La résistance de l'économie russe : l'échec des sanctions [Alexandre Mirlicourtois]

  • l’année dernière
L'économie russe tient bon. Des deux côtés de l'Atlantique, l'ambition était pourtant claire, qu'elle soit exprimée à travers la voix de Bruno Le Maire : « nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe » ou par celle de sa collègue américaine, Janet Yellen : « l'économie russe sera dévastée ». Outre le tarissement des entrées de devises via l'embargo sur les hydrocarbures, l'arme de destruction massive jouée par les Occidentaux était celle d'une déstabilisation économique par la guerre des changes. L'effondrement de la monnaie devant déclencher une réaction en chaîne : renchérissement des produits importés, rationnement des importations donc de l'offre pour exacerber les pénuries liées aux restrictions à l'export imposées par l'UE et les États-Unis. Ce cocktail devait conduire à l'effondrement de la croissance et à une flambée inflationniste, voire à l'hyperinflation. [...]

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00:00 L'économie russe tient bon.
00:11 De part et d'autre de l'Atlantique, l'ambition était pourtant claire.
00:15 Qu'elle soit exprimée à travers la voix de Bruno Le Maire, nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe
00:20 ou par celle de sa collègue américaine, Jeannette Yellen, l'économie russe sera dévastée.
00:26 Outre le tarissement des entrées de devises via l'embargo sur les hydrocarbures,
00:31 l'arme de destruction massive jouée par les Occidentaux était celle d'une déstabilisation économique par la guerre des changes.
00:38 L'effondrement de la monnaie devant déclencher une réaction en chaîne.
00:42 Ranchérissement des produits importés, rationnement des importations, donc de l'offre,
00:48 pour exacerber les pénuries liées aux restrictions à l'export imposées par l'UE et les États-Unis.
00:53 Ce cocktail devait conduire à l'effondrement de la croissance et à une flambée inflationniste, voire hyperinflation.
01:00 C'est indéniable, le rouble est à la peine.
01:04 Face au dollar, il s'est déprécié de 16% par rapport à ses niveaux de début 2022.
01:09 Mais cela reste sans commune mesure, avec le dévissage de 50% qui avait suivi le début des hostilités
01:15 et la monnaie russe semble s'être stabilisée depuis peu.
01:18 C'est toutefois un résultat obtenu au forceps, c'est-à-dire au prix d'une remontée énergique du taux directeur
01:25 qui a doublé en l'espace de 4 mois pour s'élever à 15%.
01:28 Un resserrement rendu également nécessaire pour contenir l'inflation qui frôle de nouveau 7% et se situe à un pic depuis février 2023.
01:38 Le contexte n'est donc vraiment pas favorable à la demande domestique.
01:43 Pourtant, côté consommateur, si des ventes en volume du commerce de détail coincent, elles ne décrochent pas
01:49 et les immatriculations de véhicules particuliers remontent progressivement à la pente.
01:53 Idem, pour l'investissement des entreprises, ils se renforcent et la production manufacturière plafonne à haut niveau.
02:00 Le renchérissement du coût du crédit, la hausse des prix sont certainement trop récents pour significativement impacter l'activité.
02:07 Mais la résilience de l'économie russe, c'est aussi la conséquence d'une combinaison mêlant
02:12 préservation des recertes issues des hydrocarbures, réorientation géographique du commerce extérieur,
02:19 substitution des imports par une production plus locale et économie de guerre.
02:23 Hautement sensible, les statistiques sur les hydrocarbures sont une arme de propagande.
02:28 Ce qui émerge cependant avec une quasi-certitude.
02:30 1. Si les productions de pétrole et de gaz sont en baisse, elles ne se sont pas effondrées.
02:36 2. L'Inde, la Chine, la Turquie se sont substituées à la clientèle européenne.
02:41 3. L'imposition par les pays occidentaux d'un prix plafond à 60 dollars le baril est un échec.
02:48 Ils ont certes interdit de fournir une assurance aux tankeurs transportant du pétrole russe vendu au-delà du seuil autorisé.
02:55 Mais Moscou s'est constitué une flotte d'une centaine de pétroliers d'occasion pour contourner cette interdiction
03:01 et les échanges se situent plutôt autour de 80 dollars le baril.
03:05 Résultat, la rente pétrolière persiste.
03:08 Encore 18,8 milliards de dollars engrangés en septembre dernier, au plus haut depuis juillet 2022,
03:14 selon l'Agence internationale de l'énergie.
03:17 Cette manne permet à la fois de financer les forts de guerre, qui sollicite énormément l'appareil productif,
03:24 de distribuer des prestations sociales en soutien au pouvoir d'achat et de subvention aux entreprises.
03:30 Coupée des pays occidentaux, la Russie est également parvenue à trouver auprès des BRIC,
03:35 un ensemble commercial, politique, financier et monétaire qui lui offre une alternative,
03:40 notamment en matière d'approvisionnement.
03:42 La rapidité du redéploiement géographique des échanges en 2022 a été stupéfiante
03:47 et explique pourquoi l'économie russe n'a pas été en manque de fournitures, de composants ou autres très longtemps pour continuer à tourner.
03:56 De même que les sanctions prises contre la Russie après l'annexion de la Crimée
03:59 avaient conduit le pays à substituer ses importations agricoles européennes et américaines par une production domestique
04:06 pour finalement devenir une puissance exportatrice,
04:09 une nouvelle offre industrielle russe émerge notamment dans l'industrie des semi-conducteurs.
04:15 En étant largement ignorée par une grande partie du monde, les sanctions occidentales n'ont pas atteint leurs objectifs.
04:21 L'économie russe ne s'est ni effondrée, ni a été dévastée, mais se diversifie et consolide sa croissance potentielle.
04:29 [Musique]

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