«Les jeunes ont compris qu'ils pouvaient tout saccager» : à Marseille, l'adjointe au maire s'alarme de l'émeute

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Dans la cité phocéenne, les habitants se réveillent sous le choc. Après une nouvelle nuit de violences dans le centre-ville, l'adjointe au maire Samia Ghali ne comprend pas pourquoi Marseille n'a pas pu bénéficier de renforts supplémentaires pour protéger davantage la ville.
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Transcript
00:00 Bonjour Samia Ghali.
00:01 - Bonjour.
00:02 - Merci d'avoir accepté l'invitation d'Europe 1 ce midi.
00:05 Est-ce que comme vous administrez, vous êtes grogui ce matin ?
00:09 - Bah écoutez, déjà depuis deux jours maintenant.
00:12 Là je quitte le grand centre commercial de Grand Littoral,
00:16 où j'ai été en réclamé en secteur et le directeur de Grand Littoral.
00:21 Où tout a été remis en ordre et bon,
00:24 heureusement même s'il y a eu quelques dégâts sur certains magasins,
00:27 mais ce n'est pas la totalité et ça a été quand même contenu.
00:31 - Alors vous êtes une femme de terrain,
00:33 vous êtes allée au contact des Marseillais ce matin.
00:35 Qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
00:37 - Depuis hier, même dans la journée, même dans le soir.
00:41 - Et ils vous disent quoi ce matin ?
00:43 - Bah écoutez, c'est des Français qui ne comprennent pas
00:46 comment on a pu en arriver là
00:48 et pourquoi on n'a pas été protégé mieux que ça sur Marseille.
00:53 - Alors justement des renforts sont arrivés,
00:55 quels sont-ils Samia Ghali ?
00:57 - Pour l'info dont on se parle, je n'en sais strictement rien.
01:00 J'espère qu'ils seront à la hauteur de la situation,
01:02 parce que hier, je peux vous dire qu'on était loin, loin, loin
01:05 d'être à la hauteur de la situation.
01:07 En fait, on avait tous les éléments,
01:09 on savait à quel moment ils allaient attaquer, où et quand.
01:11 Donc tout était, puisqu'en fait ils s'affichaient,
01:14 ils invitaient, il y avait des invitations à venir
01:18 dans certains lieux et certains magasins.
01:22 Et ce que je ne comprends pas,
01:22 c'est comment on n'a pas pu éviter le drame.
01:26 On en a évité quand même des drames, je le dis,
01:28 parce que je peux vous dire qu'il y avait des centres sociaux
01:30 qui devaient être brûlés, il a fallu calmer, appeler,
01:33 il a fallu appeler tous les gens qu'on connaissait partout
01:36 pour que chacun à sa façon,
01:38 essaye de calmer un peu les jeunes,
01:39 faire rendre raison à certains jeunes.
01:43 Ce qui a été fait, ce qui a évité peut-être,
01:46 en tout cas sur le 15-16 déjà,
01:47 qu'on ne soit dans le chaos,
01:49 comme on peut l'être déjà dans le 13-14.
01:52 - Alors on a entendu dans le reportage de Nina Pavan,
01:55 ces Marseillais qui se disent très surpris
01:57 de voir d'aussi jeunes gens, 12, 13, 14 ans.
02:00 Est-ce que comme Emmanuel Macron,
02:02 est-ce que comme Olivier Klein,
02:03 est-ce que comme M. De Pont-Moriti,
02:06 vous demandez une intervention peut-être plus franche
02:08 des parents sur les allées et venues de leurs enfants ?
02:10 - Ce qui est important, c'est de rappeler aux parents
02:12 que leurs enfants se mettent en danger,
02:14 c'est le minimum, c'est que effectivement,
02:15 à 10 ans, à 12 ans, les enfants doivent être à la maison,
02:18 ils n'ont rien à faire dehors, la nuit,
02:20 ils doivent être tout seuls, aérés.
02:22 Ensuite, ça veut dire aussi,
02:24 même si ce n'est pas le moment de dire ça,
02:26 mais quand même, je l'ai dit au président de la République,
02:28 la question aujourd'hui, c'est comment on traite ces jeunes
02:31 qui sont en décrochage scolaire pour la plupart,
02:34 des familles monoparentales,
02:35 où en réalité, il n'y a quasiment plus de suivi pour ces jeunes-là.
02:38 Donc c'est comment on les prend en main,
02:40 comment on regarde auprès des familles
02:42 si elles sont en difficulté, si on doit les aider,
02:44 et si elles ont abandonné, comment on fait
02:46 pour que justement, les jeunes, on ne les laisse pas dehors,
02:48 aérés tout seuls et qu'on les prenne en charge
02:50 par les pouvoirs publics, parce que dans ce cas-là,
02:52 il vaut mieux les prendre en charge par le pouvoir public.
02:54 - Mais alors vous, vous êtes adjointe aux maires de Marseille,
02:57 Samia Aghali, pourquoi, comme dans d'autres villes,
02:59 par exemple, comme Beauvais, ou comme certaines villes de région parisienne,
03:02 vous n'avez pas instauré un couvre-feu,
03:04 peut-être pour calmer les choses pendant quelques nuits ?
03:07 - Mais parce que le couvre-feu, c'est au président de la République
03:11 qu'elle le met en place, parce que mettre un couvre-feu,
03:14 et ne pas le faire respecter, c'est la règle.
03:16 Oui, mais faire un couvre-feu et ne pas le respecter,
03:18 il n'y a rien de pire.
03:21 Donc si on fait un couvre-feu, fallait-il aussi qu'on ait la police
03:24 pour ensuite faire respecter le couvre-feu, on est bien d'accord.
03:26 Il n'y avait même pas la police pour faire en sorte que des magasins,
03:29 que des lieux ne se fassent pas saccager, parce qu'il n'y en avait pas assez.
03:32 Et vous voulez mettre un couvre-feu, ça resservit à quoi hier ?
03:35 - Eh bien, je ne sais pas, peut-être à garder les enfants à la maison ?
03:40 - Enfin, vous comprenez bien que quand même, les enfants qui sont dans la rue,
03:44 ce sont justement des enfants qui, de toute manière,
03:46 seraient pas restés à la maison, même avec un couvre-feu.
03:48 - Alors ces enfants, vous les côtoyez, vous, Samia Ghali,
03:51 est-ce que vous allez essayer d'aller leur parler, peut-être encore aujourd'hui,
03:54 comme vous avez fait peut-être avec leurs parents,
03:56 comme vous le disiez ce matin, dans un centre commercial ?
03:59 - On l'a fait hier encore, on était encore à l'H-Cup,
04:02 vous savez, il y avait le tournoi de tous les quartiers,
04:04 hier, dans les 15e heures de l'arrondissement,
04:06 on est allés avec le maire, on a fait passer le message.
04:10 Donc les jeunes, heureusement d'ailleurs qu'on a fait passer ces messages-là,
04:13 parce que autrement, on aurait eu une situation encore plus dramatique que ce qu'on vit.
04:17 Croyez-moi. Croyez-moi.
04:18 - Vous êtes inquiète pour les prochains jours ?
04:21 - Je suis inquiète déjà pour aujourd'hui,
04:23 parce que j'espère qu'on aura les moyens nécessaires.
04:25 J'ai entendu que le ministre de l'Intérieur a dit qu'il enverrait les moyens nécessaires.
04:29 J'espère que ce sera le cas et qu'on saura la situation.
04:34 Moi, je ne comprends pas pourquoi on n'a pas une alliance à eau.
04:36 Je ne sais pas, il y a des choses que j'ai du mal à comprendre.
04:39 J'ai presque le sentiment, vous savez,
04:41 que presque tout le monde était spectateur de ce qui se passait.
04:44 - Et le ministre de l'Intérieur dit qu'il y a eu quand même deux blindés
04:47 qui sont arrivés ou qui sont en cours d'acheminement du côté de Marseille.
04:51 Il y a un hélicoptère également qui survolait la ville cette nuit.
04:54 - En cours d'acheminement.
04:55 On a eu le président de la République,
04:57 on a dû avoir un policier tous les deux mètres.
04:59 Le président est parti, il n'y a plus eu de policiers, on ne les voyait même plus.
05:04 - Donc la liaison est en train de faiblir un petit peu.
05:08 En tout cas, merci beaucoup.
05:09 - Vous savez ce qu'ils ont compris hier ?
05:14 Ils ont compris qu'ils pouvaient saccager,
05:15 qu'aucun policier n'allait venir les arrêter.
05:17 Voilà ce qu'ils ont compris.
05:18 - Et c'est la situation qui pourrait donc dégénérer encore.
05:21 Merci en tout cas, Samia Ghali, d'être venue sur Europe 1,
05:25 nous en parler ce midi adjointe au maire de Marseille,
05:27 ancienne sénatrice des Bouches-du-Rhône.

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