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  • 13/09/2023
Chroniqueuse : Marie Portolano 




Être ou ne pas être mère… Hélène a fait son choix et tant pis pour la pression social ! Cette vétérinaire de renom assume parfaitement cette décision. Elle en parle d’ailleurs dans « Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant), un éclairage inédit sur la place des animaux de compagnie dans nos vies. Un ouvrage au titre provocateur alors que la France a atteint un taux de Natalie historiquement bas. Sur le plateau de Télématin, Hélène Gateau se confie sur ce choix totalement personnel et sur sa perception de la vie dans lequel l’animal est roi.  

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Transcription
00:00 Il est 8h13, c'est l'interview d'actualité "Être ou ne pas être mère".
00:03 Hélène Gâteau a choisi d'avoir un chien, et tant pis pour la pression sociale.
00:07 Elle le raconte dans un livre qui sort aujourd'hui.
00:09 Hélène Gâteau est votre invitée, Marie. Bonjour et bienvenue à vous.
00:12 Bonjour Hélène Gâteau, merci beaucoup d'être avec nous.
00:15 On est en France à un niveau de natalité historiquement bas.
00:18 Le nombre de naissances baisse significativement.
00:20 Et vous, vous avez choisi d'avoir un chien plutôt qu'avoir un enfant.
00:23 Vous l'avez fait exprès ?
00:25 Le titre est volontairement provocateur, effectivement.
00:29 Après, non, je n'ai pas fait exprès de choisir d'être la maman d'un chien.
00:34 C'est venu à moi de mon histoire personnelle, de ma perception de la vie.
00:38 Et c'est ce que je raconte dans le livre.
00:40 Mais c'est vrai que je me rends compte aussi, finalement,
00:42 depuis que je parle de mon choix de vie, depuis que je l'assume ouvertement,
00:47 que ça résonne beaucoup.
00:48 Oui, ça fait écho avec l'époque.
00:50 Avec l'époque et avec beaucoup d'autres femmes qui sont heureuses, en tout cas,
00:54 de ma prise de parole parce qu'elles se sentent finalement,
00:56 elles ne se sentent plus seules.
00:58 Et il y a un vrai sentiment de ralliement autour de moi
01:00 et j'en suis ravie et assez étonnée quand même.
01:03 Oui, justement, vous avez été critiquée pour ça,
01:05 pour avoir choisi d'avoir un chien plutôt qu'un enfant.
01:07 Alors, je n'ai pas forcément été critiquée.
01:10 Il y a eu des jugements.
01:11 On juge beaucoup aujourd'hui dans notre société, tous les choix qu'on peut faire.
01:14 Donc, j'ai eu pas mal de jugements au départ, même des gens qui m'aiment,
01:17 de ma famille, de mes amis, qui n'ont pas compris l'importance
01:22 que j'ai donnée au chien, à mon chien, qui s'appelle Colonel, dans ma vie.
01:26 C'est un chien que j'ai pris quand j'avais à peine 40 ans.
01:30 Et c'est vrai que je me suis investie auprès de lui
01:32 avec de véritables comportements maternels,
01:35 prendre soin de lui, l'éduquer, le sociabiliser,
01:40 organiser un petit peu mon emploi du temps en fonction de lui.
01:42 Et ça a intrigué autour de moi, mes amis, mes proches,
01:45 et qui se sont dit "mais vu comment tu te comportes avec lui,
01:48 tu serais une maman idéale, tu dois forcément avoir cette fibre maternelle,
01:51 pourquoi tu n'as pas d'enfant ?"
01:52 Donc, toujours ce fameux "pourquoi",
01:53 "mais pourquoi tu n'as pas d'enfant ? C'est drôle que tu n'aies pas envie d'avoir d'enfant."
01:56 Et donc, c'est un peu tout ce que j'explique dans ce livre-là.
01:58 C'est vraiment un cheminement personnel.
02:00 Et je vis aujourd'hui, à travers mon chien, c'est vrai,
02:05 une forme de parentalité.
02:07 - Mais rassurez-moi, vous faites quand même la différence entre un chien et un enfer.
02:10 - Alors bien sûr.
02:11 Et c'est pour ça que je me suis permise de prendre la parole, justement, sur ce sujet-là.
02:14 C'est parce que vous ne me verrez jamais dans les rues
02:15 abalader mon chien dans un landau, par exemple, ou habiller mon chien.
02:18 - Ce qui arrive, il y a des gens qui le créent.
02:20 - C'est ce qui peut arriver. Ou à mettre des vêtements à mon chien.
02:23 Je suis vétérinaire, donc j'ai une connaissance du chien qui est...
02:27 - Médicale. - Vraie, médicale, scientifique.
02:30 Et je ne compare pas un chien avec un enfant,
02:33 c'est véritablement le lien d'attachement que je compare.
02:35 Et qu'ils se calquent l'un sur l'autre.
02:37 Le lien d'attachement qu'on peut avoir avec un chien,
02:40 il se calque véritablement sur le lien d'attachement qu'une maman peut avoir avec son bébé.
02:44 Que ce soit d'un point de vue comportemental, d'un point de vue hormonal,
02:48 d'un point de vue physiologique, il se passe exactement les mêmes choses.
02:52 Et ce n'est pas moi qui l'avance, ce sont véritablement les études scientifiques, la recherche.
02:56 - Vous comprenez les parents qui regarderaient potentiellement l'émission
02:59 et qui ne comprendraient pas votre démarche, qui la trouveraient exagérée ?
03:02 - Alors, je comprends, je comprends que je puisse être un petit peu scandaleuse,
03:05 un peu provocatrice.
03:07 Cependant, vu tous les messages que je reçois,
03:09 et les messages même de mamans, de bébés humains, d'enfants humains,
03:13 mais qui ont des animaux, et dès lors qu'on a eu un animal dans sa vie,
03:16 qu'on ait eu des enfants ou pas, eh bien on comprend ce lien d'attachement qui peut arriver.
03:21 Et qui fait partie de l'essence même qu'être un être humain.
03:25 En fait, on parle de ce qu'on appelle l'alloparentalité.
03:28 L'alloparentalité, c'est avoir des comportements maternels ou paternels
03:33 avec un être vivant qui n'est pas forcément sa propre progéniture.
03:37 Et ça fait partie de l'être humain.
03:39 C'est même ce qui fait partie de l'évolution, dans la théorie de l'évolution, de l'espèce humaine.
03:44 Et donc cette facette de l'alloparentalité,
03:48 qu'on ne retrouve pas chez les grands singes.
03:49 Chez les grands singes, seule la génitrice s'occupe du petit.
03:53 Chez les humains, dans toutes les sociétés humaines,
03:55 il y a toujours eu les oncles, les tantes, les sœurs, etc. qui se sont occupés des petits.
03:59 Donc cette facette de l'alloparentalité, eh bien on va aussi l'exprimer
04:02 avec d'autres êtres vivants de notre foyer, en l'occurrence les animaux,
04:07 avec certes moins de contraintes qu'un enfant.
04:09 Mais alors, pourquoi vous avez choisi ce titre ?
04:11 Parce que, pourquoi vous n'avez pas juste écrit "Pourquoi j'ai choisi d'avoir un chien ?"
04:14 Pourquoi vous avez rajouté "et pas un enfant" ?
04:16 Parce que, pourquoi j'ai choisi d'avoir un chien, je trouve que ça serait un petit peu...
04:21 Vous avez envie de provoquer un petit peu quand même ?
04:23 Oui, j'ai envie de provoquer un petit peu.
04:24 Alors on pourrait penser que c'est un coup "marketing", mais non, c'est mon histoire.
04:28 C'est mon histoire et de ce point de vue-là, je me confie beaucoup.
04:30 C'est quand même un livre extrêmement personnel.
04:32 Oui, parce qu'en fait, vous n'avez pas choisi de ne pas avoir d'enfant,
04:34 vous avez eu un chien et ça a rempli votre désir maternel.
04:37 Alors en fait, je n'en voulais pas d'enfant.
04:39 Je n'en voulais pas.
04:40 C'est quelque chose que j'ai dû assumer à partir de l'âge de 30 ans,
04:43 quand on commence à vous poser des questions.
04:45 Avant, on ne vous pose pas forcément de questions.
04:46 Et vers l'âge de 30 ans, on commence à vous poser des questions.
04:48 Donc voilà, c'est une...
04:50 Et puis, j'ai pris mon chien et là, je me suis rendue compte qu'effectivement,
04:53 je vivais à travers lui, eh bien, cette simulation de la maternité.
04:56 Ça me remplissait.
04:57 Ça venait effectivement remplir ce sentiment peut-être d'incomplétude
05:02 ou de frustration qu'on peut avoir quand on n'a pas un enfant.
05:05 Je pouvais mettre en avant ce comportement nourricier.
05:07 Et puis, j'avais également lu une allocution du pape François de début 2022,
05:13 qui disait quand même, le pape François qui disait
05:15 "Aujourd'hui, les jeunes couples ont un enfant ou ne veulent plus d'enfants,
05:19 mais en revanche, ils ont un chien, deux chiens et trois chats.
05:22 Ne riez pas.
05:23 Les animaux prennent la place des enfants.
05:25 C'est un déni de la paternité et de la maternité.
05:27 Et en gros, ça va conduire à un amoindrissement de l'humanité."
05:32 Donc, si le pape s'en empare, c'est qu'il y a un vrai sujet quand même.
05:34 Justement, vous évoquez dans le livre à quel point la société juge les femmes,
05:37 surtout les femmes, les pères aussi, mais surtout les mères,
05:40 enfin les femmes qui ne veulent pas avoir d'enfants.
05:42 Elles sont 30% aujourd'hui à afficher ne pas vouloir d'enfants.
05:46 Est-ce que ce livre, c'est aussi une manière,
05:48 votre manière de se battre contre les injonctions et la maternité ?
05:51 Exactement.
05:52 Je pense qu'aujourd'hui, en tant que femme, on peut s'épanouir
05:55 autrement que dans la maternité.
05:58 On peut s'épanouir à travers sa carrière, à travers une vie associative.
06:01 Oui, c'est d'époque.
06:02 La carrière, la liberté aussi.
06:05 La liberté.
06:06 Et aujourd'hui, je pense qu'on est dans une société où on peut se permettre
06:10 de faire cette sorte de coming out que je suis en train de faire, effectivement,
06:14 et qui fait du bien, je vous assure, aux personnes qui sont comme moi.
06:18 Alors, quand je dis les personnes comme moi,
06:20 ce ne sont pas que les femmes qui ont 40 ans et qui ne veulent pas d'enfants,
06:24 mais mon livre parle aussi aux mamans de grands enfants qui ont 55 ans
06:29 et les enfants sont partis.
06:30 C'est ce qu'on appelle le syndrome du nid vide.
06:31 Oui, parce que vous dites les enfants finissent toujours par partir,
06:34 le chien reste.
06:34 En fait, vous êtes trop sensible.
06:36 Alors non, je ne souffre pas du syndrome de Bambi, comme on peut le dire,
06:39 où on a la sensiblerie, effectivement, qui vient là-dedans.
06:42 Non, je ne suis pas du tout là-dedans.
06:43 J'ai quand même assez de recul pour ne pas paraître comme là,
06:47 mes mères à chiens qui ne vivent qu'à travers son chien.
06:49 J'ai une vie sociale, tout va bien.
06:52 Et donc, à ces mères-là dont les enfants sont partis, vous dites, prenez un chien.
06:55 Alors, ce n'est pas que je leur dis, attention, je ne fais pas du prosélytisme,
06:58 mais en tout cas, il y a cette façon de revivre une maternité pour ces femmes-là
07:04 à travers le petit dernier, qu'elles vont même appeler auprès de leurs autres enfants.
07:08 Tu n'as pas dit bonjour à ton petit frère ou à ta petite sœur.
07:10 Il y a les couples homosexuels aussi, qui ne vont pas tous faire une GPA ou une PMA
07:14 et qui peuvent avoir un animal pour construire une famille.
07:16 En fait, c'est un nouveau schéma narratif que je propose aujourd'hui,
07:20 autour du familial.
07:21 Exactement.
07:22 C'est presque féministe.
07:23 Presque.
07:24 On parle quand même des femmes qui féministent.
07:26 Vous savez, donc finalement, c'est plus...
07:28 Ce n'est pas un gros mot, le féminisme.
07:29 Ce n'est pas un gros mot.
07:30 C'est pour dire aux femmes qu'elles ont le droit de faire ce qu'elles veulent.
07:32 Exactement.
07:33 Merci beaucoup Hélène Gatteau.
07:34 Votre livre "Pourquoi j'ai choisi d'avoir un chien et pas un enfant"
07:37 sort aujourd'hui et c'est chez Albin Michel.
07:39 Merci.
07:39 Merci Marie.
07:40 Merci à vous.
07:41 Je regardais sur le compte Instagram d'Hélène Gatteau.
07:43 On le voit, le chien, colonel.
07:44 Il est très présent, très très présent.

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