«L'islamo-gauchisme est un fascisme» a déclaré le philosophe Michel Onfray

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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la déclaration du philosophe Michel Onfray qui, face à l'actualité, affirme que "l'islamo-gauchisme est un fascisme".
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcript
00:00 PUNCHLINE
00:04 Laurence Ferrari sur Europe 1.
00:06 18h39, on se retrouve en direct dans PUNCHLINE sur CNews et sur Europe 1
00:16 avec notre invitée exceptionnelle, Michel Onfray.
00:18 - Bonsoir, Michel Onfray. - Bonsoir.
00:19 Vous êtes philosophe, le fétichisme et la marchandise
00:21 aux éditions bouquins, c'est votre livre,
00:23 mais l'actualité, évidemment, vous mobilise au plus haut point.
00:26 On va revenir sur ce que vous dites,
00:29 pour vous, l'islamo-gauchisme est un fascisme,
00:31 ce qui se passe aujourd'hui en Israël,
00:34 la désinformation qui est à l'œuvre au niveau mondial
00:37 après ce qui se passe sur un bombardement d'hôpital à Gaza,
00:41 est-ce qu'elle signifie qu'il y a une distorsion aujourd'hui
00:44 de la vérité qui est à l'œuvre dans le monde ?
00:47 Oui, ça fait un petit moment.
00:48 Je veux dire qu'effectivement, l'ère de la post-vérité
00:51 est beaucoup plus ancienne que le mot qui qualifie la chose.
00:53 Ça fait bien longtemps qu'on sait bien qu'on ne doit plus croire
00:56 à un certain nombre de journaux,
00:57 sauf si on a envie de croire à une vérité communiste
00:59 ou une vérité trotskiste,
01:00 on sait quel journal il faut acheter,
01:02 mais ça n'a pas grand-chose à voir avec la vérité.
01:04 Là, simplement, il y a effectivement un pléthore d'informations,
01:07 ça vient de partout, et puis il y a la possibilité,
01:10 je vais me permettre de rendre hommage à CNews,
01:11 de dire qu'il y a des lieux dans lesquels
01:13 des choses qu'on ne disait pas sont dites.
01:15 D'autres, une espèce de presse alternative,
01:17 des gens qui disent que nous, on dit pour le coup la vérité,
01:21 ou autre chose, et vous allez pouvoir mesurer.
01:24 Et donc, la multiplicité permet l'émergence vraiment de la vérité.
01:28 À une époque, il n'y avait pas de vérité,
01:29 il n'y avait que des subjectivités
01:31 présentées comme des absolues et des vérités.
01:33 Aujourd'hui, on peut faire son marché
01:34 et découvrir des informations en se disant,
01:35 "Tiens, ça, on ne l'aurait pas su ailleurs,
01:37 on ne l'aurait pas vu ailleurs, on ne l'aurait pas lu ou entendu ailleurs."
01:39 On peut l'entendre, en tout cas, en écoutant aussi Europe 1,
01:41 puisque nous sommes aussi sur CNews et Europe 1.
01:43 J'évoquais ce qui se passe à Gaza.
01:47 Ce que vous dites aujourd'hui, c'est la déclinaison dans notre pays,
01:50 c'est l'assassinat de ce professeur, Dominique Bernard,
01:52 qui a été enterré ce matin à Haras,
01:54 une cérémonie extrêmement importante et très bouleversante.
01:58 On s'en prend au savoir,
01:59 on s'en prend à ceux qui peuvent transmettre la connaissance
02:02 à des élèves pour les sortir de l'ignorance.
02:03 C'est ça, le but, au fond, du terrorisme.
02:05 Je crois qu'on s'en prend à l'Occident, en général.
02:07 Donc, une fois, c'est un enseignant, une fois, c'est un policier,
02:10 et puis une fois, c'est n'importe qui,
02:11 pourvu qu'il soit dans la rue à la terrasse d'un café.
02:13 Il faut arrêter de croire que, parce qu'il y aurait eu cet événement,
02:17 il y aurait dans la tête du terroriste cette idée
02:18 qu'il faudrait attaquer les professeurs
02:20 parce qu'ils sont professeurs et qu'ils enseignent.
02:21 C'est beaucoup plus simple que ça, je crois.
02:23 - Il y a vraiment une haine... - Plus basique.
02:25 Oui, il y a une haine de tout ce qui est occidental,
02:27 de tout ce qui est blond, de tout ce qui est français,
02:28 de tout ce qui est judéo-chrétien, de toute cette civilisation.
02:32 Donc, après, on ne va pas s'embarrasser en disant
02:34 "Oh, mais il courait après un professeur d'histoire,
02:37 c'est parce qu'il en a après l'histoire."
02:38 Je ne crois pas.
02:39 Ces gens-là ont des cerveaux beaucoup plus simples que cela.
02:42 Il y a simplement un mode de vie occidental que ces gens-là détestent
02:44 et, d'une certaine manière, ils le détestent
02:46 parce que nous-mêmes leur enseignons à détester
02:48 ce mode de vie occidental depuis des années.
02:50 Je dirais depuis une quarantaine d'années,
02:51 mais peut-être même en amont depuis les 68 ars,
02:54 cette idée que la France, le drapeau, la Marseillaise, tout ça,
02:57 ce serait dégoûtant, que l'histoire de France,
02:59 ce ne serait jamais que l'histoire du colonialisme,
03:01 comme si le décolonialisme n'avait pas aussi été inventé par les Blancs.
03:04 Je suis désolé s'il n'y avait pas eu la critique
03:07 de la raison dialectique de Jean-Paul Sartre
03:08 et l'École normale supérieure,
03:09 où un certain nombre de décolonialistes
03:11 sont venus faire leurs études.
03:12 On n'est pas très sûr qu'ils auraient été forcément décolonialistes.
03:15 Donc, il y a cette espèce de détestation de soi
03:17 qu'on enseigne depuis des années,
03:18 puis il y a des gens qui disent "Bon, qu'on est d'accord avec vous,
03:20 finalement, elle est détestable, cette France.
03:22 On l'a appris à l'école, on l'a appris dans les programmes,
03:24 on l'a appris à la télévision,
03:25 on l'a appris avec un certain nombre d'hommes politiques",
03:28 et ils disent "Oui, vous avez raison, on vous déteste,
03:29 on va vous le faire voir."
03:30 Michel Enclin, une question de Louis Dragnel.
03:31 Cet après-midi, Emmanuel Macron a dit
03:34 que si on gère mal cette situation,
03:36 c'est-à-dire la gestion du conflit au Proche-Orient,
03:38 mais en France, il a évoqué le risque
03:41 qu'il y ait de la division dans le pays.
03:44 Est-ce que vous pensez qu'Emmanuel Macron devrait s'exprimer ?
03:47 Qu'est-ce qu'il devrait dire ?
03:48 Est-ce qu'il devrait être plus franc, plus clair
03:50 dans la condamnation de ce qui se passe en Israël ?
03:54 Alors, dans l'idéal, il faudrait qu'il démissionne, déjà.
03:56 Dans l'idéal, s'il ne démissionne pas,
03:58 qu'il dissolve l'Assemblée nationale
03:59 et qu'il en appelle au peuple,
04:01 et qu'il se refasse une majorité.
04:03 Et si le peuple ne lui donne pas de majorité à l'Assemblée nationale,
04:05 alors que, pour le coup, cette fois-ci, il démissionne vraiment.
04:07 Et puis qu'il fasse vraiment une politique nationale
04:09 dans laquelle on va vraiment dire les choses et faire les choses.
04:11 Ça va bien.
04:13 "Ça suffit, ça ne va pas durer, nous allons faire ceci."
04:15 C'est pas possible.
04:16 Mais par rapport au conflit au Proche-Orient,
04:17 parce qu'il y a le débat,
04:18 est-ce que le conflit a déjà été importé en France ?
04:21 Il y a beaucoup de gens qui disent qu'il est là.
04:23 Mais qu'est-ce que le chef de l'État,
04:25 outre, effectivement, les outils de relégitimation
04:27 que vous évoquez, la dissolution, la réélection, le référendum,
04:30 qu'est-ce qu'Emmanuel Macron doit dire ?
04:32 Il y a plusieurs millions de musulmans en France.
04:34 Il ne peut rien dire. Jordan Bardella l'a dit.
04:37 Il a fait savoir à Jordan Bardella
04:38 qu'il commençait à parler librement,
04:40 il allait y avoir le feu partout.
04:41 - Une guerre civile. - Donc il achète.
04:43 Il y aurait une guerre civile.
04:44 Moi, j'ai dit que nous étions dans une guerre civile à bas bruit.
04:46 Ça fait longtemps que je le dis.
04:47 Et qu'on me moque pour l'avoir dit.
04:48 Maintenant, on peut enlever à bas bruit.
04:50 On peut le voir très précisément.
04:51 Il y a simplement un moment donné où il faut arrêter de dire
04:54 que les choses n'ont pas lieu.
04:56 C'est-à-dire qu'on l'a entendu dire "c'est la guerre".
04:58 Quand est-ce qu'il a dit ça ?
04:59 - Le virus. - Pour le Covid.
05:00 Pour le Covid, c'était la guerre. Là, ce n'est pas la guerre.
05:03 Mais il y a un moment donné où il faut arrêter.
05:05 Il n'est pas crédible, ce monsieur.
05:06 Il dit n'importe quoi.
05:07 Il y a un moment donné où il faut qu'il arrête de croire
05:09 qu'il est en campagne présidentielle.
05:10 D'abord, quand il y a des campagnes, il ne les fait pas.
05:11 Et quand il est au pouvoir, il laisse croire qu'il est dans la campagne.
05:14 Mais il arrête de croire qu'il est en campagne.
05:15 Ça fait deux mandats.
05:17 Et dans les deux mandats, il dit "je vais faire un certain nombre de choses".
05:18 Simplement, il ne peut pas.
05:20 Il ne peut pas parce que la politique qu'il mène
05:22 est effectivement d'acheter la paix sociale par un silence.
05:25 Double langage, double discours.
05:26 Ça ne va pas durer. Ça n'est pas possible.
05:28 La République ne tolérera pas.
05:30 Nous serons impitoyables. La justice passera.
05:32 Nous ne laisserons pas faire. Et puis, dans la réalité, rien.
05:34 - Michel Onfray, vous dites que l'islamo-gauchisme est un fascisme.
05:38 Expliquez-nous cette notion-là.
05:39 Comment est-ce que vous pouvez penser ceci de l'islamo-gauchisme
05:43 qui est un fascisme ?
05:44 Donc, les chemises brunes, le nazisme.
05:46 - Alors, c'est l'erreur à ne pas commettre.
05:48 C'est-à-dire à essentialiser un concept
05:50 en estimant que le fascisme, c'est quoi d'ailleurs ?
05:53 Est-ce que Béthin était fasciste ? Est-ce que Salazar était fasciste ?
05:56 Est-ce que Franco était fasciste ? Hitler était-il fasciste ?
05:58 Est-ce que le national-socialisme est un fasciste ?
06:01 Donc, on peut essentialiser aussi en disant "c'est le fascisme".
06:04 Une espèce de F majuscule, une idée platonicienne.
06:06 Non, ça bouge. C'est la même chose avec le totalitarisme.
06:09 Quand on dit qu'il y a un totalitarisme aujourd'hui,
06:10 on ne dit pas que c'est l'Union soviétique.
06:12 On ne dit pas que c'est la Grèce des colonels, par exemple.
06:15 Moi, je ne suis pas platonicien,
06:16 donc je ne crois pas qu'il y ait une espèce de concept de totalitarisme,
06:19 de concept de fascisme.
06:20 Le fascisme est antirépublicain.
06:22 Il est antisémite. Il ne croit pas aux élections.
06:24 Il refuse les résultats des élections.
06:27 Il préfère la violence.
06:28 - Vous parlez de Jean-Luc Mélenchon, là. - Oui.
06:30 Vous me faites ma conclusion. Vous voulez que j'aille vite.
06:32 - Non, non, mais... - Oui, bien sûr.
06:34 - C'est-à-dire que quand vous prenez... - C'était limpide.
06:35 Mais vous prenez la totalité de ce qui définit essentiellement
06:39 les fascismes dans ce qu'ils ont été différemment.
06:41 Ils ont tous ça en commun, avec un antisémitisme.
06:43 Et je dis effectivement qu'il faut arrêter de croire
06:45 que la gauche aurait été philosémite
06:47 et que la droite aurait été antisémite sous prétexte
06:49 que la gauche aurait été résistante et que la droite...
06:52 C'était le maréchal Pétain, etc.
06:53 Je rappelle quand même que le pacte germano-soviétique
06:55 a lieu pendant deux ans et que les communistes
06:57 collaborent avec les nazis.
06:59 Je rappelle que même très en amont,
07:01 Diderot, Saad, espèce de parangons de vertus progressistes
07:04 au 18e siècle, Voltaire, sont des antisémites.
07:08 Que le socialisme français du 19e siècle
07:10 est antisémite. Proudhon, Marx, un certain nombre d'autres...
07:12 - Marx, la question juive. - La question juive de Marx lui-même.
07:16 Même des Juifs antisémites.
07:17 Et le logiciel, il est créé là, au 19e siècle.
07:20 Cette idée qu'il y a eu des antisémitismes.
07:22 Il y a eu "Jésus a été tué par les Juifs,
07:25 "peuple déicide", ça a duré un temps.
07:28 Et puis, il y a un deuxième temps de l'antisémitisme
07:29 qui consiste à dire que les Juifs, c'est l'argent.
07:32 C'est l'argent, c'est le capital, etc.
07:34 Et vous ajoutez, c'est Israël, ce sont les États-Unis,
07:37 et vous avez l'antisémitisme du 19e siècle.
07:39 Alors évidemment, pas avec Israël, mais avec les États-Unis.
07:42 Le capital, le capitalisme et l'argent.
07:44 On y est, en plein dedans.
07:45 Vous avez des textes antisémites de Jaurès, ils sont terribles.
07:49 Vous avez des textes antisémites de Thores,
07:51 contre Léon Blum, ils sont terribles.
07:53 Vous avez un passé antisémite chez Mitterrand.
07:54 Mitterrand l'a quand même retrouvé, souvenez-vous,
07:57 du livre de Pierre Péon,
07:58 dans des manifestations antisémites avant-guerre dans les années 30.
08:01 Il a eu la Francisque, il s'est fait décorer de la Francisque,
08:03 même du maréchal Pétain.
08:05 Ce monsieur a écrit que la milice n'allait pas assez loin.
08:07 J'ai écrit un livre qui s'appelle "Vie parallèle".
08:08 J'ai retrouvé des textes de Mitterrand dans cette époque-là.
08:10 C'est terrible, il fait l'éloge de la milice.
08:12 Pensez-vous que la gauche hockyste, aujourd'hui,
08:14 est demandée à ce qu'on débaptise la bibliothèque François Mitterrand ?
08:17 Mais c'est la même gauche pour vous, Michel Onfray.
08:19 Cette gauche-là d'aujourd'hui, elle est révisionniste,
08:21 elle est négationniste aussi ?
08:23 Eh bien, elle a des sympathies pour tous ces gens-là.
08:25 Je continue en disant qu'effectivement,
08:26 dans les années 70, on a Edwin Plenel,
08:28 qui estime que "Septembre noir", c'est tout à fait défendable.
08:31 On a Jean-Paul Sartre qui nous dit que tout ça, c'est défendable.
08:33 Et on a Mélenchon, aujourd'hui, en héritier de tout ça,
08:36 qui nous dit, en gros, "Capital, capitalisme,
08:38 "Juifs, sionismes, Israël, Etats-Unis,
08:40 "et puis, les gens qui luttent contre ça, c'est la gauche."
08:44 Eh bien, non, on peut être de gauche, c'est mon cas,
08:45 mais pas cette gauche-là. Je ne veux pas de cette gauche-là.
08:47 Il y a un moment donné où il faut dire que le fascisme,
08:50 il n'est pas comme ça chez Mussolini et nulle part ailleurs.
08:53 Et la plupart du temps, c'est chez Adolf Hitler et nulle part ailleurs.
08:56 Je dis non, ça se manifeste autrement.
08:58 Et il y a aujourd'hui, dans le wokisme, dans le décolonialisme,
09:02 dans l'intersectionnalité, de l'intolérance, de la violence,
09:05 de la façon la plus brutale.
09:08 On interdit aux gens de parler.
09:09 On a détruit 450 livres de François Hollande dans une université
09:12 parce qu'on n'a pas voulu qu'il parle.
09:14 Mais les autodidactes, ça se passe où ?
09:16 Aujourd'hui, en France.
09:18 Est-ce que vous pensez que ça remonte...
09:19 Il y a certains historiens qui pensent que tout ça remonte à 1905,
09:23 où, à force d'avoir voulu chasser le christianisme et le catholicisme en France,
09:27 il y a eu le concept de laïcité,
09:28 qui a été forgé exclusivement contre le catholicisme,
09:32 ça a permis de faire émerger à la fois l'islamisme
09:36 et le wokisme, l'idée de la déconstruction de tout ?
09:40 Il faudrait qu'on ait le temps.
09:42 Quand Sartre écrit "La critique de la raison dialectique",
09:45 c'est un pavé que personne n'a lu,
09:46 mais il suffit d'avoir deux ou trois thèses,
09:48 il parle de la contre-violence,
09:50 en disant qu'il y a une contre-violence et que c'est légitime.
09:53 Sous-entendu, vous avez le roi,
09:55 Louis XVI est un personnage, un tyran abominable,
09:58 ce qui est par ailleurs totalement faux,
10:00 et cette violence-là rend possible la violence des sans-culottes,
10:03 et cette contre-violence est légitime.
10:05 Prenez ce schéma-là et vous dites "Israël est le pays colonialiste,
10:08 et les gens qui refusent le colonialisme sont des gens qui résistent",
10:11 voyez quand même les pudeurs des gens de la France insoumise
10:14 pour dire qu'il s'agit de terrorisme,
10:16 ils veulent utiliser le mot "résistant".
10:18 Je rappelle simplement que la résistance,
10:20 je parle sous le contrôle des spécialistes,
10:22 mais jamais la résistance n'a posé une bombe dans un cinéma
10:25 pour tuer trois officiers nazis,
10:26 en tuant en même temps 50 personnes qui auraient été dans le cinéma.
10:29 Il n'y a jamais eu de bavure chez les résistants
10:31 quand ils tuaient des nazis, des collaborateurs, des miliciens.
10:35 Oui, d'accord, c'est-à-dire que c'était vraiment des combats.
10:37 Là, on a tué quoi ? Des femmes, des enfants, des personnes âgées,
10:41 des gens qui étaient juifs du simple fait qu'ils étaient juifs,
10:43 peut-être même des gens qui n'étaient pas juifs
10:45 mais qui se trouvaient dans un kiboutz, par exemple.
10:47 Donc, il y a un moment donné où il faut appeler les choses par leur nom
10:49 et puis effectivement faire savoir
10:51 que cette espèce de goût de la violence,
10:53 cette espèce de crime contre l'humanité s'en est un.
10:55 Eh bien, tout ça, c'est une signature.
10:57 Alors, si les gens commencent à comprendre
10:58 ce que je dis depuis des années,
10:59 la dangerosité des Robespierristes d'aujourd'hui...
11:02 Alors, évidemment, je me souviens de...
11:04 J'ai oublié son nom, d'ailleurs, l'ancien patron de Libération
11:07 qui me disait "mais où sont les guillotinés de Mélenchon ?"
11:09 Eh bien, ils sont là, ils sont là-bas, les guillotinés de Mélenchon.
11:12 Simplement, on peut parler métaphoriquement
11:14 en disant que quelqu'un qui estime que le gouvernement, par la terreur,
11:17 la possibilité d'avoir des tribunaux d'exception,
11:19 la possibilité de décapiter des gens,
11:21 non pas parce qu'ils ont commis quelque chose de pas bien,
11:23 mais parce qu'ils sont aristocrates, parce qu'ils sont catholiques,
11:25 parce qu'ils sont prêtres. C'est ça, quand même, 1793.
11:28 Justifier ça, c'est de dire "on ne va pas chercher ce que vous avez fait,
11:32 ce que vous êtes suffira pour qu'on vous décapite."
11:34 Le résultat aujourd'hui, Michel Lenfroy, dans notre pays,
11:36 c'est que les citoyens français de confession juive
11:39 ne se sentent plus en sécurité.
11:41 Ils disent avoir peur, que ce soit à l'école, que ce soit dans la rue.
11:44 Il y a eu 500 actes de perturbation de la minute de silence,
11:49 en hommage à Dominique Bernard, dans les écoles,
11:51 avec des phrases d'enfants de CP qui sont absolument stupéfiantes.
11:54 - Peut-être que vous en avez une ou deux. - Je peux vous en lire une.
11:56 Un enfant en CP, normalement, on a six ans.
11:59 "Si quelqu'un fête Noël, je le tue. Il a eu raison de le tuer."
12:03 Je vous en lis juste une seconde, CM1.
12:05 "C'est normal de se venger si on critique sa religion.
12:08 C'est normal de tuer." CM1.
12:10 Oui, enfin, c'est surtout les parents de ces enfants
12:13 qui mettent ça dans la tête des enfants.
12:14 Quand vous êtes au CP, vous n'avez pas ce genre d'idée
12:17 si on ne vous les met pas dans la tête.
12:18 Simplement, qu'est-ce qu'on va faire avec ça ?
12:20 Il est bien, Attal, quand il nous dit...
12:22 "Nous allons les signaler." On va les signaler, et après ?
12:25 On va y avoir sur le bureau d'un juge tous ces signalements
12:28 et on va faire quoi de ces enfants-là ?
12:29 - Rappel à la loi et stage de citoyenneté. - Voilà, c'est ça.
12:32 Qu'est-ce qu'on pourrait faire, justement ?
12:33 Recréer, par exemple, des écoles dans lesquelles il y aurait un peu de discipline.
12:37 Moi, j'ai passé quatre ans dans un orphelinat,
12:39 je n'avais fait de mal à personne et j'y étais quelques temps.
12:41 J'étais au service militaire dans l'infanterie de marine,
12:44 j'ai été réformé pour des raisons de santé,
12:46 pas des raisons de santé mentale.
12:47 Je voulais faire mon service militaire, je n'avais rien fait de mal,
12:50 mais je vous assure que la discipline,
12:52 pendant le temps du service militaire, pendant les classes,
12:54 ça avait lieu et personne ne trouvait que ça ne devait pas avoir lieu.
12:57 Donc, je pense qu'il pourrait y avoir des internats
12:59 dans lesquels, effectivement, on mettrait autre chose
13:01 dans la tête de ces enfants que ce qu'on leur met.
13:04 Simplement, il y a aussi toute une politique immigrationniste
13:06 depuis des années qui fait que Le Pen avait pris la main
13:10 sur cette question-là, donc la gauche n'a pas osé.
13:12 Il y a eu un temps, Jean-Pierre Chevènement,
13:15 qui, lui, a commencé à avancer un petit peu sur cette question-là.
13:18 Quand il avait parlé de... Je ne sais plus quel mot,
13:21 il avait utilisé un mot d'horticulture, les sauvageons.
13:24 Il avait parlé des sauvageons, qu'est-ce qu'on n'avait pas entendu ?
13:26 Notamment Bernard-Henri Lévy et quelques autres.
13:28 Il avait qualifié ces gens-là de sauvageons.
13:30 Vous avez vu où on en est aujourd'hui ?
13:32 Donc, effectivement, on a rendu tout ça possible.
13:33 Il y a juste un moment donné où il faut demander des comptes.
13:36 Quand Gérard Larcher s'en vient nous faire savoir
13:38 qu'on a tous été responsables, mais bien sûr que non,
13:41 il y a des gens qui ne sont pas responsables.
13:42 - "On a tous été naïfs", a-t-il dit. - Oui, d'accord.
13:44 Enfin, naïfs dans le genre "on n'a pas vu passer", quoi.
13:46 Mais lui, il a été responsable, et d'autres.
13:49 - Il s'inclut dedans, désiré. - Pardon ?
13:50 - Il s'inclut dans la critique. - Il peut bien, il aurait dû.
13:52 Mais après, la critique est tellement large, effectivement,
13:54 que ça dilue un peu la responsabilité personnelle.
13:56 Si on fait un travail de généalogie plutôt que de moraliste,
13:58 en disant "Ce n'est pas bien, ce n'est pas bien",
13:59 mais qu'on se demande d'où ça vient, pourquoi un enfant de CP...
14:02 CP, vous avez dit ? - CP.
14:03 - Pourquoi un enfant de CP écrit-il une chose comme ça ?
14:06 Vous vous rendez compte ? - Et ça vient pas de nulle part.
14:08 Ça vient pas de son esprit, en tout cas.
14:09 - On est entièrement d'accord que c'est dans la tête de cet enfant
14:11 parce que ça y a été mis, ça y a été mis par des parents,
14:13 et si les parents ont pu leur mettre ça dans la tête,
14:15 c'est qu'effectivement, à l'école, on ne leur a pas appris
14:17 l'art de résister à ces choses-là, mais à 6 ans, comment pouvez-vous ?
14:20 Mais un petit peu plus tard, non plus.
14:22 Finalement, on est tolérants, on accepte, c'est vrai.
14:24 Finalement, détestons...
14:26 - En ce moment, il y a eu une manifestation pro-Palestinien
14:28 à Paris, place de la République. - Interdite.
14:30 - Interdite, bien entendu.
14:32 Il y aura beaucoup de monde,
14:33 il y aura peut-être aussi des heurts avec la police.
14:36 On a l'impression que le scénario se répète jour après jour.
14:40 Il y a des alertes à la bombe tous les jours.
14:41 - Vous ne vous doutez pas qu'il y a des heurts avec la police.
14:43 Il y a des heurts avec la police quand vous êtes gilet jaune,
14:45 mais quand vous êtes black bloc,
14:47 il faut vraiment qu'ils aillent les chercher pour qu'il y ait des heurts.
14:49 On va voir, mais je ne crois pas.
14:51 S'il y a des heurts, c'est qu'effectivement,
14:53 Macron donne un signe en disant "je renonce à la paix sociale".
14:56 Il ne veut pas renoncer à la paix sociale.
14:57 Donc, il tolère, il laisse faire, il autorise,
15:00 il va prélever deux, trois personnes.
15:02 Il y a des gens qui disent "c'est une amende de 135 euros,
15:04 j'en ai rien à faire".
15:05 Je pense même qu'il y a des riches personnages
15:07 qui peuvent payer les amendes, comme il y a un riche personnage
15:10 qui paye les amendes pour les femmes qui contreviennent
15:12 à la loi sur le port du voile ou ce genre de choses.
15:14 L'État est effondré, il n'y a plus d'autorité de l'État.
15:17 Il n'y a plus même de désir d'autorité.
15:19 Les prisons, il faut les repenser.
15:20 Ce n'est pas normal qu'on y trouve des gens qui font des excès de vitesse,
15:23 des petits consommateurs de drogue, des gros trafiquants,
15:26 des gens qui sont des terroristes, etc.
15:28 Il y a un moment donné où il faut sortir des gens de prison
15:30 et il faut créer d'autres prisons
15:32 dans lesquelles on recycle des gens, et puis, socialement.
15:35 Et puis, dans d'autres prisons, pour le coup,
15:37 on a affaire à des gens qui sont d'un autre calibre.
15:40 Des gens qui pensent qu'effectivement,
15:41 il faut détruire l'État d'Israël,
15:42 ce n'est pas exactement la même chose que des gens
15:44 qui ont conduit sous l'emprise de cinq, six verres d'alcool.
15:47 Le climat de terreur qui règne aujourd'hui dans notre pays,
15:50 les actes de terrorisme qu'on a vus à Arras,
15:52 sont amenés à perdurer, malheureusement.
15:55 Ils illustrent les fractures de notre société.
15:57 Bien sûr. C'est pourquoi je vous disais tout à l'heure
15:58 qu'il faudrait vraiment un coup de tonnerre,
16:00 un vrai "c'est la guerre",
16:02 pas seulement parce que c'est le Covid,
16:04 et puis de dire "je vais prendre des initiatives,
16:06 je suis le chef de l'État,
16:07 donc il n'est pas possible qu'un chef de l'État,
16:09 dans cette situation,
16:10 dispose d'une Assemblée nationale qui n'est pas à sa main".
16:14 Ce n'est pas possible.
16:14 Il y a un moment donné, vous faites du bricolage,
16:16 vous essayez de débaucher deux ou trois députés
16:18 pour pouvoir avoir un vote à la marge,
16:20 et vous offrez à celui-ci quelque chose,
16:22 du genre "si tu veux des subventions pour ton stade,
16:24 on peut arranger ça, et puis tu votes pour moi, etc."
16:26 Ce n'est pas ça, la démocratie.
16:27 Il y a un moment donné où on a besoin d'un pouvoir fort,
16:30 d'un chef d'État fort, d'une Assemblée nationale forte,
16:32 avec la possibilité d'une Assemblée nationale
16:34 qui aurait le sens de l'intérêt général,
16:35 du bien public, de l'État français,
16:37 et pas du tout des bricoles,
16:39 en disant "ah mais nous, les Républicains,
16:41 si on dissout l'Assemblée nationale,
16:42 on risque de perdre nos postes, et alors ? Et la France ?
16:45 Non, non, que périsse la France, mais que nous gardions nos postes."
16:47 C'est exactement la même chose avec Mélenchon,
16:49 il faut garder les postes.
16:50 Mais est-ce que vraiment la politique politicienne,
16:52 c'est l'art de garder des postes, ou c'est l'art de gouverner la France ?
16:55 Si vraiment c'est l'art de gouverner la France,
16:57 et si on a un chef d'État qui est vraiment un chef,
16:58 et qui est vraiment un chef d'État,
16:59 ce qui n'est pas le cas de Macron,
17:01 on reprend des initiatives fortes,
17:02 on dissout l'Assemblée nationale,
17:04 on refait des élections pour disposer d'une majorité,
17:06 et si on n'a pas de majorité, on s'en va.
17:08 Quand on n'est pas désiré, comme Macron, on s'en va.
17:10 On laisse la place à des gens qui seraient désirés.
17:12 Ça s'appelle ça, ça s'appelle la démocratie.
17:14 Le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple.
17:17 C'est pas le cas, on moque le peuple depuis des années,
17:19 et d'un seul coup, une grande partie de ce peuple,
17:22 qui est tolérant, qui est docile, qui est gentil,
17:24 qui s'en prend plein la figure, qui accepte tout ça,
17:27 qui a peur, qui se fait insulter, qui se fait mépriser.
17:30 Tout à l'heure, je faisais savoir à quelqu'un
17:33 qu'il y avait une file d'attente en attendant un taxi,
17:35 je me suis fait insulter, je lui ai dit,
17:36 "Je vous dis juste qu'il y a une file d'attente, monsieur."
17:38 C'était pas un viking, le monsieur.
17:40 Eh bien, il y a un moment donné où on se dit,
17:41 qu'est-ce qu'on va faire ? On va laisser les incivilités comme ça,
17:44 il n'y a aucune crainte, aucune peur.
17:46 Donc, si on veut restaurer de l'autorité,
17:47 et je dis bien de l'autorité, pas de l'autoritarisme,
17:49 pas question de faire l'éloge d'un régime dictatorial ou d'un putsch,
17:52 mais juste de dire qu'il y a un moment donné,
17:54 si on veut reconstituer de l'autorité à l'école,
17:57 dans la rue, d'une certaine manière, il y a des choses à faire,
17:59 mais Macron est mal parti pour ça.
18:01 Nous ne disposons plus, depuis 1996, d'une souveraineté
18:05 qui nous permettrait de reprendre les choses en main.
18:07 - Merci beaucoup, Michel Onfray, d'être revenu ce soir sur CNews
18:10 et sur "En repeint le fétiche et la marchandise".
18:12 Dernier de vos ouvrages, vos éditions de bouquins
18:14 et la revue "Front populaire" avec De Gaulle pour leur série
18:18 et le transhumanisme pour le numéro "En kiosque".
18:20 Merci beaucoup à vous. Merci, Louis de Raguet.

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