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  • 21/12/2023
En 1944, les services de renseignements britanniques mettent sur pied un plan pour assassiner Adolf Hitler auquel Winston Churchill renoncera, jugeant que le dictateur est plus utile vivant que mort.

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Personnes
Transcription
00:00 [Musique]
00:02 Juillet 1944, les services de renseignement britanniques mettent sur pied un plan pour assassiner Hitler.
00:09 [Musique]
00:13 Un sniper anglais parachuté en Allemagne doit infiltrer le repère bavarois du Führer
00:18 avec ordre de l'abattre pendant sa promenade au moment où sa sécurité est minimale.
00:23 [Musique]
00:32 Mais Winston Churchill hésite à donner son feu vert à l'opération.
00:38 Abattre un fou sanguinaire ou laisser vivre un piètre chef de guerre, tel est le dilemme.
00:44 [Musique]
00:47 L'opération est finalement abandonnée.
00:51 En juillet 1944, les services secrets britanniques considèrent qu'à la tête des armées allemandes,
00:57 Hitler est devenu leur meilleur allié pour précipiter la chute du Reich.
01:03 [Musique]
01:09 Pendant la deuxième guerre mondiale, Hitler a multiplié les erreurs et a perdu de nombreuses batailles.
01:14 - Je dirais qu'Hitler, c'est un homme qui tente des coups de poker.
01:18 [Explosion]
01:21 En 1940, alors que l'Angleterre est à sa portée, Hitler va laisser l'armée anglaise se reconstituer.
01:28 - La décision de bombarder les populations plutôt que les objectifs stratégiques, militaires, industriels, est une énorme erreur.
01:35 [Explosion]
01:36 Une erreur qu'il paiera très cher lors du débarquement allié.
01:40 [Explosion]
01:41 [Musique]
01:45 En 1942, multipliant les mauvaises décisions face à l'armée rouge, Hitler va précipiter ses divisions dans l'enfer de l'hiver russe.
01:53 - Les armées allemandes ne sont pas équipées tant froid, donc les pauvres gars claquent des dents.
01:59 Hitler perd près d'un million de soldats. C'est le véritable tournant de la deuxième guerre mondiale.
02:07 - Hitler a perdu la guerre à l'est.
02:09 [Musique]
02:13 En 1944, il lance une offensive inutile dans les Ardennes.
02:19 - Cette contre-offensive, ces généraux n'y croient pas.
02:23 C'était une offensive qui ne pouvait marcher que sur le papier.
02:26 Seul responsable de cette hécatombe, Hitler épuise ses dernières forces et ouvre les portes de l'Allemagne aux armées alliées.
02:34 [Explosion]
02:38 [Bruits de pas]
02:41 [Musique]
02:51 10 mai 1940, Hitler lance l'opération Vollgelb, plan jaune.
02:55 [Musique]
03:05 Lorsqu'Hitler met fin à la drôle de guerre en donnant l'ordre d'envahir simultanément les Pays-Bas, la Belgique et la France,
03:11 le coup de tonnerre que cette offensive éclair produise va bouleverser l'équilibre du monde.
03:16 [Explosion]
03:19 - Le 10 mai 1940, les deux camps attaquent.
03:23 Tout d'abord les Allemands, dès 4h45, attaquent les Pays-Bas et la Belgique.
03:29 Dès 7h du matin, les Franco-Britanniques entrent en Belgique avec l'intention irréaliste de donner la main aux Hollandais.
03:37 [Explosion]
03:40 Ce faisant, ils tombent dans un piège parce que le maître coup des Allemands était de frapper au centre, au niveau de Sedan,
03:49 à la jointure de la ligne Maginot et justement de ses forces engagées en Belgique,
03:53 où ils engagent trois Panzer Division 1 avec une massue aérienne de 1500 appareils.
04:00 [Explosion]
04:04 Et ils frappent la 9e armée française composée de réservistes démotivés.
04:10 Une attaque en Belgique et en Hollande, destinée à attirer les meilleures unités alliées,
04:15 suivie d'une poussée principale au centre à partir des Ardennes pour renfoncer l'ennemi.
04:20 Telle est l'attaque en coup de fossile que les stratèges de la Wehrmacht soumettent à Hitler.
04:25 Du 13 mai en gros jusqu'au 28 mai, la déferlante allemande se passe des Ardennes jusqu'à Abbeville,
04:31 donc tout le nord de la France est coupé à ce moment-là.
04:33 [Explosion]
04:36 Cinq jours, ils parcourent entre 80 et 95 kilomètres, ce qui est miraculeux pour aux visions de ce qui s'est passé en 1918.
04:46 Et bien sûr, ils enferment dans une immense poche les forces franco-britanniques qui se trouvent piégées à Dunkerque.
04:55 Le piège se referme sur 500 000 soldats franco-britanniques qui sont enfermés dans cette poche.
05:00 [Musique]
05:05 Acculés le long des plages de la mer du Nord, face à des unités allemandes qui foncent sur eux,
05:10 les divisions alliées n'attendent que l'estocade finale de la Wehrmacht.
05:13 [Musique]
05:18 C'est à ce moment-là que l'impensable se produit.
05:21 Désavouant une partie de ses généraux, Hitler ordonne à ses armées de stopper toute progression.
05:27 – C'est clairement une erreur.
05:28 Les soldats anglais sont enfermés dans cette poche de Dunkerque,
05:31 ils n'ont pas grand-chose à espérer, mis à part une évacuation, mais qui sera très risquée.
05:35 Et les Allemands ont un avantage, ils peuvent encercler tout le monde
05:38 et capturer la quasi-totalité de l'armée anglaise
05:40 et laisser les Anglais de façon totalement démunie pour défendre leur propre territoire.
05:43 Il y a une très violente altercation avec le numéro 1 de l'armée de terre,
05:48 le colonel général von Brauchitsch, qui lui veut attaquer sans tarder Dunkerque.
05:54 La querelle est très violente, mais c'est le fureur qui l'emporte.
05:58 – Il montre à ses officiers généraux que c'est lui le chef.
06:02 Un chef a besoin de marquer son territoire, c'est lui le chef.
06:06 Donc il dit "stop", maintenant ça suffit.
06:08 – Hitler a eu peur, a eu peur que ce soit un piège.
06:11 Ses troupes vont beaucoup plus vite et beaucoup trop vite pour lui.
06:14 Et il a peur à chaque fois que les lignes s'étirant,
06:17 que les sources d'approvisionnement restant en arrière, ses troupes soient démunies.
06:23 Donc le "Halt, Pfeil" de Dunkerque, c'est probablement une crise de panique d'Hitler
06:29 qui demande qu'on s'arrête, qu'on reconstitue les forces
06:32 avant de continuer et de progresser.
06:35 – Ce qui va laisser le temps justement aux Anglais de mettre en place
06:38 cette incroyable opération, cette évacuation, l'opération "Dynamo"
06:41 qui va être en fait une prouesse incroyable que personne n'imagine possible.
06:46 [Musique]
06:48 – Profitant de l'erreur stratégique d'Hitler,
06:50 l'état-major anglais lance l'opération "Dynamo".
06:54 C'est un véritable coup de poker destiné à rapatrier les 350 000 soldats
06:58 de son corps expéditionnaire, retenus prisonniers dans la NASD de Dunkerque.
07:03 – L'opération "Dynamo", elle va se dérouler dans des conditions extrêmement tendues.
07:06 Effectivement, le temps est complètement dégradé, la fenêtre est très courte
07:11 parce que les services de renseignement ont bien compris
07:13 que la pause allemande n'allait pas durer plusieurs jours.
07:16 – Pour assurer le sauvetage, il faut que ces soldats partent par la plage.
07:20 Il n'y a pas de port, on ne peut pas faire venir des gros bateaux au ras de la plage.
07:24 Donc il va falloir faire venir énormément de petites embarcations
07:28 qui vont s'approcher au plus près sur la plage.
07:31 – C'est une opération qui mobilise finalement tout ce qui flotte,
07:36 c'est-à-dire on a des bateaux militaires, on a des yachts privés,
07:41 on a des embarcations, des bateaux de pêche.
07:44 [Cris de la foule]
07:49 – La Royal Navy, mais aussi la marine marchande britannique,
07:52 mais aussi les yachtmen de la côte, tout le monde en Grande-Bretagne
07:56 met la main à la pâte pour envoyer des navires.
08:00 [Musique]
08:03 Des navires britanniques qui, lorsqu'ils s'éloignent des côtes de France,
08:07 doivent affronter la puissance de feu et le harcèlement des Shtuka,
08:10 les redoutables chasseurs-bombardiers de la Luftwaffe.
08:15 – Pendant toute cette opération, la Luftwaffe, l'arme aérienne d'Hitler,
08:20 matraque sans compter et cause des pertes importantes.
08:27 – Dans cette traque impitoyable,
08:29 plusieurs dizaines de bâtiments de la Royal Navy sont coulés.
08:33 – Une bataille violente a lieu dans les airs entre cette Luftwaffe allemande
08:40 et la Royal Air Force, qui a été tout de même bien étriée par la bataille de France,
08:44 mais dont les chasseurs restent et resteront très efficaces.
08:47 [Musique]
08:52 – Lors de cette évacuation de la dernière chance,
08:57 toutes les forces aériennes disponibles sur le sol anglais sont mobilisées.
09:00 [Musique]
09:03 L'heure est grave, c'est la survie de l'armée britannique qui est en jeu.
09:07 [Explosions]
09:11 – Il faut sauver les troupes, parce que l'essentiel,
09:14 c'est que les Britanniques en sont bien conscients,
09:17 l'essentiel c'est de sauvegarder le potentiel militaire britannique.
09:21 [Musique]
09:26 – Demi-victoire ou semi-échec ?
09:30 Certes, les forces anglaises sont reconstituées,
09:32 mais au prix de dizaines de milliers de soldats français
09:35 qui se sont sacrifiés pour protéger leur fuite.
09:39 Ils sont promis à la captivité de l'autre côté du Rhin.
09:42 [Musique]
09:46 Il y a pire encore, cette armée anglaise est nue.
09:50 Dans sa précipitation, elle a dû abandonner la totalité de son armement
09:54 sur les plages françaises.
09:55 [Musique]
09:58 Cette perte, dans l'hypothèse d'une poursuite de la guerre,
10:01 est une catastrophe pour les Britanniques,
10:03 alors qu'au même moment de l'autre côté du Channel,
10:06 son allié français a capitulé.
10:08 [Musique]
10:11 Sur les Champs-Élysées, les troupes allemandes défilent triomphalement.
10:15 [Musique]
10:17 À Rotonde, lors de la signature de l'armistice,
10:20 Hitler laisse exploser sa joie et pour cause,
10:23 l'Europe continentale est entièrement à sa botte.
10:26 Et de l'autre côté de la Manche, l'ennemi anglais est prêt à tomber
10:29 comme un fruit mûr.
10:32 Et là, contre toute attente, le Führer ne va pas passer à l'action.
10:35 Il va chercher à pactiser.
10:38 - Il a effectivement une hésitation.
10:40 Il a caressé l'idée d'une paix avec la Grande-Bretagne.
10:46 Il faut savoir qu'Hitler considère les Britanniques
10:49 comme une population aryenne.
10:52 Il y a un élément racial là-dedans.
10:55 Il considère les Anglo-Saxons comme faisant partie un peu de la race supérieure.
11:00 - Dans son esprit, il veut signer un pacte avec les Anglais
11:08 pour justement ne pas avoir à faire face à deux fronts.
11:12 Et donc celui-là serait arrêté à l'Ouest et il peut se consacrer à l'Est.
11:17 Ça aurait pu marcher, sauf que depuis le 10 mai,
11:20 le Premier ministre ne s'appelle plus Jean Berlin, mais Winston Churchill.
11:24 [Musique]
11:29 - Le choix de Churchill par le roi Georges VI, c'est le choix de la guerre.
11:32 On avait un grand prétendant au poste de Premier ministre,
11:35 c'était Lord Halifax.
11:36 Lord Halifax était plutôt un pacifiste
11:38 qui aurait pu engager une politique de compromis avec l'Allemagne.
11:41 Or, le roi Georges VI fait appel à Churchill, qui est un vieil homme.
11:45 Il a 65 ans, plus de 65 ans.
11:47 Il a déjà une carrière politique derrière lui assez lourde.
11:49 Churchill, c'est l'expérience de la Première Guerre mondiale.
11:51 Il a combattu durant la guerre des Bourses en Afrique du Sud.
11:54 Voilà, donc c'est un homme de poigne.
11:56 - Lorsque Churchill arrive, dans son premier discours aux communes,
12:00 il dit "je n'ai rien à vous promettre, que des larmes et des grincements de dents".
12:04 - I have nothing to offer but blood, toil, tears and sweat.
12:12 - Nous nous battrons, nous nous battrons sur les côtes.
12:16 - We shall fight on the beaches, we shall fight on the landing grounds,
12:21 we shall fight in the fields and in the streets.
12:25 - Et il termine son discours par…
12:27 - We shall never surrender.
12:29 - We never surrender, nous ne nous rendrons jamais.
12:33 - Churchill, en même temps, il a une volonté de faire,
12:35 il ne lâchera jamais de toute la guerre,
12:37 et en même temps, c'est l'un des hommes les plus rusés.
12:40 Il va monter un cabinet noir qui va faire croire à Hitler.
12:44 En fait, le meilleur mensonge, c'est celui qu'on a envie de croire.
12:46 Et Hitler et son entourage ont envie de croire une possible paix avec les Anglais.
12:49 Et donc Churchill va monter un cabinet noir
12:52 qui est censé être un cabinet d'opposants factice
12:55 et qui va ensuite discuter et gagner du temps avec les Allemands.
12:58 Il faut gagner du temps.
12:59 Et donc, il donne des gages en disant,
13:01 une partie des Anglais discute alors qu'en fait, c'est totalement bidon.
13:04 [Musique]
13:07 - Lorsqu'Hitler comprend qu'une négociation avec les Britanniques n'aboutira pas,
13:12 l'objectif principal devient de débarquer en Angleterre.
13:16 Voilà.
13:16 Et donc de préparer le débarquement, d'où la bataille d'Angleterre.
13:20 [Musique]
13:21 Parmi les multiples plans d'invasion avancés par l'état-major,
13:25 celui de Goering a la préférence d'Hitler.
13:27 [Musique]
13:29 - Goering, pour des raisons de prestige personnel
13:33 et de positionnement interne au sein de la hiérarchie nazie,
13:35 veut pousser l'arme aérienne
13:37 et promet à Hitler que la Luftwaffe va lui donner la Grande-Bretagne
13:42 et l'Empire britannique.
13:44 - Goering dit "Mein Führer, kein Problem,
13:47 la Royal Air Force, j'en fais mon affaire,
13:50 ils ont perdu 1000 avions, j'en fais mon affaire."
13:54 - Trois semaines.
13:56 - Hitler, qui n'y connaît rien en aviation, dit "Bon, vas-y,
13:59 puisque de toute façon, les autres en face,
14:01 ils n'ont pas l'air de vouloir discuter."
14:03 - C'est une erreur stratégique immense
14:07 parce qu'en commençant la bataille d'Angleterre,
14:09 il conforte la position de Churchill
14:11 et il dresse toute la Grande-Bretagne
14:14 et tout l'Empire britannique contre le Reich.
14:16 Juillet 1940, Hitler et son état-major engagent l'opération "Sie Lowe".
14:25 Le plan "Lyon de mer" est destiné à débarquer sur les îles britanniques.
14:29 Pour emporter la suprématie dans les airs indispensables à l'invasion,
14:35 l'ensemble de l'aviation allemande est mobilisé.
14:38 Un millier d'avions de chasse appuient autant de bombardiers.
14:42 La première stratégie de Goering est de créer un embargo artificiel de l'Angleterre
14:48 pour isoler les îles du continent.
14:50 Les ports et les convois de la Navy en sont les cibles privilégiées.
14:56 - Il y a plusieurs phases dans la bataille d'Angleterre.
14:59 Une première phase, c'est une lutte contre le commerce britannique
15:04 dans le Channel, dans la Manche.
15:05 Les Allemands décident de bombarder surtout les ports maritimes
15:09 et les navires, y compris marchands,
15:12 ceci pour essayer de bloquer l'approvisionnement de la Grande-Bretagne.
15:16 - Et ils coulent des bateaux charbonniers, ils coulent des vedettes rapides,
15:22 bon, ça ne marche pas si mal que ça.
15:33 - La deuxième phase, c'est une phase contre les bases du Fighter Command.
15:37 Le Fighter Command, c'est donc l'organisation de défense aérienne
15:41 qui est responsable de la défense du ciel britannique.
15:44 - Ça, c'est la période cruciale.
15:48 Ils vont chercher à détruire les aérodromes militaires
15:51 qui se trouvent autour de Londres pour essayer de faire un couloir aérien
15:56 qui permettrait aux bombardiers allemands d'atteindre toute cette zone.
15:59 [Musique]
16:06 - La première idée, c'est de mettre à mal ou de mettre à bas la chasse britannique,
16:11 en se disant que si d'une part les Britanniques sont militairement affaiblis
16:14 et si d'autre part leur aviation est réduite à néant ou presque,
16:18 alors le débarquement sera moins difficile.
16:20 Lorsque la bataille d'Angleterre s'engage,
16:25 la chasse anglaise aligne seulement 850 appareils,
16:29 une nette infériorité numérique par rapport aux forces de la Luftwaffe.
16:32 [Musique]
16:38 Cependant, la qualité des pilotes anglais,
16:40 alliés à la grande maniabilité du Spitfire, en fait un adversaire redoutable.
16:45 En un mois, 500 appareils allemands sont détruits.
16:49 De plus, dans cette bataille,
16:53 l'Angleterre possède une arme anti-aérienne particulièrement efficace.
16:57 Il y a le fameux radar qui est ultra secret
16:59 et qui va permettre aux Anglais de prévoir les vagues d'avions
17:05 qui arrivent de jour comme de nuit.
17:07 La Home Guard est créée à ce moment-là,
17:09 c'est une milice patriotique créée par Churchill
17:11 pour justement l'effort de guerre.
17:12 Tout le monde va s'y mettre,
17:13 les hommes et les femmes vont monter sur les toits,
17:15 vont avoir des jumelles, vont être équipés,
17:17 vont être justement pour prévenir des attaques allemandes.
17:20 [Musique]
17:22 Ils ont des observateurs,
17:24 ils ont tout un système de communication
17:26 qui leur permet d'utiliser leurs escadrilles au mieux.
17:29 Dès que les escadrilles allemandes décollent,
17:39 on sait quand elles décollent,
17:40 on sait de quoi elles sont composées,
17:42 on sait qui elles sont.
17:43 Et d'autre part, tout est centralisé par la RAF
17:46 qui va donner, comme dans un immense jeu de guerre,
17:50 un immense war game,
17:51 l'ordre de décoller à telle ou telle escadrille,
17:53 ce qui fait que chaque fois,
17:54 les Allemands sont attendus et surpris.
17:56 Et donc leur stratégie est continuellement déjouée par les Britanniques.
18:00 [Musique]
18:06 L'effort de guerre repose entièrement sur les pilotes de la Royal Air Force.
18:11 Dans cette première phase de la bataille d'Angleterre,
18:13 ils abattent quotidiennement une quarantaine d'avions allemands.
18:16 [Musique]
18:33 Mais leurs pertes sont préoccupantes.
18:35 Plus de 300 chasseurs sont abattus et 230 pilotes disparaissent.
18:39 À la veille du 7 septembre 1940,
18:44 la chasse anglaise est arrivée à son point de rupture.
18:47 [Musique]
18:48 - Peu à peu, du fait des coups de boutoirs de la Luftwaffe
18:51 sur ces infrastructures de la Royal Air Force,
18:55 le Factor Command commence à plier.
18:57 Il y a un certain nombre de bases dans le sud-est de l'Angleterre
18:59 qui sont évacuées parce qu'elles sont considérées indéfendables
19:02 et parce qu'elles ont subi des destructions trop importantes.
19:05 [Musique]
19:07 - Fin août, début septembre 1940,
19:10 on peut dire que la défense aérienne britannique,
19:13 elle est à la limite de ses possibilités,
19:14 c'est-à-dire les pertes en avions et en pilotes
19:18 sont plus importantes que le renouvellement des pilotes et des avions.
19:23 - Et donc ça se joue à très peu.
19:26 Si Hitler avait poursuivi dans cette stratégie,
19:29 peut-être que deux ou trois semaines plus tard, il l'aurait emportée,
19:32 sauf qu'il change d'avis et qu'il décide
19:35 de matraquer donc les grandes agglomérations britanniques.
19:38 [Musique]
19:40 Comment expliquer ce revirement stratégique d'Hitler
19:43 au moment même où la victoire semblait imminente ?
19:46 [Musique]
19:49 - Le 24 août se déroule un événement important qui va changer la donne.
19:53 [Musique]
19:56 Le 24 août, le débombardier allemand, par erreur,
20:00 bombarde la banlieue de Londres.
20:01 [Musique]
20:03 La réaction de Churchill est immédiate,
20:07 il fait bombarder Berlin.
20:09 [Musique]
20:18 - Symbolique, quelques kilos de bombes,
20:21 quelques, même pas, centaines de kilos de bombes.
20:24 [Musique]
20:28 Mecklering avait dit un truc,
20:30 "Je veux bien qu'on m'appelle Toto",
20:32 l'équivalent du Toto allemand quoi,
20:34 "Je veux bien qu'on m'appelle Toto s'il y a une bombe ennemie qui tombe sur Berlin.
20:38 Or, il y a une bombe qui tombe sur Berlin."
20:40 - Imaginez l'Allemagne victorieuse sur tous les fronts
20:44 et le 24 août, Berlin bombardée.
20:48 [Musique]
20:55 - Hitler sort de ses gonds, devient foudrage,
20:57 dit "Ah, elles bombardent nos villes, très bien,
20:59 on change d'objectif, on ne bombarde plus les aérodromes
21:02 et on va mettre la pression sur les villes anglaises."
21:04 [Musique]
21:06 De jour comme de nuit, des vagues successives de bombardies allemand
21:09 reçoivent l'ordre de pylonner les objectifs civils.
21:12 [Musique]
21:15 Londres et les grandes agglomérations du sud
21:17 sont devenues leurs cibles prioritaires.
21:20 [Musique]
21:21 - Hitler réagit d'une manière un peu émotive suite au bombardement de Berlin
21:26 en focalisant sur les villes britanniques
21:30 au lieu de focaliser sur les objectifs stratégiques militaires.
21:34 - Ce jour-là où Hitler, pour pique une colère en disant
21:39 "Je vais bombarder les villes",
21:41 c'est écrit dans les mémoires de Sir Hugh Dowding,
21:44 le patron du fighter command,
21:46 il dit "Je suis tombé à genoux et j'ai remercié le ciel de ce changement."
21:52 Parce que pendant ce temps-là,
21:54 certes on allait avoir des morts et des blessés dans Londres,
21:59 mais mon outil industriel était complet.
22:03 [Musique]
22:05 En se détournant de ses objectifs initiaux,
22:07 Hitler offre un répit inespéré à l'industrie de guerre anglaise.
22:11 [Musique]
22:15 Les usines se remettent à fonctionner à plein régime,
22:18 armes, munitions et avions sortent à des cadences élevées.
22:22 Le réarmement est en marche.
22:25 - La décision de bombarder les populations
22:28 plutôt que les objectifs stratégiques, militaires, industriels
22:31 est une énorme erreur.
22:33 Lorsque vous visez une population,
22:35 vous la soudez entre elles, vous la soudez derrière son gouvernement,
22:39 c'est une erreur psychologique et stratégique majeure.
22:43 [Musique]
22:45 Dans Londres, soumise au bombardement en permanence,
22:48 tout le monde se mobilise et affronte le désastre.
22:52 Les uns fouillent les décombres à la recherche d'éventuels survivants.
22:56 D'autres combattent les incendies avec des moyens souvent limités.
23:00 [Musique]
23:04 Et à la moindre alerte, chacun abandonne son poste
23:06 pour se précipiter aux abris.
23:08 [Musique]
23:11 Lorsque les attaques s'intensifient,
23:13 les stations de métro deviennent le refuge des Londoniens.
23:17 Flegmatiques, ils s'y installent en famille.
23:20 Pendant cette période, 50 000 personnes périront cependant
23:24 sous les bombes allemandes.
23:25 [Explosions]
23:28 L'espoir renaîtra véritablement
23:30 quand les bombardements vont s'effectuer uniquement la nuit.
23:33 C'est la preuve que la Luftwaffe
23:35 est en train de perdre la suprématie dans les airs.
23:37 La Royal Air Force, appuyée par sa défense antiaérienne,
23:41 a retrouvé toute son efficacité.
23:44 – Göring l'a développé une aviation d'opération,
23:47 c'est-à-dire une aviation capable de soutenir les forces terrestres
23:50 et pas une aviation à volant stratégique,
23:52 c'est-à-dire capable de raser des villes, des usines, des infrastructures.
23:56 Donc l'aviation allemande, la Luftwaffe, a les ailes trop courtes.
24:00 – Ils décollent depuis les terrains les plus proches de la côte anglaise,
24:06 mais ils ont 10 minutes au-dessus du territoire britannique.
24:10 Les chasseurs qui les escortent, les Messerschmitt 109,
24:13 ils ont à peine 10 minutes de combat.
24:16 Et quand on fait du combat, on a la manette en avant,
24:18 on est plein gaz, donc on consomme, on consomme énormément.
24:21 [Musique]
24:33 – Très souvent, si l'escorte de chasse doit affronter une interception
24:38 des chasseurs du Fighter Command,
24:40 ils n'ont plus suffisamment d'autonomie
24:42 pour protéger les bombardiers dans le ciel de Londres
24:44 et ces chasseurs du Fighter Command attendent justement
24:48 que les bombardiers soient dans le ciel de Londres sans escorte de chasse
24:51 pour étrier ces raids de bombardements allemands.
24:54 [Bruits de fusils]
24:57 Et c'est là où ils perdent énormément de monde et énormément d'avions.
25:02 [Musique]
25:09 – Dans les airs, les échecs se multiplient pour la Luftwaffe.
25:13 Goering a surestimé les capacités de son aviation.
25:16 [Musique]
25:27 Les avions anglais vont faire un carton sur les bombardiers allemands
25:31 et plus de 1850 bombardiers et avions de chasse allemands
25:35 vont être détruits pendant cette bataille d'Angleterre.
25:37 Il faut bien voir une chose, l'avantage va être encore aux anglais.
25:40 Quand un avion anglais est touché,
25:42 si le pilote n'est pas tué, il saute en parachute,
25:44 il descend, il tombe sur le sol anglais,
25:46 il saute dans une voiture, une moto, une heure après il est dans une base,
25:50 on lui confie les commandes d'un nouvel avion
25:52 et il repart au combat immédiatement.
25:53 [Musique]
25:56 – Un pilote allemand qui doit sortir de son avion en flammes
25:59 et qui réussit à s'extraire de son avion
26:01 est ensuite un prisonnier et perdu pour l'Allemagne,
26:05 pour le reste de la guerre.
26:06 [Bruits de fusils]
26:10 Et là, les Allemands vont perdre énormément de navigateurs, d'équipages
26:14 et qui vont leur faire cruellement défaut pour le poursuite de la guerre.
26:16 [Musique]
26:20 – Pendant la bataille d'Angleterre, Hitler va commettre une autre erreur
26:24 en faisant trop confiance à l'avancée de son aviation
26:27 dans le domaine du guidage nocturne par ondes radio.
26:30 Dans cette guerre des ondes, le Fighter Command
26:33 qui coordonne les actions de défense antiaérienne britannique
26:36 a une nouvelle fois une longueur d'avance.
26:39 Les savants britanniques ont été décisifs dans cette guerre.
26:42 Les bombardements de nuit allemands étaient réglés par radionavigation.
26:47 – Les Allemands avaient des systèmes de guidage automatique du bombardier
26:53 avec des systèmes radio, des faisceaux radioélectriques.
26:57 En gros, le bombardier se cale sur ce faisceau,
27:00 quand il couple le premier, il a un bip
27:03 et là il sait qu'il est à une minute du tir
27:05 et le deuxième, il appuie sur le bouton.
27:07 Ça marchait assez bien.
27:08 [Bruit de fusil]
27:11 Les Anglais s'en sont rendus compte, ils ont brouillé le système.
27:14 Conclusion, ça faisait bip avant, bip après
27:16 et les bombes n'arrivaient pas dessus.
27:17 [Bruit de fusil]
27:21 – Les bombardiers allemands bombardaient souvent dans la nature.
27:24 – Et il ne faut pas oublier que les Britanniques aussi
27:26 ont renforcé la défense de leur ville par une décès inconséquente,
27:30 des ballons munis de filins de fer qui étaient susceptibles
27:34 de couper les ailes d'un appareil passant au travers.
27:37 Et donc, c'était un échec et je dirais que du côté allemand,
27:43 on a laissé cette campagne mourir d'elle-même
27:45 pour ne pas dire que c'était un échec.
27:47 [Applaudissements]
27:50 À Londres, la population manifeste son soulagement.
27:54 À Berlin, même s'il refuse de l'admettre,
27:57 Hitler vient de perdre sa première bataille.
28:01 – Il est difficile de savoir à partir de quand il a compris
28:04 qu'on n'arriverait pas à mettre à genoux les Britanniques.
28:07 Ce qui est certain, c'est qu'à partir de la fin de l'année 1940
28:09 et du tout début de l'année 1941, son regard se tourne vers l'Est
28:13 et que la priorité devient l'Union soviétique.
28:17 – Le principal but de guerre d'Hitler, c'est une guerre raciale et idéologique
28:23 contre les Juifs et contre le bolchevisme.
28:27 Son principal objectif, c'est la conquête de l'Est.
28:31 Il avertit ses proches qu'il prévoit une attaque de l'Union soviétique
28:35 au printemps 1941, à la stupéfaction de ses interlocuteurs
28:41 qui essayent de le calmer.
28:44 Mais il va continuer sur cette idée.
28:46 – Il sait que l'armée rouge est en très mauvais état,
28:50 le matériel n'est pas à la hauteur, la logistique ne suivra pas
28:53 et donc il y a là une fenêtre d'opportunité.
28:56 Et puis bien sûr, c'est l'idéologie,
28:58 c'est-à-dire qu'il faut en finir avec ses inférieurs
29:01 et il faut étendre l'Empire nazi vers l'Est, il faut conquérir.
29:04 [Musique]
29:11 Pour attaquer la Russie, il est nécessaire d'éviter l'hiver.
29:16 Et pour éviter l'hiver, il vaut mieux s'y prendre très tôt,
29:18 c'est-à-dire au printemps.
29:20 C'était de fait ce qui était prévu.
29:21 Ce qui était prévu, c'était attaquer l'URSS, disons en mars, avril 1941.
29:30 – Mais il se fait que Mussolini a pris l'initiative,
29:33 sans en référer à Hitler, d'attaquer la Grèce.
29:37 Et Hitler est furieux évidemment,
29:39 mais il est obligé de venir aider son allié pour des questions d'image
29:44 parce que l'armée italienne ne réussit pas à percer en Grèce.
29:47 L'armée grecque se défend très très bien.
29:49 À la frontière entre la Grèce et l'Albanie,
29:52 16 divisions grecques mal équipées bloquent 27 divisions italiennes.
29:56 La supposée puissance de l'Italie est gravement mise à mal.
30:00 – Hitler détache des forces pour aider les Italiens en Grèce
30:05 et puis il attaque en même temps la Yougoslavie
30:08 qui se range du côté britannique à ce moment-là.
30:10 Et il ne va pas le supporter.
30:11 [Musique]
30:14 – Le 6 avril 1941, sans aucune déclaration de guerre préalable,
30:18 la Luftwaffe bombarde Belgrade.
30:22 La Yougoslavie capitulera 10 jours plus tard.
30:27 – La Grèce, le grand coupable, c'est Mussolini.
30:30 Parce que Mussolini avait besoin d'aller s'en prendre à la Grèce.
30:35 Quant à la Yougoslavie, c'est qu'une histoire d'amour propre.
30:38 C'est là encore, si vous voulez, une marque d'orgueil et de colère d'Hitler
30:45 qui a dit "il faut les punir".
30:48 – Malgré le retard pris, Hitler une nouvelle fois improvise
30:51 et décide de mettre l'Empire soviétique hors jeu immédiatement.
30:55 Pour lui, l'espoir des Britanniques repose sur l'URSS.
30:58 Il faut le briser en remportant une nouvelle guerre éclair à l'Est.
31:04 – Donc il a perdu 2 mois, mais l'objectif est toujours le même,
31:06 c'est de conquérir l'URSS en 5 mois.
31:09 Fin 1941, l'affaire est close, on se retourne à nouveau vers l'Angleterre,
31:12 là pour régler la question britannique.
31:14 Voilà l'idée du plan d'Hitler tel qu'il a été présenté à ses généraux.
31:18 Alors bien sûr, lorsque ses généraux découvrent les plans d'attaque de l'URSS en juin 1941,
31:23 c'est la consternation là aussi, parce que l'ampleur du travail est immense
31:28 et sont des territoires sur des milliers de kilomètres.
31:30 – Il avait compté, ça en deux choses, d'une part les distances,
31:35 et puis d'autre part, le peuplement.
31:39 Car si l'armée rouge en 1941 n'est pas prête, elle a du monde.
31:46 Elle va pouvoir mobiliser.
31:51 Et ça, avec le temps, ça finira par jouer.
31:55 – Le 22 juin 1941, l'opération Barbarossa est finalement engagée,
31:59 avec 3 mois de retard.
32:03 Hitler donne l'ordre à près de 4 millions de soldats de l'Axe d'envahir la Russie.
32:08 [Musique]
32:19 – Lors de l'offensive allemande sur les Russes,
32:22 Hitler met un coup au moral terrible à Staline,
32:26 qui s'est enfermé 3 jours dans son bureau,
32:28 et qui n'est pas sorti pendant 3 jours, ses généraux n'avaient plus de nouvelles.
32:31 – Il est complètement abasourdi, Staline.
32:32 Il n'est pas surpris, mais il est abasourdi que Hitler soit assez fou
32:36 pour engager un second front à l'Est, sur un territoire aussi grand.
32:41 Staline n'y croit pas.
32:42 [Musique]
32:48 – Barbarossa mobilise 4000 chars et autant d'avions allemands.
32:52 C'est la plus grosse opération militaire de tous les temps.
32:57 Engagées sur 3 axes, les divisions avancent au sud vers Kiev,
33:01 au centre en direction de Moscou, et au nord vers Leningrad.
33:04 [Musique]
33:10 Au début de l'invasion, la progression des divisions allemandes est fulgurante.
33:17 – La première raison, c'est tout simplement la qualité des forces allemandes.
33:20 C'est-à-dire que, pour la dernière fois, le Blitzkrieg fonctionne.
33:24 La stratégie du Blitzkrieg fonctionne.
33:26 [Musique]
33:29 Donc les Allemands sont très très bons et ils jouent à fond de leurs forces.
33:33 [Musique]
33:36 – Face à cette guerre éclair,
33:37 l'armée rouge en infériorité numérique est en pleine déconfiture.
33:41 [Musique]
33:43 D'autant qu'elle se défend sans véritable stratégie.
33:45 [Musique]
33:47 – Staline a fait une purge en 1937-38,
33:50 ayant éliminé des milliers d'officiers de l'armée soviétique.
33:54 Donc l'armée rouge, au niveau du commandement,
33:57 n'est pas ce qu'il y a de mieux, bon, et inefficace.
34:00 [Musique]
34:04 – Staline a donné des instructions très fermes,
34:07 au début au moins, de ne pas reculer.
34:09 [Musique]
34:12 Au lieu de ça, on se bat désespérément, on se fait encercler
34:15 et d'immenses nombres de soldats soviétiques sont capturés.
34:19 – Et ce sont des armées entières, des 200-300 000 hommes qui capitulent,
34:23 qui sont capturés lors de grandes manœuvres d'encerclement
34:25 et au total, c'est plus de 2,5 millions d'hommes qui sont capturés
34:28 lors des 6 premiers mois de l'opération Barbarossa.
34:31 C'est une masse énorme de soldats que l'armée rouge va perdre.
34:34 [Musique]
34:41 Staline a refusé les signatures des conventions internationales
34:45 concernant les prisonniers de guerre.
34:46 Il dit "moi, un soldat de l'armée rouge, il doit combattre jusqu'à la mort.
34:50 S'il est fait prisonnier, c'est déjà un traître,
34:52 donc son sort ne m'intéresse plus".
34:54 Et donc ces pauvres soldats russes qui sont faits prisonniers
34:56 vont partir dans des camps de prisonniers allemands
34:58 où ils auront un traitement très dur,
35:00 ils seront traités comme manœuvres esclaves,
35:02 plus de 30% d'entre eux vont périr dans ces camps,
35:04 qui sont des vrais, on est proche des camps de concentration
35:07 et des camps d'extermination, on s'en approche au niveau des conditions.
35:11 Les soldats allemands qui tombent aux mains des russes,
35:14 pareil, les russes ne leur font pas de cadeaux non plus.
35:16 [Musique]
35:17 Dans les cinémas allemands où la propagande basse son plein,
35:20 la population civile est impressionnée par la progression rapide de ses armées.
35:24 [Musique]
35:32 En octobre 1941, Kiev est conquise.
35:35 [Musique]
35:37 Leningrad est encerclée et Moscou n'est plus qu'à quelques centaines de kilomètres.
35:42 [Musique]
35:43 L'environnement rattrape les Allemands,
35:46 c'est-à-dire que les Allemands qui jusque-là combattaient en Europe de l'Ouest,
35:51 en Europe du Sud, sur des distances courtes,
35:56 se trouvent confrontés aux immensités soviétiques.
35:59 [Musique]
36:03 Les lignes de communication et de ravitaillement s'étirent sur des centaines de kilomètres
36:07 et ce n'est pas des routes, ce n'est pas des routes comme on a nous en Occident.
36:10 Le ravitaillement allemand, la logistique ne suit plus.
36:13 [Musique]
36:14 C'est une armée qui était mécanisée, qui était moderne
36:17 et qui redevient une armée de fantassins avec des chariots tirés par des chevaux
36:21 et c'est ça qui arrive à la formidable armée allemande dès l'automne 1941, une démodernisation.
36:28 Plus de 70% est encore hippomobile,
36:31 c'est-à-dire que les chevaux, il ne faut pas leur donner de l'essence mais il faut leur donner du foin.
36:34 Si on peut amener le pétrole par pipeline,
36:38 parce qu'il y a des régiments de pipeline qui avancent en même temps que l'avancée des troupes,
36:42 il n'y a pas de pipeline de foin.
36:45 [Musique]
36:50 Les ordres sont clairs, on se nourrit sur la population.
36:54 Donc très très rapidement, il va y avoir des pillages littéralement,
37:00 des villages ukrainiens, biolorusses, baltes
37:04 et les soldats vont se nourrir, quitte à ce que les gens crèvent de faim.
37:09 [Musique]
37:12 Considérant cela, les Russes vont reculer en appliquant méthodiquement la politique de la terre brûlée.
37:19 Aucune agglomération n'est épargnée, toutes les habitations et les récoltes sont livrées aux flammes.
37:26 Rien ne résiste, les infrastructures sont détruites, le moindre pont est démoli à coups d'explosifs.
37:33 L'avancée de l'envahisseur doit être ralentie le plus possible.
37:36 [Musique]
37:39 Aux difficultés de progression des troupes allemandes,
37:41 s'ajoute à cette saison un événement climatique que les Russes appellent la Raspoutitsa.
37:47 Il se trouve qu'au mois d'octobre, en Union soviétique de l'Ouest,
37:50 il y a des pluies diluviennes qui transforment les routes et les chemins en cloaque debout d'un mètre d'épaisseur.
37:56 Ce sont des pluies diluviennes qui s'abattent sur les plaines russes
38:01 et donc l'armée va s'enliser dans des bourbiers à partir d'octobre 1941.
38:04 [Musique]
38:07 Dès qu'il pleut, les routes ne sont plus des routes, ce sont des bourbiers
38:13 et donc progresser devient très difficile, très lent et c'est quelque chose qu'Hitler ne réalise pas.
38:21 [Musique]
38:24 Les chevaux, ils en ont jusqu'au poitrail, il faut les abattre, les camions restent dedans, les chars aussi.
38:29 Et le problème, c'est que vers la fin octobre, début novembre, en 8 jours, tout ça, ça passe à -30°C.
38:35 Donc les camions qui sont dans un mètre debout, maintenant ils sont dans un mètre de glace.
38:39 C'est à cette période que les Allemands vont connaître leur premier revers.
38:43 Depuis le début de l'opération Barbarossa, ils ont perdu la moitié de leur force initiale en hommes et en matériel.
38:50 Inéluctablement, la machine de guerre est en train de se gripper
38:54 et l'état de son moral est devenu si préoccupant que le général von Rundstedt
38:58 décide d'en informer Hitler.
39:00 Von Rundstedt, comme beaucoup de généraux et d'officiers allemands,
39:04 ont les informations qui remontent du terrain, qui remontent des lieutenants, des capitaines
39:08 et qui disent « la situation est catastrophique, les compagnies qui comptaient 200 hommes, il en reste 20, 30,
39:14 les chars, sur un effectif théorique de 50 ou 100 chars, il n'y en a plus qu'une dizaine ».
39:19 [Musique]
39:24 À partir de novembre 1941, l'armée allemande est aux portes de Moscou.
39:28 La légende dit que certains voyaient déjà les clochers du Kremlin,
39:31 on est à une cinquantaine de kilomètres du Kremlin.
39:35 Les objectifs sont plutôt atteints, mais avec du retard.
39:37 Ce retard va expliquer que les armées allemandes vont être bloquées face à Moscou,
39:44 notamment à cause de la neige, tout simplement.
39:46 Le plus grand soutien de Staline, ça va être en dépit des Américains qui vont lui fournir du matériel,
39:51 mais ce sera l'hiver russe, le général hiver qui va venir au secours de Staline
39:56 et qui va geler la machine de guerre allemande.
40:01 Les soldats sont équipés avec leurs équipements d'été,
40:03 ils ne seront pas équipés de vestes d'hiver quand le froid va leur tomber dessus,
40:07 et un froid de -30, -40, personne n'y résistera.
40:10 Les armées allemandes ne sont pas équipées temps froid,
40:13 parce qu'elles ne peuvent pas tout faire non plus,
40:15 elles ne sont pas équipées temps froid, ou très peu.
40:17 Il y a peut-être quelques divisions de SS qui sont peut-être équipées,
40:22 mais elles ne sont pas équipées, donc les pauvres gars claquent des dents.
40:26 Le carburant gèle, vous prenez votre fusil, vous le serrez,
40:32 et vos mains restent collées à l'acier gelé, etc.
40:35 Leurs chars vont geler sur place, leurs avions ne démarreront plus,
40:37 les soldats vont mourir de froid, tout s'arrête.
40:41 L'armée allemande est en train de payer au prix fort le retard accumulé par Hitler
40:46 au moment du lancement de l'opération Barbarossa.
40:50 C'est une armée mal ravitaillée, en froid et faim,
40:52 qui se bat avec courage et détermination contre des Russes,
40:56 qui étaient eux aussi de plus en plus déterminés à défendre Moscou et la mère patrie.
41:02 Face à l'urgence, Staline va chercher à galvaniser son peuple à coups de discours patriotiques.
41:08 Il faut repousser l'ennemi coûte que coûte.
41:12 La date de la contre-offensive vient d'être fixée.
41:15 Elle sera dirigée par un fin stratège de l'armée rouge, le général Zhukov.
41:21 - Zhukov est sans doute un des esprits les plus brillants de l'armée rouge.
41:25 Il a commencé sa carrière comme simple cavalier.
41:28 On dit même qu'il a décapité d'un coup de sabre un cavalier blanc.
41:32 C'est un esprit très brillant qui a été formé en particulier à Berlin,
41:36 avec certains officiers soviétiques qui ont eu comme professeur un certain capitaine Paulus,
41:43 qui sera le grand vaincu de Stalingrad.
41:45 Et Zhukov est un protégé de Staline.
41:49 C'est l'homme de la situation.
41:51 C'est pas quelqu'un qui va perdre ses nerfs
41:55 ou faire comme certains généraux soviétiques ou autres,
41:59 vouloir conduire des charges en avant pour masquer leur incompétence par un surcroît de courage.
42:04 Le 5 décembre 1941, la contre-attaque de l'armée rouge est déclenchée.
42:10 [Musique]
42:14 C'est Zhukov qui prend l'offensive, une contre-offensive très bien menée,
42:19 qui prend les Allemands, je dirais, à contrepoint.
42:24 Ceux-ci sont obligés de reculer malgré les ordres.
42:28 Hitler donne un ordre d'arrêt de transformer les villages en forteresses.
42:32 C'est souvent les civils qui en font les frais.
42:34 Ils sont chassés, livrés à eux-mêmes dans la neige.
42:37 Et des batailles terribles ont lieu dans ces villages,
42:40 car en fait, la bataille décidera de qui dormira dans la neige et dehors ou pas.
42:45 Donc ce sont des combats excessivement sauvages, je dirais,
42:48 et plus du tout de la guerre moderne.
42:50 [Musique]
42:55 À la fin du mois de décembre 1941,
42:57 le front allemand est rejeté de 100 à 200 kilomètres en arrière.
43:01 En décembre 1941, Hitler est bien obligé d'admettre que sa stratégie de conquête est un échec.
43:07 Et plutôt que de prendre cet échec sur sa propre responsabilité,
43:11 il va donc se décharger sur ces trois maréchaux,
43:14 qui commandaient les trois groupes d'armée, le nord, le centre et le sud,
43:17 et donc il va limoger ou inviter à la retraite ses officiers,
43:23 donc à quitter le champ de bataille.
43:25 [Musique]
43:27 À l'issue de la bataille de Moscou,
43:28 von Rundstedt ainsi que 37 autres généraux sont limogés.
43:32 Hitler opère ainsi une reprise en main radicale de son armée.
43:37 Les critiques de certains de ses subordonnés,
43:41 ben ils les supportent plus.
43:42 Il fait appel à des jeunes loups un peu plus jeunes
43:46 qui eux, par ambition, vont être beaucoup plus serviles.
43:49 Le chef de l'état-major allemand s'appelle Keitel.
43:53 Et il y a un jeu de mots à l'époque qui le surnomme "La Keitel".
43:57 "La Keil" c'est le "la quai".
43:59 Donc voilà, ça donne une idée de la servilité de l'entourage d'Hitler
44:03 qui n'ose absolument pas le contredire,
44:05 qui n'ose même pas discuter avec lui.
44:07 Cette extrême concentration des pouvoirs, du pouvoir décisionnel,
44:10 aboutit à des catastrophes puisque un homme seul
44:13 prend des initiatives désastreuses.
44:16 En décembre 1941,
44:19 alors que la situation sur le front de l'Est se complique,
44:22 Hitler va prendre une de ses plus désastreuses décisions de toute la guerre.
44:26 [Musique]
44:32 Le 7 décembre 1941,
44:34 353 avions japonais décollent de six portes-avions
44:37 en direction de Père-Larbourg,
44:39 le quartier général de la flotte des États-Unis dans le Pacifique.
44:43 [Musique]
44:47 - 7 décembre 1941, l'amiral Yamamoto, qui commande la flotte,
44:52 attaque Père-Larbourg.
44:55 [Musique]
45:02 - Ce ne sont pas les États-Unis qui entrent en guerre.
45:06 C'est le Japon, effectivement, qui bombarde Père-Larbourg.
45:09 [Musique]
45:12 Il y a un état de guerre qui est constaté par les États-Unis.
45:16 - I ask that the Congress declare
45:22 a state of war has existed
45:28 between the United States and the Japanese Empire.
45:33 - Deux jours après, Hitler,
45:36 soi-disant grâce au pacte Germano-Nippon,
45:42 déclare la guerre aux États-Unis.
45:44 - Le pacte avec le Japon ne prévoyait d'assistance au Japon
45:48 que si le Japon était attaqué.
45:50 Or, là, c'est le Japon qui a attaqué les États-Unis.
45:52 Donc, il n'y a pas de cas d'alliance, si vous voulez.
45:55 Hitler aurait très bien pu se dispenser de déclarer la guerre aux États-Unis.
45:59 - Deux jours après, Hitler,
46:01 le pacte Germano-Nippon, déclare la guerre aux États-Unis.
46:06 - Deux jours après, Hitler, le pacte Germano-Nippon, déclare la guerre aux États-Unis.
46:11 [Cris et applaudissements]
46:16 - Il est généralement critique, mais ne sont pas capables de s'opposer à ce projet-là.
46:20 Ils sont consternés par cette décision, mais ils obéissent malgré tout.
46:24 - Je pense que cette décision est mue par une méconnaissance totale des États-Unis
46:28 de la part de Hitler.
46:29 Il n'a jamais mis les pieds aux États-Unis,
46:31 il ne se rend pas compte de la puissance industrielle des États-Unis,
46:34 et il sous-estime certainement l'armée américaine.
46:37 L'armée américaine, en 1940, c'est 140 000 hommes.
46:40 Donc, Hitler se dit « 140 000 hommes, c'est pas eux qui vont bousculer la face du monde ».
46:44 - Erreur très grave, effectivement.
46:46 L'armée américaine va se constituer une énorme machine de guerre,
46:49 va mettre en place une énorme production industrielle de dizaines de milliers de chars,
46:54 50 000 Sherman seront produits pendant la Seconde Guerre mondiale,
46:57 de milliers d'avions.
46:58 À la fin du conflit, l'armée américaine, c'est 16 millions d'hommes.
47:02 En quatre ans, ils vont passer de 140 000 hommes à 16 millions d'hommes.
47:06 En sous-estimant la puissance militaire américaine,
47:09 Hitler vient d'hypothéquer définitivement ses chances de gagner la guerre.
47:14 - Ce qu'on voit dans cette affaire de la déclaration de guerre aux États-Unis,
47:18 qui est une décision personnelle,
47:20 c'est l'extrême concentration du pouvoir décisionnel au sommet du Troisième Reich,
47:25 notamment en matière militaire, dans les mains d'Hitler.
47:28 - C'était pas un stratège, c'était un homme qui commence à être malade,
47:31 qui est bourré d'amphétamines et de drogues,
47:34 comme la plupart des généraux allemands en général.
47:36 C'est un homme qui fait des crises,
47:39 c'est un homme qui est complètement méfiant et paranoïaque.
47:42 Et il pilote à ce moment-là l'armée allemande,
47:44 qui est dans un tournoi un peu crucial de sa vie, donc fin 1941.
47:48 - Il a perdu du monde.
47:50 On estime qu'il a perdu, pendant la campagne de 1941,
47:54 dans les environ 700 000 hommes.
47:57 Donc il n'a plus le même potentiel qu'en juin 1941.
48:02 Ses perspectives stratégiques sont quand même beaucoup plus limitées.
48:10 En désaccord avec ses généraux, qui souhaitent se replier
48:12 afin de préserver le reste de leur force,
48:15 Hitler veut attaquer encore et toujours.
48:18 Pourtant, sur le front, au cœur de l'hiver russe,
48:22 le rapport de force a clairement changé.
48:25 Les troupes du Reich semblent incapables de résister
48:29 aux vagues d'assaut de l'armée soviétique.
48:32 Zhukov lance dans la bataille les millions d'hommes de son armée de Sibérie.
48:39 Au début de l'année 1942, Hitler, qui concentre désormais tous les pouvoirs,
48:44 s'apprête à multiplier les mauvaises décisions stratégiques.
48:48 Entre juillet 1942 et février 1943,
48:52 les décisions d'Hitler pour prendre Stalingrad vont se révéler catastrophiques.
48:57 - Il aurait mieux valu encercler la ville de Stalingrad
49:01 et ne pas faire entrer l'armée allemande dedans.
49:04 Donc ça a été effroyable.
49:06 Au même moment, ce sont les soldats d'élite de son armée d'Afrique du Nord
49:10 qu'il condamne par centaines de milliers.
49:14 - L'Axe perd autant de troupes, si non plus, en Tunisie,
49:20 qu'il n'en perd à Stalingrad.
49:22 L'Allemagne, en repli sur tous les fronts,
49:25 va devoir faire face aux conséquences de la déclaration de guerre aux États-Unis.
49:29 Juin 1944, la guerre entre l'Allemagne et l'Allemagne française
49:33 va se terminer.
49:35 Le débarquement en Normandie commence.
49:37 Hitler ne prend pas la mesure de cet événement
49:39 qui va entraîner la chute du Reich.
49:41 - 6 juin 1944, incroyable,
49:43 Hitler s'est couché à 4h du matin et il ne faut pas le réveiller.
49:47 - Von Rundstedt, qui est commandant du Grosse Paris,
49:49 s'insiste, mais on lui répond non, non, non,
49:51 sous aucun prétexte.
49:53 Aout 1944,
49:55 une partie de l'état-major organise un attentat à l'explosif
49:59 afin de mettre fin aux décisions hasardeuses et meurtrières du Führer.
50:05 - Hitler, physiquement, est diminué,
50:09 mais psychologiquement est également diminué.
50:11 C'est un homme qui est de plus en plus, dans sa tête, assiégé.
50:15 - Il est épuisé, physiquement et mentalement,
50:19 et plus personne n'ose le contredire.
50:23 Décembre 1944,
50:25 Hitler, de plus en plus dépendant des drogues,
50:27 envoie ses hommes dans une contre-offensive
50:30 aussi vaine que meurtrière dans les Ardennes.
50:34 - Cette contre-offensive, ces généraux n'y croient pas.
50:39 C'était une offensive qui ne pouvait marcher que sur le papier.
50:42 - Dernière bataille perdue d'Hitler,
50:44 cette offensive catastrophique entraînera la chute du 3e Reich.
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