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  • il y a 2 ans
Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris était l'invité de France Bleu Paris

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00:00 Laurent Nunez, bonjour. Préfet de police de Paris, donc vous êtes en charge de notre sécurité à Paris, mais aussi en petite couronne.
00:07 Et ça fait un an aujourd'hui, un an que vous avez évacué les craqueurs du square Forceval, port de la Villette, dans le 19ème.
00:14 Pour toi, ils sont toujours là, aérés, éparpillés, dans le 18ème, dans le 19ème, ou même autour de la gare du Nord. Est-ce que c'est un échec ?
00:22 Non, c'est pas du tout un échec. L'objectif qui m'avait été fixé, c'était de démanteler d'abord le camp de Forceval. Vous vous souvenez, ce camp où se regroupaient plusieurs centaines de consommateurs de craques,
00:32 et évidemment des trafiquants qui venaient leur vendre du craque. Et autour de cette zone, il y avait énormément de violence, énormément de violence, d'agression, vous vous souvenez quoi.
00:41 Un monsieur avait été même agressé, il était décédé quelques jours plus tard, donc il y avait des faits extrêmement graves.
00:48 Donc nous avons démantelé ce camp, et effectivement les consommateurs cherchent à reconstituer un lieu de consommation massif à ciel ouvert, en permanence, effectivement.
00:57 Comme vous dites, ils errent dans le nord-est parisien, et je déploie un dispositif policier et de gendarmes mobiles exceptionnels pour éviter qu'il y ait cette reconstitution d'un camp, de la consommation de ciel ouvert.
01:10 Donc évidemment, on a démantelé le camp, et on disperse ces consommateurs qui essaient de se réimplanter en permanence.
01:19 - Mais votre objectif, c'était pas d'évacuer le camp, votre objectif c'était d'éradiquer le craque.
01:24 - Oui, mais éradiquer le craque, ça veut dire plusieurs choses. D'abord, moi je déploie un dispositif policier de voie publique qui est exceptionnel.
01:29 J'ai chaque jour entre 100 à 800 fonctionnaires de police ou militaires, des gendarmes mobiles, qui sont déployés sur le nord-est parisien, ce qui est exceptionnel.
01:37 Pour éviter qu'un point de cristallisation se crée.
01:41 - Donc on n'a plus de point de cristallisation, mais on les a dispersés.
01:47 - Non, mais on a beaucoup moins de consommateurs qui sont dispersés, et que l'on disperse très régulièrement dès qu'ils s'implantent à un endroit, dès que les riverains nous signalent.
01:55 On est sur 100 à 150 consommateurs, qui forceval, à certains moments, c'était 800 consommateurs qui étaient regroupés.
02:03 Puis surtout, on interpelle beaucoup, beaucoup, beaucoup de modus, des trafiquants.
02:07 Vous savez ça, depuis le début de l'année, depuis 2023, on a 357 trafiquants qui ont été interpellés.
02:16 L'année dernière, c'était 250 sur toute l'année. Donc on interpelle beaucoup de trafiquants.
02:21 - Interpellés, et ensuite, ils deviennent quoi ?
02:22 - Ils sont condamnés. Vous savez, quand on interpelle un trafiquant, c'est qu'on a constaté l'action de transaction, et la procureure de Paris nous suit, il fait un travail remarquable également.
02:30 Et généralement, ils sont condamnés plusieurs années, et quand ils sont en situation irrégulière à l'issue, ils sont évidemment reconduits.
02:35 Mais ce que je veux vous dire, c'est qu'il faut que vos auditeurs et téléspectateurs comprennent bien une chose, c'est qu'en termes d'action policière et répressive,
02:42 ce que vous dites que c'est un échec, on ne peut pas faire plus que ce qu'on fait, et ce qu'on fait, c'est très bien.
02:47 C'est-à-dire qu'on est présent, on disperse, on rassure, et on interpelle les trafiquants.
02:51 Après, ce qui reste sur la voie publique, et qui pose ces nuisances que je comprends parfaitement pour les riverains, ce sont des consommateurs.
02:58 Ce sont des consommateurs qui ont besoin d'un traitement sanitaire, social.
03:03 Ce ne sont pas mes policiers qui vont les prendre en charge de ce point de vue-là, moi je ne demande pas à des médecins de démanteler des trafics de stupéfiants.
03:11 Donc ce qu'on fait, on est au maximum de ce qu'on peut faire, mais je veux en même temps rassurer, on va continuer, on restera présents tant qu'il y aura des consommateurs.
03:18 - Alors on va demander à Christophe, à Christophe qui nous a appelé.
03:20 - Si le dispositif sanitaire et social ne monte pas plus en charge, j'y reviendrai, parce qu'il y a beaucoup de choses qui sont faites.
03:24 Mais si on ne va pas plus loin, si on ne va pas plus fort, on ne réglera pas définitivement le problème, et pour reprendre votre expression, on n'éradiquera pas définitivement le krach.
03:33 - Christophe qui nous appelle au 01 42 30 10 10 justement, on va lui demander s'il est rassuré par ce que vous venez de dire, Christophe qui habite autour de Salingrade.
03:43 - Bonjour Christophe déjà, bonjour.
03:45 - Bonjour.
03:47 - Et vous, vous avez des toxicomènes autour de chez vous ?
03:51 - Alors ce qu'on va faire Christophe, on ne vous entend pas à côté téléphone, on va vous rappeler.
03:58 - Visiblement, il dit qu'on déplace les crackers et qu'il faudrait peut-être réfléchir à une autre solution pour résoudre le problème.
04:05 - Christophe a raison, il a raison, il faut l'autre solution.
04:11 - Mais alors c'est quoi l'autre solution ?
04:13 - Mais c'est que ces gens doivent être pris en charge, on ne peut pas laisser des gens qui sont...
04:16 - Mais vous deviez travailler à un plan de coordination avec l'ARS, avec les élus pour cette prise en charge.
04:24 - On travaille avec les élus, on travaille avec l'ARS, on travaille avec d'autres services de l'état pour cette prise en charge sanitaire et sociale.
04:28 - Je fais partie de cette coordination, je l'impulse, mais je ne suis pas responsable de toutes les actions.
04:33 - Mais alors on en est où ?
04:35 - Pour ce qui est de la police et de la justice, le travail il est fait, on va le continuer.
04:43 - Et le résiduel c'est maintenant une prise en charge sanitaire et sociale qui doit monter en puissance.
04:48 - Alors il y a des actions qui ont été lancées, attention, je ne dis pas que rien n'est fait, au contraire, beaucoup de choses sont faites.
04:53 - Vous savez, les consommateurs de crack, il y en a 610 au moment où on se parle, qui sont accueillis toutes les nuits dans des dispositifs de prise en charge sanitaire et sociale.
05:01 - Il y a encore très peu de temps, c'était 200 places, on est passé à 610.
05:05 - Il y a des prises en charge en milieu hospitalier aussi qui ont augmenté, on est passé de 35 à 50.
05:10 - Mais ce dispositif, il doit encore monter en puissance.
05:13 - Vous êtes toujours contre les lieux de consommation encadrés ?
05:17 - Il y en a un qui est à titre, il y en a un qui est expérimenté, à la Riboisière, moi je n'ai pas à me positionner là-dessus, c'est une décision politique.
05:26 - Je ne crois pas que ce soit la solution du tout au problème, la solution au problème, elle est que ces consommateurs de crack maintenant,
05:31 - qui errent dans les rues, soient pris en charge au plan sanitaire et social.
05:34 - Mais je veux rassurer Christophe et d'autres riverains, parce que le quartier de Stalingrad, on y passe tout le temps, c'est compliqué, surtout le soir, sur la place Stalingrad, sur les caisselles.
05:42 - Justement, demandons-lui parce qu'il est avec nous.
05:44 - C'est compliqué, on y passe tous les soirs pour disperser des consommateurs qui se regroupent à 100 mètres.
05:47 - Christophe, dans le quartier de Stalingrad à Paris, votre quotidien, bonjour.
05:50 - Bonjour Christophe.
05:51 - Oui, bonjour. Alors en fait, moi j'habite du côté de la place Connais-le-Fabien, mais c'est vrai que dès qu'on se déplace vers Stalingrad, ou vers le boulevard de la Chapelle,
05:59 - il y a de nombreux craqueurs, il y a de nombreux drogués, on voit des personnes qui titubent, qui sont complètement en mode zombie, et c'est pas rassurant du tout,
06:08 - parce qu'ils agressent les passants, on n'est pas du tout en sécurité.
06:14 - Et quand c'est comme ça, vous appelez la police, vous laissez faire, vous changez de trottoir, quel est votre quotidien réel ?
06:21 - En fait, le quotidien réel, c'est qu'on ne cherche pas non plus les ennuis, et le réflexe effectivement, c'est d'éviter les problèmes,
06:30 - donc c'est d'aller plus loin, c'est de changer de trottoir, oui effectivement, c'est de bouger complètement.
06:35 - Et puisque le préfet de police est avec nous, quelles questions aimeriez-vous lui poser Christophe ?
06:39 - En fait c'est simple, aujourd'hui le camp a été démantelé, je suis d'accord, mais ça a juste déplacé le problème.
06:46 - Le problème, il a été sur Aubervilliers, il était sur Pantin, il revient sur Paris, le problème il circule, mais il n'est pas réglé.
06:54 - Après, peut-être que le préfet de police devrait s'allier à d'autres pouvoirs pour régler définitivement le problème.
07:06 - Effectivement, le préfet de police, il n'est pas médecin, mais se coordonner avec des services hospitaliers pour aider les consommateurs à régler le problème,
07:18 - là, ça permettrait peut-être d'éradiquer le souci.
07:21 - Bonnes ou mauvaises idées, Christophe ?
07:23 - Merci Christophe. Ce que dit Christophe, c'est qu'effectivement ça dure, 30 ans que ça dure, il y a eu la colline du Crac,
07:30 - on a évacué aussi les Jardins et Halles, maintenant le Square Fort-Séval, et aujourd'hui ce sont des riverains qui sont obligés de changer de trottoir.
07:36 - Ou déménager parfois.
07:38 - Ou déménager.
07:39 - D'abord, sur le constat en termes de solutions qui est fait, moi je partage, il faut qu'il y ait une meilleure coordination avec d'autres acteurs
07:48 - qui soient en capacité de prendre en charge ces personnes. Je vous redis, la police, on est pied au plancher, on ne pourra pas faire plus.
07:54 - Mais il y a quoi comme action ? Qu'est-ce qui se passe ?
07:55 - Les actions c'est de prendre en charge ces personnes, il y a des actions sanitaires ou sociales, ce sont des gens qui peuvent être hospitalisés,
08:00 - il faut ouvrir des places, il faut qu'il y ait un dispositif de prise en charge de ces personnes pour les sortir de leur...
08:06 - Il y a un plan, il y a un objectif ?
08:07 - Ecoutez, ce n'est pas de ma responsabilité. Ce n'est pas de ma responsabilité. Moi, ce que je souhaite c'est que les autres acteurs montent en puissance,
08:14 - c'est le cas, ils sont en train de monter en puissance, et il n'y a qu'à ce moment-là qu'on éradiquera définitivement le problème, qu'il n'y aura plus de consommateurs.
08:20 - Maintenant, ce que dit Christophe, votre auditeur, est exact, effectivement, je ne peux pas vous laisser dire, si vous voulez, qu'on a déplacé le problème.
08:29 - Le mot n'est pas exact. On a démantelé un camp, et on a des consommateurs en nombre plus réduit qui cherchent à le reconstituer.
08:39 - Pourquoi ? Parce que c'est là que les trafiquants viennent les trouver. Il faut que vous expliquiez, enfin je me permets d'expliquer à vos auditeurs et aux téléspectateurs,
08:45 - pourquoi ces gens dans la rue se regroupent à des endroits ? C'est parce que c'est là que les trafiquants, qui exploitent cette détresse sociale, sanitaire,
08:52 - c'est là que les trafiquants les retrouvent. Et nous, nous les dispersons en permanence.
08:56 - Avec 800 policiers, donc 800 policiers. - Oui, les grosses journées, on peut monter jusqu'à 800, et on a au minimum 100 à 150 policiers et gendarmes qui ne font que ça toute la journée.
09:06 - Et tous ces policiers, ils vont rester après les JO ?
09:09 - Mais ils resteront tout le temps, tant qu'il y aura des consommateurs, tant que Christophe croisera des consommateurs errants sur les rues, dont certains, je le confirme, peuvent avoir un comportement agressif.
09:18 - Dont certains peuvent avoir un comportement agressif, tant qu'ils seront là, nous serons là.
09:22 - 014-230-1010, pour réagir et poser vos questions ce matin. Laurent Nunez, le préfet de police de Paris.
09:27 - Votre problème aussi, Laurent Nunez, c'est que ça fait tâche pour les JO, tous ces craqueurs, et les sans-abri aussi, qu'on évacue.
09:34 - Oui, c'est un problème que nous sommes en train de régler, et puis pour les JO, comme vous le savez, pour les JO, on aura quand même un dispositif policier et de gendarmerie qui sera renforcé et qui sera augmenté significativement.
09:47 On aura du bleu partout, dans Paris, en Petite Couronne, donc le souci, c'est pas tant les JO, moi, je ne me positionne pas dans l'action que je mène, et dans l'action que me demande de mener le ministre pour lutter contre la délinquance à Paris, en Petite Couronne, et pour lutter contre le trafic de stupes, par rapport aux JO, c'est une action permanente.
10:03 Ça sera l'héritage des jeux. Le but, c'est de régler définitivement les problèmes. On ne se positionne pas que par rapport aux JO, évidemment.
10:10 - Est-ce qu'il y a des évacuations vers la province qui montent en puissance depuis le printemps, justement, pour faire place nette en vue des JO ?
10:20 - Alors, non, c'est pas pour faire place nette. D'abord, c'est pas de ma compétence, je tiens à le dire, c'est le préfet de région, Ile-de-France, qui gère cela.
10:27 Mais évidemment, la préfecture de police l'accompagne dans la mise en œuvre opérationnelle. Il y a effectivement des prises en charge qui sont effectuées de migrants, qui sont effectuées en province.
10:37 Mais c'est pour pouvoir répondre à la demande. On n'est pas dans une... - Rien à voir avec les JO ? - Rien à voir avec les JO, petit 1.
10:45 - Coïncidence de calendrier. - Concernant les consommateurs de crack, aussi, là, l'essentiel ne sont pas les migrants, mais pour les consommateurs de crack aussi,
10:51 l'ARS a fait un travail qui a permis de trouver des places d'hospitalisation qui sont également en province. Il ne s'agit pas de déplacer les gens en province, il s'agit d'offrir, d'être en capacité d'offrir des places.
11:01 On a une cinquantaine de places, je parle des consommateurs de crack, on a une cinquantaine de places qui sont en province, d'hospitalisation, et qui nous permettent...
11:09 - Donc on a déplacé une cinquantaine de toxiques en province ? - Non, on n'a pas déplacé, on augmente notre capacité de prise en charge de ces personnes.
11:15 Voilà, c'est ça qui est important. Donc on a une cinquantaine de places à Paris, on en a une cinquantaine en province, c'est-à-dire que ce sont des gens qui sont hospitalisés pour sortir de l'addiction.
11:23 Et c'est comme ça qu'on réglera le problème, quand on sortira ces personnes de l'addiction. D'un point de vue policier et de justice, je redis qu'on est au maximum de ce qu'on peut faire,
11:32 on continuera à disperser les gens, on continuera à interpeller des trafiquants. - Et combien de sans-abri et de migrants ont été pris en charge en province ?
11:41 - Ecoutez, ce sujet n'est pas de ma compétence, je préfère ne pas en parler, je vous dirais des bêtises.
11:47 - Un mot sur la sécurité des Jeux Olympiques, puisque vous êtes quand même attendu au tournant, elle vous inquiète, cette cérémonie d'ouverture ?
11:55 - La cérémonie d'ouverture, non, il n'y a pas d'inquiétude particulière, ça demande un gros travail, c'est un événement assez exceptionnel.
12:01 Une cérémonie d'ouverture qui se déroule en plein air, ça ne s'est jamais fait.
12:06 - Est-ce qu'on a une idée de la jauge ? - Non, pas encore, parce qu'on y travaille, il y aura plusieurs centaines de milliers de personnes,
12:14 sur la cérémonie d'ouverture, il y a un public. - Vous êtes plutôt sur le comptage en bas, on va dire, 400 000 ?
12:20 - On est sur 100 000 au quai bas, vous savez, donc les spectateurs payants du Cojo, et puis on est en train de travailler à la jauge sur les quais hauts,
12:28 donc il y aura plusieurs centaines de milliers de personnes, mais on l'affinera.
12:31 Évidemment, la jauge, ce n'est pas d'un coup de baguette magique, je vous dis ce matin sur France Bleu, voilà, c'est tendre, on est encore en train d'y travailler,
12:37 par rapport aux capacités d'encadrement policier, mais surtout par rapport aux entrées, sorties du public d'un certain nombre de périmètres.
12:43 C'est ça qui compte pour éviter les mouvements de foule.
12:45 - Laurent Nunez, une dernière question, peut-être concernant un sujet qui préoccupe pas mal de France Iliens en ce moment, les punaises de lit.
12:53 - Oui, alors je... - Qu'est-ce que vous pouvez faire, vous préfet de police de Paris ?
12:57 - Voilà, ce n'est pas dans les compétences du préfet de police de gérer ces problèmes sanitaires.
13:01 - Ça l'a été, dans les années 50-60 ?
13:04 - Oui, oui, il y a très longtemps, effectivement, le préfet de police, mais il n'y avait qu'un préfet qui s'occupait de toutes les thématiques,
13:10 celle-ci n'est pas de mon ressort de compétences.
13:12 - Merci beaucoup, Laurent Nunez, d'avoir été avec nous ce matin, le préfet de police de Paris, donc, et répondez à vos questions sur la sécurité.
13:20 - Et notamment à 295, vous savez qu'ici on tient le décompte, on est à 200.
13:24 - Nous aussi, nous aussi on tient le décompte. - Vous aussi vous êtes con, bien sûr.
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