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Minelli, Kookaï, Pimkie... pourquoi s'est-on détourné de ces enseignes ?
France Culture
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11/01/2024
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News
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00:00
6h39, les matins de France Culture, Guillaume Erner.
00:06
Marguerite Caton, je vous salue.
00:08
Bonjour Guillaume, bonjour à tous.
00:10
Le nouveau Premier ministre en tout cas vous inspire.
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Oui, en convoquant les classes moyennes dans son discours de passation de pouvoir à Matignon.
00:17
Des classes moyennes qui travaillent, qui financent les services publics, le modèle
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social mais qui doutent.
00:22
Et bien, Gabriel Attal a mis le doigt sur une passion française.
00:25
Celle d'un idéal de société égalitaire qui se fragilise de crise en crise.
00:30
Et cela m'a inspirée, oui, car je veux voir dans la disparition de tout un pan de
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la mode française, de tout le moyen de gamme, dans la liquidation de Minnelli, Koukaï,
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Pimki et j'en passe, la preuve de cette fragilisation de la classe moyenne.
00:43
Pour savoir comment vont les Français, M.
00:46
Attal, regardez où ils s'habillent, observez leurs vêtements.
00:49
Bonjour Gilles Damainviel.
00:50
Bonjour.
00:51
Vous êtes directeur de l'Observatoire économique de l'Institut français de la mode.
00:55
Est-ce qu'il est possible, peut-être pas, de lister mais au moins de donner un aperçu
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des différentes enseignes en difficulté ?
01:00
Alors, les enseignes en difficulté malheureusement ont beaucoup touché les enseignes historiques
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françaises, vous l'avez dit, du milieu de gamme.
01:08
Ça ne veut pas forcément dire, et on en parlera peut-être, que le milieu de gamme
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est condamné.
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Mais c'est vrai que ces enseignes-là ont particulièrement souffert.
01:16
On pense à la fermeture emblématique fin 2022 des magasins camailleux.
01:21
C'est la chaîne spécialisée du vêtement féminin la plus importante en France.
01:26
S'est-on évalué le nombre d'emplois menacés ou perdus ? Vous parlez de camailleux, c'était
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2600 personnes.
01:32
Là on a Minnelli, Pimki, Jennifer, Sandmarina, Burton Caporal.
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Est-ce qu'on a une idée ?
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Difficile de répondre à cette question parce qu'il y a des choses qui sont en cours.
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Mais on peut penser qu'au minimum c'est 5000 emplois qui sont menacés.
01:47
Et c'est très important dans l'écosystème de la mode parce que, comme vous le savez,
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aujourd'hui il y a davantage d'emplois dans le commerce, dans la distribution que dans
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l'industrie en France, dans l'écosystème de la mode.
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Oui, c'est-à-dire qu'on avait déjà perdu des emplois de l'industrie textile et maintenant
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c'est la vente qui est touchée.
02:03
Alors, West France a publié hier une enquête.
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Le journal parle de 45 900 emplois disparus dans le prêt-à-porter.
02:10
Alors depuis 2010, depuis 2020, ils chiffrent ces nombres d'emplois disparus à 7500 rien
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que pour ce début d'année 2024.
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Il y a 387 pour la suppression de postes chez Minnelli, 75 chez Jennifer, 257 chez Pimcky,
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800 pour l'enseigne Chausse-Expo.
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Est-ce qu'il y a peut-être un problème de gestion à pointer pour commencer ?
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C'est la conjonction de plusieurs éléments qui peuvent expliquer ce phénomène.
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La gestion c'est très important.
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Il faut effectivement observer qu'on a des enseignes qui ont des belles performances.
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Il faut parler aussi des trains qui arrivent à l'heure.
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Il y a des exceptions positives.
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Effectivement, derrière ces exceptions positives, on y voit aussi une gestion solide des investissements,
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une vision de long terme.
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Alors que peut-être depuis la chute et le démantèlement du groupe Vivarté, on était
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plutôt habitué à une gestion chaotique avec des grands coups de barbe à bord, tribord,
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sans forcément penser au long terme et en cherchant la rentabilité court terme.
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Ça fait beaucoup de mal au secteur.
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On appelle généralement, vous l'avez dit, ce segment le milieu de gamme.
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Gilles Damainviel, qu'est-ce qu'on désigne précisément par ce terme ?
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Et puis, quel était le profil des acheteurs ?
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Alors le milieu de gamme, on peut penser emblématiquement aux gros cylindrés qui,
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elles, n'ont pas de difficultés.
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Zara, H&M, Uniqlo par exemple, ce sont des grands groupes internationaux qui affichent
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des belles performances, y compris à l'international.
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Et ça, c'est très important.
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Emblématiquement, comme je l'ai dit, en France, on pense à Camailleux, Promod, Pimki,
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des enseignes qui se sont développées en fait fin des années 90, année 2000.
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Elles s'adressent à une population, vous l'avez évoqué, je pense que la réflexion
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est pertinente, les classes moyennes.
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Et les fondamentaux de l'économie ne sont pas forcément bons pour les classes moyennes.
04:03
Lorsqu'on observe les choses à une période moyen terme, long terme, on voit un avant
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et un après crise des subprimes.
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La crise des subprimes, ça peut paraître loin, mais finalement, on la ressent, 2008,
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on la ressent encore aujourd'hui, puisque l'évolution du pouvoir d'achat depuis 2007-2008,
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elle est pratiquement stable.
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Elle progresse à peine entre 0 et 0,5%, alors qu'avant, on avait coutume de voir le pouvoir
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d'achat progresser de 2%.
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Donc les catégories socioprofessionnelles qui sont fragiles, effectivement, sont particulièrement
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touchées et il y a une nouvelle façon de consommer, puisque ces catégories-là ont
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la possibilité d'avoir accès à une offre de tout petit prix avec un paysage concurrentiel
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qui s'est beaucoup modifié, de nouveaux acteurs, Chiine, Temo, etc.
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Dans l'alimentaire, les Aldi Lidl qui s'intéressent aussi aux vêtements.
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Bref, c'est difficile pour les enseignes historiques françaises de rivaliser dans
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un contexte tel que celui-là.
05:01
- Si on reste sur les consommateurs, ces classes moyennes se sont déportées en fait vers
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la mode à petit prix, le low cost.
05:08
C'est vraiment vers des enseignes moins chères qu'ils sont allées ?
05:10
- Alors, les classes moyennes ont la possibilité, effectivement, et l'inflation, ça a été
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un élément très important aussi, puisqu'on revoit ces arbitrages quand on est consommateur.
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Pour faire face aux hausses de prix dans l'alimentaire, on va peut-être différer ces achats de mode,
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voire les supprimer.
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Et donc, les classes moyennes ont effectivement plutôt tendance, par nécessité, c'est
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une consommation de crise, à se tourner vers les petits prix.
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Il y a des enseignes françaises qui fonctionnent bien sur ce segment de marché.
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Et puis, il ne faut pas oublier la seconde main aussi, puisque le moteur premier qui
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est cité par les consommateurs lorsqu'ils achètent de la seconde main, c'est le prix.
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Les critères des co-responsabilités sont importants, mais le prix arrive en premier.
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- Est-ce qu'on observe aussi un effet spatial, peut-être une bascule du centre-ville vers
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la périphérie dans la consommation et l'achat de vêtements ?
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- La géographie est importante.
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Vous avez raison.
06:01
La question du centre-ville, de l'animation du pays, de manière générale, c'est quelque
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chose de très important.
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Les chaînes spécialisées milieu de gamme, traditionnellement, étaient plutôt en centre-ville.
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Et en région, il y a des centres-villes qui sont un petit peu abandonnés, d'une certaine
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façon, au profit de la périphérie.
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Et ce sont plutôt des modèles de grande distribution, avec des grandes surfaces, qui s'adressent
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à l'homme, la femme, l'enfant, qui ont plutôt la faveur des consommateurs, alors
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que le centre-ville est en difficulté.
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Le tout, bien sûr, accompagné par la montée en puissance d'Internet, où là, il n'est
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question ni de centre-ville ni de périphérie, mais on peut faire, comme vous le savez,
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ses achats chez soi.
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- Véhissement, paupérisation et périphérisation, je ne sais pas si ça se dit, des achats avec
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la classe moyenne, c'est ce qu'on observe.
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Est-ce que cette difficulté du moyen de gamme risque d'affecter le secteur supérieur,
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du « luxe accessible premium » ?
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- Le segment du « luxe accessible premium » s'adresse à des populations qui ont un
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pouvoir d'achat moins fragilisé.
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Mais vous avez raison, on peut penser que cette crise, finalement, va peut-être aller
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au-delà des classes moyennes, parce que ce qu'on observe sur la période récente,
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c'est que le taux d'épargne des Français a beaucoup progressé.
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Donc on peut très bien imaginer certains foyers qui disposent d'un revenu confortable,
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mais qui choisissent de moins consommer et qui choisissent plutôt d'épargner davantage
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dans un contexte difficile, qui est celui qu'on connaît depuis Covid, inflation, etc.
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Donc l'épargne se fait au détriment de la consommation et, par définition, qui épargne,
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ce sont plutôt les CSP, les classes sociales favorisées.
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- Merci beaucoup Gilles D'Aminviel d'être venu nous éclairer ce matin.
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On comprend Pim Kimm, Minéli Koukai, c'est la disparition d'une histoire française et
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d'une histoire sociale.
07:58
Je rappelle que vous êtes directeur de l'Observatoire économique de l'Institut français de la
08:01
mode.
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