Patricia Correia : «Je trouve que la Belgique a une attitude irrespectueuse envers la justice française»

  • l’année dernière
La mère d'une victime du Bataclan, Patricia Correia, sur l'attitude de la Belgique qui refuse l'extradition de Salah Abdeslam vers la France  :  «Je trouve que la Belgique a une attitude irrespectueuse envers la justice française»

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Transcript
00:00 -Oui, on ne va pas dire qu'on n'a pas renouvelé la mémoire
00:03 de nos enfants, mais c'est très éprouvant pour les familles.
00:06 Quand vous perdez un enfant ou un proche,
00:09 ce qui n'est pas dans l'ordre des choses,
00:11 c'est au quotidien, le matin, le midi, le soir.
00:14 C'est pas la même chose que quand vous perdez une personne
00:18 comme votre grand-mère.
00:20 C'est très douloureux, mais on n'y pense pas au quotidien.
00:23 C'est une douleur indélébile.
00:26 -Précisivement, votre fille unique.
00:28 -C'est indélébile.
00:30 Donc, il faut vivre avec, apprendre à vivre avec.
00:33 -On va apercevoir sa photo.
00:35 C'est important qu'on montre les visages de ceux qui ont été tués.
00:39 C'est une photo que vous avez choisie.
00:42 Vous nous avez transmise une belle photo d'elle, heureuse.
00:45 -Elle était partie faire un petit voyage en Turquie avec son ami.
00:49 C'est important.
00:51 -Comment vous vivez ce souvenir avec les autres familles ?
00:55 Est-ce que vous y êtes intimement associés ?
00:58 C'est difficile de se mettre à votre place.
01:01 Est-ce que chacun vit ça de son côté ?
01:03 -On a été confrontés à ce même drame.
01:06 On a rencontré des gens qu'on n'aurait jamais rencontrés,
01:10 mais il y en a avec qui on a certaines affinités qui se sont créées.
01:14 C'est obligatoire.
01:16 Il y a des gens qu'on ne voit plus, mais il y en a qu'on voit tout le temps.
01:20 Ce matin, tout le monde était là.
01:23 Notre association, 13 ans de science,
01:26 toutes les personnes qui ont perdu un enfant, un proche,
01:30 ou blessé, étaient présentes.
01:33 C'est important, on a besoin d'échanger.
01:36 On ressent la même douleur.
01:38 Quand vous racontez cette histoire, les gens vous disent qu'ils ne comprennent pas.
01:42 J'espère qu'ils ne le comprendront jamais, c'est tellement douloureux.
01:46 Il faut survivre à ça.
01:49 Finalement, nous sommes en survie.
01:51 -Vous avez été associée à ces familles,
01:55 vous avez été investie dans le côté associatif.
01:58 -Jusqu'à décembre de l'année passée. -Vous en êtes sortie.
02:02 -Oui, il me semble nécessaire de prendre un peu de recul,
02:05 parce qu'être toujours baignée dans cette ambiance,
02:08 je pense qu'à un moment, ça vous dévore un peu plus.
02:12 Je suis restée adhérente
02:15 et je participe à certaines choses de l'association,
02:18 comme tout ce qui est mémoriel.
02:21 Mais c'est bien de rester un peu en dehors de ces réunions,
02:25 du conseil d'administration.
02:27 C'est très pesant.
02:30 -Et puis il y a eu un procès, bien sûr, Salah Abdeslam.
02:33 Et puis il y a eu un autre procès.
02:36 Vous voulez pousser un coup de gueule,
02:38 car cette extradition ne vient pas de Salah Abdeslam, depuis la Belgique.
02:42 -La Belgique a une attitude irrespectueuse envers la justice française.
02:46 Ce monsieur a été condamné à une peine incompressible.
02:51 Et la justice, une juge, je pense, belge,
02:55 refuse de le faire revenir ici,
02:57 en pensant qu'il ne pourra pas être réinséré.
03:00 Mais je ne crois pas qu'il doit être réinséré.
03:02 Il doit pionger cette peine.
03:04 Je suis désolée, c'est comme ça.
03:07 On ne doit pas cracher sur la justice française.
03:10 Je vous remercie de m'avoir donné la parole.
03:13 ...
03:16 [SILENCE]

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