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00:00 Alors on est avec Jamila Benhabib, qui est politologue, écrivaine,
00:04 qui est d'origine musulmane mais laïque.
00:08 Et on va parler de Evras, alors on sait qu'en Belgique il y a une polémique pour l'instant avec Evras,
00:14 ce fameux cours d'éducation sexuelle qui va être dispensé dans les écoles.
00:19 Quel est votre regard, vous, sur cette polémique ?
00:22 Je ne suis pas surprise en fait par l'ampleur de la polémique,
00:26 mais par la violence aussi des réactions entourant cette formation,
00:31 parce qu'il faut-il le répéter encore une fois,
00:33 ce n'est pas vraiment un cours en tant que soit,
00:35 mais plutôt une formation qui va aider les élèves à appréhender leur corps et leur sexualité de la meilleure façon,
00:43 pour la simple raison qu'il y a toujours eu une confrontation autour de l'éducation,
00:50 entre un courant plutôt ouvert, émancipé, et un courant, disons, conservateur et réactionnaire.
01:00 Donc cette confrontation, on la voit aujourd'hui, avec peut-être un élément nouveau,
01:06 c'est l'influence et l'importance comprise des femmes voilées dans la contestation.
01:13 Donc on les a bien vues, présentes, massivement.
01:17 Jeudi dernier, devant le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles,
01:23 pour dire qu'elles étaient franchement contre cette orientation.
01:28 Donc je pense qu'il faut au moins, minimalement, prendre acte de leur présence
01:33 et essayer de décrypter en réalité pourquoi elles étaient là
01:37 et comment se fait-il qu'elles étaient là aussi massivement.
01:41 Et ces femmes voilées qui ont manifesté,
01:44 vous estimez qu'elles sont mal informées ?
01:48 Qu'elles sont mal informées, peut-être,
01:50 mais je ne vais pas rentrer non plus dans leur tête pour essayer de savoir si elles sont mal informées ou pas.
01:59 De toute façon, moi ce que je vois, c'est qu'elles développent,
02:03 elles défendent un projet de société, un projet éducatif,
02:09 qui va à l'encontre de l'émancipation, de l'ouverture et du progrès.
02:13 Donc c'est ça en réalité, le message qu'elles veulent nous faire transmettre.
02:17 Mais en réalité, leur conception de l'école,
02:20 elle n'est pas si différente de leur conception de la société de façon générale.
02:25 Donc de la place des femmes dans la société,
02:28 de la société, donc faut-il qu'elle soit plus ouverte et plus fermée.
02:32 Donc ça s'inscrit dans une lecture qui est plus conservatrice du monde.
02:39 Alors vous avez écrit un livre qui est sorti récemment qui s'appelle "Islamophobie, mon œil"
02:45 chez Queness édition.
02:48 Vous expliquez dans le livre qu'on doit craindre une influence grandissante de l'islam dans les écoles et même dans les universités.
02:53 Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
02:55 Oui, alors dans les écoles, certainement.
02:58 Aujourd'hui, il y a un climat de peur, de censure, d'autocensure,
03:05 qui caractérise certaines écoles.
03:09 Évidemment, ce ne sont pas toutes les écoles,
03:11 mais néanmoins, ce climat existe.
03:15 Certains enseignants ne se sentent plus à l'aise pour parler de certains sujets,
03:21 pour évoquer certaines problématiques,
03:24 pour traiter de certains thèmes peut-être sensibles, dérangeants.
03:32 Vous savez, la stratégie de l'évitement si chère à la Belgique
03:36 est en marche à l'école de façon spectaculaire dans certaines communes.
03:45 Je pense qu'il faut sérieusement répondre à ces problématiques qui sont vraiment réelles
03:55 parce qu'elles polluent le climat et enfreignent l'apprentissage, les connaissances, les savoirs.
04:05 C'est-à-dire qu'il y a aujourd'hui, par cet effet et en raison de cet effet,
04:11 une impossibilité pour les enfants d'accéder au savoir et à la connaissance, pour certains enfants.
04:17 Merci beaucoup.
04:18 Merci.
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