Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 14/09/2023

En 2022, d’après la dernière étude d’ Unifrance sortie il y a quelques jours, il s’est vendu pour 215 millions d’euros de séries, documentaires et œuvres d’animation produits en France. Ce qui est un record et ce chiffre est tiré par la fiction parce que pour première fois, la série devient le premier genre audiovisuel exporté. Alors qu’est ce qui explique un tel succès à l’étranger de nos séries françaises ? Et quelles séries se vendent le mieux ?

Retrouvez "La Question du jour" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-question-du-jour

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 Vous écoutez Culture Média sur Europe jusqu'à 11h, Thomas Hill avec la question Média du jour.
00:06 En 2022, après la dernière étude d'UniFrance sortie il y a quelques jours,
00:10 il s'est vendu pour 215 millions d'euros de séries, documentaires, oeuvres d'animation produites en France.
00:16 Ce qui est un record et ce chiffre est tiré particulièrement par la fiction
00:20 parce que pour la première fois la série devient le premier genre audiovisuel exporté.
00:24 Alors qu'est-ce qui explique un tel succès à l'étranger de nos séries françaises
00:27 et quelles séries se vendent le mieux ? On en parle ce matin avec Olivier Joyard,
00:32 bonjour, journaliste aux Inrocks et réalisateur de documentaires, et avec Stéphane Strano, bonjour.
00:39 Bonjour.
00:40 Vous êtes président du Festival de la Fiction de La Rochelle, en direct de Vinédoux.
00:45 De La Rochelle, non ?
00:46 Bien joué Fred Testo, toujours sur le coup. Fred Testo, Arnaud Malherbe, qui sont toujours avec nous.
00:51 Alors sur les dix dernières années, si on regarde les chiffres,
00:54 les ventes de fiction française ont progressé de 135%.
00:58 Alors soit on partait de très très bas, soit on est devenu très très beau.
01:02 Comment vous expliquez-vous ce chiffre, Olivier Joyard ?
01:04 La vérité est entre les deux, évidemment, puisqu'on n'est pas devenu géniaux en série tout à coup,
01:08 ça se saurait, sinon la France pour moi n'est pas encore la grande place forte
01:13 qu'elle pourrait être sur les séries, mais en tous les cas, il y a vraiment un mouvement,
01:17 c'est plus qu'un frémissement, c'est-à-dire qu'il y a dix ans il y avait un frémissement,
01:20 aujourd'hui il y a une vraie... Je pense qu'on a surtout affaire d'abord à un marché qui a changé,
01:25 c'est-à-dire l'apparition des plateformes et une demande en série qui est vraiment exponentielle,
01:30 enfin on le constate tous. Et puis il y a eu aussi une génération de créateurs et de créatrices
01:36 qui ont vu des bonnes séries, qui sont grandies tout simplement,
01:38 qui ont eu un autre imaginaire, qui se sont dit voilà, on peut faire autre chose que la fiction française à la papa,
01:43 et proposer des formats qui sont à la fois français, mais aussi,
01:47 je dirais peut-être inspirés ou en tous les cas imbibés par un autre imaginaire,
01:52 que c'est celui du savoir-faire anglo-saxon.
01:54 - Vous diriez aussi, vous Fred Testo, qu'on est devenu meilleur pour fabriquer des séries en France ?
01:58 Elles sont de meilleure qualité aujourd'hui ?
02:00 - Après je ne veux pas critiquer moi, parce que je n'aime pas critiquer,
02:03 mais non, je pense que c'est une bonne évolution et ça fait plaisir,
02:06 et c'est vrai qu'il y a de plus en plus de créations, parce qu'il y a de plus en plus de demandes,
02:10 donc une émulation...
02:12 - Et plus de moyens aussi peut-être, Arnaud Malherbe ?
02:15 - Oui, après moi sur ces questions-là, je reste assez mesuré, un peu comme Olivier,
02:18 je pense qu'on n'est pas encore au niveau où on devrait être,
02:21 et je pense que ce n'est pas une question uniquement de problématiques relatives aux créateurs,
02:26 aux scénaristes, aux réalisateurs, c'est que je pense qu'il y a encore des espèces de blocages
02:30 dans les sphères de décision, dans les chaînes, dans certaines chaînes,
02:33 qui empêchent en fait de faire aussi massivement qu'on pourrait des choses originales et créatives.
02:37 Il y a de belles choses, mais je pense qu'il y a un rééquilibre qui pourrait être opéré.
02:41 - Et alors Stéphane Strano, vous êtes à la Rochelle en plein festival de la fiction,
02:45 c'est un peu le can de la fiction là-bas,
02:47 est-ce que vous sentez cette tendance forte à l'export ?
02:50 Est-ce que vous avez vu une vraie différence avec les années précédentes ?
02:53 - Oui, absolument. On peut dire même que la croissance est très très puissante,
02:58 parce que vous parliez de l'évolution sur 10 ans,
03:01 mais si on prend l'évolution 2021-2022,
03:05 on a quand même plus de 40% d'export de nos fictions françaises,
03:10 donc on est sur un chemin tout à fait enthousiasmant pour la fiction française,
03:16 puisqu'elle s'exporte de manière majeure.
03:19 Vous parliez de ce chiffre très important
03:22 qui est le passage en tête de la fiction devant l'animation,
03:29 il faut se souvenir qu'on est, la France est un champion de l'animation,
03:32 elle reste un champion de l'animation,
03:34 et puis voilà que la fiction passe devant à l'export,
03:39 c'est un exploit colossal.
03:41 Alors, est-ce que la fiction a atteint son âge d'or ?
03:45 Je ne crois pas encore,
03:47 mais ça n'est plus un frémissement, c'est un véritable mouvement,
03:51 c'est une avancée forte de la fiction française à travers le monde.
03:55 - Et alors qu'est-ce que les Français nous achètent ?
03:58 Qu'est-ce que les étrangers nous achètent plutôt ?
04:00 On vous dit ça dans un instant, on revient.
04:02 Europe 1.
04:03 - Vous écoutez Culture Média sur Europe 1
04:05 avec la suite de la question Média du Jour.
04:07 Pourquoi les séries françaises s'exportent si bien ?
04:09 On en parle avec le journaliste Olivier Joyard
04:11 et le président du Festival de la Fiction de La Rochelle,
04:14 Stéphane Strano, sans oublier, évidemment, Fred Testo,
04:17 et Arnaud Malherbe qui sont restés avec nous pour la série Rictus.
04:20 - Et alors je posais la question avant la pause,
04:22 qu'est-ce que les étrangers nous achètent ?
04:24 Qu'est-ce qu'ils aiment comme séries françaises, Olivier Joyard ?
04:27 - Je pense qu'il y en a beaucoup, ça a toujours été en réalité,
04:30 mais aujourd'hui beaucoup plus, évidemment ça tient en trois lettres
04:33 ce qui est le plus grand succès de la télé française actuellement,
04:35 c'est-à-dire HPI, mais il y a eu aussi avant...
04:38 - Avec Audrey Fleurau, oui.
04:40 - C'est un carton, c'est même adapté,
04:42 parce qu'il faut expliquer qu'il y a des achats directs.
04:45 - C'est ça, on peut acheter le format
04:46 et voir Audrey Fleurau doublé en polonais probablement,
04:49 et également voir l'Audrey Fleurau américaine bientôt.
04:53 - C'est ce que va faire Disney.
04:54 - C'est-à-dire une pure adaptation,
04:56 et en général c'est plutôt une trahison qu'une adaptation,
04:59 enfin on peut toujours voir,
05:00 mais Les Revenants ont été adaptés il y a une dizaine d'années,
05:03 c'était une grande série de Canal+ du début des années 2010,
05:06 ça a duré même pas la moitié d'une saison aux Etats-Unis je crois.
05:09 - C'est ça.
05:10 Bon ça nous est arrivé nous aussi d'adapter des séries étrangères en France
05:13 et de pas toujours très bien les réussir.
05:14 - Ça peut arriver.
05:15 - Je pense que The Office par exemple...
05:17 - Ouais, ouais, c'est vrai.
05:18 - Voilà.
05:18 - C'est vrai.
05:20 - Le Bureau des Légendes aussi, c'est un autre succès,
05:22 un carton international, ça aussi c'est une création française.
05:25 - Je pense que le Bureau des Légendes,
05:25 ça a changé l'image des séries françaises,
05:28 il y en a d'autres,
05:29 mais celle-ci quand même a marqué les esprits,
05:31 parce que c'était un imaginaire international,
05:35 c'est-à-dire les espions,
05:36 et puis en même temps,
05:37 quelque chose d'extrêmement construit à la française,
05:40 enfin c'était autour de la politique française,
05:43 et donc moi ça m'a beaucoup impressionné
05:45 ce que Éric Rochand a réussi à faire.
05:46 - Et puis on peut citer beaucoup d'autres séries aussi
05:49 qui sont peut-être moins téléramare,
05:51 mais qui fonctionnent très bien à l'étranger,
05:52 Tandem, Alice Nevers, Tropique Criminel, Astrid et Raphaël,
05:57 tout ça, ça se vend très bien à l'étranger.
05:59 - Elle Aine et les Garçons étaient vendus à l'étranger en France.
06:01 - En France, oui, en France aussi.
06:03 - Sous le soleil, le gros succès de Sous le Soleil pendant des années.
06:07 - Stéphane Strano, qu'est-ce qu'ils viennent selon vous chercher chez nous,
06:10 les acheteurs étrangers,
06:12 est-ce que c'est un savoir-faire, des idées originales,
06:15 une culture cinématographique forte aussi peut-être ?
06:18 - Je crois que c'est ce que nous sommes,
06:21 que l'ensemble des étrangers viennent chercher dans la fiction française,
06:26 c'est la France, c'est la culture française,
06:28 on se souvient qu'on est quand même le pays le plus visité au monde,
06:32 parce qu'on est un très très très très très beau pays,
06:35 et je crois que la fiction trouve là un essor considérable
06:43 en proposant ce que nous sommes,
06:45 c'est-à-dire toutes nos régions, tous nos décors,
06:49 tous nos talents, le savoir-faire,
06:51 le savoir-faire, vous parliez du savoir-faire cinématographique,
06:54 c'est la France, c'est quand même le pays du cinéma,
06:57 et voilà que la fiction trouve son chemin
07:00 à travers cet export considérable de l'ensemble de nos productions,
07:07 et vous parliez de fiction plutôt Télérama et d'autres,
07:11 mais il faut savoir que quand on est aux Etats-Unis,
07:14 les Meurtras, on ne s'attache pas aux Meurtras,
07:17 mais on s'attache à la ville qui est associée,
07:19 puisque c'est une manière pour les étrangers
07:22 de découvrir la France par le petit bout de la laurierette.
07:25 Meurtras qui est une série de France 3 du samedi soir,
07:28 où il va y avoir un meurtre à la Rochelle,
07:30 un meurtre à Nantes ou je ne sais où,
07:31 et c'est vrai que ça fonctionne très bien en France,
07:34 mais ça fonctionne très bien aussi à l'étranger.
07:36 - C'est vrai, mais ce n'est pas complètement la France non plus,
07:38 ce n'est pas la seule façon...
07:40 - Ah pardon !
07:40 - Ce n'est pas la seule façon de vivre la France.
07:43 - Oui, non, je disais, c'est pas la seule,
07:45 quand on dit "c'est ce que nous sommes",
07:46 quand vous dites ça, c'est à la fois complètement vrai,
07:49 et puis on peut se demander aussi
07:51 à quel point la fiction française
07:52 représente vraiment le pays dans sa diversité.
07:55 - Oui, d'ailleurs, c'est une des joies de la création
08:02 et du travail artistique.
08:04 Vous parliez de ces dix dernières années
08:07 où on était un petit peu en retard,
08:08 et je suis assez d'accord avec cette idée,
08:10 on a été un petit peu en retard il y a une quinzaine d'années,
08:12 et puis on a eu la chance de voir ce flot de séries américaines
08:16 qui nous ont complètement changé la vision
08:18 qu'on avait de la série.
08:19 Je dois le dire, c'est la série américaine
08:22 qui a donné le goût au public mondial
08:24 pour ce format de la série,
08:29 et puis voilà que nos auteurs, nos artistes
08:33 se sont inspirés de ce travail formidable.
08:35 Vous parliez du bureau des légendes,
08:37 qui a énormément de qualité,
08:39 c'est quand même une des meilleures séries,
08:41 tout pays confondu, qu'on ait jamais vu sur ce sujet-là,
08:45 et Éric Rochon a mis en place des méthodes d'écriture,
08:49 des méthodes de travail qui permettent d'avoir,
08:52 je crois, un travail d'excellence.
08:54 Fred Testo, vous vouliez réagir ?
08:56 Oui, mais c'était tout à l'heure.
08:58 Non, non, parce que je voulais dire que moi
09:01 j'avais vu la série américaine "Emily in Paris",
09:04 mais c'est vrai qu'après je suis allé en vacances à Paris,
09:06 et c'est pas du tout l'image que je me faisais de cette ville.
09:10 Les gens dansent pas dans la rue.
09:12 C'est pas comme ça, mais c'est intéressant.
09:14 C'est vrai que c'est pas vraiment l'image de la France.
09:17 Est-ce que Olivier Joyard, aujourd'hui quand on crée une fiction,
09:21 on pense forcément à son adaptation ou à son export à l'étranger ?
09:26 Je pense qu'en tout cas on pose la question de à qui elle s'adresse,
09:29 et le public s'est élargi.
09:30 Je pense que c'est plutôt de cette façon-là qu'on peut réfléchir,
09:32 c'est par rapport aux plateformes,
09:33 parce que si on écrit une série pour une plateforme,
09:35 elle est censée, en tous les cas, c'est pas toujours le cas,
09:37 mais normalement être diffusée à Séoul, à Bogotá et à Paris,
09:43 donc ça pose quand même les choses de façon un tout petit peu différente.
09:46 Je pense qu'effectivement on peut se poser ces questions-là,
09:49 mais on peut jamais écrire une fiction pour un public imaginaire.
09:53 J'imagine que c'est pas quelque chose qu'on vous a demandé,
09:56 Arnaud Malherbe, à l'écriture de "Rictus".
09:58 Vous avez pas pensé derrière à l'export,
10:02 même si vous avez choisi Fred Testo, j'imagine aussi pour le marché américain.
10:04 Tout à fait, tout à fait.
10:06 Moi je serais très bien doublé en polonais, ça me va très bien,
10:08 et moi je serais très fier en espagnol.
10:10 On a précisément pas du tout travaillé comme ça,
10:12 et on était aussi chez OCS pour bénéficier de cet espace de liberté et de créativité
10:17 où on était vraiment à 1000% libre et on faisait absolument ce qu'on voulait,
10:21 sans se poser la question ni même d'obligation de casting,
10:24 ni "il faut dire ça et pas dire ça".
10:25 Donc voilà, c'était pas du tout...
10:28 J'ai fini ma phrase.
10:30 - Olivier Joliot !
10:31 - Non, je te dirais, un exemple intéressant c'est les Israéliens,
10:34 parce que c'est un tout petit pays,
10:37 et qu'il y a eu une aura comme ça à travers ces fictions,
10:40 et eux sont presque forcés de penser de façon internationale
10:45 quand ils réfléchissent à leur série,
10:46 parce que leur marché intérieur ne suffit pas.
10:49 Et pourtant, on se rend compte que ça a donné des séries purement israéliennes
10:52 qui ont fasciné tout le monde, comme "In Therapy", "In Treatment" au départ.
10:57 Donc je pense qu'il n'y a pas de fatalité,
10:59 on ne va pas faire des...
11:02 On ne va pas donner l'image...
11:03 Sinon, tout le monde achèterait "Lupin" quoi en fait.
11:06 "Lupin" c'est un peu la série française internationale,
11:08 je pense la série française écrite principalement par un scénariste anglais d'ailleurs,
11:13 qui est le plus vu à l'international.
11:16 C'est l'image de la série française aujourd'hui.
11:18 Est-ce que ça représente toutes les séries françaises ?
11:20 J'en suis pas certain.
11:22 - Un dernier petit mot, Stéphane Strano,
11:23 qui achète le plus nos séries dans le monde ?
11:27 - L'Europe et puis les États-Unis,
11:30 qui achètent en masse nos œuvres.
11:34 Les Anglais, puisqu'ils sont en dehors de l'Europe, on va les citer,
11:37 qui proposent des "French Season",
11:41 puisque c'est devenu à la mode de voir des fictions en langue française.
11:46 Et moi, qui par ailleurs, avec le festival "Défend la francophonie",
11:50 je suis très heureux qu'on puisse entendre "Je t'aime" en langue française dans le monde entier.
11:56 - Ce sera le beau de la fin, il est beau.
11:58 Merci Stéphane Strano, président du Festival de la Fiction de la Rochelle.
12:01 On vous souhaite un très bon festival, puisque c'est jusqu'au 17 septembre.
12:05 Merci Olivier Joyard aussi.
12:07 Je rappelle que vous êtes journaliste aux Inrocs et réalisateur de documentaires.
12:11 Et puis merci évidemment à Fred Testo et Arnaud Malève.
12:14 - Merci à vous tous.
12:16 - On vous souhaite bonne chance à cette très belle série sur OCS Max,
12:19 qu'il faut voir, ça s'appelle "Rictus".

Recommandations