Émeutes: l'interview en intégralité de Jean-François Copé

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Émeutes: l'interview en intégralité de Jean-François Copé

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00:00 -Bonsoir, Jean-François Copé.
00:01 Merci beaucoup d'être avec nous ce soir,
00:03 maire et les Républicains de Maux.
00:06 Vous nous direz dans un instant
00:07 à quel point votre ville a aussi été touchée.
00:11 On parlera notamment des jeunes, des enfants,
00:14 du rôle des parents aussi avec vous ce soir.
00:16 Mais d'abord, Emmanuel Macron, Gérald Darmanin,
00:19 qui sont ce soir auprès des policiers.
00:21 On voit que le gouvernement, le président de la République,
00:24 sont en train de faire corps avec les élus aujourd'hui,
00:28 avec les forces de sécurité également ce soir,
00:31 avec les maires demain.
00:33 C'est important d'envoyer tous ces messages d'unité
00:37 après les 6-7 jours qu'on vient de passer ?
00:40 -Oui. Je ne vais pas vous dire que ce n'est pas important.
00:43 C'est indispensable que le président soit en ce moment
00:46 avec les élus, avec les forces de l'ordre,
00:48 et qu'on en termine avec ces interminables commentaires
00:52 qui, en réalité, exaspèrent tout le monde.
00:54 Je ne suis pas venu du tout ce soir
00:57 pour vous rajouter le énième commentaire de l'analyse
01:00 qu'on a tous fait depuis des années.
01:02 On en a tous marre. Tous.
01:04 C'est pas nous, les maires, c'est tous les Français,
01:07 tous ceux qui, depuis des années, annoncent
01:10 que sur le terrain, il y a des choses préoccupantes
01:13 qui se passent, qui ne franchissent jamais
01:15 la frontière de Paris, parce qu'à Paris,
01:17 on n'a pas le droit de le dire. Ca fait tout de suite choquant.
01:21 La réalité, c'est qu'il va falloir qu'on en finisse
01:24 de ces non-dits. C'est ça qui est en jeu.
01:26 -On va voir ce qu'on fait, ce que le gouvernement peut faire,
01:30 ce que les élus peuvent faire, mais les non-dits, c'est quoi ?
01:33 -Les non-dits, ils sont partout.
01:35 Les non-dits, c'est quoi ? C'est qu'aujourd'hui,
01:38 vous avez toute une partie de nos jeunes,
01:40 de plus en plus jeunes, qui sont livrés à eux-mêmes,
01:44 sans aucune espèce de contrôle,
01:46 de la part d'une République qui n'ose plus,
01:48 parce qu'elle n'en a plus le droit,
01:50 au nom de je ne sais quel concept gauchiste,
01:53 de punir, de sanctionner, d'encadrer,
01:56 au nom de l'idée qu'il faut s'excuser de tout.
01:59 Et donc, ces jeunes très jeunes, en réalité,
02:02 n'ont plus aucun encadrement de personnes,
02:05 parce que les parents incarnent de ces jeunes-là
02:08 un abandon absolument insupportable, insupportable,
02:11 qu'à l'école, comme l'a très bien dit Vincent Gembrun,
02:15 quand un prof a le malheur de faire une remarque
02:19 d'un gamin qui s'est très mal conduit dans une école
02:23 et que le père vient l'insulter,
02:25 il n'y a de conséquences pour personne.
02:27 -Je reprends les choses dans l'ordre.
02:29 Ce que vous nous dites, comme nous l'ont dit,
02:32 vous parlez notamment de ces jeunes-là.
02:34 Le préfet de Lerau, aujourd'hui, M. Moutou,
02:37 a déclenché un début de polémique en disant ce matin
02:40 que quand dans une famille, il y avait des gamins qui pillaient,
02:43 c'était deux claques et au lit.
02:45 On lui est tombé dessus en disant qu'on ne peut pas parler comme ça.
02:49 -On est tranquille, on ne dérange personne.
02:52 La question n'est pas de savoir s'il est préfet,
02:55 ou si c'est un préfet, ou si c'est un préfet.
02:57 A partir de quand on arrête de faire semblant ?
03:00 A partir de quand on arrête de se mentir
03:02 sur une réalité que nous connaissons parfaitement,
03:05 que les Français voient tous les jours,
03:08 dont ils savent que ça constitue un danger larvé ?
03:11 Car si nous ne le faisons pas,
03:12 c'est l'extrême droite qui s'en occupe.
03:15 Mais à partir de quand va-t-on considérer
03:18 que ça n'est pas un fantasme ?
03:19 C'est ça qui est en cause.
03:21 Pourquoi est-ce que nous sommes un certain nombre de maires
03:25 qui ont déclenché la sonnette d'alarme ?
03:27 Parce qu'on est en première ligne.
03:29 Chaque année qui passe, on nous enlève le moyen
03:32 d'être efficaces et de le dire de plus en plus fort.
03:35 Les maires n'ont plus le droit d'être à l'Assemblée nationale.
03:39 Les lois sont faites par des gens sympathiques,
03:42 mais totalement perchés,
03:43 qui n'ont plus aucun contact avec la réalité.
03:46 Les maires, quand on leur parle,
03:48 quand ils demandent qu'il y ait un renfort des pouvoirs
03:52 des polices municipales,
03:53 ils disent qu'il n'y a qu'un mot.
03:55 Heureusement que j'ai fait une police municipale,
03:58 armée très nombreuse,
04:00 qu'on a mis 350 caméras.
04:01 C'est grâce à ça qu'on a pu faire,
04:04 en sorte de tenir, après le choc de la fameuse nuit
04:07 de jeudi à vendredi,
04:08 qui a été un cauchemar,
04:10 on a été débordés de toutes parts,
04:12 et dès le lendemain matin, on a repris les choses en main
04:15 pour faire en sorte que le terrain
04:17 ne soit plus abandonné à ces hordes de voyous.
04:20 -Vous êtes du côté du 17e arrondissement,
04:23 là où sont donc ce soir Emmanuel Macron et Gérald Darmanin.
04:27 -Effectivement, on peut parler d'un déplacement surprise
04:33 du chef de l'Etat, qui est arrivé il y a quelques minutes,
04:36 dans cette caserne de police.
04:38 On est à Paris, dans le 17e arrondissement.
04:41 Emmanuel Macron à la rencontre des policiers.
04:44 En se garant, on a aperçu une fenêtre
04:46 et on a vu les policiers entourés d'Emmanuel Macron
04:49 depuis une fenêtre.
04:51 Il est en train d'échanger, de discuter avec eux.
04:53 Il s'est rendu avec Gérald Darmanin,
04:56 le ministre de l'Intérieur, qui par ailleurs
04:58 était, il y a un peu moins d'une heure,
05:01 à Torsy, en Seine-et-Marne,
05:02 pour rencontrer des policiers.
05:04 C'est vrai que l'objectif, le message de cette visite,
05:08 c'est le même message qu'avait posté
05:10 sur les réseaux sociaux Emmanuel Macron,
05:12 c'est-à-dire des appels à l'apaisement,
05:15 l'objectif à court terme, c'est le retour au calme.
05:18 Emmanuel Macron avait demandé,
05:20 par exemple, hier, en réunion de crise avec ses ministres,
05:23 de garantir le retour au calme.
05:25 D'où sa demande aujourd'hui
05:27 auprès du ministre de l'Intérieur
05:29 de maintenir une présence massive de policiers sur le territoire.
05:33 On comprend aussi que l'heure n'est pas encore
05:36 à la réponse politique, mais au retour au calme,
05:39 au retour à l'ordre.
05:40 Emmanuel Macron a commencé les consultations
05:43 pour dessiner cette réponse politique.
05:46 Il a été le président de l'Assemblée nationale,
05:48 le président du Sénat,
05:50 et désormais, sur le terrain, ce soir,
05:52 déplacement surprise dans cette caserne de police à Paris,
05:56 Emmanuel Macron pourrait aussi demain
05:58 présider une nouvelle réunion de crise
06:01 pour suivre la situation et toujours rappeler
06:03 au retour de l'ordre et à l'appel au calme.
06:06 -Anthony Leboz, Philippe Bignon,
06:08 direct du 17e arrondissement de Paris.
06:10 Pour les gamins, on les laisse faire tout et n'importe quoi.
06:14 Quelles sont les premières mesures ?
06:16 -Les gamins, c'est ces gamins-là.
06:18 Il ne faut pas se tromper.
06:20 La France a fait beaucoup pour les quartiers et les banlieues.
06:24 Le bilan est considérable.
06:26 Il y a des réussites fantastiques.
06:28 Il y a des jeunes issus de ces quartiers
06:30 qui, grâce à cet effort, sont des réussites formidables.
06:33 Tout ça est occulté, on ne le valorise jamais,
06:36 mais ce travail de rénovation urbaine,
06:39 de sécurisation de quartiers, d'action dans le domaine sportif,
06:43 a porté ses fruits.
06:44 Pour autant, nous sommes confrontés
06:46 à ces poignées de jeunes très jeunes,
06:48 qui sont livrés à eux-mêmes,
06:50 et c'est maintenant sur eux qu'il faut se concentrer.
06:53 Arrêtez de dire qu'on a échoué.
06:55 -Qu'est-ce qu'on fait ?
06:57 -Le premier sujet, je suis désolé de le dire,
07:00 il est sécuritaire.
07:01 Il est sécuritaire.
07:03 Nous devons impérativement remettre sur la table
07:07 tous les arsenaux législatifs
07:10 qui permettent de sanctionner ces jeunes,
07:13 mais également les parents.
07:15 Il va bien falloir qu'une bonne fois pour toutes,
07:18 on en arrête avec les états d'âme,
07:21 il s'agit de parents qui sont totalement démissionnaires.
07:25 Comment peut-on accepter que des enfants
07:27 qui ont 12 ans, 13 ans, 14 ans, 15 ans,
07:30 soient à 2h du matin dans les rues en train de cogner ?
07:34 -Comment vous allez contraindre et obliger les parents ?
07:37 -Par un travail que nous allons faire,
07:40 d'identification de ces jeunes,
07:42 de convocation des parents et de rappel
07:44 que les parents doivent être devant
07:48 une responsabilité civile et pénale de leurs enfants
07:51 quand ils sont mineurs.
07:52 Sinon, je ne vois pas à quoi sert
07:54 toute cette politique que nous menons
07:57 d'allocation familiale, dont je rappelle
07:59 qu'il était là pour aider les parents à éduquer les enfants.
08:02 -Rachid Haddati, que j'écoutais ce matin,
08:05 disait que c'était une très mauvaise idée
08:07 parce que quand on a des fratries de 6-8 enfants,
08:10 il y en a un qui dérape, on va punir toute la famille.
08:14 Par ailleurs, est-ce que la sanction seule
08:17 vis-à-vis de parents qui ont de la difficulté
08:19 à avoir de l'autorité sur leurs enfants
08:22 parce qu'eux-mêmes, population immigrée,
08:24 ont du mal à s'intégrer, des problèmes de langue,
08:27 est-ce que c'est bien efficace ?
08:29 Vous ne mettez pas une rustine sur un problème...
08:32 -C'est un changement complet de méthode,
08:35 c'est pas une rustine.
08:36 Il y a un moment où il faut arrêter d'être tout le temps contre
08:39 un certain nombre de mesures dont on sait qu'elles font bouger.
08:43 Qu'est-ce que c'est que cette idée selon laquelle des parents
08:46 auraient plus de mal à maîtriser la langue française,
08:50 à s'intégrer ? Les vagues d'immigration...
08:52 -Ca existe. -Je sais que ça existe.
08:54 Mais les vagues d'immigration depuis 2000 ans
08:57 se sont traduites par des politiques
08:59 de ce qu'on appelait d'assimilation,
09:01 d'intégration, des cours de français.
09:04 Il n'y a pas d'obsèques sur la langue française
09:07 dès lors qu'on fait en sorte que les gens rentrent
09:09 dans un processus d'intégration plein de la République française.
09:13 Sinon, c'est pas la peine de faire ces parcours.
09:16 On est à la 3e génération. -Et on rappellera
09:19 que la majorité des gamins... -Français.
09:21 -Les jeunes qui sont là sont français.
09:23 -Totalement. Leurs parents le sont.
09:26 C'est à partir des grands-parents que l'immigration est arrivée.
09:29 Arrêtons avec ces faux-semblants.
09:32 -Oui, bien sûr, parfois, c'est un seul des enfants de la fratrie.
09:35 Mais pour autant, je suis désolé de vous dire,
09:38 évidemment, je le fais sans arrêt, regardez les compositions
09:41 des familles. Si vous avez une mère seule,
09:43 c'est pas le même traitement. Il faut faire du traitement.
09:47 Les mères sont en 1re ligne. Nous connaissons nos habitants.
09:50 Nous savons de qui il s'agit.
09:52 Mais de la même manière, quand il s'agit de parents abandonniques,
09:56 je suis désolé de vous dire qu'il faut être hyperactif,
09:59 et que, que ce soit à l'école, où les professeurs,
10:02 les chefs d'établissement doivent être couverts, protégés,
10:05 quand ils convoquent un parent,
10:07 quand il y a des sanctions, il faut qu'elles soient prises.
10:10 Et quand les choses vont plus loin,
10:12 il faut une politique pénale et pénitentiaire.
10:15 Il n'y a pas de prison suffisante pour pouvoir...
10:18 -Tout le monde veut réagir sur le fait de Jean-François Copé.
10:21 -Guillaume, puis Pablo. -J'ai une question.
10:24 Engager la responsabilité civile des parents,
10:26 c'est le bon vieux principe, celui qui casse, répare.
10:29 -Ca n'est pas appliqué. -C'est dans les textes.
10:32 En revanche, ce que j'ai du mal à comprendre,
10:35 c'est aller chercher la responsabilité pénale.
10:37 Vous les transformez en délinquants,
10:39 vous allez faire condamner des parents pour le fait d'autrui,
10:43 c'est-à-dire de leurs enfants, et une fois qu'ils seront incarcérés,
10:47 ça va apporter quoi de plus ?
10:48 Comme disait Géraldine, vous avez plusieurs enfants à charge,
10:52 pourquoi aller chercher la responsabilité pénale ?
10:55 -Tout ça doit faire l'objet d'une graduation.
10:58 Aujourd'hui, il n'y a rien de tout ça.
11:00 C'est peut-être dans les textes, ça n'est appliqué par personne.
11:03 Il ne s'agit pas naturellement
11:05 d'appliquer des sanctions pénales lourdes
11:08 en n'importe quelle circonstance.
11:10 Je rappelle qu'il peut se trouver
11:12 que des parents ne s'occupent pas du tout de leurs enfants
11:15 et, d'une certaine manière, soient complices indirects
11:18 en les laissant faire n'importe quoi.
11:20 Il peut y avoir des parents qui sont des complices actifs.
11:23 -On a vu des images de vidéosurveillance à mots.
11:26 Nous avons vu des adultes aller se servir dans les magasins
11:29 qui venaient d'être pillés par des jeunes.
11:32 On a le droit de le dire ou on va en prison.
11:34 Quand on dit ça, c'est une polémique.
11:36 Il y a un moment où, si nous, les maires,
11:39 racontons des choses que nous voyons,
11:41 on les invente pas, on a toutes les preuves,
11:43 c'est dans les images, les rapports de police municipale.
11:47 Si on ne fait rien, ce que nous venons de voir
11:49 et qui va probablement se calmer,
11:51 compte tenu de l'émotion générale
11:53 et de la remobilisation des forces de la police,
11:56 ça va recommencer dans quelques mois, quelques années.
11:59 Si on ne fait rien, on va pouvoir tenir encore quatre ans ?
12:02 -Pablo ? -Il y a un truc que j'adore
12:04 avec la droite, c'est que vous arrivez souvent en disant...
12:08 Je vais vous dire tous les non-dits
12:10 qui n'ont jamais été dit sur les choses,
12:12 mais ce que vous dites, c'est ce que dit la droite
12:15 et l'extrême droite depuis, je sais pas, 30 ans.
12:18 Vous nous parlez de "ordre de voyous",
12:21 vous ne proposez qu'une réponse sécuritaire,
12:24 pénale, voire pénitentiaire.
12:26 Excusez-moi, mais en quoi cela est nouveau
12:28 de ce que vous, la droite, vous racontez depuis 30 ans ?
12:32 -D'abord, première chose,
12:33 si on arrêtait avec l'histoire de la droite ou pas de la droite,
12:37 on en est même pas là. -C'est vos non-dits !
12:40 Allumez ces news, allez sur les réseaux sociaux
12:42 et écoutez vos collègues. -Vous pensez qu'un maire,
12:45 parce qu'il est socialiste, voit pas ce problème ?
12:48 -Je vous parle de votre réponse. -C'est pas qu'un sujet de droite.
12:51 Pour toute une série de raisons liées à mon engagement,
12:54 aucune ne le saura recevoir sur le combat que je mène
12:56 pour refuser toute alliance avec l'extrême droite.
12:59 Vous êtes gentil, vous ne nous mélangez pas.
13:02 -La réponse sécuritaire est souvent portée par la droite
13:05 et l'extrême droite. -Et par une certaine gauche
13:07 qui a compris que ça suffisait de fermer les yeux sur tout ça.
13:11 Vous les avez peut-être pas rencontrés,
13:13 mais il y a des tas de maires de gauche
13:15 qui sont tout aussi effarés que l'on en est
13:18 quand on a le malheur d'être de droite.
13:20 -Il y a des choses qui arrivent. -Je vous en fais pas grief.
13:23 -Formidable. Je suis bien fait de venir.
13:25 Deuxième point.
13:26 Deuxième point.
13:28 Personne ne pense une seconde qu'il n'y ait qu'une réponse sécuritaire.
13:32 Mais je vais vous dire une chose.
13:34 Le problème, aujourd'hui, c'est que nos réponses,
13:37 dans les autres domaines, notamment ceux de la prévention,
13:40 elles sont considérables.
13:41 Personne ne veut le voir, mais elles sont considérables.
13:44 Vous n'imaginez pas ce que, dans des villes comme les nôtres,
13:48 bien d'autres villes, nous avons fait en matière de prévention,
13:51 d'éducation, de sensibilisation, de rénovation urbaine,
13:55 de sécurité au sens préventif du terme,
13:57 et avec des résultats remarquables.
14:01 Nous sommes aujourd'hui confrontés, il ne faut pas s'y tromper,
14:04 à des comportements qui sont liés à des réseaux mafieux
14:07 sur lesquels, malheureusement, nous ne pouvons pas avoir de prise,
14:11 qui ont trait à l'importance du trafic de drogue,
14:13 qui ont trait au caïda, au rôle de certains grands frères
14:17 qui ne sont pas mobilisés suffisamment.
14:19 -Les jeunes n'avaient aucun casier, pour la plupart ?
14:22 -Arrêtez de dire "pour la plupart". 60 % !
14:25 -60 %, voilà.
14:26 -Ca veut dire que 40 % en ont ?
14:28 -Oui, pour la plupart. -Mais c'est énorme !
14:30 Vous êtes fous ou quoi ? Atterrissez ! C'est énorme, 40 %,
14:33 60 %, parce qu'ils sont très jeunes, ils ne sont pas fichés par la police.
14:37 Si ils sont allés déjà à ce niveau de débordement,
14:40 c'est qu'ils sont déjà engagés là-dedans.
14:43 Mais il faut arrêter.
14:44 Quand je vous dis "c'est énorme", 40 % ont déjà eu maillé à partir
14:48 avec la police.
14:49 Encore une fois, nous nous adressons à des jeunes
14:52 qui sont organisés entre eux, grâce aux réseaux sociaux,
14:55 qui sont efficaces dans une espèce de haine déchaînée,
14:58 dont peut-être on découvrira que pour certains d'entre eux,
15:02 ils avaient fait consommation de stupéfiants,
15:04 ce qui pouvait déterminer une certaine rage,
15:07 dont on a témoigné, et qui sont impressionnants.
15:10 La réponse doit être très forte.
15:12 -C'est le premier rideau, d'une certaine manière.
15:14 La première lame, ça ne peut pas être qu'une réponse sécuritaire.
15:18 Quand on regarde les chiffres à la fin,
15:20 et aujourd'hui, malgré les milliards dépensés,
15:23 les dizaines de milliards dépensés,
15:26 il reste toujours des inégalités profondes
15:28 qui touchent ces quartiers-là, en matière d'emploi,
15:31 d'éducation, etc.
15:32 Les inégalités sont toujours là.
15:34 Il ne peut pas y avoir qu'une réponse sécuritaire.
15:37 -Bien sûr qu'il y a des inégalités,
15:40 mais au nom de quoi est-ce qu'on doit considérer
15:42 que le fait d'être issu d'un milieu social plus difficile
15:46 légitime la violence ?
15:47 D'où ça sort, ça ?
15:48 Vous avez bien d'autres pays en Europe
15:51 dont les protections sociales sont infiniment moindres,
15:54 dans lesquelles on fait beaucoup moins
15:56 pour les quartiers difficiles que en France,
15:59 et pourtant, on n'assiste pas à tout ça.
16:01 -On ne parle pas de légitimer la violence,
16:04 on parle de problèmes concrets.
16:06 Le taux de pauvreté, par exemple,
16:08 est presque trois fois plus élevé que dans l'ensemble du pays.
16:12 43 % vivent sous le seuil de pauvreté
16:14 dans les quartiers prioritaires,
16:16 contre 16 % dans sa population.
16:18 Le taux de chômage est deux fois plus élevé
16:21 que dans le reste du pays.
16:22 Pour la jeunesse, c'est près de la moitié des jeunes
16:26 qui sont sans emploi, 4 habitants sur 10
16:28 qui n'ont aucun diplôme.
16:30 Les chiffres restent dramatiques.
16:32 Les foyers monoparentaux,
16:34 dont vous parliez, il y en a beaucoup plus.
16:36 -On peut les punir, mais si ça ne s'arrange pas,
16:39 la situation restera la même.
16:41 -C'est aussi l'intérêt que je viens de vous en parler.
16:45 Je suis maire d'une ville qui a connu et qui connaît ces problèmes.
16:49 Encore une fois, il n'a jamais été écrit nulle part
16:52 que le fait que l'on soit dans une famille très modeste
16:55 avec des vraies difficultés puisse légitimer
16:58 ce type de comportement.
17:00 Je ne cesse de rencontrer, comme sans doute vous,
17:03 des gens un peu plus âgés qui me disent
17:05 que nous avons grandi.
17:07 Jamais personne n'avait imaginé à l'époque
17:10 de se comporter comme ça.
17:11 Or, les inégalités étaient déjà extrêmement fortes.
17:15 Ce qui se passe aujourd'hui,
17:17 c'est qu'en l'absence d'un discours politique assumé
17:20 dans lequel on rappelle ce qu'on a le droit de faire
17:23 et ce qu'on n'a pas le droit de faire,
17:26 à force de s'excuser de tout, on banalise tout cela.
17:29 En réalité, ça ne doit pas être un débat.
17:32 On doit condamner ça fortement, ne pas chercher d'excuses.
17:36 On ne peut pas se fier contre les inégalités,
17:38 mais on n'arrête pas de le faire, avec des vrais résultats.
17:42 Il y aura toujours, dans toutes les sociétés,
17:45 des gens plus pauvres, moins pauvres,
17:47 avec plus de facilité que d'autres.
17:50 Notre rôle d'élu de la République,
17:52 c'est d'apporter des réponses à ceux qui le veulent.
17:56 -Pour continuer cette conversation,
17:58 il y a une phrase que vous avez prononcée
18:01 et que j'aimerais vous entendre l'expliciter.
18:04 On est à Borençon, du 17e arrondissement de Paris,
18:07 où on va retrouver Anthony Lebos.
18:10 Anthony, Emmanuel Macron,
18:11 sont depuis une demi-heure avec Gérald Darmanin
18:14 auprès des policiers dans cette caserne Bessières du 17e.
18:18 -Un peu plus même de 45 minutes, Maxime.
18:21 Emmanuel Macron est arrivé ici avec le ministre de l'Intérieur.
18:25 On est à Paris, caserne de police Bessières.
18:27 On a des éléments de l'Elysée,
18:30 qui n'avait pas annoncé en amont
18:32 ce déplacement surprise d'Emmanuel Macron.
18:35 Le président de la République est en train d'échanger
18:38 avec des membres des forces de police,
18:40 de la gendarmerie, des CRS, des membres de la BRI,
18:43 ainsi que des pompiers.
18:45 L'Elysée indique que le chef de l'Etat
18:47 a tenu à être présent à leur côté pour les écouter,
18:51 les remercier de leur mobilisation
18:53 et les assurer de son soutien.
18:55 On comprend l'enjeu de ce message.
18:57 Ce n'est pas une surprise au regard des dernières déclarations
19:01 des réseaux sociaux du chef de l'Etat,
19:03 c'est-à-dire soutenir les forces de l'ordre,
19:06 les policiers, après les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Naël,
19:11 mort tué par un policier après un refus d'obtempérer à Nanterre
19:15 la semaine dernière, alors que j'ai fit à l'instant
19:18 une voiture de police qui a manqué de m'écraser.
19:21 Emmanuel Macron est toujours à l'intérieur de cette caserne
19:24 pour parler avec les policiers.
19:26 L'heure est à l'apaisement.
19:28 Emmanuel Macron a mené plusieurs réunions de crise,
19:32 notamment avec les ministres.
19:34 Il a répété à ces ministres qu'il fallait garantir
19:37 le retour au calme.
19:38 Emmanuel Macron avait demandé à Gérald Darmanin,
19:41 le ministre de l'Intérieur, de maintenir une présence massive
19:45 pour ce soir, pour garder la situation sous contrôle
19:48 et avoir un retour au calme le plus rapidement possible.
19:52 On comprend que les consultations si politiques ont commencé,
19:56 il y a quelques semaines,
19:57 il a demandé à la Première ministre,
20:00 ce qui a été fait aujourd'hui,
20:02 de recevoir les différents présidents
20:05 de groupes parlementaires, Assemblée nationale et Sénat.
20:08 Ce premier déplacement en Ile-de-France
20:11 depuis le drame de Nanterre du chef de l'Etat,
20:14 qui est ici depuis 45 minutes,
20:16 on l'a aperçu à quelques rues,
20:18 on a vu une fenêtre ouverte,
20:20 on a aperçu la tête du président de la République
20:23 et son soutien.
20:24 -Merci à vous, Anthony Leboz, Philippe Vignon,
20:27 directeur du 17e arrondissement de Paris.
20:30 Merci d'être avec nous.
20:32 Vous êtes éducateur, membre fondateur
20:34 des collectifs Assez le feu et passe en nous,
20:37 qui avaient été créés après les émeutes de 2005.
20:40 -Ca nous a rajeuni de nous voir.
20:43 -Vous êtes rencontrés à cette époque-là.
20:45 Il y a une phrase que vous avez prononcée aujourd'hui,
20:49 Jean-François Copé, plutôt ce week-end,
20:52 "la France ne mérite pas la claque qu'elle s'est prise".
20:55 -Je trouve que c'est un désaveu absolument épouvantable.
20:59 En réalité, cette image qui a été offerte au monde entier
21:02 de ces émeutes dans un pays aussi moderne que le nôtre
21:05 et aussi généreux que le nôtre,
21:08 c'est, je trouve, une claque, j'ai employé ce mot,
21:11 terrible, parce que pour tous ceux qui,
21:13 comme nous sommes les maires,
21:15 mais aussi les acteurs sociaux sur le terrain,
21:18 les acteurs associatifs, les éducateurs sportifs,
21:22 tous ceux qui font un boulot absolument considérable
21:24 dans ces quartiers, et qui est un boulot, je le répète,
21:28 qui rencontre des vrais succès, avoir été ainsi claqués
21:31 par ces voyous qui se sont comportés comme ils l'ont fait,
21:34 alors que beaucoup d'entre eux bénéficient de ces structures,
21:38 mais tout simplement parce que quelque part,
21:41 il n'y a pas l'encadrement dont un adolescent
21:43 a impérativement besoin de la part de ses parents
21:46 et de la société.
21:47 Je trouve que c'est une claque terrible.
21:50 -Vous dites "la France ne mérite pas ça",
21:52 la France n'a à s'excuser de rien,
21:54 mais par rapport à qui ? S'excuser auprès de qui ?
21:57 -Parce que j'entends depuis ces derniers jours,
22:00 comme d'habitude, les cent péternels numéros,
22:03 notamment de l'extrême-gauche, Mélenchon en particulier,
22:07 qui passe son temps à séparer les méchants policiers
22:10 et les pauvres citoyens, etc.,
22:12 tout ça est extrêmement grave, en réalité,
22:15 ça ne devrait pas être un débat.
22:17 Vous savez, ça rappelle la période d'avant,
22:19 la Deuxième Guerre mondiale,
22:21 où l'antisémitisme n'était pas un délit, c'était une opinion.
22:25 On pouvait être pour ou contre.
22:27 Là, j'entends ça, on est pour ou contre,
22:29 la police, pas la police,
22:31 c'est pas comme ça que ça marche.
22:33 C'est une société organisée,
22:35 il n'a jamais été dit que la démocratie, c'était le désordre.
22:39 Si ce ne sont pas les démocrates,
22:41 ce seront les extrémistes qui prendront le pouvoir.
22:44 On a une mission signalée.
22:46 Je vous le dis, si, au-delà des visites protocolaires,
22:49 au-delà du maraudissement,
22:51 on ne prend pas des mesures fortes,
22:53 que le président de la République ne veut pas accepter
22:57 que n'ayant jamais été maire lui-même,
22:59 n'ayant jamais été confronté à ces problématiques,
23:02 il accepte de les partager avec ceux qui les connaissent,
23:06 nous allons avoir un nouveau drame.
23:08 -Mohamed Mechpa, je me souviens qu'en 2005,
23:11 vous ne parliez pas d'émeute,
23:13 vous parliez de révolte sociale.
23:15 Vous dites la même chose ?
23:16 -Oui, je continue à dire que c'était une révolte sociale.
23:19 On est un peu amnésique.
23:21 On n'a pas retenu les leçons de 2005.
23:23 Je veux dire, en 2005, je suis désolé,
23:26 on était déjà le théâtre d'une France
23:29 qui, avec un malaise dans ses quartiers,
23:33 il n'y a qu'à regarder,
23:36 ça a duré 21 nuits, c'était beaucoup plus long.
23:40 Il y a eu, effectivement, cet embrasement
23:42 qui, suite à la mort de jeunes,
23:44 je rappelle, il y a des Bounap et un Oram,
23:47 il y a un cas qui, clairement, rappelle le fait
23:50 que l'âge des gamins et de ceux qui sont décédés,
23:54 Nael, il y a une pensée pour lui et sa famille,
23:57 et une pensée pour tous ceux qui subissent les agressions.
24:01 Je condamne toute forme de violence.
24:03 Je ne suis pas là pour les hiérarchiser,
24:06 mais c'est de les condamner.
24:07 Je me dis juste qu'à un moment ou l'autre,
24:10 j'ai l'impression de revivre un rémec.
24:12 -Quand vous entendez, par exemple,
24:14 Jean-François Copé dire
24:16 qu'il va falloir remettre de l'autorité,
24:18 notamment de l'autorité parentale,
24:20 il va falloir lâcher les gamins ?
24:22 -Vous savez ce que j'avais entendu à l'époque ?
24:24 Pareil, c'était la même chose.
24:26 C'est la faute de la démission des parents,
24:29 c'est la faute du rap, c'est la polygamie.
24:31 C'était un peu tout ça que j'entendais déjà en 2005.
24:34 En fait, on est dans une forme de déni
24:36 parce qu'on ne peut pas se poser les vraies questions.
24:39 On parle des conséquences.
24:41 Ce qui m'intéresserait aujourd'hui, c'est qu'on aille les causes.
24:45 Pourquoi on en est arrivé là ?
24:46 Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a des gens qui sont étonnés.
24:50 Ce que je ressens aujourd'hui, c'est qu'en 2005,
24:53 il y avait des jeunes qui avaient entre 16 et 20 ans
24:55 qui, aujourd'hui, en 38 ans,
24:58 dont sûrement peut-être leurs enfants étaient dans la rue,
25:02 a crié une colère, a expliqué qu'il y a des choses
25:04 qui n'avancent pas.
25:06 Je ne dis pas que rien n'a été fait.
25:08 Il y a eu de l'argent pour la rénovation urbaine.
25:11 La rénovation urbaine, c'est pas un cadeau
25:13 mais c'est un droit, la dignité, le bien-vivre.
25:17 Ils ont même payé pratiquement trois fois le prix
25:20 des anciens logements où ils vivaient
25:22 et c'était normal qu'ils puissent bénéficier de tout ça.
25:25 Mais la rénovation urbaine n'a pas réglé la question humaine et sociale.
25:29 -Sur les conséquences, je voulais intervenir là-dessus.
25:32 Quand vous voyez le déchaînement de violences,
25:35 notamment des 1 500 commerces qui ont été vandalisés, saccagés,
25:39 quand il y a eu des dépillages...
25:41 -Vous avez entendu ?
25:42 -J'ai dit que je dénonçais ces formes de violences.
25:46 Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est pas que...
25:49 -Est-ce que ça fait partie du même mouvement ?
25:51 Est-ce que vous considérez que c'est un mouvement de révolte ?
25:55 Ou est-ce qu'il y a des criminels d'un côté qui profitent
25:58 d'un autre ? -Il y en a sûrement certains
26:00 qui profitent de ces instants-là, on ne va pas se mentir.
26:03 On l'a vu pendant la crise des Gilets jaunes.
26:06 Il y en a des gens qui sont venus profiter de cette situation.
26:09 Ils avaient une question sociale de leur droit.
26:12 Ils avaient manifesté tout simplement
26:15 pour se révolter sur le fait qu'aujourd'hui,
26:19 la précarité gagne.
26:20 La précarité gagne dans nos quartiers.
26:22 Quand j'explique ça, je ne cherche pas à excuser qui que ce soit.
26:27 Si on n'apporte pas des explications,
26:29 on continuera à se revoir peut-être dans 5 ou 10 ans
26:32 et on sera encore en train de se poser la question.
26:35 -Ce qui me gêne dans le discours,
26:37 et dans le double discours de M. Copé et de votre monsieur,
26:40 c'est que j'ai l'impression qu'on reste dans le déni.
26:44 C'est-à-dire qu'on a eu une immigration,
26:46 qu'on a parquée dans des quartiers,
26:48 qu'on n'a pas pris la peine d'assimiler correctement
26:52 et des situations se sont conquistées.
26:54 Ensuite, là, vous parlez de droit,
26:56 mais je n'entends pas parler d'effort.
26:59 On a eu pendant des années la gauche,
27:01 puisque c'était la gauche, mais c'était aussi F.Fillon,
27:04 qui a dit que pour lutter contre les inégalités,
27:09 il faut abaisser le niveau de l'école.
27:11 C'était le socle commun à l'époque, 2004, c'était Fillon.
27:14 Il faut abaisser le niveau
27:16 parce qu'il faut que les contenus du collège soient adaptés
27:20 à l'élève le plus faible
27:21 pour pas que les autres se sentent discriminés.
27:24 Ca s'est poursuivi pendant des années.
27:26 C'était une politique conduite par la gauche.
27:29 Ma question, c'est que je n'entends pas dire
27:32 qu'on veut de l'exigence.
27:34 -Madame, si vous me laissez terminer...
27:36 -C'est le plus grand respect que vous pouvez donner.
27:39 -Si vous me laissez terminer, je pourrais vous expliquer.
27:42 Vous savez, ces habitants, ce qu'ils demandent,
27:45 c'est le droit commun.
27:47 Ils ne veulent pas être traités comme une exception,
27:50 mais comme les autres enfants de la République.
27:52 -Et qu'on leur donne le meilleur. -Mais pour l'instant, c'est pas le cas.
27:56 Quand un gamin est dans un établissement scolaire
27:59 et que son prof est absent,
28:01 il n'est pas remplacé pendant six mois.
28:03 Donc vous avez bien compris que la ligne de départ n'est plus la même.
28:08 Ca, c'est la réalité.
28:09 Quand aujourd'hui, vous avez des établissements
28:12 qui sont dans un état désastreux...
28:14 -Vous savez que c'est pas que matériel.
28:17 -C'est pas que matériel.
28:18 Je suis en train de vous expliquer, encore une fois,
28:21 une condition globale d'un système où, dans ces quartiers,
28:26 et je vous rappelle juste une chose,
28:28 dans très peu de temps,
28:30 il y a 40 ans, ça s'appelait
28:32 la marche pour l'égalité contre le racisme.
28:34 A l'époque, la première génération issue de l'immigration,
28:38 dont on part d'un drame, d'un monsieur qui s'appelle Toumidjadja
28:41 qui reçoit une balle dans le ventre,
28:44 qui dit "J'ai envie de faire une marche comme Gandhi,
28:47 "que j'ai envie qu'on marche pacifiquement
28:49 "pour demander des droits, si je peux, sans commettre de violence."
28:54 40 ans après, on est aujourd'hui avec des révoltes de 2005.
28:57 Qu'est-ce qu'ont apporté ces révoltes ?
29:00 Le côté sécuritaire, c'est ce qu'on trahonnait déjà en 2005.
29:03 L'état d'urgence, des moyens pour la police,
29:06 résultat des courses, regardez où on en est.
29:09 - Non, attendez. - Je vous réponds.
29:11 - Là, vous êtes invité du sujet. - Je vais vous couper la chose.
29:15 - Excusez-moi. Je sais de quoi je parle.
29:18 Je suis à l'intérieur de ces quartiers, j'y vis,
29:21 je partage beaucoup de choses, comme les maires,
29:24 il n'y a pas que les maires.
29:25 Il y a toutes ces petites associations
29:28 qui sont en train de se faire enlever.
29:30 Aujourd'hui, il y a un dernier rempart,
29:32 on l'a bien vu pendant la crise du Covid,
29:35 parce que ces habitants, qu'on pointe du doigt,
29:38 cette jeunesse, qu'on lui parle d'amour,
29:41 et qu'on lui explique que ça peut être aussi...
29:43 - Jean-François Copé vous répond. - Il faut arrêter ça.
29:47 On parle pas d'amour, mais on arrête pas de parler d'amour.
29:50 - Mais non, monsieur Copé. - Je vous assure, je vous écoute.
29:54 - Je vous respecte et je vous écoute aussi.
29:57 - C'est vrai. - Il suffit de s'excuser.
30:00 Les écoles sont pas en bon état, les profs pas de jour là,
30:03 c'est vrai, mais pas plus dans un quartier difficile
30:07 que dans un centre-ville bourgeois.
30:09 - Non. - C'est là où...
30:11 - C'est récent, c'était pas le cas en 2005.
30:14 - Je suis ici, excusez-moi.
30:16 - Ça y était déjà. - Il mérite d'aller jusqu'au bout.
30:20 Nous avons fait des investissements considérables
30:23 pour refaire ces quartiers.
30:25 - Sans doute. - Mais c'est maintenant fait.
30:27 Dans de nombreux quartiers, on a rénové,
30:30 on a mis des immeubles de 4 étages, on a fait de la mixité sociale.
30:34 Dites pas non.
30:35 Si vous êtes un acteur de terrain...
30:38 - Chez vous, à Maud, peut-être. - Mais dans plein d'autres villes.
30:42 - C'est pas le cas partout. - Dans tous les endroits.
30:45 - La rénovation urbaine, c'était normal.
30:48 La question humaine et sociale a-t-elle été réglée ?
30:52 - Elle peut pas se régler en claquant des doigts.
30:55 Il y a des jours où on gagne et des jours où on perd.
30:58 Rien ne légitime cette violence-là.
31:01 - Je l'ai dénoncé.
31:03 - Vous dites que c'est une révolte sociale.
31:06 Mais non, dans une révolte sociale,
31:08 on ne passe pas l'essentiel des exactions
31:11 à les piller des magasins.
31:13 - Je peux vous rappeler... - C'est la réalité des choses.
31:17 C'est de la violence gratuite.
31:20 - C'est pas ça, une révolte sociale.
31:22 Les grandes révolutions de l'histoire de France
31:25 ne se sont pas traduites par ici ou là.
31:28 - Vous pouvez pas dire ça.
31:30 On vous a démontré des choses,
31:33 les cahiers de doléances et les contrats sociaux.
31:36 Je vous rappelle une chose.
31:38 En 2005, quand on a vécu ce qu'on a vécu,
31:41 on a voulu mettre des mots derrière tout ce qui s'est passé.
31:45 C'est 6 mois de Tour de France.
31:48 C'est 200 000... - On a créé l'envue
31:50 d'une formidable agence nationale de rénovation urbaine.
31:54 - 200 000 doléances. - C'est la loi qu'il a faite.
31:58 - 200 000 doléances. On a fait...
32:01 - Vous dites qu'il s'est rien passé ?
32:03 - Non, il s'est passé des choses.
32:05 Le compte n'y est pas.
32:07 Je dis tout simplement qu'aujourd'hui,
32:10 on est encore une fois dans une situation plus globale.
32:13 Nous n'avons pratiquement plus de services publics.
32:16 Les petites associations sont des sous-traitants du service public.
32:20 Il faut venir voir les queues qu'il y a
32:23 quand les gens cherchent des colis alimentaires.
32:26 La fracture numérique...
32:28 Vous disiez qu'il faut s'assimiler,
32:30 qu'il faut parler le français.
32:32 La fracture numérique a fait que des habitants perdent leurs droits
32:37 parce qu'ils n'ont plus de personnes humaines
32:40 qui peuvent les accompagner.
32:42 Tout se fait aujourd'hui par des systèmes numériques.
32:45 - Mais ce que vous dites...
32:47 - La fracture numérique est dans les zones rurales.
32:50 - Je parle y compris pour les zones rurales.
32:53 On a entendu aussi des gens des zones rurales
32:56 qui ont dit clairement qu'ils étaient aussi...
32:59 Excusez-moi, je termine.
33:01 - La fracture numérique est partout dans les banlieues.
33:04 - Je viens de vous dire ce que ça génère.
33:07 Je ne dis pas que c'est pas un progrès.
33:10 Je vous dis clairement et honnêtement,
33:12 vous pensez que moi, de ce que j'ai pu vivre,
33:15 j'ai vécu dans ces quartiers et je continue à y vivre.
33:19 Il y avait cette vraie mexité.
33:21 Effectivement, il y avait ce bien-vivre ensemble.
33:24 Nous avions des îlotiers ou de la police de proximité
33:28 qui permettaient à un moment ou à un autre
33:30 de poser un cadre où elle avait le temps de la répression,
33:34 du dialogue et de la prévention.
33:36 - Il va finir toujours par la police de proximité.
33:40 - Pourquoi ne voulez-vous pas admettre
33:42 que ce qu'il n'y a plus aujourd'hui,
33:45 c'est l'autorité parentale ?
33:47 - Excusez-moi, c'est trop facile.
33:49 - C'est quand même un élément majeur.
33:52 - C'est ce que vous disiez déjà à l'époque.
33:55 Il faut chercher des réservoirs de coupables.
33:58 C'est toujours les parents.
34:00 - Je ne me cherche pas à réservoir de coupables,
34:03 je regarde les faits.
34:05 - Vous savez combien de femmes seules sont dans ces quartiers ?
34:09 Vous savez combien de mamans
34:11 doivent faire le choix de payer un loyer,
34:14 de nourrir leurs enfants ?
34:15 - C'est universel.
34:17 - Je connais des mères de famille
34:19 qui, dans ma ville, n'ont pas supporté
34:21 ni admis que leurs enfants soient dehors.
34:24 - Mais personne !
34:26 - Elles vont veiller à ce qu'ils ne soient pas dehors.
34:29 - Aucun parent décide qu'aujourd'hui,
34:32 ses enfants veulent ou soient des criminels.
34:35 Je suis désolé.
34:36 Aucun parent ne souhaite que son fils soit un criminel.
34:40 Si vous voulez continuer à être déni,
34:42 M. Copé, et à ne pas reprendre,
34:44 encore une fois, ce que je vous ai dit,
34:47 les causes de ce mal-être et de ce malaise
34:50 de ces gamins qui ont du mal à se reconnaître
34:53 en tant que Français à part entière,
34:55 parce que souvent, on a eu une forme de rejet
34:58 vis-à-vis de leurs parents, qui sont des Bac +8,
35:02 qui n'ont jamais été reconnus en tant que tels,
35:05 qui n'ont jamais été dénigrés,
35:07 qui n'ont jamais été violés,
35:09 qui n'ont jamais été violées,
35:11 qui n'ont jamais été violées,
35:13 qui n'ont jamais été violées,
35:15 qui n'ont jamais été violées,
35:18 qui n'ont jamais été violées,
35:20 qui n'ont jamais été violées,
35:22 qui n'ont jamais été violées,
35:24 qui n'ont jamais été violées,
35:26 qui n'ont jamais été violées,
35:28 qui n'ont jamais été violées,
35:31 qui n'ont jamais été violées,
35:33 qui n'ont jamais été violées.
35:35 -Les psychiatres connaissent ça parfaitement bien
35:38 et savent les ravages que ça a sur l'éducation des enfants.
35:42 C'est des endroits, l'école en particulier,
35:45 où on n'a plus le droit de punir.
35:47 Les adolescents n'ont plus de cadre.
35:49 Un adolescent a besoin d'être grondé,
35:52 d'être sanctionné pour comprendre ce qui est bien,
35:55 ce qui est mal dans une vie en société.
35:58 Aujourd'hui, ils ne le sont plus suffisamment.
36:01 -C'est de la faute de la République, de la France.
36:04 La France a fait un travail énorme pour essayer de réussir tout ça.
36:08 -Pourquoi on est dans cet état-là, M. Copé ?
36:11 -Parce qu'il y a une vie inconsciente.
36:14 -Je suis désolé. Pourquoi on en est arrivé là ?
36:17 Votre réponse est fausse.
36:18 Votre diagnostic n'est pas celui...
36:21 Je suis désolé.
36:22 Vous verrez que dans 15 ans, on se discutera de ça
36:25 et on se posera les mêmes questions.
36:27 Si on ne pose pas sur la table
36:30 les politiques de droit commun, on n'y arrivera pas.
36:33 -Heureusement qu'on ne met pas des politiques de droit commun.
36:37 Heureusement qu'on fait plus que pour les autres.
36:40 Heureusement qu'on met de l'argent pour les autres.
36:43 -Excusez-moi encore une fois.
36:45 J'en ai marre de m'excuser pour vous expliquer des choses.
36:48 Ces habitants, ils vous demandent d'être...
36:51 Depuis longtemps, ils demandent d'arrêter d'être traités
36:55 comme une exception.
36:56 Depuis longtemps, ils veulent avoir le droit comme les autres.
37:00 Leurs vies ne valent pas moins que les autres.
37:03 En attendant, aujourd'hui, on n'y est pas.
37:06 Je n'ai pas dit que rien n'a pas été fait.
37:09 Je dis que le compte n'y est pas.
37:11 -Le compte n'y est pas où ?
37:13 -En termes... Excusez-moi.
37:15 -C'est plus que pas parfait, M. Copé.
37:17 Vous connaissez la situation dans ces quartiers.
37:20 J'ai cité tous les chiffres.
37:22 -Simplement, pour compléter les choses,
37:25 beaucoup de choses sont faites.
37:27 Tout n'est pas réussi, personne ne le prétend.
37:30 Mais il y a des réussites formidables
37:33 qui sont occultées par ces comportements d'hyperviolence
37:36 qui ne représentent pas la réalité de ces quartiers.
37:40 Il y a ces violences, mais il y a aussi des réussites formidables.
37:44 Les efforts qui ont été conduits depuis 2005
37:47 ont été très importants.
37:49 Ils ont permis de résorber des difficultés dans des quartiers.
37:53 Je veux bien qu'on le nie, qu'on dit que tout ça n'est pas vrai.
37:57 -Je suis pas dans le déni. -Très bien.
37:59 -Il y a un autre sujet que je voudrais aborder.
38:02 Vous l'avez légèrement effleuré, Mohamed Meshmash.
38:05 C'est la police de proximité. -Oui, c'est les polices municipales.
38:09 -C'est pas une bêtise de la droite de supprimer la police de proximité ?
38:14 -La réalité, c'est que c'est un choix fait par Sarkozy,
38:17 mais qui n'avait de sens que parce qu'on développait
38:21 des polices municipales armées extrêmement présentes.
38:24 Malheureusement, l'Etat avait décidé,
38:26 c'était une politique de Sarkozy,
38:29 de réduire les effectifs de police nationale.
38:31 Je ne veux pas vous dire que j'en suis content,
38:34 mais il faut revenir sur un travail de renseignement dans les quartiers.
38:39 Nous avons des trafics de drogue extraordinairement développés,
38:43 qui est un fléau absolument majeur.
38:46 -Les habitants sont les premières victimes.
38:49 -Bien sûr. Il faut impérativement faire de la lutte
38:52 contre le trafic de drogue une priorité,
38:54 puisque ce sont des réseaux dont les adolescents que vous voyez
38:58 sont pour beaucoup, hélas, des complices.
39:01 -Ils sont aussi victimes, je vais dire honnêtement,
39:04 de certains trafiquants qui, clairement...
39:08 -Les instrumentalisent ? -Les obligent même, des fois.
39:12 -Evidemment. -Donc croyez-moi que de ce côté-là,
39:15 il n'y a pas de problème.
39:16 -Il y aura un point sur lequel on est d'accord.
39:19 -Les familles demandent à ce qu'elles aient le droit,
39:22 mais une sécurité qui puisse leur permettre, clairement,
39:26 de se sentir en sécurité.
39:28 -Quand les parents ont signalé aux autorités municipales
39:31 ces problèmes, et je peux en témoigner à mot,
39:34 nous intervenons immédiatement, y compris en délocalisant
39:38 ces familles.
39:39 -Bonsoir. Parole du syndicat SGP,
39:41 police, force ouvrière. Vous pouvez rester, évidemment,
39:45 mais ce n'était pas prévu, je ne veux pas vous piéger.
39:48 Si vous voulez qu'on commence ensemble,
39:50 vous êtes bienvenue. Rédamé, on parlait de police de proximité,
39:54 est-ce que là, ça a été une des erreurs
39:56 que l'on paye aujourd'hui, d'une certaine manière ?
39:59 -Euh... Malheureusement, oui, mais c'est un problème
40:02 un peu plus de fond qui est interne à la police,
40:05 c'est-à-dire que sur l'aspect missionnel,
40:08 c'est vrai qu'à l'époque, je suis rentré en 98 dans la police,
40:11 il y avait cette police de proximité
40:14 et on allait au contact, on était équipés,
40:16 on avait des véhicules, des effectifs,
40:18 on allait au contact des commerçants,
40:20 des grands frères, à l'époque, on faisait de la répression,
40:24 on faisait beaucoup de prévention,
40:26 on allait dans les établissements scolaires.
40:28 Ce qui s'est passé, c'est qu'aujourd'hui,
40:31 il existe toujours cette police sous une autre forme,
40:34 la police de sécurité au quotidien.
40:36 La problématique de terrain, c'est qu'on ne peut pas l'appliquer.
40:39 Je vais donner l'exemple de Champigny-sur-Marne,
40:42 une brigade républicaine créée en 2018.
40:45 Les effectifs étaient à 40
40:46 au niveau de la brigade territoire de contact,
40:49 aujourd'hui, ils sont à 20.
40:50 On a divisé par deux ces effectifs.
40:52 -Pourtant, Gérald Darmanin avance régulièrement des chiffres
40:56 pour dire qu'il remet des policiers ou des gendarmes sur le terrain.
40:59 Il recrée par exemple des brigades de gendarmerie
41:02 ou des commissariats.
41:03 -Oui, mais je vais vous donner
41:05 les chanceliers secrétaires départementaux du Val-de-Marne,
41:08 2020-2021, deux sorties d'école,
41:11 ce qui n'est jamais arrivé dans le Val-de-Marne,
41:13 zéro effectif.
41:14 -C'est-à-dire ?
41:16 -Aucune sortie d'école n'a été affectée dans le Val-de-Marne.
41:19 -Aucun policier n'a été affecté.
41:21 -Deux sorties d'école d'affilée, zéro.
41:23 Ca arrive régulièrement en Ile-de-France.
41:26 Aujourd'hui, malheureusement, on fait un peu de traitement buzz.
41:29 Vous allez avoir des problèmes de rodéomoto,
41:32 il va falloir faire du rodéomoto,
41:34 il faut régler les problèmes d'amende forfaitaire stup.
41:37 C'est des bonnes initiatives,
41:39 on va faire les choses comme on doit.
41:41 Il y a quatre ou cinq jours,
41:43 on a entendu notre président dire que ça va être le policier
41:46 qui va encore encaisser sur place.
41:48 La police de sécurité au quotidien existe,
41:51 mais aujourd'hui, sur le terrain, on ne peut pas l'appliquer
41:54 parce qu'on a des polices secours débordés
41:57 et on ne peut pas être partout.
41:58 -Et ensuite, Pablo, qui fait bien silencieux ce soir.
42:02 -Si je peux juste rebondir sur ce que vous dites,
42:05 parce que le vrai point,
42:06 c'est qu'il y a une baisse significative
42:08 des effectifs de police nationale,
42:10 on leur demande plus de charges et ils ont moins d'effectifs.
42:14 C'est pourquoi l'une des solutions qu'on a imaginées
42:17 au frais des communes, c'est des polices municipales armées
42:20 qui, au début, y a eu certainement des errements,
42:23 mais qui travaillent extrêmement bien avec la police nationale,
42:27 financent en plus des caméras de vidéosurveillance
42:30 qui permettent, je cite l'exemple de mots,
42:32 mais on a pu de manière très efficace
42:35 faire un travail de délucidation.
42:37 Vous mettez tout ça ensemble, vous pouvez recréer une proximité,
42:40 mais il n'en reste pas moins que ça ne suffira pas.
42:43 Derrière tout ça, il y a un arsenal qui manque
42:46 et qui fait que les policiers se sentent hyper impuissants.
42:49 -J'explique à ceux qui nous rejoignent en direct
42:52 du 17e arrondissement, la caserne Bessières,
42:55 ce soir, où se trouvent Emmanuel Macron
42:57 et Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur
43:00 et le président de la République,
43:02 qui vont à la rencontre des policiers,
43:04 de la Bac Nuit.
43:05 Pablo, sortez du silence.
43:08 -J'ai une question pour Reda Belal,
43:10 je dirais que très simple.
43:12 C'est, au vu de ce qui s'est passé, là, mardi dernier,
43:16 mais plus généralement, lorsqu'on parle des rapports
43:19 entre la police et la population,
43:22 notamment la population, les jeunes dans les quartiers populaires,
43:26 est-ce que vous, en tant que policier,
43:30 au sein de votre institution,
43:32 vous vous posez des questions et vous vous dites
43:35 "qu'est-ce qui va pas, pourquoi y a-t-il des mauvais rapports ?"
43:39 Est-ce que vous entendez, lorsque les associations,
43:42 la Défenseur des droits, l'ONU,
43:44 parlent de problèmes systémiques, de violences, de racisme, etc.,
43:48 ou est-ce que vous dites "circuler, y a rien à voir" ?
43:50 -Alors, il y a plusieurs sujets,
43:53 mais concernant le racisme, j'avais donné ma position à l'époque
43:56 quand on a eu les propos de notre ancien ministre de l'Intérieur,
44:00 qui avait dit "contrôle au facesse",
44:02 et ça avait créé une grande des policiers,
44:04 parce que je suis un ancien élu
44:06 du département du Val-de-Marne en tant que syndicaliste,
44:10 la moitié m'avait choisi, et je m'appelle Bellage.
44:13 Je pense que cet argument, c'est pour les gens
44:15 qui veulent faire de la politique et faire de la récupération.
44:19 Moi, j'ai de l'expérience, comme vous, monsieur,
44:22 j'ai de l'expérience dans la police.
44:24 -Vous dites "ça n'existe pas".
44:26 -Voilà, je sais qu'on a dû, bien sûr,
44:28 par une certaine culture ou des religions différentes,
44:31 vous êtes obligés de vous intégrer,
44:33 et la police allait juste à l'image de la société.
44:36 -Donc ça n'existe pas pour vous.
44:38 -Maintenant, on se pose beaucoup de questions,
44:41 parce que c'est un drame qui est arrivé,
44:43 c'est clair, net et précis, c'est le constat.
44:46 Maintenant, nous, on se pose des questions,
44:48 parce que c'était quand même un flic,
44:51 Florian, c'était un flic qui a un profil,
44:53 10 ans de police, brigadier de police,
44:55 des médailles, aucune sanction.
44:57 -Voilà, tout à fait.
44:59 Donc là, chaque policier, à un moment, il s'est posé,
45:02 il s'est dit "merde, ça aurait pu m'arriver à moi aussi".
45:05 -D'autant que c'est récurrent.
45:07 -Justement, parce qu'on est souvent anxieux
45:09 sur la voie publique,
45:11 parce qu'on est tous père, mère, d'enfants,
45:13 et quand vous vous retrouvez face à un véhicule,
45:16 quand vous vous retrouvez face à un braquage,
45:19 quand vous vous retrouvez à n'importe quelle situation,
45:22 parce que vous savez jamais sur quoi vous tombez,
45:25 vous avez cette peur de ne pas rentrer chez vous.
45:28 Donc si c'est votre question, on se pose beaucoup de questions.
45:31 -Est-ce qu'il y a aussi un problème ?
45:33 Je voyais un rapport de la Cour des comptes récent
45:36 qui expliquait le nombre de démissions énormes
45:39 dans la policier, dans la gendarmerie,
45:41 10 000 démissions de policiers, 15 000 gendarmes qui démissionnent.
45:45 Est-ce qu'il y a aussi un problème ?
45:47 Il y a des conditions de travail difficiles,
45:50 mais de salaire, et là, je parle des policiers et des enseignants,
45:54 c'est pareil, finalement, on a le niveau de salaire,
46:00 de rémunération des profs, des policiers,
46:02 dit un petit peu l'estime dans laquelle la République les tient
46:06 et l'importance qu'elle leur donne.
46:08 -On s'est battus, on a obtenu le fameux Beauvau de la sécurité,
46:11 notamment en Ile-de-France, on a réussi, par notre travail,
46:14 à obtenir une augmentation de la prime de fidélisation,
46:18 parce que c'est difficile de maintenir les effectifs
46:21 dans la région la plus criminogène de France,
46:23 mais quand vous alliez sur le terrain,
46:25 on organisait des réunions d'information
46:28 auprès des collègues, et la chose principale
46:30 qu'on nous faisait apparaître, c'était la réponse pénale.
46:34 Ca, c'était le vrai sujet, parce que les collègues,
46:37 là, on voit qu'il y a pas mal de mineurs,
46:39 je vous entendais parler quand j'étais en loge,
46:42 il y a beaucoup de mineurs qui sont interpellés,
46:44 il y a des lois qui existent, mais c'est un droit,
46:47 il faudra se mettre à la place du policier,
46:50 et dire "j'ai interpellé un tel, il a 15 ans,
46:52 "il est entré dans mon commissariat,
46:55 "il a mis ma tenue de police, il a brûlé 4 voitures,
46:57 "le lendemain, comme il est mineur,
46:59 "il peut pas être déféré en comparution immédiate,
47:02 "je le revois le lendemain, excusez-nous d'avoir de la frustration."
47:06 -C'est un exemple réel de ce qui a été vécu par les policiers ?
47:10 -Bien sûr.
47:11 -On a toujours ces images du côté de la caserne Bessi,
47:14 à l'arrondissement de Paris, à la rencontre des policiers.
47:17 Vous irez demain, Emmanuel Macron,
47:19 vous serez invité à l'Elysée ? -Oui, j'irai.
47:22 J'irai parce que je pense que c'est important
47:25 qu'on puisse adresser à Emmanuel Macron
47:28 quand même un message, au-delà du fait de dire
47:30 qu'on est exposé, et que voilà,
47:32 qui est de dire qu'on peut plus du tout continuer comme ça.
47:36 Il faut vraiment une réponse extrêmement forte et puissante,
47:39 qui soit pas misérabiliste,
47:41 qui prenne en compte tous les efforts faits par la République,
47:44 et qui donne une réponse extrêmement ferme sur ces sujets,
47:48 qui concerne une poignée de personnes
47:50 sur lesquelles il faut agir,
47:52 parce qu'ils sont en train de gâcher la totalité
47:54 de ce qu'on a mis en place.
47:56 Ce point-là est essentiel. Je vais vous le laisser.
47:59 Il faut vraiment entendre ça,
48:01 parce que sinon, on va continuer d'être dans le non-dit,
48:04 dont on a parlé depuis le début.
48:06 On ne nous laissera pas une 2e chose.
48:08 -La réponse est d'abord sécuritaire.
48:11 -Elle est sécuritaire, parce que la réponse...
48:13 La prévention, attention, ça inclut aussi la prévention
48:16 dans les écoles,
48:17 dans les centres sociaux,
48:21 dans les lieux de culte.
48:22 Les autorités religieuses, contrairement à ce qu'on dit,
48:26 ont été extraordinairement modérées,
48:28 ont appelé les uns et les autres à se rappeler
48:30 qu'on doit respecter les biens, les personnes.
48:33 On n'est pas dans la caricature.
48:35 Je crois que ce message-là doit être fait.
48:37 Ça veut dire une réponse pénale.
48:39 On attend beaucoup du ministre de la Justice,
48:42 de l'Education nationale, dont le combat,
48:44 c'est la mixité sociale dans les écoles privées.
48:47 Il doit s'occuper de son travail de ministre,
48:50 car pour l'instant, c'est le grand absent.

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