La bande de “Julie jusqu’à minuit” réagit au sondage Elabe pour BFMTV selon lequel 50% des Français estiment que le chef de l'État a trop soutenu l'acteur
06:21 - L'éloge contribue et dit aux femmes, taisez-vous.
06:24 - Il y a des dynamiques culturelles, que vous le voulez ou non, Florence.
06:27 - Non, non, mais je n'en ai pas trop.
06:29 - Je suis en échange pour des personnes qui ne respectent pas la présomption d'innocence.
06:32 - Mais qu'est-ce que vous en savez ?
06:33 - Parce que les 50% des Français ne respectent pas la présomption d'innocence.
06:36 - Si demain, vous êtes accusé, il me fait grave, et que des gens qui nous en veulent corroborent ce que qu'ils disent.
06:40 - J'espère que si je suis accusée, mon cas, mon homère ne sera pas à l'omerta en même temps.
06:44 - Mais c'est ça, la présomption d'innocence.
06:45 - Surtout, il ne soit pas instrumentalisé.
06:46 - Pas tout en même temps. Florence Roas ?
06:47 - Écoutez, il faut vraiment faire très attention à tout cela.
06:50 - Vraiment, j'insiste, parce qu'il ne faut pas qu'on rentre dans une société où l'opinion publique, la vindicte, devient, si vous voulez, la règle.
06:58 - C'est très, très grave.
07:00 - Vous savez, quand on pratique notre métier, on sait que l'opinion publique est l'ennemi d'une bonne justice, d'une justice sereine.
07:08 - Déjà, Mauro Djaferi, quand il défendait la bande d'abonnôs, il disait que l'opinion publique laissait là, dehors, cette prostituée qui tire le juge par la manche.
07:23 - C'est elle qui, au pied du Golgotha, tendait les clous au bourreau.
07:27 - C'est elle qui applaudissait au massacre de septembre, et un siècle plus tard, crevait du bout de son ombrelle les yeux des communards blessés.
07:35 - Vincent Mauro Djaferi, pourquoi il avait dit ça ? Parce que l'avocat général avait demandé la peine de mort pour satisfaire l'opinion publique.
07:43 - Donc l'opinion publique est l'ennemi d'une justice sereine et peut amener à des erreurs judiciaires.
07:50 - Mais un mot sur ce que disait Safia. Elle disait que le président de la République aurait pu s'en tenir, à juste rappeler la présomption d'innocence.
07:56 - Non, parce qu'il a raison. Il a raison. Il faut faire attention à la chasse à l'homme, à la lalie, à la meute.
08:03 - Il y a surtout autre chose. Et là je suis tout à fait d'accord avec ce que disait Christophe. Il y avait une volonté d'abord de faire une diversion.
08:12 - Est-ce qu'il a bien dosé la diversion ? C'est ça la question. Parce qu'en fait, il pensait qu'il fallait faire suffisamment de bruit pour éteindre la polémique sur l'immigration.
08:21 - Si le bruit, par contre, continue à durer aussi fort, peut-être qu'à un moment donné, il le regrettera. Mais en tout cas, c'était une diversion. Est-ce qu'elle a été suffisamment bien dosée ?
08:28 - Attention, la question, c'est facile. Parce qu'en fait, la question aussi du mépris, de la question du sexisme dans les milieux de pouvoir, elle est diversifiée, bien sûr.
08:36 - Vas-y, c'était cynique. Là où il a manqué de psychologie politique, c'est qu'il aurait dû en effet dire "j'ai entendu comme tout le monde les propos dans ce complément d'enquête sur la Corée du Nord,
08:45 j'ai trouvé ces propos choquants, néanmoins, Gérard Depardieu, etc., etc., sa carrière, etc., et la présomption d'innocence".
08:50 La manière dont il a présenté les choses donnait l'impression qu'il balayait ce qu'on avait entendu dans le complément d'enquête en jetant même le doute sur le montage, etc.
08:58 - Mais parce que ça a été le cas ! Parce qu'il ne va pas crier avec les loups, il a raison !
09:02 - Non, il n'avait pas crié avec les loups, mais il n'avait pas non plus...
09:05 - Parce que c'est le cas avec d'autres loups.
09:06 - Il a donné un peu l'impression que la vérité technique de ce reportage de complément d'enquête allait jouer en faveur de Depardieu, ce qui n'a pas été le cas dans les jours qui ont suivi.
09:16 - On ne sait pas si c'est en faveur ou en défaveur, et alors on voit que France Télévisions s'est contentée d'aller appeler un huissier, mais qu'est-ce que fait un huissier ? Il faut arrêter, ce n'est pas un expert !
09:25 - Là, ça devient dangereux, parce que là, on remet aussi en question le travail des journalistes qui sont des journalistes très sérieux.
09:29 - Un documentaire, vous le savez tous, ou une oeuvre de fiction, c'est un montage...
09:34 - Bien sûr, mais c'est le service public, il aurait pu être plus prudent, il aurait pu dire "il y a contestation sur ce documentaire, donc j'attendrai".
09:41 - Mais non, il a donné quand même un peu l'impression qu'il le balayait, et qu'à côté de la carrière de Gérard Depardieu, ça ne pesait pas.
09:48 - En plus, il a dit "Gérard Depardieu fait la fierté de la France", ce qui est incontestable au vu de sa carrière. Ce mot "fierté", il l'a remis au cœur de son message de vœux.
09:54 - Donc là, il y avait une sorte de court-circuit du message qui ne me semble pas d'une grande habileté politique.
09:59 - Ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron est puni par ses petites phrases et par sa communication, parfois un peu trop abondante.
10:06 - Louis XI disait "ma langue m'a coûté cher", il n'y avait pas la télévision à l'époque, je pense qu'Emmanuel Macron pourrait reprendre ce terme.
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