Benoît Guyon - Représentant SNES-FSU 90

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00:00 ...
00:01 -Ici, matin, revient dans un instant.
00:04 ...
00:06 Coups de feu.
00:09 -Les tambours du Bronc seront dans le prochain numéro
00:12 de "La tête à l'endroit" consacré à Nevers.
00:14 ...
00:16 Il y aura également l'ISAT, l'école d'ingénieurs automobiles.
00:20 Nous irons chez François Pouénat, ferronnier d'art,
00:22 et bien sûr, Lusson, le club de rugby.
00:25 -La tête à l'endroit à Nevers, c'est dimanche à 12h55.
00:29 Ce France 3 Bourgogne-Franche-Comté
00:31 est sur la plateforme France.tv.
00:32 ...
00:37 -Le 6/9, France Bleu, Belfort-Montbéliard.
00:40 -Il est pile 8h45.
00:42 C'est l'invité du 6/9 sur France Bleu, Belfort-Montbéliard.
00:45 On parle des annonces de Gabriel Attal en faveur de l'école.
00:48 -Hier, le ministre de l'Education nationale
00:51 a dévoilé une série de mesures après le rapport PISA
00:53 qui pointe une baisse historique du niveau des collégiens français,
00:57 notamment en mathématiques.
00:58 Est-ce que vous constatez une baisse de niveau dans les écoles ?
01:02 Comment faire pour inverser la tendance ?
01:04 Vos appels, vos témoignages au 03 84 22 82 82.
01:07 Bonjour, Benoît Guillon. -Bonjour.
01:09 -Vous êtes enseignant et représentant du syndicat SNES-FSU
01:12 dans le territoire de Belfort.
01:14 On va revenir dans un instant et en détail
01:16 sur les annonces de Gabriel Attal,
01:18 mais d'abord, vous confirmez une baisse
01:21 du niveau des élèves au collège ?
01:22 -Oui, très clairement.
01:24 Nous avons des élèves dans les classes
01:26 qui sont de plus en plus en difficulté.
01:28 Et surtout, ce qui peut frapper, c'est l'écart,
01:32 l'écart entre les meilleurs élèves et les moins bons,
01:35 qui, c'est l'autre résultat de l'enquête PISA,
01:39 c'est que les écarts, les inégalités entre les élèves
01:42 sont de plus en plus grands, et l'école française
01:45 est celle qui présente le plus d'inégalités entre les élèves.
01:48 -Là où les élèves ne sont pas bons du tout, c'est en maths.
01:51 Gabriel Attal annonce donc la mise en place
01:54 d'une épreuve du bac en mathématiques en classe de première,
01:57 le retour du redoublement, des élèves en difficulté,
02:00 ou encore l'obtention obligatoire du brevet des collèges
02:03 pour le passage au lycée.
02:04 Un tour de vis important.
02:06 Votre réaction, Benoît Guillon ?
02:08 -Eh bien, notre réaction, c'est qu'on est encore une fois
02:11 dans un plan de communication.
02:13 A chaque ministre, on a de nouvelles annonces,
02:16 de nouvelles mesures, mais...
02:18 -Là, c'est radical, quand même.
02:20 -C'est le ministre Blanquer qui a supprimé
02:22 la mathématique au lycée avec sa réforme.
02:25 Et l'enquête PISA qui montre une baisse du niveau,
02:29 c'est entre 2018 et 2022.
02:34 A partir de 2018, c'est Jean-Michel Blanquer
02:36 qui est ministre avec Gabriel Attal comme secrétaire d'Etat.
02:39 -Il porte la responsabilité, selon vous.
02:41 -Mais très clairement, le temps de la communication
02:44 n'est pas le temps de la concertation.
02:46 On aimerait qu'à chaque ministre, il n'y ait pas de nouvelles annonces,
02:50 et pour faire des annonces, il faut que les professeurs
02:53 s'en emparent, et le système ne peut pas fonctionner
02:56 si tous les deux ans, avec un nouveau ministre,
02:58 on a des nouvelles mesures.
03:00 -Ces annonces ont fait réagir nos auditeurs,
03:02 et certains ne sont pas tendres avec vous, les enseignants.
03:05 C'est le cas d'Annie, une maman d'élèves à Belfort.
03:08 Si les élèves sont moins bons, c'est un peu à cause de vous.
03:12 -Il faut plus de pédagogie quand même des professeurs,
03:15 parce que, bon, les professeurs,
03:17 ils s'en fichent un peu des élèves.
03:20 Soit ils travaillent, soit ils ne travaillent pas.
03:22 C'est le programme avant tout, et puis débrouillez-vous.
03:25 Ma fille a eu un prof de français, c'était sa première année au collège.
03:29 Il était vraiment à côté de ses pompes,
03:32 et en maths, bon, ça allait encore, parce que c'était des anciens,
03:35 mais bon, voilà, c'est pas génial.
03:37 Ils disent qu'ils sont débordés, mais bon,
03:40 les programmes sont faits d'année en année, c'est toujours les mêmes.
03:43 -Benoît Guillon, enseignant et président du SNES-FSU,
03:46 qu'est-ce que vous répondez à Annie ?
03:49 -Je vais vous répondre. C'est un commentaire.
03:52 Après, depuis 2018,
03:55 plus de 8 000 postes d'enseignants ont été supprimés,
03:58 et l'effet mécanique, c'est qu'il y a de plus en plus d'élèves
04:01 dans les classes, donc plus d'élèves à suivre,
04:05 et bien sûr que si les classes sont surchargées,
04:09 ce sont les classes les plus surchargées d'Europe,
04:12 on a du mal à suivre plus individuellement les élèves,
04:15 et on est dans un enseignement de masse,
04:18 on ne prend plus en compte la difficulté de certains.
04:20 -Ce que dit Annie, en Fidélicale, c'est qu'à force de vouloir l'égalité,
04:24 on tire peut-être vers le bas, non ?
04:26 -L'autre enseignement de l'enquête PISA,
04:28 c'est que les très bons élèves restent très bons.
04:31 Les meilleurs résultats en maths,
04:33 c'est par les élèves du Japon et de la Corée du Sud,
04:36 mais les meilleurs élèves français
04:38 sont au niveau des meilleurs élèves internationaux.
04:41 Donc on a une école qui continue à bien former des élites.
04:45 Et là où le niveau baisse, c'est justement qu'on n'accompagne plus
04:49 les élèves les plus en difficulté.
04:51 -Vous suivez, ici matin, sur France Bleu, Belfort-Montréal,
04:54 sur France 3, Franche-Comté, il est 7h49.
04:57 Nous parlons des annonces de Gabriel Attal en faveur de l'école,
05:00 avec Benoît Guillon, représentant du syndicat SNES-FSU.
05:03 -On vous pose cette question, ce matin,
05:06 est-ce que vous constatez une baisse de niveau dans les écoles ?
05:09 Nous avons en ligne Bernard, qui nous appelle de Chagé.
05:12 -Bonjour, France Bleu, bonjour, les auditeurs.
05:15 Quel est votre sentiment ?
05:16 Est-ce que vous pensez qu'il y a une baisse générale
05:19 du niveau des collégiens ?
05:21 -Ecoutez, je suis trop vieux, moi, je ne sais pas.
05:24 Voilà, j'écoute ce qui se passe autour de moi,
05:27 mais pour moi, mon expérience,
05:29 pour moi, on est matheux ou pas, c'est tout.
05:33 À partir de là, votre carrière est toute tracée.
05:37 On peut toujours s'améliorer par la suite,
05:40 mais on n'arrivera jamais à un niveau très haut.
05:43 C'est les très bons qui arrivent à trouver
05:45 une place confortable dans la société.
05:47 À savoir que quand même,
05:49 pardon, 85-90 % des matheux
05:53 se trouvent une place dans la société,
05:57 que les 15 % de littéraires qui restent,
06:00 ben, eux, ils râment.
06:01 Ils vont trouver des boulots dans la justice,
06:04 dans l'éducation nationale, bibliothécaire,
06:06 des boulots comme ça,
06:08 mais vraiment des jobs de haut niveau,
06:10 il n'y en a pas.
06:11 Moi, je regrette, mais c'est comme ça.
06:13 C'est mon expérience personnelle.
06:15 Dans la famille, il n'y a pas de matheux,
06:17 on fait tous des boulots,
06:19 je ne veux pas dire de merde,
06:21 mais on est vraiment limités pour trouver du boulot.
06:24 - Merci, Bernard, pour votre commentaire.
06:27 Merci de nous avoir appelés ce matin.
06:30 Benoît Guillon, il y a une espèce de fatalité
06:33 dans ce que nous dit Bernard.
06:34 On est matheux ou pas,
06:35 et pourtant, les maths, c'est très important.
06:38 - Alors, ça fait partie de la culture commune,
06:41 au même titre que les lettres, l'histoire,
06:44 mais finalement, on a un système
06:47 qui sélectionne plus qu'il instruit,
06:50 et finalement, la sélection,
06:52 elle se fait principalement par les mathématiques.
06:55 Et lorsqu'on sélectionne par les maths,
06:57 comme dit cet auditeur,
07:00 on est presque assuré
07:03 de tomber sur des très bons,
07:05 et ces très bons élèves
07:07 viennent souvent des milieux aussi très favorisés.
07:10 Donc on a une école
07:12 qui reproduit des inégalités sociales
07:14 et qui, finalement, est plus élitiste que les autres.
07:17 - Benoît Guillon, un dernier mot
07:19 rapide sur le retour du redoublement.
07:21 Est-ce que vous pensez que c'est une bonne chose
07:23 d'obliger les élèves à redoubler ceux qui ne suivent pas ?
07:25 - Alors, moi, je n'en pense rien.
07:28 Je me fie aux experts,
07:31 à ceux qui ont regardé les effets du redoublement sur les élèves.
07:34 Et si c'est pour faire redoubler les élèves
07:36 dans les mêmes conditions de leur échec,
07:39 c'est-à-dire les remettre dans des classes surchargées,
07:42 sans accompagnement,
07:43 avec des manques de professeurs...
07:47 - Ça ne changera rien.
07:49 - Clairement, on ne verra pas de progrès.
07:53 Donc, là encore, on est dans un effet d'annonce.
07:56 Et le redoublement, aussi,
07:58 ça nécessite qu'il y ait plus de profs recrutés.
08:02 Et là encore, c'est un des angles morts
08:05 de ce plan de Gabriel Attal.
08:07 - Merci beaucoup, Benoît Guillon.
08:08 Je rappelle que vous êtes enseignant
08:10 et représentant du syndicat SNES-FSU
08:13 dans le territoire de Belfort.
08:14 Merci d'avoir été avec nous ce matin.
08:15 Bonne journée. - Merci à vous.

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