Maître Sacha Ghozlan est l'avocat de familles d'otages.
Regardez Le débat du 28 novembre 2023 avec Yves Calvi.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 - De l'année 7h, 9h.
00:05 RTL matin. - Il est 8h20. Bonjour maître Sacha Gozlan. - Bonjour. - Vous êtes l'avocat de plusieurs familles d'otages du Hamas.
00:12 Merci beaucoup de prendre la parole ce matin sur RTL. Hier soir nos trois premiers otages
00:16 franco-israéliens ont donc été libérés par le Hamas. Un frère et une soeur, Heres et Sahar, 12 et 16 ans ainsi qu'Aïtan, 12 ans.
00:22 À votre connaissance comment vont-ils et avez-vous des informations ?
00:27 - Ils sont pris en charge par les autorités israéliennes. Quand ils sont sortis
00:31 de la bande de Gaza, ils se sont dirigés vers un hôpital en hélicoptère et je crois que cette nuit
00:39 Heres et Sahar ont pu retrouver leur mère et passer
00:43 la nuit avec leur mère qui les attendait depuis longtemps. - Vous avez eu les familles au téléphone ?
00:48 - Non, ils les... - Vous les laissez tranquilles ? - Ouais, je pense que c'est... le moment des retrouvailles est important
00:55 et puis c'est une joie qui est importante mais qui est incomplète puisque au fait leur père
01:00 reste entre les mains du Hamas. - Qui s'occupe d'eux précisément au moment où nous parlons ? Est-ce qu'on le sait ?
01:05 - Ce sont des médecins spécialisés dans les psychotraumas qui les accompagnent. Ils sont pris en charge dans des unités
01:13 spécifiques pour les enfants avec tout un dispositif qui est mis en place par l'armée et par les médecins
01:19 pour les réhabiliter, pour leur réapprendre
01:23 à vivre en liberté.
01:25 Ils ont passé beaucoup d'examens médicaux notamment au niveau des yeux parce que
01:31 il est possible qu'ils aient été retenus dans des tunnels, que leur vue ait été abîmée,
01:36 qu'ils aient perdu l'habitude de voir la lumière du jour. Donc voilà, il y a tout ce travail
01:42 consistant à les réhabituer
01:45 à la vie en société. - Vous êtes en train de nous dire qu'on
01:49 essaie de leur permettre de revenir parmi les vivants. - Oui. - C'est cela ? - Exactement.
01:53 - La trêve entre Israël et le Hamas devrait se poursuivre jusqu'à jeudi au moins.
01:58 D'autres libérations d'otages français sont-elles, si ce n'est attendu, au moins possibles selon vous ?
02:03 - On sait qu'il y a plusieurs otages.
02:06 La seule pour laquelle on a eu une preuve de vie,
02:09 quelques semaines,
02:11 c'est MIHM, qui est une de nos clientes et qu'on défend.
02:17 Pour les autres, il n'y a pas de certitude qu'ils sont retenus en otage par le Hamas. - Ce qui explique, pardonnez-moi, la prise de parole
02:23 de notre ministre des affaires étrangères, qui, pendant son interview sur RTL ce matin,
02:27 précisait à chaque fois "cinq otages français, otages ou disparus".
02:31 - Oui. - C'est la façon de rendre compte de la situation. - Il faut faire preuve de beaucoup de prudence, parce qu'on n'a pas nécessairement de signes de vie
02:38 des français qui sont retenus. Et
02:42 on n'a pas de signe de vie, on ne sait pas dans quelles conditions ils sont détenus, si ce n'est pour MIHM,
02:47 la vidéo de propagande qui a été publiée par le Hamas il y a quelques semaines, dans laquelle on la voyait blessée au bras.
02:52 Donc il n'y a vraiment aucune certitude sur leur état de santé, et il faut faire preuve d'une grande prudence
02:58 les concernant. - A-t-on parfois confondu de vrais otages avec des personnes tout simplement disparues ? Je sais que c'est étrange comme question, mais
03:05 elles se posent.
03:07 - Les deux, probablement les deux.
03:10 Il y a des personnes dont on pensait qu'elles étaient disparues et qui étaient finalement retenues otages,
03:14 et ça on a eu les révélations dans les premières vagues de libération ces derniers jours.
03:19 Et il y a un risque que malheureusement des personnes dont on présume qu'elles sont otages
03:24 ont été assassinées le 7 octobre ou sont décédées des suites
03:28 des crimes du 7 octobre. - Est-ce qu'il faut dire merci au Qatar ce matin ?
03:32 - Le Qatar a de toute évidence joué un rôle essentiel
03:36 de médiateur
03:38 dans cette séquence
03:40 avec les Etats-Unis, avec l'Egypte, la France a joué son rôle également.
03:45 Mais oui, le Qatar
03:48 là, dans ce conflit, est le seul à être en capacité de discuter et avec le Hamas et avec
03:58 les Israéliens, et ça c'est essentiel.
04:02 La trêve se poursuit, donc j'espère qu'elle aboutira à la libération d'autres otages. - Ils sont incontournables pour dire les choses
04:08 simplement ? - Incontournables, en tout cas
04:11 à l'heure où on se parle, ils sont essentiels.
04:14 - Ce sont des négociateurs, ce sont des facilitateurs, ils sont les seuls à pouvoir prendre parole avec
04:21 ceux qui détiennent les otages. J'essaie de mettre des mots sur leur situation et jusqu'à ces ambiguïtés bien entendu.
04:28 - Beaucoup de questions.
04:31 Les négociations elles se font de façon très discrète, on en parle, tout le monde en parle, tout le monde veut savoir ce qu'il y a dans
04:36 ces négociations, comment elles se déroulent, quel est le contenu de ces accords. Ce qu'on comprend c'est que
04:42 le Qatar a la capacité de s'adresser et aux Israéliens et au Hamas,
04:47 de faire
04:50 droit aux demandes des uns et des autres
04:52 et de leur permettre indirectement de dialoguer et d'échanger leurs demandes.
04:59 - Les autorités françaises pèsent-elles dans ces négociations ? - Oui elles pèsent. - On se pose parfois la question, sans esprit de polémique politique.
05:05 - Oui elles pèsent dans ces négociations et je vais vous dire pour
05:09 les familles d'otages,
05:11 la France est un pays essentiel. Vous avez reçu ces dernières semaines
05:16 des délégations de familles d'otages qui se sont déplacées, qui se sont rendues en France. Pourquoi ces familles viennent-elles en France ?
05:23 Parce que pour elles la France n'est pas seulement le pays qui a créé les droits de l'homme et qui les a offerts au monde.
05:27 La France c'est un pays qui est membre du Conseil de sécurité des Nations Unies. La France c'est un
05:32 moteur de l'Union Européenne et donc à ce titre là
05:35 ils pensent et ils portent cet espoir qui est peut-être démesuré,
05:38 qu'Emmanuel Macron, parce qu'il est président de la République, parce qu'il est président de la France,
05:42 est en capacité d'intervenir pour obtenir la libération de leurs proches.
05:46 Donc de toute façon
05:50 c'est dans l'intérêt de la France d'agir et c'est la raison pour laquelle la France agit.
05:54 - Plus de 40 femmes et enfants seraient détenues non pas par le Hamas mais par d'autres factions palestiniennes, des civiles.
06:00 C'est ce qu'affirme le Premier ministre du Qatar.
06:03 Le Hamas ne dément pas pour l'instant. Que savez-vous de ce qu'il...
06:07 Je ne sais même pas si je dois dire d'ailleurs parler de cette information mais voilà, que savez-vous de cette situation
06:12 et est-ce qu'elle est aussi grave qu'on l'imagine ?
06:14 Je viens de vous demander si on a perdu 40 otages en fait.
06:18 - Je n'ai pas d'informations à ce sujet. Je ne peux pas
06:22 vous confirmer ce que dit le Hamas. Il faut avoir conscience que on est dans le cadre...
06:31 On reçoit en fait les informations d'un groupe qui a commis des assassinats, des viols, des massacres
06:37 le 7 octobre
06:39 et qui mène une guerre psychologique qui s'inscrit dans la continuité des crimes du 7 octobre
06:43 à travers cette libération au compte-goutte des otages, à travers ces informations qui sont délivrées au compte-goutte sur leur sort.
06:50 Et donc il faut prendre ces informations avec beaucoup de précaution mais en même temps
06:54 c'est une possibilité puisqu'on a vu le 7 octobre que
06:58 il n'y avait pas que le Hamas qui est entré dans les kibbouts, qui est entré dans le festival Re'im.
07:03 Il y avait d'autres factions palestiniennes, il y avait des civils qui se sont engouffrés
07:07 également. - Pour participer au massacre ? - Pour participer au massacre. En tout cas
07:12 ils étaient présents.
07:15 - Merci beaucoup maître Sacha Gosselin. Vous êtes avocat de plusieurs familles d'otages français.
07:20 On a compris que vous avez un travail très lourd en ce moment et donc on vous accompagne dans ce travail. Bonne journée à vous.
07:24 Merci.
07:25 [SILENCE]