00:00 Car vraiment, le Sénégal est bien le pays dont on ne pensait pas qu'il verrait un jour une telle façon d'agir se mettre en œuvre.
00:12 De quoi est-ce que je parle ?
00:14 De cette affreuse mode qui a pris les puissants d'utiliser la justice pour régler des comptes politiques.
00:23 Et non seulement pour faire condamner des gens qui, au fond, n'ont commis d'autres crimes que d'avoir une vision particulière de leur intérêt national,
00:34 comme c'est la règle normale dans toutes les démocraties du monde.
00:38 Il faut que ceux qui sont au pouvoir se fassent à l'idée que désormais les peuples sont majeurs
00:44 et que le devoir des oppositions est de s'opposer pour que les citoyens puissent, le moment venu, opiner d'un côté ou de l'autre selon ce qu'ils auraient entendu.
00:57 Les oppositions qui ne s'opposent pas ne servent à rien et ne remplissent pas les fonctions qui sont attendues d'elles dans une démocratie,
01:06 qui est de permettre de réfléchir.
01:09 Dès lors, il n'y a pas de mots assez forts pour flétrir cette façon d'aller chercher dans la justice les moyens d'abattre les messagers pour faire cesser l'émission du message.
01:25 On a pour cela d'abord recouru à la diffamation judiciaire.
01:31 Au Sénégal, comme dans d'autres pays, il faut bien le dire.
01:37 Accuser Ousmane Sonko de viol a permis une propagande affamante qui a duré pendant des semaines
01:45 et qui s'est propagée parmi tous les benés qui trouvent intelligent de répéter la dernière rumeur qu'ils ont entendue,
01:53 oubliant que le principal canal de la diffamation, c'est la stupidité et la manie de répéter sans arrêt ce qu'on a entendu sans rien vérifier.
02:03 (Applaudissements)
02:06 Après, il a bien fallu renoncer à cette accusation.
02:10 Et voyez-vous, ce qui apparaît dorénavant, c'est que les apprentis tyrans ne brillent pas par leur culture.
02:19 Avoir accusé Ousmane Sonko d'être un corrupteur de la jeunesse est en vérité une décoration qui lui a été attribuée.
02:29 Car le dernier cas connu dans cette situation, c'est celui du philosophe Socrate.
02:35 Et depuis, les gens ont renoncé à utiliser un tel chef d'accusation,
02:44 tant il était porté de manière illustre par quelqu'un qui l'avait souffert auparavant.
02:50 Monsieur Macky Sall n'a pas dû entendre parler de Socrate, ni d'une manière générale, de philosophie.
02:56 (Rires)
03:00 Eh bien, offrez-lui les uns les autres quelques oeuvres de Platon,
03:05 et peut-être même la République pour qu'il en apprenne quelque chose,
03:10 et qu'il en retire des enseignements sur l'art de se comporter dignement quand on est à la tête d'un grand peuple digne.
03:18 Et puis, maintenant, le voici mis en prison.
03:24 Je n'évoque que son cas, mais vous comprenez que j'en fais en quelque sorte l'emblème de toutes les accusations stupides
03:31 qui sont portées contre tous ceux qui sont en prison aujourd'hui,
03:34 quelle que soit leur étiquette politique, puisque nous les défendons à cette heure, tous, quelle que soient leurs opinions.