pas du tout favorable,
08:51 même franchement hostile, à une des dispositions
08:54 qui figuraient dans le texte initial,
08:56 et qui figurent toujours dans le texte en sortie de commission,
08:58 qui ont la possibilité de recourir à une tierce personne.
09:00 C'est-à-dire que le patient peut désigner un proche,
09:04 son mari, sa femme, ses enfants, son vieil ami,
09:07 qui est évidemment volontaire,
09:10 en lui demandant d'être celui qui va procéder
09:13 à l'administration de la substance létale.
09:15 - Et pourquoi vous n'êtes pas, oui ?
09:17 - Parce que moi, je suis prêt à admettre
09:19 que l'aide à mourir soit dans le continuum de soins.
09:22 C'est un grand débat de savoir si c'est un acte de soins
09:24 ou pas un acte de soins.
09:26 Mais je suis prêt à l'admettre que ça participe
09:29 d'une forme de soins ultime, ou en tous les cas
09:31 d'accompagnement ultime.
09:33 Vous savez, dans la médecine, il y a un principe
09:35 qui est celui du colloque singulier.
09:37 C'est-à-dire une relation directe entre le patient
09:39 et son soignant, et son professionnel de santé.
09:41 Vous introduisez une tierce personne,
09:43 et donc là, vous êtes sur un triangle
09:45 qui n'est plus justement ce colloque singulier.
09:47 Et puis surtout, je m'inquiète, je m'interroge
09:49 sur l'accompagnement psychologique
09:51 de la personne volontaire.
09:53 Le fait de demander à quelqu'un
09:55 c'est le maître dans la situation.
09:57 - Il n'y a aucune disposition sur ce suivi psychologique ?
09:59 - Non, il y a très peu de dispositions
10:01 à envisager à ce stade sur l'accompagnement psychologique.
10:03 Et puis, on ne peut pas écarter,
10:05 même si il ne faut pas tabler sur les pires situations,
10:08 mais sur des situations possibles de pression familiale,
10:11 intra-familiale, sur ces sujets-là,
10:13 que des aidants.
10:15 On a entendu aussi la demande de certains aidants
10:17 de dire "je l'ai accompagné jusqu'au bout,
10:19 je vais pouvoir le faire, y compris dans ce geste
10:21 de victime d'amour", c'est parfois ce qu'on a entendu.
10:23 Que le proche puisse être là, évidemment,
10:27 mais que ce ne soit pas lui auquel incombe
10:29 cette responsabilité avec laquelle il vivra
10:31 longtemps derrière, de dire
10:33 "c'est moi qui ai injecté la substance létale".
10:35 - Alors, Jérôme Gadd, je vais maintenant évoquer
10:37 la Nouvelle-Calédonie et la visite du président
10:39 de la République, Emmanuel Macron, dans l'archipel
10:41 pour essayer de restaurer le dialogue
10:43 entre les indépendantistes et les loyalistes.
10:45 Après les émeutes qui ont touché
10:47 la Nouvelle-Calédonie,
10:49 Emmanuel Macron qui a lâché du lest
10:51 sur cette réforme constitutionnelle
10:53 qui dégèle le corps électoral
10:55 en Nouvelle-Calédonie, et un texte qui a mis
10:57 le feu aux poudres. On va écouter le président de la République.
10:59 - Je me suis engagé à ce que
11:01 cette réforme
11:03 ne passe pas en force
11:05 aujourd'hui dans le contexte actuel,
11:07 et que nous nous donnions
11:09 quelques semaines
11:11 afin de permettre
11:13 l'apaisement,
11:15 la reprise du dialogue
11:17 en le fut un accord global.
11:19 - Jérôme Gadd,
11:21 pas de passage en force sur cette réforme
11:23 du dégel du corps électoral, a dit Emmanuel Macron,
11:25 mais en même temps, quelques semaines pour discuter
11:27 est-ce que c'est une véritable inflexion
11:29 du président ? - Evidemment que
11:31 de l'a-t-il fait auparavant. Pendant les débats
11:33 sur
11:35 la réforme
11:37 constitutionnelle sur le dégel du corps
11:39 électoral, les alertes ont été
11:41 données et venaient de plusieurs bancs
11:43 en disant "vous ne pouvez pas"
11:45 dans ce qui est
11:47 de la culture
11:49 et la fidélité au principe du dialogue
11:51 et de la recherche de consensus, c'est ce qui se passe
11:53 en Nouvelle-Calédonie depuis
11:55 1988, depuis les accords de
11:57 Matignon-Ouidinot, puis les accords
11:59 de Nouméa en 1998, c'est
12:01 on se met d'accord localement,
12:03 on produit du dialogue et du consensus,
12:05 et le législateur national
12:07 vient avaliser ce qui a été
12:09 construit localement. Là, pour la première
12:11 fois, on a eu une rupture
12:13 de cette hiérarchie, si j'ose dire,
12:15 avec le gouvernement qui sort
12:17 de sa neutralité, de son rôle de
12:19 garant de cet esprit des accords
12:21 de Matignon, en
12:23 jouant des ultimatums, de l'épée
12:25 de Damoclès. On fait la réforme constitutionnelle
12:27 et vous êtes
12:29 sommés de vous mettre d'accord
12:31 rapidement, parce que sinon, je
12:33 l'adopte tout de suite.
12:35 Là, aujourd'hui, c'est un aveu d'échec
12:37 pour le président de la République. Il va sur place
12:39 malheureusement après la réforme
12:41 de la République. Il va sur place malheureusement après
12:43 six victimes en Nouvelle-Calédonie,
12:45 auquel il faut penser,
12:47 les gendarmes, leur famille et
12:49 les personnes qui ont été tuées sur les barrages,
12:51 pour dire
12:53 "je redonne du temps". Donc oui,
12:55 tant mieux,
12:57 cet apaisement, c'est plus
12:59 les rodeaux de montade en disant
13:01 "maintenant, il faut que vous vous mettiez d'accord
13:03 sous cette pression-là",
13:05 mais en même temps, il ne peut pas s'empêcher
13:07 de maintenir quand même un ultimatum.
13:09 Ça ne marche pas comme ça en Nouvelle-Calédonie
13:11 de dire aux gens
13:13 qu'il aille là-bas pour dire "il faut
13:15 le rétablissement de l'ordre républicain, il faut la lever
13:17 des barrages". Très bien.
13:19 C'est d'ailleurs une des conditions pour la lever de l'état d'urgence
13:21 et pour le fait qu'on n'ait pas, nous, à légiférer
13:23 sur le prolongement de l'état d'urgence.
13:25 Mais imposer un cadre
13:27 et un calendrier de dialogue,
13:29 il dirait... Vous savez,
13:31 le Conseil d'Etat lui-même avait dit "on a jusqu'à novembre
13:33 2025 pour organiser ces élections
13:35 provinciales". Et donc dire "il faut rechercher
13:37 un accord global". Parce que c'est ça
13:39 le coeur du problème. - Alors il a dit qu'il le souhaitait.
13:41 Il le souhaitait néanmoins, un accord
13:43 global qui inclurait ce dégel
13:45 du corps électoral. - Oui, mais le dégel
13:47 du corps électoral
13:49 sur lequel, y compris les
13:51 indépendantistes, sont prêts à bouger,
13:53 mais pas, si j'ose dire, secs,
13:55 en disant "on dégele, mais on ne sait pas
13:57 quelle est la suite institutionnelle
13:59 qui est proposée". - C'est la méthode qui pose problème.
14:01 - C'est évidemment la méthode qui pose problème,
14:03 c'est celle d'envoyer des signaux, je le redis,
14:05 de prendre parti. D'avoir envoyé
14:07 depuis plusieurs mois, de la nomination
14:09 de Sonia Baques,
14:11 présidente de la province sud,
14:13 comme ministre du gouvernement,
14:15 c'était un signal
14:17 de partialité,
14:19 au choix du rapporteur, lui-même
14:21 très ancré
14:23 sur une position très dure, Nicolas Metzdorf.
14:25 Il y a eu une série
14:27 de signaux qui disaient "l'Etat n'est plus
14:29 dans son rôle de garant, d'arbitre,
14:31 d'un processus qui doit, je le redis, reposer
14:33 sur le dialogue et le consensus".
14:35 Donc, nous demandions aussi,
14:37 c'est pareil, une mission de contact,
14:39 une mission de dialogue, elle est sur place,
14:41 tant mieux, et donc il faut laisser le temps.
14:43 La Calédonie, j'y ai un peu
14:45 vécu et travaillé,
14:47 c'est un endroit où il faut laisser le temps
14:49 à l'empathie,
14:51 à la compréhension mutuelle,
14:53 à la restauration de la confiance, malheureusement,
14:55 elle s'est rompue ces dernières
14:57 années, en fait, depuis qu'Edouard Philippe
14:59 ne s'est plus emparé du dossier...
15:01 Pardon, depuis que le successeur
15:03 d'Edouard Philippe, Edouard Philippe a été très proactif,
15:05 comme ses prédécesseurs,
15:07 Lionel Jospin ou Michel Rocart.
15:09 - Autre question, Jean-Gabriel.
15:11 - Et donc, c'est regrettable qu'il ait fallu
15:13 en arriver là. - Autre question, sur le
15:15 référendum pour l'autodétermination, Emmanuel Macron
15:17 a fermé la porte à un nouveau référendum
15:19 pour l'autodétermination de la nouvelle Calédonie.
15:21 Est-ce qu'il a eu raison de faire ça ?
15:23 - Vous ne pouvez pas dire aux gens "mettez-vous d'accord
15:25 sur un processus" et
15:27 de ne pas
15:29 s'adapter et entendre
15:31 les propositions des uns et des autres. Vous n'arrivez pas
15:33 avec un cahier des charges en disant "c'est sous telle date"
15:35 avec tel ou tel point exclu. Il pourrait aussi dire
15:37 "il n'y a pas d'évolution institutionnelle
15:39 possible, il faut une évolution institutionnelle".
15:41 Vous voyez, ma conviction, c'est que je pense
15:43 qu'il faut rendre la souveraineté au Canac
15:45 pour qu'il puisse la partager avec
15:47 l'ensemble des Calédoniens. - Rendre la souveraineté,
15:49 c'est-à-dire concrètement ? - C'est-à-dire un processus
15:51 dans lequel on confie à cette
15:53 collectivité, qui a un statut
15:55 de plus en plus autonome,
15:57 ce qu'on appelle la compétence de sa compétence. C'est-à-dire
15:59 vraiment la possibilité de légiférer par elle-même
16:01 dans un processus vraiment souverain
16:03 sur tous les sujets qui la
16:05 concernent.
16:07 Mais qui permet une forme d'association
16:09 et de destin commun. On est
16:11 dans un processus de décolonisation
16:13 atypique avec une sorte de
16:15 parité numérique. - C'est quasiment une indépendance que vous proposez ?
16:17 - C'est quasiment. Mais de toute façon, le processus
16:19 d'autodétermination
16:21 - Ne peut aboutir que vers l'indépendance ?
16:23 - Ne peut aboutir que sur une indépendance
16:25 dans laquelle il y a
16:27 un partage à un moment ou à un autre de souveraineté.
16:29 Donc on va inventer quelque chose d'ad hoc. Ce sera pas
16:31 un Etat 100%
16:33 kanaki.
16:35 Ce sera l'indépendance
16:37 et l'aboutissement de ce processus
16:39 d'autodétermination, mais qui laisse une place
16:41 planée entière à tous
16:43 ceux qui participent de ce destin commun.
16:45 Les descendants des Européens
16:47 historiques, les Kaldosh, et aussi les autres
16:49 vagues d'immigration qui sont
16:51 venues rejoindre la Nouvelle-Calédonie. - On va évoquer maintenant
16:53 les ingérences étrangères en France
16:55 avec beaucoup d'actualité cette semaine.
16:57 Des ingérences de l'Azerbaïdjan et de la Russie
16:59 notamment dans cette crise calédonienne.
17:01 Et puis, la Russie est également derrière
17:03 les tags antisémites des mains rouges
17:05 sur le mémorial de la Shoah.
17:07 Et justement, dans ce contexte, le Sénat a adopté
17:09 mercredi une proposition de loi pour
17:11 mieux lutter contre ces tentatives de
17:13 déstabilisation venues de l'étranger.
17:15 Flora Sauvage. - Face à l'ampleur de la
17:17 menace, le Sénat a adopté un arsenal
17:19 de mesures pour lutter contre les
17:21 ingérences étrangères en France.
17:23 Premier axe phare de cette proposition de loi,
17:25 identifier les acteurs de l'ingérence.
17:27 Avec la création d'un registre
17:29 où devront se déclarer les représentants
17:31 d'intérêts étrangers en France.
17:33 - Ça peut être des groupes de pression,
17:35 des lobbyistes plus connus, qui
17:37 cette fois-ci agissent pour le compte d'une puissance
17:39 étrangère ou d'un parti politique
17:41 étranger. Ça peut être des personnes physiques
17:43 qui sont des représentants d'intérêts
17:45 de ces puissances sur notre
17:47 territoire. - Le texte du Sénat
17:49 renforce aussi considérablement
17:51 les moyens d'enquête à disposition
17:53 des services de renseignement.
17:55 Avec la possibilité pour ces services
17:57 d'utiliser un algorithme afin de détecter
17:59 les activités et les connexions
18:01 suspectes en ligne. - Les ingérences
18:03 chinoises, les ingérences russes
18:05 avec l'attaque qui avait pour but
18:07 de mettre à bas tout le réseau
18:09 internet cette nuit, juste avant l'arrivée du
18:11 président en Nouvelle-Calédonie,
18:13 plus l'Azerbaïdjan, ça fait beaucoup,
18:15 beaucoup, beaucoup. - Mais selon la gauche sénatoriale,
18:17 ce texte crée une société
18:19 de surveillance de masse. - Rien ne permet
18:21 d'assurer un juste équilibre entre à la fois
18:23 des impératifs de sécurité que nous
18:25 partageons tous ici, mais aussi
18:27 des atteintes à la portée de la vie privée des
18:29 personnes concernées. - Si l'usage des
18:31 algorithmes par les services de renseignement
18:33 a recueilli le soutien du gouvernement,
18:35 la gauche a regretté que le Sénat n'ait pas
18:37 attendu les conclusions de sa commission d'enquête
18:39 sur les influences étrangères, qui
18:41 rendra son rapport début juillet.
18:43 Une commission mixte paritaire doit maintenant
18:45 se réunir pour accorder les versions
18:47 de l'Assemblée et du Sénat.
18:49 - ...des anciens...
18:51 - Jérôme Gage, on le voit, il a
18:53 plusieurs occasions, opportunités,
18:55 je dirais, d'ingérence étrangère en France,
18:57 que ce soit la crise calédonienne ou également
18:59 la montée de l'antisémitisme en France.
19:01 Comment on fait pour mieux lutter contre
19:03 ce fléau ? - D'abord, en ayant ce regard
19:05 lucide sur le fait que ce qui pouvait
19:07 apparaître comme anecdotique, folklorique
19:09 est aujourd'hui une réalité. Rappelez-vous,
19:11 au moment des élections aux Etats-Unis,
19:13 Biden, Trump, le rouleau
19:15 compresseur des hackers et
19:17 des influenceurs sur
19:19 les réseaux sociaux qui ont essayé
19:21 de peser sur la campagne, on l'a vu
19:23 en France et aujourd'hui, c'est plus
19:25 uniquement sur des actions
19:27 de type réseaux sociaux,
19:29 d'influence, de fake news,
19:31 etc., c'est des opérations
19:33 de type espionnage qui sont montées.
19:35 Vous mentionnez les
19:37 tags "Magen David" ou
19:39 "Les mains rouges", dans les deux cas,
19:41 ça n'empêche pas que, en tous les cas,
19:43 sur "Les mains rouges", sur le mur des Justes, au mémorial
19:45 de la Choix, c'est un acte évidemment
19:47 antisémite, mais dont l'objectif était
19:49 d'entretenir le doute
19:51 et la confusion sur qui est à l'origine
19:53 de cet acte-là, en faisant la référence
19:55 avec les mouvements pro-palestiniens
19:57 qui avaient pu, notamment devant les universités,
19:59 à Sciences Po, etc., utiliser cette
20:01 référence, c'est-à-dire créer
20:03 du schisme,
20:05 de la tension et donc de la violence par des
20:07 actions physiques. Là,
20:09 c'est des commandos, d'après les premières informations
20:11 qu'on a eues, qui sont venus de l'étranger,
20:13 qui sont repartis dans la foulée
20:15 à Bruxelles, etc. Donc,
20:17 on change de nature. C'est pour ça que
20:19 légiférer, comme le texte du
20:21 Sénat le propose, ça va dans le bon sens,
20:23 mais ça ne réglera pas
20:25 les types de situations que je viens de vous mentionner,
20:27 c'est-à-dire des coups organisés
20:29 pour perturber l'opinion publique. Moi, l'inquiétude
20:31 que j'ai demain, c'est en plus avec les nouvelles
20:33 technologies, le deepfake, les vidéos
20:35 complètement truquées, etc.,
20:37 d'avoir
20:39 un doute permanent. La démocratie
20:41 ne peut pas
20:43 reposer sur
20:45 la distorsion à ce point de la vérité.
20:47 Or, on va avoir des grands manipulateurs
20:49 qui vont venir nous empêcher
20:51 de faire ceci. - C'est inquiétant ce que vous dites, mais est-ce qu'on n'a pas été
20:53 trop naïf pendant de très longues années
20:55 sur ces ingérences étrangères
20:57 au coeur du pouvoir ?
20:59 - Probablement. Et à tous les niveaux, que ce soit
21:01 sur le champ économique,
21:03 sur le champ de l'influence,
21:05 encore une fois,
21:07 sur les questions internationales.
21:09 Mais là, maintenant, on voit qu'il y a des logiques
21:11 de déstabilisation
21:13 de la démocratie elle-même.
21:15 Et c'est pour ça que, je fais le lien
21:17 avec la campagne que nous vivons en ce moment,
21:19 il y a des choix de principe sur
21:21 le rapport à la démocratie.
21:23 Il faut être extrêmement intransigeant. C'est pour ça qu'avec
21:25 Raphaël Hublixman, je trouve qu'on a le bon candidat.
21:27 Mais bon, ce n'est pas le sujet du jour.
21:29 - Alors, on va revenir à
21:31 l'Assemblée où le projet de loi agricole,
21:33 qui, à l'heure du jour, est à l'ordre du jour
21:35 cette semaine, avec ce texte,
21:37 plusieurs fois repoussé, le gouvernement entend répondre
21:39 à la colère agricole
21:41 exprimée en début d'année. Il vise
21:43 notamment aussi à simplifier la vie des agriculteurs.
21:45 Écoutez le ministre.
21:47 - Ce projet de loi d'orientation pour la souveraineté
21:49 en matière agricole et alimentaire
21:51 poursuit une double ambition.
21:53 D'abord, de fixer un capte clair et lisible
21:55 aux agriculteurs.
21:57 Et puis, d'organiser nos politiques publiques agricoles
21:59 afin d'aurrer pu répondre aux deux défis
22:01 importants et émergents pour notre souveraineté alimentaire.
22:03 Le premier de ces défis,
22:05 c'est le défi démographique.
22:07 Celui du renouvellement des générations.
22:09 Le constat est clair.
22:11 Seuls deux départs à la retraite d'agriculteurs sur trois
22:13 sont aujourd'hui remplacés.
22:15 Et d'ici dix ans, près de la moitié des chefs d'exploitation
22:17 pourraient partir à la retraite.
22:19 - Jérôme Guège, est-ce que
22:21 ce projet de loi très attendu
22:23 par les agriculteurs répond à
22:25 leur colère ?
22:27 - Vous l'avez dit dans votre lancement.
22:29 Il y a eu un cacalage gigantesque
22:31 entre le mouvement qu'on a connu ces derniers mois
22:33 et les réponses qui sont sorties.
22:35 Qu'est-ce qui était au coeur
22:37 des préoccupations des agriculteurs ?
22:39 La question de leur revenu
22:41 et d'un revenu digne pour une grande partie d'entre eux.
22:43 Ce qui passait notamment par des mesures
22:45 relatives à la concurrence déloyale,
22:47 aux relations avec
22:49 la grande distribution,
22:51 les suites des galimes 1 et 2, etc.
22:53 Aujourd'hui, on se retrouve
22:55 avec une loi qui est présentée comme une loi de simplification.
22:57 Souvent,
22:59 à l'encontre des mesures environnementales.
23:01 Une partie des revendications
23:03 portées par les gros exploitants
23:05 est à rebours
23:07 à la fois de l'enjeu
23:09 démographique et de l'enjeu climatique.
23:11 - C'est un mauvais texte ?
23:13 - En tous les cas, c'est un texte.
23:15 La montagne a accouché d'une souris.
23:17 Je ne suis pas certain que ça règle les problèmes
23:19 des agriculteurs dans les 5 ans,
23:21 les 10 ans.
23:23 Le coeur du sujet, c'est la question
23:25 de la rémunération et de la démographie.
23:27 Je suis d'accord, mais en se fixant des objectifs.
23:29 Je ne vais pas vous mentir,
23:31 on vient de parler de la fin de vie.
23:33 Cette semaine, j'ai beaucoup travaillé sur la fin de vie.
23:35 C'est mes collègues Dominique Potier,
23:37 Ignachi Echenisme, et Anitomain qui étaient au front.
23:39 Ils ont notamment réussi à faire voter un amendement
23:41 pour graver dans le marbre
23:43 un objectif de 500 000 exploitants agricoles
23:45 à l'horizon 2035.
23:47 On ne peut pas dire qu'on a un problème démographique
23:49 avec un départ d'un sur deux dans les années à venir
23:51 sans se donner hors
23:53 à un enjeu, y compris sur le foncier,
23:55 sur la propriété du foncier.
23:57 On a des grandes inquiétudes.
23:59 On dit que ce texte est simplifié.
24:01 On ouvre la porte à la financiarisation
24:03 de la propriété agricole des terres,
24:05 avec la création des groupements fonciers
24:07 agricoles d'investissement,
24:09 qui est ni plus ni moins que la possibilité
24:11 de faire de l'agriculture
24:13 et de la propriété des terres,
24:15 qui est la base de départ de la production agricole,
24:17 un lieu d'investissement,
24:19 voire de fond spéculatif.
24:21 C'est un risque évident de financiarisation.
24:23 On a vu les ravages sur les questions de santé
24:25 ou médico-sociale,
24:27 parfois même des questions d'enseignement supérieur.
24:29 On ne va pas financiariser
24:31 la propriété agricole et donc l'exploitation.
24:33 - Est-ce qu'il faut des prix planchers
24:35 dans les négociations pour favoriser
24:37 les agriculteurs ?
24:39 Ça avait été une promesse d'Emmanuel Macron pendant le Salon de l'agriculture.
24:41 On n'a plus vraiment de nouvelles de cette promesse.
24:43 - On a ce décalage. Evidemment qu'il faut travailler
24:45 sur la question des prix planchers,
24:47 alors adapter à chacune des filières.
24:49 On a là aussi des rodomontades,
24:51 des effets de tribune
24:53 au moment de la crise,
24:55 du plus fort de la crise.
24:57 Et puis quand on doit apporter
24:59 les réponses, on est sur
25:01 quelque chose de très humble,
25:03 très modeste et assurément insuffisant
25:05 quand on a besoin
25:07 d'outils juridiques précis.
25:09 Par exemple,
25:11 je vous prends un autre exemple d'un amendement qu'on a fait voter.
25:13 Un objectif de
25:15 21% d'agriculture bio.
25:17 On ne peut pas concilier
25:19 développement agricole et
25:21 écologie évidemment.
25:23 - Merci Jean-Romain Guez, c'est le mot de la fin.
25:25 Merci à vous et n'oubliez pas lundi 16h,
25:27 coup d'envoi du projet de loi sur la fin de vie
25:29 en direct sur notre antenne. Ciao ciao.
25:31 (Générique)

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