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  • 05/12/2023
L'essayiste et sociologue Sabrina Medjebeur, à propos de la gestion des cités et de la radicalisation des jeunes : «Cela fait quarante ans que l’islam des caves prolifère, quarante ans que les Frères musulmans œuvrent pour aider ces jeunes perdus»

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Transcription
00:00 Les parents qui ont été mis en garde à vue et relâchés
00:02 ont parlé pendant cette audition.
00:05 La maman a dit "je demande pardon à la France"
00:07 et elle dit qu'elle ne renie son fils.
00:09 Elle dit "je n'ai plus de fils", elle l'appelle l'individu.
00:12 Elle est horrifiée par ce qu'il a fait. Vous comprenez ?
00:16 -Bien sûr que je comprends. Elle a honte,
00:18 après tous les efforts que ça lui a demandé,
00:21 elle et son époux, de quitter un régime théocratique,
00:24 celui des Molas, qui gazent des petites filles
00:27 parce qu'elles veulent se libérer du hijab dans la rue.
00:30 Donc oui, bien sûr, elle a toutes les raisons
00:32 de demander pardon à la France,
00:34 car la France lui a tout donné.
00:36 Elle lui a donné la liberté de vivre comme elle l'entend,
00:39 elle lui a donné et inculqué des valeurs,
00:42 elle lui a permis de devenir un individu à part entière
00:45 et non pas le substrat de la communauté islamique
00:48 qui fonde le régime théocratique iranien.
00:50 Donc oui, elle a toutes les raisons de demander pardon à la France,
00:54 elle a eu la liberté affective de s'extraire
00:57 et de se distancier de son fils au vu de ce qu'il a fait.
01:00 Maintenant, j'écoute le témoignage d'Amin,
01:02 et je suis toujours un peu surprise
01:05 que j'ai l'impression que les Français, pardon,
01:07 découvrent l'eau chaude avec des témoignages comme ça.
01:11 Ca fait 40 ans, Laurence, que ça existe, ça,
01:13 dans les quartiers, ça fait 40 ans que l'islam des caves prolifère,
01:17 ça fait 40 ans que les frères musulmans
01:20 oeuvrent justement pour aider ces "jeunes" perdus
01:23 parce qu'on a aussi une tendance pour masquer les vraies failles
01:26 et les défaillances du pouvoir étatique
01:29 à psychiatriser, à sociologiser, pardon, les victimes
01:32 et à fasciser et à extrême-droitiser les bourreaux.
01:35 Non, c'est l'inverse.
01:37 Bref, vous avez compris ? -C'est ça.
01:39 -Non, parce que je suis dans Valencée.
01:41 Donc si vous voulez, c'est pas une découverte anthropologique.
01:45 L'islamisme en France, ça fait 40 ans qu'il prolifère.
01:48 Aujourd'hui, il n'est plus clandestin
01:51 parce qu'il a trouvé des relais médiatiques et politiques
01:54 qui en font un véritable et à la fois objectif politique
01:58 et à la fois un vrai sponsor idéologique.
02:01 Donc ces jeunes qui se radicalisent,
02:03 ça n'est pas le fruit du hasard.
02:05 Ils travaillent de façon réticulaire.
02:08 Lorsqu'effectivement, comme dit Amine,
02:10 on le voyait ciseler, même si on savait qu'il était pissé...
02:13 -On voyait la barbe pousser. -On le voit se couper
02:16 du tissu de la filiation familiale
02:19 parce qu'il sait que dans son refuge identitaire,
02:22 il trouvera une alter famille,
02:23 qui sont entre autres les imams, les frères musulmans,
02:27 mais également les délinquants,
02:29 parce que les uns travaillant souvent avec les autres,
02:32 vous voyez, voler l'argent des mécréants,
02:35 traquer les mécréants, etc.
02:36 C'est toujours bon pour la communauté,
02:39 selon les dires de certains imams,
02:41 mais c'est une réalité également.
02:43 C'est un tissu réticulaire qui s'est formé en France
02:46 depuis 40 ans.
02:47 -Au cours de la guerre, la force d'objectifs court-termistes
02:51 en termes de mandat et de positionnement politique
02:54 ont oublié que cette descendance, elle est là.
02:57 Elle s'est dépossédée, ils ont dit,
02:59 et elle s'est désaffiliée culturellement.
03:02 Quand on me parle des troubles schizoïdes de cette personne,
03:05 je veux bien l'entendre, évidemment.
03:08 Ca relève d'une folie meurtrière que de poignarder quelqu'un
03:11 avec un marteau et un couteau,
03:13 mais quand dans l'enquête, il assume son geste,
03:16 on me dit bien qu'il paraissait désincarné,
03:19 sur de lui, il assume son geste.
03:21 -En réaction à la persécution des musulmans.
03:24 -Quand on se trouve de troubles paranoïdes,
03:26 on est, comment dire, capables,
03:28 enfin, on n'est pas capables, je vais y arriver,
03:31 de prendre un recul sur la situation géopolitique
03:34 de conflits israélo-palestiniens.
03:37 [Musique]
03:40 [SILENCE]

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