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  • il y a 2 ans
Avec Catherine Bréchignac, ancienne présidente du CNRS, auteure de "La force de nos racines" publié aux éditions du Cerf.

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##LE_FACE_A_FACE-2024-01-30##

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Transcription
00:00 Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, le face à face.
00:05 13h06 sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter ce face à face.
00:08 Aujourd'hui André Bercoff, vous recevez la physicienne ancienne présidente du CNRS
00:12 et surtout auteur de ce livre "La force de nos racines" aux éditions du CRC.
00:16 Catherine Bréchignac est avec nous. Bonjour Catherine Bréchignac.
00:18 Bonjour.
00:19 Catherine Bréchignac, d'abord je vais pas vous présenter mais je vais vous présenter.
00:24 Vous êtes non seulement physicienne, vous êtes membre de l'Académie des sciences,
00:26 de l'Académie des technologies, vous avez été directrice générale et présidente du CNRS
00:32 et vous avez écrit un livre, vous avez écrit plusieurs livres,
00:34 celui que j'ai beaucoup aimé d'ailleurs "Le retour vers l'obscurantisme"
00:37 parce que malheureusement, je ne sais pas si l'obscurantisme
00:40 ou un mot plus vulgaire qu'il faudrait employer mais malheureusement la question se pose.
00:44 Mais là vous avez écrit un livre très émouvant et plus que très émouvant,
00:48 très instructif je trouve, "La force de nos racines"
00:52 et vous racontez quoi ? Vous avez justement une épopée de gens ordinaires,
00:56 vous racontez votre famille, votre famille bretonne,
01:00 votre famille du Finistère, votre famille... et puis vous remontez
01:04 à des milliers et des milliers d'années mais évidemment plus précisément à 1600,
01:10 ce qui est déjà pas mal.
01:12 Vous dites vous-même, vous avez recensé 1024 ascendants, 10 générations
01:19 et puis vous racontez les trois siècles terriens, les trois siècles maritimes
01:23 et puis vous avez choisi Brechignac au lieu de Créar-Cadec. Pourquoi ?
01:30 - Alors, j'ai choisi Brechignac, c'est le nom de mon mari
01:37 et je me suis mariée très tôt, en deuxième année d'école normale,
01:42 donc ça a été mon nom de publication, c'est mon nom, voilà.
01:47 Et Créar-Cadec, c'est le nom de mon arrière-grand-mère,
01:51 c'est un nom que je trouve extrêmement fort parce que Créac,
01:55 ça veut dire le promontoire. À Wesson, vous avez un promontoire
02:01 et c'est la pointe de Créar. Parce que C', c'est un trigramme
02:07 mais qui se prononce en breton comme un R gutural.
02:10 Et puis il y a un Cadec qui veut dire le guerrier,
02:12 donc c'est le guerrier du promontoire et ça me correspond assez.
02:17 - Et ce qui est très très émouvant, je voudrais juste dire,
02:20 mais en préliminaire, je veux citer le dernier paragraphe de votre livre
02:25 parce que ça dit beaucoup de choses, ça dit presque tout.
02:28 Vous dites ceci, "Un peuple qui oublie son histoire
02:31 est un peuple sans racines, un peuple mort qui ne transmet plus rien.
02:35 Il n'engendre pas la soif de comprendre, de créer,
02:39 de se surpasser qui est le moteur de la vie.
02:41 L'humain doit retrouver sa fierté d'être
02:44 et c'est ainsi que positionner au cœur de l'action
02:47 qui le lie au passé et forge le présent.
02:49 Il engendrera l'espérance pour demain,
02:52 celle qui a animé tous ces gens ordinaires,
02:54 dont mes ancêtres, qui ont fait l'épopée de la France."
02:58 Et pourquoi je dis ça ? C'est que tout au long de votre livre,
03:01 que j'ai lu vraiment avec beaucoup de plaisir et d'intérêt,
03:03 on se dit, on a l'impression que, je sais pas, c'est un message...
03:07 Mais est-ce qu'il a encore voix au chapitre ?
03:11 On se dit, dans une époque où on veut du passé faire table rase,
03:16 c'est le cas de le dire, où on ne veut plus parler de tout cela,
03:19 où on morcelle, enfin vous connaissez ça mieux que moi,
03:22 que ce soit l'histoire, où on démolit les statues, etc.
03:26 Vous amenez ce livre, c'est presque un brûlot aujourd'hui, Catherine Bréchignac.
03:30 - Moi ça m'est égal que ce soit un brûlot,
03:32 mais en fait c'est vrai, c'est-à-dire qu'en fait,
03:35 il ne faut pas... Aujourd'hui on est pris entre deux feux, je dirais.
03:39 Le premier c'est de dire
03:42 c'était beaucoup mieux hier, et de ne penser qu'à hier,
03:46 de tout garder, de tout conserver.
03:48 Et puis l'autre, de dire on fait table rase de tout, avec la cancel culture, etc.
03:53 Et donc en fait, c'est pas du tout ça, il faut ni l'un ni l'autre,
03:55 parce que l'homme de toute façon n'est qu'un équilibre.
03:58 Et il faut digérer nos racines, les apprendre, les digérer, en être fier,
04:04 et puis ce qui nous donnera la force d'engendrer quelque chose de nouveau pour demain.
04:10 Et donc c'est vraiment ça qu'il faut faire.
04:12 Moi qui suis quand même d'un milieu extraordinairement modeste,
04:16 c'est vraiment la transition, c'est faite par l'instruction à l'école,
04:21 pour mes grands-parents essentiellement.
04:24 Et aujourd'hui je trouve que
04:27 ce peuple breton, qui est au fond un peuple très agricole,
04:30 je suis très sensible au mouvement des agriculteurs,
04:34 parce que c'est intéressant, et ça m'a beaucoup appris,
04:38 de voir comment petit à petit ils ont fait progresser l'agriculture.
04:43 On a vu comment on était passé finalement, depuis 1600,
04:47 de la faux au tracteur et à la numérisation.
04:51 Et c'est très intéressant de voir cette progression de l'agriculture française,
04:57 et au fond on se rend compte qu'aujourd'hui,
05:00 on dépasse beaucoup moins, enfin le nombre d'agriculteurs
05:07 a beaucoup diminué, mais le rendement a considérablement augmenté,
05:11 puisque l'ensemble des agriculteurs est capable,
05:14 pas français mais du monde, de nourrir la planète.
05:17 Donc en fait c'est ça qu'il faut regarder,
05:18 quel a été le progrès dans cette histoire,
05:21 et le progrès a été fait grâce aux hommes et aux femmes de la terre.
05:25 Et j'en suis très fière.
05:27 - Et justement, ce qui transparaît quand même dans l'histoire de votre famille,
05:32 mais qui peut être applicable à effectivement beaucoup de familles,
05:35 beaucoup de passés, beaucoup de monde d'aujourd'hui,
05:38 c'est quand même, il y a des vertus très fortes,
05:41 le courage, le travail, l'opiniatreté,
05:44 et puis moi ce qui m'a frappé, la modestie, l'humilité,
05:47 quand vous dites à votre grand-père,
05:48 "mais alors comment ?"
05:49 Il dit "oui mais autant, n'exagère pas, c'était pas aussi difficile que ça".
05:53 Tu sais que ce soit dans l'histoire de marins,
05:55 que ce soit dans l'histoire de paysans,
05:57 il y a quand même une humilité, en tout cas un tact et une pudeur
06:02 assez magnifique, assez formidable.
06:04 - Oui, alors j'avais une partie de ma famille qui était d'origine finistérienne,
06:11 une partie qui était, je dirais, sur le flanc des mondarrés, des cultivateurs,
06:16 - C'est à côté, enfin c'est...
06:18 - C'est très proche, parce qu'à l'époque,
06:20 on avait l'impression comme les gens se déplaçaient à pied,
06:22 restaient vraiment dans leur village.
06:26 Et les autres se trouvaient du côté de la côte, sur la côte,
06:32 et certains à l'arsenal de Brest essentiellement,
06:35 puisque c'était des ouvriers de l'arsenal,
06:39 - De l'arsenal, oui.
06:40 - Ou des marins, et donc j'ai un arrière-grand-père
06:43 qui m'a fait beaucoup rêver, parce qu'il est de mousse,
06:47 il est passé tous les échelons pour arriver à premier maître voilier,
06:53 et être sur un bateau-école, et de faire avec les marins à qui il enseignait
06:59 de faire le tour du monde, et quand mon grand-père me racontait ça,
07:01 j'étais passionnée par ces personnes,
07:04 qui ont vraiment, comme vous le dites,
07:07 une résilience, une force extraordinaire,
07:11 et au fond, ils avaient envie de progresser,
07:14 mais pas nécessairement de progresser avec une idée générale pour tout le monde,
07:23 mais déjà de progresser vis-à-vis d'eux-mêmes,
07:25 d'être meilleurs que...
07:28 de progresser eux-mêmes, d'être meilleurs que ce qu'ils étaient au début.
07:34 - Eux-mêmes, ou aussi penser à leurs enfants ?
07:37 Et c'était déjà que leurs enfants soient mieux que...
07:41 enfin, mieux que...
07:42 mieux lotis que...
07:43 où ça jouait, ça ?
07:44 - Non, ça jouait relativement peu,
07:46 parce que tout d'abord, dans les périodes avant la Révolution française,
07:53 les enfants, c'était des familles de 10-12 enfants,
07:58 et la majorité mourait, il en restait un ou deux,
08:01 donc il n'avait pas du tout la même notion, la même relation vis-à-vis des enfants
08:05 qu'on a aujourd'hui,
08:07 et d'ailleurs, ce qui est très intéressant,
08:11 c'est que quand je me suis intéressée à leur signature sur les actes,
08:14 eh bien vous avez des passages où les parents signaient parfaitement bien,
08:18 et où les enfants avaient perdu l'écriture et ne savaient plus écrire.
08:23 Donc on voit que la difficulté faisait que...
08:27 c'était un éternel recommencement.
08:29 Mais il restait quand même quelque chose.
08:31 Il restait quelque chose, justement, par le savoir-faire.
08:34 Pas nécessairement le savoir,
08:36 mais surtout le savoir-faire.
08:37 Comment transmettre à ses enfants son métier,
08:40 et comment l'améliorer.
08:41 - Et la plupart prenaient un peu le même métier,
08:44 enfin c'était à l'époque...
08:46 on était dans la marine, enfin sur la mer...
08:49 - Tout à fait.
08:50 Oui, et justement, on améliorait les métiers,
08:54 et à l'arsenal de Brest, par exemple,
08:56 les enfants des cordiers,
08:58 parce qu'il y avait une partie qui fabriquait des cordes pour les navires,
09:02 apprenaient à leurs enfants comment fabriquer des cordes.
09:06 Et donc c'était les enfants qui étaient embauchés comme leurs parents.
09:10 - Bien sûr, oui.
09:11 - Enfin, comme leur père.
09:12 - Et ce qu'il y avait alors justement,
09:14 vous racontez un peu cette...
09:16 comment se faisaient les habitudes et tout ça.
09:19 Par exemple, vous racontez...
09:21 je croyais que vous racontiez la magnifique histoire de votre tante,
09:24 amoureuse de quelqu'un...
09:26 - C'est ça ma tante, c'était ma grand-tante en fait,
09:29 c'était la soeur de ma grand-mère.
09:32 Alors, chez ma grand-mère, c'était une famille de 14 enfants,
09:37 dont 11 ont survécu,
09:39 puisque déjà à l'époque de ma grand-mère,
09:41 ils survivaient, ils passaient le certificat d'études,
09:44 et donc ils vivaient dans deux pièces.
09:47 Il y avait une pièce pour les enfants, une autre pour les parents,
09:49 et les enfants...
09:50 je demandais à ma grand-mère comment ils étaient,
09:52 il y avait deux grands lits,
09:53 c'était les garçons d'un côté, les filles de l'autre,
09:56 et tête bêche.
09:57 - A combien ils habitaient ?
09:59 - Essentiellement, ils ont habité très longtemps à 11.
10:02 - A 11 ? Dans 30 mètres carrés ?
10:04 - Un peu près, dans deux pièces.
10:06 Et donc cette tante,
10:09 qui était une soeur cadette de ma grand-mère,
10:11 était formidable.
10:12 Elle était tombée amoureuse d'un marin,
10:16 un militaire marin,
10:19 qui était toujours sur les mers,
10:20 et puis qui revenait de temps en temps,
10:23 puis repartait, puis revenait,
10:24 et au bout du compte,
10:26 ils ont fini par se marier,
10:27 ils sont restés très peu...
10:28 mariés très peu de temps,
10:30 puisqu'ensuite, il y a eu la guerre de 39-45,
10:34 et il a été déporté et n'est jamais revenu.
10:37 Donc, il était résistant,
10:39 enfin, il n'est jamais revenu.
10:42 Et donc, ensuite,
10:43 elle, elle avait une joie de vivre formidable,
10:45 elle avait un petit commerce,
10:47 et c'était...
10:49 pour moi, c'était un régal
10:51 d'aller piocher dans les pots de bonbons
10:55 qu'elle avait là, et...
10:56 Voilà.
10:57 - Oui, il y a, c'est ça,
10:58 il y a dans ce livre, encore une fois,
11:00 des couleurs, il y a des odeurs,
11:02 il y a du parfum et des paysages,
11:04 et voilà, c'est une civilisation,
11:06 ça s'appelle une civilisation.
11:08 On revient avec Catherine Bréchignac
11:10 dans quelques instants.
11:11 - Avec Catherine Bréchignac,
11:12 et avec vous, au 0826 300 300,
11:14 vous témoignez, vous nous appelez,
11:16 vous nous posez vos questions,
11:17 à tout de suite sur Sud Radio.
11:19 - Sud Radio, votre attention
11:21 est notre plus belle récompense.
11:22 - Vous nous faites vivre les matchs,
11:23 la façon dont vous les commentez,
11:25 que ce soit la Pro D2 ou le Top 14,
11:26 c'est que du bonheur.
11:27 Voyez, il n'y a pas besoin de divorcer avec vous,
11:28 c'est comme si on y était, quoi, voilà.
11:29 - Sud Radio, parlons vrai.
11:32 - Ici Sud Radio.
11:35 Les Français parlent au français.
11:40 Je n'aime pas la blanquette de veau.
11:44 Je n'aime pas la blanquette de veau.
11:46 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
11:49 - 13h20 sur Sud Radio,
11:51 on continue ce face à face
11:52 avec Catherine Bréchignac
11:53 qui vient nous voir pour son nouveau livre,
11:55 "La force de nos racines",
11:56 aux éditions du Serre,
11:57 et peut-être que vous nous écoutez depuis Lyon,
11:59 puisque vous le savez, depuis hier,
12:01 Sud Radio est mée à Lyon,
12:03 sur la FM 105.8,
12:05 et sur le DAB+,
12:06 sur évidemment Sudradio.fr,
12:08 sur Youtube, sur Dailymotion,
12:10 sur Twitter, sur Facebook, partout,
12:11 et depuis hier donc en FM.
12:13 Donc bonjour aux amis lyonnais.
12:15 Et les amis lyonnais ont intérêt à lire ce livre,
12:18 "La force de nos racines",
12:21 parce que justement,
12:22 ça va leur rappeler leurs racines.
12:23 Vous savez, on peut parler de la Bretagne,
12:25 mais comme disait André Gide,
12:27 qui parle du particulier,
12:28 parle du général,
12:29 et c'est ça qui est toujours passionnant.
12:31 Alors une chose aussi,
12:33 vous dites à un moment donné,
12:34 Catherine Bréchignac, dans votre livre,
12:37 ah si, moi j'ai adoré ça,
12:39 j'ai adoré quand même,
12:40 je vais le lire, je vais le lire.
12:41 Moi j'adore, j'adore.
12:43 C'est Yvonne, c'est la même, hein ?
12:44 - Oui, c'est toujours la même.
12:45 - Yvonne, alors j'ai adoré,
12:47 alors écoutez, écoutez ça,
12:48 quand elle écrit sur cette radio,
12:49 j'ai adoré,
12:50 "Une fois lors de l'une de nos promenades sur la plage,
12:53 arpentant toutes deux le sable blanc
12:54 qui protège les paroles que l'on y préfère,
12:57 car le vent ne les répète qu'en les chuchotant
12:59 à ceux qui les connaissent,
13:00 Yvonne m'intime, 'Stop, ne regarde pas,
13:03 attends, mon signal avant de te retourner'.
13:05 Curieuse, je jette néanmoins un oeil
13:07 et la vois debout, jambes écartées,
13:09 en train de se soulager.
13:10 Je la regarde et lui dit, 'Ettonnez,
13:12 t'as pas de culotte ?'
13:13 Elle s'esclave de son rire cristallin,
13:15 'Non, quelle idée ont les femmes
13:16 d'ainsi s'embarrasser ?
13:18 Seules mes mômes à la bémol à ma double origine,
13:21 j'ai beau envier ma grand-tante,
13:22 je me vois mal limitée au coin des boulevards
13:25 de la capitale.
13:25 Ce que je peux comprendre.
13:27 En même temps, c'est formidable,
13:29 cette simplicité,
13:30 je veux dire,
13:31 elle s'embarrasse pas de choses indigènes,
13:32 c'est formidable.
13:33 Et vous ajoutez, je finis là-dessus,
13:35 parce que c'était ma transition,
13:37 encore, vous dites Catherine Bréchignac
13:40 en parlant de vous-même,
13:42 'Aussi me faut-il m'accepter
13:44 tel que je suis hybride,
13:46 pieds nus, avec une tête construite
13:47 sur la raison,
13:48 issu d'une tradition
13:49 et allant vers le progrès,
13:51 ce en quoi, au fond,
13:53 je ne fais que suivre la voie
13:54 de mes ancêtres,
13:55 mieux vaut construire l'histoire
13:57 que la subir.
13:58 Alors là, question que je voulais vous poser,
13:59 comment on passe de Saint-Agonec
14:01 à la présidence du ZNRS ?'
14:02 - Ah ah ah !
14:04 Oui, ça c'est vrai que c'est étonnant,
14:06 et je pense que si mon arrière-grand-père
14:09 François Yacinthe
14:10 m'avait vu,
14:10 il en serait très très très fier.
14:13 - C'est sûr.
14:14 - Tout d'abord, je pense que c'est grâce
14:16 à mes grands-parents,
14:17 essentiellement à mes parents aussi,
14:20 bien sûr, parce qu'ils ont fait des études.
14:24 Mon grand-père me disait toujours
14:27 que grand-mère ne travaillait pas
14:29 parce qu'il avait la possibilité,
14:31 il avait pas beaucoup d'argent,
14:32 mais de faire vivre sa famille,
14:35 mais il m'a dit 'Mais ta mère,
14:36 j'ai voulu qu'elle fasse des études'.
14:38 Et effectivement, ma mère est devenue
14:39 professeure d'université,
14:40 ce qui est extraordinaire.
14:42 Et donc après, moi j'ai...
14:44 - C'est vrai, à l'époque,
14:45 c'était une famille de marins,
14:46 enfin de...
14:47 - C'était une famille de paysans d'un côté,
14:48 de marins de l'autre côté.
14:49 Et donc, quand mes grands-parents
14:53 ont eu le certificat d'études,
14:54 pour eux c'était formidable.
14:56 C'était, à l'époque, 20% de la France,
14:58 30% de la France avait son certificat d'études,
15:00 c'était encore très peu.
15:02 Donc en fait, en gardant cette volonté
15:06 d'apprendre,
15:08 eh bien, on arrive,
15:09 si on a de la ténacité,
15:13 à progresser.
15:14 Voilà.
15:15 - Oui, mais alors comment,
15:17 qu'est-ce qui vous a fait choisir,
15:19 parce que vous avez l'environnement
15:21 que vous avez eu, les parents,
15:22 d'aller vers la physique,
15:23 d'aller vers les sciences,
15:25 c'est par hasard, comme on dit,
15:28 enfin comment ça s'est arrivé ?
15:29 - Non, enfin, c'est par hasard,
15:31 oui et non.
15:32 Tout d'abord,
15:32 j'étais dyslexique.
15:35 Donc on avait dit à mes parents,
15:36 "elle n'ira pas plus loin que le brevet".
15:38 Bon.
15:39 Et là,
15:41 avec mes origines
15:43 de granit,
15:45 si je puis dire,
15:46 je me suis dit,
15:47 "non, non, ça je ne vais pas me laisser faire".
15:48 - Le côté ménire de votre personnalité.
15:49 - Le côté ménire de ma personnalité.
15:51 Et je me suis dit,
15:54 "non, non, je ne peux pas me laisser faire comme ça".
15:55 Et j'ai eu un professeur de mathématiques
15:57 en 5ème,
15:58 parce que j'avais redoublé ma 6ème,
15:59 tellement j'étais mauvaise.
16:01 Et j'avais eu un professeur de mathématiques
16:03 en 5ème,
16:04 qui m'a enthousiasmée.
16:06 Et ce professeur,
16:07 je me suis dit,
16:08 "je vais travailler pour lui faire plaisir".
16:10 Et c'était vraiment du travail
16:13 pour faire plaisir à quelqu'un.
16:14 C'est très important,
16:15 les relations humaines,
16:17 les relations entre les professeurs
16:18 et les élèves.
16:20 Et donc,
16:21 pour compenser un peu cette dyslexie,
16:26 j'étais plus orientée
16:27 vers les mathématiques et les sciences,
16:30 ce qui était pour moi, au fond,
16:31 plus facile que de faire de la littérature,
16:34 bien qu'ensuite,
16:35 j'ai énormément essayé de compenser
16:37 en lisant beaucoup.
16:39 Je me souviens avoir lu
16:41 "Tous les misérables"
16:42 du début jusqu'à la fin,
16:44 avec toutes les guerres de Napoléon,
16:46 pour essayer de corriger
16:49 ces erreurs que je faisais en écrivant.
16:52 Et maintenant, j'écris.
16:53 - Et maintenant, voilà.
16:54 Et oui, mais arrivé...
16:57 Est-ce que les qualités...
16:59 - Alors ensuite, une fois que je suis rentrée
17:03 à l'école en mathématiques,
17:05 le promo de mathématicien,
17:06 je la trouvais un peu trop triste.
17:08 Alors j'ai fait de la physique.
17:09 Et là, je me suis dit,
17:12 mais quand même,
17:13 pour faire de la physique à haut niveau,
17:15 il faut se battre au niveau international.
17:18 Parce que j'avais quand même dans la tête
17:19 d'aller revoir la Patagonie
17:21 de cet arrière-grand-père.
17:23 - Ah oui.
17:24 - Donc je me suis dit,
17:24 comment je vais pouvoir y arriver ?
17:26 - Vous y pensiez, la Patagonie du grand-père.
17:27 - Ah déjà, je y pensais, oui.
17:28 J'y ai toujours pensé.
17:29 Et donc, il faut être...
17:32 Il faut être sur la scène internationale.
17:33 Et ensuite, je me suis prise de passion
17:36 pour ce que je faisais
17:37 et sur les nanosciences,
17:41 c'est-à-dire en essayant de comprendre
17:42 comment on passe de l'atome
17:44 à la matière condensée.
17:46 Et ça m'a complètement fascinée.
17:48 Et pendant 25 ans,
17:51 je n'ai fait que ça.
17:52 - Est-ce que les qualités finistériennes,
17:54 j'allais dire, ou bretonnes, ont joué ?
17:56 - Sans doute.
17:57 - Catherine Bréchignac.
17:58 - Oui, je pense, oui.
17:59 - Et lesquelles, à votre avis ?
18:01 Avec le recul, maintenant, vous l'avez.
18:04 - L'envie de vivre.
18:05 - Ouais.
18:07 - L'envie de vivre dans un climat parfois rude.
18:12 La ténacité.
18:15 Et puis aussi, au fond, j'aime la difficulté.
18:23 L'envie de...
18:29 - L'envie d'affronter.
18:30 - D'affronter la difficulté.
18:32 - Ouais, ouais, ouais.
18:34 C'est passionnant.
18:34 D'ailleurs, on sent que vous l'avez aussi écrit
18:36 pour vos enfants et petits-enfants.
18:37 - Oui, oui, tout à fait.
18:39 - J'imagine.
18:39 - D'ailleurs, c'est mon petit-fils qui a fait la carte.
18:42 - Oui, oui, j'ai vu.
18:43 J'ai reconnu, puisque vous lui dédiez...
18:45 Il s'appelle Marwan.
18:47 - Voilà, c'est pas Marwan.
18:48 - Voilà.
18:49 - Avec deux N.
18:50 - Avec deux N, oui.
18:51 C'est tout à fait breton.
18:52 On se retrouve juste après cette petite pause rapide.
18:56 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
19:00 appelez maintenant pour réagir 0 826 300 300.
19:04 - Ici Sud Radio.
19:08 Les Français parlent au français.
19:13 Les carottes sont cuites.
19:15 Les carottes sont cuites.
19:18 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
19:21 - Catherine Bréchignac, vous sous-titrez votre livre
19:25 "Une épopée de gens ordinaires".
19:26 Mais ils ont rien d'ordinaire, ces gens.
19:29 Franchement, en quoi ils sont ordinaires ?
19:31 - Alors, ils sont ordinaires parce qu'habituellement,
19:34 on a l'habitude de faire les portraits des grands,
19:38 des rois, des présidents,
19:41 toutes sortes de personnalités.
19:44 Et eux, au fond, ne sont pas ainsi.
19:47 C'est-à-dire qu'en fait, quand on regarde les arbres généalogiques,
19:50 vous avez les très grands arbres,
19:51 avec des gens qui ont eu des rôles, je dirais, forts.
19:56 - Les priorités seigneures, militaires, etc.
20:00 - Alors que là, ce sont au fond les forêts,
20:03 les arbres généalogiques, c'est les forêts de nos régions.
20:08 - Oui, c'est ça.
20:09 - Et c'est pour ça qu'en ce sens, ce sont des gens ordinaires.
20:12 - Donc, au pied de vos arbres généalogiques,
20:14 vous avez vécu heureuse.
20:16 - Oui, comme certains.
20:18 - Disait Georges.
20:19 - Non, mais non, parce que je dis ça,
20:22 parce que vous en faites, je vais vous dire,
20:24 encore une fois, c'est le lecteur qui parle,
20:26 vous en faites des héros de roman.
20:28 Parce que quand on les lit, nous on ne les connaît pas,
20:29 vous, c'est votre famille, etc.
20:32 On les lit, et pourquoi on se passionne ?
20:35 Pourquoi ça nous intéresse ?
20:36 Parce qu'on aurait pu dire, oui, c'est bien, c'est une famille, voilà.
20:39 Pourquoi ? Parce que justement, chacun,
20:41 enfin, ce que vous racontez,
20:42 c'est que chacun, homme, femme, a son histoire.
20:45 C'est ça qui est intéressant.
20:47 Ces failles, ces ambitions, ces...
20:52 - Oui, vous savez, les racines,
20:54 vous avez différents arbres.
20:55 Vous avez des arbres qui sont des arbres
20:58 avec des racines qui sont relativement localisées,
21:00 ce qui est mon cas.
21:01 Et vous avez aussi des plantations comme les mangroves,
21:05 et donc, qui sont avec des racines qui viennent un peu partout,
21:09 qui bougent, qui sont la bilgue, etc.
21:11 Mais il y a aussi des racines.
21:13 Donc en fait, chacun a ses racines,
21:15 qu'elles soient localisées dans certains endroits
21:18 ou bien qu'elles viennent de différentes parties.
21:21 L'importance, c'est de digérer ces racines,
21:25 d'en faire quelque chose pour demain.
21:28 Et c'est ça, vraiment, le plus important.
21:30 Et c'est ça, j'ai une partie de ma famille
21:32 qui est partie, émigrée aux États-Unis
21:34 pendant la révolution industrielle
21:38 qui n'a pas pu se faire en Bretagne.
21:41 Et il faut penser là que 33 millions d'Européens
21:45 sont partis aux États-Unis.
21:47 Donc, pourquoi ?
21:48 Parce qu'ils ne se sentaient pas bien là où ils étaient.
21:50 - Les Asies sont peuplés d'Européens.
21:51 - Oui, bien sûr, sont peuplés d'Européens.
21:53 Donc les racines, ils sont partis avec leurs racines digérées.
21:57 - Alors justement, racines digérées, racines intégrées,
22:01 que dites-vous aux gens qui disent "oui mais moi par exemple",
22:04 ou "oui mais moi, mes racines, elles ne m'intéressent pas du tout,
22:07 j'en ai rien à faire, ça ne m'intéresse pas, je les rejette",
22:10 ou d'autres, et vous le savez, pour des raisons culturelles,
22:13 civilisationnelles, religieuses ou communautaires,
22:15 sont écrasés par leurs racines.
22:17 - Oui, justement, il ne faut pas se laisser écraser par ses racines
22:21 et il ne faut pas non plus se dire "j'ai pas de racines"
22:24 parce que c'est quand même très étonnant.
22:27 Dans un monde comme aujourd'hui,
22:29 où justement on a des enfants qui peuvent être formés par GPA,
22:33 avec des ovocytes d'un côté, des spermatozoïdes de l'autre,
22:37 une troisième mère porteuse,
22:39 et ces enfants, qu'est-ce qu'ils font ?
22:41 La première des choses, c'est l'ADN.
22:43 De qui je... Qui, qui ?
22:45 A qui je ressemble ?
22:47 Quand je regarde mon visage dans la glace,
22:49 à qui je ressemble ?
22:51 Et on parle dans beaucoup de séries,
22:53 par exemple télévision, on voit beaucoup
22:55 les parents biologiques ressurgir à un moment donné
22:59 parce que les enfants vont rechercher leurs racines.
23:01 Donc au fond, tout le monde a besoin de ses racines.
23:05 C'est normal, ça devrait être normal.
23:07 - Alors pourquoi on encourage tellement
23:09 le GPA, le ceci, le cela,
23:11 il n'y a plus de biologie,
23:13 "Amen to woman", etc.
23:17 Vous pensez que ça correspond à quoi ?
23:19 Est-ce que ça ne correspond pas
23:21 à une envie de la table rase de certains ?
23:25 Heureusement pas tous, mais quand même.
23:27 Il y a cette envie.
23:29 - Il y a cette envie parce que
23:31 l'humanité trouve que le poids du passé est très lourd.
23:35 Et c'est vrai.
23:37 Quand vous regardez, par exemple,
23:39 si vous regardez la musique, par exemple,
23:41 vous voyez tout ce qu'on a fait en musique
23:43 avec le clavecin bien tempéré,
23:45 c'est extraordinaire, les progrès qu'on a fait.
23:47 Au bout d'un moment,
23:49 il y a eu besoin de dire "stop"
23:51 et donc Schoenberg a commencé la dosécapholie.
23:55 Et donc on se dit,
23:57 on n'arrive plus, c'est lourd,
24:01 c'est lourd ce passé.
24:03 C'est pareil pour la peinture,
24:05 c'est pareil pour tout, pour la littérature.
24:07 - C'est pareil pour la science ?
24:09 - Ah non, la science est à part.
24:11 Parce que la science est une construction
24:13 qui ne peut pas...
24:17 C'est une construction du savoir.
24:21 Donc ce n'est pas une création humaine.
24:25 La science est dans un sens une création
24:27 parce que c'est une construction de savoir.
24:29 Mais ce n'est pas...
24:31 Les lois sont des lois naturelles.
24:33 Tandis que tout le reste,
24:35 c'est des créations humaines.
24:37 Quand vous écrivez un livre,
24:39 c'est une création humaine.
24:41 Ce qui n'est pas vrai, c'est sur la science.
24:43 D'ailleurs, pour essayer d'effacer la science,
24:45 il y en a qui rendent le mot tellement polysémique
24:47 qu'on ne sait plus ce qui est science et ce qui n'est pas.
24:49 - En ce moment, on a été gavé de cela,
24:51 depuis quelques années.
24:53 - C'est ennuyeux quand même.
24:55 Mais je pense que la science est à part.
24:59 Mais je crois que les gens ont trouvé
25:01 que le passé était trop lourd.
25:03 Et au bout d'un moment, quand le passé est trop lourd,
25:05 il faut s'épouster,
25:07 se rendre plus léger.
25:09 - Oui, vous ne croyez pas que c'est de la faiblesse ?
25:11 Victor Hugo, il y avait avant lui Rabelais,
25:13 il y avait...
25:15 Enfin, il y a eu...
25:17 Tous les écrivains, à un moment donné,
25:19 je parle du 19e ou même du 20e siècle,
25:21 on a eu James Joyce,
25:23 on ne va pas faire un cours là-dessus,
25:25 mais ils avaient déjà derrière eux
25:27 une flopée fabuleuse
25:29 de siècles d'écrivains géants.
25:31 Ce n'est pas pour ça qu'ils se sont découragés.
25:33 - Non.
25:35 Mais aujourd'hui, vous avez heureusement
25:37 encore des gens qui ne se découragent pas.
25:39 C'est cela qu'il faut aider.
25:41 - C'est cela qu'il faut aider.
25:43 On est bien d'accord.
25:45 Et pour revenir à ça,
25:47 est-ce qu'aujourd'hui...
25:49 Parce que je pense à la Bretagne,
25:51 je pense à beaucoup de choses.
25:53 On parle beaucoup de Nantes,
25:55 on parle beaucoup de Brest,
25:57 on parle beaucoup de certaines villes.
25:59 Aujourd'hui, il se passe...
26:01 On a l'impression que...
26:03 Vous savez, on dit "mais qu'est-ce qui se passe ?"
26:05 Notamment en Bretagne, mais il n'y a pas qu'en Bretagne, bien sûr.
26:07 On a l'impression, en tout cas dans les villes,
26:09 que c'est un peu
26:11 un certain ensauvagement,
26:13 que c'est une espèce de déliquescence.
26:15 Alors, ce n'est peut-être pas vrai
26:17 dans les villages,
26:19 mais on en parle beaucoup, et moi je suis frappé
26:21 à chaque fois que j'entends parler de la Bretagne,
26:23 "qu'est-ce qui se passe là ?"
26:25 Est-ce que c'est quelque chose
26:27 auquel vous êtes sensible, ou pas du tout ?
26:29 - Oui, mais je ne ressens pas
26:31 quand j'y suis, une déliquescence.
26:33 Tout d'abord,
26:35 je pense que
26:37 quand on est du Finistère, par exemple,
26:39 vu de l'extérieur,
26:41 vu de la Terre,
26:43 le Finistère, c'est la fin de la Terre.
26:45 Mais pour les Bretons, c'est "peine arbède".
26:47 "Peine arbède", ça veut dire
26:49 la porte du monde.
26:51 Donc, dans un sens, vous vous sentez
26:53 regardant
26:55 le continent,
26:57 et dans l'autre cas,
26:59 vous courez après le soleil, parce que
27:01 - Finistère, c'est "peine arbède".
27:03 - Voilà. - On choisit
27:05 l'ouverture au monde, et la porte du monde.
27:07 - On choisit l'ouverture au monde,
27:09 et donc, c'est extraordinaire,
27:11 ou bien, on se retourne sur soi-même
27:13 et on dit "c'est la fin".
27:15 Moi, je préfère "peine arbède".
27:17 - Oui, je comprends.
27:19 C'est très joli, d'ailleurs,
27:21 vous savez qu'il y a, l'un des plus
27:23 beaux poèmes, qui n'est pas breton,
27:25 c'est quand même "Barbara" de Prévert.
27:27 - Bien sûr. - Quand il parle du bateau de Wesson,
27:29 il pleuvait quand même sur Brest,
27:31 etc. - Ce jour-là,
27:33 je souriais de même.
27:35 - Voilà. "Oh Barbara,
27:37 quelle connerie la guerre !"
27:39 - "Tu es devenue maintenant".
27:41 - Ça a beaucoup marqué,
27:43 les guerres. - Oui. Les guerres ont beaucoup marqué,
27:45 surtout dans des... Parce que,
27:47 au fond, Brest, c'est une ville
27:49 qui vit de la guerre.
27:51 Parce que Brest vit avec l'arsenal,
27:53 enfin, plus maintenant, mais vit
27:55 avec lui pendant des siècles, avec l'arsenal,
27:57 et l'arsenal ne vit que
27:59 par la guerre. - Oui, ça a été
28:01 la capitale de l'arsenal.
28:03 - Oui, ça a été. - Depuis quand,
28:05 déjà ? - Alors, Brest a été un port
28:07 depuis très longtemps,
28:09 parce que les Romains s'y sont
28:11 installés, ça a été un port,
28:13 un des grands ports de l'Occident, avant de rentrer
28:15 vers...
28:17 Ceux qui venaient du Sud
28:19 et allaient vers le Nord, s'arrêtaient à Brest,
28:21 parce que la rade de Brest est une rade
28:23 absolument extraordinaire, avec un goulet
28:25 qui la sépare de l'océan,
28:27 et donc
28:29 a été un grand port
28:31 pendant très très longtemps. Et c'est pour ça
28:33 que Louis XIV
28:35 en a fait un port de guerre. - Eh oui.
28:37 Et en fait, c'était
28:39 toute votre famille,
28:41 enfin, une partie de votre famille... - Une partie, oui.
28:43 - Et c'était...
28:45 Et puis alors, j'ai beaucoup apprécié aussi
28:47 les facultés calembourgeoises
28:49 de votre grand-père, notamment à propos
28:51 de Morlaix. - Ah oui !
28:53 Oui, ça c'était quand on prenait le train,
28:55 on mettait 7h pour faire
28:57 Paris-Brest, et donc dans le train...
28:59 Donc,
29:01 dans le train, au départ, il fallait pas parler,
29:03 parce qu'il y avait du monde dans le compartiment. Alors, grand-père me disait...
29:05 - 7h, Paris-Brest. - Oui. Alors,
29:07 quand j'étais petite, il y avait trois classes.
29:09 La première, alors grand-père me disait
29:11 la première, c'est pour les riches. La troisième,
29:13 c'est pour les mal éduqués. Et la seconde,
29:15 c'est pour la classe moyenne, c'est-à-dire
29:17 c'est nous. Alors bon,
29:19 donc on était dans le compartiment, on ne parlait pas au début,
29:21 puis petit à petit, les gens descendaient,
29:23 et à la fin, évidemment, on restait
29:25 à peu, et j'avais le droit de parler à voix haute.
29:27 Et donc, grand-père,
29:29 quand on arrivait à Brest, il disait "Tu connais
29:31 le chef de guerre qui n'a pas le droit d'avoir un chien ?
29:33 Ben c'est Morlaix." Parce que quand
29:35 il crie "Morlaix" dans son haut-parleur...
29:37 - Le chien arrive.
29:39 - Voilà. - Oui, mais regardez,
29:41 vous racontez l'histoire, Catherine Bréchignac,
29:43 elle est formidable, elle est de la planète Mars.
29:45 Quand vous dites "On n'avait pas
29:47 le droit de parler", et quand,
29:49 effectivement, on arrivait à la fin
29:51 de parcours, là j'avais le droit de parler.
29:53 J'imaginez en 2024...
29:55 - J'avais pas le droit de parler à voix haute.
29:57 - Non, mais je veux dire, oui, mais enfin, attendez.
29:59 Non mais, aujourd'hui, en 2024,
30:01 qui n'a pas le droit de parler dans les trains
30:03 pendant... Si, on fait attention aux portables.
30:05 - On fait quand même attention, on vous dit quand même
30:07 ne pas... - C'est vrai.
30:09 - Mettez vos portables en sourdine.
30:11 Quand on va dans
30:13 un théâtre, etc., on écoute
30:15 aussi les gens. Si vous voulez parler,
30:17 vous avez des tas d'endroits où vous pouvez parler.
30:19 Mais vous n'êtes pas obligés de parler à voix haute
30:21 de manière très bruyante, quand
30:23 vous avez des voisins qui
30:25 défisent complètement de ce que vous dites.
30:27 - Et en fait, votre dernier chapitre,
30:29 enfin, le dernier chapitre du livre,
30:31 où vous parlez du monde d'aujourd'hui,
30:33 - Oui. - Vous n'êtes quand même pas,
30:35 on ne vous sent pas, d'un enthousiasme absolument
30:37 délirant sur un certain nombre de dérives.
30:39 - Non, il y a des dérives qui sont exagérées.
30:41 Mais je pense qu'il y en a eu à toutes les époques.
30:43 - Vous pensez ? Oui, remarquez.
30:45 - Oui, je pense quand même.
30:47 - Il y a eu quand même aussi le goût d'envoyer
30:49 des gens à la mort, peut-être, enfin...
30:51 - Il y a eu des époques qui ont été
30:53 épouvantables. Et puis regardez,
30:55 dans Sud Radio,
30:57 vous avez les Français par le ton
30:59 français, ça a été quand même une époque
31:01 extrêmement épouvantable, cette époque
31:03 de la Deuxième Guerre Mondiale.
31:05 L'unimanité a passé
31:07 toutes ces époques tyranniques.
31:09 Aujourd'hui,
31:13 on est dans une autre époque, mais on a aussi
31:15 des difficultés de vivre. - Et pour votre famille,
31:17 alors je reviens à la force
31:19 des racines, les deux guerres ont joué
31:21 un rôle très différent. - Oui.
31:23 Très différent. - En quel sens ?
31:25 - Dans
31:27 la guerre de 14-18,
31:29 mon grand-père avait 17 ans et
31:31 il s'est engagé volontaire.
31:33 Ses frères aînés étaient partis à la guerre,
31:37 mais lui n'avait pas besoin de partir,
31:39 et il est quand même parti, s'est quand même engagé,
31:41 et il est parti à la guerre.
31:43 Je lui posais beaucoup de questions,
31:47 et en fait,
31:49 il ne voulait pas répondre. - Pourquoi ?
31:51 - Parce que je pense qu'il a
31:53 vécu des choses abominables.
31:55 Je suis sûre qu'il a vu des...
31:59 - Oui, je suis sûr.
32:01 - Des hommes mourir devant lui, il en a peut-être
32:03 tué, il en a... Enfin bref.
32:05 - Il ne voulait pas en parler ? - Il ne voulait pas
32:07 en parler, non. Il a eu
32:09 des citations, mais il ne voulait pas en parler.
32:11 Après, quand j'ai lu son livre militaire,
32:13 il était déjà mort, mais quand j'ai écrit ce livre
32:15 et que j'ai lu son livre militaire,
32:17 j'ai compris ce qu'il avait vécu.
32:19 L'autre guerre était différente.
32:21 L'autre guerre était beaucoup plus...
32:23 Là, c'était la guerre du front qui était difficile,
32:25 mais dans l'arrière-pays, les gens
32:27 vivaient à peu près normalement.
32:29 La seconde guerre mondiale, évidemment,
32:31 tout le monde était impliqué.
32:33 - Et l'occupation a été...
32:35 - À Brest,
32:37 l'occupation a été forte, parce que
32:39 dès...
32:41 dès l'appel de De Gaulle,
32:43 tout de suite, les Allemands sont arrivés
32:45 et c'est pour ça qu'il a
32:47 rapatrié sa famille à Morlaix
32:49 et lui allait à Brest,
32:51 et puis après, ils sont arrivés sur Paris.
32:53 C'est comme ça qu'ils sont arrivés sur Paris.
32:55 - On continue à parler de cette épopée
32:57 de Jean Dilaire, de la famille
32:59 Bréchignac, enfin la famille
33:01 de Catherine Bréchignac, pour être plus précis,
33:03 la force de l'oracine.
33:05 Après,
33:07 une petite pause.
33:09 - 0826-300-300 pour nous appeler,
33:11 pour témoigner, pour poser vos questions
33:13 ou tout simplement pour réagir.
33:15 On revient dans quelques petites secondes.
33:17 Sur Sud Radio, ne bougez pas.
33:19 - Sud Radio Bercov,
33:21 dans tous ses états, midi 14h.
33:23 André Bercov.
33:25 - Ici Sud Radio,
33:27 les Français parlent
33:31 au français.
33:33 Je n'aime pas la Blanquette
33:35 de Veaux. Je n'aime pas
33:37 la Blanquette de Veaux.
33:39 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
33:41 - 13h47, on est toujours dans le
33:43 Face à Face avec André Bercov et Catherine Bréchignac
33:45 pour ce nouveau livre,
33:47 "La force de nos racines", et on accueille Claude,
33:49 qui nous appelle depuis Perpignan. Bonjour Claude.
33:51 - Oui, bonjour André Bercov
33:53 et bonjour Catherine Bréchignac.
33:55 - Bonjour. - Moi, j'ai écouté
33:57 votre échange avec André Bercov
33:59 avec énormément,
34:01 beaucoup, beaucoup d'intérêt.
34:03 Je dois dire, à titre personnel, mon père
34:05 à moi devait avoir l'âge de votre grand-père à vous,
34:07 ou peut-être même
34:09 un petit peu plus âgé.
34:11 Je voudrais dire deux choses. La première chose, c'est que
34:13 la façon pour moi de traduire "Les racines",
34:15 je disais souvent, la seule chose dont je suis
34:17 sûr, c'est les choses que
34:19 mon père m'a transmises, parce que celles-là,
34:21 elles existaient. La deuxième chose
34:23 que je voudrais dire, c'est un témoignage.
34:25 Mon père, il travaillait au chemin de fer,
34:27 il était réquisitionné
34:29 en gare de Lyon à Paris, nous vivions en région
34:31 parisienne, et pendant les périodes
34:33 de restrictions, il avait
34:35 trouvé le moyen d'aller
34:37 avec le train, évidemment, puisqu'il ne le payait pas,
34:39 d'aller en Belgique,
34:41 acheter de la chicorée et des clous,
34:43 ensuite, il repartait de Paris
34:45 avec sa chicorée et ses clous en Bretagne,
34:47 il allait, je ne me souviens plus,
34:49 dans quel village de Bretagne, où il avait
34:51 lié des liens avec une
34:53 ferme, et il pouvait ramener
34:55 du beurre et des oeufs. Je trouve que
34:57 c'est très extraordinaire. - Le tronc, le tronc !
34:59 - C'est joli, c'est joli.
35:01 - Ça, c'est très important, ce que vous racontez là,
35:03 tout d'abord, je salue Perpignan, parce que
35:05 j'ai un cousin germain, Karl Lager,
35:07 qui y habite, et
35:09 de plus,
35:11 je dois dire que c'est important ce que vous
35:13 venez de dire, parce que c'est la solidarité
35:15 entre les hommes qui est très importante.
35:17 Et cette solidarité, elle dépasse
35:19 les frontières, même des
35:21 frontières proches.
35:23 - Si je peux me permettre
35:25 juste un dernier truc, nous voyagions
35:27 à l'époque en troisième.
35:29 - Ah, bravo allez !
35:31 - Non, parce que nous étions en LGV.
35:33 - Vous étiez mal éduqués, hein, Claude !
35:35 - Voilà.
35:37 Allez, bonne journée à vous, madame.
35:39 - Merci. - Merci, Claude.
35:41 On avait une question, Catherine Bréchignac, sur les
35:43 réseaux sociaux tout à l'heure, qui nous parlait
35:45 de séparatisme. Est-ce que vous n'avez pas peur
35:47 d'être qualifié de séparatiste ?
35:49 - Non, non. - En parlant des racines.
35:51 - J'ai pas peur d'être qualifié de séparatiste,
35:53 parce que tout d'abord, je ne suis pas séparatiste,
35:55 je ne sais pas ce que ça veut dire, pas vraiment.
35:57 Et deuxièmement, je pense que le séparatisme
35:59 n'existe pas si vous êtes
36:01 tolérant. Vous avez la
36:03 tolérance, ce qui est extrêmement important.
36:05 Si vous respectez votre voisin,
36:07 quel qu'il soit,
36:09 si vous êtes tolérant vis-à-vis de lui,
36:11 il a ses racines, vous avez vos autres,
36:13 vous échangez entre vous,
36:15 et c'est ça qui fait la beauté
36:17 de l'humanité. - Voilà. Identité ouverte
36:19 contre identité fermée. - Exactement.
36:21 - Je crois qu'on a Evelyne qui nous attend au standard.
36:23 Bonjour Evelyne. - Bonjour Evelyne.
36:25 - Oui, bonjour. Alors moi, je voulais témoigner
36:27 surtout en mémoire de mon papa, qui
36:29 est en partie originaire de Bretagne,
36:31 des Côtes d'Armor, né en
36:33 1923.
36:35 Une anecdote. Il a donc
36:37 trouvé du travail dans le vexin,
36:39 où se trouvait ma famille d'avéculteur.
36:41 Et mon arrière-grand-mère maternelle,
36:43 quand il a voulu
36:45 épouser maman, il lui a dit "tu ne pouvais pas
36:47 épouser un français".
36:49 - Ah, elle s'en doutait joli.
36:51 - Bon, ensuite,
36:53 papa a vécu des moments très
36:55 difficiles. Il est mort à 97 ans
36:57 après une vie très dure, en travaillant
36:59 à 12 ans, puisqu'il a été placé dans les
37:01 fermes où ce n'était pas très heureux.
37:03 Et donc il est venu travailler
37:05 forcé de...
37:07 Il avait 17 ans en 1940,
37:09 il a dû travailler durement,
37:11 il est venu ici. Il a
37:13 donc eu un parcours où
37:15 ses filles ont pu faire
37:17 des études supérieures.
37:19 Et un de ses
37:21 petits-enfants, deux de petits-enfants,
37:23 ont un papa qui est venu de
37:25 Centrafrique faire des études supérieures
37:27 en France,
37:29 qui sont aussi une autre partie
37:31 de la France, qui sont maintenant
37:33 ingénieurs tous les deux.
37:35 Les racines, elles sont doubles,
37:37 elles sont triples, parce que je ne vous passerai pas
37:39 toutes les photographies d'une famille
37:41 qui a, je dirais,
37:43 des origines différentes. - D'accord.
37:45 - Irlandaise, bretonne,
37:47 viking,
37:49 centrafricaine,
37:51 indonésienne. - Mais voilà.
37:53 - La tolérance, oui.
37:55 Mais je peux aussi apporter le témoignage
37:57 de mes enfants,
37:59 maintenant adultes, ingénieurs,
38:01 qui aussi dans cette France
38:03 ont vécu des moments
38:05 difficiles, mais la famille
38:07 a toujours su les accompagner, et notamment
38:09 leur grand-père venu de Bretagne,
38:11 des Côtes d'Armor, un pays
38:13 où il fut une époque où on vivait
38:15 très pauvrement.
38:17 Donc ce sont des racines multiples,
38:19 qu'il faut effectivement, et il y a
38:21 vraiment à certains endroits dans cette
38:23 France, je ne suis pas d'accord avec vous, Madame
38:25 Bréchignac, la tolérance,
38:27 oui, mais...
38:29 Voilà. Et
38:31 croyez-moi que mon
38:33 père mort à 97 ans
38:35 en 2020, cette tolérance,
38:37 il l'avait, et il a vécu des moments
38:39 très difficiles aussi. - Bien sûr.
38:41 - Mais ça ne veut pas dire quand on est tolérant qu'on ne vit pas
38:43 des moments difficiles, mais... - Voilà, c'est ce que je veux dire.
38:45 - J'aime beaucoup votre commentaire
38:47 parce que, en fait, les racines
38:49 sont des racines multiples, et c'est
38:51 très très important, ces racines
38:53 multiples. Au fond,
38:55 quand on raisonne à l'échelle de l'humanité,
38:57 on se rend compte qu'on a tous été...
38:59 On arrive tous de quelque part,
39:01 on a tous bougé, et on a
39:03 tous des racines qui sont... Mais c'est
39:05 le fait de digérer ces racines,
39:07 de les accepter, et d'en faire
39:09 quelque chose, qui va être
39:11 l'espérance pour demain. - Oui,
39:13 c'est vrai. - C'est derrière le grand-mère qui avait dit à
39:15 mon papa qu'on ne pouvait pas
39:17 épouser un Français.
39:19 J'ai eu une de mes tantes
39:21 qui a épousé un descendant des esclaves
39:23 français. Donc on a
39:25 un visage très multiple dans la France, et
39:27 chaque racine a su s'adapter,
39:29 et c'est peut-être un problème majeur
39:31 actuellement. Non, mais ça c'est vrai.
39:33 - Non, mais c'est vrai. - Tout à fait vrai.
39:35 - Il faut que la tolérance, vous savez,
39:37 s'exerce des deux côtés.
39:39 On pourrait en parler des traites négrières
39:41 pendant très longtemps aussi. Beaucoup de choses
39:43 à dire, vous le savez. Non, je crois
39:45 que c'est très important, mais je voudrais
39:47 juste terminer cette
39:49 émission en demandant à Catherine
39:51 Bréchignac ce qu'elle pense de cette phrase.
39:53 J'en ai commencé à parler hors
39:55 antenne. C'est quand
39:57 on a demandé à Jean-Paul Sartre qu'on peut aimer
39:59 ou ne pas aimer, mais qu'on
40:01 ne peut pas contester
40:03 quand même la puissance d'écrivain,
40:05 peut-être moins de
40:07 philosophe que d'écrivain, enfin pour moi,
40:09 on lui a demandé, Sartre, vous avez écrit sur la liberté,
40:11 vous avez écrit beaucoup de traités sur
40:13 la liberté, mais est-ce que vous pourriez en une
40:15 phrase définir ce qu'est la liberté ?
40:17 Et il a dit, c'est pour ça que je vous pose
40:19 la question, et ça rejoint à ce qu'on était en train de
40:21 discuter tous, il dit "la liberté,
40:23 c'est ce que vous faites de ce qu'on a fait
40:25 de vous". C'est-à-dire on ne choisit pas
40:27 ses origines, on ne choisit pas sa naissance,
40:29 on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas
40:31 son lieu d'éducation, mais après
40:33 c'est vous qui gérez,
40:35 c'est vous qui gérez au vrai sens
40:37 du terme, au fond le plus profond,
40:39 ce que vous avez fait de votre
40:41 programmation d'origine. Est-ce que vous êtes
40:43 d'accord avec ça ? - Moi je suis d'accord avec ça, c'est-à-dire
40:45 qu'en fait, on choisit pas,
40:47 on choisit évidemment rien,
40:49 mais d'abord on a une chance phénoménale,
40:51 c'est de vivre, parce que la vie
40:53 est quand même quelque chose d'extraordinaire,
40:55 quand vous regardez l'univers, vous
40:57 vous rendez compte de la chance que vous
40:59 pouvez avoir, et cette chance
41:01 il ne faut pas la rater, il faut vraiment
41:03 la prendre à bras le corps, aimer la vie,
41:05 et faire
41:07 avec tout ce qu'on a appris,
41:09 parce qu'on ne peut pas apprendre tout,
41:11 mais une partie, et nos racines en particulier,
41:13 en faire quelque chose de bien.
41:15 Et c'est effectivement ce que l'on fait,
41:17 avec ce que l'on a,
41:19 qui est toute la valeur ajoutée
41:21 de l'humain. - Et cette valeur
41:23 ajoutée de l'humain, c'est pour ça,
41:25 vous le racontez d'ailleurs, c'est très intéressant
41:27 parce que, ce que vous racontez
41:29 dans cette épopée de gens
41:31 dits ordinaires, moi je ne sais pas
41:33 ce que c'est quelqu'un d'ordinaire, mais bon,
41:35 mais je vois très bien comment
41:37 vous employez cela,
41:39 c'est qu'au fond, on a l'impression que
41:41 chacun,
41:43 dites-moi si cette image vous convient,
41:45 s'est juché sur les épaules de l'autre.
41:47 - Oui, c'est ce que disait,
41:49 c'est ce qu'on a dit depuis déjà très longtemps,
41:51 c'est ce qu'a dit Newton,
41:53 c'est ce qu'a dit Chrétien de Troyes,
41:55 c'est effectivement, si je vois plus loin,
41:57 c'est parce que je suis sur les épaules
41:59 des géants. Et c'est exactement ça,
42:01 c'est vrai pour la science, c'est vrai pour tout.
42:03 Quand vous faites
42:05 de la science, vous êtes,
42:07 vos racines, parce que moi j'ai
42:09 des racines qui sont très multiples,
42:11 même si elles sont terriennes d'un côté,
42:13 et bien de l'autre côté,
42:15 quand on fait de la science, avec les racines
42:17 de tous les
42:19 scientifiques
42:21 qui nous ont précédés,
42:23 qui ont trouvé des choses formidables,
42:25 ils ne les trouvent jamais tout seuls, jamais.
42:27 Même vous n'auriez par exemple,
42:29 Einstein, si Einstein
42:31 n'avait pas existé, un autre
42:33 aurait existé, enfin un autre
42:35 aurait trouvé la relativité. En fait,
42:37 il faut être très humble quand on fait
42:39 de la science, parce que justement,
42:41 on fait progresser un tout petit peu
42:43 par rapport à ce que
42:45 tous les scientifiques précédents
42:47 ont trouvé. Et c'est ça
42:49 qui fait la construction de la science,
42:51 c'est cette solidarité
42:53 pour construire la connaissance
42:55 qui est très importante. Et là aussi, c'est d'autres racines.
42:57 - Les pieds sur terre
42:59 et la tête dans les étoiles.
43:01 C'est Catherine Bréchignac.
43:03 Et lisez son livre. - Merci Catherine Bréchignac
43:05 d'avoir été avec nous. Je rappelle ce livre.
43:07 "La force de nos racines" disponible
43:09 aux éditions du CERF. André Bercoff,
43:11 demain vous renez entre midi et 14h.
43:13 Édition un peu spéciale demain entre 13h et 14h,
43:15 puisque nous serons avec
43:17 Marie-Estelle Dupont et Sophie Audugy.
43:19 On va faire une émission spéciale sur l'éducation
43:21 pour les enfants, notamment
43:23 à l'école. Tout de suite, c'est Brigitte Lahaye sur Sud Radio.
43:25 A demain !
43:27 (Générique)

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