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  • il y a 2 ans
Le journaliste Jean-Pierre Elkabbach est décédé à l'âge de 86 ans. Il avait commencé sa carrière en 1960 sur la radio RTF, avant de travailler pour France Inter et Europe 1 notamment.

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Transcription
00:00 Je pense, sans vouloir jouer les grandes illocences, que c'était le meilleur intervieweur qu'on ait eu.
00:06 J'en connais pas qui lui soit comparable, à la fois par l'incroyable acharnement qu'il mettait pour arracher l'assentiment d'un invité,
00:17 y compris des premiers ministres qui faisaient finir par réveiller à 4h du matin, ce que j'ai connu,
00:23 y compris pour décrocher une interview avec Assad, il s'y préparait, s'il le fallait, 6 mois à l'avance.
00:31 Donc il y avait cet acharnement qui, je crois, est vraiment unique.
00:36 Il y avait ensuite la méticulosité avec laquelle il préparait ses interviews jusqu'au bout.
00:44 Il les préparait presque trop, y compris avec ceux qu'il allait interroger, mais du coup il arrivait à en tirer ce que les autres n'en tiraient pas.
00:52 Il y a des moments quand même d'anthologie. Bon, on en a eu beaucoup ensemble.
00:57 - Ensemble, on va en parler, évidemment.
00:59 - On a interrogé Sadat, quand on a interrogé le président de la République, quand on a interrogé tous les leaders, etc.
01:04 Mais ce qui me frappait, c'était que, quelles que soient les circonstances, il lui fallait absolument jusqu'au bout tout préparer,
01:13 discuter avec ceux qu'il allait interroger. Moi, j'avais horreur de ça, de discuter à l'avance.
01:17 Mais lui, il adorait ça, il était comme ça. Il était inépuisable, incroyablement inventif, mais il arrivait en plus,
01:29 alors ça, c'était un don de la nature, à créer dans chaque interview une dramaturgie permanente.
01:36 Il était l'auteur d'une dramaturgie. Et du coup, les interviews avec lui prenaient à la fois une densité,
01:44 et une densité souvent assez obscure, souvent assez triste d'ailleurs, mais très impressionnante,
01:52 parce qu'il portait des tragédies avec lui. Il vivait l'histoire comme une tragédie, il vivait ses interlocuteurs
01:59 comme les acteurs d'une tragédie. Et à vivre ça et à partager ça avec lui, c'était une expérience vraiment très particulière.
02:10 Mais pour moi, les interviews les plus exceptionnelles, je pense même uniques qu'il a réussi à faire,
02:17 sont évidemment la série d'interviews avec François Mitterrand sur "Le point de mourir",
02:22 et dans lequel au fond, François Mitterrand a réglé ses comptes avec sa mémoire.
02:28 Et c'est Jean-Pierre qui lui a arraché... Quand il allait voir François Mitterrand, il le trouvait allongé sur un sofa,
02:35 à peine capable de parler, et puis ils se retrouvaient tous les deux, et ils arrivaient à sortir des documents.
02:42 Quand on repassera ça, je crois que dans l'histoire de la télévision française, c'est unique.
02:48 Bon, alors par ailleurs, c'était un patron, un patron difficile, exigeant, coléreux, impatient,
02:56 perfectionniste, voulant toujours tout améliorer, tout inventer, tout changer, tout incarner,
03:02 prenant des risques souvent déraisonnables. Il se mettait en péril sans arrêt.
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