Les émeutes en France, les violences policières mais aussi les services de santé qui s’éloignent des territoires, Philippe Juvin répond aux questions de Marie Brette et des journalistes de la presse régionale
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00:00 Bonjour, bienvenue dans Extra Locale. Cette semaine, alors que la France est prise de convulsion, nous recevons un docteur Philippe Juvin.
00:06 Il est le chef du service des urgences à l'hôpital Georges Pompidou à Paris,
00:10 et également député LR des Hauts-de-Seine, là où se situe l'embrasement actuel. Extra Locale, c'est tout de suite.
00:17 [Générique]
00:31 Bonjour Philippe Juvin.
00:32 Bonjour.
00:33 Merci d'être avec nous dans Extra Locale pour évoquer des thématiques de santé,
00:37 mais également une actualité fort troublée dans votre département, les Hauts-de-Seine,
00:43 l'épicentre des violences actuelles consécutives à la mort du jeune Nahel en début de semaine par des tirs policiers.
00:50 Alors, pour en parler avec nous, exceptionnellement cette semaine, nous n'avons que deux éditorialistes,
00:55 ça sent un petit peu les vacances peut-être, que je vous présente, qui sont des réguliers dans notre émission,
01:00 à commencer par Fabrice Vesser-Rodon, qui représente le groupe Ebra, les 10 journaux du Grand Est, voilà.
01:06 Bonjour Marie, bonjour Philippe Juvin.
01:07 Bonjour Fabrice.
01:09 Et également une habituée, Claire Stenlane, qui représente le Télégramme, journaliste du Télégramme, et la Bretagne, voilà.
01:15 Le Grand Est et le Grand Ouest.
01:17 C'est ça.
01:18 Exactement.
01:19 Le Grand Large et les Marches.
01:20 Deux grandes régions représentées.
01:22 Le large européen.
01:23 Voilà.
01:24 Alors comme d'habitude ici, on commence toujours par un petit questionnaire de Proust pour en savoir plus sur vous,
01:29 et c'est Fabrice Vesser-Rodon qui ouvre le bal.
01:33 Oui, on parlait de Grand Large, Philippe Juvin, on vous a vu en Afghanistan, on vous a vu en Ukraine,
01:40 on vous a vu au Liban, aux urgences aussi, on vous voit sur les plateaux de télévision, beaucoup, à Garenne-Colombe.
01:47 Quel est le terrain sur lequel vous vous sentez le plus utile ?
01:51 Il y a un point commun en fait à tous ces endroits, c'est effectivement le sentiment d'être utile.
01:56 Donc moi je crois que ce qu'on peut reprocher le plus aux hommes politiques, c'est de faire du commentaire,
02:03 et de se contenter de ce commentaire.
02:06 Je pense que l'action politique c'est d'abord de l'action.
02:09 C'est pour ça que je suis allé comme médecin militaire en Afghanistan contre les talibans,
02:13 en Ukraine au moment de l'offensive, des Russes il y a un an, le Liban, etc.
02:18 Donc où est-ce que je me sens le plus utile ?
02:21 Partout en même temps, c'est pour ça que je continue à tourner.
02:24 C'est le médecin qui se sent utile.
02:26 Oui mais encore une fois j'ai été 20 ans maire de ma commune entre 2001 et 2022.
02:30 À Garenne-Colombe, quand les gens quittaient mon bureau de maire, ils me disaient "au revoir docteur".
02:36 Je pense que c'est le même métier, on s'occupe des autres.
02:39 Maire d'un côté, médecin de l'autre.
02:41 Les hommes politiques, quand ils s'occupent des gens, quand ils règlent leurs problèmes,
02:46 ou tout au moins quand ils essayent, eh bien ils sont appréciés.
02:50 C'est ça le secret, c'est comme un médecin.
02:53 Merci docteur.
02:54 Le métier de maire, c'est un métier de soins donc.
02:58 Claire, prochaine question.
02:59 Alors moi j'ai une question bien plus légère que celle de mon confrère.
03:02 Je me suis dit qu'en tant que médecin, est-ce que vous aviez des séries médicales que vous aimiez
03:08 et laquelle était la plus vraisemblable et laquelle était votre préférée ?
03:11 C'est peut-être pas la même.
03:12 D'abord je n'aime pas trop les séries médicales.
03:14 Ah c'est vrai ?
03:15 J'ai l'impression d'être au travail.
03:16 Et puis ils sont tous beaux, ce qui est très vexant.
03:19 Ils sont tous jeunes, ce qui est encore plus vexant.
03:21 Et puis ils portent des diagnostics à grande vitesse, ce qui est encore plus vexant.
03:25 Non plus sérieusement, j'ai beaucoup aimé, j'ai bien aimé à une époque, "Grey's Anatomy".
03:30 Je trouvais que c'était assez proche de la réalité, même si la réalité anglo-saxonne n'est pas la réalité française.
03:36 Mais je tire quand même une leçon de ces affaires, c'est quand la première des séries est sortie,
03:41 il y a très longtemps c'était la série "Urgence", il y a eu un pic d'inscriptions en études de médecine.
03:48 Ah c'est vrai ?
03:49 Et aujourd'hui, alors qu'on voit qu'on a des difficultés à embaucher des infirmières, mais aussi des professeurs,
03:55 mais aussi des tas de métiers, il y a des crises de vocation, il faut tirer leçon de cela et de se dire que
04:01 quand on valorise l'image d'une activité humaine, et bien cette activité humaine est choisie par les jeunes.
04:08 Et probablement que nous sommes tous très passifs devant des métiers absolument formidables,
04:12 j'ai cité les professeurs, j'ai cité les infirmières.
04:14 Oui les professeurs, il y a eu une grosse vague de séries sur le professora, effectivement.
04:18 Mais pas assez, mais quand ça marche, ça marche très bien.
04:21 Donc probablement une bonne action au public de l'État qui souvent s'intéresse à mille choses
04:27 et parfois à trop de choses, ça serait de valoriser positivement des tas de gens à travers des films.
04:33 Avec l'armée c'est connu, les films de guerre, l'action, les gens veulent s'engager.
04:38 Vous avez aussi une spécialité de médecin légal.
04:41 Ah oui, c'est encore plus vieux, c'est quand j'ai fait effectivement de la médecine légale à une époque.
04:47 Donc si vous voulez, voilà.
04:49 Donc Grey's Anatomy. Et séries françaises, il y en a qui sont intéressantes ?
04:54 Il y en a une que je regarde actuellement, c'est BRI sur Amazon Prime.
04:58 C'est une série de Canal qui est vachement bien.
05:01 C'est Canal ?
05:02 On va faire deux pubs, hein.
05:03 On ne sait plus, on va voir.
05:05 Nous sommes sur Public Sénat. Public Sénat, c'est ce qu'il faut regarder.
05:08 Allez, Fabrice, on enchaîne.
05:10 Oui, ma question sera très classique et là je vous ramène au monde politique.
05:14 Votre figure politique préférée ?
05:16 Churchill.
05:18 Ah mais c'est plus direct.
05:20 Churchill, c'est celui qui sait dire non.
05:22 Je pense que la principale qualité d'un homme politique, c'est savoir dire non.
05:26 Avoir du caractère. Dire oui, c'est très facile.
05:29 Dire oui, vous êtes populaire, les gens vous aiment, c'est facile.
05:33 Accessoirement, souvent vous dites oui avec l'argent des autres,
05:35 donc en plus ça ne vous coûte rien personnellement.
05:37 L'homme politique ou la femme politique qui a du caractère, c'est celui qui dit non.
05:40 Je ne suis pas d'accord avec ce qui est en train de se passer
05:43 et je ne suis pas d'accord avec la façon dont nous allons faire,
05:45 dont nous avons fait et nous allons désormais faire différemment.
05:48 Et c'est Churchill, c'est l'homme qui dit non.
05:50 On aurait pu citer De Gaulle, bien sûr.
05:52 Et Nicolas Sarkozy, qui était un proche ?
05:54 J'ai beaucoup aimé en Nicolas Sarkozy...
05:57 Vous parliez au passé.
05:58 Il a été président il y a une quinzaine d'années.
06:00 J'ai beaucoup aimé quand il a été élu, cette capacité justement.
06:03 Il avait dit non, il avait dit on va faire différemment.
06:06 Souvenez-vous, il était arrivé, il a dit, moi je vais faire la fameuse ouverture.
06:10 Tout le monde dit c'est formidable, moi je crois que c'est une formidable ouverture.
06:13 Il avait ouvert son gouvernement de droite à des hommes et des femmes de gauche.
06:17 C'était une manière de dire non à une manière traditionnelle de faire de la politique.
06:21 Vous savez, vous êtes tous des commentateurs politiques,
06:23 que le président de la Commission des finances à l'Assemblée nationale,
06:25 c'est quelqu'un de l'opposition.
06:27 C'est M. Coquerel pour l'instant.
06:28 Ça date de Sarkozy.
06:29 Nous avons reçu ici.
06:30 C'est Sarkozy qui a décidé que désormais le président de la Commission des finances,
06:34 il serait dans l'opposition.
06:35 Et il avait testé l'idée dans le précédent poste qu'il occupait.
06:39 J'y étais à l'époque, c'était le conseil départemental des Hauts-de-Seine.
06:42 Il nous avait réuni les élus, il nous avait dit, je me souviens, un petit déjeuner.
06:44 Et si on donnait à l'opposition la présidence de la Commission des finances ?
06:48 Les gens avaient été interloqués, mais il l'avait fait.
06:51 Un homme ouvert que vous continuez à voir ?
06:53 Bien sûr.
06:54 J'ai beaucoup d'admiration pour lui.
06:56 Allez, Claire, quatrième et dernière question.
06:58 Alors moi j'ai une question qui a l'air classique, mais qui n'est pas tant que ça,
07:03 parce qu'on s'est demandé quel était votre écrivain préféré,
07:05 avec une petite sous-question.
07:07 Vous aviez une petite polémique il y a quelques années sur Cléberadax.
07:10 Oui, bien sûr.
07:11 Pour... qui était proche de l'Action française,
07:14 vous avez voulu renommer un collège ou un lycée ?
07:16 Nommé, c'était un nouveau collège.
07:18 Et finalement, ça n'a pas été possible.
07:21 - Oui. - Ça s'appelait Chantphilippe.
07:23 Oui, Chantphilippe, exactement, du nom du quartier.
07:25 Est-ce que c'est un écrivain que vous aimiez particulièrement ?
07:28 Pourquoi est-ce que...
07:30 Alors d'abord, mon écrivain préféré, il y en a plusieurs,
07:32 je pense que Corneille est un très grand poète,
07:36 c'est un homme de théâtre bien sûr,
07:37 mais je pense que c'est un des plus grands poètes français.
07:39 Proust, c'est absolument formidable.
07:42 J'aime beaucoup Jules Romain, qu'on ne lit plus.
07:44 J'ai même baptisé une école de la Garenne,
07:46 vous voyez, je vais revenir au collège,
07:48 du nom de Jean Gervagnon, qui est un des deux héros
07:51 des Hommes de bonne volonté, qui raconte la saga
07:54 de deux normaliens entre 1904 et 1940, ou 1934,
07:58 leur découvert de la vie, leur amour, leur construction intellectuelle.
08:02 Donc Gervagnon est un des deux Hommes de bonne volonté.
08:05 Et puis effectivement, j'ai voulu baptiser ce collège
08:07 du nom de Clébert-Eddins.
08:09 Alors, il avait été Action Française quand il avait 16 ans,
08:11 c'est pour ça que je trouvais que tout ça
08:13 était quand même très injuste.
08:15 - C'était en 2008 quand même. - C'était en 2008.
08:17 Et Clébert-Eddins avait écrit un livre absolument formidable,
08:20 que je conseille de lire à ceux qui aiment la littérature française,
08:22 qui s'appelle "Une histoire de la littérature française".
08:25 En fait, l'histoire est la suivante.
08:26 Jean d'Ormesson signe un jour un livre qui s'appelle
08:29 "Une autre histoire de la littérature française".
08:31 Je me dis pourquoi une autre ?
08:32 Et dans la préface, il dit "C'est par admiration pour mon ami Clébert-Eddins".
08:36 C'est un ami d'Ormesson.
08:37 Donc je vais lire l'histoire de la littérature française
08:40 de Clébert-Eddins, et c'est un très grand livre,
08:43 justement avec la capacité de dire non,
08:45 c'est-à-dire qu'il prend des héros nationaux, victorieux,
08:49 et il dit en quoi ceux-là sont parfois intéressants,
08:52 mais parfois aussi susceptibles d'être critiqués,
08:54 ce qu'on ne fait jamais.
08:55 Bref, il a une analyse critique de tous les auteurs français,
08:57 c'est un très grand livre sur la littérature française.
08:59 - Donc, à lire, votre livre de chevet, un de vos livres de chevet.
09:01 - Non, enfin, ce n'est pas celui-là, mais il y en a d'autres.
09:03 - Vous êtes amoureux du roman national.
09:05 - Alors oui, c'est vrai que je viens d'une génération
09:08 où on nous apprenait dans la littérature,
09:10 c'était "La guerre des mûchards", plutôt les romans français,
09:13 mais j'ai découvert depuis bien d'autres choses,
09:16 Philippe Rott, par exemple.
09:18 - Ah oui.
09:19 - Je suis en train de lire Vassily Grossman,
09:21 qui est un très grand auteur russe,
09:24 qui m'a été...
09:25 Je l'ai découvert grâce à la critique littéraire
09:27 de Libération, Virginie Bloch-Lenay,
09:29 qui a fait une très belle émission avec Finkielkraut,
09:32 sur Grossman.
09:33 - Notre équipe, tout simplement.
09:35 - Avec l'âge, je me suis ouvert...
09:36 - Vous serez sans doute invité par Denis Oliven, peut-être,
09:37 et c'est son public, sinon.
09:38 Allez, on enchaîne, avec votre région de prédilection.
09:40 Vous êtes né dans le Loiret, à Orléans.
09:42 - Oui, mais je...
09:43 - C'est votre région de cœur, non ?
09:44 - Alors, j'y vais très souvent,
09:45 mais ma région de Corse, c'est plutôt la Corse.
09:47 Ma mère est corse, et j'ai une maison dans un village
09:50 qui est situé à Utchiane,
09:52 Utchiani, pour les continentaux,
09:54 à 30 km d'Ajaccio, dans la montagne,
09:56 et c'est un lieu où le temps n'a pas pris,
09:59 et je suis toujours heureux d'y être, là-bas.
10:01 - Mais ici, le temps a pris,
10:03 et on enchaîne avec notre traditionnel "Question Cash",
10:07 et c'est Fabrice Vesserodon qui la pose,
10:09 et évidemment, on va parler de l'actualité.
10:11 - Oui, "Question Cash" qui nous ramène à l'actualité,
10:13 cette actualité chaude, notamment dans les Hauts-de-Seine,
10:15 comme le disait Marie-Brette à l'instant,
10:17 en vous accueillant.
10:18 Vous êtes un homme d'urgence, on l'a rappelé également.
10:20 Est-ce que cette situation,
10:22 après le décès de ce jeune homme,
10:25 tué par un policier,
10:27 justifierait l'état d'urgence ?
10:31 - Oui, très clairement, on voit que
10:33 les forces de police sont débordées en bien des endroits,
10:36 que l'ordre public n'est pas respecté,
10:40 et oui, je pense que l'état d'urgence,
10:42 qui a été demandé d'ailleurs par le président
10:44 de mon parti politique, Eric Ciotti,
10:46 est devenu une nécessité.
10:48 J'espère que le président de la République va faire ce choix.
10:51 Je pense que ce serait un choix sage.
10:53 - Quelle est la différence avec les couvre-feu ?
10:55 Est-ce que ça ne pourrait pas être une mesure intermédiaire
10:57 avant l'état d'urgence ?
10:59 - Le couvre-feu, c'est une mesure qui est souvent décidée par le maire,
11:01 non pas d'ailleurs sur toute l'entièreté de sa commune,
11:04 mais sur des zones.
11:06 - Ça pourrait être sur des quartiers précis.
11:08 - Oui, mais le problème du couvre-feu décidé par le maire,
11:10 c'est que si vous n'avez pas les moyens
11:12 de le faire respecter, ce couvre-feu, c'est pire.
11:14 - C'est pire.
11:15 - Vous allez prendre une décision en disant "Regardez, je suis dur",
11:17 mais en pratique, vous êtes mou.
11:19 - L'avantage de l'état d'urgence, c'est qu'il met en place
11:22 un certain nombre de dispositions de type réglementaire
11:25 qui permettent à l'action publique d'être plus efficace
11:28 d'une manière très ponctuelle.
11:31 Au bout de 12 jours, d'ailleurs le Parlement doit être saisi
11:34 si ça dure plus de 12 jours, donc c'est très encadré,
11:36 ça permet des perquisitions administratives,
11:38 ça permet de limiter malheureusement,
11:40 mais c'est ainsi, certaines libertés publiques,
11:42 de déplacement en particulier.
11:43 Ça a été utilisé après Charlie, ou après le Bataclan, je crois.
11:46 Ça a dû être également, et ça a été utilisé évidemment
11:49 durant l'épisode du Covid, mais là, oui, ça le mérite
11:52 parce que dans certains quartiers, on a l'impression
11:55 que la situation est hors contrôle.
11:58 - En tout cas, ces violences font tâche d'huile.
12:01 Les pissentes, on le disait, c'est votre département,
12:04 les Hauts-de-Seine, on trouve des violences,
12:06 donc évidemment à Paris, mais aussi à Brest, en Gironde,
12:08 à Lille, à Rouen, à Marseille,
12:11 plus de 800 personnes ont été interpellées,
12:14 plus de 40 000 policiers sont mobilisés.
12:16 Je vous propose de voir ce tour d'horizon
12:18 en province et à Paris, signé Public Sénat.
12:21 - Nanterre s'est embrasée pour la troisième nuit consécutive.
12:27 La préfecture des Hauts-de-Seine,
12:28 devenue l'épicentre des violences,
12:30 a été le théâtre d'affrontements entre jeunes
12:32 et forces de l'ordre, notamment dans le quartier populaire
12:35 Pablo Picasso ou Vive Naël,
12:37 l'adolescent tué par le policier mardi.
12:42 Même scène d'émeute dans la banlieue est de Paris,
12:45 comme ici dans le centre de Montreuil.
12:47 La mairie a à nouveau été prise pour cible
12:49 par des groupes de manifestants cagoulés,
12:51 le centre commercial pillé.
12:53 Certains responsables politiques ont témoigné leur soutien,
12:56 au maire en première ligne.
12:58 - Pensez à tous les élus locaux
13:00 qui s'apprêtent à vivre une très longue nuit
13:02 et à toutes celles et ceux qui se mobiliseront
13:04 pour assurer la sécurité partout en France.
13:07 - Pour tenter d'endiguer la généralisation
13:09 des échaux fourrés sur le territoire,
13:11 l'autorité a déployé 40 000 policiers et gendarmes,
13:14 ainsi que des unités d'élite, comme le RAID ou la BRI.
13:17 Selon la place Beauvau, plus de 400 personnes
13:20 ont été interpellées au niveau national.
13:22 Malgré ce dispositif policier,
13:24 plusieurs métropoles comme Lille ou Marseille
13:26 ont été plus durement touchées que les nuits précédentes.
13:29 La bibliothèque municipale de la cité fosséenne
13:31 a par exemple été endommagée.
13:33 - Ceci n'est pas le Marseille que nous défendons.
13:36 Ce Marseille en grande en nous rêvons tous.
13:38 Ils disent aimer leur ville,
13:40 leur ville est notre plus grande bibliothèque.
13:42 L'Alcazar est au cœur des Marseillais,
13:44 triste pour notre ville et notre pays.
13:46 Plus tôt dans la journée, Elisabeth Borne s'était rendue
13:49 à Garges-les-Guenesses pour témoigner son soutien
13:51 à la commune durement touchée,
13:53 dénonçant des violences injustifiables.
13:55 - La mort du jeune Naël est un drame.
13:58 Je comprends l'émotion qu'elle suscite.
14:01 La justice est saisie, elle avance.
14:03 Rien ne justifie les violences qui se sont produites cette nuit.
14:07 - Le policier auteur du tir a été placé en détention provisoire
14:10 à la prison de la Santé.
14:12 Mais à ce stade, rien ne semble pouvoir faire retomber
14:14 la colère des quartiers populaires.
14:16 Une situation non sans rappeler les émeutes de banlieue en 2005.
14:20 - Oui, on va en parler de ces émeutes de banlieue en 2005.
14:23 En tout cas, en attendant, le président de la République
14:26 a écourté son séjour à Bruxelles.
14:28 Il a déjà parlé en appelant les parents à la responsabilité,
14:32 en dénonçant l'instrumentalisation inacceptable, je cite,
14:36 et en annonçant des moyens supplémentaires de police.
14:42 Une réaction, Philippe Juvin, assez violente,
14:46 et aux annonces du président.
14:48 - Je suis d'accord avec tout ce qui a été annoncé.
14:51 Il y a un élément d'éducation qui est très important.
14:54 Il a raison de parler des parents.
14:56 Je vais vous raconter une anecdote.
14:58 J'étais hier soir...
15:00 - Il faut rappeler qu'il y a énormément de mineurs
15:02 à Bruxelles qui ont entre 12, 14 et 18 ans.
15:04 - Il faut que nous posions collectivement.
15:06 J'étais hier soir à un concert d'une chorale dans les Hauts-de-Seine,
15:09 qui est une chorale de très haut niveau, gratuite,
15:12 et ouverte à tous les enfants du département.
15:14 Donc tous les milieux y sont représentés.
15:16 C'était très très beau.
15:18 En les regardant, les enfants, entre 8 et 17 ans,
15:22 je me demandais, au fond, qu'est-ce qui fait
15:26 qu'il y en a un qui est dans la chorale en train de chanter,
15:29 avec une discipline, et la veille, à 4h du matin,
15:32 discuter avec un jeune de 15 ans qui voulait mettre le feu
15:35 à un bâtiment public ?
15:37 Qu'est-ce qui fait que ces deux enfants,
15:39 qui étaient dans la même maternelle peut-être 10 ans avant,
15:42 il y a un moment où leurs chemins ont tellement changé
15:45 qu'il y en a un qui brûle et l'autre qui parle aux œuvres de l'esprit.
15:49 On a un vrai sujet là-bas.
15:51 Qu'est-ce qui fait que notre système éducatif,
15:53 parce qu'il y a les parents évidemment,
15:55 mais il y a aussi notre système éducatif,
15:57 a produit une telle divergence ?
15:59 Je pense que ces événements très gravés...
16:01 – Oui.
16:02 – Eh bien, probablement se poser la question
16:05 de la qualité de l'enseignement, des moyens qui sont mis
16:08 en fonction des lieux, et puis de cette vision peut-être
16:15 très centralisatrice où de Paris tombe la même méthode pédagogique,
16:20 la même manière d'apprendre les choses aux enfants,
16:23 alors que les enfants sont évidemment différents.
16:25 Il y a 400 ou 500 000 enfants d'une classe d'âge en France.
16:27 Comment imaginer qu'au même moment,
16:29 500 000 enfants attendent la même parole descendante
16:32 du ministère de l'Éducation nationale ?
16:34 Je pense qu'il faut décentraliser, faire plus confiance aux maires,
16:38 faire plus confiance aux professeurs dans les écoles.
16:40 – Et des spécificités plus locales.
16:41 – Mais oui, bien entendu.
16:43 Et encore une fois, expliquez-moi pourquoi dans le même département,
16:45 il y a un enfant qui cassait et le même soir un enfant qui chantait.
16:48 – Est-ce que vous avez des mesures spécifiques
16:50 dans votre département, à l'État de Seine ?
16:52 – Par exemple, je crois qu'une des premières mesures spécifiques
16:55 à prendre serait de donner l'autonomie.
16:57 Ce n'est pas un dispositif des Hauts-de-Seine,
16:59 c'est de donner l'autonomie aux écoles, aux maternelles et aux élémentaires.
17:03 Permettre aux directeurs des écoles d'être autonomes
17:07 dans leur manière de définir les objectifs pédagogiques.
17:11 Vous savez que quand on dit…
17:12 – Pas le même programme pour…
17:14 – Pas le même programme, voilà ce que vous devez,
17:16 à quoi vous devez aboutir.
17:17 – Mais faites-le comme vous…
17:18 – Mais oui, bien entendu.
17:20 Et puis que les parents sachent aussi où sont les bonnes et les mauvaises écoles.
17:24 Pardon de vous le dire, mais il y a de moins bonnes écoles.
17:26 D'ailleurs quand vous déménagez dans une ville,
17:28 la première, et que vous avez des enfants,
17:29 c'est quoi les questions que vous vous posez ?
17:31 Quelle est la bonne école ?
17:32 Est-ce que l'école du coin est une bonne école ?
17:34 Enfin, je sais qu'en France…
17:35 – C'est une remise en question de la carte scolaire.
17:37 – Non mais la DOCSA, la DOCSA nationale et le Politiquement correct
17:40 consiste à dire que toutes les écoles sont du même niveau.
17:43 Vous savez très bien que quand on va habiter dans une commune,
17:46 les gens se posent cette question,
17:48 est-ce que l'école du quartier est une bonne école ?
17:50 Ça montre bien que par définition,
17:51 en tout cas les gens considèrent qu'il n'y a pas d'hémogénéité.
17:54 Donc je pense qu'il faut par exemple inventer un système
17:59 où on publierait des résultats des écoles en disant…
18:03 – C'est déjà le cas.
18:04 – Parcoursup essaie de remédier à ça.
18:06 – Oui, mais vous savez, tout se joue dans le primaire.
18:09 Parcoursup c'est déjà fini, c'est déjà terminé.
18:12 Vous êtes déjà sur des rails.
18:15 Tout se joue dans le primaire.
18:16 On sous-estime l'importance du primaire en France.
18:18 – On a un parcours inf…
18:20 – Les zones d'éducation prioritaire, ça ne marche pas ?
18:23 – Bah regardez, regardez.
18:26 – Ce risque d'embrasement comme en 2005 dont on parle beaucoup,
18:31 est-ce que c'est votre sentiment également ?
18:33 Vous le craignez ?
18:35 – Alors moi je ne suis pas de vin, bien entendu,
18:37 et puis je vous ai dit que je ne vais pas faire du commentaire.
18:39 Évidemment c'est dans la tête de…
18:40 – C'est à la suite de la mort de Zied et Mounia, donc en 2005,
18:43 les trois semaines d'émutes avaient suivi.
18:45 – Il y a des points communs à votre avis, entre les deux affaires ?
18:48 – C'est l'utilisation d'un fait dramatique, la mort de jeunes,
18:54 qui est utilisé par d'autres pour casser,
18:57 parce qu'enfin tous ceux qui cassent, qui brûlent, ce sont des alibis.
19:00 En quoi rendent-ils hommage aux jeunes qui ont été tués ?
19:04 C'est de la délinquance, c'est des voyous, c'est…
19:09 – C'est de la colère aussi.
19:10 – C'est de la rage, oui.
19:11 Mais vous voyez, c'est aussi la dissociation du tissu national
19:14 qui fait qu'on n'est plus des citoyens, on n'est plus la police, on est des bandes.
19:20 C'est-à-dire qu'ils ne considèrent pas que c'est la police nationale,
19:23 qui je vous le rappelle sont des gardiens de la paix.
19:26 Le lycée garde la paix.
19:28 On considère que c'est un vaste jeu tragique où on n'est pas dans la même bande.
19:33 Ça c'est un sujet.
19:34 Ça c'est probablement un sujet que l'école devrait mieux,
19:37 comme disent les anglo-saxons, "adresser".
19:39 – En tout cas ce drame de Nanterre fait la une de toute notre presse quotidienne régionale
19:45 depuis quelques jours.
19:46 Je vous propose de regarder trois unes que nous avons choisies.
19:50 "Mort de Nahel", donc violences à Toulouse, c'était la dépêche.
19:54 "Républicain Lorrain sur l'usage des armes, la police sous pression".
19:58 Et puis le télégramme aussi, "Drame de Nanterre, l'onde de choc".
20:00 Que pensez-vous justement de cette une du "Républicain Lorrain sur les armes" ?
20:06 Faudrait-il que la police soit sous pression sur les armes,
20:12 une abrogation des armes ?
20:13 – Ils sont sous pression.
20:14 Il y a des règles d'engagement et ce n'est pas parce que quelqu'un
20:16 n'a pas respecté les règles avec les conséquences dramatiques que l'on connaît,
20:19 si l'enquête démontre que c'est bien ça bien entendu,
20:22 que ça doit remettre en cause l'armement de la police.
20:24 Il n'y a que M. Mélenchon qui veut désarmer la police.
20:27 Les policiers sont des gens courageux qui font un métier dangereux.
20:31 Vous savez qu'en France, 25% des victimes de coups et blessures volontaires
20:37 sont des policiers.
20:38 Un quart des gens blessés volontairement par quelqu'un d'autre,
20:41 ce sont des policiers ou des gendarmes.
20:43 Donc le désarmement de la police sera-t-il…
20:46 – Non, il y a un changement de règles dans l'utilisation des armes,
20:49 récemment, effectivement.
20:50 – Non mais manifestement l'enquête est en train de montrer,
20:52 si j'ai bien compris, que les règles d'engagement, comme on dit,
20:56 n'auraient pas été correctement utilisées.
21:01 – En tout cas c'est ce qu'a décidé le procureur.
21:03 – Est-ce que ça jette l'opprobre sur toute la police ?
21:05 – Le policier meurtrier a donc été placé en détention provisoire à la Santé,
21:08 je le rappelle, il est mis en examen pour homicide volontaire.
21:12 Je vous propose d'avancer un petit peu avec notre partie extra, professeur.
21:18 [Générique]
21:23 – Et avant de poursuivre, je vous propose de regarder ce condensé
21:27 de l'actualité de la semaine en images dans nos régions,
21:31 signée Roselyne Pagès.
21:33 [Générique]
21:38 Dans ce village du Loir-et-Cher,
21:40 des allures de banquets champêtres pour la fête de la violette.
21:43 Mais à la tribune, le "flower power" n'est vraiment pas de mise.
21:47 – Nous chasserons les menus halal et nous chasserons les lobbies LGBT de nos écoles.
21:53 [Applaudissements]
21:55 – Sur ces terres de Sologne, Guillaume Pelletier chasse aussi les électeurs.
21:59 Il est loin le temps où, jadis, il honorait Nicolas Sarkozy, ici même.
22:04 Un coup de barre à droite plus tard, Marion Maréchal, puis Nicolas Bey,
22:08 sont désormais les gestards.
22:10 Et Éric Zemmour, porte-drapeau d'une droite réactionnaire.
22:14 – Une droite civilisationnelle qui défend la civilisation française,
22:18 qui défend l'identité française, qui lutte pour le mérite,
22:21 l'effort à l'école, qui lutte contre l'idéologie woke.
22:24 C'est son rôle.
22:25 – Échaudé par ces 4% aux législatives, reconquête mise sur les européennes l'an prochain.
22:31 Les militants, eux, sont déjà en surchauffe, tout comme leurs pronostics.
22:36 – On doit pouvoir faire entre 12 et 20%.
22:39 [Générique]
22:42 – À Lens, on a toujours eu la flamme.
22:45 Pour les Teryl et pour les sang et or de Bollard.
22:48 Alors quand la flamme olympique débarquera dans le stade le 3 juillet 2024,
22:53 la fierté ne sera pas dissimulée.
22:55 – On se sent représentés.
22:57 Déjà, on pense à Lens.
22:59 Et voilà, quoi, c'est un plaisir, une fierté.
23:02 – Au moins, on reconnaît le pays, là en soi.
23:05 – Ah oui, le pays.
23:06 – Parce que bien souvent, on est oublié dans beaucoup, beaucoup de disciplines.
23:10 – Ce pâtissier, lui, n'a pas pu attendre, avec la confection de cette gourmandise.
23:16 – Nous sommes dans une terre de feu et il ne nous manquait plus que la flamme olympique.
23:20 [Générique]
23:23 – Derrière la légèreté des pinceaux, le lourd quotidien en milieu carcéral.
23:28 Nous sommes à la prison de Gradignan et ces détenus s'apprêtent à livrer un spectacle.
23:33 Des semaines de répétition avec la première danseuse de l'Opéra de Bordeaux.
23:38 – Elles m'ont beaucoup apporté.
23:41 C'était une très belle expérience.
23:43 Et c'est très émouvant de les voir, en plus, magnifiques.
23:47 Elles sont maquillées, coiffées, elles sont belles et elles se sentent bien.
23:51 Et ça, c'est ma plus grande victoire dans tous ces moments qu'on a partagés ensemble.
23:57 – Sur leur t-shirt, les mots pour le dire.
24:00 Le résumé des mots de leur histoire.
24:02 Peu à peu, les corps se libèrent.
24:05 Clairement, des activités comme ça, sur l'établissement, ça apaise la détention.
24:09 Que ce soit pour le personnel, pour les personnes détenues.
24:12 Elles vont remonter dans leur cellule bien plus apesée, contente, fière d'elles.
24:17 – Beaucoup d'émotion. C'est formidable.
24:22 – Une initiative du Barreau de Bordeaux pour envisager la vie hors des barreaux.
24:27 [Applaudissements]
24:31 [Musique]
24:35 – Est-ce qu'il y a un sujet qui vous interpelle davantage, Philippe Juvin ?
24:39 – La flamme va passer aussi à la Garenne-Colombe, c'est une publicité locale.
24:43 – La flamme olympique.
24:45 – Nous n'avons pas encore la pâtisserie adaptée, mais c'est la vie de vos sillettes.
24:49 – Vous suivez le parcours de la flamme. Vous pouvez parler peut-être d'Éric Zemmour aussi ?
24:52 – On peut aussi parler d'Éric Zemmour.
24:54 – À la fête de la violette ? Fabrice ?
24:56 – Il voit grand pour les européennes, il a raison.
24:58 Vous connaissez un homme politique qui commence une élection en disant "je vais perdre".
25:02 – Alors après, il aurait pu être échaudé par les résultats législatifs, à la présidentielle.
25:06 Il a raison de tenir bon ?
25:08 – Moi je ne soutiens pas Éric Zemmour, ça ne vous a pas échappé.
25:11 Mais oui, je pense que si vous faites…
25:13 Alors quand vous faites de la politique, c'est un conseil à tous ceux qui veulent en faire,
25:16 il faut avoir du caractère, je vous l'ai dit tout à l'heure, mais de la ténacité.
25:19 Ça signifie que quand vous perdez une élection, il faut…
25:22 – On remonte à ce phénomène.
25:23 – Regardez les grands animaux politiques, Chirac, Mitterrand,
25:27 combien de fois ont-ils perdu ces gens-là ? Ils sont remontés à cheval.
25:30 – C'est un problème pour la droite ou pas Éric Zemmour ? Pour votre droite ?
25:33 – Enfin un problème… Oui, il y a une question, d'abord il pose des questions, c'est certain.
25:38 Mais on voit bien que l'entour, on a entendu…
25:43 – Guillaume Pelletier ?
25:46 – Pelletier, il y a un livre qui est actuellement très intéressant à lire
25:49 qui s'appelle "Les ingénieurs du chaos".
25:51 "Les ingénieurs du chaos" montre comment des gens organisent le chaos dans la sphère politique.
25:56 C'est-à-dire que tout est utilisé pour créer un drame, pour créer de l'opposition.
26:01 – C'est leur cas ?
26:03 – C'est ce que j'ai entendu là, ils sont responsables,
26:06 ils sont en train de tuer la France.
26:08 Et en fait la France a besoin, au contraire, de se retrouver.
26:11 Ça s'appelle l'unité nationale et c'est très paradoxal qu'Éric Zemmour,
26:14 qui manifestement aime la France, je ne peux pas lui retirer ça,
26:18 comment peut-on aimer la France et avoir un discours qui la fractionne ?
26:22 Ça c'est quelque chose qui me sidère.
26:25 – Qui fractionne la droite ?
26:27 – Non mais qui fractionne le pays.
26:29 Prenons l'exemple des Français de culture musulmane.
26:33 Ce n'est pas parce qu'ils sont de culture musulmane
26:36 qu'ils ne veulent pas que leurs enfants réussissent,
26:39 qu'ils ne veulent pas que leur école soit meilleure,
26:41 qu'ils ne veulent pas que leur entreprise, quand ils sont patrons d'une entreprise, fonctionne.
26:45 Or, d'une certaine manière, le discours qui est véhiculé par le mouvement d'Éric Zemmour,
26:50 c'est de dire à un moment à ces gens, au fond,
26:52 quels que soient les efforts que vous ferez,
26:55 je ne suis pas certain qu'un jour vous serez vraiment français.
26:58 C'est un sujet fondamental.
27:00 – Ce qui se passe en ce moment, ça peut justement faire venir des gens chez Éric Zemmour ?
27:06 Ces genres de chaos là justement dans lesquels on est, est-ce que ça peut…
27:09 – Chaque voiture qui brûle nourrit les extrêmes,
27:13 nourrit ceux qui se réjouissent du fractionnement du pays.
27:18 Bien sûr, bien sûr, c'est une évidence.
27:21 – Que dire de la droite "traditionnelle" avec l'arrivée de Laurent Wauquiez ?
27:26 C'est un spécialiste Fabrice, il a fait un livre sur lui.
27:29 – Vous évoquiez Éric Ciotti tout à l'heure, président de votre parti,
27:32 qui a, dès son élection, même pendant sa campagne,
27:35 dit qu'il serait derrière Laurent Wauquiez pour la présidentielle.
27:37 Vous en êtes où vous de ce côté-ci ?
27:39 – Je pense que ça serait une grande erreur aujourd'hui,
27:41 quelles que soient les qualités des uns et des autres, Wauquiez y compris,
27:44 de désigner aujourd'hui le futur candidat à la présidence de la République
27:47 pour plusieurs raisons.
27:48 D'abord, l'élection à la présidence de la République, c'est dans une éternité.
27:52 Je ne sais pas ce qui se passera dans 4 ans.
27:55 Deuxièmement, imaginez que nous désignions quelqu'un aujourd'hui
27:58 qui dans 4 ans vous dira "finalement je n'y vais pas"
28:00 pour mille raisons, y compris personnelles.
28:02 Ce serait quand même très préoccupant.
28:04 Et enfin, troisièmement, les Français en ont assez
28:06 de la personnalisation de la politique.
28:08 Les Français attendent que nous soyons un parti, nous,
28:11 mais les autres aussi, je pense à la gauche, au Parti Socialiste,
28:14 qui nourrissons une espérance.
28:18 Pour nourrir une espérance, il faut évidemment avoir des projets.
28:23 Et il y a deux types de partis politiques,
28:25 il y a ceux qui nourrissent des espérances,
28:27 moi j'espère que notre parti va continuer à l'être,
28:29 et nous y travaillons, puis il y a ceux qui ne nourrissent pas d'espérance,
28:33 mais au contraire, cultivent le ressentiment permanent.
28:35 Mélenchon est un très bon exemple.
28:37 C'est regarder comme on a été méchant avec l'économie,
28:40 regarder comme on est méchant avec les gens qui sont dans les cités,
28:44 regarder la France ne vous aime pas.
28:46 Ça c'est un parti qui n'apporte pas d'espérance,
28:49 mais qui cultive le ressentiment.
28:51 Nous devons être le parti politique de l'espérance.
28:53 – Justement, certains nourrissent l'espérance
28:55 d'un troisième mandat pour Emmanuel Macron.
28:57 – La constitution, je crois, l'interdit.
28:59 – Ce n'est pas possible.
29:00 – La constitution l'interdit, il faut modifier la constitution.
29:02 – S'il y avait un changement de constitution,
29:04 si vous appelez à la santé Emmanuel Macron, vous accepteriez ?
29:07 – Pas dans n'importe quelle condition,
29:09 mais je me suis déjà exprimé là-dessus.
29:11 Je pense que dans tous les pays démocratiques
29:15 où il y a une situation de non-majorité à l'Assemblée nationale,
29:18 ce qui est notre cas ici, dans tous, qu'est-ce qui se passe ?
29:21 Il y a des alliances qui sont nouées pour créer une majorité, dans tous.
29:25 Moi j'ai été député européen, j'ai vu les socialistes
29:27 et les conservateurs, c'est-à-dire en gros les républicains allemands,
29:30 travailler ensemble dans le même gouvernement.
29:32 Pas sur la bonne mine des uns et des autres,
29:35 mais sur un programme rédigé point par point,
29:37 en disant voilà ce qu'on va faire, voilà ce qu'on va faire, voilà ce qu'on va faire.
29:40 En France, nous ne savons pas faire ça.
29:42 En France, nous aimons le manichéisme avec les gentils, les méchants,
29:46 avec les pours et les contres, mais l'idée de voter avec des gens
29:51 qui sont vos adversaires politiques est culturellement un problème.
29:56 Encore une fois, dans toutes les démocraties normales,
29:58 il y a des alliances entre des partis qui sont adversaires
30:03 quand l'intérêt du pays le nécessite et quand il n'y a pas de majorité.
30:05 C'est ce qui est le cas aujourd'hui.
30:06 – Est-ce que Emmanuel Macron vous a suffisamment tendu la main ?
30:10 – Non.
30:11 – Pour une alliance ? J'essaye de comprendre de qui vient ce défaut d'alliance
30:15 que vous pointez du doigt.
30:17 – De partout, de partout.
30:19 – Ce n'est pas culturel, c'est ce que vous dites.
30:21 – C'est culturel, il vient de partout, il vient à la fois de chez nous,
30:24 on n'y est clairement pas prêt.
30:26 La position que je vous donne là, c'est la position de Philippe Juvin,
30:29 député LR certes, mais ce n'est pas la position de mon parti.
30:32 Mon parti a exprimé plusieurs fois qu'il ne souhaitait pas cela.
30:35 Donc de chez nous, les gens expriment qu'ils ne sont pas d'accord.
30:38 Je le dis pour qu'on ne dise pas que Philippe Juvin
30:40 est en train de porter la parole des Républicains, c'est ma parole.
30:43 Mais en face, objectivement, pardon, je ne vois pas beaucoup de signaux positifs
30:48 et je ne sais plus quel ministre, au moment même de l'élection sur les retraites,
30:53 alors qu'ils avaient un peu besoin de nous quand même,
30:55 continuait à taper sur les oppositions en nous mettant dans le même paquet
30:58 que Mme Le Pen et M. Mélenchon.
31:00 – Si je traduis bien, si j'ai bien compris,
31:02 vous accepteriez d'être le ministre de la Santé d'Emmanuel Macron
31:06 s'il y avait une alliance au niveau des partis ?
31:09 – C'est ça, une alliance collective, un travail collectif.
31:11 – Ne fermez pas la porte.
31:13 – Non mais encore, je l'ai écrit.
31:15 – Espérance et renaissance, ça rime, professeur.
31:18 – Non mais attendez, c'est très important, je l'ai écrit,
31:21 nous ne devons pas être les troupes supplétives de quiconque,
31:24 en particulier de la majorité,
31:26 mais nous devons refuser de continuer les débauchages individuels
31:32 tels que ça a été vu parce que ça ne fait pas progresser l'affaire.
31:35 La vraie question à poser, est-ce qu'on peut rester 4 ans
31:38 sans majorité à l'Assemblée nationale ?
31:40 Moi je crois que ce n'est pas possible, je crois que ça ne tient pas.
31:42 Voilà, c'est pour ça que je pense qu'il faut qu'on arrive à un accord.
31:45 Et d'ailleurs c'est Copé qui l'a dit très bien,
31:47 ça ne sera pas le programme des Républicains
31:49 et ça ne sera pas le programme d'Emmanuel Macron,
31:51 ça sera autre chose.
31:53 Non pas un mélange, autre chose.
31:55 – Autre chose, après en même temps autre chose.
31:57 Allez, on va s'adresser maintenant aux médecins que vous êtes,
32:00 notre partie intra à présent.
32:02 [Générique]
32:06 Oui, on va parler santé avec des urgences débordées,
32:10 les hôpitaux qui ferment, les EHPAD, Alindex, les désirs médicaux,
32:13 la santé mise à mal en ce moment,
32:16 mais également les pharmacies au sens propre du terme,
32:19 on parlait de violence et d'agression tout à l'heure,
32:21 et bien c'est le cas aussi concernant les pharmaciens.
32:24 Regardez ce reportage dans le Nord.
32:26 – 366 agressions sur des pharmaciens,
32:29 c'est le constat établi par l'Ordre national des pharmaciens pour 2022.
32:33 David Alapini, le président du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens,
32:37 revient sur le phénomène.
32:38 – Ce qu'on a observé c'est une forte augmentation, 17% par rapport à 2019,
32:43 sur tout étendu du territoire national,
32:45 en matière d'agression des pharmaciens,
32:47 nous avons à peu près une agression de pharmaciens par jour en France.
32:51 Ça s'explique par un certain nombre de faits,
32:54 des refus de délivrance d'ordonnances,
32:56 parce que les ordonnances ne sont pas régulières,
32:58 en plus ce qui arrive le plus fréquemment,
33:01 ce sont des patients qui estimaient dans leur droit,
33:04 qui ne comprennent pas, qu'une fois de plus on leur pose une résistance.
33:08 Nous avons un numéro de téléphone que nous fournissons aux pharmaciens,
33:13 qui leur permet de s'exprimer 24 heures sur 24,
33:16 et il y a bien sûr des confrères, des pharmaciens,
33:18 mais ils ont également accès à des psychologues, à des psychiatres,
33:22 donc chaque fois nous n'hésitons pas à leur communiquer les coordonnées,
33:27 et chaque fois qu'on a l'occasion,
33:28 on n'attend pas forcément l'agression pour ça,
33:30 mais bien sûr il y a des moyens de se faire accompagner,
33:34 en tout cas ne jamais rester seul, ne jamais penser que c'est banal,
33:38 il n'y a aucune agression qui peut être considérée comme étant banale.
33:42 – Je suis d'accord, je suis d'accord.
33:44 Les agressions de pharmaciens à présent, c'est plus qu'inquiétant.
33:48 – Nous, les professionnels de santé, qu'ils soient en libéral,
33:52 on a vu les pharmaciens, mais c'est pareil pour les médecins généralistes,
33:54 les kinés, les infirmières,
33:56 ou à l'hôpital, en établissement, sont l'objet de violences.
33:58 Nous sommes dans une société, certains l'ont qualifiée d'ensauvagement,
34:01 je crois cela, on appartient à…
34:05 – Gérald Darmanin.
34:06 – Bien avant lui, de nombreuses personnes.
34:08 Oui c'est l'ensauvagement, il frappe aussi les hôpitaux.
34:11 – D'ailleurs il y a eu des incursions dans les hôpitaux, hier et avant-hier.
34:15 – Oui, c'est vrai que la situation actuelle, on pourrait dire, c'est un peu différent.
34:18 Mais c'est vrai qu'il y a eu des urgences qui ont été envahies par des bandes,
34:21 ça c'est très clair, depuis deux jours, mais même en temps "normal",
34:25 quand il n'y a pas le drame que nous connaissons actuellement,
34:29 toutes les urgences de France sont soumises à des violences,
34:33 elles sont de tous types, des violences verbales, l'agressivité verbale,
34:39 la volonté d'en découdre, l'excitation,
34:42 et puis derrière vous avez même des agressions physiques,
34:45 d'un certain nombre de nos praticiens, médecins, infirmières.
34:49 – On fait un tour de table sur les questions de santé,
34:51 je commence par vous Claire.
34:52 – Oui.
34:53 – Il y a pas mal d'annonces qui ont été faites par la ministre Firmin-Lebaudot.
34:56 – Firmin-Lebaudot, il y a 100 Medicobus déployés
34:59 qui servent à lutter dans les déserts ruraux,
35:02 en tout cas c'est une annonce, est-ce que c'est pour vous du bricolage ?
35:06 – 1800 maisons de santé aussi,
35:08 – Oui, même plus.
35:10 – Écoutez, moi je suis toujours irrité,
35:12 enfin il y a été circonspect sur toutes ces annonces,
35:14 parce qu'elles sont…
35:15 – C'est du bricolage vous pensez ?
35:16 – D'abord je ne sais pas si c'est vrai, les bus…
35:19 – Si ça va être mis en place.
35:20 – Voilà, je ne sais pas…
35:21 – D'ici à 2027.
35:22 – Ah en plus, 2027, donc vous voyez déjà…
35:24 – D'ici 2027.
35:25 – 100 bus d'ici 2027, je ne sais pas très bien à quoi ça s'associe,
35:29 qui y aura dans le bus, est-ce qu'il y a vraiment un médecin.
35:32 Le vrai sujet en fait, on ne s'y attaque jamais,
35:35 c'est qu'on ne forme pas suffisamment de médecins et d'infirmières.
35:38 – C'est bien en amont que les médecins.
35:39 – Bien entendu, je vais vous donner un exemple,
35:41 aujourd'hui on forme à peu près 10 000 médecins par an,
35:45 et pourtant je ne connais pas un seul hôpital,
35:47 une seule maison de retraite qui n'ait pas besoin d'un médecin,
35:50 ça n'existe pas.
35:51 Quand un médecin part à la retraite, en ville,
35:53 il en faut deux ou trois pour le remplacer.
35:55 Donc les anglais ont compris, ils formaient comme nous,
35:57 10 000 médecins par an, ils en forment 20 000.
36:00 Nous on est toujours à 10 000, pour diverses raisons,
36:03 il faudrait un débat entier pour en parler,
36:05 et je soutiens que tant qu'on n'aura pas passé
36:08 le numerus clausus de 10 000 à 20 000, on n'y arrivera pas.
36:11 – C'est ça qu'il faudrait, c'est pareil, c'est 20 000.
36:13 – Il faut commencer comme ça, oui bien sûr, 20 000.
36:15 Alors on vous dit "ah on va faire trop", mais attendez,
36:17 trop on n'y est pas encore, il faut 10 ans pour les faire.
36:19 Donc faites ça immédiatement, et vous verrez ça ira mieux.
36:22 Ça ira mieux dans 10 ans, bien entendu.
36:24 – Alors on va vous dire…
36:25 – Les candidats existent ? Est-ce que les candidats existent ?
36:27 – Bien sûr, le nombre de gens qui sont recalés par consulte,
36:30 et qui voudraient faire médecine, qui auraient failli être bons médecins.
36:33 – C'était ça ma question, c'était les bons candidats, vous entendez ?
36:35 – Oui, mais vous savez, c'est un peu comme si Jules Ferry,
36:37 avant tant l'école gratuite laïque et républicaine, avait dit
36:39 "finalement on ne peut pas apprendre à lire au français
36:41 parce qu'il n'y a pas assez de professeurs, il n'y a pas assez d'instituteurs".
36:44 Ben qu'est-ce qu'on fait, on a formé des instituteurs.
36:46 Ben là, on n'arrive pas à soigner les gens, donc il faut former des médecins.
36:48 Il faut en former 20 000.
36:50 Alors le gouvernement vous répond toujours,
36:51 ou il y a toujours un ministre qui croit très intelligent,
36:53 il dit "oui mais nous avons supprimé le numerus clausus".
36:55 Mais Carl Ambreden, ils n'ont rien supprimé du tout.
36:57 En fait, ils ont transformé le numerus clausus,
37:00 ça s'appelle numerus apertus, la même affaire,
37:02 et ils sont passés, je crois, ils ont augmenté de 15%.
37:05 La question ce n'est pas qu'il y ait un numerus clausus ou pas,
37:08 c'est-à-dire une régulation.
37:09 Qui a une régulation ? Moi je la trouve normale,
37:11 ce n'est pas de supprimer le numerus clausus.
37:12 – Gardez vos comptes, ça c'est pas un problème.
37:13 – Mais peu importe la disposition, ce qui importe c'est le niveau.
37:16 Si vous avez un numerus clausus supprimé,
37:19 mais qu'on transforme ça en numerus apertus avec +10%,
37:22 moi je préfère qu'on garde le numerus clausus et qu'on dise +100%.
37:25 Donc +100% de médecins, ça commence par ça.
37:27 Tant qu'on ne l'aura pas fait, ça sera effectivement du bricolage.
37:30 – Du bricolage.
37:31 – Et c'est ce qui permettrait de combler les fameux déserts médicaux
37:34 dont on parle beaucoup.
37:35 – Mais bien entendu.
37:36 – Claire, de Nouvelle-Bretagne, on regarde un reportage
37:40 d'une maternité à Guingamp qui ferme, regardez.
37:44 – Et ici, encore une fois, ce seront les femmes qui seront les premières touchées.
37:49 Alors, levons-nous et résistons !
37:52 Environ 2000 personnes se sont rassemblées à Guingamp pour défendre la maternité
37:56 où les accouchements sont suspendus par l'Agence régionale de santé depuis deux mois.
38:00 En soutien, les commerçants de la ville ont baissé les rideaux,
38:03 tous craignent une fermeture.
38:05 – J'ai décidé de venir parce que je suis enceinte
38:07 et c'est vrai que ça fait pas mal de rôle si j'allais accoucher à Saint-Brieuc.
38:11 Je préfère accoucher à la maison que, je sais pas, dans un camion de pompiers.
38:16 – Cette manifestation vise à défendre toutes les maternités bretonnes en danger.
38:20 Plusieurs comités de défense et d'élus se sont déplacés.
38:23 – On est dans une région qui est plutôt attractive,
38:26 on a une population qui est censée augmenter en Bretagne ou dans l'Ouest.
38:31 J'imagine même pas dans d'autres endroits où la démographie est en berne.
38:35 Serrons-nous les coudes entre collectivités pour faire en sorte
38:38 que nos établissements puissent fonctionner,
38:41 puisque les autres établissements peuvent pas absorber le volume
38:43 qu'on suit dans nos établissements ?
38:45 – Les manifestants espèrent structurer cette lutte régionalement.
38:49 – Cette question des services fermés pendant cet été, elle va être cruciale.
38:53 Il va y avoir des gens qui vont se trouver dans des situations très difficiles,
38:55 il va y avoir des morts tout simplement, pour parler crûment,
38:58 et donc elle ne peut que prendre cette lutte,
39:01 donc il va falloir avoir des réponses rapidement.
39:03 – Suite à cette mobilisation, une action en justice devrait être menée
39:06 pour défendre l'accès aux soins à Guingamp.
39:08 [Cris de la foule]
39:11 – Oui voilà, ce risque de fermeture de la maternité de Guingamp, mère.
39:14 – Alors effectivement, c'est pas une fermeture,
39:16 c'est pour l'instant, depuis le 23 avril,
39:18 l'accès à la maternité a été suspendu pendant 4 mois,
39:21 donc il y a eu un manque de personnel,
39:24 on parlait du manque de médecins, il y a un manque de sages-femmes aussi,
39:27 donc ils ont eu un recours à la réserve sanitaire, ça n'a pas suffi,
39:31 et en fait, c'est cette maternité qui est symbolique en ce moment,
39:34 parce qu'elle s'arrête pendant 4 mois, c'est pas juste l'été,
39:37 c'est 4 mois, et puis avec un vrai risque de se dire,
39:40 maintenant qu'elle est suspendue et que les gens prennent leurs habitudes ailleurs,
39:43 on va l'arrêter complètement.
39:45 Il va y avoir des morts, c'est ce que disait quelqu'un,
39:48 en tout cas la question c'est que ça va mettre plus de femmes en danger,
39:52 qu'est-ce qu'on peut faire par rapport à ça, qu'est-ce qu'il faut faire
39:55 pour que justement on n'ait pas l'impression de repartir dans le passé ?
40:00 – Alors d'abord, moi je ne connais pas l'exemple précis de Guingamp,
40:02 en particulier il y a une donnée qu'il faut avoir,
40:04 c'est combien d'accouchements par an à Guingamp.
40:06 – Combien d'accouchements, oui.
40:07 – Parce que les maternités c'est un peu particulier,
40:09 alors évidemment on a un problème, on ne forme pas assez de médecins,
40:12 d'infirmiers, de sages-sages, je vous l'ai dit au début, il faut le faire,
40:15 si on ne fait pas ça, on n'y arrive pas.
40:17 Les maternités, il y a un élément supplémentaire qu'il faut avoir en tête,
40:20 c'est que ça fait partie de ces soins,
40:22 que si vous n'exercez pas suffisamment votre activité, vous êtes mauvais.
40:26 – Avec plus de risques aussi.
40:28 – Bah oui, là pour le coup il y a des morts.
40:30 Quand vous avez une maternité qui fait un accouchement tous les jours,
40:33 ou tous les deux jours, forcément c'est une maternité
40:36 qui n'a pas suffisamment de savoir-faire.
40:39 Prenez un exemple, si vous êtes pilote d'avion,
40:43 vous pilotez une fois par an, vous êtes moins bon
40:46 que si vous pilotez tous les jours.
40:48 Et attention aux petites maternités, c'est-à-dire avec petites activités,
40:51 quand vous les laissez ouvertes, il faut qu'il y ait une très bonne raison.
40:55 Et la très bonne raison c'est souvent de l'accessibilité dans des zones.
40:58 – Bah oui. – D'accord, je ne connais pas
41:00 la situation de Grignan, donc je ne vais pas en parler.
41:02 – Non mais c'est de faire une heure dans les mides-routes.
41:04 – Donc vous pensez que ce serait justifié ?
41:06 – Non, il y a un commentaire qui m'a choqué,
41:08 c'est "nous sommes pour laisser ouvertes toutes les petites maternités".
41:11 Non, il ne faut pas, il y a des petites maternités qu'il faut fermer,
41:15 au contraire, pardon c'est très désagréable,
41:17 il y a des vignemaires qui veulent travailler,
41:19 mais moi la maternité de ma commune a fermé.
41:22 C'était une maternité, à la Gare de Colombes,
41:24 qui faisait trop peu d'accouchements.
41:26 Et franchement… – Et le seul qui est bien joué…
41:28 – Maternité à risque en fait.
41:30 – Oui, statistiquement, vous savez que quand vous ne faites pas d'activité…
41:33 – De façon logique. – Est-ce que vous iriez vous faire
41:35 une transplantation hépatique ? – On est d'accord,
41:37 vos exemples sont très très logiques.
41:39 – Vous allez dans un service qui fait deux transplantations par an ?
41:41 – Bien sûr. – Non ? Vous allez dans un grand centre ?
41:43 C'est pareil pour les accouchements. – Bien sûr.
41:45 Fabrice, votre thématique. – On est toujours dans le même registre.
41:47 Marie, absolument, on est toujours dans le même registre.
41:49 En 2009, vous aviez marqué l'actualité, je reprends la phrase,
41:52 10 000 personnes meurent chaque année à l'hôpital du fait de l'exercice médical.
41:56 Vous le rediriez aujourd'hui de la même manière ?
41:58 – Oui, oui, probablement, et probablement que le chiffre était sous-estimé.
42:02 D'ailleurs, il avait été confirmé par le ministre de la Santé de l'époque…
42:06 – Roselyne Bachelot, oui, qui vous a soutenue, contrairement à d'autres collègues.
42:10 – Oui, et on touche du doigt un sujet très important.
42:12 D'abord, en médecine, l'exercice médical crée forcément
42:16 de la morbidité, de la mortalité.
42:19 Comment vous dire ? Avant les interventions de chirurgie cardiaque, par exemple,
42:26 personne ne mourrait de chirurgie cardiaque.
42:28 Vous voyez, aujourd'hui, on meurt de chirurgie cardiaque.
42:31 On sauve beaucoup plus de monde, bien entendu, grâce à la chirurgie,
42:34 mais il y a, dans toute part d'activité médicale, de la morbidité et de la mortalité.
42:38 C'est automatique. La question, c'est le ratio entre le bénéfice et le risque.
42:42 Donc, une des questions, c'est comment on améliore la qualité des soins.
42:45 Et ça, c'est le grand absent des débats de santé.
42:48 On dit toujours, il faut plus de moyens, mais en fait, la vraie question, c'est
42:52 est-ce que c'est efficace en matière de soins ?
42:54 Je vous donne un exemple, si vous me permettez, c'est très important.
42:57 La fracture du col du fémur, la hanche, chez les femmes plutôt âgées.
43:01 Cette fracture, si vous ne l'opérez pas dans les 48 heures qui suivent la chute,
43:05 vous avez une surmortalité, une surmorbidité.
43:07 Moi, je crois qu'il faudrait exiger de tous les établissements de santé de France
43:11 qu'ils publient le délai entre la chute et le passage au bloc opératoire.
43:15 Vous publiez cette donnée, simplement, pas de sanction, rien du tout.
43:18 Et là, vous qui n'y connaissez rien, vous allez vous dire, pour faire opérer votre père ou votre mère,
43:23 vous allez dire, je vais plutôt dans l'hôpital qui opère en 12 heures
43:26 plutôt que dans celui qui opère en 10 jours.
43:28 Parce qu'il y a des hôpitaux qui opèrent en 10 jours.
43:30 Parce que je sais que quand vous opérez en 12 heures, il y a moins de complications.
43:32 Moi, je sais où faire opérer, à la différence de vous, mais je sais surtout où ne pas me faire opérer.
43:37 – Ou ne pas vous faire opérer, c'est ça.
43:38 – Et ces données-là, de qualité de la santé, elles sont fondamentales,
43:42 or, elles sont secrètes.
43:44 Moi, je veux les rendre publiques.
43:45 – Comme un peu ce que vous venez de dire sur l'école, en fait.
43:47 Il faut noter l'école et puis aussi les hôpitaux.
43:49 – La même chose.
43:50 Et donc, je reviens à la question des services publics en général.
43:52 Durant la primaire de la droite, j'avais dit que la droite,
43:54 ma droite devait être la droite des services publics.
43:57 Je voulais sauver les services publics.
43:59 Je voulais sauver les services publics avec plusieurs mesures,
44:01 dont la publication des résultats de l'efficacité des services publics.
44:05 – Alors, justement, ça tombe bien, vous parlez de ces fameux moyens pour l'hôpital.
44:10 Je vous propose une question mobile, j'en ai deux.
44:12 Cette semaine, une question mobile qui vient de l'un de vos confrères
44:15 à l'Assemblée nationale, mais il est de l'autre côté de l'hémicycle.
44:19 Il s'agit de Damien Maudet, député LFI de Haute-Vienne,
44:22 qui a une question pour vous.
44:24 – Damien Maudet, je suis député de la première circonscription de la Haute-Vienne
44:28 et je siège dans le groupe La France Insoumise NUPES.
44:30 Alors, cher collègue, cher Philippe, comme toi,
44:33 je m'alarme de la situation de l'hôpital public,
44:35 avec des soignants qui partent, des patients qui attendent des heures,
44:38 voire des jours sur des grands quarts.
44:40 C'est un hôpital public qui est en complète voie d'effondrement.
44:43 S'il est dans cet état-là, c'est aussi parce que pendant des années et des années,
44:46 et d'ailleurs le gouvernement continue de le faire,
44:48 on a sous-financé la sécurité sociale, on a sous-financé la santé
44:52 et donc l'hôpital public.
44:54 Aujourd'hui, les Républicains ne semblent pas avoir changé de modèle,
44:58 de paradigme, et il y a toujours cette course à l'échalote
45:01 à aller baisser les cotisations sociales,
45:03 donc à baisser les financements pour la sécurité sociale,
45:05 et donc à baisser les budgets pour la santé, pour les hôpitaux.
45:08 Aujourd'hui, est-ce que ce n'est pas juste complètement incohérent
45:11 de vouloir dire, comme vous le faites, que vous voulez sauver l'hôpital public
45:14 en même temps que vous allez continuer de baisser les budgets
45:17 pour la santé, pour la sécurité sociale et donc pour l'hôpital public ?
45:20 Eh oui, comment sauver l'hôpital public ? Faute de moyens !
45:23 D'abord, on met beaucoup d'argent dans la santé en France,
45:25 c'est faux de dire le contraire, mais l'argent ne va pas aux soins.
45:28 Quand vous prenez le tableau des emplois de la fonction publique hospitalière
45:31 et des hôpitaux publics, il y a autant d'équivalents temps pleins administratifs
45:35 que d'équivalents temps pleins de médecins. Autant. En réalité, il y en a même un peu plus.
45:39 Et encore, je ne compte pas, je ne comptabilise pas les agences régionales de santé
45:43 et tous les machins, et tous les trucs.
45:45 Et donc, ça signifie qu'on met beaucoup d'argent sur la santé,
45:48 mais peu va aux soins. C'est le premier sujet.
45:50 C'était sous Nicolas Sarkozy, les ARS.
45:52 Oui, mais nous avons fait des erreurs. Nous avons probablement trop administré la santé.
46:00 Alors, comment faire pour répondre à ce député ?
46:02 Je pense qu'il faut faire des hôpitaux plus petits.
46:05 Il faut faire confiance aux professionnels. L'hôpital de Valenciennes est un très bon exemple.
46:09 Plus petit, mais mieux formé, donc ?
46:11 Plus petit et avec plus de responsabilité aux soignants.
46:13 Est-ce que vous savez combien de temps il faut pour ouvrir un service de réanimation,
46:16 aujourd'hui en France, dans un hôpital ? Il faut environ 10 ans.
46:18 Normalement, vous avez l'idée et le lit ouvre. 10 ans.
46:20 Pendant le Covid, vous savez en combien de temps on a ouvert la réanimation ?
46:23 3 jours. Alors, évidemment, entre 10 ans et 3 jours, il y a probablement juste ce milieu.
46:27 Mais tout est long, tout est difficile parce qu'on ne fait pas confiance aux soignants.
46:30 Faites confiance aux soignants.
46:32 L'hôpital de Valenciennes, on a donné aux médecins et aux paramédicaux de Valenciennes
46:36 des pouvoirs de gérer leur quotidien, le service, les choix budgétaires, etc.
46:41 Et ça marche beaucoup mieux.
46:43 Moi, je crois que quand vous donnez aux individus, pas seulement aux médecins,
46:47 la capacité d'exercer leur talent librement, sans hypertrophie administrative,
46:53 eh bien, les choses se font mieux.
46:55 Et ils gèreraient l'administratif en plus, du reste ?
46:57 Non, mais il y a des tas de choses qui sont aujourd'hui,
47:00 qui souffrent d'un hyper contrôle administratif.
47:02 Qui pourrait...
47:04 Moi, je suis persuadé, je me suis juré de faire un jour l'étude,
47:07 quand je suis aux urgences, posté, c'est-à-dire en recevant les patients,
47:12 par exemple dans le service qu'on appelle service porte,
47:14 qui est le premier service d'hospitalisation de l'hôpital,
47:16 je pense que 70% de mon temps de la journée, c'est au téléphone ou devant mon ordinateur.
47:19 Et pas devant mon patient.
47:21 Tout est devenu tellement compliqué dans les process, chercher un lit,
47:26 faire du codage, qu'en fait, on n'a plus le temps de tenir la main du patient.
47:30 Moi, ce que je veux, c'est un patient qui est en train de mourir,
47:33 je veux lui tenir la main.
47:35 Quand vous tenez la main de quelqu'un, vous rendez un service
47:37 que Tchad GPT ne sait pas répondre.
47:39 Peut-être que Tchad GPT pourrait me régler des problèmes,
47:42 qu'aujourd'hui, qui me coûtent du temps.
47:44 Alors, on va en parler après la question politique.
47:46 Je vous propose une question mobile médicale,
47:48 qui provient d'un de vos confrères, que vous connaissez,
47:50 aussi quelqu'un qui vous tutoie, décidément, le docteur Hansen.
47:54 Écoutez.
47:55 Bonjour Philippe.
47:57 Le gériatre que je suis aimerait beaucoup entendre l'urgentiste que tu es
48:01 sur à la fois le sujet de la souffrance mentale des personnes âgées,
48:08 qu'elles soient dépendantes ou non dépendantes d'ailleurs,
48:10 chez lesquelles on constate très souvent une fréquence anormale
48:15 de syndromes dépressifs qui peuvent mimer la maladie d'Alzheimer
48:18 ou de syndromes post-traumatiques qui vont entraîner des troubles du comportement
48:23 parce qu'ils n'ont jamais été diagnostiqués ni vus avant.
48:27 Et quelle politique de prévention et de dépistage nous pourrions mettre en place
48:33 puisque cela impacte dramatiquement leur autonomie.
48:37 J'aimerais aussi entendre ce que tu penses de la réflexion générale
48:42 sur la famille en ce moment, dans un contexte où ce sont souvent
48:46 des personnes en bonne santé ou présentant des maladies chroniques
48:49 mais jeunes qui fantasment la fin de vie des personnes âgées
48:54 et de leur supposé désir de mort que nous ne rencontrons
48:58 que très exceptionnellement dans notre pratique.
49:00 – Deux questions.
49:02 – Alors sur les personnes âgées, d'abord ça pose la question de la psychiatrie
49:05 qui est une des grandes faillites désormais du système,
49:09 là aussi parce qu'on manque de monde, un quart des psychiatres en France
49:12 sont des médecins retraités qui continuent leur activité.
49:16 Je plaide pour faire pour la psychiatrie ce que Chirac a fait il y a 20 ans
49:23 pour le cancer, il avait créé l'INCA, l'Institut National du Cancer
49:27 qui avait mis ensemble des cliniciens, des chercheurs, des industriels, etc.
49:32 et qui les avait fait travailler ensemble.
49:34 Le cancer aujourd'hui est plutôt bien pris en charge en France.
49:36 La psychiatrie c'est pareil, il faut faire l'INCA de la psychiatrie,
49:38 mettre des moyens sur la psychiatrie et donc forcément vous aurez
49:41 des personnes âgées qui seront en meilleure santé.
49:44 – Ils viendraient d'où tous ces moyens ?
49:46 – En fait il y a beaucoup de gens qui existent qui travaillent seuls,
49:49 en tuyau, qui ne se parlent pas.
49:52 Et le grand avantage de l'INCA c'est qu'aujourd'hui par exemple
49:56 on ne peut pas débuter chez vous une chimiothérapie si vous avez un cancer
49:59 sans que se retrouve autour de la table un chimiothérapeute,
50:02 un radiothérapeute, un chirurgien, un radiologue,
50:05 et les décisions sont collégiales et donc plus intelligentes.
50:08 Il faut qu'on fasse pareil pour la psychiatrie.
50:10 – Le deuxième volet sur le France…
50:12 – Le deuxième volet sur le France, le chasme du plaisir de sa vie.
50:15 – Sur les personnes âgées, il y a un truc très important,
50:17 c'est qu'en France, les anglais ont deux mots pour soigner,
50:20 "to care" et "to cure", ils traitent et ils prennent soin.
50:23 Et c'est vrai que nous avons une médecine qui traite
50:26 et qui prend peut-être moins bien soin et pour ça il faut du temps.
50:29 Et on revient au problème du temps.
50:31 Sur la fin de vie, je suis comme lui, j'ai été réanimateur
50:34 dans une première partie de ma vie, j'ai eu beaucoup de demandes d'euthanasie
50:37 dans ma vie, beaucoup, et ces demandes d'euthanasie elles sont toutes,
50:40 toutes disparues le jour où j'arrivais à prendre soin des gens.
50:43 Parce qu'ils se disaient, je ne suis pas seul.
50:45 – À prendre soin de la douleur ou à prendre soin de…
50:47 – Pas seulement de la douleur, l'isolement, le sentiment d'abandon,
50:49 le sentiment d'inutilité et franchement, vous savez que moi j'ai commencé médecine,
50:54 il n'y avait pas de soins palliatifs et on faisait de l'euthanasie à l'époque
50:58 parce qu'on n'avait pas d'alternative.
50:59 Aujourd'hui on a l'alternative des soins palliatifs,
51:01 donc on ne va pas condamner les gens à l'euthanasie
51:03 s'ils n'ont pas le choix des soins palliatifs.
51:04 – La dernière question sur cette fin de vie dont on a beaucoup parlé
51:07 la semaine dernière encore avec Olivier Fallerny.
51:09 – Le débat arrive, le projet de loi arrive sur la fin de vie.
51:13 Quelle position allez-vous tenir ?
51:16 – D'un mot, je ne peux pas vous tenir, mais je vais essayer de vous faire en un mot.
51:20 Tant que tout le monde n'aura pas accès aux soins palliatifs,
51:23 qui est évidemment la solution à 99,99% des souffrances physiques,
51:29 psychiques, morales, spirituelles,
51:31 eh bien je crois que cette loi serait une erreur.
51:33 Parce qu'il y aura une pression sociale, on vous expliquera,
51:36 finalement vous êtes trop vieux, trop malade, trop handicapé,
51:39 et ça serait bien que vous déguerpissiez.
51:41 Ce sujet est fondamental.
51:43 Ne faites pas une loi de gens bien pourtant qui ont peur de la…
51:45 – Vous êtes contre ce projet de loi sur la fin de vie.
51:48 Merci beaucoup Philippe Juvin, merci à vous deux,
51:50 merci à vous derrière vos écrans,
51:51 passez un très bon week-end, très bonne semaine.
51:53 – Merci.
51:54 – A bientôt.
51:55 – Merci.
51:56 [Musique]