Davos risk report 2024

  • il y a 8 mois

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00:00 Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle émission consacrée à Davos. Alors si vous
00:15 suivez l'actualité, vous n'avez pas pu passer à côté comme chaque année, les chefs d'État,
00:20 les PDG, les organisations gouvernementales sont réunis à Davos en Suisse pour le Forum
00:24 économique mondial et on va regarder ensemble le Risk Report de Davos qui est publié chaque année
00:29 qui est basé sur des études faites auprès des participants. J'avais déjà fait l'exercice en
00:34 2022. Donc ce rapport sur les risques mondiaux, il parle d'abord du monde tel qu'il est aujourd'hui,
00:40 du monde en 2024, ensuite du chemin vers 2026 puis de 2034. C'est pour ça que vous verrez,
00:46 on parle surtout des menaces et des risques à deux ans, donc 2026, et des risques à 10 ans,
00:50 donc 2034. Alors sur le futur, les participants de Davos sont modérément optimistes. À deux ans,
00:55 en gros 70% pensent que le monde sera stable ou avec un peu d'instabilité et avec un risque modéré
01:02 de catastrophe globale. Quand on passe à 10 ans, ça change puisqu'ils sont plus que 37% à le penser
01:07 et 63% pensent que le risque de catastrophe globale devient élevé. Le plus intéressant,
01:12 c'est de voir quels sont les risques les plus graves à court terme et à long terme. À court
01:16 terme, c'est le risque de désinformation qui a pris la tête, notamment dû à l'intelligence
01:20 artificielle. Vous le savez, aujourd'hui on peut faire dire ce qu'on veut dans une vidéo à un
01:24 président ou à n'importe qui. Suivi, des événements climatiques extrêmes à la deuxième place.
01:29 Ensuite, il y a la polarisation de la société et en quatrième place, le risque cyber. Si on passe
01:35 à 2034, maintenant les risques les plus sévères selon les participants de Davos, ça va être en
01:41 un les événements climatiques extrêmes, suivi par des changements critiques sur des écosystèmes.
01:45 Ensuite, on a la perte de biodiversité et enfin le manque de ressources à la quatrième place.
01:50 Donc on le voit, à 10 ans, les quatre premiers risques sont des risques environnementaux,
01:54 suivis par l'intelligence artificielle. Comme on parle de risques à deux ans,
01:59 on peut s'amuser à regarder les risques mentionnés en 2022, à l'époque où j'avais déjà analysé ce
02:05 rapport. Sans aller fouiller, je me dis qu'est-ce qui s'est passé depuis 2022 ? Sans trop réfléchir,
02:11 je vais dire qu'il y a eu la guerre en Ukraine, l'invasion russe en Ukraine, on a eu l'inflation,
02:15 on a eu le conflit à Gaza, on a eu l'émergence de l'intelligence artificielle. Donc voilà un peu
02:20 ce que je devais retenir, quelques trucs qui se sont passés dans les deux dernières années.
02:26 En 2022, ce sont des rapports qui sont publiés en début d'année. L'invasion de l'Ukraine,
02:32 je vous le rappelle, c'était en février 2022, donc je pense que le rapport a dû être publié
02:35 un mois avant. Donc à cette époque-là, dans les dix premiers risques à deux ans, il n'y a rien
02:40 qui s'y rapproche. On ne parle pas de conflit armé, on ne parle pas d'intelligence artificielle,
02:45 on ne parle pas d'inflation, etc. Le top 3 de l'époque, c'était événements climatiques,
02:51 crise alimentaire, mais ce n'était pas spécifiquement mentionné inflation, c'était
02:55 crise alimentaire, plutôt crise alimentaire dans les pays extrêmement pauvres. Et puis en 3,
02:59 inaction face aux risques climatiques. C'est fou, donc ça veut dire que les grandes se
03:04 montrent, ceux qui sont le mieux informés, les PDG, les chefs d'État, etc. Ils n'ont même pas
03:08 un an d'avance, ils ne font que réagir aux événements passés. Et c'est encore plus
03:13 intéressant de regarder début 2023. Je vous rappelle, début 2023, on est à peu près au
03:18 pic de l'inflation, puisque l'Ukraine s'est passée de manière très récente. On n'a pas encore de
03:24 mémoire l'intelligence artificielle, le buzz autour de Chad GPT, c'était plutôt au printemps. Et si
03:29 on regarde les risques que prévoyaient les grandes se mondent pour les deux prochaines années, c'était
03:33 en numéro 1 l'augmentation du coût de la vie. Champion du monde, donc en fait, ils ont regardé
03:38 ce qui s'était passé l'année précédente, ils ont vu que l'inflation avait explosé, donc le risque
03:42 des deux prochaines années, c'est l'augmentation du coût de la vie. En numéro 2, c'est les
03:47 événements climatiques et en 3 les confrontations géoéconomiques, je pense très fortement influencées
03:54 par l'Ukraine. Et ce qui est intéressant, c'est qu'à ce moment-là, on est juste avant le buzz
03:58 sur Chad GPT, l'intelligence artificielle, etc. Et personne n'en parle, alors qu'on le voit en 2024,
04:07 un an après, c'est monté dans le top des risques. On voit donc que le pouvoir prédictif sur deux
04:12 ans est à peu près proche de zéro. Alors, vous savez, c'est un peu un de mes thèmes de
04:17 prédilection, mais on aurait pu quand même imaginer qu'à Davos, il y a tellement de
04:21 têtes pensantes et de gens qui dirigent, donc de gens qui prennent des décisions. Donc, on peut
04:25 quand même imaginer qu'ils ont quelques mois d'avance sur nous, qu'ils ont des rapports
04:29 confidentiels ou je ne sais quoi, qui leur donne un tout petit peu d'avance, mais apparemment pas du
04:34 tout. Mais il y a autre chose qui m'a choqué, c'est le fait que les risques climatiques, qu'ils soient
04:39 très largement en tête sur dix ans, je le comprends totalement, c'est extrêmement logique, mais qu'ils
04:45 le soient aussi sur deux ans, ça me surprend énormément parce que je viens de relire le
04:49 rapport du GIEC, le résumé pour décideurs, c'est la troisième fois que je m'y plonge, et le risque
04:53 climatique, il est réel, il est très réel, mais il est relativement lointain, de ce que j'en ai
04:58 compris, mais ça, j'en reparlerai un petit peu en fin d'émission. Avant ça, il y a un graphique qui
05:01 m'a beaucoup éclairé et qui aide peut-être à comprendre pourquoi ils sont aussi mauvais dans
05:06 leur pouvoir de prédiction, c'est toujours le classement des risques à deux ans, mais cette
05:10 fois-ci classé par groupe, parce que vous savez à Davos, il n'y a pas que des politiques ou que
05:15 des PDG, il y a d'autres personnes, donc ils ont classé ça en société civile, organisation
05:21 internationale, universitaire, gouvernement et secteur privé. Et donc dans ces cinq
05:28 groupes, si vous voulez, on a toujours les trois mêmes risques en tête, c'est-à-dire que sur les
05:32 quatre premiers risques, il y en a trois qui sont communs à tous les groupes. On a les événements
05:36 climatiques extrêmes, et on est toujours à deux ans, événements climatiques extrêmes, désinformation
05:42 et polarisation de la société. Ces trois thèmes-là sont dans le groupe de quatre, que ce
05:47 soit organisation internationale, universitaire, PDG, gouvernement, etc. Ensuite, on trouve des
05:52 divergences, c'est vrai, sur des thèmes très précis comme la cybersécurité, qui est sur le podium des
05:56 plus gros risques pour le secteur privé et les gouvernements, mais qui est beaucoup moins
06:00 important pour la société civile, les universitaires, etc. J'ai trouvé ça intéressant parce que ça m'a
06:05 rappelé, à chaque fois que j'ai fait des émissions sur la sagesse des foules ou l'intelligence
06:09 collective, c'est un autre thème qui me plaît beaucoup. Or, il y a des conditions à respecter
06:15 pour qu'une intelligence collective arrive à trouver un bon résultat. Il y a notamment trois
06:21 conditions principales. La première condition, c'est la diversité. Les personnes doivent être
06:25 hétérogènes, elles doivent avoir des connaissances, des compétences différentes et souvent même un
06:29 avis différent. Là, je suis partagé, mais je vais dire qu'on est plutôt pas mal, parce que même si
06:34 on peut se douter qu'il y a un gros risque que la majorité des personnes à Davos soit du même milieu,
06:38 en tout cas qui vivent dans les mêmes villes, dans les mêmes quartiers, même s'il n'y a pas que les
06:42 pays riches à Davos, il y a un peu de tout, mais malgré tout, même si vous êtes un universitaire
06:48 dans un pays, quel qu'il soit, vous êtes un universitaire, vous êtes quelqu'un de gouvernement,
06:52 vous êtes un des PDG, etc., vous avez quand même tendance à vivre un peu de la même manière,
06:56 un peu dans les mêmes quartiers, etc. Mais en termes de compétences, on peut espérer qu'il y ait
07:00 de la diversité. Donc, par exemple, du point de vue de l'environnement, on va avoir des scientifiques
07:04 d'un côté, on va avoir des PDG de l'autre, des premiers ministres ou des gens du gouvernement,
07:09 donc des compétences différentes, des gens qui vont connaître le sujet, d'autres beaucoup moins.
07:13 La deuxième condition, c'est l'indépendance. C'est là où on a éventuellement un problème
07:17 qui n'aide pas à faire de bonnes prédictions. D'ailleurs, rien que le fait qu'ils discutent
07:23 tous à Davos en ce moment, ça le montre. Il y a probablement une énorme influence. Par exemple,
07:28 parmi les participants cette année, on va retrouver le PDG de Microsoft, Satya Nadella,
07:32 on va retrouver Sam Altman, le patron du créateur de ChatGPT, OpenAI. Donc, quand vous avez Satya
07:39 Nadella ou Sam Altman qui vous parlent d'intelligence artificielle et que vous êtes, je ne sais pas,
07:43 un universitaire ou un premier ministre, vous allez être écouté comme le Messie. Vous allez
07:47 énormément influencer les autres. Donc, je pense que comme on va avoir effectivement une diversité,
07:52 peut-être de compétences, mais que tous ces gens se parlent et s'influencent énormément,
07:56 on a peut-être de la diversité à la base, mais il y a tellement peu d'indépendance de pensée,
08:01 il y a tellement d'influence que finalement, je pense que cette deuxième condition n'est pas
08:05 forcément réunie. Et ensuite, on a la troisième condition. La troisième condition pour donner un
08:10 chiffre juste dans le cadre d'intelligence collective, c'est qu'il faut être incité à
08:13 donner le chiffre le plus juste. Il faut une incitation. Donc, sur les marchés, par exemple,
08:17 c'est le cas puisqu'il y a une incitation monétaire. Vous votez avec votre argent,
08:21 si vous voulez. Vous allez investir dans une société qui produit des panneaux solaires parce
08:26 que vous croyez vraiment que c'est l'avenir. Et s'il y a quelque chose dans lequel vous avez une
08:31 vague idée, mais vous n'y croyez pas réellement, vous n'allez pas mettre votre argent là-dedans.
08:35 Et ici, pas du tout. Ça reste un sondage, ça reste des idées. Et même, on peut se dire qu'on
08:41 serait plutôt incité à dire comme les autres. C'est-à-dire que si vous êtes dans les couloirs
08:45 de Davos et que vous devez discuter avec un universitaire qui discute avec un membre du
08:51 gouvernement français, qui discute avec quelqu'un de Greenpeace, etc. Tout le monde est là à
08:56 discuter ensemble. Ça va parler climat, ça va parler intelligence artificielle, ça va parler
09:01 des thèmes du moment. Et ce n'est pas forcément là où vous allez lever la main pour dire "oui,
09:06 mais finalement, l'intelligence artificielle, ce n'est pas si grave que ça" ou bien "oui,
09:11 bon, le risque climatique, c'est plutôt à 15, 20 ans qu'à 2 ans", etc. Donc, il n'y a pas
09:16 d'incitation, si vous voulez. Ils ne mettent pas leur vie en jeu, ils ne mettent pas leur argent
09:22 en jeu. Il n'y a finalement pas de risque qui est le bon ou pas le bon, c'est pas grave. Donc,
09:29 cette troisième condition, je trouve aussi qu'elle n'est pas remplie. Je vais revenir
09:33 rapidement sur le sujet du climat, parce que c'est le sujet principal. Un petit peu moins
09:37 à court terme cette année avec l'intelligence artificielle, mais ça l'est toujours,
09:39 mais surtout à 10 ans. C'est le sujet qui est le plus important, le sujet qui est inquiétant
09:45 et passionnant à la fois. Oui, ça fait plusieurs années que c'est le risque principal,
09:50 donc que ce soit dans les risques principaux, donc à 2 ans à 10 ans, c'est un risque énorme pour la
09:54 planète. Mais mon point de vue, c'est que l'inertie est énorme. Donc, je suis toujours
09:58 surpris de voir qu'il est mentionné dans les risques principaux à 2 ans. Et je ne suis pas
10:04 du tout climato-sceptique à parler comme ça dans le vide, je parle vraiment des scénarios du GIEC.
10:08 Si je regarde le scénario du GIEC, enfin les scénarios, au début des années 2030,
10:13 dont on est plutôt ici à 10 ans, effectivement certains écosystèmes pourraient atteindre leur
10:17 point de bascule avec une probabilité assez forte. On parle des récifs coralliens, on parle de
10:21 l'effondrement des calottes glaciaires Groenland-Antarctique, on parle de dégel brutal du
10:26 permafrost. Mais sans être ni catastrophiste ni climato-sceptique, à chaque fois que je lis un
10:32 rapport du GIEC, je me dis deux choses. Je me dis c'est très grave et je me dis à la fois,
10:38 c'est pas pour tout de suite, parce qu'on est sur des courbes, si vous avez lu ces rapports-là,
10:41 qui vont jusqu'à 2100 avec les scénarios 3°C, 2,5°C, etc. C'est là, c'est sous nos yeux,
10:49 on a des tendances extrêmement fortes, mais quand on regarde les dates, non seulement c'est pas pour
10:55 10 ans, mais même pour 2 ans c'est encore pire. Je suis toujours surpris que les dirigeants au
11:02 sens très large de Davos mettent ça comme risque à 2 ans. En fait, je trouve ça beaucoup plus
11:06 judicieux de mettre dans les risques à court terme l'inaction climatique. C'est ce qu'ils
11:10 avaient fait en 2022. Je trouve ça beaucoup plus logique de mettre comme risque à 2 ans l'inaction
11:15 climatique plutôt que le climat lui-même. Alors, ce qui est à la fois rassurant et un petit peu
11:18 inquiétant, c'est que les 2800 participants de Davos ne savent pas plus que nous ce qui va se
11:23 passer dans les deux prochaines années. Ils n'avaient bien sûr pas prédit le Covid-19,
11:27 ils n'ont pas prévu la guerre en Ukraine, l'inflation, l'intelligence artificielle.
11:32 Je vous encourage quand même à lire ce rapport qui est beaucoup plus large, il fait plus de 100
11:36 pages, beaucoup plus large que ce que je vous ai raconté. Il est très intéressant. Je vous
11:40 encourage encore plus à lire le rapport du GIEC, le résumé pour les décideurs, qui fait 42 pages.
11:45 C'est vraiment rien du tout à lire, ça se lit très rapidement. C'est en anglais, malheureusement
11:50 en anglais, alors le vocabulaire est quand même relativement simple. Si vous ne lisez pas du tout
11:54 l'anglais, ce que je vous conseille, c'est de lire le résumé du Shift Project. Bien sûr, je vais
11:58 vous mettre tout ça en lien. Je vais vous mettre le rapport de Davos, je vais vous mettre le rapport
12:02 du GIEC et je vais vous mettre le résumé du Shift Project en français. Seul bémol sur le résumé du
12:07 Shift Project, c'est qu'il ne fait que 15 pages. Donc on passe du rapport du GIEC, le gros rapport
12:12 du GIEC, de mémoire il fait un peu plus de 600 pages. Ensuite le résumé pour décideurs qui fait
12:15 42 pages. Ensuite la version résumé du résumé du Shift Project qui fait 15 pages. Mais bon,
12:20 c'est toujours mieux que rien, au moins vous avez directement accès à la source, aux chiffres de
12:26 tous les scientifiques du GIEC. Voilà, merci beaucoup de m'avoir écouté. Vous pouvez me
12:30 mettre en commentaire quels sont vos risques principaux à deux ans, à dix ans. On va voir
12:34 si c'est les mêmes risques que ceux des grands décideurs ou si c'est autre chose. Merci en tout
12:39 cas de m'avoir suivi. N'oubliez pas de mettre une note sur le podcast, de liker si vous aimez
12:43 cette vidéo. Et puis pour ceux qui me regardent en vidéo, et puis à bientôt pour une autre émission.