Une soixantaine d'artistes ont signé dans la Figaro une tribune en soutien à Gérard Depardieu, visé par des plaintes pour viols et agressions sexuelles. Trois autres tribunes ont ensuite été publiées en réponse au texte initial et aux propos d'Emmanuel Macron, qui a évoqué "une chasse à l'homme" contre l'acteur.
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00:00 Nous on va essayer de comprendre aussi cette guerre des tribunes, où on en est, parce qu'on arrive presque à se perdre dans le décompte.
00:06 On en est à quatre, on va voir ça avec François Gapillan. C'est véritablement la bataille des tribunes, François.
00:11 Absolument Alain, bonsoir à tous. Il y a de quoi s'y perdre.
00:15 Tout a démarré le soir de Noël, le jour de Noël, le 25 décembre, sur le site du Figaro.
00:20 Une soixantaine d'artistes signent une tribune de soutien à Gérard Depardieu, appelant à, je cite, "ne pas effacer l'acteur, victime selon eux d'un lâchage".
00:31 Et estimant que lorsqu'on s'en prend ainsi à Gérard Depardieu, je cite toujours, c'est l'art que l'on attaque parmi les signataires.
00:38 Carole Bouquet, Charles Berling, Gérard Darmon ou encore Nathalie Baye.
00:44 L'acteur formidable et ce n'est pas du tout l'homme monstrueux qu'on décrit dans la presse de merde.
00:51 En l'occurrence des journaux sérieux ou des médias sérieux, cette tribune a provoqué un torrent de réactions en raison de son contenu
00:58 mais aussi en raison du profil de son auteur, un comédien éditorialiste pour le magazine d'extrême droite Causeur, proche de figure de l'extrême droite.
01:06 Il était mon invité d'ailleurs le 26 décembre au soir.
01:10 Il y a un climat de terreur qui s'est installé. Les hommes ont peur d'avoir des plaintes contre eux, quand bien même ils n'auraient rien fait.
01:17 A mon avis, les gens qui ont eu l'audace de signer cette tribune sont plutôt des gens qui n'ont rien à se reprocher, sinon ils éviteraient de se mettre dans ce genre d'affaires.
01:27 Depuis la publication de cette tribune, de nombreux signataires ont fait part de leur malaise, voire de leur regret.
01:33 Je prends trois exemples. L'acteur Pierre Richard, auteur de ce texte il y a 48 heures, "J'ai accepté de signer uniquement au nom de la présomption d'innocence.
01:41 Ce texte ne reflète pas le soutien que je porte à toutes les victimes d'agressions sexuelles.
01:45 Si j'ai pu blesser certaines personnes, écrit-il encore, j'en suis sincèrement désolé, bouleversé."
01:50 Même Pierre Richard qui avant d'écrire cela, s'était vu retirer son titre d'ambassadeur d'une association de protection de l'enfance
01:56 qui désormais accepte l'idée de le lui redonner puisqu'il a fait amende honorable.
02:01 Autre exemple, Jacques Weber qui regrette dans un billet de blog sur le site Mediapart son aveuglement et reconnaît, on va le voir,
02:09 avoir signé en oubliant les victimes et le sort de milliers de femmes dans le monde qui souffrent d'un état de fait trop longtemps admis.
02:17 Et il termine sur ces mots, pas des moindres, "Ma signature était un autre viol."
02:23 Autre personnalité du monde de la culture en proie aux doutes, à minima, Yvan Attal, invité la semaine dernière sur ce plateau de BFM Story.
02:30 "J'ai un malaise parce que j'ai signé cette pétition qui ne me va pas totalement,
02:36 mais je l'ai signée parce qu'il y avait quelque chose de plus fort que ce qui me dérangeait dans cette pétition,
02:42 et d'ailleurs je l'ai dit aux gens qui ont écrit cette pétition, je leur ai demandé de reformuler des choses, de parler de certaines choses.
02:49 Cet homme, avant d'être un acteur, aussi grand acteur qu'il soit, il est un citoyen lambda.
02:55 Et on lui réserve un sort qui n'est pas le sort qu'on réserverait à n'importe quel citoyen lambda."
03:03 Chaque signataire mal à l'aise avec sa signature avance ses propres arguments, vous l'entendez, sur fond de tempête,
03:09 suscité par cette tribune de soutien à Gérard Depardieu qui a provoqué trois initiatives distinctes.
03:13 La première, le 27 décembre, sous forme de lettre ouverte, alors adressée non pas à Gérard Depardieu,
03:18 même s'il plane au-dessus de tout cela, mais à Emmanuel Macron en raison de ses récents propos télévisés au sujet de l'acteur,
03:24 qui l'admire, qui serait selon lui victime d'une chasse à l'homme.
03:27 Gérard Depardieu qui, je cite, toujours le président de la République, rend fière la France réponse des féministes à l'origine de cette lettre.
03:34 Je cite "Vous avez par vos mots validé la culture du viol au plus haut sommet de l'État."
03:40 "On sent que c'est quelqu'un qui ne connaît pas les violences sexistes et sexuelles,
03:45 qui n'a aucune idée de quoi on parle, qui n'est pas sincère.
03:50 En tout cas, cette sincérité, on ne la sent pas et qui est du côté des puissants."
03:54 Cette lettre ouverte a précédé deux contre-tribunes, l'une publiée le 29 décembre par le collectif Cerveau non disponible,
04:00 recueillant au départ 600 signatures d'artistes et finalement 8000, dans laquelle en réponse au soutien de Gérard Depardieu,
04:06 il est écrit ceci notamment "Ne vous trompez pas, nous aussi nous souhaitons que la justice fasse son travail."
04:12 C'est même ce que les féministes réclament depuis toujours. Il est du devoir de chacun de chacune de refuser la banalisation de propos et d'actes
04:18 tels que ceux de Gérard Depardieu. Même état d'esprit dans la contre-tribune, publiée cette fois hier 1er janvier sur le site du journal Libération,
04:26 intitulé "L'art n'est pas un totem d'impunité" signé par un collectif de plus de 150 personnalités du monde de la culture.
04:33 "Les monstres sacrés n'existent pas. Il n'y a que des hommes ordinaires auxquels on a donné tous les droits."
04:39 Écrivent-ils. Explication de texte de la comédienne et signataire Eva Darland ce matin sur BFMTV.
04:45 Bien évidemment que tout le monde encourageait et lui et les autres à se tenir de cette façon-là puisque c'est un système.
04:54 C'est un système patriarcal qui autorise les hommes à faire absolument tout ce qu'ils veulent en toute chose et principalement considère les femmes comme des objets.
05:06 Mais non, c'est fini ça.
05:09 Et on n'est pas à l'abri de nouveaux épisodes de ce qui est bel et bien devenu en 8 jours, en 8 petits jours, la série des fêtes de fin d'année.
05:15 Le sujet ne prétend pourtant pas à rire du tout.