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  • 22/03/2024
Anne-Cécile Mailfert souhaite ce matin revenir sur les répercussions qu’a eu le conflit israelo palestinien sur les mouvements féministes en France…

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 En toute subjectivité, bonjour Anne-Cécile Maïfert.
00:02 Bonjour à toutes et tous.
00:04 Présidente de la Fondation des Femmes, vous avez souhaité, Anne-Cécile, revenir ce matin sur les répercussions
00:09 du conflit israélo-palestinien sur les mouvements féministes en France.
00:13 Oui, parce que c'est sûrement la première fois que le féminisme étince de manière si forte l'enjeu d'un conflit international.
00:19 L'attaque terroriste du Hamas du 7 octobre a visé de manière particulière des femmes.
00:23 Parce que des viols et autres violences sexuelles ont été commises, la réaction des féministes du monde entier était attendue, escrutée.
00:30 C'est sûrement la preuve de l'importance que prennent aujourd'hui ces sujets et du succès des mobilisations, mais cela a un coût.
00:35 En fonction de leur réaction, de leur silence, qu'elles en aient dit trop ou pas assez, qu'elles aient dit un mot au lieu d'un autre,
00:41 certaines personnalités ou organisations féministes ont été accusées d'antisémitisme ou, à l'inverse, de colonialisme.
00:47 J'ai assisté sidéré à la montée de ces accusations, toujours explosives.
00:52 Dans les manifestations féministes du 25 novembre et du 8 mars, l'affrontement est devenu physique.
00:57 Un comble quand il s'agit de manifestations contre les violences faites aux femmes.
01:00 Un temps, j'ai eu peur, vraiment, que l'importation de ce conflit emporte tout avec lui.
01:05 J'ai eu particulièrement peur parce qu'à la Fondation des Femmes, la structure que je dirige,
01:08 œuvre des femmes aux croyances et aux origines diverses pour qu'ils se conflient, entrent en résonance avec leur histoire personnelle.
01:14 Et Anne-Cécile, que s'est-il passé ?
01:16 On a tenu bon. Je ne suis pas pour grand-chose et pourtant j'en suis fière.
01:19 Un exemple parmi d'autres, hier soir, c'était Sophia qui s'est effondrée.
01:24 Sur l'escalier de secours des bureaux de la Fondation des Femmes, assise, elle fixait nerveusement sa cigarette.
01:29 Elle venait d'apprendre que l'armée de Netanyahou avait bombardé les dernières maisons de la rue dans laquelle vivait sa famille à Gaza.
01:35 Elle était sans nouvelles de sa tante, de ses cousins et petits-cousins.
01:38 Ce matin, elle ne sait pas encore qui survivra.
01:41 Elle venait de réussir à récolter quelques fonds de secours pour leur éviter la famine en cours.
01:45 Quand il n'y a plus de mots, il y a des gestes. Alors Léa, sa collègue, dont les parents, eux, vivent en Israël,
01:51 la réconfortée, la main sur l'épaule.
01:53 En octobre dernier, c'était Sophia qui serrait Léa dans ses bras.
01:56 À notre petite échelle, nous prouvons que non, nous ne sommes pas condamnés au pire.
02:00 On peut s'élever contre l'horreur terroriste et refuser l'intervention militaire de Netanyahou,
02:05 soutenir les populations palestiniennes et dénoncer l'imposture du Hamas,
02:09 militer contre l'antisémitisme et la politique de colonisation des territoires occupés,
02:13 appeler à la libération des otages et au cessez-le-feu immédiat.
02:17 Pensez aux femmes des kibbouts et à celles de Gaza.
02:20 En voyant Léa et Sophia, je me suis dit qu'on tenait un bout de solution,
02:23 que devant ces champs de ruines, nous pouvions continuer à rêver d'une solidarité féministe
02:26 qui dépasse les pièges des assignations identitaires,
02:29 qui déjoue la polarisation que les réseaux aiment relayer
02:32 et les conflits que les médias sont si pronds à relater.
02:35 La réalité du féminisme est plus compliquée que les caricatures que nous voyons et est plus belle aussi.
02:40 De par le monde, de nombreuses femmes portent ces mouvements pacifiques.
02:43 En réalité, le combat pour la paix est inséparable du combat féministe.
02:46 Ceux qui ici tentent de nous ranger dans un camp ou de nous enrôler dans une armée
02:49 font une erreur essentielle.
02:51 Nous savons que la guerre n'a jamais été l'affaire des femmes.
02:54 Nous en sommes toujours les premières victimes.
02:56 Merci Anne-Cécile Maïfert, présidente de la Fondation des Femmes.
03:00 Et on vous retrouve vendredi prochain.

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