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  • 20/09/2023
La maison de Serge Gainsbourg, au 5bis rue de Verneuil de Paris, va être ouvrir au public mercredi. L'endroit est resté comme il l'était à la disparition de l'artiste en 1991. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-20-septembre-2023-3908158

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00:00 recevons une actrice réalisatrice chanteuse en ce jour d'ouverture au public de la maison
00:05 et du musée Gainsbourg à Paris.
00:07 Question, réaction, 0145 24 7000 et sur l'application France Inter.
00:13 Charlotte Gainsbourg, bonjour.
00:14 - Bonjour.
00:15 - Bonjour, bonjour.
00:16 - Et merci d'être à ce micro ce matin.
00:19 Le 5 bis rue de Verneuil dans le 7ème arrondissement de Paris était l'adresse de votre père,
00:24 là où il vécut, là où il est mort, en mars 1991.
00:27 C'était aussi le lieu de mémoire pour tous ceux qui l'ont aimé et qui ont écrit, dessiné,
00:33 tagué, graffé les murs de la façade depuis 30 ans.
00:37 Aujourd'hui, Charlotte Gainsbourg, vous ouvrez les portes et vous accueillez le public chez
00:41 votre père dans ce lieu si important pour vous, celui de votre enfance, de votre famille,
00:46 ce lieu de l'artiste culte que fut Gainsbourg.
00:50 On a eu la chance de pouvoir le visiter avec Léa samedi dernier, à la fois la maison
00:55 et le musée qui se trouvent en face et on doit vous dire que c'est une expérience unique,
01:00 magnifique, à voir qu'on soit fan de Gainsbourg ou non.
01:04 Dites-nous ce matin, Charlotte Gainsbourg, ce que vous ressentez aujourd'hui en ce jour
01:09 d'ouverture au public.
01:10 Est-ce que vous êtes soulagée ? Est-ce que vous êtes heureuse ? Est-ce que vous êtes
01:13 fière ?
01:14 - C'est plein de sentiments mélangés mais c'était tellement un compte à rebours jusqu'à
01:19 aujourd'hui qu'il y a eu une excitation évidemment qui s'est passée mais avec beaucoup d'appréhension,
01:30 beaucoup de tristesse et de douleur avec ma mère morte en juillet.
01:41 Je me suis demandé si je repoussais l'ouverture et puis non, ça ne servait à rien de repousser.
01:49 Donc c'est chargé de tellement de sentiments mélangés mais quand même c'est vrai, 32
01:56 ans c'est tellement énorme.
01:57 - Vous en avez mis du temps, 32 ans à vous demander quoi faire de ce lieu, en faire un
02:03 musée, en faire un endroit d'exposition, le laisser à l'identique, le changer.
02:09 Vous avez même imaginé le vendre, Charlotte Gainsbourg, ce à quoi votre compagnon Yvan
02:12 Attal vous a répondu "tu te fous de ma gueule".
02:15 - Ah bon ? Je ne me souviens pas.
02:17 Sans doute, il m'a répondu plein de trucs en 32 ans parce que lui aussi ça fait 32 ans.
02:24 Non, mais c'était un long long chemin parce qu'un jour je voulais que les gens rentrent,
02:29 le lendemain je voulais fermer la porte.
02:32 C'était une longue bataille aussi parce que j'ai quand même essayé.
02:36 Je suis allée voir tout le monde pour qu'il m'aide mais le lieu est tellement minuscule
02:41 qu'on ne pouvait pas en faire à priori un lieu public sauf d'avoir un lieu annexe où
02:47 on peut accueillir les gens et c'est le cas aujourd'hui.
02:50 - Oui parce qu'il faut expliquer qu'il y a deux visites en fait.
02:53 Quand on arrive dans cette petite rue de Verneuil à Paris, il y a la maison de Gainsbourg qui
02:57 est laissée à l'identique où on se balade.
02:59 Vous dites qu'elle est petite, c'est vrai qu'elle est petite.
03:01 Ce qui marque c'est son humilité, elle ce n'est pas du tout ostentatoire.
03:04 On arrive, on nous donne des écouteurs et là on entend votre voix.
03:09 Ça dure 30 minutes la visite et on voit…
03:11 - C'est vous qui nous guidez.
03:12 - C'est vous qui nous guidez.
03:13 Et puis il y a une deuxième expérience qu'on a faite avec Nicolas, c'est que vous traversez
03:17 la rue et vous avez un musée aussi qui n'est pas grand, qui est petit, où il y a tous
03:22 les objets, tout ce qui a appartenu à Serge Gainsbourg et qui vous semblait important.
03:27 Pendant ces 32 ans, vous y alliez souvent ou pas ? Seul ou pas ? Avec vos enfants ou pas ?
03:34 Un peu de tout, mais surtout seul au départ.
03:37 C'était très chargé dans ma tête, évidemment, quand mon père venait de mourir.
03:46 Mais pendant 10 ans, ça a été assez difficile.
03:50 Et puis après, c'est vrai que j'ai amené mes enfants, j'ai amené Yvan, j'ai amené
03:55 des personnes qui me demandaient, des personnes proches, donc bien sûr.
03:59 Et puis j'y allais avec quelqu'un qui entretenait la maison, donc c'était souvent des rendez-vous
04:07 un peu pour rafistoler un truc, réparer, faire qu'elle ne bouge pas.
04:13 Donc faire le ménage aussi, en déplaçant à peine les objets.
04:17 Mais c'était très sacré.
04:23 Tout était sacré pour moi.
04:25 Vous avez tout conservé, rien enlevé, jusqu'aux brosses à dents dans le cabinet de douche,
04:30 les boîtes de conserve dans la cuisine.
04:33 Comment vous avez conservé tout ça ? Rien n'a explosé ?
04:36 Mais c'est aussi un refus d'accepter sa mort.
04:42 J'avais 19 ans, donc j'étais quand même jeune et je n'ai pas su faire.
04:48 J'ai figé le temps, pas dans l'espoir qu'il revienne, mais il y avait quand même
04:56 cette idée qu'une fois que je rentrais, rien n'avait bougé, rien n'avait changé.
05:01 Donc j'étais en 91.
05:02 Et c'est ce sentiment qu'on a, nous, quand on y entre, le sentiment d'une maison totalement
05:09 imprégnée.
05:10 Sur le canapé, on voit encore la trace laissée par le corps de Serge Gainsbourg.
05:15 Sur le velours, il y a les mégots de ses cigarettes dans le cendrier.
05:19 On a l'impression qu'il va entrer dans la pièce, que son esprit est toujours là.
05:23 J'imagine que c'est ce que vous vouliez à la fois préserver et partager ?
05:27 Alors à la fin, partager, oui.
05:30 Je me suis demandé comment les gens pourraient visiter.
05:33 D'abord, c'était toujours par petits groupes.
05:36 Mais après cette visite avec une bande-son, c'est venu grâce à un ami qui m'a enregistré,
05:44 pas forcément pour faire ce parcours, mais qui a enregistré, justement parce que je
05:49 ne savais pas ce que la maison allait devenir, toutes mes impressions pour garder une mémoire
05:58 de mes impressions d'enfant et puis de tous les détails qui pouvaient me passer par la
06:04 tête.
06:05 Il a fait après un montage tellement sensible, avec beaucoup de pudeur, malgré mon impudeur
06:12 à tout dévoiler, je trouve qu'il a su faire avec… Je ne voulais pas qu'on entende
06:18 la voix de mon père.
06:19 J'avais peur du côté fantôme.
06:23 Et en fait, je trouve ça très beau quand il apparaît, quand on l'entend, qu'on
06:28 entend un peu ma mère, on entend des voix d'enfant.
06:30 C'est fait avec beaucoup de goût, je trouve.
06:34 Comme a dit Nicolas en sortant, c'est une expérience muséographique inédite.
06:38 Je ne connais pas de musée, en tout cas en France, peut-être à l'étranger il y en
06:44 a, où c'est ça, où il y a une expérience sensorielle un peu particulière.
06:48 Je l'ai faite grâce à lui d'ailleurs, Stéphane Krasnansky, qui travaille souvent
06:52 avec Patti Smith et qui l'a fait à Pompidou, où il y avait ce système de casse.
06:57 Justement juste avant, j'ai pu en faire l'expérience et on se baladait, mais c'était
07:01 un lieu ouvert.
07:02 Voilà, ce n'était pas un lieu habité, c'est ça la différence.
07:06 La première pièce dans laquelle on entre, c'est le salon.
07:08 On a ce salon où il recevait tout le monde, ses amis, les journalistes pour les interviews,
07:13 les flics la nuit, vous dites, il invitait tout le temps, il adorait les policiers et
07:17 les taxis qui venaient le voir.
07:19 Cette pièce, elle est marquée par trois choses.
07:21 D'abord la musique, les disques d'or sont partout, sur la cheminée, par terre, ceux
07:25 de Birkin, d'Adjani, de vous.
07:26 Il y a aussi évidemment les deux pianos, dont le magnifique piano à queue.
07:29 Ensuite, la deuxième chose, c'est la presse, qu'il lisait partout.
07:32 On voit la presse, vous avez gardé les journaux d'époque.
07:34 Il gardait tous les journaux, parfois il les affichait au mur.
07:37 Et puis la troisième chose, pardonnez-moi de vous le dire, c'est le sexe.
07:40 Dans le salon, mais plus largement partout dans la maison, les photos des femmes qu'il
07:44 a aimées, les photos nues, beaucoup de femmes nues et de fesses nues.
07:48 Oui, que j'ai toujours trouvé très beau.
07:51 Ça ne m'a jamais interloqué.
07:57 J'ai fait pareil chez moi.
07:58 Et mes enfants m'ont dit, quand même, tu ne peux pas cacher ce sexe.
08:02 Donc j'ai compris que ça pouvait être gênant.
08:06 Moi, toute mon enfance, c'était tout à fait normal.
08:09 - Léa mentionne les coupures de presse.
08:12 Elles sont toutes consacrées à la musique, sauf une.
08:15 Tout de suite, à l'entrée du salon, sur la gauche, c'est la une de la Libre Parole,
08:20 le journal antisémite d'Edouard Dorumont.
08:23 A la une, on peut lire l'affaire, c'est sur l'affaire Dreyfus, avec cette manchette,
08:28 "Le traître condamné abat les Juifs".
08:30 Cette une date du 10 septembre 1894.
08:34 Pourquoi c'était, selon vous, important pour lui, juif, d'afficher ce journal dans son entrée ?
08:41 Ce journal-là était-il important pour lui ? Est-ce qu'il vous en parlait ?
08:45 - En fait, j'ai su après que c'est mon oncle, le frère de ma mère, qui a trouvé dans
08:55 une maison abandonnée toute une collection de la Libre Parole.
09:00 Donc il lui a évidemment offert.
09:02 Et oui, c'était vachement important pour mon père.
09:06 Mais à l'époque, il y avait des tags antisémites sur la façade.
09:09 Enfin, il était quand même attaqué assez souvent là-dessus.
09:13 - Il y avait des tags antisémites sur la façade de la Rue d'Or ?
09:17 - Oui, il y avait des tags antisémites.
09:18 Tous les tags méchants, il les gommait.
09:19 Il les effaçait et il ne gardait que les trucs sympas.
09:23 Et il a vécu la guerre.
09:26 Oui, il a vécu une France hyper antisémite et avec les suites.
09:30 - Il vous en parlait ? Parce que vous racontez qu'il vous préparait à manger, que vous
09:34 regardiez la télévision ensemble, mais que vous ne parliez pas beaucoup.
09:37 C'était quoi ? C'était un dialogue silencieux entre vous ?
09:40 - Oui, je pense, comme des gens qui se comprennent très bien et qui n'ont pas besoin de parler.
09:46 Après, il m'a beaucoup parlé de son enfance.
09:49 - De la guerre ?
09:51 - Oui.
09:52 Et jamais avec du pathos.
09:55 Du tout.
09:56 Parce que tous les cinq, ils en étaient toujours sortis.
10:03 Ils ont fui, ils se sont cachés.
10:05 Il ne m'a pas raconté ce que j'ai appris du côté musée.
10:11 C'est toute sa vie plutôt dans les années 60, 50.
10:16 Ça, j'étais moins au courant.
10:19 - Vous dites que c'est la maison d'un collectionneur et d'un célibataire.
10:22 - Oui, vers la fin.
10:23 - Oui, vous vivez seule.
10:26 - Oui, à partir de 80, ma mère le quitte.
10:30 - Vous avez 9 ans.
10:31 - J'ai 9 ans.
10:32 - Ce qui est intéressant, c'est que vous racontez que votre chambre qui donne sur la
10:37 cuisine, les gens qui vont aller la voir, vont la voir.
10:39 Au moment où elle part, il mûre votre chambre.
10:43 - Il mûre la chambre d'enfant.
10:46 Je l'ai toujours assimilée à une rupture.
10:55 A partir de ce moment-là, j'avais une petite place dans la chambre des poupées, mais ce
11:02 n'était pas réellement ma chambre.
11:04 La chambre d'enfant avait disparu.
11:05 C'était assez étrange.
11:07 Mais après, j'ai eu une autre vie à partir des années 80.
11:11 Les week-ends de petites princesses gâtées par mon père, par bambou.
11:18 Et une autre vie, vraiment.
11:20 - Ce qui frappe aussi, Charles Gainsbourg, dans cette maison, c'est le noir.
11:23 La peinture noire sur tous les murs, du sol au plafond.
11:26 Pas de lumière.
11:27 - Parce qu'il y a eu beaucoup de lumière.
11:29 - Ah, rideau tiré.
11:30 - On a eu le sentiment qu'avec Léa, d'une maison calfeutrée, vous ne suffoquiez pas
11:40 parfois dans cette atmosphère si sombre ?
11:42 - Moi, non.
11:44 Parce que notre chambre d'enfant ne ressemblait pas au reste de la maison.
11:49 Enfin, je pense.
11:50 C'était une nurserie un peu classique.
11:54 Et après, à partir des années 80, non, c'est des week-ends où c'est son décor.
12:05 Donc, je n'ai jamais questionné ou remis en question ces choix.
12:11 Au contraire, j'aimais tout.
12:13 J'ai eu du mal, moi, aujourd'hui, à me démarquer et à avoir d'autres goûts esthétiques.
12:19 C'était tellement clair.
12:21 - C'est aussi sombre chez vous ?
12:22 - Non.
12:23 - Les murs ne sont pas noirs ?
12:24 - Non.
12:25 J'ai pris d'autres chemins.
12:26 - Il y a toute une série de photos avec sa marionnette des guignols, qu'il garde dans
12:30 le halloir.
12:31 Vous dites qu'elle vous effrayait, cette marionnette, mais que lui, il en était fier
12:35 parce qu'elle montrait à la fois sa popularité et qu'il était fier d'être devenu un personnage
12:39 public.
12:40 - Oui, très fier.
12:41 En fait, quand il m'envoyait chercher la une de la presse, s'il était dedans, c'était
12:50 une grande joie pour lui.
12:51 Je pense qu'il a connu un succès tellement tardif que le fait… il avait du succès
12:58 quand il écrivait pour les autres, pour ses interprètes féminines surtout, mais pour
13:04 lui, il n'a pas galéré parce qu'il gagnait bien sa vie justement grâce aux succès ailleurs.
13:12 Mais ses grands chefs-d'œuvre aujourd'hui, ses grands albums n'ont pas marché à l'époque.
13:18 Donc le succès qui arrive plutôt fin 80…
13:22 - Il en est fier.
13:23 - Il en est tellement fier.
13:24 Et de plaire aux jeunes, que le public se renouvelle, c'était vraiment une…
13:34 - Une fierté.
13:35 - Oui, une fierté.
13:36 Et puis quelque chose comme un enfant qui découvre et qui ne s'en lasse pas.
13:40 Il n'était jamais blasé en fait.
13:44 - Les femmes qui l'a aimé, elles sont partout dans la maison.
13:48 Gréco, Bardot évidemment, Birkin, Vêtre-Mère, Bambou.
13:51 Il y a évidemment aussi des photos de vous.
13:53 Mais alors il y en a une avec qui, à ma connaissance, il n'a pas eu d'histoire.
13:58 Mais qui est partout, et c'est ce qui nous a surpris.
14:01 C'est qui ?
14:02 - Marilyn Monroe.
14:03 - Marilyn.
14:04 - Elle est une fascination.
14:05 - Partout et dans toutes les positions.
14:08 - Dans tous les états.
14:09 - Même la photo de sa mort avec la jambe qui dépasse du lit, elle l'est affichée.
14:13 - Et pourquoi Marilyn ?
14:14 - Et hier dans le coffre où elle est, le frigo.
14:19 - Oui, le frigo mortuaire.
14:21 - Mortuaire, ouais.
14:23 Une fascination pour elle.
14:25 Depuis toujours, il m'a montré certains lèmes chauds quand j'étais quand même très jeune.
14:33 Donc j'ai compris sa fascination pour Marilyn qui n'était peut-être pas dans les codes
14:38 de beauté des autres femmes qui l'aimaient.
14:40 - Oui, c'est ce que j'allais vous dire.
14:41 - C'était assez étonnant.
14:42 - Elle est très féminine et plantureuse par rapport à votre mère.
14:45 - Mais c'est compliqué de ne pas être fou amoureux de Marilyn Monroe, je trouve.
14:49 Et puis c'est son époque aussi.
14:51 C'est le drame aussi de sa mort.
14:55 Je pense qu'il y a une fascination pour elle, sa voix, tout le personnage aussi.
15:02 - Allez, on va passer au Standard Inter où nous attend Geneviève.
15:07 Geneviève, bonjour, vous êtes à Marseille.
15:09 - Oui, bonjour.
15:10 Bonjour à vous.
15:11 C'est juste une question que je voulais te poser à Charlotte.
15:18 Comment ont réagi les autres membres de la famille ? Est-ce qu'elle a eu le soutien
15:24 ou plutôt des réticences de ses frères, soeurs en termes de son environnement ?
15:29 - Pour l'ouverture de la maison et du musée, merci Geneviève pour cette question.
15:34 Charlotte Gainsbourg vous répond.
15:35 - Oui, j'ai eu le soutien vraiment inconditionnel de ma mère, de Bambou, de Lulu.
15:45 Et mes frères et soeurs que je connais un peu moins, oui, absolument.
15:50 Il fallait que j'explique aussi le projet parce que ce n'était pas forcément très
15:54 clair depuis 32 ans.
15:56 Justement, je n'avais pas réussi.
15:59 Je pense qu'il faut vraiment venir sur place pour se rendre compte de l'impression que
16:11 je voulais offrir aux gens aussi et qui, depuis 32 ans, me demande à entrer chez
16:17 lui.
16:18 Je pense qu'il y avait beaucoup de bienveillance autour de moi.
16:21 - 4 demandes sur la pléninitaire.
16:23 On peut visiter le musée de Charlotte en virtuel ?
16:24 Ça s'appelle le musée de Charlotte, vous voyez ?
16:26 C'est pas le musée Gainsbourg, c'est le musée de Charlotte.
16:28 - Oui, il y aura une visite virtuelle, mais pour les gens qui ne pourront pas entrer en
16:32 fait.
16:33 Parce qu'on ne peut pas entrer avec une chasse roulante.
16:35 C'est une toute petite baraque qu'on n'a pas réussi à changer.
16:39 Justement, au début, je voulais faire un lieu totalement public, ouvert, mais impossible.
16:45 On ne peut pas mettre des toilettes.
16:47 - Et il faut prendre rendez-vous, et je dis déjà à ceux qui nous écoutent que c'est
16:50 complet jusqu'en décembre.
16:51 - Oui, après on va ouvrir des nouveaux...
16:53 - Ah, vous allez ouvrir des nouveaux...
16:55 - Parce qu'on nous le demande.
16:56 - On nous le demande, tout le monde veut y aller.
16:58 - Déjà.
16:59 Stéphane, au Standard, bonjour, bienvenue.
17:01 - Bonjour, et merci de prendre ma question.
17:04 Déjà, je suis extrêmement intimidé d'avoir la possibilité de poser ma question à Charlotte.
17:09 - Non, il ne faut pas.
17:12 - Bonjour.
17:13 Vous avez des parents extrêmement célèbres qui ont été des mythes de leur vivant.
17:18 Je me demandais comment vous aviez réussi à grandir, à vous construire sans être écrasé
17:24 par le caribou.
17:29 - Leur génie.
17:30 - Voilà, exactement.
17:31 - Merci Stéphane, Charlotte Gainsbourg vous répond.
17:34 - Je suis écrasée.
17:35 Mais après, il faut réussir à sortir de la masse et du poids.
17:46 Mais ça dépend des jours.
17:47 Je pense que j'ai eu la chance de commencer tellement jeune.
17:50 A 12 ans, je ne me posais pas ce genre de question.
17:53 Le fait d'avoir mis un pied dans le cinéma, dans la musique, si jeune, je ne les avais
18:03 pas encore mis sur un piédestal.
18:04 Je les ai mis tous les deux sur un piédestal quand j'ai été une jeune adulte.
18:09 Et ça a été d'ailleurs plus compliqué pour moi à partir de 20 ans.
18:13 Je pense que je ne pouvais évidemment pas écrire de paroles.
18:16 Enfin, il m'a fallu du temps.
18:18 - Vous ouvrez au public ce musée, la maison de votre père, deux mois après la mort de
18:23 votre mère, Jane Birkin.
18:25 Psychanalytiquement, il y aurait beaucoup à dire.
18:27 - Très chargée.
18:28 - Comment vous vivez ce moment ?
18:30 - Très étrange en fait.
18:32 Parce que même si on savait que ça allait arriver, mais quand même pas là.
18:38 Enfin, on ne s'y attend jamais vraiment.
18:39 - Vous avez été prise de cours du décès de votre mère ?
18:46 Vous ne pensiez pas que ça arriverait maintenant ?
18:48 - Oui, parce que ça fait 15 ans qu'on a cru que par moment elle allait mourir.
18:55 Et puis elle se relevait tout le temps.
18:56 Elle était une force de la nature tellement étonnante que même ses médecins ne savaient
19:02 plus quoi dire à la fin.
19:04 Parce qu'elle se relevait de tout.
19:06 Donc non, je ne m'y attendais pas comme ça.
19:08 Après, j'ai voulu l'emmener pour qu'elle voit surtout le côté musée, qu'elle découvre
19:15 tout le travail qui avait été fait.
19:16 Je pense qu'elle ne voulait pas y aller.
19:18 Et que secrètement, elle a tout fait pour ne pas y aller.
19:22 Après, elle m'a encouragée, je lui ai montré des photos.
19:25 - Elle y va une fois dans votre documentaire.
19:28 Le fameux documentaire, on vous avait reçu à ce micro il y a un an, je crois, un an
19:31 et demi.
19:32 Il y a une séquence où elle retourne et elle découvre, elle se remémore ses années
19:39 avec Gainsbourg.
19:40 À ce micro, vous nous avez dit en parlant de votre mère, "je ne suis pas prête à
19:44 la vie sans elle".
19:45 C'était il y a un an et demi, toujours pas ?
19:46 - Non, parce qu'en fait, une mère, c'est...
19:49 J'ai vécu la mort de mon père, ça m'a terrassée.
19:53 Mais la mort d'une mère, c'est dans notre corps.
19:57 Il y a quelque chose auquel on ne s'attend pas du tout.
20:01 Et là, évidemment, on entend parler de personnes qui, comme vous, ont perdu leur mère et
20:07 qui m'ont dit, effectivement, il y a quelque chose de la colonne vertébrale qui s'effondre.
20:13 Et je n'ai plus de repères, je n'ai vraiment plus de repères.
20:16 Donc oui, perdre...
20:18 C'est surtout venir parler de cette ouverture du musée avec...
20:26 C'est comme si je parlais de la mort de mon père, la mort de ma mère.
20:31 Et j'ouvre les portes, je dévoile des choses.
20:35 C'est très étrange.
20:38 Et puis, il y a aussi l'après avec ma mère, justement, les murs de sa maison à elle.
20:43 Qu'est-ce que je fais de ces objets ? Avec Lou, on est...
20:48 Et Romane, le fils de Ket, on est un peu paralysés.
20:52 - Vous avez mis 32 ans pour votre père, vous allez partir un petit peu, non ?
20:57 - Je vais partir, là.
20:58 - Vous allez vider la tête après l'ouverture du musée.
21:00 - Oui, je vais essayer.
21:01 - Une question de François sur l'appli d'Inter.
21:03 Y a-t-il des enregistrements inédits de Serge qui pourraient être bientôt édités ?
21:08 - On trouve des...
21:10 Alors, il y a bien sûr les maisons de disques qui ont quand même des surprises, des fonds
21:15 de tiroirs, des choses qu'ils découvrent.
21:19 Dans la maison, on a trouvé des bandes, on ne sait pas trop.
21:24 Donc il y a des choses.
21:26 Moi, j'ai des bouts de paroles sur lesquelles il travaillait.
21:30 Mais c'est compliqué, je trouve.
21:32 Mon père était tellement perfectionniste qu'il a validé chaque chanson, chaque enregistrement.
21:40 C'était comme son côté peintre, il a tout détruit.
21:45 Donc de là à exposer tout ce qu'il n'aurait peut-être pas aimé, c'était assez délicat aussi.
21:51 - Alors, on peut voir dans le musée en face, on peut voir deux peintures de votre père.
21:55 - Trois, une petite aussi.
21:56 - Ah, j'en ai deux.
21:57 On peut voir le manuscrit de la Marseillaise de Roger Lille qu'il avait acheté, effectivement.
22:02 On peut voir la sculpture de la Matette de Choux.
22:04 On voit aussi des enregistrements de Bardot.
22:07 Une lettre de Bardot qui dit "Je ne veux pas que Je t'aime, moi non plus" soit publiée.
22:11 D'ailleurs, elle ne le sera jamais puisque ce sera la version avec votre mère qui le sera.
22:16 Et puis on découvre son bulletin de notes à Serge Gainsbourg en France où on peut lire
22:20 "élève docile, vivant, curieux, attentif, lent, pas d'indication très nette pour une orientation future".
22:28 - Oui, c'est drôle parce que chaque personne cherche.
22:31 J'ai croisé des enfants qui y sont allés et ils vont direct sur le bulletin de notes.
22:38 Ce n'était pas un très bon élève, mais il était sérieux.
22:42 C'est après qu'il s'est mis à déconner.
22:45 - Question sur la pédantale de Rosi.
22:47 Vous vous sentez anglaise un peu, beaucoup ?
22:50 - Alors, c'est compliqué les origines.
22:53 Pour moi, je me sens à la fois anglaise, ukrainienne aujourd'hui, un peu, beaucoup,
23:02 sentimentalement, française bien sûr.
23:05 Mais c'est un mix.
23:07 Et pareil, les religions, je n'ai rien de religieux.
23:13 J'étais très attirée par la religion juive de mon père parce que c'était omniprésent pour moi.
23:18 Et quand on a enterré ma mère, c'était...
23:22 - A l'église ?
23:23 - Oui, c'était des hymnes anglais.
23:26 Je me suis dit "mais j'ai quand même un petit peu de ça aussi".
23:28 - Et le prince Charles qui arrive à Paris ?
23:30 - J'y vais !
23:31 - Vous allez au dîner royal ?
23:32 - J'y vais ce soir !
23:33 - C'est pas vrai ?
23:34 - Je suis invitée.
23:35 - Vous allez à Versailles ?
23:36 - Oui, j'ai mis une robe longue et tout.
23:37 - Ça vous excite un peu de rencontrer le prince ?
23:40 - Aujourd'hui, je me suis dit "c'est mon père et ma mère qui se battent.
23:43 Est-ce que je vais aller à son ouverture de musée ou est-ce que je vais voir le roi d'Angleterre ?
23:49 J'ai choisi aujourd'hui le roi d'Angleterre.
23:51 - C'est votre mère qui a gagné.
23:52 - Voilà.
23:53 Et puis on va laisser le mot de la fin à Sophie Auditry sur l'appli d'Inter.
23:57 Merci Charlotte de nous ouvrir les portes du 5 bis.
24:00 C'est un véritable cadeau.
24:01 Merci pour ce partage.
24:03 J'ai hâte d'être mardi pour mon créneau de visite.
24:06 - Et on peut prendre rendez-vous où ?
24:09 Parce qu'il nous demande comment on fait pour prendre rendez-vous.
24:11 Parce que Christophe qui dit pour les provinciaux, ça va être déjà compliqué avec tous les
24:15 billets vendus.
24:16 Comment il fait Christophe ?
24:18 - Sur Instagram, il y a un lien et de toute façon il y a le site du musée.
24:24 Ça c'est facile à trouver.
24:26 Après, si on s'abonne à la newsletter, on va être au courant les premiers des nouveaux
24:38 créneaux.
24:39 - Parce qu'il y a des nouveaux créneaux qui vont ouvrir.
24:41 - Voilà, en octobre.
24:42 - Pour les auditeurs.
24:43 - On va ouvrir des créneaux en octobre.
24:45 - Merci Charlotte Gainsbourg d'avoir été au micro d'Inter.
24:48 Et puis on salue les commissaires de l'expo du musée.
24:51 Sébastien Merlet, Anatole Magyar qui nous ont fait la visite guidée.
24:56 - Une équipe en or.
24:57 Louise Caron, ma directrice.
24:58 - Merci beaucoup, 8h47.

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