L'oraison funèbre de Thierry Ardisson

neo

"Mon vrai boulot, c'est inventeur." Thierry Ardisson, star de la télévision, est venu prononcer son éloge funèbre.

Transcript

00:00 L'épitaphe que j'aimerais, c'est "il avait des idées", en fait.

00:03 Les gens pensent que je suis un animateur de télé.

00:04 En fait, pas du tout. J'ai commencé à 35 ans.

00:07 Ce n'était pas ma vocation.

00:08 Bonjour, c'est Thierry Ardisson.

00:09 Comme on n'est jamais mieux servi que par moi-même,

00:11 c'est moi qui vais vous parler de ma mort.

00:13 Il était créatif, il était méchant, il était gentil.

00:18 De plus en plus gentil, quand même.

00:19 De mes trois femmes, comme Roger Vadim.

00:23 Roger Vadim, quand il est mort, il y avait ses quatre femmes à son enterrement.

00:27 Et je trouve ça très bien.

00:28 D'ailleurs, je leur ai dit à chacune, si vous pouvez faire l'effort de venir...

00:31 De toute façon, je serais mort, donc voilà.

00:32 Je pourrais dire Hanouna, mais je ne dirais même pas Hanouna.

00:38 Tout le monde peut venir.

00:39 Moi, je suis monarchiste.

00:41 Les gens, en France, quand on est monarchiste,

00:44 ça veut dire qu'on est d'extrême droite.

00:46 Voilà, c'est le gros problème.

00:47 La monarchie, pour moi, c'est la monarchie comme en Angleterre,

00:49 en Suède, en Norvège, au Danemark, en Hollande, en Belgique, au Luxembourg, etc.

00:53 Il y a des pays monarchiques en Europe

00:55 qui ne sont pas particulièrement des dictatures fascistes.

00:57 Alors pourquoi monarchiste ?

00:58 Je pense qu'il faut qu'il y ait un arbitre.

01:01 Si vous faites un match de foot, par exemple, OM-PSG,

01:04 vous n'allez pas prendre comme arbitre le capitaine d'une des deux équipes.

01:08 Vous allez avoir un arbitre qui est un arbitre au-dessus des partis.

01:10 Et en France, tous les pays républicains, disons,

01:13 c'est le chef du parti conservateur ou le chef du parti progressiste

01:18 qui devient le roi.

01:19 Et ça ne peut pas marcher,

01:20 parce qu'il ne représente que 50 % de la population.

01:23 Il ne peut pas réunir la population,

01:24 puisqu'il est élu par 50 % de la population.

01:27 C'est facile à comprendre, mais personne ne veut le comprendre.

01:29 J'aurais pu être ministre de la Culture de Macron, peut-être,

01:34 parce que je l'aime bien.

01:36 Puis ensuite, on aurait peut-être pu faire des choses.

01:38 Il est assez dingue, quoi.

01:39 Je vais trouver peut-être un terrain d'entente sur la dinguerie.

01:43 J'aime bien Paris dernière,

01:47 parce que cette idée de sortir comme ça la nuit dans Paris,

01:49 en caméra subjective,

01:51 commencer dans un palace en intervivant à un prix Goncourt

01:55 et terminer dans une boîte de partoutuse à 2h du matin,

01:57 je trouve qu'il y avait quelque chose dans cette émission qui était pas mal.

02:00 Ensuite, j'ai beaucoup aimé le dîner aussi,

02:01 parce que c'était chez moi, donc c'était un vrai dîner, quoi.

02:04 C'était pas juste on est dans un studio, on fait semblant de dîner.

02:07 Et le fait d'être chez moi et de boire un coup,

02:09 ça permettait beaucoup d'humeur, quoi, beaucoup de rire,

02:13 puis des fois des trucs un peu plus tristes.

02:15 Puis après, tout le monde en parle, parce que tout le monde en parle,

02:17 c'est un peu la somme de tout ce que j'ai fait,

02:18 puisque avant, ça préparait, tout le monde en parle.

02:21 Après, j'ai fait Salut Ethérien,

02:23 Salut Ethérien, c'était bien, mais c'était pas mieux que tout le monde en parle.

02:25 Il y a un soir, sur le plateau, tout le monde en parle,

02:29 il y avait Brad Pitt, Matt Damon, Don Cheadle,

02:32 et ensuite, il y avait Colin Farrell et Angélie Magelli.

02:35 Quand j'ai dit à Brad Pitt "Vous êtes en France pour combien de temps ?"

02:39 Il me dit "Trois jours".

02:40 J'ai dit "Vous voulez de la drogue ? Vous voulez des filles ?"

02:41 Et là, j'ai vu leur gueule et ça m'a suffi pour mon plaisir.

02:45 C'est Thierry Messant qui nous a expliqué qu'il y avait un avion

02:51 qui n'était pas rentré vraiment dans le Pentagone.

02:53 Et ce soir-là, j'étais sur le plateau avec Bollock et Solo,

02:56 et on s'est embarqués dans l'histoire.

02:57 "Bon, c'est vrai, c'est incroyable."

02:59 J'aurais été avec Luxman et BHL,

03:00 ils auraient expliqué tout de suite qu'il ne fallait pas parler de ça.

03:02 L'épitaphe que j'aimerais, c'est "il avait des idées", en fait.

03:08 Parce que les gens me prennent pour un animateur télé, ce qui est normal.

03:10 J'ai fait de la télé pendant 35 ans,

03:12 donc les gens pensent que je suis un animateur de télé.

03:14 En fait, pas du tout, j'ai commencé à 35 ans,

03:16 ce n'était pas ma vocation.

03:17 J'ai fait de la télé parce que je m'emmerdais dans la pub.

03:19 Puis après, ça a été très vite, donc j'en ai fait pendant 35 ans.

03:22 Mais en fait, mon vrai boulot, c'est inventeur.

03:24 Quand j'étais dans la pub, j'étais un créatif de pub,

03:26 un concepteur-rédacteur.

03:27 J'ai créé des journaux, j'ai créé des bouquins.

03:30 Avec beaucoup moins de bonheur, mais j'ai créé des séries, des films.

03:34 Donc je suis plutôt un concepteur qu'autre chose, en fait.

03:37 [Générique de fin]

03:39 [SILENCE]

Category

Transcript

Recommended