La génération 2008 grandit devant les caméras de LCP

  • l’année dernière
Le réalisateur François Chevré poursuit son travail patrimonial en suivant pendant 10 ans 5 jeunes rennais. Le 4e volet est diffusé ce soir

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00:00 *Musique*
00:04 Votre invité média Céline Bédard court chronique depuis 4 ans la vie de 5 jeunes pour la chaîne LCP.
00:10 Il a pour projet de les suivre sur une décennie et de voir comment ils évoluent.
00:15 Le 4ème volet de son documentaire "Génération 2008, qui seront-ils demain ?" est diffusé ce soir.
00:20 Bonjour François Chevret. Bonjour.
00:21 C'est pas le moment de boire un verre d'eau.
00:23 Jusqu'en ça démarre.
00:25 Alors c'est un travail au long cours que vous avez entamé, une sorte d'étude sociologique que nous suivons depuis le début ici à France Info.
00:32 Un documentaire par an pendant 10 ans.
00:35 Vous avez pour ambition qu'on ressorte ces images dans 30, 50, 100 ans pour comprendre à quoi ressemblait la jeunesse d'aujourd'hui.
00:42 Vous voulez faire une oeuvre patrimoniale finalement ?
00:45 C'est un peu le mot, oui. C'est vrai que ça peut servir à ça plus tard.
00:48 Quand dans 10, 20, 30 ans on regardera les archives, ces images-là, on se dira "Ah oui c'est vrai, ça existait. Instagram c'était quoi ?"
00:56 Oui c'est ça. Où en sera-t-on d'ici là ?
00:59 Alors on retrouve Lilou, Maël, Riwan, Mohamed et Colline.
01:03 Ils avaient 11 ans quand vous avez commencé à les filmer.
01:05 Ils étaient dans le même collège de Rennes. Maintenant ils sont en 3ème. Ils ont 14 ans.
01:08 Ils ne sont plus forcément tous dans le même établissement.
01:10 Vous, vous êtes de la famille maintenant. Quel lien avez-vous avec les enfants ?
01:14 La famille c'est un grand mot. J'ai un lien qui s'est développé, c'est sûr.
01:18 On se connaît bien. La dernière fois Riwan m'a dit "Mais t'es plus un inconnu, c'est facile de te parler maintenant".
01:24 C'est vrai qu'avec le temps on développe des relations.
01:27 Ça dépend aussi chacun de sa façon de développer la relation avec moi.
01:30 Je les laisse un peu faire à vrai dire. Mais ça se passe bien et ça se développe.
01:34 Vous êtes devenu une sorte de confident ? Est-ce qu'ils vous disent des choses qu'ils ne disent pas à leurs parents par exemple ?
01:37 Ça peut arriver. Mais je ne le dirai pas.
01:40 Mais donc vous ne le gardez pas dans le documentaire forcément ?
01:42 Forcément. Ce que je fais attention aussi à ce que je répercute dans le documentaire, il faut aussi les protéger.
01:46 Il n'y a pas de conséquences pour eux de moqueries par exemple ?
01:50 Exactement. Le harcèlement ça fait partie des choses et je fais attention aussi à ne pas attendre une perche.
01:56 Vous êtes face à des ados maintenant. Avec les changements d'humeur qui vont avec, vous le ressentez ?
02:04 Oui, des fois c'est plus compliqué pendant les tournages.
02:08 Des fois je n'ai pas envie, pourquoi tu poses cette question ? Des choses comme ça.
02:12 Il n'y en a pas un qui vous a lâché à un moment ?
02:16 Parce qu'effectivement ça fait plusieurs années maintenant.
02:19 Après le premier épisode, j'ai perdu une jeune fille.
02:23 Mais depuis tout se passe bien, tout continue.
02:26 A la base c'était 6. Maintenant on est avec 5 jeunes.
02:30 Ils peuvent s'arrêter quand ils veulent.
02:32 On a fait un petit contrat moral pour rester dans le projet.
02:38 Des fois il y a des réflexions, on en discute et on arrive à faire continuer les choses.
02:46 Vous allez les voir régulièrement dans l'année. Comment vous organisez les tournages ?
02:49 J'ai une quinzaine de journées de tournage par an.
02:51 C'est peu ?
02:52 C'est peu. C'est en moyenne 3 par jeune, sachant que je fais des moments collectifs au collège.
02:57 Je passe moins de temps tête à tête avec eux.
03:00 Donc peu de jours de tournage, je compense avec pas mal de coups de fil, des messages,
03:06 pour prendre des nouvelles et bien cibler les moments où je vais tourner.
03:10 Bien cibler les moments, ça veut dire que quand vous arrivez, vous savez à peu près ce que vous cherchez ?
03:14 Comment vous voulez engler ce volet-là ?
03:17 A peu près. Par exemple, quand je vais au collège, j'y vais pour des choses précises.
03:20 Par exemple un cours qui va être particulièrement intéressant, ou un examen.
03:23 Cette année c'était le premier examen pour eux, le brevet.
03:26 J'ai filmé un orage, j'ai filmé le brevet, j'ai fait plusieurs choses comme ça.
03:30 Et puis j'en profite sur ces journées-là pour aller à droite à gauche, voir telle famille, filmer tel jeune au passage.
03:37 Et puis on s'organise pour filmer des moments. Par exemple le colline qui fait du volet.
03:44 Comment vous faites quand vous ratez, j'imagine que ça a dû arriver, des moments importants de leur vie ?
03:49 D'ailleurs positifs ou même négatifs, la perte d'un proche ou autre.
03:53 Comment ça vous pouvez le raconter après, si vous l'avez raté ?
03:57 Justement je le raconte après. On va faire une interview et en parler.
04:01 Je ne peux pas être là tous les jours, évidemment.
04:04 C'est des moments choisis dans l'année.
04:08 Ça essaie de résumer l'année, mais forcément on n'est pas là tout le temps, donc ce n'est pas possible.
04:11 On essaie de rattraper ça comme ça, d'avoir des interviews,
04:16 et d'essayer de penser à des images qu'on va faire ensemble avec les jeunes, qu'on décide ensemble,
04:21 qui vont être évocatrices par rapport au moment dont on est en train de parler.
04:24 Les réseaux sociaux sont très présents dans leur vie aujourd'hui, sauf pour un,
04:28 sauf pour Maël qui n'a même pas de téléphone.
04:31 On dit bravo, mais vous plus précisément François Chevret,
04:37 est-ce que vous dites "j'ai eu de la chance de tomber sur lui" ?
04:40 Parce qu'il n'y en a pas beaucoup qui ne vont pas sur les réseaux sociaux et qui n'ont même pas de téléphone.
04:44 Oui j'ai peut-être eu de la chance, pour faire un contrepoint aussi,
04:47 avec ce qu'on entend beaucoup, les jeunes sont accros complètement aux réseaux sociaux.
04:51 Dans les 5 jeunes, ils ne sont pas forcément tous accros,
04:55 et puis on a Maël qui n'en a pas, c'est juste que les parents ne lui ont pas donné de téléphone.
05:00 On va spoiler, parce qu'aujourd'hui il est en seconde et il a un téléphone.
05:04 On va spoiler pour l'épisode 5.
05:06 Tous les autres vont sur TikTok, Instagram, Snapchat,
05:10 mais ils affirment ne pas être dupes de ce qu'ils y voient. On écoute un extrait.
05:14 Est-ce que les influenceurs t'influencent ?
05:17 Non, ça ne m'influence pas.
05:20 Je n'irais pas dire jusque là, parce que je réfléchis un minimum,
05:24 avant de me dire "ah, ce produit, il est mieux que tout".
05:29 Quand tu vois des influenceurs et que tu te dis "mais ils ont vraiment la vie parfaite,
05:32 ils partent en vacances, après ils vont faire du surf à l'océan de gelée, ça n'a rien à voir",
05:37 tu n'en sais rien qu'ils ont la vie parfaite, ils ont juste envie de te montrer.
05:41 Ils semblent avoir beaucoup de maturité, vous confirmez ça François Chevret ?
05:44 Oui, je trouve. Pas mal.
05:47 Est-ce que les influenceurs les influencent ? Je pense que les influencent tout le monde.
05:50 À partir du moment où on voit un contenu, on est influencé un minimum.
05:53 Mais eux, ils ne sont pas dupes dans le sens où ils ne vont pas se faire avoir par les mises en scène.
05:59 Il y a une chose qui m'a vraiment frappée dans ce quatrième volet,
06:02 c'est quand ils parlent de leur future vie professionnelle.
06:05 Ils ont envie d'avoir un métier qui leur plaît, ils ont envie de bien gagner leur vie,
06:08 mais ils ne sont pas prêts à tout sacrifier pour le travail,
06:11 comme les générations d'avant, comme celle de leurs parents ou la mienne par exemple.
06:15 Ça aussi, ça vous a frappé ? Oui, complètement.
06:17 Ils veulent un peu le beurre à la jambe du beurre,
06:19 genre "je veux bien gagner ma vie, je ne veux pas trop travailler, je ne veux pas être stressé".
06:22 Mais sur le fond, c'est vrai qu'ils ont envie d'un métier passion,
06:27 et ils ont quand même envie de ne pas tout sacrifier.
06:31 Et de réussir leur vie personnelle.
06:33 Exactement, je pense que l'accomplissement pour eux, c'est la vie personnelle avant le travail.
06:36 Est-ce que vous sentez chez eux encore des traces du confinement ?
06:39 Je ne le ressens pas.
06:41 Je n'ai aucun élément pour dire qu'ils en ont.
06:46 Pourtant, je les écoute, je lis des choses pour voir un peu si je peux sentir quelque chose.
06:50 Je ne remarque rien.
06:52 Mais ils ont tous mal vécu cette période ?
06:54 Oui, plutôt, oui.
06:55 Que vous avez filmé d'ailleurs, c'était la première année, quand vous avez commencé à les suivre.
06:59 Oui, j'ai filmé à partir de la fin du confinement,
07:02 parce que c'était compliqué d'y aller pendant le confinement.
07:04 Mais je les ai eus pas mal en visio.
07:06 Et oui, ils ne le vivaient pas très bien, et surtout au niveau des cours,
07:10 parce qu'ils étaient en 6ème, et il fallait apprendre l'autonomie, vitesse grand V.
07:14 Et ils ne voyaient pas leurs copains.
07:16 Exactement.
07:17 Allez, c'est à voir ce soir, et c'est toujours aussi formidable.
07:19 Merci François Chevret.
07:20 Merci beaucoup.
07:21 Génération 2008, qui seront-ils demain sur LCP ?
07:23 Donc ce soir, merci à tous les deux.

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