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  • 25/03/2024
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Transcription
00:00 [Musique]
00:05 [Musique]
00:07 Multiplication de crise, de coup d'état,
00:11 a-t-elle la stabilité politique dans nos pays ?
00:14 Quand est-ce qu'on débute notre développement véritable ?
00:17 Les crises à répétition mettent en mal le développement de l'Afrique de l'Ouest
00:21 et les pays de la CEDEAO sont les plus touchés.
00:24 Mesdames et Messieurs, bienvenue dans cette émission.
00:27 Notre invité, il est journaliste, sociologue et ancien ministre de la transition malienne,
00:33 expert en communication de crise et formation en leadership.
00:38 M. Amadou N'Douré, bonjour.
00:40 Bonjour.
00:41 Vous êtes auteur aussi de plusieurs ouvrages, dont "De mon balcon"
00:47 et puis aussi "Le temps qui résiste".
00:50 Ce sont des ouvrages qui font un peu, qui représentent un miroir
00:53 de tout ce qui se passe dans notre société aujourd'hui.
00:56 Tout à fait.
00:57 La première question que je vous pose,
00:59 comment analysez-vous la multiplication des coups d'état dans notre sous-région ?
01:03 Moi, je me demande d'abord comment les coups d'état sont possibles.
01:07 Il y a eu plusieurs termes actuellement.
01:11 On parle de coups d'état militaire, on parle de coups d'état constitutionnel,
01:15 on parle de coups d'état électoral.
01:17 Donc, il ne suffit pas de s'arrêter à l'occum de choses ou de mots.
01:22 Il faut aller en profondeur et se demander comment un coup d'état,
01:28 c'est-à-dire le renversement de l'ordre établi, a été possible.
01:32 Quelle est la gouvernance qui a été proposée aux populations, aux citoyens,
01:37 pour qu'ils ne se sentent plus à l'aise dans cette situation,
01:41 avec les solutions proposées, pour qu'ils appellent à un changement,
01:45 parfois jusqu'à un changement de régime, par des manifestations,
01:49 par des grèves, par diverses actions sociales,
01:54 autorisées par la constitution ou pas,
01:57 pour montrer qu'ils en ont assez, qu'ils veulent un changement.
02:01 Donc, lorsque les conditions de l'accession au pouvoir par la force arrivent,
02:06 ça facilite les choses.
02:09 Donc, il faut s'interroger pourquoi on fait un coup d'état.
02:13 Qu'est-ce qui favorise la réussite d'un coup d'état ?
02:17 Qu'est-ce qu'il faut faire, surtout, pour éviter le coup d'état ?
02:20 Moi, je vous répondrai d'une seule façon, la bonne gouvernance.
02:24 Il y a un déficit de bonne gouvernance,
02:28 aussi bien dans le régime civil que dans le régime militaire,
02:34 qui conduisent à un ras-le-bol au sein des populations,
02:38 et les populations crient le ras-le-bol.
02:41 Donc, il faut d'abord aller à la racine du mal,
02:45 pour comprendre pourquoi il y a un coup d'état, pourquoi il y a une instabilité,
02:49 et quelles sont les conditions pour que la stabilité revienne.
02:52 Est-ce que, finalement, les coups d'état sont les moyens qu'il faut
02:57 pour régler la vie publique d'un pays ?
02:59 On ne sait jamais ce qu'il faut pour régler,
03:02 mais il faut dire que les crises sont dans l'ordre des choses dans un pays,
03:07 dans un système, même dans la vie familiale, les crises sont fréquentes.
03:12 Mais il ne faut pas s'arrêter à la crise.
03:15 Est-ce que la crise est fondatrice d'un nouvel ordre ?
03:19 Est-ce que la crise permet de s'arrêter un moment pour réfléchir ?
03:22 Qu'est-ce qui nous est arrivé ? Pourquoi ça nous est arrivé ?
03:25 Comment en sortir ? La meilleure question, c'est comment en sortir ?
03:29 Mais il faut avoir compris comment on en est arrivé là.
03:32 Ce sont ces questions-là qui manquent, peut-être.
03:35 On se contente de voir juste ce qui vient de se passer,
03:38 de manière parfois violente, parfois de manière inattendue,
03:44 mais si on ne voit pas les germes qui ont conduit à ce qui est arrivé,
03:48 on se trompe toujours et on sera toujours victime des coups d'état
03:55 où on construira soi-même le terreau qui est fertile à ce genre de crise de pouvoir par la force.
04:02 Les coups d'état se sont multipliés ces dernières années dans la région de la CEDEAO.
04:07 Quelle analyse souhaitez-vous disposer ?
04:09 Tout à fait. C'est certainement un recul qui a été constaté dans la gouvernance au sein de l'Afrique de l'Ouest.
04:18 C'est certainement... Vous regardez, partout où les coups d'état sont arrivés,
04:23 il y avait un mouvement social qui les a précédés.
04:30 Il y a un certain ras-le-bol au niveau de la gestion de l'État.
04:36 Parfois, ce sont des élections qui ne se sont pas bien passées.
04:40 Certains parlent de coups d'état électoraux.
04:42 Parfois, les gens ont changé de texte législatif ou réglementaire ou constitutionnel
04:48 pour se maintenir au pouvoir ou pour refuser de partir.
04:52 Parfois, ce sont juste les moyens minimums pour gérer un pays,
04:59 pour répondre aux besoins des populations qui ont manqué.
05:04 Donc, ça ne vient pas de manière impromptue, même si le résultat se fait de manière brutale.
05:11 Les germes sont là, mais on refuse de voir les germes.
05:16 C'est en cela que les crises sont salutaires, parce qu'elles permettent de s'arrêter.
05:21 Les crises sont en plusieurs phases. C'est comme une maladie.
05:25 Il y a les symptômes qui vous arrivent, mais vous ne savez pas ce que vous avez.
05:30 Après, ça éclate. Après, il y a le mieux. Après, vous sortez de la maladie.
05:37 Donc, les crises, également, sont de la même nature.
05:40 Mais il faut prendre le bon médicament, c'est-à-dire le bon remède,
05:44 les bonnes méthodes de gouvernance, les bons principes que l'on respecte.
05:49 Je dirais la démocratie. Mais on ne peut pas faire la démocratie sans des démocrates.
05:55 Il faut qu'il y ait des démocrates pour qu'il y ait la démocratie.
05:58 Sinon, ça va être juste des incantations, juste des vœux pieux.
06:01 On dit "je suis démocrate", mais on n'applique pas la démocratie.
06:04 On a tous les principes, on fait tout ce qui est contraire à la démocratie.
06:08 On fait aussi tout ce qui est contraire à ce qu'on dit.
06:11 On va y arriver. Monsieur le ministre, les pays regroupés au sein de l'Alliance des Etats du Sahel,
06:17 dont votre pays, le Mali, veulent quitter la CDAO. Quel est votre avis dessus?
06:23 À mon avis, il faut se demander pourquoi ils ont quitté.
06:28 De même qu'il faut se demander pourquoi il y a des coups d'État.
06:31 Est-ce qu'il y a eu un terror fertile qui a créé une espèce de régé ou un sentiment de régé?
06:38 Parfois, le sentiment de régé est plus fort que le régé lui-même.
06:42 Ces trois pays ont eu certainement un sentiment de régé.
06:47 Et quand vous sentez que vous êtes de trop dans une association, dans une famille ou quelque part,
06:53 la tendance première, c'est de vouloir quitter.
06:56 Moi, je suis un militant des grands ensembles.
06:59 Si vous lisez mes livres, vous voyez que je milite toujours pour les grands ensembles.
07:05 Pas par théorie panafricaniste.
07:08 C'est parce que quand on est ensemble, on est plus nombreux.
07:11 Quand on est plus nombreux, on est plus forts.
07:13 Quand on est plus forts, on est plus respectés.
07:16 C'est pour cela que j'ai fait une chronique que j'appelle "Les retombées du morcellement".
07:23 C'est très grave le morcellement.
07:25 J'étais à Addis Ababa, à l'OUA, au fonctionnaire de l'Union africaine.
07:32 A l'époque, ce n'était pas l'Union africaine, c'était l'Organisation de l'Unité africaine.
07:37 L'organisation a failli exploser deux fois.
07:41 La première fois, c'était un secrétaire général de l'OUA qui avait été impliqué dans des scandales financiers.
07:48 La seconde fois, c'était quand on a admis la RASD, la République arabe sauvage démocratique.
07:54 Il y a eu même le Maroc qui s'est retiré de l'organisation.
07:58 Donc, on a vu les pieds du morcellement, mais la raison a pu prévaloir.
08:03 On a pu sauvegarder l'OUA.
08:06 On a senti les faiblesses de l'OUA, on l'a transformé en UUA.
08:11 Dans le même sens, aujourd'hui, ces trois pays, même s'ils n'ont pas encore notifié leur départ de l'UMOA,
08:18 ils veulent créer leur monnaie. Est-ce que c'est raisonnable ?
08:21 Je ne sais pas s'ils veulent créer leur monnaie. Je n'ai vu nulle part qu'ils veulent créer leur monnaie.
08:26 J'entends que ça a des appréciations,
08:33 mais je crois que c'est plus des craintes que les membres de l'UOMOA eux-mêmes formulent.
08:38 Parce que j'ai entendu une fois un ministre malien, le ministre malien des Finances,
08:43 qui disait les conditions prévalables à la création d'une monnaie.
08:47 Il disait que c'était un processus très long,
08:50 c'est un processus qu'il faut étudier, qu'il faut approfondir.
08:54 Mais déjà l'évoquer montre déjà l'intention.
08:57 Pas forcément, pas forcément.
08:59 Ça peut être un chiffon rouge. Ça peut aussi être un chiffon rouge qu'on leur nage.
09:04 Pour dire améliorons notre structure, améliorons notre association,
09:09 changeons les règles du jeu ou plutôt respectons les règles du jeu.
09:13 Donc on peut estimer ça comme une stratégie pour essayer de mettre en tout cas le sujet sur la table.
09:19 Je ne veux pas me mettre à la place des trois chefs d'État,
09:24 parce que je ne suis pas chef d'État tout simplement, même si j'ai été dans un gouvernement une fois.
09:28 Mais je pense que leur souhait c'est d'être avec tout le monde.
09:35 D'être avec tout le monde.
09:37 C'est tout le monde aussi, j'évalue le reste,
09:41 qui doit faire les efforts nécessaires pour répondre,
09:46 si c'est des frustrations, si c'est des inquiétudes, si c'est des préoccupations,
09:50 pour répondre à ces frustrations-là et garder la famille ensemble.
09:55 C'est comme dans une famille, on peut se sentir mal à l'aise,
09:59 parfois l'enfant fait une fugue.
10:01 Il faut discuter.
10:03 Mais il faut surtout créer les conditions de discuter.
10:06 Il ne suffit pas de discuter.
10:08 Il ne suffit pas de créer les conditions, il faut créer les conditions de réussir une bonne discussion.
10:13 Sinon ça va être une dispute, une nouvelle dispute.
10:17 Et elle peut être pire en conséquence que la première dispute.
10:21 Mais je n'ai pas d'informations, moi personnellement, bien sûr que je ne suis pas très informé,
10:26 je n'ai pas d'informations sur la monnaie du Sahel.
10:30 Mais c'est sur les réseaux sociaux, c'est agité un peu partout.
10:33 Mais j'essaie de ne pas croire à tout ce que je lis sur les réseaux sociaux.
10:37 Donc je n'insiste pas.
10:39 Monsieur le ministre, le président Assemi Gohita a pris le pouvoir en 2020,
10:42 sous fond de lutte contre le dyadisme.
10:46 Dans le temps, le gouvernement qui était là, luttait contre le dyadisme avec la collaboration de la France.
10:53 Donc ils ont estimé que cette lutte n'était pas efficace.
10:56 Mais on a vu par la suite une politique anti-français qui a été vraiment très poussée,
11:04 surtout anti-occident.
11:06 Est-ce que c'est vraiment nécessaire pour affirmer une autonomie nationale ?
11:10 Les Maliens utilisent des termes différents.
11:13 Ils disent qu'ils ne sont pas anti, mais ils sont pro-malien.
11:17 Ce n'est pas juste un jeu de mots, monsieur le ministre.
11:20 Je ne sais pas. C'est par opposition.
11:22 Les mots sont très importants.
11:24 Peut-être que c'est par opposition à ceux qui les reprochent d'être anti-français
11:28 ou de nourrir un sentiment anti-français, etc.
11:31 Mais ils parlent de pro-malien, de souveraineté, du patriotisme.
11:36 Donc les mots ont leur sens.
11:39 Cela dit, si on fait une évaluation de la coopération avec certains pays,
11:46 on compare aux résultats atteints,
11:50 on se rend compte qu'il y avait beaucoup d'insuffisance,
11:53 il y avait de la frustration,
11:55 il y avait également des insatisfactions
11:59 qui, de plus en plus, sont en train d'être dissipées.
12:03 Est-ce que vous pensez que la lutte contre le djihadisme à Bamako
12:06 est en train d'atteindre le but ?
12:09 Je ne parle pas de djihadisme, je parle de terrorisme.
12:12 Parce que le djihadisme est un peu connoté.
12:15 C'est connoté avec une religion.
12:18 Est-ce que vous pensez que Asmi Goïta, par exemple, au Mali,
12:21 est en train d'atteindre le but ?
12:23 On ne peut pas dire qu'il a atteint le but à plus de coups de poing.
12:27 Je sais que la lutte est en cours.
12:29 Je sais également que le terrorisme est une hydre
12:32 qui dépasse un pays, qui dépasse une région,
12:35 qui dépasse même un continent.
12:38 C'est une hydre qui renaît tout le temps.
12:42 Chaque fois qu'on coupe la tête, ça renaît.
12:45 Les pays occidentaux sont encore en train d'essayer de combattre le terrorisme.
12:52 Aujourd'hui, que faut-il faire pour que les pays de la CEDEAO,
12:57 il y a eu cette implosion, beaucoup de détractions,
13:00 beaucoup de tensions.
13:02 En tant qu'expert, quel conseil vous pouvez donner
13:05 pour faire naître cette unité dans notre région ?
13:07 D'abord, apaiser la situation.
13:10 Apaiser la situation, ça signifie s'adresser au cœur et aux esprits.
13:15 Il faut que la raison puisse prévaloir sur les émotions.
13:19 Et cela, parfois, peut prendre du temps en raison des plaies
13:23 qui ont été ouvertes et que l'on arrive difficilement à refermer.
13:28 Donc, il faut arriver à refermer les plaies.
13:31 Il faut arriver à comprendre.
13:33 Et pour arriver à comprendre, ça veut dire qu'il faut se parler.
13:37 Donc, il faut créer des canaux de dialogue,
13:40 il faut créer des canaux de communication.
13:43 Il faut des bons offices.
13:45 Il faut que les gens se lèvent de part et d'autre pour se parler.
13:48 Parce que je vous ai dit que le morcellement n'est pas viable.
13:53 L'unité est mieux que le morcellement.
13:56 Je suis sûr que même les chefs d'État qui sont dans l'AES veulent l'unité.
14:02 La preuve, je crois avoir lu quelque part,
14:05 où on disait que l'alliance était ouverte aux autres pays.
14:08 Ça veut dire qu'ils ont conscience qu'il ne faut pas vivre en vase clos.
14:12 Ils ont conscience qu'il faut être ouvert.
14:15 Ils ont conscience également qu'il faut mettre les forces ensemble.
14:18 Je crois qu'en ce moment, ils sont même en train de se réunir
14:21 pour voir comment lutter contre le terrorisme.
14:24 La dernière question, même si l'ascension est levée,
14:27 quel est l'état d'esprit des Maliens à Bamako
14:29 où vous vivez dans cette situation de crise,
14:32 avec toutes sortes de difficultés sociales ?
14:35 Quel est l'état d'esprit des Maliens aujourd'hui ?
14:37 Je pense que les Maliens ont à cœur d'avancer,
14:43 c'est-à-dire d'oublier ce qui s'est passé,
14:46 de ne pas travailler avec la rancune.
14:48 Mais ça dépend aussi des cercles.
14:50 Il y a des Maliens de niveaux différents,
14:52 socialement, intellectuellement, politiquement.
14:55 Les niveaux ne sont pas les mêmes.
14:57 On ne peut pas dire que les Maliens pensent ça.
14:59 On peut juste, par précaution, dire que certains Maliens croient qu'eux,
15:02 certains Maliens sont d'avis qu'eux, certains Maliens qu'eux.
15:05 Mais les Maliens sont des gens ouverts.
15:08 C'est des voyageurs.
15:10 Depuis le XIIIe siècle, ils vont partout.
15:13 Et cet esprit-là anime tous les Maliens.
15:15 Et il y a également l'hospitalité qui est dans les valeurs culturelles du peuple Malien.
15:20 Donc ce sont ces valeurs-là que l'on garde d'abord,
15:23 plutôt que les incidents qui se sont passés.
15:26 Merci beaucoup, M. le ministre.
15:28 Mesdames et messieurs, nous étions avec le ministre M. Ahmadoun Touré,
15:33 expert en communication des crises et formation leadership
15:38 pour parler surtout des crises en Afrique de l'Ouest.
15:41 Merci de nous avoir suivis.
15:42 L'information continue sur cette info et sur cetteinfo.ca.
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