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  • 05/02/2024

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Transcription
00:00 On revient sur la colère des agriculteurs.
00:02 Vous l'avez entendu la semaine dernière avec deux reporters de France Bleu Périgord
00:06 qui ont suivi sur notre antenne et nos réseaux sociaux ce convoi d'agriculteurs
00:10 partis du Lot-et-Garonne direction Rungis, Louis.
00:12 Thibault Delmarle et Marc Bertrand ont donc passé la semaine au cœur du convoi.
00:16 Convoi où les agriculteurs ont dormi sur la route la nuit,
00:19 souvent ralenti aussi par les blocages des forces de l'ordre
00:22 et même par des gardes à vue à la fin.
00:24 Nos deux reporters sont donc en studio ce matin.
00:26 Ils vont nous raconter ce qu'ils ont vécu et ce qu'ils ont vu.
00:28 Bonjour à tous les deux.
00:29 Bonjour.
00:30 Si vous deviez garder une image qui vous a marqué pendant ce convoi,
00:34 ce serait laquelle Thibault Delmarle ?
00:35 Je pense que ce sont les gens au bord de la route.
00:37 Des centaines, peut-être des milliers de personnes qu'on a vues
00:40 entre la Dordogne et l'Essone.
00:44 Au moindre village, il y avait des gens qui sortaient,
00:46 qui applaudissaient les agriculteurs, qui louaient, qui leur faisaient signe à toute heure.
00:51 Vraiment, même quand il était très tard le soir,
00:53 on voyait des gens qui sortaient de chez eux.
00:55 Je pense que c'est ce que je retiendrais de ce périple.
00:57 Marc ?
00:58 Moi, ce serait Cyril Conduine, qui est agriculteur, éleveur à Saint-Prévent, en Périgord.
01:05 J'étais monté dans son tracteur.
01:08 On l'avait retrouvé après l'avoir perdu pendant quelques centaines de kilomètres.
01:12 On l'a retrouvé vraiment au début de l'île de France.
01:15 Je suis monté dans son tracteur et il m'a dit
01:17 « je ne pensais jamais qu'on arriverait jusque là, et là, on va y arriver ».
01:20 On voyait vraiment dans ses yeux qu'il était émerveillé de ce qu'ils étaient en train de faire.
01:26 Finalement, ils ont été arrêtés quelques kilomètres plus loin,
01:29 mais à ce moment-là, on sentait vraiment qu'il avait l'impression de faire quelque chose d'extraordinaire
01:36 et qu'il y croyait vraiment.
01:38 Vous nous avez beaucoup raconté l'avancée du convoi sur France Le Périgord, sur les réseaux sociaux aussi,
01:44 mais peut-être quelque chose que vous avez moins raconté, c'était par exemple les nuits,
01:47 les agriculteurs dormaient dans les bétaillères, il devait avoir froid.
01:51 Ce convoi, physiquement, ça a été aussi dur pour les agriculteurs ?
01:56 Ça n'a pas été juste une promenade de santé ?
01:58 C'est clair, et c'est ça qui m'a étonné tous les matins,
02:03 ils avaient souvent, on parlait de Cyril Kondamine,
02:05 une grande partie des Périgordains dormaient dans une bétaillère.
02:09 Il élève des vaches, donc il a une bétaillère, il l'a emmenée,
02:13 ils avaient mis des matelas dans la bétaillère, ils avaient un peu de chauffage.
02:16 Toutes les nuits, ils dormaient dedans,
02:18 et tous les matins, ils avaient une patate,
02:21 ils étaient surmotivés tous les matins, alors qu'ils avaient passé une nuit exécrable.
02:25 Et puis en plus, sans parler que certains d'entre eux ronflaient énormément,
02:28 c'est ce qu'ils nous disaient le matin, et qu'ils avaient beaucoup de mal à dormir.
02:30 Mais malgré tout, même si ils n'avaient pas dormi,
02:32 il n'y avait pas un matin où ils étaient moins motivés que la veille.
02:35 D'ailleurs, Cyril, il dormait dans la bétaillère,
02:37 mais c'était un de ceux qui étaient le mieux lotis,
02:39 parce qu'il y en a qui ont dormi dans la baignette à l'arrière du tracteur,
02:42 et il y en a qui ont dormi dans la caisse du pick-up,
02:46 vraiment à l'air libre, juste avec un petit duvet.
02:48 Mais vraiment, on n'avait pas du tout l'impression que ça jouait sur le physique.
02:54 - On a suivi les différentes péripéties,
02:56 avec parfois, et souvent plus régulièrement à la fin,
02:59 des blocages par les forces de l'ordre.
03:01 Vous avez senti que ça a évolué au niveau du moral des agriculteurs ?
03:05 Ça a changé au fil des jours ?
03:06 - Oui, il y a vraiment eu un changement.
03:08 Je pense qu'au début, Thibault parlait de gens au bord des routes,
03:13 qui applaudissaient, etc.
03:14 Alors ça a été le cas tout au long du convoi,
03:15 mais c'est vrai qu'au début,
03:16 l'image qu'on avait prise, c'était la caravane du Tour de France.
03:19 C'était vraiment ça.
03:20 C'était les 200 tracteurs, avec les gens qui applaudissaient sur le bord des routes,
03:23 une super ambiance.
03:25 Et puis, au bout de la première nuit,
03:29 le lendemain matin, ils sont bloqués par les gendarmes,
03:32 par surprise, à Limoges.
03:33 C'est-à-dire que les forces de l'ordre qui les encadraient,
03:36 ont voulu les bloquer juste après Limoges.
03:39 Ils ont quand même désossé la barrière d'autoroute
03:44 pour pouvoir passer par les nationales,
03:46 et à partir de ce moment-là,
03:47 jouer au jeu du chat et de la souris avec les forces de l'ordre.
03:49 Et là, l'ambiance a quand même changé.
03:51 Il y avait beaucoup plus de tensions avec nous aussi.
03:55 C'est-à-dire qu'ils ne disaient pas toujours où est-ce qu'ils allaient aller,
03:58 ils ne nous donnaient pas toujours leur stratégie.
04:00 Et là, ils se sont mis un peu en mode commando,
04:03 et en mode "il faut qu'on aille jusqu'à Rungis".
04:07 Et pour ça, ils n'étaient pas prêts à tout,
04:09 mais ils étaient déterminés,
04:11 et effectivement, avec les forces de l'ordre.
04:13 Jamais eu de confrontation, vraiment,
04:16 mais ils étaient déterminés à aller jusqu'à Rungis,
04:20 et ce n'était pas les gendarmes qui allaient les en empêcher.
04:23 - Et vous avez vécu aussi la fin de ce convoi
04:26 avec les 81 agriculteurs qui ont fini en garde à vue.
04:29 Comment ça s'est passé ?
04:30 On imagine que c'était un moment tendu aussi.
04:33 Je ne sais pas si vous étiez là au moment où ils ont été arrêtés,
04:36 mais après, l'attente aussi ?
04:37 - On était dans les sondes,
04:38 on était avec le groupe d'agriculteurs,
04:40 donc Cyril et des périgroudins,
04:41 qui se sont retrouvés bloqués à 28 km de Rungis.
04:43 On l'apprend d'ailleurs ici,
04:45 juste avant le journal de 18h, un soir.
04:47 Enfin, ce soir-là, on l'apprend juste avant le journal.
04:49 On a Eric Chassagne au téléphone,
04:52 j'ai Eric Chassagne qui me dit,
04:53 enfin je lui demande où est-ce qu'il est,
04:54 parce que c'était un peu notre jeu aussi,
04:55 enfin nous, il fallait absolument qu'on sache toujours
04:57 où ils étaient, où est-ce qu'on pouvait les retrouver.
04:58 Là, j'appelle Eric Chassagne,
05:00 juste pour avoir les doutes derrière la nouvelle,
05:01 parce que je savais qu'il était proche de Rungis.
05:03 J'appelle et il me dit, je lui dis "Vous êtes où ?"
05:05 Et il me dit "Là, je suis en train d'être embarqué dans un camion de police."
05:07 Et après il me dit qu'il est placé en garde à vue.
05:10 Eux commençaient aussi à le savoir,
05:11 parce qu'eux aussi étaient très connectés entre eux.
05:14 Et ça a été compliqué,
05:17 parce que je pense que ça leur a mis un sacré coup au moral.
05:18 Et d'ailleurs, c'est là qu'ils étaient particulièrement énervés.
05:20 Et vous avez peut-être vu cette vidéo sur les réseaux sociaux
05:22 où on voit un agriculteur qui s'appelle Rémi,
05:24 qui s'énerve face au gendarme, qui leur montre ses mains.
05:27 C'est à ce moment-là, c'était un moment de tension énorme,
05:29 parce que non seulement eux, ils sont arrêtés,
05:31 et en plus, leurs collègues, 20 km avant, 30 km avant,
05:34 ont été placés en garde à vue.
05:36 C'était assez humiliant pour eux.
05:38 Et puis, ils sont remplis d'adrénaline,
05:41 ils étaient vraiment à 20 km de Rungis,
05:44 et là, ils se sont retrouvés bloqués par les gendarmes,
05:46 qui ont très bien joué le coup, il faut le dire aussi,
05:48 les forces de l'ordre, c'est-à-dire que,
05:50 sans jamais aller à la confrontation,
05:52 en fait, elles ont accompagné ce convoi,
05:55 qui s'est divisé ensuite en plusieurs petits convois,
05:57 et celui qu'on suivait, par exemple,
05:58 celui où il y avait pas mal de périgourdins,
06:01 en fait, ils les ont bloqués entre une station d'épuration
06:04 et un marais, et c'était le seul moyen,
06:07 pour les forces de l'ordre, en fait,
06:08 de faire en sorte que les tracteurs puissent pas
06:11 faire comme ils l'avaient fait 10 fois auparavant
06:13 pendant la journée, c'est-à-dire,
06:14 prendre la clé des champs, prendre le tracteur,
06:16 aller en dehors de la route,
06:18 et pouvoir éviter le barrage des gendarmes.
06:20 Là, cette fois-ci, ils ont pas pu le faire,
06:22 et je pense vraiment qu'à ce moment-là,
06:24 enfin, je sais pas ce que t'en penses Thibault,
06:25 mais ils se rendent compte qu'ils vont pas pouvoir aller plus loin,
06:28 ils sont à 20 km de Rungis,
06:30 ils ont déjà fait des centaines de kilomètres,
06:31 ils se rendent compte que finalement,
06:33 ils y arriveront pas, en tout cas, eux.
06:35 - Et après ça, il y a eu les annonces du gouvernement aussi,
06:38 dans quel état d'esprit vous les avez quittés,
06:40 avant qu'ils rentrent en Dordogne ?
06:42 Est-ce qu'ils étaient encore sonnés par cette garde à vue ?
06:44 Est-ce qu'ils étaient heureux de ce qu'ils avaient fait ?
06:46 Heureux des mesures annoncées ?
06:48 - Je pense qu'il y a eu beaucoup d'émotions,
06:51 je pense, on les a quittés en Essonne,
06:54 ceux qui ont été...
06:55 Enfin, on les a retrouvés le lendemain.
06:57 Ils ont été arrêtés en Essonne,
06:59 enfin, ils ont été bloqués en Essonne,
07:00 on les a retrouvés le lendemain matin,
07:01 c'est là où on voit l'une de nos dernières vidéos,
07:03 où justement, on voit qu'il y a beaucoup d'émotions,
07:05 parce qu'ils ont l'impression d'avoir été vraiment usés,
07:08 maltraités tout au long de...
07:10 Alors qu'ils voulaient juste aller à la capitale,
07:11 ils le disent, la capitale elle est à tout le monde.
07:12 Donc, ils étaient très fatigués,
07:15 et je pense qu'ils étaient quand même,
07:17 malgré tout, très fiers d'avoir fait ça,
07:19 et d'avoir été suivis, en plus, ici, depuis chez eux.
07:22 - Thibaud Delmarley et Marc Bertrand, vous restez avec nous ?

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