« Il y a un problème systémique dans la police », déclare Marine Tondelier

  • l’année dernière
Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts, était l’invitée ce 3 juillet 2023 d’Audition publique, l’émission politique de Public Sénat et LCP-Assemblée nationale, en partenariat avec Le Figaro Live.

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00:00 - Oui, ce week-end, vous avez situé la mort de Naël dans un long continuum de violences policières et de racisme.
00:06 Est-ce que vous estimez que cette mort doit jeter l'opprobre sur l'ensemble de la police, sur un système de la police ?
00:13 - Je pense qu'il y a un problème systémique dans la police.
00:17 Je ne pense pas que tous les policiers en soient individuellement responsables.
00:21 Je pense que ce policier porte une responsabilité individuelle.
00:24 Mais quand j'entends Emmanuel Macron dire "son geste est inexcusable et inexplicable",
00:28 il est inexcusable, mais il n'est pas inexplicable.
00:31 - Vous pariez à un système ?
00:32 - Ça fait d'ailleurs des années qu'on essaye d'en parler.
00:34 - Donc c'est structurel pour vous ?
00:35 - Évidemment.
00:36 - Donc c'est l'ensemble de la police, alors ?
00:38 - Oui, mais ça veut dire que l'institution est problématique.
00:42 Lisez le communiqué qu'a fait le syndicat Alliance il y a deux jours, vous serez fixés sur la question.
00:46 Ça ne veut pas dire que chaque policier individuellement est problématique.
00:50 Quand vous êtes dans une institution problématique, d'ailleurs, vous pouvez être vertueux ou pas.
00:54 - Donc l'ensemble de la police est...
00:56 - Il y a un problème avec l'institution de la police.
01:00 Parlez-en d'ailleurs à certains policiers racisés qui avaient eu des fuites il y a quelque temps,
01:04 vous savez des messageries instantanées, où en fait il y avait des policiers qui échangeaient entre eux.
01:08 Il y avait des choses atroces qui étaient dites sur leurs collègues racisés
01:12 qui étaient victimes au quotidien de choses.
01:15 - Il y a plus de racisme dans la police que dans la société ?
01:18 - Moi je regarde ce qu'ils votent en moyenne, alors c'est peut-être aussi leur métier qui les fait voter ça.
01:22 Tout est sûrement lié, mais oui il y a un problème.
01:24 Et je trouve extrêmement délétère que quand on essaye de l'adresser dans le débat public,
01:28 on nous répond "c'est anti-flic".
01:30 Bah non en fait c'est pas anti-flic, il y a un problème de racisme dans la police, c'est comme ça.
01:34 - Quand vous voyez que la famille de Nael dit "nous on n'en veut pas à l'ensemble de la police,
01:38 on en veut à un policier", est-ce que votre prise de parole elle est responsable ?
01:42 - Mais c'est normal que la famille de Nael en veuille à ce policier en particulier, ils ont tué...
01:46 - Non non elle dit pas ça, elle dit "nous on ne disqualifie pas la police".
01:50 - On ne disqualifie pas la police, on ne disqualifie pas la police.
01:52 - Mais moi je disqualifie pas l'ensemble des policiers,
01:55 je veux que les relations de confiance entre notre population et sa police s'améliorent.
02:00 Et je pense que ça nécessite quelques évolutions législatives et pas que...
02:04 - Mais là c'est un problème de racisme alors ?
02:06 - Là c'est un problème de racisme ?
02:08 - Quand vous êtes un jeune garçon, et si vous ne croyez pas les jeunes, parlez-en avec leur maman.
02:12 Le Front de Mère par exemple, c'est une des associations dans plusieurs quartiers populaires de la ville en France,
02:17 c'est quand même 7% de la population française dans les quartiers populaires de la ville,
02:20 ces mamans elles vous expliquent que leur fils, du simple fait qu'il soit racisé,
02:24 a 10 à 20 fois plus de chances d'être, chaque jour, tutoyé, humilié,
02:34 et donc oui il y a des règles, et aussi la politique du chiffre,
02:40 qui fait que...
02:41 - Oui mais là, dans le cas précis...
02:43 - Dans le cas précis, oui je pense que ça adresse un continuum de violence policière,
02:48 un continuum de racisme, un continuum d'après-colonisation qui n'a jamais été vraiment adressé et géré,
02:54 et un continuum de ségrégation dans ce pays,
02:57 où on parque dans des quartiers, ce qu'on ne sait pas gérer autrement,
03:00 et ce qui crée énormément de violence dans la société, mais aussi pour les personnes qui habitent dans ces quartiers.
03:06 - Est-ce que vous voulez supprimer tous les contrôles d'identité ?
03:08 C'est le cas de l'intellectuel Patrick Veil qui dit "ça sert à rien, à part à stigmatiser".
03:13 - Je pense qu'on pourrait commencer par se dire qu'on donne un récipicé aux gens qui sont contrôlés,
03:17 pour que ça ne leur arrive pas 15 fois par jour.
03:19 C'est la base, ça fait des années que toutes les assos qui adressent un peu sérieusement ce sujet le disent.
03:23 Si on n'est pas capable, suite à ce qui s'est passé, de prendre ce genre de mesures,
03:27 pas là aujourd'hui, ce serait complètement inaudible,
03:29 on doit être dans le retour au calme, pour dire ces mots qui vous font plaisir, mais...
03:33 - Non non, c'est pas à moi, c'est pas à moi Maritane de dire, ne fasse pas ça.
03:36 - Non non mais je pense que la société a besoin de l'entendre, et donc disons-le,
03:39 mais si on ne prend pas ces mesures-là, alors on est condamné à revivre ce genre de situation.
03:45 Et d'ailleurs, je regrette que dans ce pays, on ne parle des banlieues que quand ça flambe.
03:50 Et donc là, en fait, quand on dit calme, beaucoup de gens dans les quartiers entendent,
03:53 bah ok, il y aura du calme, tant mieux, et après...
03:57 - Maritane de Lié, supprimez les contrôles d'identité.
04:00 - ... vous allez dire "ah, nouvelle urgence, on passe à un autre sujet, on va en parler de nous".
04:02 - Pardon, on essaye de poser des questions les unes après les autres, et d'avoir vos réponses, elles sont précises.
04:06 Donc pas de suppression du contrôle d'identité.
04:08 - Juste le récipicé pour l'instant.
04:09 - Mais si monsieur Veil le dit, moi je prends sa proposition.
04:11 - Voilà, ça peut être intéressant.
04:12 - Ça peut vous intéresser. Vous réclamez, on l'a entendu depuis le début de cette émission,
04:15 l'abrogation de la loi de 2017, la loi de 2017 qui a aligné le régime des policiers sur celui des gendarmes
04:21 en matière de refus d'optérer et de régime de légitime défense.
04:24 Vous proposez quoi à la place ?
04:26 - Bah, il y avait eu une situation avant cette mesure.
04:29 En 2017, le gouvernement Cazeneuve fait cet article L434-1 qui est très flou.
04:36 - C'est quoi qui vous pose problème ?
04:37 - Qui est très flou, parce qu'à l'époque, il y avait des députés écologistes,
04:40 dont Serge Coronado, Noël Mamère, il y avait des députés communistes,
04:43 aussi dont André Sachs, qui avaient dit que la disposition est floue.
04:46 Et donc, si nous déjà dans l'hémicycle, on ne l'interprète pas pareil,
04:49 elle sera interprétée diversement sur le terrain.
04:51 - Vous parlez de permis de tuer, c'est ce que dit Henri Leclerc, par exemple.
04:53 - Ce n'est pas mes mots. Mais ce qui s'est passé, c'est que dans la gendarmerie,
04:56 ils ont fait une circulaire qui était plutôt assez restrictive de cette mesure.
05:00 Et d'ailleurs, il y a eu très peu de sujets dans la gendarmerie.
05:03 - Parce que la gendarmerie, c'était déjà leur régime précédent, ça ne changeait pas grand-chose pour eux.
05:06 - C'est aussi des militaires, c'est aussi des gens qui sont ancrés sur des territoires
05:09 et qu'on n'en voit pas non formés dans les territoires les plus difficiles en termes de maintien de l'ordre.
05:12 De l'autre côté, dans la police, la circulaire a été interprétée de manière, pour le coup, très extensive.
05:17 Et il y a eu plus 39% de tirs et cinq fois plus de morts.
05:21 - Ce n'est pas ce que dit la gendarmerie, ni le rapport de l'IGPN.
05:25 - Là, vous venez de me citer l'IGPN, qui en plus pose problème.
05:28 Donc, ça me confirme dans ce que je dis.
05:30 Mais vous voyez bien que ce sont des chercheurs indépendants qui fournissent ces données.
05:33 Donc, il y a une tendance à avoir envie de les croire ou alors qu'on donne d'autres chiffres.
05:36 Mais vous voyez, ces 18 derniers mois, il y a eu 16 morts par refus d'obtempérer.
05:39 Et pour répondre à votre question, parce que dans le racisme, il se trouve...
05:42 - Avec beaucoup plus de refus d'obtempérer aussi.
05:46 - Oui, parce que c'est qualifié différemment.
05:48 Et donc, la quasi intégralité de ces personnes étaient des personnes racisées.
05:51 Donc, 16 morts suite à des refus d'obtempérer en 18 mois.
05:56 En Allemagne, il y en a eu un en 10 ans.
05:58 Alors, peut-être que c'est dû aussi à notre législation.
06:01 - Et comment vous légiférez là, sous le coup de l'émotion ?
06:03 C'était un peu ce qui avait déjà été fait en 2017.
06:05 - Non, mais nous, on le demandait avant.
06:06 Les écologistes ont déposé une proposition de loi sur le sujet.
06:08 - Pour abroger cette loi ?
06:09 - Pour abroger cette loi en décembre.
06:11 Et il se trouve qu'on n'avait plus de groupe avant, ça ne vous a pas échappé.
06:13 Mais ça fait des années qu'on demande ça.
06:15 Et en 2017, déjà, cette question-là avait été posée par nos députés dans l'hémicycle.
06:19 Donc, ça paraît évident que la loi va devoir changer.
06:22 Et je vais vous dire, quand j'ai lu le communiqué de presse d'Alliance
06:24 que tout le monde a en tête, où d'un coup, cette violence extrême s'exprime,
06:29 il y a trois jours, Alliance et l'UNSA poliste,
06:32 qui à eux deux représentent, je crois que c'est 47,5% de votes aux élections professionnelles.
06:37 Donc, ils sont très majoritaires.
06:38 - C'est Alliance qui l'a signé.
06:39 - Et l'UNSA poliste, les deux. Ils étaient co-logotés.
06:41 L'UNSA a même dû se désolidariser de l'UNSA.
06:43 - Voilà, c'est pour ça que je vous dis ça.
06:45 - Et nous, qui disent, non, mais ils parlent de hordes sauvages, de nuisibles.
06:48 Moi, en plus, en tant qu'écologiste, ça fait des années qu'on se bat
06:50 pour que certaines espèces animales ne soient plus qualifiées de nuisibles.
06:53 C'est stigmatisant pour les renards, etc.
06:55 Alors, pour des gens, je vous dis pas, quand on voit ce genre de vocabulaire,
06:58 on voit bien qu'il y a un problème dans la police
07:00 et dans la manière dont ils s'adressent aux gens, en fait.
07:02 Et donc, quand on voit ce communiqué, moi, je l'interprète comme
07:06 ils ont bien compris que la loi allait devoir changer.
07:08 Et donc, ils interviennent très lourdement pour rappeler au gouvernement
07:12 leur pouvoir de nuisance, finalement.
07:14 C'est une forme d'intimidation.
07:15 - Alors, l'UNSA s'est désolidarisé.
07:17 - La police est en train d'essayer d'intimider, en fait, le gouvernement
07:20 en disant "on vous prévient, si vous bougez une oreille, si vous changez cette loi"
07:23 parce que, évidemment, il y a une majorité culturelle en France
07:25 pour pouvoir changer cette loi.
07:26 Tout le monde voit bien qu'il y a un problème.
07:28 Bah, nous, on rendra les armes.
07:29 Nous, on fera de la hirondantera en résistance.
07:32 - Alors, on va pas passer toute la mission sur Alliance.
07:34 Ça fait deux fois déjà qu'on l'évoque.
07:36 - Ah, bah, tu t'évoques.
07:37 - Non, non, mais vous avez raison.
07:38 - Même quand je dis pas que je l'évoque.
07:39 - Mais c'est normal.
07:40 - On a bien compris et on comprend pourquoi vous êtes tout à fait hostile par rapport à ça.
07:47 Non, mais c'est vrai.
07:48 - Je suis choquée et inquiète pour la suite, émeute ou pas, en fait.
07:52 - Il faut dissoudre ce type de...
07:54 Est-ce que vous iriez jusqu'à proposer de dissoudre un syndicat
07:57 qui a des termes aussi violents à l'égard de jeunes ?
08:01 - Ah, moi, je pense qu'il faut arrêter de vouloir dissoudre
08:03 tous les gens qui sont pas d'accord avec nous.
08:05 - D'accord.
08:06 - Je trouve qu'il faut résoudre politiquement les sujets.
08:09 - J'étais extrêmement choquée que M. Dermanin, dès qu'il y a un problème,
08:11 il dissout les opposants politiques.
08:13 Donc, ce serait pas ma méthode si on était au pouvoir.
08:15 (Générique)

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