Sans issue La tuerie de Chevaline S01E01 Scène de crime

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Retour sur la mystérieuse tuerie de Chevaline, une série d'assassinats où les enquêteurs français et britanniques sont confrontés à un labyrinthe de pistes.

Le 5 septembre 2012, sur un parking d'une route forestière des Alpes, à quelques kilomètres du village de Chevaline, une famille anglaise et un cycliste français sont retrouvés morts, abattus violemment. Une fillette a survécu au drame : le tueur l'a laissé pour morte après lui avoir porté des coups à la tête. La gendarmerie commence un travail minutieux pour retrouver les traces laissées par le tueur.

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Transcript
00:00 [Générique]
00:07 [Bruit de moteur]
00:21 C'est une tuerie sans explication
00:23 C'est une macabre découverte entre Chevaline et Lusa
00:26 Dans le véhicule, trois personnes mortes
00:28 [Bruit de moteur]
00:33 Chevaline, ah...
00:35 C'est une affaire qui me hante
00:37 Elle hante tous les enquêteurs qui y ont participé
00:40 Ils ont fait appel à l'unité d'antiterroriste
00:43 Les opérations d'assassinat sont antilégionnaires
00:45 Cet accès comme entité, c'était quelque chose de très grave
00:49 [Bruit de moteur]
00:57 Surtout, c'est une centaine de gendarmes qui ont été mobilisés en France
01:01 [Bruit de moteur]
01:03 C'est un dossier tentaculaire
01:05 On a en tout plus de 10 000 pièces de procédure
01:09 On a dû lancer des commissions regatoires dans le monde entier
01:13 Au Royaume-Uni, en Irak, aux Etats-Unis
01:17 [Bruit de moteur]
01:23 On a suivi beaucoup de pistes, on a entendu plein de suspects
01:27 Et puis souvent, on a imaginé des scénarios incroyables
01:30 [Bruit de moteur]
01:34 Chevaline, c'est sans doute aujourd'hui la plus grande énigme judiciaire française
01:39 [Musique]
02:08 [Bruit de moteur]
02:14 Le 5 septembre 2012, je pars en montagne avec deux copines à moi, bretonnes
02:19 Je les emmène dans un refuge situé au-dessus de la Combière
02:22 Je ne connais pas cet endroit, je n'y suis jamais allé
02:24 On monte tranquillement
02:26 [Bruit de moteur]
02:30 J'étais dehors avec ma fille qui avait 9 ans à l'époque et une amie à moi
02:35 Et on a entendu les coups de feu
02:38 [Bruit de feu]
02:39 Le fait d'être chasseuse, ça m'a interpellée
02:42 15h ou 15h15, des coups de feu, il se passe un truc
02:45 Soit c'est un braconnier, soit...
02:49 J'étais persuadée qu'il se passait quelque chose
02:51 [Bruit de moteur]
02:56 À quelques kilomètres du village de Chevaline, donc à peu près à 2 kilomètres
03:00 Un cycliste descend et nous fait signe de s'arrêter
03:04 [Musique]
03:11 Le cycliste s'avère être un anglais, il ne parle pas très bien français
03:15 Il nous dit de ne pas monter
03:17 Quand je lui demande pourquoi il ne faut pas monter
03:19 Il nous dit qu'il y a 4 morts et une petite fille vivante
03:22 [Bruit de moteur]
03:24 Et moi je ne retiens qu'une chose dans ce qu'il nous dit
03:26 C'est qu'il y a une petite fille en vie
03:28 [Bruit de moteur]
03:30 Et je décide de monter voir ce que je peux faire
03:33 [Musique]
03:51 Je vais quasiment jusqu'au bout du parking pour faire un demi-tour
03:54 Et je passe vraiment devant la scène de crime à ce moment-là
03:58 [Bruit de moteur]
04:02 La petite fille a un espèce de geste que j'ai cru être un dernier geste en fait
04:07 Elle lève la tête et puis elle retombe
04:09 Et puis après il n'y a plus de...
04:11 On n'a plus l'impression qu'elle est en vie
04:13 [Bruit de moteur]
04:17 Je me rapproche de la voiture, je vois le conducteur
04:20 Qui a des impacts dans la tête, donc je vois vraiment l'impact
04:23 Et puis le petit peu de sang qui coule, c'est une personne qui est morte avec un trou rouge
04:27 [Bruit de moteur]
04:29 Chevaline est vraiment une scène de crime inhabituelle, totalement inhabituelle
04:33 On n'en voit pas deux dans une carrière comme ça, ça c'est certain
04:36 [Musique]
04:40 Sur cette scène de crime, on a un break BMW
04:45 Qui est buté contre un talus du parking
04:49 [Musique]
04:53 On a un conducteur qui est affalé sur son volant, il a les bras qui tiennent encore le volant
04:57 [Musique]
04:59 Et à l'arrière, il y a son épouse qui a été abattue d'une balle dans la tête
05:02 Et on a une dame un peu plus âgée qui, elle aussi, à l'évidence, est décédée
05:08 [Bruit de moteur]
05:11 Et il y a aussi une petite fille d'environ 7 ans, 10 ans, qui gît sur le sol
05:18 [Musique]
05:20 Elle a visiblement pris une balle dans le dos
05:23 Elle a des plaies importantes assez profondes sur le crâne
05:27 Elle porte plusieurs hématomes à la tête, elle a une clavicule cassée
05:30 Visiblement, on s'est acharné sur elle
05:32 [Musique]
05:34 On essaye d'intervenir, et notamment sur cette petite fille qui est couchée juste à côté de moi
05:38 Moi je suis quasiment au niveau de ses pieds
05:41 Et j'essaye de la toucher, j'essaye de voir si elle est vivante
05:44 La seule chose que j'arrive à faire, c'est de lui toucher le pied, la secouer
05:49 Et éventuellement essayer de prendre son pou au niveau de sa cheville, ce qui n'est pas génial
05:53 Mais pour moi, elle est morte
05:55 Et si je vais vers elle, si je la contourne pour aller lui faire un massage
05:59 Enfin, essayer de faire quelque chose
06:01 Je me rapproche de la voiture, je me rapproche de la scène de crime
06:04 Et notamment, je me mets à découvert d'une espèce de bosquet qui est là
06:08 Et j'y arrive pas
06:10 La peur fait que j'y arrive pas
06:12 [Musique]
06:14 Je sais pas pourquoi j'ai cette idée là
06:16 Mais pour moi, le tueur, il est derrière la voiture
06:19 [Bruit de moteur]
06:23 Je décide de faire demi-tour et j'appelle les soins
06:26 [Musique]
06:28 [Bruit de téléphone]
06:30 Vous avez composé le numéro d'urgence des sept pompiers
06:32 Ne quittez pas, un opérateur va prendre votre appel
06:35 [Musique]
06:41 On était début septembre, à peine plus loin qu'ici
06:45 J'ai vu des forces de l'ordre, des pompiers, des gendarmes
06:49 Enfin bref, un monde de dingue
06:51 Passer là sur la partie gauche, me doubler à une vitesse de fou
06:55 J'avais jamais vu ça
06:57 Je sais pas, ils devaient rouler à plus de 100 km/h
06:59 [Musique]
07:03 On a reçu l'appel de détresse à 15h45
07:06 Les premiers arrivés sont les pompiers
07:08 Et sur place, ils appliquent nos procédures habituelles
07:11 Interdiction de toucher au cadavre et à quoi que ce soit d'ailleurs
07:14 [Musique]
07:17 Et puis à un moment, l'un des pompiers voit que la petite fille a ouvert les yeux
07:21 Alors il s'est approché doucement et il l'a vu très sauter
07:24 Enfin, ce sont les mots qu'il a employés
07:26 [Bruit de porte]
07:28 Elle reprend connaissance, seulement quelques instants
07:31 En fait, elle va réussir à dire quelques mots en anglais
07:33 Alors elle va dire son prénom, mais personne ne le comprend
07:37 Et elle nous donne aussi son âge, 7 ans
07:41 Et puis elle dit qu'elle a très mal
07:43 Et puis surtout qu'elle ne voit plus rien
07:45 Sur ce parking, le premier sentiment, je vous assure
07:49 Ouais, franchement, je vous dirais que moi, j'ai quasiment la peur
07:52 Vous regardez partout autour de vous, vous vous dites "mais ça fait coupe-gorge"
07:56 Enfin, franchement, ça fait une drôle d'impression
07:59 La façon dont ils ont été tués, la position des corps dans les voitures
08:04 Là, ils sont à leur position
08:07 Comme s'ils n'avaient pas pu descendre, comme s'ils n'avaient pas pu commencer à courir, à s'échapper
08:12 Enfin bon, je vous assure, c'est évidemment une scène
08:16 Vous vous rendez compte quand vous arrivez sur des scènes comme ça
08:18 Vous n'êtes pas là pour deux heures
08:20 Il n'est pas fréquent qu'on ait, heureusement d'ailleurs, autant de morts
08:29 Ce n'est pas anodin d'avoir trois adultes, un quatrième
08:34 Une enfant dont les secours et les médecins derrière l'hôpital de Grenoble vont sauver la vie
08:40 Oui, c'est une scène extraordinaire
08:42 À ce stade, on a très peu d'éléments
08:46 On sait que ce n'est pas un accident
08:48 Il y a quelque part un tueur et il est déterminé
08:51 Le procureur de la République en personne se déplace
08:54 Il a de l'expérience, mais face à un tel crime, personne n'est préparé
09:02 Il était aux alentours de 15h45, 16h
09:05 Le collègue vient me voir en m'indiquant qu'il y a un drame
09:09 Il y a manifestement plusieurs morts dans un véhicule
09:12 Et c'est comme ça qu'a démarré cette affaire assez hors norme qu'est la tuerie de Chevaline
09:17 Les enquêtes, on les mène pour les victimes et pour leur apporter une réponse
09:20 D'une manière qui soit totalement incontestable et que chacun puisse comprendre
09:23 Pourquoi vous avez eu le malheur de perdre votre père, de perdre votre sœur, de perdre votre mère, de perdre votre grand-mère
09:30 Qui sont ces gens ? Il faut qu'on essaie de trouver la vérité
09:34 Manifestement, on était en présence de personnes de nationalité étrangère
09:40 Britanniques sans doute d'une nationalité ou autre à l'origine
09:44 Compte tenu de leur morphologie ou de leur couleur de peau
09:47 Simple déduction, mais des étrangers dont on ignorait absolument tout
09:52 Dans le véhicule, trois personnes, trois personnes mortes
09:56 Le conducteur, un homme, deux femmes à l'arrière mortes
09:59 A côté du véhicule, un cycliste
10:01 En tenue de cycliste, il y a le vélo de course un petit peu plus loin, mort également
10:05 Alors concernant le cycliste, il est sur le dos, il est assez près de la voiture
10:14 Il a toujours son casque sur la tête et ce casque a été traversé par une balle
10:18 Il a sa pompe à vélo près de la jambe gauche
10:22 Et ce qui est marquant tout de suite, c'est que son vélo, lui, il est à quelques mètres plus haut
10:27 Alors on fait tout de suite une déduction, il a dû descendre, jeter son vélo et ensuite seulement être abattu
10:34 Les enquêteurs avaient le sentiment que le cycliste n'avait pas cette morphologie orientale
10:42 Que pouvaient avoir les victimes qui se trouvaient dans le véhicule
10:45 Donc leur première idée a été de se dire qu'il n'avait pas nécessairement de morphologie orientale
10:51 Donc qu'il n'avait pas nécessairement de lien direct avec les personnes qui se trouvaient dans le véhicule
10:55 Objectivement, pour un touriste, il n'y a pas de raison d'aller plus loin
11:05 Et c'est ça qui m'intéresse depuis le début de cette affaire, qu'est-ce qu'ils sont allés faire là-bas ?
11:09 Il est vrai que cette route forestière, ça porte bien son nom, la route forestière
11:16 Est une route qui n'amène à rien, ça fait un quart d'heure qu'on roule et il n'y a rien
11:23 Il n'y a pas un point de vue, il n'y a pas une clairière pour pique-niquer
11:27 Il n'y a pas un endroit avec deux bancs pour faciliter, entre guillemets, le fait de profiter de l'endroit
11:35 C'est un endroit sauvage, c'est très sauvage, il y a surtout des combes de la colère
11:45 C'est la traduction étymologique de "hire" comme dire
11:49 Ce n'est pas une route qu'on emprunte, là qu'on me dire
11:55 Parce que déjà à l'entrée, il y a un panneau qui vous avertit qu'il y a des nids de poules
12:00 Et je trouve que c'est une route assez sinistre, on comprend vite qu'on va aller de toute manière vers un cul-de-sac
12:05 Donc je pense que le premier réflexe qu'on a, c'est de faire demi-tour
12:13 J'habite à Douussart depuis 50 ans
12:18 Souvent j'y allais et j'avouerais que depuis ce jour, je n'y suis pas retourné
12:24 Pour les enquêteurs, toutes les hypothèses sont ouvertes car le mode opératoire de cette tuerie laisse présager soit un règlement de compte, soit un drame familial
12:36 Il y a trois mois déjà à Chevalines, des ossements humains avaient été retrouvés à la lésière d'un bois à proximité d'une tente
12:43 Les enquêteurs avaient sous la main un certain nombre de techniciens en investigation criminelle
12:51 Les fameux TIC qui sont rattachés au groupe d'entre-gendarmerie d'Annecy
12:55 Mais on se rend bien compte qu'on a une affaire qui sort de l'ordinaire au regard d'une ombre de cadavres
13:00 On est donc à la nécessité de s'ajoindre à un laboratoire de plus grande envergure
13:06 Il était logique de faire appel au laboratoire national de la gendarmerie, donc à l'IRCGN
13:11 Pour faire venir le département de la balistique, puis de la biologie et des emprunts digitales
13:18 Quand vous faites venir des experts en balistique, on ne doit pas ouvrir les portières
13:24 Parce que là, tous les morceaux de verre qui sont encore présents sur la portière risquent de tomber
13:28 Que ce soit en intérieur ou en extérieur, et c'est très perturbant pour les expertises à venir
13:33 Donc avec les pompiers, avec les médecins, ils s'entendent sur le fait qu'on ne va pas sortir les corps qui sont dans la voiture
13:39 Interdiction de pénétrer dans la voiture, ni même d'ouvrir les portières
13:43 On attend les techniciens de la gendarmerie scientifique, venus de Paris
13:48 La première phase c'est ratissage, donc on a un maximum de personnel qui vont ratisser la zone
13:53 Et après on va exploiter tous les éléments, les témoignages, ça va évidemment continuer tout au long de la nuit
13:58 Si la gendarmerie prend autant de précautions et autant de moyens, c'est qu'elle garde en mémoire le drame et la tragédie de l'affaire Grégory
14:06 Là où malheureusement une scène de crime a été saccagée et piétinée par X personnes qui n'avaient rien à y faire
14:13 Qui ont sans doute travé des résultats qui auraient pu être bien plus précoces
14:19 Donc voilà, la gendarmerie garde ça comme un traumatisme et on lui a appris à geler la scène de crime, parfois trop peut-être
14:26 Je suis le premier journaliste arrivé sur place
14:32 J'ai vu le gendarme qui est un peu paniqué de me voir arriver tout seul
14:38 Parce que je pense qu'il a dû avoir certainement l'ordre de protéger la scène de crime
14:42 Que personne ne rentre à proximité de la zone de crime
14:45 Mais là je me souviens très bien de son visage, j'ai vu la peur dans son visage et j'ai compris que c'était quelque chose de très grave
14:52 Nathalie Pérez, que nous retrouvons sur place en direct
14:54 Nathalie, bonjour, dites-nous d'abord quelles sont les dernières informations dont vous disposez
14:59 On sent un vrai vent de panique sur place parce que les gendarmes sont des gendarmes locaux qui n'ont pas l'habitude de ce type de faits divers
15:06 Tout d'un coup, une énorme affaire et qui plus est, lorsqu'on apprend qu'il s'agit d'une famille britannique
15:14 C'est une affaire ensuite qui dépasse nos frontières, donc ça se transforme en un fait divers international
15:19 C'est assez étonnant, c'est une des premières fois pour moi que les journalistes arrivent aussi vite sur ou aux abords en tout cas d'une scène de crime
15:29 A partir du moment où les médias ont commencé à en parler, dès l'après-midi même, enfin dès l'après-midi
15:34 Entre 16h et 19h, c'est vrai que le timing est pourtant assez serré
15:39 Mais j'irais à partir de 17h, les radios ont commencé à en parler, évidemment que l'information s'est diffusée assez vite
15:47 Et à moins d'une heure, vous aviez déjà beaucoup de journalistes, et notamment des journalistes britanniques
15:51 Ces journalistes anglais arrivent avec des portants, avec des vêtements, avec des camions, où ils installent carrément des plateaux de télé à chevaline
16:02 J'étais dans le premier vol Londres-Geneve
16:09 Il y avait d'autres équipes de tournage, des équipes de télévision et des journalistes dans le même vol
16:15 Rien de tel n'était jamais arrivé à Annecy, et on peut dire qu'ils ne savaient vraiment pas comment gérer tout ce monde
16:28 Au milieu de l'après-midi, au milieu d'une région populaire, 4 personnes ont été tuées. Katie Rowlett, BBC News
16:37 Ils ont essayé d'arriver sur la scène de crime, ils ne voient rien, donc ils disent qu'il faut que ça soit fait désert
16:43 On va louer un hélico pour que ça coûte moins cher, un seul photographe sera dans l'hélico, il fera les photos et on se distribue toutes les images
16:49 Les gendarmes pensent qu'il s'agit d'un hélicoptère de la gendarmerie, évidemment
16:57 On peut penser effectivement que des experts ont besoin de prendre des photos en hauteur pour savoir
17:02 Ensuite, c'est vrai que ça a été très mal pris lorsqu'ils ont appris qu'il s'agissait de journalistes britanniques qui souhaitaient avoir un scoop
17:08 Que s'est-il passé sur les hauteurs du lac d'Annecy, un endroit d'ordinaire, paisible, fréquenté par les randonneurs
17:23 C'est donc là qu'une famille britannique a été massacrée, ainsi qu'un français, sans doute là, par hasard, au mauvais moment
17:29 L'information commence à se répandre, on commence à en parler et sur les chaînes infos et à la radio
17:35 Et c'est ce qui a amené ensuite à un appel téléphonique qui va déclencher une accélération de l'enquête, en tout cas une accélération des investigations sur ce véhicule
17:44 C'est un coup de fil du gérant d'un camping, le camping Le Solitaire, et qui a appelé, comme tout gérant de camping, et il connaît ses gendarmes
17:52 Les gendarmes du secteur, ils les connaissent par cœur, ils se tutoient, donc il n'y a aucune hésitation à les appeler
17:57 Il les appelle en disant "mais j'entends dire, j'entends parler de ces cadavres qui ont été découverts, on parle d'une petite fille, on parle de gens manifestement du Moyen-Orient, d'un véhicule anglais"
18:08 Ça me rappelle des gens qui sont chez moi, qui sont en caravane, en camping, en vacances chez moi, je suis allé voir, effectivement il n'y a personne
18:16 Il n'y a plus le véhicule, et c'est à ce moment là que le gérant du camping leur dit "mais il n'y a pas une fillette, il y en a deux"
18:22 Le jour du coup de la mort
18:27 Les gendarmes arrêtent leurs investigations extrêmement précautionneuses et accélèrent le rythme, parce que pour le coup il y a peut-être un danger vital
18:40 Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que la petite fille a été enlevée ? C'est ce qu'on se dit tout de suite
18:47 Ils ne savent pas si la petite fille qui a été évoquée a été tuée, exécutée dans les bois un peu plus loin, ou si, ayant eu peur, elle est partie quelque part
18:55 Pendant qu'on élargit le périmètre de recherche pour la petite Zina, les premières informations sur les autres membres de cette famille anglaise arrivent
19:06 Donc on essaie de s'intéresser à qui ils sont, d'où ils viennent, sont des Irakiens qui vivent à Londres, le père, la mère, la grand-mère et leur fillette
19:16 La famille vit ici, dans le village de Claygate, au sud-ouest de Londres
19:21 C'est la maison de Saad Al-Hilly et sa femme et deux enfants
19:26 Saad Al-Hilly est ingénieur aéronautique, c'est quelqu'un qui travaille dans le milieu de l'aviation
19:37 Alors certes, il a une vie d'ingénieur, il est à l'aise, il a une jolie maison classique à Colombages, britannique, assez belle, maison ancienne dans la banlieue de Londres, à Claygate
19:48 Saad était marié à une femme irakienne, elle s'appelait Iqbal Al-Hilly
19:57 Elle était dentiste et c'était sans doute la plus discrète des deux
20:02 Saad était très extraverti et familier, elle, elle était plus introvertie et timide
20:11 Iqbal était très amoureuse de son mari, la seule chose c'est qu'elle était à l'arrière de la voiture parce qu'elle a le mal de la voiture, c'est à dire qu'à l'avant elle est malade, c'est pour ça que la petite était lourde
20:26 Je me souviens du jour où on a été chercher la caravane, quand il l'a acheté
20:32 Nous avons conduit sur l'autoroute jusqu'à l'endroit où il l'avait acheté et on l'a remorqué jusqu'à Claygate
20:45 Parfois ils partaient à 10 km de chez eux à peine pour le week-end, partir de la maison juste par amour du camping
20:55 La caravane avait été nommée Spotty par Zainab, elle était toujours garée devant la maison et les enfants jouaient dedans
21:05 C'était une famille heureuse, Saad était particulièrement attentionné envers ces deux filles, il les adorait vraiment
21:15 Quand elles entraient dans une pièce, ils répétaient toutes les phrases deux fois, une fois en arabe et une fois en anglais, systématiquement
21:38 Les techniciens en investigation criminelle étaient évidemment tous sur place, à ce moment-là ils se dirigent vers le véhicule, ouvrent les portes
21:45 Ce qu'ils n'avaient pas encore fait, à ce moment-là ils voient un mouvement sous les jupes à l'orientale, deux femmes qui se trouvaient à l'arrière du véhicule
21:53 À ce moment-là, ils se révèlent, parce que c'est vraiment comme ça que ça s'est produit, une petite fille qui était là depuis de nombreuses heures totalement immobile
22:04 Elle s'est retrouvée 8 heures après, c'est énorme, ça paraît complètement énorme quand on vous le dit, elle est restée prostrée sans bouger
22:11 Donc elle a passé 8 heures sous les jupes de sa maman, morte, assassinée, sans rien dire, sans un bruit, sans rien, alors on imagine ce qu'a pu vivre cet enfant à ce moment-là
22:22 On imagine la terreur de cet enfant qui a dû entendre les coups de feu, qui n'a pas compris réellement ce qui s'était passé
22:28 Mais qui a bien dû sentir que plus rien ne bougeait, que plus rien ne se passait, que personne ne venait la chercher
22:34 Vous imaginez le bruit, la zone a été survolée par un hélicoptère, il y a les camions, les véhicules des pompiers, les véhicules de la gendarmerie, les radios, les gens qui communiquent par téléphone
22:44 Donc on peut imaginer à quel point ils sont peut-être incompréhensibles aussi pour une enfant de cet âge-là, à quoi ils se rattachent
22:50 L'odeur certainement du sang, de la mort, l'odeur de la mort, elle est dans une voiture avec 3 morts
22:58 Franchement on pensait avoir tout fait, enfin tout ce qu'il fallait faire en tout cas
23:04 Le site a été survolé par un hélicoptère spécialisé avec une caméra thermique, il n'a repéré aucune chaleur, aucune trace de vie, rien du tout
23:12 Donc quand on a fini par comprendre qu'elle était là, on était tous très amers, en colère même
23:20 Mais on était aussi très heureux de la voir apparaître vivante
23:28 Ce soir-là, tous ceux qui vont approcher la voiture vont vivre une scène absolument déchirante parce qu'on a une petite fille qui est indemne dans une scène atroce
23:38 L'enfant est récupéré par un gendarme qui la sort en lui mettant la main sur les yeux pour éviter qu'elle ne voit la scène de crime
23:49 Et elle est confiée à une adjudante de gendarmerie qui la prend en charge aussitôt
23:53 On était sur une image vraiment cinématographique, un ciel d'encre, une lumière blafarde liée aux éclairages de la gendarmerie
24:06 Et puis, pourquoi ça je ne le saurais jamais, mais curieusement cette fillette a été amenée vers nous
24:12 Qui étions à l'extérieur de la scène de crime, non pas blottis dans les bras de l'enquêtrice
24:17 Ce qui aura été on ne peut plus naturel, mais en fait comme certaines peintures du Christ enfant
24:23 Assis, visage face aux interlocuteurs dans les bras de l'enquêtrice
24:27 Position très étrange qui fait qu'effectivement, tous ceux qui étaient là dont moi ont vu cette petite fille et ses boucles blondes à un moment donné se mettre à sourire
24:36 C'est un moment de pure émotion, soudain il n'y a plus d'enquêteur, il n'y a que des pères et des mères de famille autour de cette scène de crime
24:45 Et un immense soulagement de savoir que les deux fillettes sont vivantes
24:55 Alors elle est indemne, physiquement en tout cas, et même s'il n'a que 4 ans, elle parle
25:00 C'est la seule personne à pouvoir raconter éventuellement ce qui s'est réellement passé
25:05 Elle va dire très vite qu'elle s'appelle Zina, elle va dire qu'elle a entendu effectivement des bangs
25:12 Ensuite elle va raconter aux gendarmes qu'elle a entendu son père tenter de faire démarrer la voiture
25:18 Qu'il n'y arrivait pas, sans doute dans la panique, et elle a un détail atroce
25:22 Elle va raconter qu'il y a un filet de sang qui coule de la bouche de sa mère
25:26 Et puis surtout elle va dire "papa, maman, not alive"
25:32 Elle a 4 ans, elle a vécu une scène traumatique, et elle a compris que ses parents étaient morts
25:36 On a basculé là dans l'horreur totale
25:38 Concernant la petite fille de 8 ans retrouvée grièvement blessée sur les lieux du crime
25:51 Elle a été opérée la nuit dernière, il faudra attendre qu'elle soit totalement rétablie
25:55 Pour pouvoir commencer à l'interroger
25:57 Quant à sa petite soeur de 4 ans qui elle a été retrouvée miraculeusement indemne
26:02 Elle va beaucoup mieux, elle aurait commencé ce matin à parler aux enquêteurs
26:07 On n'a pas pu l'entendre, en tout cas pas avant le lendemain à l'hôpital
26:12 C'est dur parce qu'elle n'a que 4 ans, elle est prostrée sur son lit, et puis elle pleure beaucoup
26:20 On a découvert qu'avec une infirmière, si on lui lit des livres en anglais, elle se calme un peu
26:26 Elle commence à nous raconter ce qu'elle a vu, surtout entendu
26:30 Quand ils sont arrivés à ce qu'elle appelle "le lieu", "the place" en anglais
26:42 Son papa et sa soeur sont sortis de la voiture
26:45 Les 3 passagers arrière voulaient descendre aussi, mais "la chose"
26:49 C'est l'expression qu'utilise Zina pour parler des faits
26:52 "La chose a commencé"
26:55 Donc elles n'ont pas pu descendre
26:58 Alors elle a assimilé tout ça à un feu d'artifice
27:02 Elle a entendu son père hurler le prénom de sa soeur
27:06 Mais Zina Ablené n'est jamais remontée dans la voiture
27:12 La petite dit qu'elle a eu très peur, elle a senti un danger
27:16 Elle se cache tout de suite au pied de sa maman, sous sa robe
27:21 Et elle a attendu
27:24 Et quand le silence est revenu, elle dit qu'elle a osé parler
27:29 Et qu'elle a demandé "qu'est-ce que c'était que cette chose ?"
27:36 Et évidemment, personne n'a répondu
27:43 C'est dès le début une affaire extrêmement mystérieuse
28:00 Personne ne comprend rien, tout est paradoxal
28:03 Un homme qui est en vacances, qui se fait assassiner
28:06 Sur un parking en montagne avec leurs enfants
28:09 Le but du jeu, c'est de comprendre qui est cette famille, d'où ils viennent
28:13 Est-ce que ce sont des véritables touristes ?
28:16 Est-ce que cette affaire ne cache pas autre chose ?
28:20 A ce stade-là, vous n'avez que des points d'interrogation
28:23 On a les identités, on sait maintenant qui sont les victimes
28:26 Il reste à savoir pourquoi elles étaient là, ce qu'elles faisaient en France
28:30 Et on sait d'emblée que ça va être une enquête compliquée
28:33 Par les journaux britanniques, on apprend aussi
28:40 Que la victime avait perdu ses parents
28:43 Et qu'il y avait un litige au cœur de la famille sur une histoire d'héritage
28:47 Saad Al-Hilly, lorsqu'il est venu en France
28:50 L'un de ses objectifs, c'était de se rendre en Suisse
28:53 À un moment ou un autre, il avait pris rendez-vous dans cette banque
28:56 Où se trouvaient les fonds déposés par le père
28:59 Son objectif, c'était d'essayer de reconstituer
29:04 La totalité du patrimoine du père
29:07 Et d'en prendre en quelque sorte le contrôle
29:10 La fortune de la famille Al-Hilly se comptait quand même en quelques millions d'euros
29:15 Enfin, on n'est pas sur un tout petit héritage
29:18 On voit tout de suite qu'il y a des zones d'ombre dans cette famille
29:24 Toutes les familles ont des mystères, des secrets
29:27 On ne se dit pas tout
29:29 Il faut s'intéresser à l'identité des victimes
29:32 Car dans presque 90% des cas
29:35 Le tueur a un lien direct avec la victime
29:38 Sa plus grande crainte, c'était son frère
29:44 Le jour où le père a été tué
29:47 Le jour où le père a été tué
29:50 Le jour où le père a été tué
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29:57 Le jour où le père a été tué
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31:49 Le jour où le père a été tué
31:52 Le jour où le père a été tué
31:55 [Musique]

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