Laure Calamy _ Ce succès arrivé sur le tard est comme un bain de jouvence • FRAN

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00:00 *Musique*
00:09 *Musique*
00:13 Allez mon gros, on avance !
00:15 *Musique*
00:22 Qu'est-ce qui va pas ?
00:23 *Musique*
00:27 Tu vas avancer espèce de pourri de merde !
00:29 *Musique*
00:32 Le grand public l'a découverte en 2015 dans la série à succès 10%.
00:36 7 ans plus tard, Laure Calamy tient enfin le haut de l'affiche au cinéma,
00:40 avec des rôles remarqués, notamment dans Antoinette dans les Cévennes,
00:43 qui lui vaut le César de la meilleure actrice en 2020.
00:46 Ses choix engagés et son naturelle sympathie
00:48 confédèrent une comédienne incontournable ici en France.
00:51 Nous la retrouvons pour évoquer son dernier film, Les Cyclades.
00:54 C'est toujours compliqué les séparations,
00:56 mais après ce voyage, tu te rappelleras même plus de son nom.
00:59 *Musique*
01:00 On est en Grèce !
01:02 Démis Rousseau !
01:04 J'en fais trop c'est ça ?
01:05 J'ai plein de potes qui me disent que je suis bruyante.
01:07 J'ai même une pote qui m'appelle la Coupe Femme.
01:09 Laure Calamy, bonjour.
01:10 Bonjour.
01:11 Merci beaucoup de nous accorder un peu de temps.
01:13 Vous êtes extrêmement populaire aujourd'hui,
01:17 en tout cas depuis votre César pour Antoinette dans les Cévennes.
01:20 Sans doute, moi c'est mon ressenti, parce qu'on arrive à s'identifier à vous.
01:24 Ça fait du bien de voir quelqu'un qui nous ressemble à l'écran.
01:27 Est-ce que c'est comme ça que vous l'analysez ce succès ?
01:30 J'ai la chance de participer à des films qui sont très forts, très beaux.
01:37 Je pense que c'est ça qui…
01:42 Parfois, il y a des gens qui me disent « je vais voir vos films »,
01:48 je sais qu'à chaque fois il y a quelque chose…
01:50 Pour vous, pour votre travail, à vous.
01:52 Oui, et puis le choix des films aussi, c'est ce qu'on me renvoie aussi.
01:58 En tout cas, vous êtes extrêmement sympathique,
02:02 c'est à votre crédit, je peux vous le dire.
02:05 Et c'est encore le cas dans L'Ecyclade, ce nouveau film.
02:09 Vous jouez Magali, une femme qui s'assume,
02:13 elle a pour philosophie de croquer la vie à pleines dents.
02:16 Marc Fittoussi, le réalisateur, dit que Laure a mis beaucoup d'ailes dans cette Magali.
02:21 Est-ce que c'est vrai ?
02:23 Oui, oui, oui.
02:25 Non, mais disons, oui, oui, j'aime bien cette phrase de Despentes qui dit
02:30 « après 40 ans, on a tous l'air de ville dévastée ».
02:33 Et je trouve que les personnages comme Magali,
02:38 je trouve qu'avancé dans la vie, je vois parfois un rétrécissement,
02:44 de l'aigreur ou des tas de choses comme ça, ou de la tristesse.
02:48 On est moins vaillant peut-être que quand on a la jeunesse et la vie devant soi.
02:52 Et je trouve que ça, c'est une des grandes épreuves peut-être aussi de la vie,
02:56 de tenter de garder un peu de panache.
02:59 Parce qu'aussi, ce que je trouve beau dans ces personnages féminins,
03:03 c'est que c'est pas très souvent raconté, en fait, l'amitié entre femmes.
03:08 Pour moi, dans ma vie, mes amitiés féminines en particulier sont extrêmement importantes.
03:14 Sans mes amies, je ne serais pas là où j'en suis.
03:16 « Acherinos est la plus grande île des petites Cyclades.
03:18 Aujourd'hui semi-désertique, c'est à Acherinos que furent retrouvées
03:21 les célèbres statuettes du joueur de flux et du harpiste maintenant exposé à Athènes. »
03:24 « Génial ! Et après ? »
03:28 « Et ben c'est tout. »
03:30 « Y a pas les petites adresses là, où manger, où prendre une glace ? »
03:34 « Non. »
03:35 « Ce qui va nous sauver, c'est le semi.
03:39 Parce que si c'est semi-désertique, ça veut dire qu'il y a un endroit là,
03:42 quelque part, où c'est animé. »
03:45 Alors Magali, c'est vrai, renoue avec Blandine, son amie d'enfance.
03:48 Adolescente, elle s'était promis de fuguer jusqu'à Amorgos,
03:51 dans les Cyclades en Grèce, là où a été tourné le Grand Bleu,
03:55 qui est leur film fétiche à l'époque.
03:59 Mais la vie les a donc éloignées, aussi dans leur caractère.
04:02 Et elles se retrouvent alors qu'elles sont quasiment à l'opposé,
04:05 et même physiquement d'ailleurs.
04:06 Je crois que le réalisateur a un peu travaillé sur cette opposition.
04:09 « Ah ben bien sûr ! »
04:10 Parlez-nous de ce duo !
04:11 « L'opposition physique, elle est déjà très drôle.
04:14 C'est un héron cendré avec une espèce d'écureuil fou,
04:18 ou de rat gondin, on ne sait pas. »
04:21 « Non, ce n'est pas du tout le monde de Hiroshima. »
04:24 « Non mais donc voilà, est-ce qu'on comprend que son mari l'a quitté,
04:27 il y a une espèce d'aigreur, de truc horrible,
04:30 un peu d'Hiroshima intime.
04:33 C'est quand même très dévastateur, ce genre de choses.
04:36 Et puis d'autant plus pour les femmes qui passent ces 40 ans,
04:41 il y a quelque chose où d'un coup c'est comme si elles intériorisent énormément
04:45 qu'elles seraient périmées, plus bonnes,
04:49 plus sur le marché de la bonne meuf, comme dit Dépente.
04:52 On n'est pas mortes, tout va bien,
04:55 et il faut affirmer ses désirs, et puis s'octroyer
04:58 ce qu'on autorise aux hommes, se l'autoriser aussi comme femme,
05:02 de cheminer, d'être aventureuse. »
05:05 « Attends, là c'est le début d'une nouvelle ère.
05:08 Ton potentiel érotique va se déployer.
05:12 Mais je le sens, là.
05:15 Attends, tu te fous de ma gueule ? Un disson ?
05:18 Je ne savais même pas que ça existait.
05:21 Attends, il est vachement beau, lui, là. »
05:24 « C'est vraiment quelque chose que j'ai énormément apprécié dans ce film.
05:27 On en a déjà vu beaucoup, même des road movies féminins. »
05:31 « Mais qui finissent mal, souvent.
05:34 Le prix de la liberté, c'est souvent...
05:37 On nous parle souvent de Thelma & Louise, par exemple.
05:40 C'est le suicide, quoi, merci.
05:43 En fait, Buddy Movie, j'essaie de bien le dire,
05:46 parce qu'à chaque fois je dis presque Body Movie. »
05:49 « Buddy, oui, comme les potes en anglais. »
05:52 « Buddy Movie. Non mais film de potes, de potesse.
05:55 Il y a quelque chose où il n'y en a pas, quasiment. »
05:59 « Surtout avec des femmes de 40 ans et plus.
06:02 C'est hyper appréciable de le voir à l'écran. »
06:05 « Il y a aussi un troisième personnage, une troisième héroïne,
06:08 jouée par Christine Scott Thomas, qui est dans ce rôle de femme,
06:11 qui assume ses cheveux blancs, sa sexualité débridée,
06:14 mais qui est aussi effrayée par un retour,
06:17 on le découvre dans le film, d'un potentiel cancer du sein.
06:20 Ce qui est merveilleux, je trouve, c'est qu'elles sont toutes très différentes,
06:23 mais elles ne se jugent pas.
06:26 Par exemple, même ce choix de Blondine, de Magali, de ne pas avoir d'enfant.
06:29 C'est là, mais on a l'impression quand même qu'il n'y a pas... »
06:33 « Entre Blondine et Magali, si elles se jugent. »
06:36 « Ça ne les empêche pas de rester amies. »
06:39 « Ça va être un chemin. »
06:42 « Je pense que Blondine regarde vraiment Magali un peu comme une ratée au départ. »
06:46 « Quand elle la retrouve, elle se dit « qu'est-ce que c'est que ce boulet ? »
06:49 « C'est horrible. Elle a rien fait de sa vie. »
06:52 « Il y a quelque chose... »
06:55 « Et finalement, elle va commencer à voir que cette femme... »
07:00 « On sent qu'elle sait quand même qu'il y a une étincelle, qu'elle a intérêt à saisir. »
07:05 En tout cas, le film est vraiment... Il est beaucoup de questions de liberté dans ce film.
07:21 Et vous, on le voit encore dans cette interview, vous êtes très libre.
07:24 Vous êtes très libre dans votre rapport à votre corps.
07:27 Mais c'est aussi ce qui fait tout... Oui, votre charisme aussi à l'écran.
07:32 Par exemple, la nudité dans le travail, et on le voit encore dans le film, n'est pas un problème pour vous.
07:37 « Ah oui, je vais m'en oublier. »
07:39 « Ça me revient. »
07:41 « Pour moi, les corps humains, c'est beau, quel que soit le corps. »
07:44 « Qu'on soit dit bien foutu ou dit mal foutu. »
07:47 « Ou vieux ou jeune. »
07:50 « Je trouve que... Moi, j'aime beaucoup la danse et tout ça. »
07:53 « Il y a quelque chose où... »
07:55 « Moi, ce qui me touche souvent, c'est aussi l'intemporalité que ça permet d'être nue. »
08:00 On parle de votre liberté, on sent votre énergie.
08:03 Mais même s'il y a ce côté sympathique, etc.,
08:06 Marc Fitoussi dit qu'elle a cette volonté de contrôle
08:09 que peut avoir Isabelle Huppert, une exigence de précision folle.
08:13 Ça veut dire qu'il y a quand même énormément de travail derrière ce côté très accessible que vous avez, évidemment.
08:18 « Avant de commencer un film, sauf quand on a un truc précis de préparation,
08:22 comme à plein de temps, j'étais femme de chambre dans les hôtels de luxe,
08:25 il fallait que j'apprenne les gestes. »
08:27 « C'est génial quand on a une préparation, parce que ça permet de passer l'angoisse,
08:31 de pouvoir la mettre dans quelque chose. »
08:33 « C'était ultra propre chez moi, du coup, c'était génial. »
08:36 « Après, ça va se construire vraiment sur le moment, dans l'instant du tournage. »
08:40 « Parce que je peux pas prévoir, j'ai beau connaître Olivia Côte,
08:43 qui est mon amie depuis plus de 15 ans,
08:46 je ne sais pas comment on va jouer ensemble ces scènes-là. »
08:49 Alors, c'est aussi une de vos actualités, donc je vous en parle aussi.
08:52 On vous a vu récemment en militante du MLAC, dans Annie Collère,
08:57 lutter pour la dépénalisation de l'avortement dans les années 70.
09:01 « Comment tu t'appelles ? »
09:04 « Annie. »
09:05 « J'ai deux enfants. »
09:06 « Est-ce que tu as déjà avorté ? »
09:08 « Une fois. »
09:09 « C'était avec quoi ? »
09:10 « Des aiguilles à tricoter. »
09:11 « Tu veux le garder, c'est ça ? »
09:12 « Non Marie, c'est pas possible. »
09:14 « Jusque-là, c'est les hommes qui ont le pouvoir de décider de nous mettre en scintillant.
09:18 Alors si c'est nous les femmes qui pouvons choisir,
09:21 c'est la révolution. »
09:23 Évidemment, il n'y a pas de hasard dans le choix de vos films.
09:26 Je crois que vous dites « j'aime les femmes qui parlent haut et fort ».
09:29 Oui, Annie Collère justement, elle parle pas haut et fort pendant tout le...
09:36 Enfin, oui, puis elle...
09:37 Voilà, après elle prend...
09:39 Mais j'aime bien, mais...
09:40 C'est mieux pour elle.
09:41 Bien sûr, j'aime ça aussi, mais j'aime aussi les fragiles, les...
09:45 Enfin voilà, de toute façon, j'ai pas tellement de...
09:48 Mais ce que j'aime, c'est les cheminements en fait.
09:51 Les trajets, les...
09:54 La chrysalide, vous voyez, qui d'un coup...
09:58 Je trouve ça très beau à raconter, que ce soit dans un truc heureux ou pas d'ailleurs.
10:02 Ça peut être aussi dans le monstrueux, ce qu'on appelle le monstrueux.
10:05 Enfin, dans la violence, dans l'horreur, je ne sais pas.
10:08 Comme j'ai fait avec « L'origine du mal ».
10:11 Mais c'est ça que j'aime, c'est ça que je trouve passionnant.
10:15 Avec quand même une volonté féministe dans vos choix,
10:19 parce que vous avez cité plusieurs fois Virginie Despentes.
10:22 Vous avez un discours très fort, je trouve, sur la liberté des corps.
10:26 Non, bien sûr que ça m'importe le regard du réalisateur ou de la réalisatrice.
10:32 De toute façon, dans les choix de mes films, des personnages,
10:36 il y a quelque chose comme ça.
10:38 Après, moi, dans les personnages que je joue,
10:41 je n'ai pas de... Enfin, j'aime bien être...
10:45 Je suis amorale. Enfin, moi, je suis...
10:48 C'est le principe des actrices et des acteurs.
10:50 C'est-à-dire qu'on les défend, nos personnages, quels qu'ils soient.
10:53 Quand même, je ne sais pas, je joue...
10:56 Vous ne les jugez pas, vous n'êtes pas là pour juger les personnages.
10:59 Je suis là pour comprendre, je suis là pour explorer.
11:02 Comment on pense comme ça ?
11:04 Même tout simplement, même si je jouais, je ne sais pas,
11:07 à quelqu'un qui est... Je ne sais pas...
11:10 -Une tueuse en série. -Un tyran, une tueuse, je ne sais quoi.
11:13 Je veux dire, je trouve passionnant d'essayer de...
11:16 Oui, de comprendre et de voir par quoi on passe.
11:20 Oui, oui, nous, on est un peu des...
11:22 Voilà, comme des avocats de l'humanité, un peu.
11:25 Enfin, non, mais ça fait grandiloquente de dire comme ça.
11:27 Mais je veux dire, il y a quelque chose comme ça,
11:29 en tout cas, de raconter l'être humain dans toute sa complexité.
11:32 Voilà, c'est ça qui me passionne.
11:34 -Dernière petite question, ça n'a pas été le succès immédiat.
11:36 Pour vous, il y a eu 10 %, et puis il a fallu donc attendre
11:38 ces années de la quarantaine pour ce César et cette consécration.
11:42 Est-ce que le succès est encore meilleur quand il vient un peu plus tard ?
11:45 -Oui, oui, oui, c'est une...
11:48 C'est des cellules renouvelées, on va dire.
11:51 (Rires)
11:52 C'est un vent de jeunesse, d'un coup, qui est...
11:54 Non, mais c'est très agréable, même si moi, je considérais que je...
11:58 Je...
12:00 Moi, je travaillais comme actrice, alors peut-être pas aussi...
12:04 Évidemment, c'est génial d'avoir...
12:06 De connaître que les films que je fais, ils sont vus,
12:10 les 10 %, enfin...
12:12 Évidemment, c'est incroyable.
12:14 J'aurais jamais imaginé qu'une chose pareille m'arriverait.
12:17 (Rires)
12:18 Donc, c'est pour ça, c'est une fontaine de jouvence.
12:20 Oui, c'est bien.
12:21 -Vous n'en avez pas vraiment besoin.
12:23 Vous respirez la jeunesse, en tout cas.
12:25 -Bon, bah, tant mieux.
12:26 -Merci beaucoup, Lorca Lamy.
12:27 -Merci à vous.
12:28 -Et puis, bravo pour le film.
12:29 -Merci.
12:30 -Tu te rappelles qu'on voulait fuguer à Vangos ?
12:32 On avait tout planifié.
12:33 Le bateau à Marseille, l'escalade à Athènes...
12:35 -Et pourquoi on n'est pas partis ?
12:36 (Rires)
12:37 (Musique)
12:45 -Vous avez regardé votre programme avec ÉcoGaz.
12:47 ÉcoGaz vous informe des tensions sur le réseau gazier français.
12:50 Campagne soutenue par GRT Gaz.
12:52 -Hello la famille, je vous donne rendez-vous pour de nouveaux épisodes.
12:56 Chaque semaine, deux légendes urbaines au programme.
12:59 Des coups de cœur, des coups de gueule, des parcours de vie incroyables.
13:03 Et surtout, surtout, la face cachée,
13:06 qu'on ne voit que trop peu souvent, de ces artistes urbains mondiaux.
13:10 En attendant, paix, amour, lumière sur vous.
13:13 Point de l'info.
13:14 -Légendes urbaines.
13:15 Désormais sur France 24 et france24.com.
13:18 (Rires)
13:19 ♪ ♪ ♪

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