- 16/04/2024
C'est un crime tellement gratuit et abominable qu'il semble porter, à lui tout seul, tous les ingrédients d'un acte de démence. Sauf qu'aucun des psychiatres qui se sont succédés pour examiner Dahbia Benkired, 26 ans, n'ont noté chez elle le moindre signe de folie. Et n'ont pas non plus entendu dans sa bouche un premier mot de compassion pour la petite Lola Daviet, douze ans. Une adolescente aux cheveux blonds, prise au piège au retour de son collège, une après-midi de l'automne 2022 à Paris. Livrée par cette jeune femme aux pires tourments puis à la mort. Sans raison précise si ce n'est la volonté de faire le mal.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 15 avril 2024
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00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05 Jean-Alphonse Richard.
00:06 C'est une journée comme les autres.
00:07 Elle rentre toute seule du collège, elle a son badge, elle a tout.
00:10 Sauf que là, il y a cette fille qui passe devant, qui rentre.
00:14 Il y a ma fille qui passe derrière.
00:15 Elle est rentrée à 15h27.
00:17 Puis c'est la dernière fois qu'on la voit.
00:19 Et puis après, il s'est passé ce qui s'est passé.
00:21 On a retrouvé ma fille à 23h dans une malle en plastique.
00:24 Et une fois que tout bascule, c'est une horreur.
00:28 Bonjour, c'est un crime tellement gratuit et abominable
00:31 qu'il semble porter à lui tout seul tous les ingrédients d'un acte de démence.
00:36 Sauf que pas un seul des psychiatres qui se sont succédés
00:40 pour examiner Dabia Benkired, 26 ans aujourd'hui,
00:43 n'ont noté chez elle de signes de folie.
00:46 Une après-midi de l'automne 2022, c'est cette jeune femme
00:50 qui a entraîné dans un piège la petite Lola Davie, 12 ans.
00:53 Elle rentrait de son collège.
00:55 Elle lui a fait subir les pires tourments, puis lui a donné la mort.
00:59 Un crime sans raison précise, si ce n'est la volonté de faire le mal.
01:04 A l'époque, la mort de Lola va révulser la France entière.
01:07 L'enquête va alors découvrir le visage d'une meurtrière au parcours erratique,
01:11 algérienne sans papiers et sans domicile fixe,
01:14 interdite de séjour, qui peu à peu glissait vers les marges de la société.
01:19 Deux ans d'enquête ont-ils éclairé cette tragédie ?
01:21 Sait-on précisément aujourd'hui comment et surtout pourquoi
01:24 la collégienne a perdu la vie ? Y aura-t-il un procès ?
01:28 Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:30 Lola, 12 ans, le meurtre insensé de la rue Manin.
01:34 Sur les images, on voit la femme faire un geste à la petite fille.
01:37 Elle n'a pas l'air rassurée du tout.
01:39 Quelque chose de pas normal est en train de se passer.
01:43 L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fédérée,
01:47 verra tout de suite sur RTL.
01:50 Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:52 Et l'heure du crime.
01:54 14h30, 15h30, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
02:00 Et l'heure du crime.
02:02 Dans l'heure du crime, aujourd'hui, la disparition et le meurtre de la petite Lola, 12 ans,
02:06 à l'automne 2022, dans le 19e arrondissement de Paris.
02:10 Au fil des heures, un scénario des plus horribles va se dessiner.
02:13 La suspecte numéro 1 est une femme dont on ne sait rien
02:17 et qu'il va falloir retrouver.
02:19 Vendredi 14 octobre 2022, autour de 15h20,
02:23 Johan Davie, gardien de l'immeuble au 119 de la rue Manin,
02:27 non loin du parc des Buttes-Chaumont,
02:29 est surpris de ne pas voir sa fille rentrer.
02:32 Delphine Davie, la maman, qui travaille également comme gardienne dans le quartier,
02:36 ne l'a pas vue non plus.
02:37 À midi, Lola, 12 ans, est passée à l'appartement pour déjeuner avec ses parents,
02:42 puis est retournée au collège Georges Brassens,
02:45 à 300 mètres à peine, juste derrière l'immeuble.
02:48 Les parents filent au collège.
02:50 On leur assure que Lola est sortie après le dernier cours, à 15h pile.
02:54 Aucune trace d'elle dans ce quartier calme, bien fréquenté.
02:58 Johan et Delphine Davie font le tour du pâté de maison,
03:01 interpellent des passants, des commerçants,
03:03 appellent les hôpitaux, en vain.
03:05 Vers 17h, le commissariat est alerté.
03:08 Johan Davie visionne alors les images de vidéosurveillance à l'entrée de l'immeuble.
03:13 Il a la surprise de voir sa fille dans le hall.
03:15 Celle-ci n'est pas seule, une femme brune d'une vingtaine d'années l'accompagne.
03:20 La dame lui fait un geste comme si elle lui disait de venir.
03:23 Lola n'avait pas l'air rassurée du tout.
03:25 On comprenait que ce n'était pas normal, ce qui était en train de se passer.
03:29 Un dico parisien, une résidente qui a vu les images.
03:33 Impossible alors de savoir qui est cette femme brune.
03:36 Vendredi, vers 20h, les policiers recueillent le témoignage d'un jeune habitant du quartier.
03:42 Vers 17h, dit-il, une femme l'a abordée, rue Manin, à hauteur du bureau de poste,
03:47 pour qu'il l'aide à transporter une valise, mais aussi une très lourde caisse en plastique munie de roulettes.
03:52 Selon le témoin, la malle dégageait une forte odeur de javel.
03:56 Elle était recouverte d'une couverture avec une tâche rougeâtre qui pouvait être du sang.
04:01 Il y avait quelque chose de compact à l'intérieur.
04:04 La femme lui a dit que c'était un rein et a fait allusion à un trafic d'organes.
04:08 Le témoin a alors pensé qu'il s'agissait d'une personne dérangée. Il est parti.
04:13 La femme a été ensuite vue à une centaine de mètres de l'immeuble, à la hauteur du bar Tabat, le rallye.
04:18 Elle a arrêté un camion pour l'aider à transporter ses affaires, mais le chauffeur a refusé.
04:23 On l'a vue ensuite monter dans une Dacia Lodgy grise, un chauffeur VTC, appelé par la jeune femme.
04:32 Vendredi 23h30, 8 heures après la disparition, un SDF retrouve une malle en plastique posée dans l'une des cours intérieures au 119 rue Manin.
04:41 Elle n'y était pas deux heures auparavant.
04:43 A l'intérieur, le corps de Lola Davier. Ses poignées, ses chevilles sont entravées.
04:48 Le visage est entièrement recouvert de ruban adhésif.
04:51 Les chiffres 1 et 0 sont inscrits sous ses pieds.
04:55 Le légiste indique que Lola est morte asphyxiée.
04:58 Elle a reçu des coups de couteau au visage, au cou et dans le dos après la mort.
05:03 Samedi, 2h du matin, la brigade criminelle identifie le chauffeur VTC qui a transporté la suspecte numéro 1 et ses bagages.
05:11 Interpellé à 6h du matin, Rachid N. explique être un ami de longue date de cette femme, Dabia Benkired, 24 ans.
05:20 Elle n'a pas vraiment de domicile. La veille au soir, elle est passée chez lui.
05:24 Elle a pris une douche, elle a laissé sa robe dans la machine, il lui a prêté un jogging.
05:28 Vers 22h30, elle a voulu retourner à l'immeuble de la rue Manin avec ses bagages.
05:32 Là où vit sa sœur, il a refusé de l'accompagner, a appelé un autre VTC pour la conduire.
05:38 Quelques heures plus tard, Dabia Benkired est interpellée dans une résidence de Bois-Colombe
05:44 qui a toute l'allure d'un squat et où elle a passé la nuit.
05:49 Enquête donc très rapide pour retrouver la suspecte numéro 1, mais enquête qui ne fait que commencer.
05:54 Il va falloir maintenant reconstituer le scénario de ce crime hallucinant qui dépasse l'entendement
06:00 et interroger bien sûr Dabia Benkired, écouter ses explications, savoir déjà si cette femme a toute sa tête
06:06 car au regard des premiers témoignages, on peut évidemment en douter.
06:10 Il nous faut revenir là tout de suite aux premières heures de la disparition.
06:13 Bonjour Timothée Boutry. - Bonjour.
06:15 - Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'Or du crime.
06:18 Vous êtes journaliste, police, justice au journal Le Parisien et vous connaissez bien cette affaire
06:23 puisque vous l'avez suivie évidemment pour Le Parisien et que vous continuez évidemment à la suivre.
06:27 Dans un dossier qui n'est pas clos à l'heure où nous parlons, il n'y a pas encore eu par exemple de procès.
06:31 On va tout de suite percevoir, Timothée Boutry, qu'il y a quelque chose de très grave qui s'est passé
06:37 parce que ce quartier est très calme et cette petite fille, qui n'a que 12 ans, elle s'évapore comme ça très rapidement.
06:44 - Oui, vous l'avez dit, elle est allée au collège cet après-midi, elle a déjeuné avec ses parents, sa famille.
06:49 Elle avait qu'une heure de cours, elle est partie à 14h, elle devait revenir à 15h.
06:53 Elle a 12 ans, elle est collégienne, mais c'est une enfant.
06:57 Une enfant qui disparaît, c'est par nature inquiétant.
07:00 - Inquiétant. - De fait, surtout sur le trajet du collège, il y a des copines, il y a du monde.
07:06 Ce n'est pas normal, donc tout de suite c'est pris très au sérieux.
07:08 - Il y a quelque chose d'étonnant, ce sont ces images de vidéosurveillance.
07:12 Alors là, c'est un indice très important pour les policiers,
07:16 parce que tout de suite on a une idée de ce qui a peut-être pu se passer.
07:19 - Oui, essentiel. En plus, vous l'avez dit, c'est le père de Lola qui lui-même va visionner ces images.
07:24 Comme il est gardien de la résidence, c'est lui qui va faire la découverte la plus importante pour lancer cette enquête.
07:32 Et effectivement, on a vite une hypothèse assez crapuleuse qui se dégage,
07:36 puisqu'elle n'est pas en train de se promener au parc des Buttes-Chaumont qui est tout proche,
07:42 elle n'est pas chez une copine, ou elle n'aurait pas prévenu ses parents,
07:45 ce qu'on peut aussi imaginer pour des adolescents.
07:47 Là, on voit très clairement qu'elle était censée revenir chez elle,
07:50 en tout cas elle était dans le hall de l'immeuble où elle habite avec sa famille,
07:53 avec quelqu'un d'inconnu.
07:55 Donc on sait dès le départ qu'on est sur une piste sérieuse et très inquiétante.
08:00 - Et d'autant plus inquiétante que cette femme, on la voit dans la rue.
08:03 Bonjour Cindy Hubert. - Bonjour.
08:06 - Merci infiniment d'être avec nous dans le studio du crime.
08:08 On vous connaît bien à RTL puisque vous êtes la voix de la justice
08:11 et que vous traitez aussi beaucoup de dossiers de police-justice pour RTL,
08:15 pour le service qui porte ce nom d'ailleurs, Police-Justice.
08:19 Cindy Hubert, alors il y a donc cette femme, on la croise dans la rue en fin d'après-midi,
08:25 elle tient des propos surprenants, incohérents, elle a une attitude un petit peu déroutante.
08:31 Elle parle de trafic d'organes, c'est ça ?
08:33 - En fait cette femme traîne deux valises et une grosse malle en plastique noir
08:37 et elle va alpaguer des passants.
08:39 Un premier, elle lui demande de l'aide avec ses valises,
08:41 puis un deuxième qu'elle traîne jusqu'au bar tabac qui est au coin de la rue.
08:44 Et le passant s'inquiète de ce qu'il y a à l'intérieur de cette malle,
08:48 elle lui dit de ne pas regarder, et puis elle finit par lui dire qu'il y a un rein à l'intérieur,
08:52 ce qui lui fait penser à un trafic d'organes, il prend peur.
08:54 Elle finit par alpaguer un ferrailleur qui passe là,
08:57 qui lui aussi prend peur et la prend pour une folle.
09:00 Et c'est à ce moment là qu'elle va demander de l'aide à un ami.
09:03 - C'est ça, l'aide à un ami, c'est le fameux VTC.
09:05 Alors encore un mot au signe du Uber, la brigade criminelle elle va très vite.
09:08 Ils bossent vraiment très vite sur ce coup là,
09:11 parce que dans la nuit, ils savent qui est cette voiture qui est arrivée,
09:16 ils ont eu un peu de chance, les témoignages sont précis, mais quand même ça va très vite.
09:19 - En fait la première partie c'est qu'elle fait appel à un ami,
09:21 alors en fait c'est plus une connaissance de bar avec qui elle a travaillé dans un café.
09:25 Elle va aller avec lui d'abord à Angers,
09:28 puis elle a envie de revenir sur les lieux,
09:30 elle a envie de revenir dans le 19ème, mais lui il n'a pas envie.
09:32 Et c'est lui qui va appeler un deuxième VTC,
09:35 et c'est grâce à la compagnie qu'on va pouvoir la remonter très vite.
09:38 - C'est ça, on le remonte très vite, mais ça va très vite dans la nuit,
09:41 on interpelle au matin cette femme,
09:44 et puis il y a la découverte du corps, Timothée Boutry.
09:47 Et là c'est effrayant parce qu'il y a plein de points d'interrogation qui sont posés tout de suite.
09:51 On va même se demander si ce n'est pas un meurtre satanique.
09:54 - Oui, vous l'avez dit, il y a ces inscriptions 1 et 0 sur la plombe des pieds de Lola.
10:01 Donc effectivement très intriguant.
10:03 Après plein de points d'interrogation,
10:06 mais malheureusement aussi,
10:09 la réponse la plus inquiétante,
10:13 enfin je veux dire la plus redoutée, pardon,
10:16 c'est un homicide et Lola est décédée.
10:18 - On est d'accord, bien sûr.
10:20 - Après il va falloir remonter,
10:22 mais on connaît malheureusement des histoires de disparition d'enfants qui vont traîner.
10:26 Là on sait dès le départ que c'est un homicide,
10:30 elle est décédée, on a un corps,
10:32 et on remonte assez vite parce qu'il y a beaucoup d'indices et beaucoup de témoignages.
10:35 Et là c'est une enquête à rebours,
10:37 on a quasiment tout depuis le départ,
10:40 on a la victime, on a la suspecte,
10:43 on a à peu près l'enchaînement et on va essayer de comprendre ce qui s'est passé.
10:46 - Elle a subi beaucoup de violence cette petite fille.
10:48 On ne va pas rentrer dans les détails,
10:50 elles sont sordides, mais effectivement,
10:52 encore une fois ça dépasse un peu l'entendement.
10:54 - On peut juste dire que les qualifications pour lesquelles elle est mise en examen,
10:58 c'est l'assassinat,
11:00 et c'est accompagné d'actes de torture de barbarie,
11:02 il y a un viol aussi qui est reconnu,
11:04 donc on ne va pas donner de détails, mais les qualifications sont celles-là.
11:07 - Alors le lendemain, cette femme,
11:09 Dabia Benkired, elle a 24 ans à l'époque,
11:11 elle est algérienne, elle va se retrouver évidemment en garde à vue.
11:14 On va en parler longuement de cette garde à vue,
11:16 mais Cindy Hubert, déjà dites-nous,
11:18 qui est cette femme, on l'a dit, SDF,
11:20 pas vraiment de domicile fixe ?
11:22 - Alors Dabia Benkired,
11:24 elle est née en Algérie, et puis elle est venue
11:26 une première fois en France pour un séjour assez court,
11:28 et puis elle vient finalement rejoindre sa mère
11:30 et ses sœurs, elle a 18 ans,
11:32 elle vient avec un visa étudiant,
11:34 elle voudrait devenir policière ou militaire,
11:36 mais en fait elle fume déjà beaucoup de cannabis,
11:38 jusqu'à 10 jours par jour,
11:40 ce qui fait qu'elle ne va pas y arriver,
11:42 elle va passer un CAP en restauration,
11:44 elle va vivoter,
11:46 elle va faire plusieurs jobs,
11:48 elle va aller vivre à droite à gauche,
11:50 notamment chez sa sœur,
11:52 et puis il y a la mort de sa mère qui semble
11:54 être un point de rupture.
11:56 Et à partir de là, il y a une errance,
11:58 où il commence à y avoir des délires,
12:00 notamment l'été,
12:02 qui précède le drame,
12:04 sa sœur va raconter que parfois
12:06 elle se réveille la nuit, et qu'elle commence à avoir
12:08 des délires.
12:10 - Et puis elle est sous OQTF,
12:12 dites-nous en un mot, parce qu'on en a beaucoup parlé,
12:14 c'est polémique, cette femme, elle était
12:16 menacée d'expulsion, c'est ça ?
12:18 - En fait elle est arrivée avec un visa étudiant qu'elle n'a jamais renouvelé,
12:20 et à l'été qui précède le drame,
12:22 on la retrouve à l'aéroport,
12:24 elle est en zone d'embarquement,
12:26 elle n'a évidemment absolument pas le droit d'être là,
12:28 c'est à ce moment-là qu'on lui formule
12:30 cet OQTF, elle doit quitter le territoire,
12:32 elle a 30 jours, elle ne partira pas,
12:34 et donc en réalité quand on l'arrête, elle n'a pas de papier,
12:36 elle est en situation illégale en France.
12:38 - Juste une petite question, Timothée Boutry,
12:40 on se pose aussi la question, est-ce qu'elle a toute sa tête ?
12:42 Ça va être la grande question aussi, tout de suite.
12:44 - Ah bah bien sûr, c'est une interrogation majeure,
12:47 puisque, bah, a priori,
12:50 ça se confirme, elle ne connaissait pas du tout Lola,
12:52 donc pourquoi s'en prendre à cette jeune fille ?
12:55 Évidemment, il y a une question du mobile,
12:57 les circonstances aussi du décès,
12:59 on les a indiquées, sont très particulières,
13:01 ces inscriptions, donc voilà,
13:03 c'est quand même la première question,
13:05 et les déclarations aussi en garde à vue
13:07 entretiennent aussi ce flou, ce mystère
13:10 et ces questions sur son état de santé.
13:13 - Dabia Benkired est en garde à vue,
13:15 puis bientôt devant le juge,
13:17 mais que va-t-elle raconter ?
13:19 Lola, 12 ans, le meurtre insensé de la rue Manin,
13:22 je l'ai forcée à monter avec moi dans l'ascenseur,
13:24 je l'ai un peu tapée, j'ai abusé un peu,
13:27 histoire d'avoir mon plaisir, et point barre.
13:29 L'enquête de l'heure du crime,
13:31 on se retrouve dans un instant.
13:34 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL,
13:38 Jean-Alphonse Richard.
13:40 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL,
13:44 Jean-Alphonse Richard.
13:46 - Au programme, aujourd'hui, de l'heure du crime,
13:48 le meurtre sans raison apparente
13:50 de la petite Lola, 12 ans,
13:52 dans le 19e arrondissement de Paris,
13:54 le 14 octobre 2022,
13:56 l'adolescente est morte étouffée, a subi des violences,
13:58 le lendemain, la meurtrière présumée
14:00 est en garde à vue.
14:02 Samedi 15 octobre 2022,
14:04 Dabia Benkired est interrogée
14:06 dans les locaux de la brigade criminelle.
14:08 Quatre autres personnes, deux hommes
14:10 chez qui elle a passé la nuit,
14:12 le chauffeur VTC qui l'a aidé à transporter la malle
14:14 contenant le corps, mais aussi sa soeur,
14:16 Fria, sont également en garde à vue.
14:18 La première audition de Dabia Benkired
14:20 commence peu avant 17h.
14:22 Elle tient alors des propos fantaisistes
14:24 ou bien refuse de répondre.
14:26 Le vendredi du crime,
14:28 elle raconte qu'elle était chez sa soeur,
14:30 dans le studio au 6e étage du 119 rue de la rue Manin.
14:32 En fin de matinée,
14:34 elle est allée traîner sur les Champs-Elysées.
14:36 Elle indique ne pas connaître Lola.
14:38 Quatrième audition,
14:40 elle admet avoir croisé la petite fille.
14:42 Elle n'avait pas de passe
14:44 pour entrer dans l'immeuble,
14:46 elle a donc vu cette fille arriver
14:48 qui lui a refusé de lui prêter le sien.
14:50 Dabia Benkired a insisté.
14:52 "Elle m'a déverrouillé la porte,
14:54 j'avais mes valises à aller chercher,
14:56 je l'ai forcée à monter avec moi
14:58 dans l'ascenseur."
15:00 La suspecte explique qu'au 6e, Lola a pris peur.
15:02 "Je l'ai forcée à rentrer chez moi,
15:04 je l'ai un peu tapée."
15:06 Elle raconte avoir conduit la petite fille
15:08 sous la douche, elle lui a infligé des violences sexuelles.
15:10 "J'ai abusé un peu,
15:12 histoire d'avoir mon plaisir et point,
15:14 bar, confitelle."
15:16 Bien les coups, avec un couteau et des ciseaux,
15:18 elle écrit spontanément sur les pieds 1 et 0
15:20 avec du vernis à ongles rouges.
15:22 Elle ignore pourquoi elle a fait ça.
15:24 Les policiers décrivent une femme
15:26 qui n'est pas du tout bouleversée,
15:28 qui ne manifeste ni regrets, ni émotions.
15:30 La soeur aînée de Dabia, Frida Benkired,
15:34 26 ans, dit avoir travaillé
15:36 toute la journée de vendredi.
15:38 Elle est rentrée chez elle, rue Manin,
15:40 à 22h10. Elle a croisé des policiers
15:42 devant l'immeuble. Ils recherchaient
15:44 une petite fille. Frida
15:46 a découvert le studio en désordre.
15:48 "Dabia, c'est la mauvaise graine
15:50 de la famille, elle nous a causé
15:52 beaucoup de soucis", déclare-t-elle au policier.
15:54 Frida Benkired précise
15:56 que depuis le mois de juillet, sa soeur
15:58 racontait des choses bizarres.
16:00 Elle avait vendu son âme, elle se disait
16:02 envoûtée. Frida avait
16:04 mis ses délires sur le compte
16:06 d'une consommation excessive de shit
16:08 ou d'hallucinogènes.
16:10 Dimanche 16 octobre,
16:12 lors de la 5e audition de Gardavu,
16:14 Dabia Benkired revient
16:16 sur ses déclarations. "Tout ce que je
16:18 vous ai raconté tout à l'heure, c'était un cauchemar
16:20 que j'ai fait", affirme-t-elle.
16:22 Elle raconte qu'en fait,
16:24 elle s'est battue contre Lola
16:26 qui menaçait de la tuer. Elle ajoute
16:28 "J'ai dit toute la vérité,
16:30 j'oserais pas tuer une personne
16:32 en fait, je suis pas folle,
16:34 j'ai rien à voir avec tout ça".
16:36 Dabia Benkired est mise en examen
16:38 pour meurtre de mineure en lien
16:40 avec un viol et des actes de torture
16:42 et barbarie. Elle est écrouée
16:44 à Frennes, Rachid N.,
16:46 43 ans, le chauffeur VTC qui était venu
16:48 la chercher, rue Manin, est mise
16:50 en examen pour recelle de cadavre
16:52 mais il est laissé libre.
16:54 Et la première question
16:56 qui va bien sûr se poser et qui d'ailleurs se pose
16:58 depuis presque les premières minutes
17:00 de cette affaire,
17:02 première question après 48h de garde à vue
17:04 est de savoir si Dabia Benkired est apte
17:06 à être interrogée et peut-être
17:08 un jour jugée. Est-elle
17:10 réellement dérangée ou bien tente-t-elle
17:12 de se faire passer pour folle ? Il y a plusieurs explications
17:14 en tout cas les experts et les psys
17:16 vont arriver aux mêmes conclusions.
17:18 Quelles sont-elles ces conclusions ? Eh bien on va le voir
17:20 dans la suite de
17:22 l'émission. Cindy Hubert,
17:24 on vous retrouve dans cette heure du crime, journaliste à RTL,
17:26 spécialiste
17:28 police
17:30 justice et vous connaissez bien
17:32 ce dossier.
17:34 La garde à vue, elle craque
17:36 à la quatrième audition,
17:38 les aveux, là elle donne beaucoup de détails
17:40 quand même à cette femme.
17:42 - Elle donne tellement de détails que même les enquêteurs
17:44 en sont embarrassés, ils ne savent pas trop bien
17:46 quoi faire de cette femme. On est sur des enquêteurs
17:48 de la brigade criminelle, des enquêteurs aguerris,
17:50 et qui sont un peu décontenancés
17:52 face à son attitude.
17:54 Elle est très précise et en même temps
17:56 très désinvolte, puis elle tient
17:58 des propos inquiétants, elle parle du diable,
18:00 elle s'est battue contre un fantôme,
18:02 et elle va dérouler ce qui s'est passé dans
18:04 ce huis clos qui dure presque une heure
18:06 trente dans l'appartement. Elle parle
18:08 du visage de Lola, qu'elle a
18:10 scotché au visage, c'est d'ailleurs comme ça on le sait que la
18:12 petite va mourir, elle meurt
18:14 d'asphyxie, et puis elle va décrire
18:16 c'est assez
18:18 glaçant en fait,
18:20 elle se prend un café, elle écoute de la musique,
18:22 puis ensuite il y a ses coups de couteau,
18:24 et elle va décrire comme ça pendant toute cette audition
18:26 avant de revenir sur ses aveux.
18:28 - Alors c'est très étonnant ce que vous racontez
18:30 parce qu'il y a à la fois ce mélange de précision,
18:32 presque technique,
18:34 avec beaucoup de froideur,
18:36 presque du cynisme on a l'impression,
18:38 et puis à la fois elle est instable,
18:40 elle raconte un peu n'importe quoi,
18:42 il y a tout ce mélange, c'est très difficile
18:44 à suivre pour les policiers. - Et puis après dans la 5ème
18:46 et la 6ème audition, elle va dire qu'elle a menti,
18:48 qu'elle s'est baintie contre un fantôme,
18:50 elle invoque le diable, alors c'est très compliqué
18:52 de savoir, mais en même temps
18:54 elle donne des détails qu'elle seule peut savoir,
18:56 et qui correspondent aussi aux résultats de l'autopsie.
18:58 Les coups de couteau, les coups de ciseaux,
19:00 le vernis rouge, il n'y a que elle qui peut
19:02 savoir ça, et elle le dit avec
19:04 une froideur
19:06 déconcertante devant les photos de la petite Lola
19:08 que lui présentent les enquêteurs. - Oui bien sûr,
19:10 ces détails ne sont pas encore sortis, dans la presse
19:12 ça va trop vite, on est déjà à la garde à vue,
19:14 et effectivement il y a des détails
19:16 qu'elle seule peut connaître.
19:18 Timothée Boutry, vous êtes journaliste
19:20 police-justice sur Parisien, et vous aussi vous connaissez
19:22 parfaitement ce dossier.
19:24 Il y a un détail important dans ce qu'elle raconte,
19:26 cette femme, elle dit qu'elle s'est disputée
19:28 avec Lola à propos du
19:30 pass magnétique d'entrée dans l'immeuble.
19:32 Mais ça les parents de Lola
19:34 vont démentir, et elle va dire
19:36 qu'elle s'était disputée avec sa mère aussi.
19:38 - Exactement, elle dit que le matin
19:40 elle s'est disputée avec la mère de Lola
19:42 qui n'a pas voulu lui donner un pass
19:44 pour entrer dans l'immeuble, ce qu'elle va
19:46 totalement démentir, la mère de Lola, elle ne connaît pas
19:48 cette femme, elle ne s'est jamais disputée avec elle,
19:50 le papa de Lola lui-même
19:52 ne la connaît pas, donc en fait ça c'est
19:54 une fausse explication, manifestement,
19:56 en tout cas elle est corroborée par aucun témoignage
19:58 des deux participaux concernés.
20:00 Donc voilà, on peut s'interroger,
20:02 est-ce qu'elle a voulu quelque part
20:04 légitimer, justifier
20:06 ce passage à l'acte totalement insensé comme vous l'avez dit ?
20:08 Est-ce qu'elle a voulu se construire une histoire
20:10 pour tenter d'avoir
20:12 un espèce de fondement un peu rationnel
20:14 par rapport à ce qui s'est passé ? Peut-être,
20:16 mais en tout cas, manifestement, ça ne correspond à rien du tout.
20:18 - On peut suspecter qu'il y a un début de fabrication
20:20 finalement de l'histoire, ou en tout cas
20:22 l'essai de trouver une voie pour
20:24 alléger sa responsabilité,
20:26 peut-être, je ne sais pas, c'est une question.
20:28 - Alléger sa responsabilité, je ne sais pas,
20:30 mais offrir
20:32 un début d'esquisse,
20:34 c'est redondant, mais une esquisse d'explication
20:36 à ce qui fait qu'elle aurait
20:38 pu basculer parce qu'elle avait du renseignement
20:40 par rapport à cette famille,
20:42 et qu'elle s'en serait prise à la fille.
20:44 Bon,
20:46 c'est manifestement faux,
20:48 ça ne va pas très loin,
20:50 bon, voilà, ça ne correspond pas
20:52 à la réalité. - Signe d'Hubert,
20:54 vous décriviez tout à l'heure ce qu'elle a raconté,
20:56 lors de ce Gare d'Avue, encore une fois,
20:58 on ne va pas rentrer dans les détails aujourd'hui parce que
21:00 c'est épouvantable, tout simplement,
21:02 il n'y avait pas d'autres termes.
21:04 Les policiers vont dire,
21:06 et ce sont les policiers, je ne parle pas des psychiatres,
21:08 ils vont dire "il n'y a pas d'empathie, il n'y a pas de regret".
21:10 Ils sont frappés, les policiers,
21:12 par ça. Ce sont des gens
21:14 expérimentés, vous l'avez dit. - Il y a une phrase
21:16 de Dabia Benkired qui raconte
21:18 tout, en fait, devant les photos, elle dit "ça ne me
21:20 fait ni chaud ni froid". - Elle le dit comme ça ?
21:22 - Voilà, c'est une phrase qu'elle dit,
21:24 et c'est évidemment quelque chose
21:26 qui rend le crime encore plus atroce,
21:28 c'est-à-dire, pourquoi elle s'en est prise à cette
21:30 petite fille qu'elle ne connaissait pas ? On est sur un crime
21:32 gratuit, et c'est ça qui fait
21:34 toute l'horreur de ce drame.
21:36 - Alors, un mot sur les autres acteurs
21:38 qui sont satellitaires,
21:40 qui sont annexes dans cette histoire.
21:42 Il y a tout d'abord la
21:44 soeur, Fria, qui va être
21:46 mise en cause, elle va être interrogée, ce qui est
21:48 bien normal, elle l'ébergait
21:50 sa soeur. Alors, elle,
21:52 elle la décrit comme une personne
21:54 "la mauvaise graine", elle va dire.
21:56 - C'est quelqu'un qui
21:58 est en cause du souci à la famille depuis
22:00 plusieurs années, voilà.
22:02 - Elle est un peu toxique, c'est ça ?
22:04 - Elle est tout le temps en demande,
22:06 elle a toujours besoin de quelque chose,
22:08 elle vient que quand elle a besoin de quelque chose,
22:10 et effectivement, depuis quelques
22:12 mois, ces soucis
22:14 qui relèvent peut-être de la psychiatrie
22:16 s'étaient accentués ces derniers mois,
22:18 et commençaient à prendre de l'ampleur, et d'ailleurs,
22:20 elle venait sans cesse, sans prévenir,
22:22 dormir chez sa soeur, lui prendre ses affaires,
22:24 elle retrouvait sans cesse son appartement
22:26 son dessus-dessous, et
22:28 quand elle l'appelle, donc,
22:30 Dabielle Benkired, quand elle revient dans le 19ème
22:32 arrondissement, appelle sa soeur,
22:34 sa soeur sent tout de suite qu'il y a un souci,
22:36 "mais qu'est-ce qu'il y a dans cette malle ?"
22:38 Il est un peu plus de 23h,
22:40 elle l'appelle à l'aide,
22:42 et sa soeur a un pressentiment,
22:44 elle comprend que quelque chose ne va pas, alors bien entendu,
22:46 elle ne se doute pas qu'il y ait une petite fille
22:48 dans cette malle, elle pense peut-être à
22:50 de la drogue, elle pense à autre chose,
22:52 mais elle décide de ne pas l'aider.
22:54 - Voilà.
22:56 - Elle décide de ne pas l'aider.
22:58 - Voilà, et donc c'est comme ça qu'elle laisse cette malle
23:00 en plein milieu de la cour, et qu'on va la retrouver
23:02 finalement peu de temps après.
23:04 - Il faut préciser, je ne vais pas intervenir,
23:06 qu'elle est sortie libre de sa garde à vue, sans aucune charge.
23:08 - C'est ce que j'allais vous dire.
23:10 Vous voyez, je vais vous précéder,
23:12 j'allais vous poser la question, effectivement, la soeur,
23:14 il n'y a pas de charge contre elle,
23:16 etc., mais ce qui est d'ailleurs
23:18 étonnant, que la soeur qui était
23:20 au contact de cette femme n'ait pas vu
23:22 le danger qu'elle pouvait présenter.
23:24 C'était un peu compliqué, comme d'ailleurs
23:26 Timothée Boutry,
23:28 le chauffeur VTC.
23:30 Le chauffeur VTC, lui,
23:32 il vient de bonne foi aider cette femme qu'il connaît.
23:34 - Lui, il était mis dans l'examen, donc
23:36 on a déjà une différence.
23:38 - Mais une dissimulation de cadavre.
23:40 - C'est quand même une différence majeure entre les deux.
23:42 Lui, on ne le reproche pas d'avoir su non plus,
23:44 d'avoir su qu'il transportait
23:46 un cadavre.
23:48 Lui, il le conteste aussi,
23:50 les charges qui sont en tout contre lui, mais c'est différent
23:52 vraiment de la soeur, elle est totalement hors de cause.
23:54 Ça s'est passé chez elle,
23:56 donc, voilà,
23:58 elle a subi
24:00 un impact aussi de cette affaire.
24:02 En plus, elle a été expulsée derrière, alors qu'elle était quand même
24:04 parfaitement insérée, qu'elle travaillait depuis toujours.
24:06 C'est de l'affaire dans l'affaire.
24:08 Le chauffeur VTC, lui,
24:10 il connaissait
24:12 Dabia, il est venu,
24:14 il a transporté
24:16 ses valises, cette malle,
24:18 on ne le reproche d'avoir pu au moins
24:20 se douter de ce qui se passait.
24:22 Les enquêteurs de personnalité,
24:24 psychologues et psychiatres vont se pencher
24:26 sur le cas Dabia Benkired.
24:28 Lola, 12 ans,
24:30 le meurtre insensé de la rue Manin.
24:32 Ni empathie, ni préoccupation pour la victime
24:34 et sa famille, risque de violence
24:36 très élevé. L'enquête aujourd'hui
24:38 de l'heure du crime, la meurtrière sera-t-elle
24:40 apte à comparaître un jour devant
24:42 une cour d'assises ? C'est à suivre
24:44 dans un court instant sur RTL.
24:46 14h30,
24:48 15h30, l'heure du crime
24:50 sur RTL.
24:52 L'heure du crime,
24:54 Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30
24:56 sur RTL. Un discernement
24:58 qui n'est ni altéré, ni aboli,
25:00 veut dire que Dabia peut être jugée,
25:02 qu'au moment des faits, elle n'avait pas perdu
25:04 son libre arbitre. L'expert l'a rencontrée
25:06 à trois reprises dans sa cellule de prison
25:08 de Fresnes. Il l'a décrit comme narcissique,
25:10 psychopatique, dangereuse.
25:12 Retour aujourd'hui, dans l'heure du crime,
25:14 sur le meurtre de Lola, 12 ans,
25:16 en octobre 2022, dans le 19e
25:18 arrondissement de Paris.
25:20 Agressée et tuée par Dabia Benkired,
25:22 une jeune femme au profil chaotique,
25:24 est-elle réellement fragile psychiquement
25:26 ou se dissimule-t-elle derrière
25:28 une confusion de façade ?
25:30 Dans les jours qui suivent la garde à vue,
25:32 Dabia Benkired est entendue par
25:34 une enquêtrice de personnalité.
25:36 La suspecte raconte peu de choses
25:38 sur son parcours et sur le fait qu'elle soit
25:40 en situation irrégulière depuis 4 ans.
25:42 Frappée depuis le mois de juillet
25:44 d'une obligation de quitter le territoire,
25:46 mesure qu'elle n'a pas respectée.
25:48 Elle évoque une existence instable,
25:50 faite de petits boulots et de nuits passées,
25:52 à droite, à gauche.
25:54 L'enquêtrice note son calme
25:56 et la trouve même apathique.
25:58 "Une femme qui ne trahit aucune émotion
26:00 et prend tout avec une philosophie
26:02 déconcertante", écrit la spécialiste.
26:04 La sœur de Dabia Benkired
26:06 est également questionnée,
26:08 a décrit une maligne, à forte
26:10 personnalité, qui obtient toujours
26:12 ce qu'elle veut.
26:14 Lundi 28 novembre 2022,
26:16 un mois après le crime,
26:18 le psychiatre chargé d'examiner Dabia Benkired
26:20 indique que celle-ci
26:22 ne souffre d'aucun trouble
26:24 psychique ou neuropsychique
26:26 ayant aboli ou altéré
26:28 son discernement. Le médecin
26:30 dresse un portrait sombre de la suspecte
26:32 sur le plan social. Sa dangerosité
26:34 doit retenir toute l'attention.
26:36 Le risque de violence est évalué
26:38 comme très élevé, selon le rapport.
26:40 La jeune femme est très narcissique,
26:42 elle présente une tendance à la
26:44 manipulation et tente toujours de semer
26:46 la confusion chez son interlocuteur.
26:48 Le spécialiste note une tendance
26:50 pathologique aux mensonges,
26:52 mais aussi aucune empathie,
26:54 aucun sentiment de culpabilité.
26:56 Deux ans plus tard, 15 janvier
26:58 2024, nouveau rapport,
27:00 deux experts confirment l'absence de trouble
27:02 psychiatrique chez Dabia Benkired.
27:04 Elle fait mine de ne pas pouvoir
27:06 s'exprimer sur ses motivations
27:08 ou donne des réponses courtes, creuses,
27:10 vides de sens.
27:12 L'absence d'empathie est à nouveau
27:14 soulignée. Aucune
27:16 préoccupation pour la victime
27:18 et sa famille est-il
27:20 écrit.
27:22 Et dans cette heure du crime, on est
27:24 avec l'une de nos invités, c'est Cindy
27:26 Hubert, journaliste police-justice
27:28 à RTL. Alors Cindy Hubert,
27:30 vous connaissez bien effectivement ces histoires de justice,
27:32 vous savez comment les psys
27:34 peuvent travailler dans ce genre de dossier
27:36 et ils sont souvent très très importants, leur avis
27:38 est très écouté pour les procès
27:40 aux assises. J'étais un peu surpris
27:42 parce qu'il est rare que
27:44 deux équipes de psys finalement
27:46 à deux ans d'intervalle
27:48 écrivent quasiment la même chose.
27:50 On peut superposer les copies.
27:52 Vous l'avez compris, on a deux expertises dans ce dossier,
27:54 donc il y a cette première expertise qui a été
27:56 faite par un seul expert qui va aller la voir
27:58 trois fois. Qu'est-ce qu'il dit en réalité ?
28:00 Il dit que la folie
28:02 de ce meurtre, elle n'implique pas nécessairement
28:04 la folie de son auteur.
28:06 Ça veut dire qu'on a quelqu'un qui ne souffre
28:08 pas de maladie psychiatrique, qui a une
28:10 personnalité qui est compliquée, manipulatrice,
28:12 dangereuse,
28:14 mais pour autant il n'y a pas d'altération,
28:16 il n'y a pas d'abolition du discernement.
28:18 Et c'est la même chose que vont dire les deux autres
28:20 experts qui vont aussi la voir
28:22 trois fois et bien plus tard
28:24 alors qu'elle est dans un état mental
28:26 peut-être encore un peu différent, elle n'est plus
28:28 incarcérée en prison, on le verra,
28:30 elle est incarcérée dans une autre unité
28:32 et qui va dire la même chose, il n'y a pas d'altération,
28:34 il n'y a pas d'abolition du discernement.
28:36 Qu'est-ce que ça veut dire ? Eh bien ça veut dire
28:38 qu'elle a agi en toute conscience
28:40 et qu'elle va pouvoir être jugée
28:42 par une cour d'assise. - Mais c'est assez rare quand même
28:44 Cindy, qu'on trouve
28:46 les mêmes explications
28:48 de psychiatres différents
28:50 et encore une fois à deux ans d'intervalle, ça veut dire que son
28:52 mental n'a pas évolué ?
28:54 - Je ne suis pas sûre que ça soit rare,
28:56 en tout cas c'est
28:58 assez intéressant de voir
29:00 que les conclusions sont
29:02 très similaires et évidemment c'est
29:04 l'avocat qui avait demandé, l'avocat de la défense
29:06 qui avait demandé de faire cette contre-expertise.
29:08 Elle était évidemment fondamentale,
29:10 on ne peut pas juger quelqu'un qui est
29:12 fou et donc on avait besoin
29:14 de cette deuxième expertise, aujourd'hui
29:16 plus rien ne s'oppose à un procès.
29:18 - Justement, Timothée Boutry, vous êtes
29:20 journaliste de police-justice au journal Le Parisien
29:22 et ce dossier, évidemment, vous le suivez
29:24 depuis le début, est-ce que
29:26 les feux sont au vert aujourd'hui pour une
29:28 comparution devant une cour d'assises ?
29:30 Alors on peut imaginer d'autres expertises mais...
29:32 - A priori, il ne devrait pas y en avoir d'autres.
29:34 De ce que j'ai cru comprendre,
29:36 oui, enfin,
29:38 les faits sont de nature
29:40 criminelle, il n'y a aucun doute.
29:42 On a une mise en examen
29:44 qui peut au prou à reconnaître sa participation.
29:46 Quand bien même elle ne la reconnaîtrait pas, ce n'est pas ça qui empêcherait
29:48 une mise en examination dans la cour d'assises.
29:50 Mais oui, le seul obstacle
29:52 c'est évidemment sa responsabilité pénale,
29:54 est-ce qu'elle est engagée ou pas,
29:56 et c'est le cas. Et là, on a deux expertises convergentes.
29:58 Vous l'avez dit, Cindy l'a dit,
30:00 et des conclusions similaires. C'est intéressant parce que
30:02 la dernière expertise, elle reprend
30:04 aussi les experts ont examiné son dossier
30:06 médical et elle est actuellement
30:08 en UMD, on va expliquer ce que c'est.
30:10 Et les conclusions des psychiatres qui
30:12 la suivent au jour le jour convergent
30:14 aussi avec
30:16 ceux des experts mandatés par les magistrats instructeurs
30:18 et même au moment où
30:20 sont suivis le médecin
30:22 qui l'ont suivi lors de
30:24 son incarcération à Fresnes,
30:26 ils ont aussi fait des rapports, alors ce n'est pas des
30:28 expertises judiciaires en tant que telles, mais enfin
30:30 c'est des rapports médicaux qui sont
30:32 versés au dossier mais qui ont été aussi
30:34 transmis aux experts et
30:36 ils disent la même chose. Donc on a vraiment,
30:38 tout le monde dit la même chose, pas de
30:40 pathologie, mais
30:42 trouble de la personnalité extrêmement sévère.
30:44 - Il n'y a pas de feu rouge au procès, c'est ça ?
30:46 - Non, il n'y en a pas.
30:48 Sauf
30:50 l'unité de
30:52 la mise en cause,
30:54 il n'y a absolument rien qui s'oppose,
30:56 c'est pas...
30:58 Il y a la présomption d'innocence,
31:00 je ne dis pas qu'elle est coupable, mais pour une mise en accusation
31:02 tout est réuni.
31:04 - UMD, ça veut dire quoi ?
31:06 - C'est l'unité pour malades difficiles, on est vraiment sur un établissement de santé,
31:08 c'est pour des patients qui peuvent être dangereux
31:10 pour eux-mêmes ou pour les autres,
31:12 c'était le cas d'Abia Benkired, puisqu'elle
31:14 s'automutilait, elle se tapait la tête contre les murs
31:16 et donc c'est une unité qui n'est pas
31:18 unité pénitentiaire, il n'y a pas des
31:20 surveillants pénitentiaires qui le gardent, c'est au sein d'un hôpital
31:22 et on va prendre
31:24 soin d'elle et c'est quelque chose de temporaire,
31:26 c'est-à-dire qu'elle peut tout à fait retourner
31:28 en prison classique.
31:30 - Deux ans après les faits,
31:32 l'enquête touche à sa fin, épreuve insoutenable
31:34 pour le papa.
31:36 Lola, 12 ans, le meurtre insensé de la rue
31:38 Manin. Pour l'instant, je suis en train de
31:40 survivre, j'attends que la justice fasse son
31:42 travail. L'enquête de l'heure du crime,
31:44 on se retrouve dans un instant sur RTL.
31:46 L'heure du crime,
31:48 Jean-Alphonse Richard, jusqu'à 15h30
31:50 sur RTL. 14h30,
31:52 15h30, l'heure du crime
31:54 sur RTL.
31:56 - L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Lola.
31:58 Cette collégienne de 12 ans a été
32:00 tuée en octobre 2022 à Paris.
32:02 Sa meurtrière l'a brièvement séquestrée,
32:04 la violentée à coups de ciseaux
32:06 et de couteaux a abusé d'elle,
32:08 elle a étouffé. Presque deux ans plus tard,
32:10 les juges procèdent à une reconstitution.
32:12 Vendredi 16
32:14 février 2024, 9h20,
32:16 Dabia Benkired est conduite
32:18 à l'immeuble du numéro 119
32:20 de la rue Manin. Les portes vitrées du
32:22 hall d'entrée ont été occultées avec du papier
32:24 craft et toutes les entrées du bâtiment
32:26 sont bloquées par des CRS.
32:28 La suspecte est amenée à refaire
32:30 les gestes de sa rencontre avec Lola
32:32 à proximité des ascenseurs, puis
32:34 à reproduire ceux qui ont entraîné
32:36 la mort de l'adolescente dans le studio
32:38 du sixième étage, là
32:40 où elle était hébergée par sa soeur.
32:42 Cinq heures plus tard, Dabia
32:44 Benkired quitte les lieux sous escorte
32:46 pour retourner dans sa prison.
32:48 Son avocat, Maître Alexandre Silva,
32:50 se réjouit que cette opération
32:52 ait participé à la levée de certaines
32:54 zones d'ombre. Il assure
32:56 que sa cliente a pleinement collaboré
32:58 à la reconstitution.
33:00 Les parents de Lola n'ont pas
33:02 été conviés à cette reconstitution
33:04 bien trop douloureuse pour eux.
33:06 Après le crime, ils sont revenus vivre dans le
33:08 Pas-de-Calais, leur région natale.
33:10 Leur couple a fini par exploser.
33:12 Un an après le crime, l'avocate de la
33:14 famille, Maître Clotilde Lepetit,
33:16 indique que la maman souhaite
33:18 continuer à faire son deuil en privé
33:20 pour se réapproprier
33:22 sa fille qui lui a été
33:24 arrachée. Sur M6 et RTL,
33:26 Johan Davie témoigne
33:28 lui que Dabia Benkired
33:30 a détruit une
33:32 enfant, mais aussi toute une famille.
33:34 "Je suis en train de survivre,
33:36 j'attends que la justice fasse son travail", indique-t-il.
33:38 Une semaine après la reconstitution,
33:40 Johan Davie, 49 ans,
33:42 est retrouvé mort à Foucreuil,
33:44 près de Béthune, au domicile
33:46 de sa mère, où il vivait.
33:48 Et ça, c'est la deuxième victime, finalement,
33:52 de cette affaire. Le papa, on va en parler dans un instant,
33:54 Timothée Boutry. Un mot
33:56 tout de suite, vous êtes journaliste, police, justice
33:58 au journal Le Parisien, vous suivez cette affaire.
34:00 Un mot sur cette reconstitution. Est-ce qu'on
34:02 en sait un peu plus ?
34:04 Son avocat, Dabia Benkired,
34:06 a dit qu'elle a pleinement participé
34:08 à cette reconstitution. Apparemment, elle n'a pas fait d'obstacles
34:10 à refaire les gestes. On n'en sait pas
34:12 beaucoup plus ? - On n'en sait pas beaucoup plus.
34:14 On sait que c'était
34:16 une ambiance très lourde, parce que c'est quand même
34:18 une affaire qui a marqué
34:20 tous les gens qui ont eu à la traiter,
34:22 les enquêteurs,
34:24 les gens du quartier. - Le quartier
34:28 était très choqué. - Oui, très choqué.
34:30 C'est une enfant du quartier,
34:32 elle allait au collège. Les parents
34:34 gardent un immeuble. Par nature,
34:36 ils connaissent tout le monde.
34:38 Il y a eu une émotion extrêmement forte.
34:40 On sait que ça s'est déroulé.
34:42 On ne sait pas vraiment exactement
34:44 comment ça s'est passé, mais que l'ambiance
34:46 était particulièrement lourde, mais à la hauteur
34:48 du crime. - Est-ce qu'on sait aujourd'hui
34:50 si elle est toujours dans le...
34:52 pas dans le déni, mais si elle dit toujours
34:54 que c'est peut-être pas elle, mais que c'était un cauchemar ?
34:56 - On est plutôt dans
34:58 l'idée d'une reconnaissance
35:02 forcément d'explication très
35:04 rationnelle, mais
35:06 on n'est pas vraiment dans le nom. On n'est plus dans la thèse
35:08 du fantôme. C'était assez erratique en garde à vue,
35:10 mais elle a quand même reconnu
35:12 les revenus sur ses aveux.
35:14 C'est pas aussi clair que
35:16 quelqu'un qui dit "non, mais on m'y a mis la pression
35:18 et tout ce que je dis c'est faux". On n'est pas là-dessus.
35:20 On est quand même plutôt sur...
35:22 En plus, c'est ce que dit son avocat à l'issue de la reconstitution.
35:24 Elle a refait les gestes, donc elle est quand même dans une démarche
35:26 de reconnaissance de son implication.
35:28 - Timothée Boutry, encore une question.
35:30 Une reconstitution, ça signifie
35:32 qu'on arrive au bout d'une affaire en général ?
35:34 C'est comme ça que ça se passe ? On fait ça à la fin ?
35:36 Quand le dossier est sur le point d'être fermé ?
35:38 - Ça dépend un peu.
35:40 En tout cas, c'est comme une étape
35:42 très souvent ordonnée
35:44 dans une enquête criminelle.
35:46 Ça permet de fixer les choses,
35:48 d'être assez clair sur l'enchaînement,
35:50 les lieux, ce qui s'est passé,
35:52 où on était, qui aurait pu voir.
35:54 Là, on n'est pas sur des problématiques de témoignage.
35:56 Et effectivement,
35:58 c'est un acte d'enquête.
36:00 Là, on est sans doute en fin d'instruction.
36:02 Elle a été entendue, il y a des expertises.
36:04 - On est au bout de l'histoire.
36:06 - Oui, voilà. - Histoire judiciaire.
36:08 - Il n'y a que deux mises en examen,
36:10 donc il n'y a plus beaucoup de mystères.
36:12 En tout cas, sur l'enquête.
36:14 Il n'y en a pas eu au départ,
36:16 il n'y en a plus beaucoup là maintenant.
36:18 On est plutôt sur l'explication, l'audition,
36:20 et évidemment, on attend ce qu'elle dira dans la cour d'assises.
36:22 - Cindy Hubert, vous êtes journaliste
36:24 de Police, Justice, RTL.
36:26 Je sais que vous connaissez cette affaire, et vous la suivez.
36:28 Pour RTL, il y a ce drame
36:30 dans le drame, c'est la mort
36:32 du papa, Johan Davie.
36:34 Il est mort de chagrin, cet homme ?
36:36 - Son avocate a eu cette
36:38 formule, elle a dit "il avait la tête
36:40 et le coeur trop près de l'enfer".
36:42 Et en fait, ce qui s'est passé, c'est que depuis la mort de sa fille,
36:44 c'était une lente dégringolade.
36:46 Et donc, il a fini par
36:48 mourir d'une crise cardiaque.
36:50 On peut dire qu'il est mort de chagrin, il a été
36:52 enterré près de sa fille dans le Pas-de-Calais.
36:54 En fait, la famille avait des attaches dans le Pas-de-Calais
36:56 près de la Côte d'Opale, où ils ont un mobilhome.
36:58 Et voilà, il ne sera pas
37:00 là au procès, il ne pourra pas
37:02 finir cette histoire.
37:04 - Alors qu'il paraît, c'est lui, peut-être pas le plus solide,
37:06 mais en tout cas, il s'exprimait,
37:08 il posait des questions,
37:10 et puis il a disparu brutalement.
37:12 On parle souvent de ces drames qui interviennent
37:14 lors d'une affaire criminelle, et ça arrive souvent
37:16 dans les familles. La famille de Lola, elle a explosé.
37:18 - La famille de Lola a explosé.
37:20 Chacun fait comme il peut, avec cette absence,
37:22 avec son deuil, et
37:24 le procès risque d'être encore
37:26 une épreuve. Il va y avoir des images
37:28 compliquées, il va y avoir des déclarations
37:30 compliquées, ça va être difficile d'entendre
37:32 l'accusé décrire les faits,
37:34 et je pense que ça va être
37:36 des jours difficiles. - C'est une
37:38 famille qui a été choquée, Timothée Boutry,
37:40 par aussi l'absence d'excuses,
37:42 j'ai envie de dire, le mot est faible,
37:44 de reconnaissance du crime,
37:46 ou de compassion, c'est ce que disent
37:48 tous les experts, pas de compassion de la part
37:50 de cette femme. - Ouais, pas de comp... Alors,
37:52 en soi, comment se remettre de ça ?
37:54 Voilà, chacun fait comme il peut,
37:56 mais enfin, c'est quand même ce qu'on peut
37:58 imaginer de pire. Après,
38:00 effectivement, il y a ce
38:02 côté d'incompréhension.
38:04 Alors,
38:06 comprendre, c'est pas justifié,
38:08 mais peut-être
38:10 qu'on peut se dire, bah, il y a un
38:12 enchaînement qui fait qu'on peut
38:14 avoir un scénario, là on voit pas. Et
38:16 c'est ce que disent les experts,
38:18 dans leur conclusion, ils disent
38:20 "ça paraît totalement insensé, mais c'est pas nous,
38:22 c'est pas la médecine qui permettra de donner une explication".
38:24 Bon, alors, pour l'instant, on n'a pas trouvé
38:26 non plus d'explication
38:28 qui tienne
38:30 la route, a priori. - Rationnelle, c'est ça. - Donc ça, effectivement,
38:32 je pense que ça renforce aussi la douleur de cette idée
38:34 "mais pourquoi
38:36 il y a ce deuil ? Mais pourquoi,
38:38 pourquoi ?" Avec ces questions
38:40 insondables et peut-être
38:42 restaurantelles sans réponse.
38:44 - Une famille disloquée qui n'a d'autre choix
38:46 que d'attendre l'épilogue à un possible procès.
38:48 Lola, 12 ans,
38:50 le meurtre insensé de la rue Manin.
38:52 C'est un fantôme qui a tué, sans que
38:54 je le sache, cette petite.
38:56 L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
38:58 L'heure du crime,
39:00 présenté par Jean-Alphonse Richard,
39:02 sur RTL.
39:04 L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard,
39:06 jusqu'à 15h30, sur RTL.
39:08 Dans l'heure du crime,
39:10 aujourd'hui, le meurtre de Lola,
39:12 le 14 octobre 2022,
39:14 une femme d'Abia Benkired,
39:16 âgée de 24 ans, a avoué
39:18 avoir abusé de la collégienne et l'avoir
39:20 tuée. Elle n'a jamais expliqué son
39:22 geste. La famille attend qu'elle comparaisse aux
39:24 assises.
39:26 Samedi 14 octobre 2023,
39:28 un an après la mort de Lola, un de ses
39:30 deux frères, Thibaut, lui dédie une lettre
39:32 publiée par RTL et Le Parisien.
39:34 "Je t'écris ce mot pour
39:36 te dire à quel point tu me manques
39:38 énormément depuis que t'es partie.
39:40 Je voulais aussi te dire merci
39:42 et te demander de veiller
39:44 sur nous. La vie est très longue
39:46 sans toi."
39:48 D'Abia Benkired, toujours incarcérée dans une
39:50 unité pour malades difficiles,
39:52 attend de savoir si elle sera jugée un
39:54 jour et quand. Lors d'un
39:56 rendez-vous avec un psychiatre, elle avait dit
39:58 "C'est un fantôme qui a tué,
40:00 sans que je le sache, cette petite."
40:02 "Nous avons souvent pensé
40:04 que ton fort caractère
40:06 te ferait gravir des montagnes.
40:08 Notre chagrin est immense."
40:10 "Ah Lola, ma petite soeur adorée,
40:12 j'ai même pas pu te dire à quel point
40:14 je t'aimais. J'ai l'impression
40:16 qu'on a rien pu faire ensemble,
40:18 tellement que c'est passé vite."
40:20 Les voix du tante,
40:22 de la tante, pardon, mais du frère de
40:24 Lola lors des obsèques,
40:26 c'était également
40:28 un son qui était diffusé sur RTL.
40:30 Cindy Hubert,
40:32 si elle est jugée,
40:34 d'Abia Benkired,
40:36 on se demande dans quel état elle va arriver
40:38 à ce procès. Vous l'avez dit,
40:40 elle est dans une unité pour malades difficiles,
40:42 elle est fatalement traitée
40:44 psychiatriquement quelque part.
40:46 Ce n'est pas anodin.
40:48 On a des doutes,
40:50 comment elle va s'exprimer. Je ne dis pas
40:52 qu'elle est démente. Elle n'est pas démente,
40:54 d'après les spécialistes, mais on peut se poser des questions.
40:56 Qu'est-ce qu'elle va raconter ? Dans quelle mesure ?
40:58 Dans quel détail elle va pouvoir le raconter ?
41:00 C'est toujours singulier ces procès
41:02 où finalement on a des
41:04 personnalités comme ça sur le fil
41:06 psychiatrique. J'ai le souvenir de
41:08 Fabienne Cabou qui avait mis son bébé
41:10 sur la plage avec la mère
41:12 qui montait et qui finalement,
41:14 comme Dabia Benkired,
41:16 n'a pas d'explication à son geste.
41:18 Il n'y a pas d'explication rationnelle et parfois
41:20 la folie inquiète, mais elle rassure aussi.
41:22 Elle permet de donner une explication.
41:24 On n'a pas cette explication de la folie
41:26 et c'est sûrement ça qui va être compliqué pendant le procès
41:28 de devoir être confrontée
41:30 à quelqu'un qui en réalité
41:32 n'a peut-être pas de raison.
41:34 On ne sait pas pourquoi elle a tué cet enfant.
41:36 Il y aura les faits sur la table, évidemment,
41:38 avec l'enquête policière.
41:40 Il y aura les vidéos, il y aura les photos,
41:42 il y aura les interrogatoires
41:44 de l'accusé. Ça va être un moment
41:46 très éprouvant pour la famille.
41:48 Timothée Boutry, vous êtes journaliste police-justice
41:50 au Parisien et vous aussi vous suivez cette affaire.
41:52 Invité aujourd'hui de l'heure du crime.
41:54 Est-ce que la famille, vous nous l'avez dit un petit peu
41:56 déjà au cours de cette émission, mais est-ce que la famille
41:58 doit se préparer aujourd'hui à ne
42:00 rien savoir finalement ?
42:02 À ne pas avoir d'explication ?
42:04 C'est très difficile pour une famille d'accepter ça.
42:06 - Oui, c'est difficile et
42:08 comme on le disait à l'instant,
42:10 l'accusée elle-même,
42:12 c'est elle, pourquoi elle a commis ce geste ?
42:14 On ne sait pas.
42:16 On ne voit pas. On l'a dit,
42:18 l'histoire du badge refusé, ça ne tient pas la route.
42:20 Il n'y a pas un début
42:22 d'élément déclencheur.
42:24 Voilà, sa personnalité,
42:26 par contre, il sera beaucoup question de sa
42:28 personnalité puisque ça,
42:30 on connaît son
42:32 vécu. Elle dit qu'elle a été victime
42:34 d'un viol quand elle avait 12 ans.
42:36 Il n'y a pas eu de plainte à l'époque, d'effet, qui serait déroulée en Algérie.
42:38 Mais voilà, on va
42:40 s'intéresser à son parcours, évidemment.
42:42 Je pense que
42:44 ses soeurs seront interrogées. Enfin, voilà, on va
42:46 plus s'interroger à ça, sur son parcours,
42:48 sur les faits. Vous l'avez dit,
42:50 malheureusement, ils sont ce qu'ils sont, on les connaît.
42:52 Et après, est-ce qu'on
42:54 aura une explication ? Je ne sais pas. Est-ce qu'il y en a une ?
42:56 Voilà, c'est vraiment toute l'interrogation.
42:58 Mais c'est vrai qu'elle est
43:00 sur le fil, c'est le bon terme.
43:02 Parce que Fabienne Cabou, elle était
43:04 quand même
43:06 un comportement moins erratique
43:08 que peut l'avoir
43:10 l'accusée du meurtre de Lola.
43:12 Parce qu'on était sur un peu une autre problématique.
43:14 Là, il y a quelqu'un qui, en détention,
43:16 finalement, se tapait contre les murs. Enfin, elle peut
43:18 être très dérangée, si je puis dire.
43:20 Je mets des guillemets dans son apparence
43:22 et dans ce qu'elle va pouvoir dire, ce qui était
43:24 moins le cas de Fabienne Cabou. On était dans
43:26 la compréhension, mais il n'y avait
43:28 pas la même dangerosité du tout.
43:30 Alors que là, sur Dabien, il y a vraiment des expertises
43:32 qui sont à dire dangerosité
43:34 criminologique, dangerosité sociale.
43:36 Donc, on peut s'attendre un peu à tout.
43:38 Après, elle est conseillée,
43:40 elle a un avocat qui est très présent,
43:42 qui ne s'exprime pas et c'est aussi
43:44 tout à son honneur. - Oui, comme on l'a invité d'ailleurs.
43:46 - Mais il faut le reconnaître, c'est aussi tout à son honneur
43:48 parce qu'il est très présent dans
43:50 l'instruction, il est là pour tous les actes d'enquête,
43:52 il ne s'exprime pas dans les médias
43:54 et c'est éminemment respectable.
43:56 En tout cas, il l'accompagne depuis le départ, il sera présent
43:58 pour l'accompagner. Donc ça, c'est quand même aussi
44:00 très important. - Cindy Hubert, vous connaissez bien
44:02 ces procès aux assises. Les témoins
44:04 vont être très importants dans cette histoire
44:06 finalement parce que, il y a le chauffeur
44:08 VTC qui lui est mis à l'examen
44:10 pour dissimulation de casard. Il va y avoir la soeur
44:12 sans doute qui va être citée, sans doute
44:14 comme témoin même si elle a été expulsée de France.
44:16 - Il y aura des témoins de personnalité effectivement pour
44:18 éclairer le parcours, la vie
44:20 de l'auteur et puis il y aura effectivement
44:22 tous les témoins des faits, ceux qui ont pu croiser sa route
44:24 dans cette errance qui est
44:26 quand même longue, qui dure plusieurs heures
44:28 avec ces deux valises et
44:30 cette malle, tous ces gens qui ont
44:32 pu croiser son chemin jusqu'à ce
44:34 que la malle soit déposée dans la cour. - Oui, qu'est-ce qui s'est
44:36 passé pendant cette heure ?
44:38 Ça va être très important
44:40 de le savoir
44:42 au cours de ce procès. Est-ce qu'il y aura un déclic ?
44:44 Peut-être, on verra bien. Merci beaucoup
44:46 Cindy Hubert et Timothée Boutry
44:48 d'avoir été aujourd'hui les invités de
44:50 L'Heure du Crime. Merci à l'équipe de l'émission,
44:52 rédactrice en chef Justine Vignaud, préparation
44:54 Marie Bossard, réalisation
44:56 Nicolas Gauthier.
44:58 Jean-Alphonse Richard sur RTL, l'heure du crime.
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