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  • 27/03/2024
Clarisse Fontaine et Joey Starr présentent la pièce  intitulée "Cette petite musique que personne n'entend" disponible au théâtre des Mathurins jusqu'au 12 avril. La pièce, mise en scène par Joey Starr, raconte une histoire inspirée de la vie de Clarisse Fontaine, celle d'une femme battue et sous l'emprise d'un pervers narcissique. 

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Transcription
00:00 -Deux invités avec nous ce matin, Clarisse Fontaine, comédienne et auteur, et Joey Starr, non pas avec sa casquette de rappeur, mais avec la casquette de metteur en scène.
00:08 Bonjour, merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes venu nous présenter cette petite musique que personne n'entend, pièce de théâtre.
00:15 Elle va se jouer au Théâtre des Maturins à partir de jeudi, donc jusqu'au 12 avril.
00:20 Alors c'est un seul en scène, et c'est votre histoire, Clarisse, et celle d'une femme qui est battue, qui est sous l'emprise d'un pervers narcissique.
00:27 Pourquoi est-ce que vous avez eu envie de la raconter, cette histoire, sur scène ?
00:31 -Alors, j'avais dans l'idée de faire une création artistique et de délivrer un message.
00:37 Donc j'avais envie de dire rien de mieux que de partir d'une expérience personnelle,
00:41 et je me suis rendu compte en fait que beaucoup de femmes vivaient cette même expérience, malheureusement,
00:46 et qu'on était toujours vraiment dans le concret, dans quelque chose qui existe, qui arrive.
00:50 C'est toujours les mêmes mécanismes de... Quand on est dans une relation toxique, qu'elle soit dans le domaine conjugal ou autre,
00:57 ce sont les mêmes mécanismes, et je tenais véritablement à essayer de faire comprendre comment ces mécanismes se mettent en place.
01:03 -Et c'est un réussi !
01:04 -On vit vraiment tout ça de l'intérieur, en fait, quand on voit la pièce, tout au long, tout un tas de séquences,
01:09 un tas d'interlocuteurs qui interviennent de manière assez originale.
01:12 La mise en scène est donc signée Joé Starr. C'est un choix osé, Joé, puisque vous avez été condamné pour violence conjugale en 2009.
01:19 Pourquoi vous êtes lancé là-dedans ? C'est une manière de vous racheter ? Parce que vous dites "on peut changer, j'ai changé".
01:26 Qu'est-ce qui a été le déclencheur pour vous ?
01:28 -Déjà, c'est pas un choix, c'est Madame qui m'a choisi, déjà.
01:31 -Vous vous êtes cherché, vous vous êtes proposé.
01:33 -Et quand elle m'a proposé ça, je lui ai dit "t'es sûr de vouloir le faire avec moi ?"
01:37 Moi, le texte, on s'est rencontré par le biais de quelqu'un d'autre. Déjà, j'avais jamais fait de mise en scène.
01:44 Le premier challenge, il était là. Et puis tout ça s'est fait pendant la période du confinement, où tout le monde s'est un peu réinventé sur plein de choses.
01:52 Et le texte m'a ému. Je me suis même retrouvé dedans.
01:57 Moi, je ne suis pas le genre de personne à... Je ne vis pas dans l'œil de l'autre, donc c'est par rapport à Clarisse, à qui j'ai dit "fais gaffe, on va se reprendre plein la gueule grâce à moi".
02:08 -Et le choix s'explique, je tiens à y revenir parce que ça choque aussi beaucoup de personnes, mon choix.
02:14 Le choix s'explique parce que ça m'a ouvert une porte aussi. On doit avancer tous ensemble, la société tous ensemble, et pas les uns contre les autres, tout simplement.
02:21 -C'est pas juste une histoire de femmes. -Non, absolument pas et surtout pas.
02:25 Et puis c'est à la société de progresser ensemble. C'était vraiment l'idée.
02:29 Donc voilà, mon choix s'explique par celui-ci. Et puis aussi le coup de foudre artistique, la rencontre, le fait que Joystar n'ait pas peur des mots et osait mettre en valeur, en lumière, tous mes mots, qu'ils soient difficiles, crus, poétiques.
02:44 Voilà, les choses sont dites.
02:46 -C'est ça le texte sur lequel... -Il a été difficile à convaincre ?
02:49 -C'est le texte qui m'a convaincu. Faire face à ce que j'ai pu faire il y a un temps, quand j'étais en construction, je le suis encore d'ailleurs, ça c'est un quotidien pour moi.
03:01 Donc ce qui m'a d'abord parlé c'est le jeu, les mots. D'ailleurs notre décor est très minimaliste parce que j'ai voulu mettre en avant le jeu de Madame et surtout son texte.
03:12 Et après on a travaillé aussi sur le texte où je pense qu'elle est venue me chercher pour faire de la déconstruction et ça je sais faire.
03:19 -Et travailler dans l'ombre comme ça, parce que d'habitude vous êtes dans la lumière, vous êtes sur la scène, c'est quelque chose qui vous a plu ?
03:24 -Je ne me sens pas dans l'ombre du tout parce qu'en fait on a... J'ai appris, voilà c'est ma première mise en scène, je suis sur une deuxième en ce moment, je ne sais pas si je suis méthore en scène mais...
03:36 -Si si, là vous l'êtes.
03:38 -Voilà, vous l'êtes clairement. Et puis ce n'est pas une question d'ombre, c'est vraiment notre projet, c'est devenu notre projet à nous deux et aussi à l'équipe qui nous entoure parce qu'on a une très belle équipe artistique autour.
03:49 -Vous avez parlé de déconstruction il y a quelques instants, parce que parfois on imagine qu'on reste figé avec des schémas, des dynamiques dans notre vie.
03:56 On peut évoluer sur des questions comme ça, d'emprise, de violence conjugale, etc.
04:00 -Oui, complètement, mais le monde évolue, heureusement. Le fait qu'elle vienne me voir pour ça déjà, ça prouve qu'il se passe quelque chose justement.
04:08 Et puis qu'on ait réussi à s'entendre sur quelque chose qui est pour moi de l'ordre de l'inconnu.
04:15 Il faut savoir que moi j'ai rencontré le théâtre il y a quelques années, il y a 4-5 ans, et que je me retrouve au bout de 4-5 ans à faire de la mise en scène.
04:22 Je me suis aussi mis à nu avec quelqu'un que je ne connaissais pas.
04:28 Je suis là parce que j'apprends aussi beaucoup de moi-même au travers de tout ce que livre Clarisse.
04:36 -L'évolution, on l'a voulu aussi, je reviens là-dessus. Dans ce qu'on fait, c'est-à-dire qu'on ouvre le débat.
04:40 On est d'accord, on n'est pas d'accord, mais ça remue tout le monde, ça touche tout le monde, hommes, femmes, chacun à son degré.
04:46 Et on a eu des retours colossaux, et puis des gens qui ont évolué aussi grâce à ça. Donc ça ouvre des portes là-dessus aussi.
04:53 -Vous vous en êtes sortie de l'emprise, Joey, vous avez évolué, vous le dites, comme nous tous, on a tous le droit d'évoluer.
04:58 Mais qu'est-ce que vous dites ce matin, Clarisse, aux femmes qui sont sous emprise, qui nous regardent et qui n'arrivent pas à s'en libérer ?
05:03 Qu'est-ce que vous leur dites ? Qui sont tétanisées chez elles-là.
05:05 -Tout simplement, la première chose c'est de ne pas avoir honte.
05:08 Surtout parce que ce sont bien ces personnes victimes qui sont victimes.
05:12 Il n'y a pas de honte à avoir. Le processus est lent. On y retourne plusieurs fois, malheureusement, c'est un fait.
05:19 Il faut comprendre le mécanisme, et malheureusement et heureusement, j'ai envie de dire, le déclic est intrinsèque.
05:24 Il vient de soi, et là où la société doit prendre aussi en charge, c'est le moment où ces personnes ont le déclic pour s'en sortir qu'il faut qu'elles soient prises en charge.

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