L'interview d'actualité - Elsa Wolinski - Vidéo Dailymotion

Télématin

Marie Portolano a flashé sur le podcast « Allez, j'ose ! » de la journaliste Elsa Wolinski, qui brise le tabou de la ménopause.

Transcript

00:00 - Bonjour. - Bonjour.

00:01 - Merci d'être là.

00:02 Moi, je me suis pris la Ménopause comme un mur,

00:04 avec personne à qui en parler.

00:06 J'étais dans le noir, au fond du gouffre.

00:08 Ces mots, ce sont les vôtres.

00:10 Qu'est-ce que vous aviez envie de faire concrètement avec ce podcast, Elsa Wolinsky ?

00:13 Est-ce que vous aviez envie de dire aux femmes qu'elles ne sont pas seules ?

00:16 Est-ce que vous aviez envie de libérer la parole ? Qu'est-ce que vous vouliez faire ?

00:18 - L'idée, c'était de toute façon, effectivement, libérer la parole,

00:21 désinguer les tabous et les mythes.

00:24 Et puis, surtout, il y avait un désir de transmission,

00:27 c'est-à-dire de se dire "moi, j'ai vécu ça, je ne veux pas

00:30 que les générations qui arrivent vivent la même chose,

00:33 donc il faut en parler".

00:35 - Est-ce que c'est vrai concrètement, la Ménopause, c'est un sujet...

00:38 Il y a plein de choses qui se libèrent autour de la sexualité,

00:41 de la parentalité, mais la Ménopause, ça reste très tabou.

00:44 Pourquoi ça reste tabou, selon vous ?

00:46 - Parce que, en fait, on se sent...

00:48 Je pense que pendant des années, on s'est senti tellement gênés.

00:51 C'est-à-dire, en fait, aujourd'hui, sur les réseaux sociaux,

00:54 il y a une espèce de révolution sur les règles.

00:57 Je vais répondre à votre question, ne vous inquiétez pas, j'y vais.

01:00 Révolution sur les règles, ensuite révolution sur le post-partum.

01:03 Mais la Ménopause, comme ça touche...

01:06 C'est comme si c'était une échéance, c'est-à-dire

01:09 que ça touche à la fin de quelque chose, puisqu'on ne va plus pouvoir procréer.

01:12 - La femme est considérée comme périmée, quoi, c'est ça ?

01:15 - Exactement, il y a un côté un peu périmé.

01:17 Donc, ce côté de la femme qui va avoir 50 ans,

01:20 on est en train de la pousser un peu dehors, vous voyez ?

01:23 C'est un peu comme le côté des chaussettes sales qu'on trouve jamais.

01:26 On va aller la mettre là.

01:28 - Donc, une femme a plus honte de dire qu'elle est ménopausée

01:31 parce que ça veut dire que, du coup, elle devient vieille.

01:33 - Oui, c'est ça, il y a cette image-là.

01:35 C'est vrai, vous vous en parlez, vous, avec vos copines ?

01:38 Alors, vous êtes jeunes, donc vous êtes en train...

01:40 - Oui, mais moi, j'ai hâte d'être ménopausée.

01:42 - Alors, vous, c'est un autre problème, donc on peut discuter.

01:44 - Comme ça, au moins, tout ça, c'est terminé.

01:46 - Oui, mais il y a quand même des petites étapes.

01:48 - C'est bien, et c'est bien, parce qu'effectivement, ça, c'est positif.

01:50 D'ailleurs, Sophie Fontanel, elle en parle,

01:52 puisque, en fait, dans ce podcast,

01:54 je rencontre plein de femmes vraiment inspirantes

01:57 et de femmes plutôt plus ou moins célèbres

01:59 pour qu'on puisse s'identifier.

02:01 Sophie Fontanel, elle le dit, elle dit que c'est la fin des règles.

02:03 - C'est la libération. - Génial, c'est la libération.

02:05 Mais, en même temps de cette libération,

02:08 il y a des milliards de symptômes assez désagréables.

02:12 - Alors, justement, vous parlez de Sophie Fontanel,

02:14 il y a aussi Sophie Aram, Héléna Nogara,

02:16 Isabelle Marant, encore Michel Bernier.

02:18 Ça a été facile de les convaincre de parler de ce sujet encore tabou ?

02:21 - Écoutez, oui, ça a été assez facile,

02:24 parce que toutes ces femmes sont dans un désir de transmission

02:28 et dans une liberté de parole extrêmement généreuse.

02:31 Donc, je ne vous dis pas que, par exemple,

02:33 Asusena Pani, qui est quelqu'un de très timide...

02:35 - La femme de Florent Pani, c'est le deuxième épisode.

02:37 - C'est ça, j'aime pas trop dire "la femme de Florent Pani".

02:39 - Oui, pardon, c'est moi qui le précise.

02:41 - Elle, c'est déjà une entrepreneuse,

02:43 c'est une femme à part entière,

02:45 mais c'est vrai qu'elle, qui est assez timide, discrète,

02:49 elle nous a parlé de son utérus, de son intimité,

02:53 c'était complètement dingue.

02:55 Mais parce que je pense qu'effectivement,

02:56 à partir du moment où les femmes acceptent,

02:58 elles se disent "oui, c'est important pour les autres".

03:01 Et c'est ça qu'on a voulu faire.

03:03 C'est presque militant, en fait.

03:05 - Est-ce qu'il y a eu un événement dans votre vie,

03:07 à vous, de femmes, qui a provoqué cette envie de transmettre ?

03:11 Un moment où vous vous êtes dit "non mais ça,

03:13 il faut que je le raconte, c'est pas possible".

03:14 - Non, il y a surtout mes filles qui m'ont dit

03:16 "maman, tu n'es plus heureuse, tu n'es plus comme avant".

03:21 Et en fait, ça m'a beaucoup choquée,

03:24 parce qu'effectivement, je venais de passer une année,

03:27 j'avais été en pré-ménopause, j'étais ménopausée,

03:30 et une année à pleurer, mais vraiment à pleurer.

03:33 - Due aux symptômes de la ménopause ?

03:34 - Due aux symptômes de la ménopause,

03:35 j'étais triste, j'étais perdue.

03:37 Et vous savez, je ne suis pas toute seule,

03:39 il y a eu une étude d'une gynécologue en Angleterre,

03:42 Louise Newson, qui le dit, en fait,

03:44 il y a sur 3 800 femmes, il y en a par exemple,

03:47 99% qui avouent que les symptômes sont terribles,

03:51 il y a 12% qui carrément arrêtent de travailler,

03:55 tellement elles sont en perte de confiance.

03:58 Donc ce n'est pas un petit moment de la vie,

04:02 ce n'est pas "oh, une petite passade",

04:04 mais non, c'est un vrai chamboulement qui est difficile,

04:07 qu'il faut prendre en compte en fait.

04:08 - Et le jugement social est toujours assez cruel quand même,

04:11 c'est ce que vous dites,

04:12 c'est ce que vous avez envie de dénoncer dans ce podcast.

04:15 - Oui, parce qu'il y a un regard sur la femme de 50 ans.

04:18 - C'est quoi les clichés que vous entendez le plus ?

04:20 - Les clichés qu'on entend ?

04:22 D'abord, je ne sais pas, tout d'un coup,

04:26 la femme de 50 ans, elle fait vieille en fait,

04:29 quand on n'a plus d'enfants,

04:31 quand on ne peut plus procréer,

04:32 on ne sert plus à grand-chose,

04:34 on a toujours ce côté, la femme de 50 ans,

04:37 qui est périmée en fait.

04:40 Vous me voyez, vous trouvez que je suis périmée ?

04:42 Moi j'ai 50 ans, je n'ai quand même pas l'air périmée.

04:45 - Non, pas du tout.

04:46 Justement, on parlait de Sophie Fontanel qui parle de libération,

04:49 est-ce que vous aviez aussi envie de donner un côté positif ?

04:52 Parce que moi je vous dis,

04:53 j'ai hâte d'être ménopausée,

04:54 parce que comme ça on n'a plus les règles,

04:56 il n'y a plus ça à gérer.

04:57 Il y a aussi un truc positif dans la ménopause ?

04:59 - Bien sûr, d'abord, la femme ménopausée,

05:01 elle a un pouvoir de puissance incroyable.

05:03 - C'est ce que ça veut dire ?

05:04 - C'est-à-dire que, je vais vous dire,

05:07 on passe par tellement d'épreuves,

05:09 que d'abord on se connaît mieux,

05:11 on connaît son corps, c'est très important,

05:13 tout d'un coup on va prendre soin de soi.

05:15 On est obligé de prendre soin de soi à ce moment-là.

05:18 Moi par exemple, j'étais incapable de dire non aux gens.

05:21 Eh bien j'ai appris à dire non,

05:23 parce que tout d'un coup ce caractère,

05:24 parce qu'il y a un moment où vous changez en hulk quand même,

05:27 quand il y a quand même des sauts d'humeur assez dingues.

05:30 Ces sauts d'humeur, ils sont aussi très positifs,

05:32 parce qu'ils vous permettent de dire non,

05:34 ils vous permettent de vous recentrer.

05:36 - De savoir ce que vous voulez.

05:37 - Oui, de savoir ce qu'on veut, de savoir qui on est.

05:40 - Est-ce que votre regard a changé aujourd'hui sur la ménopause ?

05:44 - Il est en train de changer,

05:46 puisque je suis en train de travailler dessus,

05:48 donc oui, il est en train de changer.

05:49 Ce qui m'a vraiment interpellée

05:51 quand j'ai commencé à travailler sur ce thème-là,

05:53 c'est le nombre de femmes, en fait.

05:55 C'est-à-dire quand j'ai commencé,

05:57 même autour de moi, personne n'avait très envie

05:59 de se confier et d'en parler.

06:01 Aujourd'hui, quand la parole se libère,

06:04 je me rends compte du nombre de femmes

06:06 qui en souffrent vraiment.

06:08 Et c'est à ce moment-là que je me dis,

06:09 mince, alors, j'ai bien fait,

06:11 il fallait le faire, ce podcast.

06:13 - Exactement.

06:14 "Allez, J'ose", c'est un podcast d'utilité publique,

06:16 c'est disponible gratuitement sur toutes les plateformes d'écoute.

06:19 Merci beaucoup, Elsa Wollensky, d'être venue nous en parler.

06:21 - Merci.

06:22 - Et vous savez, Hulk, nous aussi, on est très chiants,

06:24 on est même plus chiants que vous.

06:25 - C'est vrai ?

06:26 - À 50 ans, à 55 ans, à 35 ans, voilà.

06:28 - Regardez, il se fait faire pousser la moustache.

L'interview d'actualité - Elsa Wolinski

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