Vincent Cassel pour la sortie de "Les Linceuls" #Cannes2024

  • il y a 4 mois
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Transcript
00:00 Vincent, votre première fois c'était à Cannes en 95 avec la L.
00:04 Non.
00:04 Non ?
00:05 Non, non, la première fois que je suis venu à Cannes j'ai 17 ans.
00:07 Ça commence bien, ça commence bien cette interview.
00:08 Hein ? Non mais là on parle de quoi d'ailleurs ?
00:10 Non mais la première fois officielle.
00:11 Ah, officielle !
00:12 Avec un film.
00:13 Ok.
00:14 Mais sinon ça m'intéresse, la première fois à 17 ans.
00:15 La première fois j'avais 17 ans, j'étais à l'école à Sofia Antipodis et je suis venu en roller skate jusqu'ici.
00:20 J'ai vu deux films.
00:21 Lesquels ?
00:22 Les films étaient encore présentés dans l'hôtel.
00:24 Et j'avais vu Pink Floyd The Wall.
00:28 Ouais.
00:29 Qui était incroyable.
00:30 Ouais.
00:31 Et j'avais vu un film de reggae qui s'appelait Countryman.
00:35 Ah je ne savais pas de ça.
00:36 C'était un masta qui fumait des énormes joints et qui avait des super pouvoirs.
00:39 Ouais.
00:40 Mais donc les visites officielles, ça commence en 95 avec la N.
00:43 Ensuite il y a Mon Roi évidemment, il y a juste avant la fin du monde.
00:45 Vous venez cette année avec le nouveau Cronenberg, The Shrouds.
00:48 Ça veut dire on est l'un seul en français dans lequel vous incarnez un homme d'affaires inconsolable
00:52 qui vient de perdre sa femme et qui par des bidouillis techno sophistiqués
00:58 arrive à rester en contact avec elle dans son cercueil pendant qu'elle se décompose.
01:02 C'est un sujet éminemment cronenbergien si on peut dire.
01:06 Qu'est-ce que tu fais, Karsh ?
01:08 Je voulais savoir comment ça sentait de se faire enchaîner, de se faire enchaîner.
01:16 Elle ne l'a pas senti.
01:19 Ce n'est pas pour le bien de la vie.
01:22 Peut-être pas pour le bien de la mort non plus.
01:25 Peut-être pas pour le bien de la mort non plus.
01:28 Peut-être pas pour le bien de la mort non plus.
01:30 C'est un film très intimiste que le nouveau Cronenberg parce que c'est une histoire de deuil.
01:35 Ça correspond aussi au moment où lui-même traverse un deuil puisqu'il vient de perdre sa femme.
01:40 Et alors c'est assez marrant parce qu'on pourrait parler d'un thriller futuriste
01:44 mais lui voit un film réaliste.
01:47 C'est comme ça qu'il le définit.
01:49 Vous comprenez ce qu'il veut dire ?
01:51 Oui, c'est-à-dire que je crois que c'est, si je peux me permettre de dire une chose pareille,
01:56 je crois que c'est le film d'un homme qui, à travers ce qu'il fait, trouve le moyen de faire le deuil.
02:04 Et de Cronenberg, vous dites que c'est un type qui se réinvente en permanence.
02:08 Moi j'ai l'impression que ce principe de réinvention, c'est quelque chose qui est capital pour vous en tant qu'acteur.
02:13 La tension c'est la survie.
02:15 Et donc quand les gens sont capables de ne pas rester empêtrés dans leur certitude,
02:19 en tant que cinéaste et encore plus,
02:21 c'est-à-dire que la sénilité du créateur, qu'il soit cinéaste compris,
02:27 c'est quelque chose qui guette tout le monde.
02:30 Jusqu'à quel point on a quelque chose à dire ?
02:32 Jusqu'à présent vous avez proposé des rôles de composition.
02:34 Vous étiez un mafieux russe, vous étiez le médecin psychiatrique auto-grosse dans votre film.
02:39 Et là cette fois-ci, vous êtes le miroir d'une certaine manière de Cronenberg.
02:43 D'ailleurs physiquement, la ressemblance est stupéfiante.
02:46 Est-ce qu'elle était troublante cette ressemblance sur le tournage ?
02:49 Elle était très vite. Mais quand tout d'un coup j'ai compris que c'était quelque chose d'aussi autobiographique,
02:53 pas dans l'histoire proprement dit, mais dans ce que ça tend à approcher.
02:59 Et en fait, je me suis très vite retrouvé dans une problématique où j'allais dire
03:03 je ne vais pas commencer à imiter David Cronenberg, c'est un peu nul,
03:07 puis moi je ne suis pas un bon imitateur, ça ne m'intéresse pas tellement ça.
03:11 Et donc en fait je n'ai pas fait grand-chose pour me rapprocher de lui.
03:15 J'ai essayé d'avoir un anglais le plus clair possible.
03:18 Mais ça c'est le côté technique. Et pourtant, en arrivant sur le plateau,
03:22 d'abord pour moi-même, puis ensuite pour quelques personnes sur le plateau,
03:26 on s'est rendu compte que je le ressemblais de manière même un peu étrange.
03:29 J'arrivais dans ma loge, je me croisais dans le miroir,
03:32 j'ai eu l'impression d'avoir vu David passer.
03:35 Et donc j'ai partagé ces sentiments avec lui, il m'a dit "mais moi c'est pareil en fait,
03:39 je regarde les rushs et je me vois".
03:41 Alors ça me ramène à quelque chose de très intéressant, c'est que
03:44 j'ai toujours été persuadé que la direction d'un metteur en scène,
03:47 c'est la manière dont il regarde son acteur.
03:49 Et donc, la manière dont il le filme.
03:52 Et je crois que même sans avoir eu besoin vraiment trop d'approcher le sujet
03:55 à travers les mots, en fait, il s'est passé un truc où je me suis mis à lui ressembler,
03:59 de manière un peu organique.
04:01 - Et le film, vous ne l'avez pas encore vu, donc la projo ce soir officielle,
04:04 c'est première découverte avec ce public, qui est un public très particulier,
04:08 un public très cinéphile. - Oui mais qui est un vrai public quand même.
04:11 Je me dis que c'est le seul moyen qu'on a quand on est tellement impliqué dans un film,
04:15 de le voir avec un temps soit peu, vraiment, c'est en fait de le partager avec plein de monde.
04:20 - Vous citez parfois Denis Raud, qui dit qu'en fait, le talent d'un acteur réside dans ses choix.
04:25 Est-ce que c'est quelque chose que vous avez toujours en tête, ça,
04:28 quand vous disiez un scénario ? - Mais bien sûr.
04:30 Mais du coup, on est responsable de ses choix. Plus on est conscient de ça,
04:33 plus on est responsable de ses choix. Donc je pense qu'il faut toujours être bien au clair
04:36 avec le pourquoi on accepte de faire quelque chose.
04:38 Moi, je suis assez clair, c'est-à-dire que je sais quand je l'ai fait pour ça ou pour ça.
04:41 - Bon, merci Vincent. - Merci beaucoup Antoine.
04:44 - Non, c'est moi. - Toujours un plaisir.
04:46 - Non, c'est moi. - Ça faisait longtemps en plus.