1er mai : une mobilisation phagocyté par l’extrême-gauche
Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00 Heureux Pinsoir, 19h21, Pierre De Villeneuve.
00:04 Avec dans un instant nos amis, chroniqueurs, débatteurs du soir.
00:09 Bonsoir Jean-Claude Lassier.
00:10 Salut, bonsoir.
00:11 Chroniqueur politique, bonsoir à Paul Melun.
00:13 Bonsoir Pierre.
00:14 Et C.I.C.
00:15 l'auteur de Libérez la gauche, la confession d'un enfant du peuple.
00:18 Messieurs, premier chapitre politique, on va revenir sur ce premier mec qui comme on
00:21 l'a dit dans les titres à 19h a été phagocyté, détourné, la fête des travailleurs qui était
00:27 celle justement où on savourait le travail bien fait, l'arrivée du printemps, on fêtait
00:33 ça tous ensemble, a été détourné par des slogans qu'on a entendus, qu'on a vus, on
00:37 va en parler dans un instant.
00:39 D'abord je voudrais quand même qu'on entend Raphaël Glucksmann puisque le candidat aux
00:43 européennes socialistes pour la liste place publique a été non pas chahuté mais était
00:47 carrément éjecté alors qu'il voulait participer benoîtement à la manifestation du 1er mai
00:54 à Saint-Etienne.
00:55 On écoute Raphaël Glucksmann.
00:56 La brutalisation actuelle du débat public est extrêmement dangereuse et qu'il faut
01:03 y mettre un terme.
01:04 Aujourd'hui on doit s'accorder sur une chose, il y a des élections qui sont des élections
01:11 décisives qui doivent être l'occasion d'un débat de fond sur ce que nous voulons faire
01:16 de l'Europe et ces groupuscules là ne doivent pas perturber la bonne tenue du débat démocratique
01:25 dans notre pays.
01:26 Nous sommes une digue face à la brutalisation du débat.
01:31 Voilà donc pour Raphaël Glucksmann qui s'exprimait juste après cette entrée ratée au 1er mai,
01:38 au 1er mai de Saint-Etienne, à cette manifestation dans laquelle il voulait participer.
01:41 Il a essuyé des jets de peinture notamment.
01:45 J'accueille Philippe Doucet.
01:46 Bonsoir Philippe.
01:47 Bonsoir.
01:48 Vous êtes membre du conseil national du PS.
01:49 Comment est-ce que vous réagissez à cette éviction de Raphaël Glucksmann à Saint-Etienne?
01:54 C'est évidemment triste pour le débat public puisque finalement ce qui ressort de
02:00 cette affaire-là, Raphaël Glucksmann était à Saint-Etienne.
02:02 Pourquoi?
02:03 Parce qu'il y a un plan social qui va être tombé sur les salariés du groupe Casino
02:07 et que par ailleurs Saint-Etienne est historiquement une ville avec beaucoup d'organisations syndicales
02:12 qui y sont nées et le mouvement mutualiste.
02:13 Donc il y a une histoire particulière avec à la fois l'histoire du monde ouvrier et
02:17 aujourd'hui.
02:18 Donc Raphaël Glucksmann était à Saint-Etienne pour cette raison-là.
02:21 Il se trouve que manifestement un certain nombre de militants de Révolution Permanente
02:26 qui est un sous-segment du NPA, donc des Trotsky et puis d'autres militants de la
02:33 mouvance probablement LFI sont rentrés.
02:36 Vous dites probablement mais vous n'en êtes pas sûr parce qu'effectivement Edouard
02:39 Planel a dit que c'était plutôt des Trotskyistes, des communistes.
02:43 Vous pensez qu'il y a aussi du LFI dans le cortège?
02:46 Je ne sais pas mais en tout cas il y a un climat que Raphaël Glucksmann a rappelé
02:49 sur son compte Twitter, il est que depuis des semaines et des semaines il est lui ciblé
02:56 par la mouvance LFI sur les réseaux sociaux.
02:59 Donc là peut-être qu'eux n'étaient pas dans les manifestations mais tout ça crée
03:02 un climat au fur et à mesure.
03:03 Il a dit clairement, nous notre adversaire dans cette élection européenne, c'est un
03:07 enjeu essentiel, il l'a dit lui-même, c'est Jordan Bardella puisque l'extrême droite,
03:13 Jordan Bardella, puisse reconquérir sa fée 40%, donc c'est quand même quelque chose
03:17 très important et que certaines mouvances font que de Raphaël Glucksmann leur adversaire
03:23 principal.
03:24 C'est ce qu'il a dénoncé, ce que nous dénonçons.
03:27 Et Jean-Luc Mélenchon d'ailleurs a désapprouvé totalement, il s'est inscrit en faux sur
03:33 X sur Twitter.
03:34 Cela dit, il y a quand même cette, ça c'est Mélenchon, il ne peut pas s'en empêcher,
03:38 il dit "cette action fournit une diversion médiatique contre le 1er mai et un rôle
03:41 de victime à Glucksmann qui profite pour nous accuser".
03:44 Vous voyez, on renverse la vapeur quand même à la fin.
03:46 - Oui, mais enfin ça vous connaissez la figure rhétorique de Jean-Luc Mélenchon sur ce
03:51 sujet.
03:52 Le fait est que depuis des semaines et des semaines, il regarde effectivement les réseaux
03:55 sociaux pour voir que Glucksmann est la cible.
03:57 Mais pour une raison toute simple, c'est que la liste partielliste, la publique est autour
04:02 de 14% dans les sondages et que celle de LSI est autour de 8%.
04:05 Tout le monde a bien entendu qu'au-delà de l'élection européenne, c'est une recomposition
04:09 de la gauche qui peut se jouer derrière et que si ce score-là adjoignait le 9 juin,
04:15 ce que nous souhaitons, l'image de la gauche, la structuration de la gauche ne sera pas
04:19 la même avant le 9 et après le 9.
04:22 Et évidemment, tout le monde a bien compris l'enjeu pour nous, mais aussi pour les amis
04:26 de Jean-Luc Mélenchon.
04:27 D'où la violence.
04:28 - Merci beaucoup Philippe Doucet, membre du Conseil national du PS, d'avoir passé une
04:31 tête dans Europe Un Soir, messieurs.
04:33 C'est quand même assez effarant.
04:34 Je surveille quand même la place de la nation qui est en ce moment évacuée, comme je le
04:37 disais au titre tout à l'heure, par les forces de l'ordre, 5 000 forces de l'ordre sur place.
04:42 C'est quand même pas rien sur cette place de la nation qui est grande, je veux le bien,
04:45 mais enfin 5 000 personnes, ça fait quand même beaucoup.
04:46 45 interpellations à Paris.
04:48 J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui tourne pas rond là, Paul Melin et Jean-Claude
04:54 Dacier.
04:55 La fête des travailleurs...
04:56 - Nous sommes nos premiers maids d'antan.
04:58 - Oui merci Jean-Claude.
04:59 - Tu as raison, c'est exactement ça.
05:00 La gauche se défait, c'est pas nouveau le phénomène, mais enfin la gauche se défait
05:06 sous nos yeux, et s'apostrophe, bon l'affaire Glucksmann, je ne sais pas si on veut y revenir,
05:11 il était là-bas pour soutenir les travailleurs de casinos.
05:14 - Ce que l'a dit Philippe Dussopt.
05:15 - Absolument.
05:16 Bon, alors là on est qui l'a agressé, qui lui a lancé des pots de peinture ou je ne
05:22 sais quoi, je n'en sais rien.
05:23 - Glucksmann, casse-toi, Palestine vivra.
05:25 - Voilà, alors, et non seulement cette gauche se défait, s'apostrophe, mais en prime, vous
05:32 l'avez dit aussi Pierre, on va y revenir j'imagine, les slogans qu'on a entendus cet après-midi,
05:39 si ce n'est dans tout le défilé, au moins à l'arrivée, Place de la Nation, sont des
05:43 slogans respectés, mais qui n'ont pas grand-chose à voir avec l'objet même du premier mai.
05:49 Donc en effet, il y a quelque chose qui...
05:51 Moi je pense que c'est plus grave et plus profond que ce que je viens de dire, je pense
05:55 que même la valeur travail, peut-être qu'on va y revenir, la valeur travail est profondément
06:00 dégradée et abîmée, notamment chez les jeunes générations, entre le Covid, la télé,
06:06 la télé pour travailler chez soi, la semaine de quatre jours qui pointe son nez, tout ça
06:12 fait que la mentalité de la... pas tous évidemment, mais de la jeune et dernière génération
06:19 me fait quelques soucis tout de même.
06:20 - Paul Mellin.
06:21 - Il faut voir d'où vient le premier mai, effectivement, depuis la fin du 19e siècle,
06:25 le premier mai c'est la fête des travailleurs pour les acquis sociaux aussi qu'il y a derrière,
06:29 donc c'est un grand moment structurant pour la gauche où effectivement on parle de réduction
06:33 du temps de travail, c'était la journée de 8 heures, c'était des grandes conquêtes
06:36 comme ça.
06:37 Que nous soyons passé en quelques décennies du premier mai comme moment clé pour les
06:41 grandes conquêtes sociales, à un moment où on nous parle de Gaza et de la Palestine
06:46 et où les combats disons en lien avec le Proche-Orient prennent une place absolument
06:50 énorme et où le sectarisme pousse à jeter dehors comme un mal propre le candidat socialiste
06:56 ou en tout cas de place publique, c'est proprement scandaleux et ça témoigne d'une mue de
07:00 la gauche, d'une évolution qui est très profonde du combat social vers le combat sociétal,
07:06 de la gauche traditionnelle vers l'islamo-gauchisme, des grandes luttes collectives aux luttes
07:10 individualistes et tout ça ce n'est pas d'aujourd'hui.
07:12 - Et vous remarquerez que c'est comme à Sciences Po, c'est comme dans les facs, c'est-à-dire
07:15 que c'est une minorité face à une majorité qui serait là quand même, il y a eu 121
07:20 000 personnes dans les rues de France aujourd'hui, je ne suis pas sûr qu'ils soient tous pro-Gaza,
07:25 anti-Israël et anti-Glucksmann.
07:26 - D'ailleurs il ne faut pas commettre d'amalgame entre tous les militants sincères, il n'y
07:29 a pas qu'à Paris, en plus il y a des cortèges dans toutes les sous-préfectures de France,
07:33 des gens qui sont des travailleurs, des gens qui se déplacent par conviction politique
07:37 honnête et sincère, qui ne sont pas amalgamables avec les fous furieux d'extrême gauche qui
07:42 viennent bouter hors du débat ceux avec lesquels ils ne sont pas d'accord et qui eux effectivement,
07:46 vous avez raison, c'est un peu les mêmes qu'à Sciences Po en fin de compte, ce sont
07:49 des gens qui sont des censeurs aux petits pieds, des saints justes de barre-tabac, qui
07:52 n'aiment pas avoir des gens face à eux qui ne sont pas d'accord et qui sont l'antithèse
07:55 de la gauche.
07:56 - En même temps, M. Mélenchon ne peut pas être surpris de ce qui arrive, puisqu'il
08:01 est le premier défenseur avec ses amis de se soucier profondément de ce qui se passe
08:07 au Grand Chorion.
08:08 - Et puis il est le docteur à ce genre.
08:09 - Moi j'observe tout de même qu'il se passe des choses aux Etats-Unis qui sont relativement
08:13 nouvelles, il y a eu l'évacuation sans grande difficulté, sans violence en tout cas, à
08:20 Columbia, à New York, au City College, à UCLA, il y a beaucoup, bon le mouvement gagne,
08:27 il est en effet pro-palestinien, ce qui aux Etats-Unis est tout de même souciant, nouveau.
08:33 - Le wokisme aux Etats-Unis, ce n'est pas nouveau dans les grandes écoles.
08:38 - Le wokisme, je le mets un petit peu à part.
08:41 - Mais ce mouvement pro-Gaza en fait, c'est ça.
08:43 - Voilà, mais il y a eu un prolongement du wokisme d'une certaine façon.
08:46 - Oui, mais c'est l'inertie, c'est-à-dire que les uns écoutent les autres et encore
08:49 une fois, je reviens à ce que je disais, c'est une minorité qui est détente sur la majorité.
08:55 - Moi, si vous voulez qu'un certain nombre de voix s'élèvent pour défendre les Palestiniens
09:01 dans leur situation aujourd'hui à Gaza, je le comprends, non seulement je le comprends,
09:06 mais ça peut tout à fait s'entendre, mais beaucoup de ces voix qui s'élèvent, je ne
09:10 sais pas ce que ça a donné à Paris cet après-midi, mais vont plus loin que ça, et
09:15 avec leur réalité, la destruction d'Israël et son évacuation, je ne sais pas très bien où.
09:21 - Le problème, c'est pas le défense du peuple palestinien, c'est ça ?
09:23 - On va marquer une pause, les amis, si vous voulez bien.
09:25 On va accueillir dans un instant Maïla Sany qui va nous faire un rappel exhaustif de l'actualité,
09:32 et juste après, on revient pour parler justement de cette actualité, et on surveille aussi
09:35 la place de la nation.