Avec Hugo Clément à l'occasion de la sortie de son livre «Le théorème du Vaquita»
Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui, la maltraitance animale avec Hugo Clément.
Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 - Vous êtes Pascal avec votre invité Hugo Clément qui a sorti son dernier ouvrage
00:03 "Le théorème du vaquita" aux éditions Foyard Graphique.
00:07 - Et sur cette couverture, il y a un dessin et une petite affiche "Mort pour rien".
00:17 - Oui, on voit un gros tas de poissons marqués "Mort pour rien".
00:20 - Exactement.
00:21 - Pourquoi ? Parce qu'on estime qu'aujourd'hui sur la totalité des poissons
00:25 qui sont pêchés dans le monde, à peu près 40% ne sont pas consommés.
00:28 C'est-à-dire que 40% des poissons qu'on pêche et qu'on tue
00:32 sont remontés morts à bord des bateaux, mais sont soit rejetés, soit pas consommés.
00:37 Parce que quand vous pêchez avec des grands filets, vous attrapez certes l'espèce que vous allez vendre,
00:41 mais aussi des poissons que vous ne pouvez pas vendre parce que vous n'avez pas le quota,
00:44 des poissons qui sont trop petits, des poissons qui ne sont pas comestibles,
00:47 y compris d'ailleurs des cétacés, des dauphins, des baleines, etc.
00:49 Et ça tue énormément de poissons pour rien.
00:52 - Et on a été interrompu pendant la pause à un moment où vous parliez du réchauffement climatique
00:56 et de la part de l'homme, et vous vouliez peut-être préciser là-dessus des choses.
01:00 - Oui, je voulais rebondir.
01:02 Quand vous dites "la France, on est 1% des émissions de gaz à effet de serre",
01:06 c'est vrai, aujourd'hui on est 1% des émissions de gaz à effet de serre.
01:08 Le climat, c'est un phénomène mondial, donc on a besoin d'avoir une action mondiale pour agir dessus.
01:12 Et moi, ce que je dis dans cette BD, c'est que sur la biodiversité,
01:16 c'est-à-dire sur ce qu'on fait de nos rivières, nos forêts, nos eaux territoriales,
01:20 quels pesticides on autorise ou pas chez nous, pas en Chine, pas aux États-Unis, chez nous,
01:25 ça c'est nous qui décidons. On n'a pas besoin d'attendre ce que les Chinois ou les Américains en pensent
01:28 pour mettre en place des réglementations.
01:30 Quand on autorise des produits qui multiplient le risque de cancer, notamment de cancer pédiatrique,
01:34 et on sait que c'est un gros problème dans certaines régions, c'est nous qui le décidons,
01:38 c'est pas les Chinois. Quand on autorise des chalutiers industriels hollandais
01:41 qui font 150 mètres de long à venir piller nos eaux territoriales
01:44 au détriment des petits pêcheurs artisans français, c'est nous qui le décidons,
01:48 ce sont pas les Chinois. Donc avant de regarder ce que les autres font,
01:51 il faut aussi qu'on regarde à l'intérieur de nos frontières ce qu'on veut faire nous de notre pays.
01:56 - Mais vous voyez, et c'est là que c'est très difficile, puisque vous, vous avez une connaissance
02:00 bien sûr sur ces sujets-là que je n'ai pas, et ça m'arrive d'échanger avec des agriculteurs,
02:05 mais prenons l'exemple du glyphosate. Je n'arrive pas à avoir une idée définitive sur ce produit.
02:11 - C'est un sujet qui est très compliqué. - Bah oui, mais alors les agriculteurs disent
02:16 "bah évidemment, j'ai besoin du glyphosate, parce qu'autrement, mes cultures,
02:20 je ne peux pas les produire convenablement, je pense que la nature, globalement,
02:24 il faut la domestiquer, parce qu'autrement, ça peut être très compliqué pour eux,
02:28 ils ont besoin d'être domestiqués, et je n'arrive pas à savoir si ce produit est nocif ou pas,
02:33 je ne sais pas si vous, vous avez un avis définitif.
02:35 - C'est normal Pascal, parce que vous êtes victime de l'intoxication des lobbies,
02:38 de l'agro-industrie et de l'agro-chimie qui arrivent à vous faire douter,
02:41 et c'est le but de ces grosses puissances industrielles et financières.
02:44 - Pour vous, c'est toxique ? - Bien sûr que c'est toxique.
02:47 Il faut regarder ce que disent les scientifiques, pas les agences réglementaires,
02:51 les scientifiques, parce que les agences réglementaires qui disent "il n'y a aucun problème",
02:54 sur quoi elles se basent ? Notamment sur des études qui sont faites par les fabricants de pesticides eux-mêmes,
02:59 qui disent "il n'y a pas de souci avec nos produits", évidemment ils ne vont pas dire l'inverse.
03:01 Quand vous regardez ce que dit le Centre international de recherche sur le cancer,
03:04 qui est l'organisme de référence au niveau mondial,
03:07 ils disent "le glyphosate est un cancérogène probable".
03:10 Quand vous regardez ce que dit l'INSERM,
03:11 l'organisme de référence de recherche scientifique en France,
03:14 ils disent "attention, il y a des risques".
03:16 Évidemment que la science montre qu'il y a des risques.
03:18 Il n'est pas interdit, alors qu'Emmanuel Macron avait promis de le faire.
03:21 Oui, mais parce que visiblement, des études l'ont convaincu du contraire, si j'ai bien compris.
03:26 Non, non, non, je ne crois pas trop au lobby aujourd'hui.
03:28 Allez voir comment ça se passe à l'Europe, Pascal, pardon,
03:32 mais vous êtes un peu naïf si vous ne croyez pas au lobby,
03:34 parce que évidemment que les termes de la agrochimie font du pouvoir.
03:36 Alors, je crois au lobby, vous avez raison, peut-être ponctuellement,
03:40 mais sur ce sujet qui a été très expertisé ces dernières années,
03:45 j'ai le sentiment, et peut-être que je me trompe,
03:47 que si vraiment ce produit était cancérigène,
03:50 j'imagine qu'Emmanuel Macron le retirerait de la circulation.
03:54 Non, non, non, malheureusement, ce n'est pas comme ça que ça marche.
03:57 Si un fabricant de pesticides, par exemple Bayer Monsanto,
04:01 fait une étude et vous dit "mon glyphosate n'est pas cancérogène",
04:04 est-ce que vous allez le croire ?
04:05 Non.
04:06 Bon, voilà, et c'est ce qui se passe.
04:07 Donc, quand vous regardez ce que les scientifiques font,
04:10 les experts, les experts scientifiques,
04:13 par exemple les chercheurs de l'INRA,
04:15 qui est un organisme qui fait référence en France sur l'agronomie,
04:19 qui ont conduit des études sur le glyphosate,
04:22 disent qu'il y a un risque très important.
04:24 Donc la question c'est, qu'est-ce qu'on fait ?
04:25 Est-ce qu'on fait passer d'abord la santé des Français,
04:28 ou est-ce qu'on fait passer d'abord des intérêts économiques ?
04:30 Qui d'ailleurs souvent ne sont pas des intérêts économiques français,
04:32 puisque les principaux fabricants de pesticides ne sont pas français.
04:35 C'est ça la question qui se pose, et aujourd'hui malheureusement,
04:37 le politique fait souvent le choix de l'économie, du business,
04:41 avant de faire passer la santé des Français.
04:42 - Christophe, parce que le principe de cette émission,
04:45 c'est aussi de vous confronter pourquoi pas à des auditeurs,
04:48 qui sont d'accord ou pas avec vous.
04:50 Christophe est agriculteur. Bonjour Christophe !
04:52 - Bonjour Pascal.
04:54 - Et merci. Quel type d'agriculteur produisez-vous ?
04:57 D'agriculture produisez-vous ?
05:00 - Eh bien moi je suis agriculteur en Normandie, dans le département de l'Eure.
05:03 Je suis une agriculture conventionnelle en polyculture élevage.
05:07 J'ai un élevage de brebis, donc j'ai 200 brebis sur l'exploitation.
05:11 J'ai 150 hectares de scopes.
05:14 De scopes c'est-à-dire de production qu'on produit pour vendre,
05:18 du blé, de l'orge, du colza.
05:20 On fait aussi du linge, de la luserne pour mes animaux, de l'orge.
05:23 - Vous utilisez des pesticides, j'imagine ?
05:28 - Oui, oui, j'utilise des pesticides.
05:29 Alors il faut savoir quand même qu'on est très encadré en France
05:32 pour utiliser des pesticides.
05:34 On a des contrôles, on est obligé d'avoir des certificats
05:37 pour mettre ces produits-là.
05:39 Et puis ces produits-là, on les met à des doses minimes
05:42 qui sont autorisées par l'État.
05:45 Donc il faut savoir que la France, on a des doses minimes
05:47 par rapport aux autres pays d'Europe.
05:49 Alors par exemple, on a des produits qui sont interdits en France,
05:51 mais par contre on importe des céréales
05:53 où ces produits-là sont autorisés.
05:55 Donc le problème c'est que la variable d'ajustement aujourd'hui...
05:58 - Ce que j'entends souvent d'ailleurs chez les agriculteurs,
06:00 c'est de dire "nous en France on a des normes,
06:02 les autres ne les ont pas, et c'est nous à l'arrivée
06:04 qui sommes les victimes". J'entends ça parfois.
06:07 - Et voilà, et vous avez des pays très limitrophes,
06:10 vous avez la Belgique, la Hollande, l'Espagne,
06:12 des pays comme l'Angleterre...
06:14 - Sur les betteraves par exemple, sur les betteraves sucrières, je crois.
06:17 - Sur les betteraves sucrières, mais vous avez aussi,
06:19 on parlait du glyphosate.
06:21 Vous avez le glyphosate, vous les utilisez par exemple
06:23 du glyphosate en Angleterre, en Angleterre avant de moissonner un blé,
06:28 ils mettent du glyphosate.
06:29 En France c'est interdit.
06:30 Interdit, aujourd'hui on utilise un glyphosate sur des céréales,
06:34 mais avant d'implanter la culture.
06:36 Donc techniquement il n'y a pas de résidus.
06:39 Si vous retrouvez des résidus, bah oui,
06:41 parce qu'on importe de la production qui n'est pas aux normes françaises.
06:44 Donc avant de se tailler, de se taper une balle dans le pied,
06:48 je pense qu'il faut qu'on mette tout le monde en harmonie,
06:51 et dire "d'accord, peut-être que le glyphosate sur un aliment c'est pas bon,
06:54 mais si on l'utilise à bon aliment..."
06:56 - Dans les sols non plus c'est pas bon.
06:57 Dans les sols non plus, pour la biodiversité c'est une catastrophe.
06:59 - Pour le moment on ne retrouve pas de glyphosate dans les sols,
07:02 - Ah si si, on retrouve du glyphosate dans les sols,
07:04 ça y a d'innombrables études qui le montrent.
07:07 - Non mais le problème, M. Clément, c'est que vous travaillez qu'avec des études.
07:10 Mais vous ne travaillez pas sur le terrain,
07:12 et vous venez pas voir les agriculteurs français.
07:14 - Je peux vous répondre ou pas ?
07:16 - C'est dommage.
07:17 - Vous allez répondre tout de suite après la pause,
07:19 parce qu'il est 12h49, mais c'est passionnant.
07:21 - Ah si, je passe ma vie sur le terrain à regarder les émissions,
07:24 on passe notre vie avec des agriculteurs.
07:26 Notamment avec des agriculteurs qui dénoncent le glyphosate.
07:29 - La pause est à tout de suite.
07:31 - Et avant de marquer la pause sur Europe 1,
07:32 notez que chaque jour à 9h45 dans Europe 1 Matin,
07:35 présenté par Dimitri Pavlenko,
07:37 Olivier Delagarde lit, analyse et commande ce qui fait la une de vos journaux,
07:41 c'est la revue de presse.
07:42 Demain donc à 9h45,
07:44 et en attendant, vous pouvez retrouver la revue de presse d'Olivier Delagarde
07:47 sur europe1.fr en replay ou l'application Europe 1.
07:50 - Pascal Trot et vous sur Europe 1.
07:52 - Vous êtes avec votre invité Hugo Clément,
07:54 qui vient de sortir son livre, le théorème de Vaquita.
07:57 - Exactement, le théorème du Vaquita.
08:00 Nous sommes avec Christophe qui était un agriculteur,
08:02 et Hugo Clément va pouvoir lui répondre,
08:04 parce que Christophe disait "vous n'allez jamais sur le terrain".
08:06 - Ah ben on passe énormément de temps sur le terrain,
08:08 notamment avec des agriculteurs,
08:10 notamment avec des agriculteurs qui ont développé des cancers
08:12 à cause des produits phytosanitaires,
08:14 notamment avec des agriculteurs qui eux se passent de pesticides
08:17 et qui arrivent très bien à vivre et à produire.
08:19 Donc il ne faut pas non plus raconter n'importe quoi.
08:21 Et la question du glyphosate pour moi,
08:23 elle est un peu à rapprocher avec celle du chlordécone,
08:25 ce produit phytosanitaire qu'on a utilisé aux Antilles pendant des décennies,
08:29 où tout le monde à l'époque nous disait "il n'y a aucun problème",
08:33 où l'État nous disait "il n'y a pas de risque",
08:34 où les fabricants du produit disaient "il n'y a pas de risque",
08:37 où les gens qui utilisaient ce produit disaient "il n'y a pas de risque",
08:39 et puis on s'est rendu compte avec le recul
08:41 que ça causait énormément de cancers,
08:43 que tous les habitants des Antilles
08:45 ou presque étaient contaminés avec ce produit,
08:46 et on a fini par l'interdire.
08:48 Donc il faut à un moment donné savoir si on fait passer
08:51 avant le principe de précaution,
08:52 où on dit "ok il y a des risques avec les produits phytosanitaires,
08:55 on essaye de les réduire et d'en sortir",
08:57 ou si on fait passer d'abord les intérêts des firmes de l'agrochimie.
09:00 - Alors dans ce livre évidemment vous parlez des chasseurs,
09:02 de nos jours selon l'Office français de la biodiversité,
09:05 les chasseurs abattent annuellement 22 millions d'animaux,
09:07 vous parlez de la consommation de viande,
09:09 nous consommons en moyenne 85 kilos de viande par an et par français,
09:12 quand la moyenne mondiale tourne autour des 40 kilos,
09:14 et vous parlez de la pollution des océans bien sûr, de l'avenir,
09:18 et puis vous parlez des cirques.
09:20 Dans ce combat la condition des animaux a été pour moi un déclencheur,
09:23 en enquêtant sur les mauvais traitements,
09:25 notamment dans les cirques, je me suis rendu compte
09:28 que l'on ne se conduisait pas bien,
09:30 et effectivement, moi je connais,
09:33 c'est ça qui est difficile, je connais très bien par exemple monsieur Edelstein,
09:38 - Un dresseur de fauves.
09:39 - Qui est dresseur de fauves chez Pinder.
09:41 C'est quelqu'un que j'aime beaucoup pour tout vous dire,
09:43 parce qu'il est investi dans ce qu'il fait depuis des années,
09:47 parce qu'il a des fauves, parce que c'est sa vie,
09:49 et puis aujourd'hui je dis "je peux plus travailler",
09:51 je peux plus travailler,
09:52 et mes fauves, je les aime,
09:55 ils sont merveilleusement nourris,
09:58 merveilleusement, non pas entretenus,
10:01 mais en tout cas on s'occupe d'eux comme personne ne s'occuperait d'eux,
10:04 la nature est sauvage me dit-il,
10:06 ils seraient parfois peut-être en très grande difficulté,
10:09 et j'entends cette parole-là.
10:11 - Est-ce que la place d'un fauve, d'un lion ou d'un tigre,
10:14 c'est d'être dans un camion ?
10:16 - Et bien c'est ce que je lui dis aussi, et vous avez raison,
10:17 et je suis dans cette ambiguïté,
10:19 qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
10:20 - Ce n'est pas la place d'un tigre d'être dans une cage.
10:23 - Et aujourd'hui Pascal, il y a plus de tigres en captivité qu'en liberté dans la nature.
10:27 Donc ça, ça doit quand même nous interroger.
10:29 Moi quand j'étais petit, j'allais au cirque,
10:31 j'adorais le cirque, je trouvais ça génial,
10:33 j'adorais voir des animaux,
10:34 mais on ne peut pas faire passer le divertissement
10:37 avant l'intérêt d'animaux qui souffrent.
10:40 On peut dire ce qu'on veut, on a beau bien les traiter,
10:43 quand on trimballe des éléphants, des hippopotames, des tigres,
10:45 dans des camions, dans des semi-remorques,
10:47 qu'on met au bord d'un parking, au bord d'un rond-point
10:49 pour faire des représentations.
10:51 Ces animaux-là ne sont pas heureux et ne peuvent pas être heureux.
10:53 - Alors Dumas et Dumas, Solovitch est avec nous,
10:58 il est directeur d'un cirque.
11:00 J'espère qu'on pourra avoir un dialogue,
11:05 j'allais dire un dialogue courtois.
11:07 - Vous avez de grandes espérances, mais moi je suis toujours courtois.
11:10 - Mais je vous ai eu plusieurs fois d'ailleurs monsieur Solovitch,
11:12 et moi je suis dans cette ambiguïté,
11:13 je ne peux pas vous dire autre chose.
11:14 C'est pour ça que la solution que j'avais proposée,
11:16 qui me paraissait intéressante, c'est de dire
11:19 on fait un moratoire, c'est-à-dire que les cirques qui sont en place,
11:23 on va jusqu'au bout de leur aventure, de leur histoire,
11:26 et effectivement on ne renouvelle pas les tigres ou les lions, etc.
11:31 - On pense un peu à ce qui va se passer.
11:33 - Voilà, je trouvais que pour cette génération,
11:36 je veux dire monsieur Edelstein que j'aime beaucoup,
11:39 et monsieur Solovitch, ça pouvait être une solution.
11:41 Je vous donne la parole, et vous avez peut-être une question
11:44 à poser à Hugo Clément. Bonjour !
11:46 - Bonjour monsieur Proulx, bonjour monsieur Clément.
11:49 - Je ne sais pas si vous vous connaissez,
11:51 vous êtes directeur d'un cirque, alors vous avez quoi ?
11:53 Vous avez combien d'animaux dans votre cirque ?
11:55 - J'ai des tigres, des lions, des singes, des chameaux, des lambras,
12:00 tout ce qui fait partie de la magie de nos spectacles.
12:03 Après, vous me demandez mon avis,
12:05 moi je vais vous dire simplement que
12:07 je pense que tout être humain doit se respecter l'un et l'autre.
12:10 Moi aujourd'hui, je suis aussi conscient du bien-être animal,
12:15 parce que si c'est pour avoir des animaux et mal les traiter,
12:17 je pense que ce n'est pas l'optique des gens.
12:19 Aujourd'hui, on nous dit que la population,
12:22 la mentalité des gens ont changé,
12:24 qu'ils ne veulent plus voir d'animaux dans les cirques,
12:26 ou des trucs comme ça, bon après, chacun ses opinions.
12:30 Moi j'ai quand même une question à poser à monsieur Clément,
12:32 parce qu'il est défenseur, soi-disant, de la cause animale,
12:34 mais il n'a aucune expérience professionnelle sur le domaine des animaux,
12:39 parce qu'à part les réseaux sociaux qui est son motif,
12:43 et sa solution d'influenceur,
12:45 comment se fait-il que si les gens ont autant d'importance
12:50 au bien-être animal aujourd'hui, dans le monde,
12:52 je ne vais pas parler qu'en France,
12:54 parce qu'on parle du bien-être animal dans le monde,
12:56 comment se fait-il qu'il y a autant d'animaux
12:58 qui soient abandonnés sur le bord de la route,
13:00 si les gens ont une conscience du bien-être animal ?
13:02 Vous ne verrez jamais un cirque abandonner ses animaux au bord de la route,
13:05 après vous dites qu'on les transporte dans des camions,
13:08 leur place ne sont pas dans des camions,
13:11 c'est vrai que dans la nature, il n'y a jamais eu autant d'éléphants
13:13 qui sont en disparition dans leur pays naturel,
13:17 il y en a qui crèvent de soif et qui crèvent de faim
13:19 parce qu'il n'y a pas ce qu'il faut sur place.
13:21 Moi je vais vous dire une chose, monsieur Clément,
13:23 j'ai décidé pour faire une expérience de données,
13:29 des bêtes qui avaient 17 ans, 18 ans, dans un sanctuaire,
13:34 pour voir quelle allait être leur réaction à ces animaux,
13:38 et bien un mois et demi après leur départ,
13:40 il y en a déjà un qui est mort.
13:42 - Quelle est la question du coup ?
13:44 - Quelle est la question ? Je vais vous dire franchement, monsieur,
13:47 quand vous avez des animaux que vous avez élevés depuis leur plus jeune âge
13:50 et qu'ils ont une habitude, un style de vie,
13:54 de vivre avec leurs soigneurs et tout ça,
13:57 et quand on les sépare de ces gens, ces animaux-là,
14:00 ils meurent d'ennui et l'environnement a changé,
14:05 et ça peut leur causer la mort.
14:07 - Pas du tout, pas du tout, je m'imaginais peut-être que c'est une solution.
14:10 - Est-ce que vous préférez passer votre vie dans une petite cellule en béton
14:14 en étant correctement nourri et abreuvé et protégé des risques du monde,
14:18 ou est-ce que vous préférez vivre en liberté avec le risque que ça peut comporter ?
14:22 - Est-ce que vous avez des animaux chez vous, monsieur Clément ?
14:24 - Oui, tout à fait. J'ai une chienne que j'ai récupérée à la SPA.
14:27 - Voilà. Bon, alors il faudrait aussi que vous essayiez de vous pencher
14:30 à répondre dans une cellule.
14:32 Si j'ai fait des choses malhonnêtes dans ma vie,
14:34 il ne faut pas comparer un lion et un être humain, déjà premièrement,
14:37 parce que si le lion... Ah bah parce que monsieur Clément...
14:40 - Non mais en termes de sensation...
14:42 - Ah non mais je vais vous répondre !
14:44 - Vous parlez tout seul, mais en termes de sensation...
14:46 - Laissez-moi vous répondre !
14:48 - Non mais... - Laissez-moi vous répondre, s'il vous plaît !
14:50 - Vous n'avez pas posé de question.
14:52 - Vous m'avez posé une question, je veux vous répondre.
14:54 - En termes de sensation, entre un lion et un être humain,
14:56 on ressent la même chose en termes de souffrance et d'enfermement.
15:00 - Non, non, mais ça c'est vous qui le dites, vous n'êtes pas capables.
15:02 - C'est pas moi qui le dit, c'est les scientifiques.
15:04 - Vous avez des manifères tous les deux ?
15:06 - Ouais, à part si vous allez prendre un lion que vous captivez
15:08 dedans la savane et que vous le mettez en cage,
15:10 cet animal-là n'a pas connu la captivité.
15:12 Là on parle d'animaux qui sont nés captifs,
15:14 qui sont nés comme ça.
15:16 Pourquoi le lion et le tigre, il est en cage ?
15:18 Moi je préférais les lâcher, je vous le dis franchement,
15:20 sauf qu'ils sont considérés comme des animaux...
15:22 - Il est en cage pour que vous fassiez de l'argent avec ?
15:24 - Mais monsieur, quand vous...
15:26 - C'est pour ça qu'il est en cage !
15:28 - Mais monsieur, quand les associations font des demandes aux dons pour eux,
15:30 demander de l'argent pour...
15:32 - Mais vous êtes pas un don lucratif, monsieur ?
15:34 Vous vous faites de l'argent avec vos lions ?
15:36 - La présidente de Conn Animal, elle a 8000 euros de salaire par mois.
15:38 - Non, ça c'est complètement une fake news.
15:40 - Non, non, c'est pas une fake news.
15:42 - Ce n'est pas aller sur ce terrain-là.
15:44 - On va pas aller, mais je vais vous répondre,
15:46 le tigre et le lion, il est en cage,
15:48 parce que c'est un animal dangereux.
15:50 - Mais non, mais c'est pas un animal dangereux,
15:52 le lion et le tigre, s'il est dans la nature...
15:54 Vous savez combien il y a de morts chaque année, tués par des tigres sauvages ?
15:56 - Et vous savez combien il y a de morts tuées par des êtres humains chaque année ?
15:58 - Voilà, et bien, vous avez répondu à la question.
16:00 - Et bien voilà.
16:02 - Qui est l'animal le plus dangereux, l'être humain ou le tigre ?
16:04 - Et bien, quand on va sur son territoire,
16:06 l'être humain, et quand on va sur son territoire,
16:08 le tigre aussi, monsieur Clément.
16:10 - Combien il y a de morts chaque année,
16:12 combien il y a de morts chaque année avec les tigres et les lions ?
16:14 Est-ce que vous pouvez me répondre ?
16:16 - Dans les cirques ?
16:18 - Non, dans la nature.
16:20 - Non, non, mais moi je vous parle pas de nature, je vous parle d'animaux captifs.
16:22 - C'est bien le problème.
16:24 - Revenons sur notre...
16:26 Vous êtes directeur de cirque depuis combien de temps, monsieur Solovitch ?
16:28 - J'ai 55 ans, je suis né dans le cirque.
16:30 - Vous êtes né dans le cirque.
16:32 Bon, est-ce que vous pouvez toujours faire
16:34 aujourd'hui vos tournées,
16:36 vos représentations,
16:38 ou est-ce que
16:40 dans certaines villes, vous ne pouvez plus entrer
16:42 puisqu'il y a des arrêtés municipaux
16:44 qui disent "plus de cirque avec des animaux" ?
16:46 - Comme c'est illégal, je vais dans des villes
16:48 même qu'ils ont pris des arrêtés, parce que j'ai le droit
16:50 d'exploiter mon métier pour l'instant,
16:52 vu que monsieur Hugo Clément et ses collaborateurs
16:54 ont stigmatisé mon activité
16:56 en disant qu'on était des gens qui maltraitaient
16:58 les animaux, donc cause à lui,
17:00 il a mis les animaux en péril.
17:02 - Et vous n'obligez pas de changer,
17:04 de vous reconvertir, par exemple, je sais que Bouguillon
17:06 a arrêté les animaux
17:08 pour faire un autre type de cirque.
17:10 - Il a fait faillite.
17:12 - Alors pas encore.
17:14 - Et trouvez-moi où le cirque André-Joseph Bouguillon
17:16 est exploité aujourd'hui,
17:18 prouvez-moi-le.
17:20 - Il y a un autre exemple qui s'appelle le Cirque du Soleil,
17:22 qui est probablement un des cirques
17:24 qui cartonne le plus au niveau mondial,
17:26 qui génère
17:28 énormément d'argent
17:30 et qui n'a pas d'animaux sauvages.
17:32 Donc il est aussi possible de faire des spectacles sans exploiter
17:34 des animaux sauvages. Et la question qui se pose
17:36 monsieur, c'est quelle est la priorité,
17:38 est-ce que c'est votre business, ou est-ce que c'est
17:40 le bien-être de ces animaux qui n'ont rien à faire
17:42 dans des cages ? La question, c'est juste
17:44 celle-là. Est-ce qu'on peut se passer de cirque
17:46 pour vivre ? Oui, la réponse est oui,
17:48 il n'y a aucun problème, on peut se passer de cirque pour vivre.
17:50 On peut faire autre chose, on peut aller
17:52 observer des animaux dans la nature, et il y a
17:54 plein d'animaux absolument magnifiques en France
17:56 à aller observer dans nos forêts, que ce soit des cerfs, des
17:58 renards, des blaireaux. On n'a pas besoin d'aller voir
18:00 un tigre ou un lion qui est enfermé dans une cage.
18:02 Et on ne dit pas que... - Et bien non,
18:04 il n'est pas logique qu'il n'y ait pas rien dans une cage. - Et on ne dit pas
18:06 que les gens qui travaillent dans le cirque
18:08 maltraitent physiquement leurs animaux.
18:10 Moi ce que je dis, c'est que le système
18:12 de détention d'animaux dans des camions,
18:14 dans des cirques itinérants, en soi
18:16 c'est une maltraitance. Et qu'un tigre ne peut
18:18 pas être heureux dans une cage, et qu'un dauphin
18:20 ne sera jamais heureux enfermé dans une piscine.
18:22 - Mais ça c'est votre...
18:24 - Non, c'est l'avis des scientifiques.
18:26 - Et comment vous voulez... Mais non monsieur,
18:28 non, je ne suis pas d'accord.
18:30 - Vous n'êtes peut-être pas d'accord, mais c'est la science.
18:32 - Non, mais non monsieur, ce n'est pas la science.
18:34 - En tout cas, c'est intéressant,
18:36 sans doute. - Ce n'est pas la science.
18:38 - Monsieur Solovitch. - Non, mais attendez monsieur,
18:40 ce n'est pas la science. La science
18:42 dit qu'un animal sauvage n'a rien
18:44 à faire dans un cirque, je suis d'accord.
18:46 Mais là on ne parle pas d'animaux sauvages.
18:48 - Si, si, ce sont des espèces sauvages, bien sûr.
18:50 - Non, non monsieur, non, non monsieur Clément.
18:52 - Le tigre, c'est pas un chien. - Non, mais vous n'êtes pas vétérinaire, monsieur.
18:54 - Non, mais ce sont des espèces sauvages,
18:56 vous pouvez dire ce que vous voulez,
18:58 le tigre, ce n'est pas un chien.
19:00 - Nous aussi, on a des rapports scientifiques.
19:02 Mais, monsieur, si, les nôtres, ils ont évolué.
19:04 Vous dites que dans la loi,
19:06 il est marqué qu'il faut renforcer les liens
19:08 entre l'homme et l'animal.
19:10 - Monsieur Lovitch, comme il reste une minute,
19:12 d'abord je vous remercie de cet échange
19:14 et on ne vous mettra pas d'accord, une dernière chose
19:16 sur la consommation de viande,
19:18 vous ne mangez pas du tout de viande ? - Non, moi je ne mange pas
19:20 du tout de viande et pas du tout de poisson, mais ce que je dis dans la BD...
19:22 - Mais gros, ce que je veux vous dire aussi, c'est que...
19:24 - Attendez, parce que ce que je dis dans la BD, c'est pas qu'il faut tous devenir
19:26 végétariens. Moi je dis qu'il faut
19:28 revenir à une consommation qui soit plus raisonnable,
19:30 comme faisaient nos grands-parents, comme faisaient les anciens,
19:32 et revenir à un élevage paysan, respectueux
19:34 des animaux, où ils ont accès au plein air. La réalité
19:36 aujourd'hui, c'est que la majorité des animaux élevés en France
19:38 sont enfermés dans des élevages intensifs. - Ce que je veux vous dire, parce que
19:40 ça me touche, il y a aussi le plaisir.
19:42 Si le tofu, c'était aussi
19:44 bon, et si manger végane...
19:46 - Moi j'aime pas le tofu. - C'est bon le tofu ?
19:48 - Si manger végane et végétarien,
19:50 c'était aussi bon. Je parle même pas
19:52 de l'affaire de santé là.
19:54 Il faut quand même prendre des protéines pour les gosses.
19:56 - Moi je suis fils de pêcheur.
19:58 Je trouve aujourd'hui que je prends autant de plaisir
20:00 à manger que quand je mangeais de la viande
20:02 et du poisson, je vous assure Pascal. Après c'est difficile
20:04 d'en prendre conscience quand on mange.
20:06 - Invitez-moi au dîner chez vous.
20:08 - Avec grand plaisir, je vous fais un super
20:10 pâte à y végétarien, vous verrez c'est très très
20:12 bon. Et je finirais là-dessus,
20:14 il y a même aujourd'hui un chef comme Alain Ducasse
20:16 qui a quand même quelques étoiles au Michelin,
20:18 qui a fait une tribune dans le Figaro pour dire
20:20 qu'il faut absolument réduire notre consommation de viande, et on peut
20:22 faire de la très grande gastronomie sans
20:24 viande et sans poisson. - Hugo Clément était avec nous.
20:26 Le théorème du vakita,
20:28 ce sont des sujets effectivement sur
20:30 lesquels on a du mal à se mettre d'accord
20:32 entre ceux qui
20:34 sont de écologistes et les
20:36 autres peut-être qui le sont moins. On l'a vu
20:38 avec Monsieur Solovitch, mais
20:40 notre ami, vous vous êtes vegan ou pas Céline ?
20:42 - Non pas du tout. - Vous mangez de la viande ?
20:44 - J'adore. Mais une fois par semaine.
20:46 - C'est si tout le monde mangeait
20:48 de la viande une fois par semaine, c'est bien.
20:50 - Mais c'est aussi un plaisir.