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  • 27/02/2024
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Ukraine : «L'Occident n'a jamais été aussi faible et aussi isolé», analyse Alain Bauer
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Transcription
00:00 - Alain Bovard, expliquez-nous culturellement quand même, quand le président français dit cela,
00:05 même s'il vous dit que c'est simplement une ambiguïté linguistique, elle peut nous engager.
00:09 - Bien sûr, mais nous sommes engagés.
00:10 - Qui croit aujourd'hui qu'il y aura un jour au sol des troupes ?
00:13 - D'abord on en a déjà, les Césars ils ne marchent pas tout seuls.
00:15 La maintenance est là, la formation est là, l'entraînement est là,
00:19 nous avons des troupes en préposition en Roumanie pour la défense des pays baltes,
00:26 nous avons des avions, nous sommes déjà fortement engagés,
00:30 nous n'avons pas envoyé de troupes de combat au sol,
00:32 mais il y a des conseillers militaires de tous les pays de l'Union Européenne et d'ailleurs
00:37 qui sont présents d'ores et déjà en Ukraine.
00:39 Ils ne sont pas au combat à part des volontaires qui rentrent là dans un autre cadre
00:44 qui est l'équivalent des brigades internationales au moment de l'Espagne.
00:53 Donc tout ça existe déjà, le problème c'est d'envoyer des troupes au combat,
00:57 en confrontation au combat.
00:58 Seuls les Polonais jusqu'à présent ont émis l'idée qu'ils pourraient aller régler cette question.
01:04 Mais la question n'est pas les troupes, elle n'a jamais été les troupes.
01:07 - Ah bon, ça ne serait pas une ligne franchie inétable ?
01:10 - C'est les munitions.
01:10 - C'est les munitions, oui.
01:11 - S'il y avait des munitions, cette question...
01:13 Mais oui, mais il se trouve que nous n'en avons pas et nous n'en en verrons pas
01:16 puisque nous n'avons pas encore relancé suffisamment le circuit de munitions.
01:20 Les Américains n'en ont plus, c'est-à-dire que le taux de consommation
01:24 des équipements militaires est quatre à cinq fois supérieur que le taux de production.
01:28 Nous venons de liquider l'intégralité des stocks.
01:31 - Alors que la Russie est réorientée en économie de guerre...
01:34 - Oui, alors elle ne fabrique pas plus que d'habitude,
01:36 parce qu'il se trouve que les indicateurs économiques,
01:39 les indicateurs de production, les indicateurs industriels
01:41 montrent que ça n'a pas encore réembrayé.
01:44 La chance qu'ils ont, c'est la Corée du Nord et l'Iran.
01:47 La Corée du Nord a des stocks pour des dizaines d'années
01:50 parce qu'ils sont en guerre permanente depuis 60 ans,
01:53 depuis le conflit coréen. Quel modèle du conflit ukrainien ?
01:57 Je racontais ça en disant... J'ai chargé tous les modèles possibles.
02:00 Le modèle du conflit éternel sans paix, avec de temps en temps un cessez-le-feu
02:05 et avec des reprises techniques de conflits de manière régulière,
02:09 c'est la Corée. Ce conflit, c'est la Corée.
02:11 Et donc, les Coréens envoient massivement des munitions,
02:14 peut-être les Chinois par l'intérieur de la Corée,
02:16 parce que c'est un peu moins visible qu'autrement.
02:18 Et donc, le réarmement russe ne se fait pas par l'économie de guerre russe.
02:22 C'est une illusion que les Russes nous ont vendues aussi.
02:24 Ça va se faire, mais pas encore,
02:26 parce qu'ils n'ont pas assez de composants, d'équipements, de trucs modernes.
02:30 En fait, ils nous envoient des T-55, des T-62, des T-72, des T-80,
02:35 tous leurs vieux machins qu'ils n'ont jamais détruits.
02:37 Ils les ont stockés. Nous, nous n'avons plus de stock.
02:40 On a une armée expéditionnaire et échantillonnaire
02:42 qui a un peu de tout et beaucoup de rien,
02:44 qu'il faut réarmer, qui a été à moitié détruite par les comptables de Bercy,
02:48 comme notre instruction publique, comme notre santé publique,
02:51 bref, comme tous les services publics, puisque tout ça coûtait cher.
02:53 Chacun pense que c'est un coût et pas un investissement.
02:56 Oui, mais quand même, il y a une question aussi de culture.
02:58 Est-ce que nous avons collectivement, en Occident,
03:00 baissé la garde face à toutes ces menaces ?
03:02 Et on parlera aussi, d'ailleurs, il y a un lien
03:04 avec l'hyperviolence et la délinquance dans notre pays.
03:06 On a cru à une globalisation russe.
03:08 C'est ce que vous décrivez très bien.
03:09 Vous parlez d'une globalisation piteuse.
03:12 C'est culturel, aujourd'hui ?
03:13 Non, c'est une illusion.
03:15 Nous avons cru, à la chute du mur de Berlin,
03:17 que c'était fini, la fin de l'histoire, que nous avions gagné.
03:20 Et c'est Huttington, finalement, qui a gagné sur Fukuyama ?
03:22 Je ne crois pas à la guerre des civilisations.
03:24 Je crois que les civilisations ne se font pas la guerre.
03:25 - Mais les empires... - Vous ne disiez pas Huttington, d'ailleurs.
03:27 Non, non, mais je sais, je sais, mais on l'a résumé un peu brutalement.
03:32 Je crois qu'il y a la guerre des empires.
03:34 Et en fait, nous avons réveillé de vieux empires
03:36 qui avaient été dominés et domestiqués par l'Occident.
03:39 Aujourd'hui, l'Occident n'a jamais été aussi faible et aussi isolé.
03:42 Il a perdu le Sud, il a perdu le Golfe Persique.
03:46 Je ne pense pas qu'il ait gagné...
03:48 Enfin, il a perdu l'Afrique, il a perdu l'Amérique du Sud.
03:50 Il lui reste fort heureusement un élément majeur
03:53 qui explique que le Sud global n'existe pas vraiment.
03:55 C'est le conflit Inde-Chine,
03:57 qui nous a permis d'avoir l'Inde plutôt avec nous
04:00 et la Chine plutôt avec les Russes.
04:03 Et donc, nous sommes en train d'avoir une reconfiguration.
04:06 Et l'homme qui est vraiment l'apprenti sorcier de cette affaire,
04:09 à la fois en Afghanistan et en Ukraine, qui est Zbigniew Brzezinski,
04:12 lui, il voulait qu'il n'y ait qu'un seul empire.
04:14 Et ce qu'il voulait éviter, c'est ce qui est en train de se produire,
04:16 la multipolarité.
04:18 Mais dans la multipolarité, l'Europe est celle qui a désarmé.
04:22 Elle a désarmé parce qu'elle a cru à un Erasmus géant
04:25 où il y avait grosso modo des touristes et des étudiants
04:30 et il n'y avait plus d'amis, d'ennemis, d'alliés, d'adversaires.
04:32 Nous avons désarmé tout.
04:34 Souveraineté industrielle, souveraineté économique, souveraineté militaire.
04:36 Et du coup, nous avons une crise sécuritaire
04:39 qui vient se rajouter à toutes les autres.

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