Quel avenir pour le bio ? (18/10) - 100% Sénat

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100% Sénat diffuse et décrypte les moments forts de l'examen des textes dans l'Hémicycle, ainsi que des auditions d'experts et de personnalités politiques entendues par les commissions du Sénat. Année de Production :

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00:00 [Générique]
00:09 Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle édition 100% Sénat pour suivre aujourd'hui une double audition consacrée à la filière bio en France.
00:18 Elle a été reçue par la Commission des Affaires économiques du Sénat, deux acteurs majeurs du secteur, le président de la Fédération nationale de la Agriculture biologique
00:26 ainsi que la directrice de l'agence du bio. Dans un contexte morose, on a vu ce chiffre -16% de consommateurs réguliers entre fin 2021 et fin 2022.
00:39 En cause, la jungle des labels dans cette filière, mais bien sûr surtout l'inflation. Avec la hausse des prix, le bio n'est plus une priorité pour le consommateur français.
00:50 Sans plus attendre, direction la salle de la Commission pour écouter cette audition.
00:54 En cette période d'inflation à deux chiffres des prises alimentaires et dans la perspective de la prochaine loi d'orientation agricole,
01:03 il me paraît important d'entendre les acteurs de cette filière importante pour notre agriculture et notre souveraineté alimentaire.
01:11 20% des agriculteurs en France, en moyenne plus jeunes, sont engagés dans l'agriculture biologique.
01:18 Comme nous aimons à le rappeler au sein de cette commission, l'agriculture française est une agriculture plurielle et c'est bien ce qui fait sa force.
01:27 L'agriculture biologique attire encore aujourd'hui de nombreux candidats à l'installation, désireux de concilier une nécessaire productivité,
01:37 seule à même de générer du revenu et d'approvisionner notre marché, et un respect de standards environnementaux supérieurs à ceux déjà élevés de l'agriculture conventionnelle.
01:51 Cependant, depuis de nombreux mois maintenant, on observe un assez net repli de la consommation de produits issus de l'agriculture biologique.
02:02 Ce repli est accrédité par le panorama 2022 de l'Agence Bio, qui fait état d'une part du bio dans le panier des Français de 6% en 2022,
02:15 contre 6,4% en 2021, soit près de 600 millions d'euros de chiffre d'affaires en moins pour l'agriculture biologique.
02:26 Le recul est particulièrement marqué sur les segments des viandes, traiteurs produits de la mer surgelés et fruits et légumes,
02:35 alors que les prix du bio, certes bien plus élevés, de plus de 100% pour les grandes cultures, 70% pour les fruits et légumes,
02:45 30% pour la viande et 20 à 30% pour le lait, ont en moyenne augmenté moins vite que le reste des prises alimentaires en cette période d'inflation.
02:57 La filière bio étant très dépendante de la consommation à domicile, cette baisse nous interroge forcément sur la dynamique de la filière.
03:07 Simple mauvaise passe conjoncturelle ou symptôme d'une politique de montée en gamme incantatoire, peu réfléchie et mal accompagnée.
03:17 En témoigne la multiplication des fermetures d'enseignes spécialisées, près de 200 entre 2021 et 2022, et la tendance se poursuit en 2023.
03:29 A noter que dans ce contexte morose, la vente directe tire nettement son épingle du jeu, ce qui confirme l'appétence grandissante des consommateurs pour les circuits courts.
03:42 Cette crise de l'aval se ressent forcément à l'amont, avec un solde des conversions certes toujours positif, mais en forte baisse en 2022 par rapport à 2021.
03:54 Nous n'insistons pas à un phénomène massif de déconversion, mais d'ores et déjà à une baisse des conversions, parfois freinée par les coopératives et les transformateurs.
04:06 Songeons que le groupe Lactalis avait fait état pour l'année 2021 d'un taux de déclassement du lait bio de 40% et que depuis 2021, près d'un million de poules bio ont été déconverties.
04:22 Et la crise s'étendrait maintenant aux céréales.
04:26 Dans ce contexte dressé à grands traits, quels leviers identifiez-vous pour inverser cette tendance baissière ?
04:34 Je crois savoir, donc, Madame la Directrice, que l'Agence bio place beaucoup d'espoir dans une relance par la demande, par exemple via la hausse des achats de produits bio en restauration collective, conformément aux dispositions de la loi EGalim.
04:50 Or, les cantines scolaires font elles aussi face à une flambée de leurs coûts, ce qui rend l'équation particulièrement délicate.
04:59 Nous sommes bien placés ici au Sénat, la Chambre des territoires, pour le savoir.
05:03 A contrario, a-t-on à s'écreuser la piste d'une politique de l'offre consistant à structurer la filière par le développement, notamment des industries de transformation,
05:15 point faible du bio, souligné dans le rapport de la Cour des comptes de 2022 ?
05:20 Par ailleurs, selon l'Agence bio, 73 % des pertes du bio en valeur vont vers d'autres offres labellisées,
05:28 notamment vers la certification haute valeur environnementale, qui a un coût pour nos finances publiques,
05:35 mais semble-t-il pas d'effet observé sur l'environnement, ou encore des allégations du type zéro résidu de pesticides.
05:45 Cela semble accréditer l'idée qu'une concurrence des labels se fait bel et bien au détriment des plus sérieux d'entre eux,
05:53 comme l'avaient avancé dès 2022 notre collègue Fabien Guay, ici présent, et deux anciens collègues de notre Commission,
06:02 François Sfera et Florence Blatrix-Contat, dans leur rapport « Information du consommateur, privilégier la qualité à la profusion,
06:12 comment concrètement remédier à cette situation ? »
06:16 Voilà quelques questions auxquelles je présume que vous allez pouvoir nous répondre.
06:20 Je vous laisse la parole sans plus tarder à l'un comme à l'autre, et ensuite nos collègues sénateurs auront de très nombreuses questions à vous poser.
06:29 Est-ce que vous commencez, Madame la Directrice de l'Agence bio ?
06:32 Alors on vous laisse la parole, et ensuite, M. le Président prendra la suite.
06:38 Merci beaucoup, bonjour à tous. Alors je me permettrai de rebondir sur ces chiffres pour vous donner un peu de couleur sur actuellement la demande.
06:47 Effectivement, on est dans une situation inédite. Un marché d'habitude se pilote par l'offre et la demande.
06:52 Jusqu'ici, on avait tellement de demandes en bio, jusqu'à il y a encore deux ans, qu'on ne s'occupait que de développer l'offre dans les champs.
06:58 Et nous avons un objectif national de 18 % de surface en bio.
07:03 Dire décréter 18 % de surface en bio dans les champs, en fait, si on se met à produire du bio dans les champs, mais que personne ne le mange dans les villes,
07:10 nous avons un problème. Or c'est ce qui se passe depuis deux ans, puisqu'effectivement, nous mangeons 6,5 % de bio,
07:15 et nous avons rétréci la part de course que nous dépensons en bio à 6 %. Cela nous met au niveau des États-Unis, nous, la patrie du bien-manger.
07:26 Pour, d'un coup de baguette magique, supprimer les problèmes du secteur bio, il suffirait de doubler notre apport en bio.
07:34 Si on mangeait demain 12 % de bio, on aurait un marché à 30 milliards au lieu de 12 milliards. Et franchement, tout irait bien.
07:38 Et ça absorberait la demande de bio dans les champs. Parce que j'y reviendrai, mais nous avons des agricultrices qui veulent passer en bio.
07:45 Et nous avons surtout besoin de remplacer les nouvelles générations, puisque nous avons 100 000 départs à la retraite à préparer.
07:51 Et nous allons avoir une saignée démographique si nous ne les remplaçons pas. Or, nous savons que les fils et les filles d'agriculteurs
07:57 ne vont pas suffire pour remplacer les départs à la retraite. Il va falloir recruter des talents à l'extérieur.
08:03 Il va falloir recruter des gens au métier agricole d'autres secteurs. C'est les fameux NIMA, les non-issus du milieu agricole.
08:09 Or, qu'est-ce qu'on sait des NIMA ? C'est qu'ils ont très envie d'être en bio pour la moitié d'entre eux. Donc on pourrait difficilement
08:15 leur refuser le droit au bio, parce que ça ferait une saignée démographique. Donc je reviens à la demande.
08:18 Nous mangeons 6 % de bio. Il faudra en manger 12 %. Là, sans doute, vous vous dites, c'est fantaisiste.
08:24 Mais figurez-vous que nos voisins européens, que ce soit les Danois, les Autrichiens, les Suédois, même les Suisses,
08:29 sont quelque part entre 10 et 13 %. Et même nos voyants, j'aime bien l'exemple allemand, les Allemands sont à 9 %.
08:35 Donc a priori, nous, France, patrie du bien-manger, nous pourrions tout à fait accueillir plus de bio au quotidien dans nos courses,
08:42 mais pas que dans nos courses. J'aimerais vraiment qu'à chaque fois que vous examinez le marché du bio, vous pensiez à 3 débouchés potentiels.
08:48 Il y a certes la consommation à domicile qui est insuffisante et sur laquelle repose et dépendant le marché bio,
08:53 puisque c'est 92 % des débouchés qui s'offrent aux agriculteurs. Il n'y a que 8 % du bio qui est mangé à l'extérieur du foyer,
09:00 c'est-à-dire que ce soit à la cantine et en restauration commerciale. Alors ce marché bio, il faut absolument qu'il soit relancé
09:07 dans la consommation à domicile, mais il faut aussi qu'il soit mis en conformité avec la loi EGALIM.
09:12 Chaque fois qu'on ne respecte pas les 20 % de bio fixés par la loi EGALIM, c'est 1,5 milliard qui échappe de business
09:17 à nos agriculteurs français. Et le troisième segment auquel j'aimerais vraiment que vous pensiez systématiquement,
09:22 et j'y suis d'autant plus sensible que j'ai pu voir qu'à votre restaurant, il n'y a pas de bio, la carte, c'est la restauration commerciale.
09:28 En France, nous avons 170 000 restaurants. Pardon ? Il peut être tout à fait aussi bon, mais avec un peu plus de bio
09:37 pour servir les objectifs nationaux. Actuellement, 170 000 restaurants en France. Donc je ne parle pas que des étoilés au Michelin.
09:44 On parle aussi des kebabs, des pizzerias, des glaciers, des bistrots, n'achètent que 1 % de leur denrées alimentaires en bio.
09:50 Là aussi, c'est une perte d'opportunité colossale pour nos agriculteurs français. Donc on pourrait imaginer demain qu'on peut modeler,
09:57 parce qu'un marché, ça se modèle. Personne ne s'est roulé par terre pour acheter des voitures électriques.
10:01 On a construit le marché de la voiture électrique. Si on imagine que le bio, c'est un peu la voiture électrique de nos assiettes,
10:06 on pourrait tout à fait modeler cette consommation de bio. Donc actuellement, on a tendance aussi à mettre tout sur l'inflation,
10:14 qui a bon dos, mais rappelons que l'inflation est 4 points moins élevée en bio et surtout qu'on ne pourra pas faire la transition alimentaire
10:23 en faisant juste copier-coller nos listes de courses habituelles. Il va falloir... Notre chariot a pris 15 %. C'est le moment de le repenser.
10:29 Or, ce qui se passe, c'est qu'on a tendance à tout mettre dans le même sac. Or, permettez-moi un peu de segmentation.
10:35 Nous avons 68 millions de concitoyens. 10 millions sont certes en situation de précarité alimentaire.
10:40 Il est indispensable que le bio fasse partie de l'aide alimentaire. En revanche, nous avons 58 millions de consommateurs/citoyens
10:47 qui sont encore en situation de faire des arbitrages. Nous avons même un tiers d'entre eux pour qui l'inflation est quasi inholaure.
10:52 Que se passe-t-il ? Ils ne font plus l'arbitrage en faveur du bio. C'est-à-dire qu'ils vont effectivement, comme vous l'avez très bien dit,
10:59 Madame la présidente, préférer des labels... Déjà, ne parlons pas de labels, parce que ce ne sont pas des diplômes d'État, ce ne sont pas des labels,
11:06 ce sont des allégations marketing. Ils vont préférer sans doute acheter un cochon dit "bien élevé" sur l'emballage plutôt qu'un cochon bio.
11:13 Il n'y a rien de plus subjectif que "bien élevé". Mes amis trouvent leurs enfants bien élevés. Bref.
11:17 Donc, on a vraiment besoin de réorienter les arbitrages, de redonner envie de bio. Or, qu'est-ce qui se passe ?
11:23 C'est qu'on a des arbitrages... Les Français ont encore des marges de manœuvre, mais leurs marges de manœuvre ne servent pas au bio.
11:30 Or, c'est la seule consommation individuelle dont il est prouvé par la recherche, par les agences de l'eau, par l'Office français de la biodiversité, qu'elle rapporte au collectif.
11:38 Chaque fois que vous, vous mangez bio, vous baissez la facture de dépollution de l'eau de tout le monde. Chaque fois que moi, je mange bio, j'augmente la biodiversité de 30%.
11:45 Donc, il y a vraiment... Le bio est un label d'État. C'est le label d'État, la plaque de la transition agroécologique.
11:53 Et chaque centime investie sur le bio rapporte au collectif. Donc, c'est très dommage que la consommation des Français se disperse.
12:00 Donc, il faut redonner envie de bio. Et c'est pour ça que nous pensons que la première chose qui relancera le bio, c'est le fait que les consommateurs en veuillent de nouveau.
12:08 Par exemple, on a beaucoup entendu parler de la grande distribution qui retire le bio des rayons. Mais en fait, c'est normal. Ils sont là pour vendre des choses qui s'achètent.
12:15 Il faut que... On va pas leur demander de faire autre chose. Donc, il faut que les gens aient de nouveau envie de bio.
12:20 Donc, on a 58 millions de Français qui ont continué d'acheter du café en capsule à 80 € le kilo, des salades en sachets, de l'eau en bouteille,
12:27 toutes sortes de choses où on aurait pu imaginer que ça s'effondrerait avec l'inflation. Or, ça ne s'est pas effondré.
12:32 Donc, il n'y a pas du tout eu la même baisse qu'il y a eu concernant les produits bio. Donc, la première chose à faire, c'est de remodeler une demande.
12:41 Les Français, nous le savons parce que nous avons eu des fonds supplémentaires du Mazin, ne savent plus ce qu'est le bio.
12:46 Nous avons fait un focus group avec des consommateurs. Ils nous ont dit "Ah, c'est le truc où il y a 5 % de pesticides."
12:51 Et là, non, pas du tout. Donc, en fait, il faut reprendre les bases. Et il y a un déficit. Jusqu'ici, le bio était un peu le grand muet.
12:56 C'était un peu le Bernardo, puisque de toute façon, on n'allait pas faire de la pub pour des produits dont on n'en avait pas assez.
13:02 Sauf que maintenant, il y a 3 choses qui font cruellement défaut aux citoyens pour qu'ils deviennent des consommateurs éclairés.
13:08 C'est 1, savoir ce qu'est le bio. Un label d'État garanti par des organismes agréés par l'État, indépendant.
13:15 Une production sans pesticides de synthèse, puisqu'ils vont bien l'actualité sur les pesticides de synthèse dans les lafs phréatiques,
13:21 qui oeuvre au bien-être animal, qui laisse des mètres carrés aux animaux, etc.
13:25 La deuxième chose qu'ils doivent absolument savoir, c'est pourquoi c'est bon.
13:29 Pourquoi est-ce que quand l'INRAE décide de faire un métaprogramme bio et de mettre 300 chercheurs sur le coup,
13:34 on constate que le bio a des bienfaits pour le climat, pour le carbone, pour les sols, pour les abeilles, les coccidemes, bref.
13:40 Et puis pour le bonheur des agriculteurs. Je me permets une insiste, nous avons publié un baromètre du moral des agriculteurs bio.
13:46 Et on voit que si on veut des agriculteurs euros, le bio contribue nettement à leur bonheur.
13:50 Et ils se sentent engagés dans une agriculture citoyenne. Ils attendent donc que, comme ils sont engagés pour le collectif, le collectif s'engage pour eux.
13:58 Nous avons actuellement besoin de passer ces trois messages qui sont 1. Ce qu'est le bio ? 2. Pourquoi c'est bon ?
14:03 Et 3. Comment est-ce qu'on en mange, quel que soit son pouvoir d'achat ?
14:07 Et là, on est sur deux horizontales. A très court terme, pour redonner les clés, pour redonner à la consommation,
14:14 il faut faire des campagnes pour expliquer de façon pratico-pratique comment est-ce qu'on met plus de bio dans l'assiette à budget inchangé.
14:19 Parce que oui, c'est possible. Le bio est accessible pour tout le monde, moyennant une transition alimentaire.
14:24 C'est-à-dire que si demain on gaspille beaucoup moins, qu'on cuisine beaucoup plus, qu'on achète de saison, qu'on achète en direct,
14:29 qu'on varie nos protéines végétales et animales, mécaniquement, la part du bio pourra augmenter.
14:34 Une étude de l'Inrae a d'ailleurs prouvé qu'entre un pouvoir d'achat égal, l'éducation est clé.
14:40 C'est-à-dire qu'entre une famille, ils ont pris un carottage, même CSP, entre des familles qui mangent beaucoup de bio et des familles qui ne mangent pas de bio,
14:48 il y a 12 points d'écart dans leur budget alimentaire respectif. Ce n'est pas donc deux fois plus cher de manger bio.
14:55 C'est 12 points d'écart. Pourquoi ? Parce qu'ils n'achètent pas la même chose, ils n'achètent pas le même endroit, ils n'achètent pas la même quantité.
15:00 Donc on a tout à fait les moyens de modeler cette consommation. Nous avons deux objectifs nationaux.
15:06 C'est pour ça que pour moi, il n'y a pas de question... Enfin, la montée en gamme qui se fait, ce n'est pas forcément le bon vocable pour parler du bio.
15:16 On a un objectif national de développer le bio parce que les Français aiment bien avoir un agriculteur bio comme voisin.
15:20 Ils aiment bien aller faire leur jogging à la coté d'un champ bio. Pourtant, quand ils franchissent la porte du supermarché,
15:25 ils ne vont pas forcément mettre du bio dans leur panier. On a un peu ce même gap, cette même dissonance cognitive
15:32 quand les gens vous disent "je ne regarde qu'article", vous regardez le chiffre d'audience, il y a TF1 qui est en tête.
15:37 Il faudrait pouvoir réduire ce décalage entre le déclaratif et les actions. Pour ça, il faut éduquer.
15:43 Et donc éduquer par des campagnes d'information massive, pratico-pratique, à des heures de grande écoute,
15:47 idéalement tous les soirs à 20h, 1h20 répéter les produits bio, des sensations pures, les produits bio, nos amis pour la vie.
15:53 Et puis, il faudrait, sur le long terme, commencer à éduquer maintenant. Les enfants qui sont en grande section de maternelle
16:01 vont sortir et vont partir chez leurs parents en 2035. Cette génération 2035, pour qu'elle ne soit pas à la merci de marques
16:09 d'agroalimentaire ou de chaînes de fast-food, il faut l'éduquer maintenant. On sait avec un assez bon degré de certitude
16:17 qu'un citoyen informé devient un consommateur averti une fois qu'il est en train de faire ses courses.
16:24 Donc, je conclurai sur le fait que nous avons deux objectifs nationaux, 18% de bio dans les champs,
16:29 mais pas forcément 18% de bio dans l'assiette. On a 20% de bio, mais que dans l'assiette de la restauration collective.
16:35 Il faut qu'on puisse avoir comme indicateur, le vrai indicateur sur lequel nous devrions avoir les yeux rivés,
16:39 c'est notre taux de consommation bio. En gros, il faudrait qu'on devienne danois, qu'on mange 12% de bio.
16:45 Donc, c'est les 20% qui sont proclamés par Egalim dans les cantines. Nous ne sommes qu'à 7%.
16:53 C'est une perte de chance pour nos agriculteurs. Et pour cela, je conclurai juste sur les...
16:58 Je sais que vous êtes tous plus ou moins très au courant de vos PAT qui sont dans vos territoires.
17:02 Les PAT ont bénéficié de 80 millions d'euros de financement public sans jamais qu'il ne soit...
17:07 Il y a des PAT qui sont rédigés sans jamais qu'il y ait le mot bio. Donc, c'est assez surprenant.
17:11 Et donc, comme certains PAT permettent également de faire de l'éducation alimentaire,
17:16 permettent également de parler de trécharité alimentaire, nous pensons que l'avenir du bio
17:20 pourrait passer par une mention plus systématique, notamment du bio comme objectif,
17:26 et surtout que les PAT servent ces deux objectifs nationaux de bio. Voilà.
17:32 Merci, Madame la directrice. Monsieur le Président.
17:36 Merci, Madame la Présidente. Mesdames, Messieurs, pour votre écoute ce matin.
17:42 Je voudrais juste compléter la présentation que vous aviez faite, déjà très précise, par quelques faits, justement,
17:52 de la part des agricultrices et des agriculteurs qui sont en bio aujourd'hui et qui sont encore nombreux à se demander
17:56 s'ils ont fait le bon choix. S'ils ont fait le bon choix il y a 2 ans, 5 ans ou même il y a 40 ans,
18:03 pour les plus anciens d'entre eux, qui vont maintenant partir en retraite bientôt et qui se demandent
18:08 si leur ferme qui est passée en bio il y a 40 ans ou qui même peut-être n'a jamais été autre chose que du bio
18:13 va pouvoir rester en bio. Ce constat aujourd'hui, il est dans toutes les fermes, dans toutes les régions,
18:18 dans tous les secteurs de production ou quasiment. Et ce constat, il est finalement le résultat du décrochage de la consommation.
18:27 Je ne reviendrai pas dessus, ça a déjà été cité. Mais le désarroi des agricultrices et des agriculteurs
18:33 bio aujourd'hui, il est aussi finalement le résultat de choix politiques qui ont été faits très ambitieux
18:40 et qu'on a toujours salué et qu'on saluera toujours d'aller verser 18% à la fin de la PAC, mais 21% si la planification écologique
18:50 va au bout de ces résultats. On a toujours salué ces ambitions-là, sauf que ces ambitions-là n'ont pas toujours été
18:55 considérées comme suffisamment fragiles par moment pour mériter le soutien qui était en face.
19:02 À tel point qu'en 2017, force était de constater qu'on avait des décroissances à plusieurs chiffres qui faisaient sûrement
19:12 envie à plein d'autres secteurs et le choix a été fait de laisser l'oiseau s'envoler sans finalement s'assurer de la pérennité,
19:20 de la solidité. Sauf que quand on a des croissances fortes, mais qu'on est déjà à des niveaux de pénétration de 10, 15, 20%,
19:28 il n'y a pas de problème, on peut considérer qu'on a une inertie et qu'on va pouvoir supporter des aléas de la consommation
19:34 et des aléas de la demande. Ça n'était certainement pas le cas en 2017. Et donc les paiements pour services environnementaux de l'époque,
19:41 qui s'appelaient aides au maintien à l'époque, mais qui n'étaient finalement rien d'autre que ça, ces paiements pour services environnementaux
19:48 sont passés à la trappe et on a considéré que c'était le marché, donc l'aspiration du marché, de la consommation qui allait faire le travail.
19:57 Sauf que, on voit très bien que la consommation, ce n'est pas quelque chose qu'on pilote du bout des doigts, ce n'est pas quelque chose
20:03 qu'on anticipe longtemps en avance. On voit bien et on retrouve depuis plusieurs mois la conscience de nos fragilités.
20:11 Et c'est ce choix aujourd'hui, donc, de laisser finalement le marché gérer le développement du projet bio français.
20:19 C'est ce constat-là qui fait qu'on a du désarroi dans les fermes. Et c'est pour ça que finalement, on fait le constat
20:26 que comme n'importe quelle autre filière agricole ou filière économique, on a besoin justement d'une structuration,
20:35 vous l'avez dit, vous l'avez dit, madame la présidente, d'une structuration digne de ce nom.
20:39 Qu'on ne laisse pas simplement ces paysans bio s'amuser dans leurs coins, s'organiser comme ils veulent, pourvu qu'ils ne la ramènent pas trop.
20:46 Excusez-moi, je vais prendre la parole un peu plus militante que vous avez citée tout à l'heure, mais je ne vais pas dépasser.
20:51 Ne laissons pas simplement une affaire se dérouler comme ça, entre avertis et dans l'entre-soi d'une nouvelle niche agricole.
21:01 Nous sommes des entreprises à part entière. Nous sommes des exploitations agricoles à part entière. Nous sommes reconnus comme tels.
21:08 Et de ce fait, nous avons forcément besoin, par moment, comme n'importe qui en a besoin, de structures fortes et de soutien de ces structures fortes.
21:17 Et pour prendre exemple, dans des filières agricoles qui, dans toute leur histoire, ont connu effectivement ces aléas, ces aléas de consommation,
21:27 que ce soit sur du vin, du porc, du lait, enfin je ne ferai pas la liste, tour à tour, toutes les filières à peu près, à un moment de leur histoire,
21:35 connaissent ce genre de décrochage de la consommation par rapport à l'offre. Offre, demande, évidemment, on a besoin d'avoir un regard prospectif
21:47 tant qu'on a des indicateurs disponibles pour qu'on puisse anticiper les choses. Et malheureusement, quand le décrochage devient trop important, on a besoin de réguler.
21:56 Aujourd'hui, vous l'avez dit, on a un décrochage fort de la consommation qui fait qu'on a du déclassement. Des produits bio répondant à un cahier des charges strict
22:06 se retrouvent aujourd'hui mélangés au milieu de tous les autres produits par déclassement. 30, 40 % par moment dans certaines filières.
22:15 Donc ce constat-là, jamais, jamais on le ferait dans une autre filière. Jamais dans une autre filière, on ne laisserait les productrices et les producteurs
22:25 prendre sur leur propre trésorerie, leur propre solidité financière, 30 à 40 % de perte de revenus. Jamais. Donc aujourd'hui, notre vision, parfois militante,
22:37 mais en tout cas économique des choses, c'est que les outils de régulation de marché qui sont aujourd'hui disponibles, soit pour la réduction volontaire de production,
22:46 soit pour de l'aide au stockage, de l'aide à la transformation, enfin, il en existe des tonnes à l'échelle française, mais aussi évidemment sur des dynamiques européennes.
22:54 Ces outils-là, aujourd'hui, montrent leurs limites par rapport à la filière bio, par des niveaux de seuil, par des niveaux de complexité technique qui font qu'on est bien à la peine
23:05 aujourd'hui de réunir les outils nécessaires pour qu'on puisse conforter la production. On a à travailler avec vous, parlementaires, avec le ministère,
23:16 sur la création ou la modification des outils existants, de façon à ce qu'on se prémunisse contre ce genre d'aléas à l'avenir, avec un peu plus de moyens évidemment sur la demande,
23:29 parce qu'on n'est encore pas au rendez-vous, on le sait, même si des annonces plutôt encourageantes viennent d'être faites, on aura besoin de soutenir l'offre dans la mesure où l'inertie de la demande,
23:44 elle sera forcément au rendez-vous. C'est pas parce qu'aujourd'hui, on va dépenser des millions et des millions d'euros de spots de pub pendant la mi-temps des matchs de n'importe quelle compétition
23:55 qu'on aura une relance immédiate. On a de l'inertie de façon structurelle et on aura besoin, au moins pendant l'année à venir, sans doute pendant plusieurs années qui viennent,
24:08 d'avoir des outils qui répondront à ces objectifs-là pour ne pas décourager mes collègues qui ont fait ce pas en avant, pour ne pas donner ce signal contre-productif
24:21 dans une année où on a travaillé sur un projet de loi d'orientation agricole sur le renouvellement des générations. Quelle réponse la France va donner à tous ces candidats à l'installation en agriculture
24:32 si on les décourage d'emblée en leur disant qu'il n'y a pas de place pour la bio demain ? Donc ces enjeux-là doivent être coordonnés de manière transversale et la solution est certainement plurielle.
24:46 M. le ministre de l'agriculture tient à cet objectif de 18% à la fin de la programmation de la PAC. C'est une posture qui mérite évidemment d'être saluée.
24:57 Aujourd'hui, on ne manque pas de l'interroger sur les moyens mis en œuvre pour respecter ça parce que 2023, malheureusement, risque d'être l'année du recul de l'agriculture bio en France.
25:09 Préparons-nous à ce constat. Préparons-nous d'ores et déjà à avoir une année 2024 du retour à des horizons plus rassurants et puis finalement plus rassurants pour l'ensemble des transitions
25:24 dans lesquelles on est engagé aujourd'hui, que ce soit la biodiversité, le carbone et des meilleurs. L'enjeu des transitions aujourd'hui ne pourra pas faire l'économie de l'agriculture biologique.
25:35 Merci de votre attention. Merci, M. le président. Madame la directrice, vous vouliez rajouter 2 mots et ensuite, on va passer aux questions parce que le temps défile.
25:44 Juste pour la complète information de cette salle, nous sommes actuellement champions d'Europe de bio en surface. Nous avons 2,8 millions d'hectares. Nous pouvons avoir un cogorique au bio.
25:55 Et l'Espagne est d'ailleurs très embêtée d'avoir perdu son leadership. Et pour vous dire effectivement, nous risquons de voir ces 10% de surface allouées au bio reculer cette année.
26:03 Pour l'instant, ça ne se voit pas dans les chiffres. Ça sera sans doute en fin d'année. Et nos 60 000 fermes bio sont notre patrimoine national. Donc si demain, elles devaient régresser, ce serait un appauvrissement de notre patrimoine agricole.
26:15 Ça, c'est une première chose. Et la deuxième chose, c'est que nous n'avons pas abordé la question de la souveraineté, mais le bio est un outil de souveraineté alimentaire. Actuellement, nous produisons 70% du bio que nous consommons en France.
26:27 C'est à dire 70% du bio consommé en France est made in France. Et si on retire de ce chiffre les produits tropicaux qui ne poussent pas sous nos latitudes, les bananes, les amandes, les chocolats, on monte à 82% de bio consommé en France, made in France.
26:39 Le bio est donc un excellent élève de la souveraineté alimentaire, d'autant plus qu'il permet de ne pas creuser le déficit en engrais synthétiques, en engrais azotés, puisqu'il n'en utilise pas.
26:48 Et nous avons quand même un déficit commercial en engrais de 1,4 milliard. Merci.
26:53 Merci à tous les deux. Donc, je vais céder la parole à l'ensemble de nos collègues, simplement pour la bonne organisation des débats et par rapport au timing qui nous est imposé.
27:01 Donc, on a actuellement 18 inscrits. Je ne suis pas sûre qu'on arrive tous à passer, à poser la question. On va essayer. Je demande aussi à la fois à Madame la directrice et à Monsieur le président d'être le plus synthétique dans leurs réponses.
27:15 Mais comme je demande aussi à nos collègues d'être également très synthétique dans leurs questions pour essayer que l'ensemble des collègues inscrits puissent poser la question.
27:22 D'abord, on va faire juste un tir groupé des trois rapporteurs de la mission agriculture. Donc Laurent Duplon, Franck Menonville et Jean-Claude Tissot.
27:32 Et ensuite, on fera les questions réponses dynamiques et assez courte dans les deux sens. Donc Laurent Duplon, Franck Menonville, Jean-Claude Tissot, qui sont nos rapporteurs dans le cadre du PLF sur la mission agriculture.
27:44 Merci, Madame la présidente. Voilà maintenant quelques décennies que l'agriculture biologique prospère en partie sur une fausse promesse, car beaucoup trop politisé, voire même beaucoup trop dans l'idéologie.
27:56 Cette illusion qui s'est maintenant répandue à d'autres secteurs économiques, c'est celle d'une production immaculée, d'un travail de l'homme ne laissant aucune trace sur son environnement.
28:07 Résultat, les Français ne savent pas, pour une bonne partie d'entre eux, que l'agriculture biologique autorise, elle aussi, l'usage de pesticides.
28:16 Les réactions indignées au complément d'enquête d'il y a quelques semaines sur le sujet l'ont montré. Et on peut dire que vous ne vous êtes pas démenés pour dissiper ce malentendu d'une production agricole,
28:28 soi-disant sans pesticides et sans engrais. Vous-même connaissez les cahiers des charges et savez très bien que dans la réalité, tout est affaire, malheureusement ou heureusement, de bénéfices-risques.
28:40 Vous êtes même bien placés pour savoir que l'agriculture fait parfois face à ce que l'on appelle des impasses techniques. J'en veux pour preuve l'usage du cuivre,
28:51 fongicide pour contrer le mildiaux et la tavelure, utilisé par tout le monde, mais d'autant plus en agriculture biologique que d'autres substances lui sont interdites,
29:00 avec des effets délétères sur la vie des sols. Une expertise scientifique collective menée par l'INRAE en 2018 a donné quelques pistes pour s'en passer,
29:10 mais laisse autant de questions que de réponses, comme souvent dans ces sujets-là. J'aurai donc deux questions. Premièrement, pouvez-vous nous dire où en êtes-vous,
29:20 cinq ans après sur ce rapport, dans la recherche d'alternatives ou la réduction des usages de cuivre ? Deuxièmement, vous qui vous montrez si pronts à dénoncer le moindre écart
29:31 dans les allégations des labels concurrents, qu'attendez-vous pour faire le ménage dans votre propre maison en rappelant à l'ordre ceux qui, en véhiculant une fausse image
29:40 de l'agriculture biologique, finissent par jeter le discrédit sur l'agriculture française dans son intégralité ?
29:48 Pour une entrée en matière, Franck Menonville et ensuite Jean-Claude Tissot.
29:53 Oui, merci, madame la présidente, madame la directrice, monsieur le président. Une question très simple. Est-ce que l'agriculture biologique aujourd'hui, finalement,
30:05 ne fait pas les frais de l'organisation politique qui a été la sienne et notamment partant d'objectifs fixés politiquement quant à des objectifs
30:18 de production et des objectifs de consommation en n'étant pas suffisamment connectés et structurés au marché ?
30:25 Depuis un certain nombre de lois, ça a été le cas sous le ministre Le Fol, ça a été le cas par la suite. Finalement, on oriente des objectifs de production,
30:37 des objectifs de surface. On accompagne des conversions et on ne se donne parallèlement pas les moyens d'être suffisamment connectés au marché,
30:51 connectés aussi à la demande du consommateur avec sans doute aussi des outils de transformation trop peu présents et trop peu structurés sur les territoires.
31:04 Voilà un peu la... Donc finalement, ma question, c'est comment faire en sorte d'allier objectifs, mais également objectifs politiques.
31:13 Ça, c'est le choix des politiques, mais aussi réalité économique, réalité des marchés, réalité des consommateurs.
31:23 — Merci, Franck. Jean-Claude Tissot. — Merci, madame la présidente. M. le président, madame la directrice.
31:29 Moi, je tire pas à balles réelles, mais avec notre collègue Duplon, on a des visions différentes sur ce thème-là.
31:35 Je vous remercie déjà de vous exposer les minaires qui illustrent les nombreux intérêts de l'agriculture bio et de son développement.
31:41 Et pour ma part, j'aurais quelques questions complémentaires. Pour revenir sur les différentes aides à l'agriculture bio que vous avez évoquées,
31:47 je souhaiterais savoir quel est votre regard sur les pertinences de ces aides, que ce soit en volume ou sur le ciblage.
31:53 Est-ce que les critères retenus sont pertinents ? L'aide de 60 millions d'euros annoncée en mai dernier par le ministre de l'Agriculture
32:00 est une première étape, mais elle me paraît quand même bien maigre pour atteindre l'objectif des 18 %, vous l'avez dit, madame la directrice,
32:05 de la SAU en bio d'ici 2027. Enfin, je souhaitais aborder la concurrence intra-européenne et extra-européenne sur les produits issus de l'agriculture bio.
32:14 On évoque très souvent la concurrence sur l'agriculture dite conventionnelle, mais que pouvez-vous nous dire sur la concurrence que subit
32:20 l'agriculture biologique française, et je pense notamment aux produits espagnols, vous l'avez dit aussi, vous en avez parlé aussi, madame la directrice.
32:28 Il me semble que l'une des réponses pour le bio français devrait être de renforcer le lien entre l'agribio et le localisme pour répondre à ces concurrences,
32:35 autant sur le prix que sur l'impact environnemental. Et enfin, ma dernière question portera sur le lien indispensable avec les collectivités territoriales
32:42 et les établissements scolaires. On le sait et on retravaille dessus. Le pourcentage de produits issus de l'agribio dans les cantines reste bien en dessous
32:49 des objectifs, avec seulement 6% de produits bio dans les cantines en 2022. Comment expliquez-vous ce développement difficile ?
32:55 Est-ce seulement lié à la structuration des filières ? Merci.
33:00 Je vous laisse la parole pour répondre à ces trois interventions.
33:07 Merci beaucoup. Alors je suis un peu triste parce que ça veut dire vous n'êtes pas allé sur le site de l'agence bio, puisque nous avons fait une infographie, justement.
33:14 Nous voulons vraiment que le citoyen... En fait, nous, on n'a pas d'action en bio. Que le bio se vende ou pas, on n'est pas payé plus à la fin.
33:20 Donc on veut juste que, s'il choisit ou pas le bio, le citoyen le fasse de manière éclairée. Donc nous, on n'a aucun intérêt à propager des faux bruits.
33:30 Surtout, on est sous la tutelle du ministère de l'Agriculture. Vous doutez bien qu'on ne va pas nous laisser faire. Dans cette infographie que nous avons largement diffusée,
33:36 nous montrons qu'il y a actuellement 455 substances chimiques autorisées en Europe pour faire de l'agriculture et que le bio en utilise 47, dont le cuivre que nous étons expressément.
33:47 Donc pourquoi ? Parce que nous expliquons la différence entre la chimie naturelle et la chimie synthétique. Pour revenir sur le cuivre, je regrette qu'à chaque fois, le débat soit capturé sur le cuivre.
33:56 Le cuivre, c'est un petit point du pixel. Alors j'aimerais vraiment qu'on ait la big picture, la grande photo du bio ce matin.
34:02 Le bio n'utilise pas plus de cuivre puisque c'est 4 kg par an par hectare. Et surtout, on n'a jamais fermé un captage d'eau. Nous avons 36 000 captages d'eau en France.
34:11 Les agences de l'eau n'ont jamais fermé à cause d'une pollution en cuivre. Jamais. Alors qu'il y en a 100 qui sont fermées pour pollution agricole.
34:18 Deuxième point, le cuivre, il est vendu en complément alimentaire dans les pharmacies. Donc le grand méchant cuivre, je pense que c'est dommage de se focaliser sur ce point de détail
34:28 où l'amélioration continue qui est dans l'ADN des bio est en oeuvre et que tout est fait pour se passer de cuivre. Et j'encourage à ce qu'on finance largement plus la recherche
34:38 pour dépasser cette impasse technique sur le cuivre. Par ailleurs, vous avez parlé de fausses promesses du bio. Alors moi, je ne suis peut-être pas de la génération
34:45 où on a cru que le bio faisait revenir l'être aimé et résolvait tous les problèmes de l'existence. En revanche, nous avons besoin maintenant que c'est un produit de masse,
34:55 pas juste un produit d'initiés, de militants, que chacun sache ce qu'il en est. C'est pour ça que nous appelons à avoir un budget de communication et d'information du citoyen
35:04 au quotidien, mais aussi nous appelons à pouvoir faire entrer le bio dans l'éducation alimentaire de façon à avoir des citoyens éclairés là-dessus. Concernant les objectifs fixés
35:12 par un marché et pour un marché, effectivement, un marché, dans la mesure où on décide d'on veut développer une offre. En fait, il faut développer une demande.
35:20 Jusqu'ici, la question ne s'était pas posée. Mais vous parlez des infrastructures qui permettent de relier les différents maillons de la chaîne consommateur et producteur.
35:28 Je reprendrai l'image de la voiture électrique. Quand on a décrété qu'on allait passer à la voiture électrique, on s'est donné 10 ans et on n'a pas juste dit
35:35 « on veut des voitures électriques ». On a dit « on va créer des réseaux, on va éduquer et on va verser 7 000 euros par foyer pour qu'ils achètent des voitures électriques ».
35:41 Donc, effectivement, le marché doit se penser à l'échelle de tous les maillons de la chaîne de valeur. Et c'est pour ça que j'en me permettrai d'enchaîner sur votre question
35:51 sur la structuration des filières. Nous avons, depuis 15 ans, depuis le Grenelle de l'environnement à l'Agence Bio, la gestion qui nous a été confiée du Fonds Avenir Bio.
36:03 Vous êtes cordialement invité au 15 ans de ce Fonds Avenir Bio, le 7 décembre prochain à Paris. Et nous allons célébrer, justement, les entrepreneurs du bio qui ont construit les filières bio.
36:12 Parce que quand, dans les années 90-2000, tout le monde a voulu manger de lait de chèvre bio, on n'avait pas de chèvre, on n'avait pas de laiterie, on n'avait pas de yaourterie.
36:20 Donc il a bien fallu créer ces outils-là. Et le Fonds Avenir Bio, qui a financé 300 entrepreneurs du bio, a contribué à monter ces infrastructures-là.
36:28 Il est d'ailleurs sur le modèle de France Relance, c'est-à-dire qu'on demande d'abord à des entrepreneurs de venir en disant "j'ai un projet, j'ai des débouchés que j'ai sécurisés,
36:36 et j'embarque dans ma croissance X agriculteurs bio". Donc c'est pour ça que nous nous réjouissons que ce Fonds Avenir Bio ait été renforcé à hauteur de 18 millions d'euros pour l'année qui vient.
36:45 Et c'est justement un outil de souveraineté alimentaire, parce qu'on était arrivé à des situations aberrantes où tout le monde s'est mis à manger du musli bio.
36:53 On produit de l'avoine en France, l'avoine partait en camion en Allemagne, était floconnée en Allemagne et revenait ensuite.
36:58 Donc pour ce qui est de bio et local qui n'ont pas à être opposés, les Français nous l'ont montré, la présidente l'a rappelé, le segment en croissance en 2022 de 4%,
37:06 alors qu'on a tous parlé du bio qui se chutait, 4% de croissance dans les ventes en direct des fermes bio. Actuellement, sur les 60 000 fermes bio, il y en a 26 000 qui vendent en direct.
37:16 26 000, c'est plus que toute la grande distribution. La grande distribution, c'est 18 000 points de vente sur le territoire.
37:21 Donc c'est bien la preuve qu'entre bio et local, et pas cher, parce que notre ex-président, par exemple, Philippe Henry, vous connaissez, il vend ses patates 1,30€ le kilo à la ferme.
37:30 Entre bio local et pas cher, les Français ont plébiscité le bio en direct. Donc on se réjouit que ce soit dans l'ADN des fermes bio qu'elles vendent en direct,
37:39 mais là, si elles se mettent à mettre la clé sous la porte, on perd une opportunité de re-territorialiser nos filières alimentaires.
37:46 — Monsieur le Président ? — Oui. Alors pour répondre dans l'ordre, merci de toutes vos questions, bien entendu, qui montrent que vous êtes au fait de l'actualité
37:59 avec des sources d'informations précises ou parfois peut-être déjà elles-mêmes un peu engagées. — C'est juste l'équilibre.
38:09 — C'est parfait, l'équilibre. Et sur la question du cuivre, la question des intrants controversés en bio. Personne n'a prétendu en bio laver plus blanc que blanc, jamais de la vie.
38:22 Jamais de la vie. La démarche de progrès dans notre ADN, on fait au fur et à mesure des alertes ou des soupçons qui peuvent arriver.
38:30 Donc c'est le cas du cuivre, c'est le cas d'autres produits de biocontrôle d'origine naturelle qui présentent, semble-t-il, parfois des risques.
38:39 À chaque fois, on anticipe au maximum. Et au sein de notre fédération, la question du cuivre, on n'a pas attendu un prochain cash investigation pour s'en occuper, bien entendu.
38:48 On a un petit peu de financement de l'ordre de quelques centaines de milliers d'euros sur des programmes pluriannuels pour accompagner les agriculteurs dans les recherches d'alternatives.
39:00 Comme à tout problème, on ne doit pas s'interdire, évidemment, de rechercher toutes les alternatives possibles. Et sur la question du cuivre, c'est bien le cas.
39:08 Évidemment, les choses avancent, elles avanceraient plus vite si, au niveau de la recherche et de l'Institut technique de l'agriculture biologique notamment,
39:16 les moyens alloués étaient en conséquence des enjeux et en conséquence des préoccupations des citoyennes et des citoyens.
39:24 Donc il n'y a pas de question sur les intrants controversés en bio. La démarche de progrès, c'est toujours d'être le plus possible en adéquation avec les enjeux des transitions,
39:34 que ce soit l'eau, la biodiversité, mais aussi la santé humaine. Aujourd'hui, on n'a plus à souffrir ce genre de remarques-là. Je pense qu'on l'a montré à bien des reprises.
39:46 Quant au faux bio, évidemment, comme tout secteur économique en forte croissance, on a tendance à attirer, évidemment, des gens qui n'ont pas forcément la vue la plus progressiste
39:59 et la plus humaniste qui soit quant au bienfait pour la société. Évidemment, de l'opportunisme, on en a. J'ai des collègues qui sont opportunistes.
40:09 Nous sommes agriculteurs tous les deux. Vous savez bien que notre préoccupation, c'est d'abord de vivre de notre métier. La conception des possibilités pour vivre de notre métier,
40:16 elle peut varier. Je ne suis pas dans un procès d'intention, évidemment. Simplement, j'espère qu'on va tous dans le même sens pour que cette critique sur le faux bio
40:26 cesse le plus souvent possible et le plus rapidement possible. Quant à votre question, monsieur, sur l'organisation politique, finalement, pour atteindre ses objectifs,
40:36 force est de constater qu'on aurait certainement pu être plus précautionneux sur l'accompagnement. Aujourd'hui, sans doute, on serait peut-être à quelques points de retard
40:51 par rapport à ce qu'on a pu atteindre, mais ce seraient peut-être des points plus solides. On aura peut-être justement cette inertie qui nous permettrait de passer la période.
41:01 Si on avait eu ces outils de régulation un peu plus anticipés... Je vais juste revenir sur l'actualité aujourd'hui de l'agriculture biologique au sein du ministère.
41:09 Vous êtes en mesure de le savoir aussi. On prépare la prochaine version du programme Ambition Bio qui sera présenté en début d'année prochaine, qui est en cours de travail
41:18 au sein du ministère de l'Agriculture. Personne, dans toutes les familles professionnelles qui sont dans la rédaction, dans les groupes de travail de ce programme Ambition Bio,
41:26 personne ne remet en question les 18%. Tous syndicats confondus, interprofessions, personne ne remet cet objectif-là en question.
41:35 Donc on y travaille justement pour que cette nouvelle version soit d'autant plus adaptée aux nouveaux enjeux et aux nouveaux risques, en alliant évidemment réalité économique.
41:46 Pour terminer sur la pertinence des aides, M. Tissot, aujourd'hui, l'agriculture biologique, comme toutes les agricultures, est soumise à la politique agricole commune
41:59 qui a été choisie il y a maintenant un an et qui est en route pour cinq ans. Cette politique agricole commune, vous le savez, a choisi de ratisser très large
42:10 pour l'évolution des pratiques des agriculteurs, en leur offrant un accès à des écoregimes qui montrent qu'aujourd'hui, le système est dépassé par son succès.
42:19 L'enveloppe des écoregimes est déjà siphonée, sursiphonée, et le ministère a été obligé de prévoir 20-30% de réduction déjà sur cette récompense aux modifications de pratiques.
42:31 L'agriculture biologique en fait les frais, bien évidemment, et donc ça va avoir des conséquences sur les 5-6 ans à venir et peut-être aussi sur cet objectif de 18%.
42:40 Sur les fonds d'urgence qui ont été débloqués, le cadre de l'aide "Ukraine" des fonds européens, avec malheureusement la rigidité que ça peut avoir,
42:51 avec la complexité que ça peut avoir, aujourd'hui on est évidemment loin du compte, 60 millions de prévus, 100 millions déjà de dossiers arrivés sur les bureaux des drafts.
43:03 Comment on va faire ? Comment on va faire pour combler ce manque ? Le fonds "Ukraine" ne sera certainement pas la nouvelle solution,
43:12 mais en tout cas on va avoir absolument besoin de répondre à ces agricultrices et agriculteurs qui se sont engagés.
43:19 Je ne vais pas revenir sur ce que je présentais tout à l'heure, mais l'enjeu de déconversion se montre de plus en plus fort,
43:25 vous l'avez dit, cette année en particulier sur les grandes cultures, puisque c'est la dernière filière à arriver sur ce niveau de tension.
43:32 Et les grandes cultures représentant les plus grandes surfaces en France risquent d'avoir le plus grand impact sur les surfaces bio et sur les surfaces de protection des captages.
43:41 Évidemment, les agences bio sont souvent là pour nous le rappeler, comme l'avait rappelé la Cour des comptes dans son rapport.
43:47 Pour terminer sur bio et localisme, évidemment, bio et localisme se sont affrontés pendant les épisodes de confinement, déconfinement successifs.
43:57 Les Françaises et les Français ont été perturbés par ce nouvel ordre économique qui s'installait pour les courses du quotidien.
44:07 Ces perturbations, malheureusement, les ont amenés à parfois déprioriser, reprioriser, selon des critères qui n'étaient sûrement pas solides.
44:15 Et de ce fait, aujourd'hui, on a tout à gagner à se rencontrer à nouveau entre bio et localisme. C'est évidemment la solution idéale, sachant qu'aujourd'hui,
44:25 la plupart des produits bio sont quand même consommés localement. Mais évidemment que cette politique d'accompagnement de l'offre doit se faire aussi dans cet objectif-là
44:37 pour que finalement, on arrive à répondre à toutes les demandes. Et ce sera finalement l'intérêt de la citoyenne et du citoyen qui s'en sortiront grandis.
44:48 Merci, M. le Président. Donc on va faire question-réponse. Je voudrais vraiment d'être très court. Et s'il y a des questions qui ont déjà été posées, bien sûr, d'y renoncer. Alain Kadec.
44:59 Merci, Mme la Présidente. M. le Président, Mme la Directrice, vous l'avez évoqué tout à l'heure, face à l'inflation qui touche le pouvoir d'achat des Français,
45:10 ces derniers sont irraillés entre leur envie de consommer mieux pour manger mieux et le critère du prix, qui reste le premier critère dans leur parcours d'achat,
45:20 délaissant de plus en plus l'alimentation bio. Les ventes de produits bio sont en recul, notamment en grande distribution et en magasins spécialisés.
45:27 Les chiffres annoncés en juin 2023 par l'Agence bio pour l'année 2022 confirment les grandes tendances amorcées en 2021. Les achats de produits alimentaires bio sont en baisse de 4,6%.
45:41 Et la part du bio dans le panier des Français s'établit à 6% contre 6,4% en 2021. Alors, est-ce que les produits aux mentions alternatives comme HVE, agri-confiance ou zéro résidu de pesticides
45:57 sont vos concurrents directs plus que l'inflation ou bien la très récent pour les produits locaux ? Si oui, avez-vous prévu une nouvelle stratégie pour récupérer ces consommateurs
46:09 qui vont peut-être aujourd'hui de plus en plus faire des produits plus accessibles en termes de prix ?
46:14 Je vous remercie. Comme je l'avais dit dans l'exposé, nous avons constaté qu'il n'y avait pas certains produits dont on pourrait imaginer qu'ils auraient été les premières victimes
46:26 de l'effondrement du pouvoir d'achat des Français. En fait, il n'y a pas eu d'effondrement pour des produits comme par exemple les capsules de café, l'eau en bouteille, etc.
46:33 Vous soulignez effectivement que les Français sont tiraillés entre fin du mois et fin du monde et c'est pourquoi une des solutions, c'est le...
46:42 [INAUDIBLE]
46:45 Résumons, on n'a pas beaucoup de temps. Là-dessus, sur ce qui est de la communication, on a mené plusieurs études, de Cantart, avec Cantart et Nielsen.
46:54 Le seul consentement à payer des Français actuellement, c'est de soutenir du local ou du Français. C'est-à-dire que la seule chose qui permet de faire consentir à surpayer un produit,
47:05 c'est le bleu, blanc, rouge. C'est pourquoi nous avons mené une première campagne avec l'ensemble des interprofessions, le CNIA, l'Interbev, Interfell.
47:12 On a joué à 10 avec 10 filières pour faire une première campagne l'an dernier qui s'appelait pour nous, pour la planète, BioRéflex. Je ne sais pas si vous l'avez.
47:19 Elle est en tête, mais elle est en ce moment sur les ondes de Radio France. La campagne a marché. Plus 5 % de business à la clé pour le bio.
47:27 C'est-à-dire qu'à chaque fois que la campagne a été déployée, les ventes de bio ont augmenté de 5 %. C'est pourquoi nous sommes actuellement dans la vague 2 de cette campagne.
47:35 Les interprofessions remplissent avec nous, mais également les régions s'en saisissent, les métropoles, puisque l'Occitanie, la Bretagne et également le pays de la Loire
47:45 ont repris ce slogan BioRéflex. Nous l'avons infléchi pour cette deuxième vague en disant pour nous, pour la planète, pour nos producteurs locaux.
47:51 Parce qu'en fait, l'angle mort et cette opposition qu'on a entendu beaucoup dans les médias sur « je ne mange pas bio, je mange local » n'a pas de sens.
47:59 Et il est temps vraiment de la débunker et de montrer qu'en France, plus que dans n'importe quel autre pays européen, on peut faire les deux.
48:06 On peut produire bio et manger bio made in France. Exactement. Notre filière bio française, ça devrait être notre fierté.
48:13 Nos voisins espagnols et italiens qui sont des gros producteurs de bio la mangent pas et l'exportent. Nos voisins allemands ne produisent pas de bio, mais l'importent.
48:19 Nous, on peut faire les deux. Et donc c'est pourquoi nous demandons à être renforcés. Nous avons déjà été renforcés et nous demandons à être renforcés.
48:26 Chaque denier public qu'on nous confie, nous le faisons fructifier pour qu'il contribue à augmenter le marché bio pour tout le monde.
48:37 Donc pour nous, pour la planète BioRéflex et pour nos producteurs locaux.
48:41 Alors très rapidement, la question de l'accessibilité aux produits bio se pose. Évidemment, elle s'est posée aussi avant même cette crise là.
48:52 Il a été question justement dans des engagements de candidats à la présidentielle de rendre les produits bio accessibles à tous, notamment via des initiatives comme le panier alimentation durable
49:03 ou d'autres initiatives qui permettait justement de rompre ces clivages qui peuvent rester aujourd'hui dans l'esprit commun d'un produit bio réservé à une élite.
49:15 Donc les initiatives, évidemment, on ne souhaiterait que les encourager, quitte à ce qu'on ait avant tout la recherche d'effets de levier par des opérations, peut être ponctuelles ou autres.
49:26 Mais en tout cas, par des opérations qui viseront à améliorer ça.
49:29 Je prends pour preuve la stratégie nationale alimentation, nutrition, climat qui est là et qui va reprendre en partie au moins cet objectif d'amélioration de l'accessibilité.
49:39 En ce qui concerne les mentions, les mentions alternatives, le constat, il est fait au regard de ce qui se passe dans les grandes surfaces, puisque dans les grandes surfaces,
49:48 il se passe encore quand même 75 à 80% des achats alimentaires.
49:52 Donc évidemment que la grande distribution, la grande distribution a eu à répondre à cette question de l'aliment durable, de l'aliment bon pour la planète, de l'aliment bon pour la santé.
50:04 Comment est-ce qu'elle y a répondu ? Elle a cherché dans tous ses approvisionnements la façon de valoriser des démarches tantôt agronomiques, tantôt plus citoyennes.
50:14 Mais en tout cas, elle s'est engouffrée dans cette démarche de distinction, de différenciation par l'allégation environnementale.
50:21 Donc ça a donné naissance évidemment à plusieurs initiatives qui sont venues, je ne vais pas dire frontalement, mais au moins de manière assez forte, en parallèle de ce qui est fait en bio depuis 40 ans.
50:36 Et donc de ce fait, comme sur n'importe quelle filière économique, les consommateurs ont besoin de plus d'informations pour faire le tri et pour être éclairés et faire le bon choix
50:47 et qu'on mette de côté les allégations qui ne les satisfont pas et au contraire peut-être leur redonner confiance dans des choses qui sont solides, sur des cahiers des charges qui ont montré leur preuve depuis toujours.
50:59 Bonjour à tous. Moi, je suis élu dans un département, conseiller départemental, dans un département dans lequel le conseil départemental a initié au niveau de la restauration scolaire collective
51:11 le 100% bio 100% local 100% fait maison, ce qui a redonné d'ailleurs aux cuisiniers une autre facette de leur métier.
51:21 Ils ne sont plus à ouvrir des boîtes ou à ouvrir des poches et ça redonnait du sens à leur métier.
51:27 C'est un vrai choix politique qui a été initié dans ce département. Et on commence à avoir quelques années de recul, mais on va aller vite.
51:36 Les objectifs de la loi EGalim pour 2022 concernant la part du bio dans la restauration collective ne sont pas atteints.
51:42 On l'a dit et dans un contexte économique dans lequel la consommation du bio à domicile n'est pas accessible pour un grand nombre, pour un grand nombre de ménages,
51:53 des ménages qui ont des revenus qui ne permettent pas d'accéder à ce à ces produits là.
51:58 Il nous paraît que la restauration collective, la restauration scolaire peut être un moyen pour les enfants et pour les ménages d'accéder, de découvrir ces produits.
52:10 Et donc, ma question, c'est selon vous, comment peut on accélérer la part du bio dans la restauration collective?
52:17 Quels sont les freins que vous identifiez? Et puis, un vœu que l'on arrête d'opposer le bio et les autres signes officiels de qualité.
52:27 Il y a la place pour tout le monde et avec un pourcentage de bio malheureusement faible à hauteur de 6, 7 %, il faut bien que l'on cohabite.
52:37 Et je suis navré de voir qu'en permanence, on est dans un affrontement alors qu'on a besoin de toutes les agricultures.
52:46 Merci. Alors, merci pour cet exemple que vous citez.
52:56 Et c'est un de plus un exemple de plus de collectivité, quelle que soit la taille ou justement, on a choisi d'emboîter le pas à des précédents, mais on a choisi aussi d'aller plus loin.
53:08 Et coûte que coûte, j'imagine, ça a dû être quoi qu'il en coûte à ce moment là d'aller vers ce genre de décision, même si le résultat est sûrement pas au goût de tout le monde.
53:20 En tout cas, on montre que c'est possible et qu'avec un choix politique, on arrive peut être pas au niveau que vous avez cité, mais on arrive à faire bouger les choses ou en tout cas un peu plus vite que simplement ce que une loi peut juste, juste incitatif peut faire.
53:36 Donc, cet exemple là, c'en est un de plus et c'en est un de plus qui montre que on a la possibilité aussi d'améliorer cette découverte des produits bio par des actions qui sont menées à destination des familles qui en sont les plus éloignées.
53:51 Donc, on a des défis famille à alimentation positive qui sont à peu près répandus dans tous les départements où on travaille avec les collectivités dans l'accompagnement social à la découverte des produits bio.
54:04 Mais de la même manière que ça peut se faire dans les cuisines collectives, des gens qui ouvrent des boîtes ou réchauffent dans les cuisines collectives.
54:10 Malheureusement, c'est le symbole aussi de gens qui, chez eux, ouvrent des boîtes et réchauffent tout simplement.
54:15 Donc, cette réappropriation des produits bruts, cette réappropriation des produits locaux, ça se fait aussi malheureusement dans des proportions qui ne sont encore pas au rendez-vous.
54:24 Mais en tout cas, c'est ce qui semble-t-il aussi un levier pour simplement, au-delà du budget, que la volonté et la sensibilité soient au rendez-vous.
54:33 Alors, pour augmenter cette part du bio, on a toujours beaucoup d'inertie malheureusement d'une réglementation des achats publics qui traîne, qui évolue mais malheureusement à un rythme qui n'est pas suffisant
54:45 pour que chaque acheteur dans son établissement ou chaque acteuse dans son établissement puisse recourir beaucoup plus facilement à des liens plus étroits avec les productrices et les producteurs locaux,
54:57 que ce soit sous signe de qualité ou pas. Mais en tout cas, on a une inertie réglementaire.
55:01 Ensuite, on a, et vous le savez, toutes les régions qui sont interrogées sur ce qui se passe dans les lycées redisent à l'envie qu'elles n'ont pas la main sur les agents de l'État qui sont chargés des achats.
55:13 Peut-être qu'il y a un levier à actionner de ce côté-là. Et enfin, pour terminer, je crois qu'on peut prendre aussi des exemples sur plusieurs régions, et je ne veux pas faire de classement ou de discrimination ici,
55:23 mais en tout cas, un coup de pouce à l'achat Egalim, donc un coup de pouce de 10-20 centimes sur le prix d'un repas pour aller en direction des objectifs Egalim.
55:33 Ce sont des initiatives qui, malheureusement, ne sont pas possibles pour tout le monde et malheureusement, se font finalement en action dérober par rapport à ce que, peut-être,
55:45 on pourrait attendre aussi de la part de l'État en matière de dynamisation de l'achat bio en restauration collective.
55:52 Juste dans les freins, vous nous avez posé la question explicitement des freins. Il y en a deux que je vois au quotidien parce que nous rencontrons en permanence des chefs qui sont peut-être pas à 100%,
56:03 mais à 50%, 70%. D'ailleurs, vous êtes tous les bienvenus sur notre stand SMCL parce que c'est là où nous les mettons en valeur. Actuellement, il y a deux grands freins.
56:11 Le premier, c'est que le CAP cuisine, vous pouvez regarder, il n'y a aucune occurrence du mot bio ou même de transition agroécologique ou de saisonnalité ou de anti-gaspi.
56:20 Or, on sait que si on veut mettre plus de bio au menu, il faut être hyper bon en anti-gaspi, il faut cuisiner plus, on ne peut plus acheter des pestos déjà faits, c'est trop cher.
56:27 Il faut toujours cuisiner soi-même. Donc le premier frein à lever, ce serait que le CAP cuisine évoque le bio tout au long de la formation du CAP cuisine et pas juste 4 heures à la fin,
56:37 noyé au milieu des autres cyclos parce qu'en fait, le bio, c'est un mode de production et donc c'est une autre approche. Et donc, si on veut plus connecter nos chefs gastronomiques,
56:47 et nos chefs, même pas gastronomiques et nos agriculteurs, le CAP cuisine est un super bouti. Et donc, je crois qu'il va y avoir une réforme des référentiels.
56:55 C'est là où ça va se jouer. Et le deuxième frein qu'on voit parce que nous, on finance effectivement, on a des agriculteurs qui viennent voir en disant ça y est,
57:02 je me suis mis à faire des yaourts et des fromages blancs, mais j'ai du mal à vendre à la cantine du coin. Et souvent, c'est un problème de conditionnement,
57:10 c'est-à-dire que la cantine, elle veut un pot de 5 kilos et eux, ils font des pots de 250 grammes. Donc souvent, il y a besoin d'adéquation.
57:15 Et c'est là où le PAT, le programme alimentaire territorial, joue un rôle absolument extraordinaire. En proportion, souvent, on remarque qu'un PAT qui cartonne
57:24 et qui lève ses freins, c'est en général 5, 6 chargés de mission pour à peu près 150, 200 000 ventes à nourrir. Et là, ce sont des gens qui vont sur le terrain
57:32 et qui vont voir l'abattoir, qui vont voir l'éleveur, qui vont voir la cantine, qui mettent tout le monde autour de la table en disant bon,
57:38 comment on fait pour que vous achetiez des bêtes sur place, sur pied, que ça passe par l'abattoir et qu'ensuite, une fois que ça arrive dans la cantine,
57:44 on puisse gérer toute une carcasse plutôt que d'acheter des filets déjà levés chez Métro. Et ça, il y a des exemples extraordinaires où, par exemple,
57:53 à Roubaix, un chef de cantine, Xavier Verquin, il vous dit "moi, j'ai embauché un boucher". Bon, carrément. Il fait "oui, oui, c'est très bien parce que comme ça,
58:00 à chaque fois qu'on a une carcasse de bœuf qui arrive une fois par mois, chez vous aussi, c'est la solution". Sauf que derrière, c'est quoi ? C'est de l'humain.
58:06 Donc effectivement, si on ne veut pas devoir payer le surcoût au quotidien du bio, il faut revoir son fonctionnement. Et typiquement, quand on a des chargés de mission
58:13 qui font le lien entre la cantine, le chef, l'abattoir, le logisticien et qui permettent de connecter ces deux mondes, on arrive à faire le même menu pour moins cher
58:23 avec du bio au menu. – Voilà pour cette audition sur l'avenir de la filière bio en France. N'hésitez pas à lire les décryptages de la rédaction sur notre site.
58:32 Je vous redonne l'adresse et elle s'affiche, c'est publicsena.fr. Très belle suite des programmes sur notre antenne.
58:39 [Musique]

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