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  • 17/05/2024
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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, le réalisateur et photographe Raymond Depardon.
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00:00 Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hill et votre invité ce matin Thomas.
00:05 Je reçois ce matin un des plus grands photographes et réalisateurs français Raymond Depardon parce que dimanche France 5 consacre sa soirée au 50e anniversaire de l'élection de Valérie Giscard d'Estaing à la présidence de la République.
00:16 Et à cette occasion votre documentaire culte 1974 une partie de campagne sera diffusée par la chaîne à 21h.
00:23 C'est un petit bijou d'histoire ce film et c'est la première fois qu'un candidat comme ça se laisse filmer durant une campagne et c'est lui qui en a eu l'idée, c'est lui qui vous a sollicité Raymond Depardon.
00:33 Oui, oui, oui. Moi je lui en ai parlé parce que à cette époque nous les photographes de presse comme moi, moi je voulais...
00:42 Il se passait quelque chose aux Etats-Unis qui était nouveau, c'était un cinéma qui ne reposait pas sur les images.
00:52 Comme d'habitude, mais plutôt sur le son et l'image. Comme un peu l'instant décisif avec Cartier-Bresson.
00:59 C'est les grands trucs après-guerre, l'instant décisif c'est-à-dire faire des photos sans trop de flash, sans trop de... que les gens ne regardent pas l'appareil.
01:08 Et puis il y avait un autre phénomène, c'était le son qui arrivait, qui faisait des progrès énormes et avec des micros.
01:16 Et là les Américains, ils avaient commencé à faire un film en 1960, Lee-Cock, sur la campagne de Kennedy.
01:23 Et il y avait des moments où tout le monde ne parlait que de ça, c'est une nouvelle écriture.
01:28 Et moi comme j'ai été photographe de presse, à un moment donné pour l'Express, je pars à Chamalières avec lui.
01:36 En fait j'étais seul avec lui, dans un petit avion à réaction, à Villacoublet, et il me donne "time", en me disant "j'ai pas envie de parler".
01:46 L'avantage peut-être d'un photographe pour un homme politique, c'est qu'il n'avait pas à répondre, poser des questions et tout.
01:52 Photographe c'est un peu muet quoi. Et donc il ne me dit rien. Il se pose candidat, donc il ne me parle pas quoi.
02:01 Il se porte candidat à Chamalières, et puis on reprend le même avion, et l'hôtesse lui dit "vous boirez bien un peu de champagne ?"
02:14 Et il se retourne vers moi et me dit "bah pourquoi pas ?" Comme on n'avait pas à manger, un petit verre de champagne ça nous a fait du bien quoi.
02:24 Et il commence à me parler de ses chasses en Afrique. - Ah oui il aimait beaucoup la chasse, la régis cardeste.
02:32 - La France entière entend un monsieur qui se porte candidat, après tout c'est son droit, je ne portais pas de jugement,
02:38 mais je me dis que ça serait intéressant d'avoir un contrepoint. Alors je lui dis "mais il faut faire un film", et il me dit "mais la télévision va le faire".
02:45 Alors on a une vieille opposition, les photographes de presse privés comme nous, d'agence Gamma, tout ça, on ne voit pas trop la télé quoi.
02:53 Donc on leur a dit "méfiez-vous". Et puis je ne sais plus comme ça, je lui ai dit "il y a le conseil d'Etat".
02:59 Alors là j'ai été surpris, parce qu'en fait oui c'est vrai, le conseil d'Etat régule tout ça.
03:06 Alors que c'est très technique, mais il a dû se dire "pardon, c'est vrai qu'on ne peut pas faire ce qu'on veut quand on est candidat,
03:14 c'est un temps de parole précise et partagée. Mais vous savez faire des films vous ?"
03:21 Et j'ai dit "oui j'ai fait un petit film sur, vous savez il y a un tchèque qui s'est immolé sur place Vincennes là, 169, il y a 5 ans,
03:31 et j'ai fait un petit film sur toute la ville de Prague comme ça, et je peux le voir ?"
03:38 "Bien sûr". Donc il est venu rue de Washington un matin, tout seul.
03:45 Et alors le film, bien sûr on ne voit pas Yann Palach, mais tout le monde se tourne vers le mythe, ce Yann Palach comme ça,
03:53 qui arrive et qui va sauver toute l'Allemagne, toutes les églises.
03:57 - Ça a plu à Giscard au point qu'il vous dit "ok je vous embauche". - Il ne s'en voulait plus quoi.
04:01 - Et il vous a embauché, mais vous avez accepté de ne pas être payé par la crise.
04:04 - Oui parce que moi j'avais pas assez d'argent, mais il y avait l'agence Gamma aussi, on a coproduit.
04:09 Je ne pouvais pas faire un film complètement libre sans son accord.
04:14 Il m'a dit combien ça coûte, moi j'ai un petit peu sous-estimé parce que je savais que c'était un Auvergnat.
04:22 - Il ne fallait pas trop dépenser.
04:25 - Et puis c'est vrai que j'ai engagé un très bon ingénieur du son.
04:35 - Il était équipé le président, il avait un micro sur lui ?
04:38 - Non, on ne pouvait pas. - Donc c'était sur la caméra le micro ?
04:41 - Non, c'était une perche. Il y avait un ingénieur du son, mais qui était déjà dans les bons,
04:48 qui avait le micro juste au bord du cadre, et qui ne bougeait pas.
04:56 Et puis ne pas bouger, parce que si tu bouges, tu n'entends plus rien.
04:59 Tu vois, des règles comme ça, qui étaient un peu nouvelles à l'époque.
05:03 Parce qu'avant les caméras, elles bougeaient dans tous les sens,
05:07 et puis tourner, être un parfait abat-jour.
05:11 - Vous faisiez discret, c'est ça.
05:14 - Et puis à un moment donné, il y a des miracles qui arrivent.
05:18 Des petits miracles, des petites choses comme ça.
05:21 - Est-ce que vous croyez qu'il arrivait à oublier la caméra, parfois ?
05:24 Parce qu'on le sent quand même en représentation, malgré tout.
05:27 - Oui, mais ça fait partie aussi de moi-même un peu.
05:29 C'est-à-dire que même comme photographe, peut-être d'où je viens,
05:35 je viens d'une ferme, mes parents étaient un peu du siècle dernier,
05:39 j'étais très timide, je ne parlais pas beaucoup.
05:44 Et donc, c'est vrai qu'il y a deux styles de photographe.
05:49 Il y a le photographe qui fait l'existentiel,
05:54 et puis d'autres qui sont un peu plus discrets.
05:56 Et je suis plutôt dans la deuxième catégorie.
05:59 Et puis je laissais tourner, puis je démarrais la caméra peut-être,
06:04 ou je la coupais pas, peut-être l'un ou l'autre.
06:06 - Pour avoir des instants de vérité.
06:08 - Oui, pour avoir des moments où on s'y attend.
06:10 - Et c'est ça qui est magique dans votre film.
06:11 Alors le problème, c'est que lorsque vous avez montré ce film à Giscard,
06:14 il n'a pas vraiment apprécié l'image que ça donnait de lui.
06:17 Il a refusé jusqu'en 2002 que ce film soit diffusé.
06:20 Qu'est-ce qu'il vous a dit quand il a vu ce film ?
06:23 Parce que vous avez fait plusieurs projections avec lui.
06:26 - Oui, il s'enfonçait, je me rappelle, c'était au Club 13,
06:29 il s'enfonçait dans son fauteuil.
06:31 - C'est un cinéma privé.
06:32 - Et il l'avait vu tout seul.
06:35 Après il l'a montré à des gens un peu avec lui,
06:41 des gens sont partis.
06:44 Et ce qui m'a sauvé, c'est sa famille un peu.
06:48 - Ah.
06:49 - Sa famille a beaucoup aimé.
06:51 Parce que maintenant, aujourd'hui, ils sont très contents de ce film.
06:54 D'abord, ils sont co-producteurs, je leur reverse un peu des droits.
06:58 - D'accord.
06:59 - Et puis ils se sont aperçus que le reste, c'était pas vraiment...
07:05 Même tous ces petits défauts qu'on peut lui reprocher,
07:09 pour eux c'était leur papa.
07:12 Au fond, c'est un souvenir formidable.
07:15 Tout le monde rêverait d'avoir un souvenir comme ça de son papa.
07:18 - C'est formidable aussi de voir cette façon assez légère
07:21 de mener campagne et de faire de la politique.
07:24 Tout paraît beaucoup plus simple à l'époque.
07:26 On a l'impression même qu'il gère son agenda lui-même,
07:28 il conduit sa voiture lui-même.
07:30 Tout est simple.
07:31 - C'est en ça qu'il était moderne déjà pour l'époque.
07:33 Parce qu'on sortait du gaulliste, lourd, tout, pesant,
07:37 avec des chefs de cabinet.
07:39 Et là, effectivement, il était très moderne déjà
07:44 parce qu'il était très agacé par tout le cérémonial du protocole.
07:53 C'était quelqu'un qui aimait être un peu libre.
07:57 À sourire une jeune femme si ça lui plaît.
08:01 Il souriait comme ça.
08:03 Il était plutôt un peu dragueur.
08:08 Mais pas de la même manière que les autres.
08:11 Parce que les autres c'était plutôt la vieille école.
08:13 Celle du sénateur.
08:15 - Il était dans la séduction.
08:18 D'ailleurs vous avez capté quelques visages de femmes
08:20 qui le regardent comme ça, qui sont un peu en pamoison face à lui.
08:23 - Oui.
08:25 La Foix était aussi quelqu'un qui avait un plutôt bon goût.
08:30 Il s'habillait bien.
08:32 Il avait une idée aussi peut-être de...
08:36 Une bonne idée de la France quand même.
08:38 À l'époque, je crois que j'avais l'impression que...
08:41 que nous n'avions pas tellement le choix.
08:45 Parce qu'en face il n'y avait pas grand-chose.
08:47 Et ce que je trouvais formidable,
08:51 c'est qu'on était quand même très tourné vers l'Amérique.
08:56 Et alors en fait, l'Amérique, ce n'était pas ça qui était intéressant.
09:01 C'est le son, c'est l'arrivée de la parole comme ça.
09:05 Des commentaires libres, sans interview.
09:08 C'est ce texte lancé comme ça.
09:11 Cette façon de parler.
09:13 Et moi c'est ce que je cherchais, bien sûr.
09:19 Et les conversations comme ça dans une voiture, on n'avait jamais vu.
09:23 C'est vrai que c'est saisissant.
09:25 Et on s'imaginait aussi quelque chose de beaucoup plus brillant.
09:28 On se dit, tiens voilà, il y a la déesse qui passe avec des motards.
09:31 Oui, qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur ?
09:32 Qui se dit, ça doit être très brillant ce qu'ils disent.
09:34 Ben non.
09:35 C'était le quotidien.
09:37 Et c'est ça qui est beau dans ce film 74,
09:39 une partie de campagne de Raymond Depardon qui sera diffusée ce dimanche soir à 21h sur France 5.
09:44 Restez avec nous, Raymond Depardon, pour suivre l'actualité des médias dans un instant.
09:48 Et puis on ira faire un petit tour de votre carrière tout à l'heure.
09:50 Le journal des médias de Julien Pichenay arrive dans un instant.
09:53 Ce matin, on va parler de Bonjour la matinale TF1 qui va être légèrement retouchée.
09:58 Et puis on va parler d'un sujet qui va vous intéresser, Raymond Depardon.
10:01 Un documentaire sur Jackie Kennedy qui sera diffusé dimanche sur France 2
10:05 à l'occasion des 30 ans de sa mort.
10:07 A tout de suite sur Europe 1.
10:08 9h30/11h, Thomas Hill sur Europe 1.

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