11/12/2023 : l'invité d'actu 8h15 France Bleu Paris

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Philippe Court, le préfet du Val d'Oise, en chasse contre les restaurants peu scrupuleux.

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00:00 On a un qui fait la chasse au mauvais fast-food et au mauvais resto tout court, c'est notre
00:05 invité Philippe Cour, bonjour !
00:07 - Bonjour Mélodie Pépin !
00:08 - Je dis bonjour Monsieur le Préfet du Val-d'Oise ou bonjour Batman, puisqu'on vous surnomme
00:13 le Batman de la restauration ?
00:14 - Ce terme c'est celui d'un de vos confrères journalistes, donc c'est plutôt à lui de
00:18 le commenter.
00:19 Ce que nous faisons tout simplement c'est une des missions de l'État, c'est-à-dire
00:22 protéger nos concitoyens dans leur vie quotidienne, quand ils vont dehors dans la rue, dans
00:28 nos habites, quand ils vont acheter à manger, c'est pour ça qu'on lutte contre les marchands
00:31 de sommeil, qu'on lutte contre les points de deal et aussi qu'on va contrôler ces lieux
00:35 de remise directe, c'est comme ça qu'on appelle quand on va vendre de la nourriture, que ce
00:39 soit dans le rayon d'un supermarché ou dans un restaurant.
00:41 - Et cette croisade, Philippe Cour, vous l'affichez sur les réseaux sociaux et c'est pour ça
00:47 que vous avez gagné ce surnom, c'est pour ça aussi qu'on parle de légende du contrôle
00:52 sanitaire quand on parle du Préfet du Val-d'Oise, parce que qu'est-ce qui se passe sur les
00:56 réseaux sociaux ? Sur le tweet de la Préfecture du Val-d'Oise, vous mettez les photos de tous
01:03 les contrôles que vous faites, on voit des cuisines dégoûtantes, des problèmes de nuisibles,
01:09 de saleté, des frigos remplis de sang, vous affichez tout le monde.
01:12 Pourquoi ? Pourquoi cette croisade et pourquoi l'afficher sur les réseaux ?
01:15 - D'abord parce que c'est un principe qui figure dans la législation sur les contrôles
01:19 sur les restaurants, cette législation a été construite au XXème siècle et elle
01:22 l'écrit d'ailleurs, nord sur blanc, que les mesures que l'on prend, parce qu'il n'y a
01:25 pas que des fermetures d'urgence, les mesures que l'on prend, les raisons pour lesquelles
01:29 on les prend doivent être affichées sur la vitrine des commerces et à l'extérieur.
01:34 Aujourd'hui, plus de la moitié des restaurants font un commandé sur internet et la vitrine
01:37 des commerces, à vrai dire, ce sont les réseaux sociaux.
01:40 Et pourquoi on fait ça ? Parce que derrière il y a des enjeux de santé publique, des
01:43 santé publiques véritables, ce n'est pas le cas partout, il y a des enjeux de santé
01:46 publique, il y a des enjeux de protection du consommateur et donc nous disons ce que
01:51 nous faisons et nous faisons ce que nous disons.
01:53 - Philippe Cour, quand on voit tout ce que vous postez, on se dit "oh là là, dans le
01:57 Val-d'Oise, il n'y a plus un resto où manger correctement".
02:00 C'est quoi le bilan de vos actions ? Est-ce qu'il y a énormément de restaurants qui
02:05 en freignent, les règles sanitaires ?
02:08 - D'abord, le Val-d'Oise, c'est un département comme les autres.
02:10 Si ce n'est peut-être que c'est un département qui grandit, c'est le département le plus
02:13 jeune de France métropolitaine, peut-être on ne le sait pas, il y a 41% de la population
02:17 qui a moins de 30 ans.
02:19 On a procédé avec les équipes, la direction départementale, la protection des populations
02:22 parce que c'est d'abord le travail des services de l'État, je ne suis que le bras armé de
02:26 tout cela.
02:27 - Mais si on fait un bilan ?
02:28 - On a procédé cette année à 550 contrôles, disons-le tout de suite, plus de la moitié
02:33 d'entre eux qui sont souvent des contrôles ciblés ou après-signalement.
02:36 La moitié d'entre eux ont donné lieu à pas d'observation de l'observation mineure,
02:40 l'autre moitié à des mesures de police administrative, comme on le dit, et au sein d'entre eux,
02:44 nous avons procédé à la fermeture d'urgence de 90 restaurants à ce jour, pour des raisons
02:50 qui sont des raisons de protection du consommateur ou de santé publique.
02:53 - 90 restaurants fermés dans le Val d'Oise pour des problèmes sanitaires ?
02:57 - Alors, mon propos est exagéré, là-dedans il y a une cinquantaine de restaurants, il
03:01 peut y avoir également des rayons dans les supermarchés, des supermarchés parfois de
03:05 grandes marques, je ne ferai pas de name dropping aujourd'hui, ça peut être des boulangeries,
03:09 des boucheries, nous sommes allés...
03:10 - Pour ceux qui ne connaissent pas le name dropping, c'est le fait de nommer justement
03:12 celles et ceux qui ne font pas bien les choses.
03:15 - Voilà, nous sommes allés également dans des EHPAD, dans des lieux de restauration
03:18 collectifs, dans des crèches, dans des collèges, mais c'est parce que c'est la population quotidienne
03:21 de nos concitoyens, achetés finalement à manger...
03:24 - Donc il n'y a pas un secteur qui n'est pas épargné par ces problèmes ?
03:26 - Il n'y a pas de secteur qui ne soit pas contrôlé, et d'ailleurs l'an prochain, grâce au ministère
03:30 de l'Agriculture, nous avons des renforts complémentaires qui nous permettront encore
03:34 d'augmenter le nombre de ces vérifications et de ces contrôles.
03:36 - Est-ce que vous ciblez particulièrement les fast-foods ? Parce que c'est l'objet aussi
03:45 de la question du jour.
03:46 - Il y a d'abord une réalité, c'est qu'à la fois en termes de nombre de commerces alimentaires
03:51 et de restaurants, et puis aussi de fréquentation et d'habitude de consommation, la street-food
03:55 ou les fast-foods, c'est une pratique extrêmement répandue.
03:58 Je vous dis, c'est une population qui est jeune, et c'est probablement des restaurants
04:02 qui sont de plus petite taille, parfois avec un investissement financier qui est le moins,
04:06 donc il y a un enjeu véritable à le faire.
04:07 Mais pour cibler nos restaurants, nous avons trois manières de le faire.
04:10 D'abord, nous avons une approche qui est une approche géographique, c'est-à-dire qu'on
04:13 choisit une commune ou une rue dans une commune si la commune est grande, et nous allons contrôler
04:18 la totalité des lieux de remise d'engrais alimentaires dans cette rue, boulangerie,
04:23 boucherie, lieu de restauration collective et restaurant, et évidemment parmi ceux-là,
04:28 fast-food et street-food, s'il y en a.
04:30 Et puis nous avons une autre manière de faire, ce qu'on appelle les opérations coordonnées
04:33 avec les forces de police, avec la police aux frontières, avec les URSAF, parce que
04:38 c'est pas une rare généralité, mais il peut arriver également qu'avec les infractions
04:43 en matière d'hygiène, il y a aussi d'autres types d'infractions, de travail dissimulé,
04:47 parfois de la fraude fiscale, parfois du blanchiment, ça peut participer à l'écosystème de délinquance,
04:51 donc c'est un peu notre manière de choisir nos opérations.
04:53 - Alors je reformule ma question, est-ce que dans les contrôles que vous faites, les fast-foods
05:00 sont particulièrement épinglés et enfreignent particulièrement les règles sanitaires ou
05:06 les autres problèmes ?
05:07 - Je ne voudrais pas tirer de généralité, mais effectivement la majorité des cas sur
05:13 lesquels nous procédons à des fermetures d'urgence sont des yeux de street-food, mais
05:18 je tiens à le dire, moi-même, il m'arrive une fois par mois, parce qu'au-delà c'est
05:21 pas très bon de manière diététique d'aller manger un kebab, pour rien vous cacher, c'est
05:25 sur l'agglomération de Sergi Pontoise, il est très bien, d'ailleurs elle se reconnaîtra,
05:28 je prends toujours un kebab avec sauce blanche et un piment.
05:30 - Salade tomate oignon ?
05:31 - Salade tomate oignon, et notamment, comme disait la chef du service vétérinaire, on
05:35 peut manger par terre tellement il est propre.
05:37 - Bon, donc tous les fast-foods ne sont pas à bannir et vous avez la parole ce matin,
05:41 01, 42, 30, 10, 10, on est avec Marie, Marie du Ménil-le-Roi, bonjour Marie.
05:49 - Bonjour à vous tous, bonjour Monsieur le Préfet.
05:52 - Est-ce que vous, vous allez au fast-food Marie ?
05:55 - Eh bien écoutez, il m'arrive d'y aller pas très souvent, je vous annonce, moi j'ai
05:59 70 ans, mais quand mes petits-enfants viennent, ils veulent y aller, j'ai rien contre, on
06:05 y va peu, mais j'ai rien contre, on connaît le prix, on connaît l'attente et on connaît
06:11 le programme, vous voyez ?
06:13 - On sait ce qu'on va y trouver.
06:15 - On connaît le programme, on sait ce qu'on va payer, on sait ce qu'on va manger et ce
06:21 n'est pas évident dans tous les restaurants, voilà, ça c'est sûr.
06:25 Donc il y a quand même un aspect social, c'est-à-dire qu'on peut y aller en famille,
06:30 dans certaines chaînes, je parle de chaînes là où on peut s'attabler, il y a très
06:34 peu de chaînes qui vendent français et où on peut s'attabler en famille pour des prix
06:40 modiques, vous voyez ? Donc il y a une publicité, les jeunes amis y allez, je leur fais plaisir.
06:46 - Oui c'est ça, c'est avant tout du partage en famille, c'est ce que vous dites ce matin.
06:50 Merci Marie de nous avoir appelés 01-42-30-10-10, kebab, tacos, burger, sushi, on continue à
06:55 en parler avec vous ce matin.
06:56 - Philippe Cour, préfet du Val-d'Oise, ce que dit Marie, évidemment l'argument est
07:02 imbattable, le prix c'est rapide, c'est pas cher et ça peut être bon quand ils respectent
07:09 les règles.
07:10 Est-ce que vous trouvez qu'il y a trop de restaurants de ce type-là puisque dans votre
07:14 département on est à plus d'un sur deux ?
07:16 - Alors, on n'a pas d'opinion à avoir sur des modes de consommation alimentaire, ça
07:21 reflète une forme de réalité et donc on les prend en compte.
07:24 Je ne vais pas ici avoir un propos diététique mais je pourrais l'avoir, il faut savoir de
07:29 tout cela en consommer avec modération et puis peut-être faire attention à ce que
07:34 l'on achète, à ce que l'on consomme, y compris lorsqu'on va dans des chaînes de
07:37 restauration rapide, on n'est pas toujours obligé de prendre les mets les plus riches
07:41 en graisse, en sucre et on peut manger de manière équilibrée.
07:44 Mais là encore, nous ne prononçons pas sur la nature, nous ne sommes pas le guide Michelin,
07:50 on peut avoir parfois des restaurants qui sont très bons, que les gens aiment bien
07:53 et où les conditions d'hygiène ne sont pas satisfaisantes.
07:56 Donc ça vaut, y compris pour les restaurants gastronomiques, un peu plus huppés.
08:01 - Il n'y a aucune limite, on pourra installer à Vitamé Tarnam autant de restaurants fast
08:05 food qu'on veut.
08:06 - Ah ben, je ne vais pas me prononcer dessus, c'est la liberté du commerce.
08:08 Tant qu'ils trouvent leur clientèle et qu'ils se comportent en professionnel, je pense que
08:12 c'est surtout leur affaire.
08:13 - 0142 30 10 10, Jean est avec nous à Bure sur Yvette.
08:17 Bonjour.
08:18 - Bonjour, c'est Jean Thibault de Prando.
08:20 - Vous y allez, vous, dans ce genre de restaurant, les fast food, est-ce que pour vous c'est de
08:24 la malbouffe ou alors au contraire plutôt bon ?
08:25 - Alors, si on est sélectif, je pense que ça peut être très correct, tout à fait.
08:30 J'y vais de temps en temps avec mes enfants, justement, pour leur apprendre à faire le
08:35 bon choix.
08:36 Mais je ne vous cacherai pas qu'il y a des enseignes, j'ai un poids d'honneur à faire
08:40 d'y pas y être allé depuis 25 ans.
08:42 - La faute à quoi ? La propreté ? Le fait que la broche tourne toute la journée et
08:46 que personne ne prenne de viande ?
08:47 - Ah non, non, pas du tout.
08:49 Ce que je sélectionne, c'est justement parce que c'est de la bonne qualité.
08:53 Je connais la personne qui tient le restaurant, il fait au moins une bonne partie de ce qu'il
09:00 sert lui-même.
09:01 Donc dans ce cas-là, même si c'est des restaurants rapides où on ne s'assoit pas, là j'y vais.
09:07 Et quand tu es 1000 vaches dans le même burger, non ?
09:11 - Oui, c'est ça, toute la viande agglomérée.
09:14 - Donc faire attention effectivement à ce que vous consommez, Jean, c'est important,
09:18 on fait confiance aussi à l'action du préfet, du Val-d'Oise, qui va contrôler nos restaurants
09:25 sanitaires.
09:26 J'avais une question, ces restos que vous épinglez, que vous fermez, que vous affichez
09:31 sur les réseaux, est-ce qu'ils s'en sortent ? Est-ce qu'ils s'en remettent ? Est-ce qu'ils
09:34 rouvrent ?
09:35 - Encore une fois, la publicité de ces mesures, elle est prévue et je dirais que ce n'est
09:39 pas quelque chose de récent.
09:40 Avant, simplement, il y avait beaucoup moins de circulation, les gens restaient plus à
09:44 l'endroit où ils vivaient et donc quand on affichait un motif de fermeture sur la porte,
09:48 c'était des choses qui existaient.
09:50 Si nous affichons également ça sur les réseaux sociaux, c'est aussi pour permettre à ceux
09:53 qui sont venus consommer dans ces restaurants, si après ils ont des problèmes de santé,
09:57 parce que ça arrive, de pouvoir nous le signaler.
10:00 Donc c'est une action à la fois vocation pédagogique et aussi une action à caractère
10:04 de transparence que nous faisons pour le consommateur.
10:06 - Philippe Cour, vous nous parliez aussi de la situation irrégulière de certains travailleurs
10:11 que vous trouvez dans ces restaurants.
10:12 On est en pleine loi immigration qui arrive à l'Assemblée cet après-midi.
10:16 Est-ce qu'il faut régulariser plus facilement ces travailleurs sans papier, vous qui les
10:20 voyez sur le terrain ?
10:21 - Nous ce que nous faisons, c'est que nous appliquons l'état de droit.
10:24 Et l'état de droit, je pense qu'aujourd'hui, il faut aborder les sujets sur toute matière,
10:28 notamment en matière de lutte contre les infractions, de manière très très simple.
10:30 Il y a ce que permet la loi et ce que ne permet pas la loi, ce qui est autorisé et ce qui
10:34 est interdit.
10:35 Et ce qu'attendent nos concitoyens, je pense, c'est une approche à la fois simple, à la
10:38 fois concrète, qui est tout simplement de respecter les règles de vie commune que nous
10:41 avons en société.
10:42 Ces règles de vie commune, c'est simplement le respect de la loi.
10:45 - Donc, votre position sur le sujet ?
10:47 - Aujourd'hui, je n'ai pas de position à avoir en la matière.
10:49 J'applique ce que dit la loi l'état de droit.
10:51 - Votre conviction ?
10:52 - Ma conviction, un représentant de l'État n'a pas à avoir de conviction.
10:55 Il agit pour le compte de ses concitoyens.
10:56 - Philippe Cour, cette croisade que vous affichez contre la malbouffe, on peut dire ça comme
11:04 ça, est-ce que c'est un travail particulier de la préfecture du Val-d'Oise ? Est-ce que
11:08 les autres préfectures font pareil ? Est-ce qu'il faudrait que les autres préfectures
11:11 fassent comme vous ?
11:12 - Je pense que c'est une problématique qui peut arriver dans les départements qui sont
11:15 comparables.
11:16 Nous sommes un département de la région parisienne.
11:18 Après, la manière de le faire va dépendre de l'endroit.
11:20 Je crois beaucoup à la différenciation de l'action des services publics, des services
11:25 d'État, selon l'endroit où on se trouve.
11:26 On n'agit pas de la même manière.
11:27 J'étais auparavant en Normandie, j'étais auparavant en Ardèche.
11:30 On n'agit pas de la même manière dans un territoire rural où la consommation est
11:34 beaucoup plus locale et beaucoup plus ciblée que dans un département comme le nôtre où
11:38 il y a beaucoup de passages, où les gens viennent en journée travailler, beaucoup plus
11:41 d'anonymat.
11:42 - Par rapport aux autres départements de la région ?
11:44 - Je n'ai pas de conseils à donner.
11:45 Ce que je constate, c'est que ce que nous faisons répond à un vrai besoin, à une
11:48 vraie attente de la part des consommateurs, de la part de leurs représentants, de la
11:52 part des élus.
11:53 Et ça nous encourage à continuer à faire de même à l'avenir.
11:56 - Il faut rester courtois avec vos collègues préfets des autres départements.
12:00 Merci beaucoup Philippe Courre d'être venu ce matin sur France Bleu Paris.
12:04 On note le kebab du préfet du Val d'Oise où on peut manger par terre quand même qui
12:09 est assergi.
12:10 - C'est une hommage quand je dis manger par terre.
12:11 Il était particulièrement propre.
12:12 - Oui, il est particulièrement bon.
12:14 Mais alors peut-être que du coup maintenant, parce que je vais de manière totalement anonyme,
12:17 peut-être maintenant il me reconnaît trop au travers de ma commande.
12:20 - En tout cas c'est noté.
12:21 Merci beaucoup Philippe Courre.
12:22 - Merci beaucoup.
12:23 - Et bonne journée, peut-être bon appétit au kebab.

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