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  • 17/09/2023
Face à la flambée de l'essence dans les stations-services, la Première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé samedi, dans les colonnes du Parisien, que les distributeurs seront autorisés à vendre de l'essence "à perte" pendant "quelques mois".

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Transcription
00:00 On l'a dit, il faut une loi, puisque c'est interdit depuis 1963.
00:03 Quelles seront les principales modalités ?
00:04 Pour combien de temps cette opération sera mise en place ?
00:07 Et puis, qui ça va concerner précisément ?
00:09 Alors d'abord, je remets les choses dans leur contexte.
00:12 Pourquoi le prix du carburant augmente ?
00:15 Parce que nous ne produisons pas de pétrole
00:17 et parce que des pays comme l'Arabie Saoudite et la Russie
00:21 s'organisent pour augmenter le prix du pétrole sur les marchés internationaux.
00:24 Et donc, nous agissons pour protéger le pouvoir des Français.
00:27 Nous l'avons fait avec une ristourne à la pompe l'année dernière.
00:31 Nous l'avons fait encore en début d'année avec une indemnité carburant
00:36 qui a concerné 4,2 millions de Français.
00:39 C'est énorme.
00:40 Et nous continuons à agir main dans la main avec les industriels.
00:43 On considère que l'État a pris ses responsabilités,
00:46 agit et nous agissons avec les industriels.
00:49 Ceux-ci ont accepté de faire des opérations à prix coûtant
00:52 ou de plafonner le prix du carburant suivant leur fonctionnement.
00:56 C'est le cas de Total qui va couper le plafonnement.
00:57 Total a annoncé qu'il prolongerait le plafonnement du prix du carburant
01:03 au-delà du 31 décembre 2023.
01:06 La grande distribution a annoncé qu'il ferait des opérations à prix coûtant.
01:11 Je les remercie, c'est vraiment une marque de responsabilité.
01:13 Et avec cette loi, nous leur donnons un degré de possibilité d'agir supplémentaire
01:19 puisque nous leur donnons la possibilité d'aller plus loin
01:23 sur les opérations coup de poing qu'ils pourraient faire pour baisser le prix du carburant.
01:27 À partir de quand est-ce que cette opération pourrait être proposée ?
01:29 La loi va être présentée dans les prochains jours au Conseil des ministres,
01:33 puis à l'Assemblée nationale en octobre.
01:37 Et nous espérons un vote de cette loi courant novembre,
01:41 ce qui permettrait aux industriels d'utiliser ce levier supplémentaire
01:46 pour baisser le prix du carburant.
01:47 Alors on a entendu les petites stations essence,
01:50 notamment les stations traditionnelles qui ne sont pas arrimées aux grandes surfaces,
01:53 qui s'inquiètent en disant "ce ne sera pas possible pour nous".
01:55 Est-ce qu'on ne risque pas finalement de voir ces plus petites stations pénalisées ?
02:00 C'est aussi un sujet que nous avons dans le viseur, évidemment.
02:03 J'étais au téléphone avec Francis Pouce encore il y a quelques heures
02:07 et je lui ai dit que la Première ministre prenait très au sérieux cette situation.
02:12 Donc nous allons les accompagner.
02:15 Je le verrai demain avec Bruno Le Maire pour voir à la fois sur le sujet de l'urgence,
02:20 puisqu'il y a comment on fait face et on leur permet de résister à cette concurrence.
02:25 Et puis, de manière plus profonde, ce que m'a demandé Francis Pouce il y a une semaine,
02:32 puisque j'avais déjà réuni l'ensemble de la profession pour prendre toutes les mesures
02:36 et pour les inciter à faire des opérations de baisse de primes,
02:39 c'est "nous devons être accompagnés dans la transition énergétique".
02:42 Très concrètement, c'est "nous devons pouvoir nous équiper en borne de recherche rapide
02:46 parce que c'est l'avenir, ça coûte cher,
02:48 comment fait-on nous qui sommes des petites stations ?".
02:51 Et sur ces deux sujets-là, l'urgence et penser l'avenir,
02:55 nous allons travailler et contribuer à financer ces transformations.
03:00 Autoriser cette vente à perte, vous estimez que ça pourrait faire baisser le prix ?
03:04 Ceux qui nous regardent évidemment s'intéressent à ça.
03:05 Ça pourrait baisser le prix de combien ?
03:07 Alors ça, je vais laisser la distribution faire ses propositions.
03:11 C'est un équilibre commercial en fonction de ce que vous vendez par ailleurs,
03:15 puisque à la fin de la journée, il faut pouvoir équilibrer évidemment
03:19 le chiffre d'affaires avec les charges.
03:23 Mais néanmoins, je vais être très claire,
03:26 tout ce qui peut permettre de redonner du pouvoir d'achat aux Français
03:30 est bon à prendre et c'est ce que nous faisons.
03:32 Et s'il faut bouleverser une loi qui a 60 ans,
03:36 s'il faut remettre en question certains totems et tabous
03:38 pour rendre du pouvoir d'achat aux Français,
03:40 nous le ferons et c'est très exactement ce que fait la Première Ministre avec cette décision.
03:45 Mais l'inquiétude, c'est que les grandes surfaces, par exemple,
03:49 reprennent ce qu'elles donnent en augmentant les prix dans les grands magasins.
03:52 Est-ce que là, il y aura un contrôle ?
03:54 Alors, je crois d'abord que les grandes surfaces
03:56 sont tout à fait au fait de la situation de leurs clients.
04:00 Et d'ailleurs, elles se font une concurrence sur les prix très forte.
04:04 Moi, je le vois sur mon territoire à Lens,
04:07 vous avez des gens qui changent d'hypermarché
04:10 parce qu'ils savent qu'ils vont pouvoir aller chercher un euro, deux euros,
04:14 trois euros de plus sur le caddie.
04:15 Et on le voit, c'est perceptible dans certaines grandes enseignes,
04:19 je ne dirais pas lesquelles.
04:22 Mais au-delà de ça,
04:26 nous, notre objectif, c'est à la fois d'accompagner les Français sur les prix de l'alimentaire.
04:32 C'est ce que nous faisons en rendant possible les renégociations
04:35 plutôt que d'attendre le mois de mars, comme chaque année.
04:40 Ça aussi, c'est la loi.
04:41 Il se trouve que nous avons une loi française
04:43 qui, pour des raisons très légitimes,
04:45 dans un autre contexte,
04:46 prévoyait une seule négociation dans l'année sur les prix.
04:50 Et bien, à un moment où on s'aperçoit que certains prix sont en train de baisser
04:55 et qu'on pourrait transformer ces baisses de prix et les donner aux consommateurs,
05:00 on ne peut pas le faire parce qu'il faudrait attendre le mois de mars.
05:02 Et bien, par la loi, nous allons modifier ça.
05:04 - Tout sera aussi dans cette même loi. - Exactement.
05:06 Donc vous voyez, c'est sur tous les sujets, l'alimentaire, le carburant, nous agissons.
05:11 Et donc, en réponse à votre question,
05:13 non, il n'y aura pas un rattrapage sur l'alimentaire
05:15 parce que c'est un ensemble et nous agissons sur ces deux tableaux.
05:19 - Michael Larmont ?
05:19 - Alors, pas de rattrapage sur l'alimentaire, vous le dites,
05:21 mais peut-être un rattrapage budgétaire.
05:23 Est-ce que cette mesure ne vient pas comme une bonne nouvelle
05:27 pour préparer des moins bonnes ?
05:29 En particulier, au moment du budget,
05:31 le fait que les Français constatent que c'est la fin du quoi qu'il en coûte
05:34 et que, bien évidemment, le budget sera aussi plus compliqué
05:38 et qu'il y aura peut-être aussi des hausses sur d'autres sujets.
05:40 - Alors, ce budget, c'est un budget de combat.
05:44 C'est un budget où nous renforçons, par exemple,
05:46 énormément les moyens pour la transition énergétique.
05:49 Et vous faisiez un reportage tout à l'heure sur des inondations
05:54 et une tornade en Mayenne.
05:56 Je crois qu'aujourd'hui, tous les Français ont compris
05:58 qu'il y a une urgence à agir et qu'il est important d'accompagner les Français
06:03 et de leur permettre de renforcer le budget de la transition écologique.
06:08 - Pour pouvoir commencer à financer une transition écologique,
06:12 c'est ce que vous allez mettre dans le budget ou c'est beaucoup moins ?
06:14 - Alors, aujourd'hui, nous mettons 7 milliards d'euros de plus,
06:17 mais je rappelle que ces 35 milliards, c'est de l'argent public,
06:20 c'est de l'argent privé et dans l'argent public,
06:22 c'est de l'argent de l'État et des collectivités locales.
06:25 Nous ne sommes pas les seuls financeurs de la transition énergétique.
06:28 En revanche, nous sommes les organisateurs de cette transition énergétique.
06:32 C'est pour cela que la Première ministre présentera demain
06:36 à l'ensemble des partis politiques la planification écologique
06:40 sur laquelle nous travaillons avec l'ensemble des partis prenants
06:43 depuis plus d'un an maintenant.
06:45 Cette planification écologique, c'est quelque chose de très concret.
06:48 C'est un plan de bataille, secteur par secteur, l'industrie, l'énergie,
06:52 l'agriculture, le bâtiment, les transports.
06:56 Comment fait-on pour baisser les émissions de gaz à effet de serre ?
06:59 Avec quels moyens ? Avec quels dispositifs ?
07:02 Et surtout, comment nous accompagnons les Français ?
07:05 On revient à notre sujet de carburant.
07:07 Quelle est la meilleure façon de baisser la facture de carburant ?
07:10 C'est de ne plus avoir besoin d'une voiture à carburant.
07:12 C'est donc soit d'avoir des transports en commun qui sont fiables,
07:15 sécures, réguliers, confortables,
07:18 soit de pouvoir permettre aux Français de s'acheter une voiture électrique.
07:22 Et c'est ce que nous faisons en renforçant le bonus écologique.
07:25 Mais vous avez raison.
07:26 Les voitures électriques européennes sont encore chères.
07:27 Avec aujourd'hui une enquête et peut-être une confrontation
07:31 avec les voitures chinoises qui ont l'air d'être celles du bon marché,
07:34 qui pourraient justement accélérer cet effet de masse.
07:37 Est-ce qu'il n'y a pas là au fond une politique contradictoire ?
07:40 Pas du tout, parce que l'enjeu, c'est que cette transition énergétique,
07:43 elle bénéficie aux Français.
07:44 Elle bénéficie aux Français en créant de l'emploi.
07:47 Et donc, une voiture électrique qui est construite en France et en Europe,
07:53 et pour laquelle on va définir un bonus écologique
07:56 qui sera peut-être plus important
07:58 et qui permettra de la mettre à portée du portefeuille des Français,
08:02 c'est gagnant pour l'emploi.
08:03 Ce sont des emplois en France et en Europe,
08:05 et c'est gagnant pour le portefeuille des Français.
08:07 Je rappelle que lorsque vous faites 10 000 kilomètres,
08:10 ce qui est en gros, en moyenne, ce que font chaque année les Français en conduisant,
08:15 vous économisez 1 000 euros de carburant avec une voiture électrique.
08:18 Donc c'est intéressant.
08:19 Mais c'est notre travail de mettre ces solutions très concrètes
08:23 à portée de main des Français.
08:25 Et puis, comme on le fait sur le carburant,
08:27 de mobiliser les industriels, de mobiliser les grands acteurs
08:30 pour qu'eux soient exemplaires et fassent les efforts parce qu'ils en ont les moyens.
08:34 Mais est-ce que c'est réellement la fin du "du quoi qu'il en coûte"
08:36 dont parlait Mickaël Darmant, parce qu'on a entendu le porte-parole du gouvernement
08:39 qui évoquait des aides ciblées, peut-être, ce n'est pas encore totalement exclu,
08:42 est-ce qu'effectivement, il pourrait y avoir un retour des aides ciblées
08:45 si ce carburant continue à monter en flèche ?
08:48 Mais soyons clairs, nous avons toujours accompagné les Français ces dernières années.
08:52 Toujours.
08:53 Nous ne les avons jamais laissés tomber.
08:55 Nous avons entendu Bruno Le Maire nous dire que c'était la fin du "du quoi qu'il en coûte",
08:57 la fin d'échecs aux Français.
08:58 La fin d'échecs, ce n'est pas la même chose qu'accompagner les Français.
09:01 Lorsque nous rehaussons, par exemple, les minimas sociaux,
09:04 ce n'est pas une question de "quoi qu'il en coûte",
09:05 c'est une question de justice sociale.
09:08 Et nous le faisons.
09:09 Lorsque nous convoquons une conférence sociale pour discuter des salaires,
09:13 c'est une question de justice sociale.
09:15 Lorsque la réforme des retraites,
09:17 alors mon propos sera peut-être un petit peu clivant,
09:22 permet à 1,7 million de Français
09:25 de voir sur leurs pensions une augmentation au 1er septembre,
09:29 enfin ce sera à la fin de ce mois, de leurs retraites.
09:33 C'est agir pour le pouvoir d'achat des Français.
09:35 Et c'est ce que nous faisons.
09:36 Pardon, excusez-moi,
09:37 les 2 400 pompes à essence qui sont indépendantes,
09:41 qui ne pourront pas bénéficier du système de vente à perte,
09:43 qui sont souvent sur des territoires ruraux, semi-ruraux,
09:46 avec des populations qui ont besoin aussi de ce pouvoir d'achat,
09:49 dans quelle mesure vous arrivez à les accompagner ?
09:52 Vous dites "on est très attentif à leur situation".
09:54 Est-ce que ça veut dire qu'elles pourront bénéficier à perte ?
09:57 Qu'est-ce que vous pouvez dire là ?
09:58 Je vous le dis, nous allons mettre en place des dispositifs spécifiques
10:02 pour les accompagner à la fois sur ces quelques mois
10:06 où cette mesure que nous prenons pourrait affecter leur situation financière,
10:11 et de manière plus profonde,
10:13 donc c'est de l'argent dont on parle,
10:14 et de manière plus durable,
10:16 leur permettre de passer notamment à l'électrique,
10:19 ce qui leur permet aussi d'avoir plus de chiffre d'affaires
10:22 et d'être plus résiliente.
10:24 Je verrai demain le responsable de Mobiliance
10:28 qui réunit l'ensemble de ces stations-service avec Bruno Le Maire.
10:33 Mais du coup, est-ce que ce n'est pas un peu paradoxal ?
10:34 L'État finalement va dépenser de l'argent pour compenser le fait
10:37 qu'il y aura un déséquilibre entre les gros stations
10:39 qui pourront vendre à perte et les autres.
10:41 Est-ce qu'il n'y a pas un moyen plus simple finalement d'aider les plus...
10:43 Nous, nous répartissons l'effort.
10:45 Et quand on répartit l'effort,
10:46 on dit que c'est les plus gros qui doivent faire le plus d'effort.
10:49 Et pour ceux qui sont les plus fragiles,
10:51 nous sommes attentifs et nous les accompagnons.
10:53 Mais par ailleurs, nous préparons l'avenir.
10:55 C'est-à-dire qu'il ne s'agit pas seulement de passer ces quelques mois,
10:59 c'est de permettre à ces stations-service qui aujourd'hui,
11:02 et c'est la conversation que j'avais encore la semaine dernière
11:05 quand je réunissais l'ensemble de la profession
11:09 avec le représentant de ces stations-service indépendantes,
11:12 c'est de dire aujourd'hui,
11:14 nous n'avons pas les moyens de passer à l'électrique.
11:17 Et du coup, nous perdons un complément de rémunération.
11:21 Dans six mois, tout aura changé.
11:23 C'est-à-dire qu'on aura une meilleure situation économique,
11:25 on pourra passer à l'électrique.
11:26 Pourquoi au fond dire que dans six mois, on arrête ce dispositif ?
11:31 Qu'est-ce qui fait dire que dans six mois,
11:32 la situation sera économique ?
11:33 Écoutez, je la donne, mais une réponse assez courte,
11:35 parce qu'on doit passer à la suite, ce sera la dernière question.
11:37 Très rapidement, je crois que les parlementaires
11:39 auront à se prononcer sur la durée de cette mesure.
11:41 Mais en tout état de cause, nous le voyons,
11:44 nous traversons des crises qui sont de quelques mois.
11:47 Je pense à l'envolée de certains prix.
11:49 On a pu voir des grandes envolées,
11:50 et puis quelques mois après, des redescentes.
11:52 Donc c'est être capable en agilité de faire face à une situation
11:58 qui est variable.
11:59 Et donc c'est toujours cette ligne qui nous réunit,
12:02 protéger les Français et faire en sorte d'accompagner aussi
12:05 les grandes transformations,
12:06 notamment la transition énergétique et écologique.
12:09 Merci beaucoup, Madame la ministre d'être venue sur ce plateau.

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