- 28/06/2023
Un après-midi de fin d'été dans le quartier Fort-Nieulay dans la banlieue de Calais, en périphérie de la mer. Des enfants et des adolescents errent en bas des tours, entre les immeubles et les terrains vagues, sous le soleil et les cris des mouettes. Ils tuent le temps qui s'écoule, se parlent d'amour, de doutes et d'espoirs, tentent de comprendre ce qui les anime. Au loin, un orage se prépare comme une menace.
LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
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NewsTranscription
00:00:00 Générique
00:00:02 ...
00:00:15 -Bienvenue à tous.
00:00:17 Débat d'octobre vous propose un touchant documentaire
00:00:20 réalisé par Clément Perrault
00:00:22 et intitulé "Entre deux âges, portrait d'une jeunesse".
00:00:26 L'action, vous allez le voir, se passe en fin d'été
00:00:29 dans un quartier situé en périphérie de Calais,
00:00:32 dans le nord de la France,
00:00:33 là où des enfants et des adolescents
00:00:36 tuent le temps qui passe en bas des tours
00:00:38 entre les immeubles et les terrains vagues.
00:00:41 Ils parlent d'amour, de doute et d'espoir.
00:00:43 Je vous laisse découvrir ce film
00:00:45 et je vous retrouverai juste après sur ce plateau
00:00:48 en compagnie des sociologues Yaël M'Salem-Mangui
00:00:51 et Camille Peunier,
00:00:52 ainsi que la géographe Catherine Didier-Fèvre.
00:00:56 Avec eux, nous nous interrogerons
00:00:58 sur les tourments et les attentes, aujourd'hui,
00:01:01 de notre jeunesse dite périurbaine.
00:01:03 Bon doc.
00:01:05 (Cris d'oiseaux)
00:01:08 (...)
00:01:13 -Attends, c'est quoi, là ?
00:01:14 C'est quoi, ça, toi ?
00:01:16 (Cris d'oiseaux)
00:01:17 -Mais attention !
00:01:18 (Cris d'oiseaux)
00:01:19 -Voilà, c'est là.
00:01:20 (Cris d'oiseaux)
00:01:22 -T'as pris, toi.
00:01:23 (Cris d'oiseaux)
00:01:24 (...)
00:01:25 -T'inquiète !
00:01:26 -Arrête !
00:01:27 (Cris d'oiseaux)
00:01:28 (...)
00:01:30 -Allez, vas-y !
00:01:31 (Cris d'oiseaux)
00:01:32 (...)
00:01:33 (Bruit de moteur)
00:01:34 (...)
00:01:35 (Bruit de moteur)
00:01:37 (Cris d'oiseaux)
00:01:38 (...)
00:01:39 -T'as vu ce que je t'ai fait, là ?
00:01:41 (Bruit de moteur)
00:01:42 -Mais c'est pas grave, ça !
00:01:44 (Bruit de moteur)
00:01:45 (Cris d'oiseaux)
00:01:46 (...)
00:01:47 (Bruit de moteur)
00:01:48 (...)
00:01:50 (Bruit de moteur)
00:01:51 (...)
00:01:52 (Bruit de moteur)
00:01:53 (Cris d'oiseaux)
00:01:54 (...)
00:01:55 (Cris d'oiseaux)
00:01:57 (...)
00:01:58 (Bruit de moteur)
00:01:59 (Cris d'oiseaux)
00:02:00 (...)
00:02:01 (Bruit de moteur)
00:02:02 (Cris d'oiseaux)
00:02:03 (...)
00:02:04 (Cris d'oiseaux)
00:02:06 (...)
00:02:07 (Bruit de moteur)
00:02:08 (Cris d'oiseaux)
00:02:09 (...)
00:02:10 (Bruit de moteur)
00:02:11 (Cris d'oiseaux)
00:02:13 (Cris d'oiseaux)
00:02:14 (Cris d'oiseaux)
00:02:15 (Bruit de moteur)
00:02:16 (Cris d'oiseaux)
00:02:17 -T'as 14 ans. -Oui.
00:02:19 -T'as 14 ans et tu prévois déjà ça ?
00:02:21 -Bah ouais, on se met dans les projets.
00:02:23 -Non mais imagine, dans un mois, t'es plus avec.
00:02:26 -Je sais pas, tu peux pas te lancer dans des projets.
00:02:29 T'as 14 ans, tu parles déjà d'avoir des gosses.
00:02:31 -Bah ouais.
00:02:32 -Je sais pas, à 14 ans, t'as pas la maturité d'avoir des gosses.
00:02:36 Même si t'es mature, genre, tu vois...
00:02:39 Enfin, je sais pas, à 14 ans, t'as pas la maturité d'avoir des enfants.
00:02:43 -Bah après, peut-être que ça, mais après...
00:02:46 -C'est comme si t'as 14 ans, là, et tu te dis...
00:02:48 "Ouais, j'aurais une maison." Tout de suite et tout.
00:02:51 -Bah ouais, c'est... -Mais c'est pas maintenant !
00:02:53 -C'est pour se lancer dans les projets.
00:02:56 -Imagine, dans un mois, t'es plus avec !
00:02:58 -Mais ça, on n'en sait rien, ça, c'est le destin, aussi.
00:03:01 -Le destin ? -Bah oui.
00:03:03 -Mais si tu veux...
00:03:04 -Imagine, ton gars, il habite à Marseille, imagine.
00:03:09 Tu vas pas le voir.
00:03:11 -Déjà, je dirais pas voir un gars à Marseille.
00:03:13 -Non mais c'est une question.
00:03:15 Imagine, tu pars en vacances, tu rencontres, tu tombes amoureuse.
00:03:19 Tu vois, jusqu'à là, c'est bon.
00:03:21 -Bah je sortirais pas avec.
00:03:23 -Mais après, tu peux tomber amoureuse, etc., puis boum !
00:03:26 -Bah non.
00:03:28 -Bah si ! -Bah non.
00:03:30 -Bah si !
00:03:31 -Mais j'irais pas choisir un gars à Marseille.
00:03:34 Je suis pas conne, non plus.
00:03:35 -Mais imagine, tu es pas conne, déjà.
00:03:38 T'es pas conne, Marseille.
00:03:40 Non, on dit bête, déjà, Marseille.
00:03:42 Je sais pas comment je t'ai reprise, moi.
00:03:44 Bref, du coup, imagine.
00:03:46 -Bah non, déjà, je choisirais pas un gars de Marseille
00:03:51 ou de Pouvoir, gros.
00:03:52 -Mais dans tous les cas, je vais déménager.
00:03:55 -C'est pas le bout du monde, non plus, c'est boulogne.
00:03:58 -Ca va 30 minutes, peut-être, mais c'est un chien, aussi.
00:04:01 -Il y a un train qui partait tout à l'heure.
00:04:04 -Imagine, la semaine prochaine, t'es plus avec.
00:04:06 -Imagine. -Imagine, c'est tout.
00:04:08 C'est pas vrai. Tu imagines juste.
00:04:10 -Bah je sais pas, t'aurais fait des projets pour rien.
00:04:14 -Mais ça, tu sais pas.
00:04:16 C'est dans ton instinct, c'est dans ta tête.
00:04:18 -Mais comment tu le sais ?
00:04:20 -Tu le deviens, c'est pas que tu le choisis, c'est que tu le deviens.
00:04:24 -Je sais, mais comment tu le sais ?
00:04:26 Genre, comment ça fait "paf" dans ta tête ?
00:04:29 -Mais non, ça m'a pas fait "paf" dans ma tête, non.
00:04:32 C'est juste que, genre...
00:04:34 -Mais oui, mais imagine, après, ça se réalisera pas.
00:04:37 -Mais ça, t'en sais rien.
00:04:39 -Certains n'auront pas de boulot ou un truc comme ça.
00:04:42 -Mais ça, t'en sais rien.
00:04:43 Il va réussir dans sa vie, il va continuer ses études,
00:04:46 il va travailler, moi-même, je suis travaillée.
00:04:49 -Mais t'es un bon père, ça.
00:04:51 -Imagine, il trouve pas de boulot ou un truc comme ça.
00:04:54 -Il va trouver quelque chose, il va pas rester au chômage.
00:04:57 -Bah non.
00:04:58 -Bah non, c'est pas le genre de gars à rester au chômage, quand même.
00:05:02 Il veut travailler, avoir une vie. -Mais heureusement.
00:05:05 -Tu peux pas dire que c'est un bâtard,
00:05:07 tu l'as vu qu'une seule fois, puis après, tu dis que c'est un bâtard.
00:05:10 -C'est la première impression, et je l'aime pas.
00:05:13 Je suis arrivée, je dis "lui, je l'aime pas".
00:05:16 -Tu juges alors que tu connais même pas.
00:05:18 -Ça se fait pas envers la personne.
00:05:20 Imagine, on te voit, d'un seul coup, on te juge.
00:05:22 "Ça va pas te plaire, lui, je pense que ça va pas le plaire non plus."
00:05:26 -Mais ouais, mais mettons, j'ai un gars,
00:05:28 et genre, tu l'aimes pas, tu vas pas dire "je l'aime bien, je l'aime bien".
00:05:32 -Bah non, tu dis ce que tu penses.
00:05:34 -Il faut que je l'apprenne à le connaître.
00:05:36 -Mais tu vas dire ce que tu penses.
00:05:38 -Il faut que t'apprennes à le connaître, tu juges trop vite.
00:05:42 Tu sais que quand tu vas avoir un copain ou une copine,
00:05:45 ça va être pareil. -Je suis là, quand même.
00:05:47 -Moi, j'ai l'impression que je suis plus là.
00:05:51 -Quand tu grandis, t'as besoin d'être avec ton copain.
00:05:54 -Tes potes existent quand même.
00:05:56 -Mais oui, mais après, on oublie quand même un peu.
00:05:59 D'un côté, c'est bien aussi les amis,
00:06:02 mais d'un côté, t'as besoin d'être avec ton copain,
00:06:04 sinon, ça va pas aller dans ta relation.
00:06:07 -Je continue à dire qu'à 15 ans,
00:06:08 t'as pas la maturité pour avoir des enfants.
00:06:11 -Regarde Clara, elle, elle y arrive bien.
00:06:13 Elle fait un travail peut-être pas, son copain travaille peut-être pas,
00:06:17 mais au final, regarde, ses enfants, ils sont super bien,
00:06:20 ils sont pas non plus dans les rues,
00:06:23 elle a de l'autorité, c'est une bonne mère.
00:06:26 -Je trouve qu'elle s'occupe pas vraiment de ses enfants
00:06:29 et qu'ils sont quand même assez jeunes et qu'ils sont dehors.
00:06:32 -Ils sont pas tout le temps dehors.
00:06:34 Elle a de l'autorité sur ses enfants.
00:06:36 -Moi, à 3 ans, j'allais pas dehors.
00:06:39 -Faut pas abuser, elle a pas 3 ans, sa petite.
00:06:42 -Mais non, mais...
00:06:44 -C'est une mère bien,
00:06:46 elle s'en sort dans la vie,
00:06:48 elle a pas la vie se foutue,
00:06:50 enfin, franchement, elle est bien, elle est heureuse.
00:06:53 -Eh, eh !
00:06:54 (Propos inaudibles)
00:06:56 -C'est qui, la p'te ?
00:06:57 -Carrie !
00:06:59 -C'est pas elle !
00:07:01 -C'est la meilleure avec elle !
00:07:02 (Propos inaudibles)
00:07:05 -C'est la p'te, non ?
00:07:06 -Non, c'est la m'tante.
00:07:08 -La m'tante, dans la maison.
00:07:10 -La m'tante !
00:07:11 ...
00:07:19 -Eh, Kyliana !
00:07:20 ...
00:07:22 Pourquoi tu fais la gueule, là ?
00:07:24 -Mais qu'est-ce que ça peut te faire, en fait ?
00:07:27 -Souris un petit peu, là ! -Bah non.
00:07:29 -Vas-y, souris un peu, là ! -Non.
00:07:31 Je fais ce que je veux, en fait.
00:07:33 -Vas-y, arrête de faire ta gueule, là !
00:07:36 Vas-y, là, réponds !
00:07:37 (Sifflement)
00:07:38 -Oh !
00:07:40 -Vas-y, dégage ! J'ai pas envie de te parler. Bouge.
00:07:42 -Vas-y, tu saoules, là !
00:07:44 -Tu m'as saoulée, là !
00:07:45 ...
00:07:52 -Alors, je vais à l'école.
00:07:54 ...
00:08:01 -Alors ?
00:08:03 ...
00:08:05 -Alors ?
00:08:07 -Kyliana !
00:08:08 ...
00:08:10 -J'ai fait cours !
00:08:11 -Ouais !
00:08:13 -Hop ! Je vais chercher ta tite fère à l'école.
00:08:16 ...
00:08:18 -Bonjour, madame. Elle était sage, non ?
00:08:21 -Bah non, t'étais pas sage à l'école, hein.
00:08:23 ...
00:08:27 -On va à la maison, maintenant.
00:08:29 ...
00:08:33 -Merci, ma petite !
00:08:35 -Bah non, ça va pas trop, en ce moment.
00:08:38 Je me sens triste. Je sais pas où j'en suis.
00:08:40 Je suis perdue.
00:08:41 La dernière fois que je suis rentrée,
00:08:44 j'ai été dans ma chambre et je me suis mise à pleurer.
00:08:47 Je savais même pas pourquoi.
00:08:49 ...
00:08:53 Je crois que j'ai l'impression de pas être libre.
00:08:56 Genre enfermée.
00:08:58 Comme si ma vie, elle était déjà tracée, en fait.
00:09:00 ...
00:09:03 J'ai l'impression que je suis pas une gamine,
00:09:05 mais je suis pas une adulte non plus.
00:09:07 ...
00:09:09 Quand j'étais petite, je me posais pas toutes ces questions.
00:09:14 C'était plus simple.
00:09:15 Maintenant, il y en a qui sont en couple.
00:09:19 Ils ont leur vie de famille.
00:09:21 Elles ont des enfants.
00:09:22 ...
00:09:25 C'est que moi, je m'occupe pas des mecs.
00:09:27 Parce qu'il y en a pas, il y en a pas.
00:09:29 ...
00:09:31 Genre, je sais pas comment l'expliquer.
00:09:33 Moi, j'ai jamais été amoureuse.
00:09:35 ...
00:09:43 Ça s'est fait comme ça, en 5e, 4e, quoi.
00:09:47 J'avais 12, 13 ans.
00:09:49 En gros, j'étais "méchante".
00:09:53 ...
00:09:57 J'avais de la haine contre les gens.
00:09:59 Même les gens qui m'avaient rien fait, et tout,
00:10:02 j'avais de la haine contre eux.
00:10:03 J'étais plus en train de traîner avec des garçons qu'avec des filles.
00:10:08 Si je passais dans la rue, quelqu'un me regardait mal,
00:10:11 je disais "c'est quoi ton problème ?"
00:10:13 Ça me fait pas peur.
00:10:14 Je foutais le bordel.
00:10:17 Enfin...
00:10:18 Je traitais tout le monde.
00:10:20 Même les profs, je les insultais.
00:10:23 ...
00:10:45 ...
00:11:09 -Juliana !
00:11:10 Juliana !
00:11:14 ...
00:11:25 Juliana !
00:11:26 ...
00:11:44 ...
00:12:11 -Ah !
00:12:13 ...
00:12:15 -Vous faites quoi ?
00:12:17 Cassez-vous !
00:12:19 C'est dégagé.
00:12:21 -Deux dégâts.
00:12:22 -Mais non, dégage !
00:12:23 P'tite pute, je suis con.
00:12:24 -Oui.
00:12:26 -Ah merde !
00:12:27 ...
00:12:32 -Il m'en a une, elle était sur du vélo.
00:12:34 ...
00:12:37 -Allez, cassez-vous, là !
00:12:38 -Il y a mal, là-haut.
00:12:40 -Sale pute !
00:12:42 Putain !
00:12:43 -T'es un crasseux, hein !
00:12:44 -Cousin, il est en prison pour meurtre.
00:12:48 -Chut !
00:12:49 -Verme ta gueule, casse-toi aussi.
00:12:51 Casse-toi, allez.
00:12:52 -Je remercie pas.
00:12:53 -Va manger du pain !
00:12:56 -Dégage !
00:13:01 -J'ai tout le temps des pédés.
00:13:03 -Toi, ta gueule, espèce de pédé.
00:13:05 Vas-y, bouge !
00:13:06 -On laisse partir.
00:13:07 -Casse-toi.
00:13:08 Nardine, mon gars.
00:13:09 Ta gueule !
00:13:11 -Pédé !
00:13:12 OK.
00:13:13 Mais pourquoi vous êtes venus, déjà ? Cassez-vous, non ?
00:13:19 -Ta gueule !
00:13:20 ...
00:13:29 -Tu crois me faire peur, en plus ?
00:13:31 Pouilleux, hein !
00:13:32 Ta gueule, pouilleux, dégage !
00:13:36 -Ta gueule !
00:13:37 -Toi, ta gueule !
00:13:38 ...
00:13:50 -Quand je suis arrivée au lycée,
00:13:51 je me suis dit qu'il faut que je me comporte bien.
00:13:54 J'ai grandi.
00:13:55 Il faut que je devienne mature.
00:13:57 Alors qu'avant, je me prenais pour un mec,
00:14:02 j'étais toujours en survête, je mettais des ténes...
00:14:05 Enfin...
00:14:06 J'étais un garçon manqué, quoi.
00:14:09 Quand j'ai vu que toutes les filles,
00:14:11 elles s'habillaient bien, enfin...
00:14:13 Elles étaient...
00:14:15 Je sais pas comment expliquer, mais...
00:14:17 Féminines.
00:14:18 Et il y avait que moi qui étais en survête, quoi.
00:14:21 Je me suis dit, je vais essayer de redevenir comme ça, quoi.
00:14:24 Et après, bah...
00:14:27 J'ai réussi à me rhabiller comme une fille.
00:14:30 J'ai commencé à remettre mes jeans,
00:14:32 mes croc-top...
00:14:34 Pour être acceptée.
00:14:37 Pour que les gens arrêtent de parler et de m'insulter.
00:14:40 -Comment tu vas compter d'y prendre ?
00:14:58 Pour la séduire.
00:15:00 Pour la draguer, séduire.
00:15:02 -Pour la séduire ?
00:15:03 Euh...
00:15:04 -Un peu pour gagner.
00:15:06 Un peu pour galer.
00:15:07 Même pour te croquer.
00:15:08 -Bah, en vrai...
00:15:10 J'ai déjà commencé par aller glisser quelques mots.
00:15:15 -Tu vas dire "Oh, t'es trop belle, t'as des belles lunettes,
00:15:20 t'as des beaux cheveux"...
00:15:22 Quoi comme mots ?
00:15:24 -Bah, quelques mots, genre "t'es belle",
00:15:27 tout ça, des petits mots basiques, à peu près.
00:15:30 -C'est pas comme ça que tu vas y arriver.
00:15:32 Déjà, il faut être un beau gosse.
00:15:35 -T'es un beau gosse, ça, c'est important.
00:15:38 Euh... La laine, surtout.
00:15:42 -Voilà.
00:15:43 Si tu peux, de la gueule, hein !
00:15:45 Ca va aller pour Amy, moi.
00:15:47 -Euh... Sinon, tu fais que de la regarder,
00:15:51 tu fais des gestes, genre...
00:15:53 Et en mode, tu viens, tu fais genre caler un truc sur la joue,
00:15:57 ou là, par exemple, ou je sais pas, quelque part.
00:16:00 Et puis, tu touches les cheveux, surtout.
00:16:03 Et si elle te dit "arrête, j'aime pas", bah t'arrêtes.
00:16:06 Et voilà. -Et voilà.
00:16:08 -Tu la taquines un peu. -Ouh là, ça part un peu loin, là !
00:16:11 -Bah non, c'est comme ça qu'il faut faire pour te régler.
00:16:15 -Ah non. -Bah si.
00:16:17 Toi, tu sais pas, moi, je sais.
00:16:19 -On vous lit, je sais pas, des trucs d'amour...
00:16:24 -Des trucs d'amour ? -Non, je sais pas, moi, je t'aime, bébé !
00:16:29 -Ouais. -Tu me manques trop...
00:16:32 -Tu dis "bah, tu me manques"... -Non, elle dirait pas envoyer ça.
00:16:36 -Tu dis "coucou, bébé, je t'aime trop",
00:16:39 c'est quand tu veux venir me voir, tu me vois...
00:16:42 -Bah non, voilà, mais ça...
00:16:44 -Je veux pas voir toi, je veux pas te voir, bébé.
00:16:46 -On coupe, d'accord ?
00:16:48 -Je sais pas, moi...
00:16:50 -Mais pardon... -Tu fais "coucou",
00:16:51 t'arrives quand tu me manques, et voilà.
00:16:54 -On se voit quand ? -On se voit quand...
00:16:57 On boit un verre, on mange au resto, on va à la fête foraine...
00:17:02 Je sais pas, moi...
00:17:04 Elle m'invite à dormir, je sais pas...
00:17:07 C'est un truc, elle m'invite à l'hôtel...
00:17:11 -Non, l'hôtel, c'est bizarre. On va éviter l'hôtel.
00:17:14 -Je sais pas, moi, elle m'invite à dans ta chambre, je sais pas...
00:17:18 Chez toi, chez ta mère, chez...
00:17:21 Chez ton oncle, je sais pas, moi...
00:17:24 C'est un truc !
00:17:27 C'est toujours "coucou, ça va, tu fais quoi ?"
00:17:31 -Ah, le beau, là !
00:17:33 Tu la couches pas, tu veux pas coucher ?
00:17:36 -Bah, normal que...
00:17:39 -Tu veux pas être en couple, ou tu veux...
00:17:42 -Bah si, mais je veux pas...
00:17:44 -Mais vrai, je sais pas, moi, tu promènes, tu dis "je t'aime",
00:17:47 mais tu te colles un peu à elle, je sais pas, moi...
00:17:51 C'est pas ça, du tout...
00:17:53 Je sais pas, moi, je te fais des bisous de temps en temps...
00:17:57 -Qu'est-ce que tu nous racontes ?
00:18:01 -Oh, ça !
00:18:02 Moi, je fais les "s" contacts.
00:18:04 Ça marche toujours.
00:18:06 -Dis-nous, c'est quoi, les "s" contacts ?
00:18:08 -Tu regardes la personne dans les yeux.
00:18:11 Tu arrêtes pas de la regarder tout le temps,
00:18:13 tu la regardes dans les yeux et tout.
00:18:16 -Ouais, en fait, tu regardes la personne, voilà quoi.
00:18:21 C'est ça.
00:18:22 -Bah non. -Bah si !
00:18:24 -Bah non. -Bah si !
00:18:25 -Bah non. -Bah si !
00:18:26 -Tu regardes dans les yeux, tu fais comme ça...
00:18:29 -Vous allez trop vite, là.
00:18:31 -Non, les "s" contacts,
00:18:32 c'est... -Tu regardes la personne,
00:18:34 tu le clignes pas un seul deux,
00:18:36 mais c'est pas ça, du tout, un "s" contact.
00:18:39 Alors, c'est quoi, vas-y ?
00:18:40 -Vas-y, explique-moi. -Un intelligent des "s" contacts.
00:18:43 Un "s" contact,
00:18:45 c'est quand tu arrêtes pas de la regarder,
00:18:49 tu la regardes dans les yeux,
00:18:51 et lui ou elle, pareil.
00:18:53 -Bah...
00:18:55 Je sais...
00:18:56 Mais c'est ce qu'on te dit, en plus !
00:18:58 -C'est ce qu'on te dit ! -Non !
00:19:00 -Tu la regardes, il te regarde.
00:19:02 Tu le regardes, il te regarde.
00:19:04 Et après, tu t'approches, il s'approche.
00:19:07 Tu t'approches, il s'approche.
00:19:09 -Oh, là, là...
00:19:10 -T'es vraiment une bête.
00:19:12 -Quoi, la fille de tes rêves ?
00:19:16 -Euh... La fille de mes rêves ?
00:19:19 Bon, moi, je la vois blonde...
00:19:24 Bah, blonde avec un peu de caramel...
00:19:28 Euh... Les cheveux longs...
00:19:30 Non, pas longs, un moitié long, plutôt.
00:19:33 -Bah...
00:19:34 Moyen.
00:19:35 -Ouais, euh...
00:19:37 -Un peu comme le petit Kylian ? -Un peu grande...
00:19:40 À peu près ma taille, quoi.
00:19:42 Poitrine moyenne...
00:19:46 -On s'en fout des formes !
00:19:48 Les fesses ? -Les yeux...
00:19:51 Un peu bleus.
00:19:52 Bleu ciel, oui.
00:19:54 -Les fesses ?
00:19:55 -Non.
00:19:56 Les femmes, moins que moi.
00:19:58 -Si t'es pas mec, tu peux pas comprendre, en fait.
00:20:01 -Voilà, voilà.
00:20:02 -Tu peux pas comprendre ce que nous, les garçons, on ressent.
00:20:07 -Vous comprenez la douleur des règles ?
00:20:10 Vous les comprenez pas, ça ? -C'est normal.
00:20:13 -On les a pas.
00:20:15 Donc, moi, je veux qu'on les comprenne.
00:20:17 ...
00:20:27 -Je suis une fille fort l'amour.
00:20:29 ...
00:20:33 Non ?
00:20:35 On t'a jamais appris ?
00:20:37 -Haha !
00:20:38 -On t'a jamais appris ?
00:20:41 -Alors ? -Moi, je connais les sites et...
00:20:44 ...
00:20:47 -Est-ce que plus tard, tu comptes faire amour ?
00:20:49 -Pour avoir des gosses, il faut bien faire amour.
00:20:52 -T'es pas obligée, tout le temps, on adopte.
00:20:54 -Pas vraiment, parce que y a une autre clinique aussi.
00:20:57 -Tu adoptes ? -Tu peux avoir un médecin
00:21:00 qui mettrait directement le truc des garçons
00:21:03 directement dans l'ovule des filles.
00:21:05 -L'ovule, ça veut dire quoi, l'ovule ?
00:21:07 -Euh... -Tu vas l'apprendre au SVT.
00:21:10 -Haha !
00:21:11 C'est un cours de GT, en fait.
00:21:13 Je veux dire, l'ovule, en fait, c'est...
00:21:15 C'est un oreilleau, en fait,
00:21:17 et c'est ce qui va permettre de faire le bébé, en fait,
00:21:20 de faire la forme du bébé.
00:21:22 -Oh...
00:21:25 -Baiser, c'est pour le plaisir, et l'amour, c'est pour faire des gosses.
00:21:31 -Euh... Bah, moi, en vrai, faire l'amour, en fait,
00:21:35 pour moi, c'est...
00:21:37 C'est quoi ? En vrai, c'est pour le plaisir, quoi.
00:21:42 Y a pas trop vraiment de différence.
00:21:44 ...
00:21:47 -Bah ouais, y a pas trop de différence, en vrai.
00:21:50 Même, je crois pas du tout.
00:21:52 Parce qu'en vrai, c'est un peu les mêmes choses.
00:21:55 -Baiser, c'est pour le plaisir,
00:22:03 et l'amour, c'est pour faire des trucs sérieux.
00:22:06 Par exemple, baiser, tu mets la capote,
00:22:09 et faire l'amour, tu mets pas de la capote.
00:22:13 -Mais après, si la capote, elle casse, bah tant pis.
00:22:15 -Mais bon, après, y a pas trop de différence, vraiment.
00:22:19 -Y a pas de différence, mais...
00:22:20 Si la capote, y a un tout petit trou, c'est fichu.
00:22:24 -Hm, hm, hm, hm, hm, hm, hm !
00:22:40 Les vols sont toujours à l'écart de la mer, le vent se rend à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:22:48 Les vols sont toujours à l'écart de la mer, le vent se rend à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:22:56 Les vols sont toujours à l'écart de la mer, le vent se rend à l'écart de la mer.
00:23:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:23:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer, le vent se rend à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:23:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:23:32 Les vols sont toujours à l'écart de la mer, le vent se rend à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:23:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:23:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:24:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:24:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:24:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:24:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:24:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:24:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:25:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:25:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:25:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:25:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:25:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:25:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:26:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:26:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:26:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:26:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:26:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:26:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:27:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:27:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:27:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:27:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:27:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:27:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:28:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:28:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:28:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:28:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:28:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:28:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:29:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:29:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:29:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:29:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:29:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:29:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:30:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:30:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:30:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:30:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:30:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:30:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:31:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:31:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:31:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:31:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:31:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:31:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:32:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:32:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:32:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:32:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:32:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:32:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:33:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:33:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:33:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:33:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:33:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:33:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:34:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:34:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:34:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:34:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:34:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:34:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:35:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:35:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:35:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:35:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:35:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:35:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:36:01 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:36:11 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:36:21 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:36:31 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:36:41 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:36:51 Les vols sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:37:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:37:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:37:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:37:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:37:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:37:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:38:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:38:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:38:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:38:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:38:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:38:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:39:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:39:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:39:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:39:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:39:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:39:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:40:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:40:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:40:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:40:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:40:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:40:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:41:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:41:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:41:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:41:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:41:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:41:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:42:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:42:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:42:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:42:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:42:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:42:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:43:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:43:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:43:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:43:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:43:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:43:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:44:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:44:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:44:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:44:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:44:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:44:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:45:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:45:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:45:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:45:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:45:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:45:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:46:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:46:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:46:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:46:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:46:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:46:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:47:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:47:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:47:21 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:47:31 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:47:41 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:47:51 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:48:01 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
00:48:11 Les oiseaux sont toujours à l'écart de la mer et les vols sont toujours à l'écart de la mer.
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00:52:23 -Entre deux âges, portrait d'une jeunesse, documentaire réalisé par Clément Perrault.
00:52:29 Une jeunesse qui passe ici sa fin d'été en bas des tours, entre les immeubles et les terrains vagues d'un quartier situé en périphérie de Calais, dans le nord de la France, avec ses tourments, ses doutes et, heureusement, ses espoirs.
00:52:43 L'occasion de nous interroger maintenant sur les aspirations de notre jeunesse dite périurbaine, avec nos invités présents aujourd'hui sur ce plateau de Débadoc.
00:52:52 Avec vous, pour commencer, Yael Hemselem-Mangui, bienvenue à vous.
00:52:56 Vous êtes sociologue chargée de recherche à l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire.
00:53:03 Votre dernier ouvrage s'intitule "Les filles du coin vivent et grandissent en milieu rural" et c'est un ouvrage publié aux éditions de Sciences Po.
00:53:14 Camille Peunier est également avec nous, bienvenue.
00:53:16 Vous êtes, vous aussi, sociologue, professeur à l'université Versailles 51, spécialiste des inégalités sociales.
00:53:24 Et votre dernier ouvrage s'intitule, lui, "Pour une politique de la jeunesse disponible au seuil dans la collection La République des idées".
00:53:33 Et puis, enfin, avec nous, Catherine Didier-Fèvre, bienvenue à vous.
00:53:38 Vous êtes géographe et chercheuse associée au laboratoire Environnement, Ville, Société à l'École Normale Supérieure de Lyon.
00:53:47 Merci à tous les trois d'avoir accepté notre invitation.
00:53:49 On va préciser tout de suite que ce documentaire que nous venons de voir à l'instant a été présenté au Festival de Cannes, sélectionné à la quinzaine des cinéastes.
00:54:00 Et il a été filmé dans le quartier de Fort Gnollet, c'est en périphérie donc de Calais.
00:54:06 C'est un ancien quartier ouvrier construit sur le modèle des cités HLM que nous avons découvert également dans ce documentaire,
00:54:16 au-delà de cette jeunesse sur laquelle on va s'interroger aujourd'hui.
00:54:20 Première question, toute simple, nous l'avons vu ensemble, ce film.
00:54:24 En quoi il symbolise la jeunesse dont nous souhaitons parler aujourd'hui, cette jeunesse dite périurbaine ?
00:54:32 On peut peut-être s'interroger d'ailleurs sur ce terme.
00:54:35 En quoi il symbolise les attentes, les aspirations, les doutes et aussi les espoirs de la jeunesse dont nous avons envie de parler aujourd'hui ?
00:54:43 Alors j'aurais tendance à dire qu'il ne parle pas de la jeunesse en général mais peut-être d'une petite tranche d'âge.
00:54:48 Dans la jeunesse d'ailleurs, les jeunes interrogés se posent la question de où ils se situent, où elles se situent.
00:54:54 Ils ne sont plus dans l'enfance, ils ne sont pas encore des adultes, est-ce qu'ils sont vraiment rentrés dans l'adolescence ?
00:54:57 Pour certains, oui, pour d'autres, ils se posent la question, il y a des enfants dans ce film aussi.
00:55:02 Et donc c'est d'abord des histoires de vie, des séquences de vie d'une partie de la jeunesse qui ne vit effectivement pas dans un centre-ville,
00:55:11 qui ne vit pas non plus en milieu rural, qui vit dans une cité d'habitat social qui est pour partie en train de fermer.
00:55:17 On voit qu'il y a des fenêtres qui sont déjà scellées et donc on va suivre leurs attentes, leur rien,
00:55:25 qui caractérise aussi l'été pour un grand nombre d'adolescentes et d'adolescents, puisqu'il faut passer ses journées et discuter,
00:55:31 fait partie de, on va dire, comment on passe ses journées à cet âge-là.
00:55:35 Quel sentiment vous avez eu en regardant ce film concernant cette jeunesse, dite périurbaine ?
00:55:40 Je ne sais pas si vous êtes d'accord d'ailleurs avec ce terme. Est-ce qu'on parle bien d'une jeunesse périurbaine dans ce film ?
00:55:46 Vous connaissez bien cette région, vous y avez passé une partie de votre enfance.
00:55:50 Oui, toute mon enfance même. Enfin, moi je suis né dans le Pas-de-Calais, à quelques dizaines de kilomètres de Calais, plus dans les terres,
00:55:55 donc ça m'a assez ému de voir les jeunes qui ne sont plus ma génération bien sûr, mais qui sont en quelque sorte la suite, les générations suivantes.
00:56:03 Donc oui, Calais c'est une ville de taille moyenne, située juste au bord de la mer, et donc on a vu là effectivement une frange de la jeunesse,
00:56:13 alors plutôt adolescente, et moi ce qui m'a frappé beaucoup, c'est la manière dont cet âge de la vie vraiment est éteintant de l'attente.
00:56:23 En fait, ils attendent. Alors ils discutent bien sûr, c'est l'été, il fait chaud, on voit qu'il fait chaud, on voit que l'orage n'arrive jamais vraiment,
00:56:29 on voit que la sécheresse est là, et ils attendent. Alors ils parlent de l'amour, ils parlent de plus tard, ils parlent de leurs aspirations,
00:56:36 et je trouve que ça symbolise bien finalement qu'au-delà de ces spécificités, dont on reparlera,
00:56:40 cette partie de la jeunesse, cette partie de l'adolescence, attend, attend qu'il se passe quelque chose,
00:56:46 et peut-être que c'est en partie ce qui caractérise cet âge de la vie.
00:56:51 Et puis moi ce qui m'a frappé, par rapport à mes travaux sur l'insertion des jeunes, sur leur mobilité sociale, on en reparlera,
00:56:57 c'est un peu le fait qu'on ait un âge de la vie où l'on attend, où on se pose beaucoup de questions,
00:57:03 mais c'est aussi dès qu'ils auront repris l'école en septembre, un âge de la vie où on va leur demander beaucoup de choses très vite,
00:57:09 de faire des choix, des choix souvent décisifs, et je trouve que c'est cette tension-là qui est intéressante aussi.
00:57:14 Votre perception immédiate après avoir vu ce film ?
00:57:17 Si je reprends votre question sur est-ce qu'on a affaire à des jeunes, des espaces périurbains,
00:57:24 pour moi c'est plus un quartier périphérique de la ville de Calais, on arrive, quand on regarde le documentaire...
00:57:31 Parce qu'on parle aussi de jeunesse périphérique. Oui.
00:57:33 J'ai hésité sur le terme périurbain, jeunesse périphérique, on voit apparaître ces termes,
00:57:38 vous seriez vous plutôt en train de parler d'une jeunesse dite périphérique ?
00:57:42 Non, le quartier est en périphérie de Calais, Calais on n'en voit rien, on ne voit pas la mer alors qu'elle est toute près,
00:57:49 on entend les mouettes, on a un peu l'impression qu'ils sont prisonniers de ce quartier,
00:57:55 coincés entre l'autoroute, des centres commerciaux qui bordent leur univers,
00:58:04 et ça semble un peu compliqué de circuler là-dedans, et encore ils arrivent à passer à pied d'un endroit à l'autre,
00:58:15 alors qu'avec un véhicule ça exigerait de faire un très grand détour,
00:58:20 donc ils investissent des interstices dans ces terrains vagues,
00:58:25 mais pour autant, moi ce n'est pas ce que je qualifie d'un espace périurbain,
00:58:30 parce qu'on est encore dans la continuité urbaine de Calais,
00:58:36 et ce quartier est en cours de...
00:58:41 Oui, de destruction, ses tours sont destinées à être détruites à l'avenir.
00:58:46 On va passer à un premier extrait sur l'entre-deux-âges que vous évoquiez il y a un instant.
00:58:52 J'ai l'impression que je ne suis pas une gamine, mais je ne suis pas une adulte non plus.
00:58:59 Quand j'étais petite, je ne me posais pas toutes ces questions, c'était plus simple.
00:59:06 Maintenant, il y en a qui sont en couple, ils ont leur vie de famille,
00:59:11 ils ont des enfants, et moi je ne m'occupe pas des mecs, parce qu'il n'y en a pas, il n'y en a pas.
00:59:19 On n'en parle pas des garçons, mais on en parle quand même,
00:59:25 ça fait partie des sujets qui sont souvent abordés sur relation avec le sexe opposé,
00:59:30 c'est vrai aussi pour les garçons qui s'expriment dans ce film.
00:59:33 Qu'est-ce qu'on peut en dire concernant cette jeunesse ?
00:59:36 Est-ce que c'est une spécificité de cet âge, quel que soit l'endroit ?
00:59:40 Oui, c'est sûr qu'au moment de l'adolescence, on se situe par rapport aux autres.
00:59:44 C'est quelque chose qu'on voit, et là, toutes les enquêtes sur lesquelles j'ai pu travailler avec des adolescents et des adolescentes,
00:59:49 c'est vraiment cette question de "où j'en suis, comment je me positionne ?"
00:59:53 Il y en a qui sont déjà passés à l'étape d'après, qui sont déjà en voie d'insertion professionnelle,
00:59:57 d'autres qui ont sauté une classe et qui sont déjà au lycée quand on est au collège.
01:00:01 Mais en fait, tout ça, ça va servir aussi à voir où on en est et à se poser des questions.
01:00:05 Et comme elle dit bien, quand j'étais enfant, je ne me posais pas toutes ces questions.
01:00:08 Mais aussi parce qu'on invite moins les enfants, on leur impose moins de se projeter en permanence
01:00:12 et de devoir se positionner sur un avenir qui se rapproche de plus en plus,
01:00:16 et dire "qu'est-ce que tu veux faire, où est-ce que tu veux aller, tu te rencontres tes parents encore en couple",
01:00:19 et en même temps à reprocher dans la même phase aux filles de dire "mais tu es déjà en couple,
01:00:23 mais tu es déjà posée, mais tu es déjà sortie avec un garçon, et quand elles ne sont pas déjà sorties avec un garçon,
01:00:27 tout le monde leur appelle "mais tu n'es jamais sortie avec un garçon".
01:00:30 Donc voilà, et c'est tout ce moment-là qu'elle raconte quand elle dit "quand j'étais enfant, c'était plus simple,
01:00:37 aujourd'hui, il faut que j'avance".
01:00:40 - Alors cette jeune femme aussi nous dit dans ce documentaire qu'elle a envie de rentrer un peu dans le rang,
01:00:47 on sent qu'elle a eu un parcours un peu difficile au collège, c'est ce qu'on ressent dans ce film,
01:00:54 mais là elle décide de rentrer un peu dans le rang, de s'habiller différemment,
01:00:57 de ne pas être ce qu'on aurait pu appeler un garçon manqué, c'est comme ça un petit peu qu'elle se définit.
01:01:02 - C'est ce qu'elle dit, il y a un rappel à l'ordre de genre de toute façon,
01:01:05 elle a dévié de l'ordre de genre au sens de la construction sociale de la féminité à l'adolescence,
01:01:10 et d'un moment elle est rappelée pour faire partie du groupe des filles,
01:01:13 pour être aussi insérée dans le groupe des filles, il va falloir qu'elle remplisse une partie des codes,
01:01:19 et c'est là où c'est difficile, c'est que les enjeux réputationnels sont extrêmement compliqués,
01:01:23 on met cinq secondes à avoir une réputation, on met plusieurs années à se défaire d'une réputation,
01:01:28 y compris dans son quartier, quel que soit le quartier.
01:01:31 - C'est très important ce qu'il a dit sur la réputation.
01:01:34 - Bien sûr, et une des hypothèses qu'on peut faire,
01:01:37 c'est une hypothèse parce qu'on ne sait pas vraiment dans le documentaire,
01:01:39 elle est au lycée, elle parle de la bascule au lycée,
01:01:42 où elle a commencé à s'apercevoir que pour être intégrée,
01:01:45 comme le disait Yael parmi les autres jeunes femmes ou jeunes filles,
01:01:48 elle devait s'habiller comme une jeune femme et comme une jeune fille.
01:01:51 - Parce qu'elle était rebelle, parce que là, elle se définit comme telle.
01:01:54 - Oui, alors on peut penser aussi qu'elle a fait l'expérience d'une certaine forme d'altérité sociale,
01:01:58 parce qu'elle est passée au lycée, alors on ne sait pas si elle est passée
01:02:01 dans un lycée général et technologique ou dans un lycée professionnel,
01:02:04 mais on sait que le collège est souvent localisé très proche de son lieu d'habitat,
01:02:08 et que le lycée s'est souvent commencé à aller un peu au-delà,
01:02:11 et elle a probablement rencontré aussi des jeunes femmes et des jeunes garçons,
01:02:14 qui venaient d'un milieu social peut-être un peu plus élevé que le sien,
01:02:17 et je pense qu'il y a ça aussi dans le fait de chercher à se situer,
01:02:21 il y a bien sûr se situer entre les âges, se situer par rapport au rôle de genre
01:02:24 que la société cherche à lui assigner, mais aussi je pense se situer
01:02:27 socialement, je fais l'hypothèse qu'elle a commencé à rencontrer
01:02:30 aussi des jeunes femmes qui viennent de milieux plus favorisés qu'elle au lycée.
01:02:33 - Est-ce que cette période de la vie, cet entre-deux-âges,
01:02:37 on le vit différemment si on est un garçon ou une fille en habitant
01:02:40 dans ce type de quartier ? Est-ce que c'est quelque chose
01:02:44 que vous avez observé, et si oui, quelles seraient les différences
01:02:47 de vécu pour ces jeunes ?
01:02:50 - Ce qu'on observe, c'est que souvent les garçons sont peut-être plus libres
01:02:54 dans leur mouvement, pour pouvoir se déplacer avec les filles,
01:02:58 avec des mobilités qui ne sont pas forcément explicitées
01:03:06 comme étant interdites pour les filles, mais une espèce d'auto-censure.
01:03:10 On peut parler de mur invisible, on ne va pas aller dans certains endroits
01:03:15 parce qu'on risque de s'exposer, mais c'est aussi une histoire
01:03:22 de réputation, alors que pour les garçons, c'est peut-être...
01:03:26 C'est surtout montré, les murs invisibles, c'est pour les femmes,
01:03:32 y compris dans la ville. Là, on la voit, cette jeune femme,
01:03:38 toujours seule, elle paraît peu intégrée, mais ce qui est intéressant
01:03:42 dans ce qu'elle dit, c'est que son entrée au lycée,
01:03:45 c'est vraiment une bascule, parce que je crois que le collège,
01:03:49 il est situé dans la cité, alors que le lycée doit être peut-être
01:03:53 dans le centre-ville, et c'est vraiment un moment important,
01:03:57 au moment de l'adolescence, l'entrée au lycée, pour ceux qui ont la chance
01:04:01 de pouvoir poursuivre, parce que ça va être une rencontre
01:04:05 avec l'altérité, la spécialité de l'enfant et de l'adolescent,
01:04:13 l'adolescent a un champ beaucoup plus large.
01:04:17 Ce qu'on voit, et ce qui est intéressant dans les images,
01:04:20 c'est qu'on voit que des garçons en vélo, il n'y a jamais de filles
01:04:23 en vélo qui circulent, la seule fille qui a un moyen de mobilité,
01:04:26 c'est une poussette, ce qui rappelle aussi la manière dont on a
01:04:29 d'illustrer en permanence les rapports de genre dans l'espace public,
01:04:32 les filles marchent, circulent, elles ne s'arrêtent pas,
01:04:34 elles ne sont pas posées, les garçons prennent la place,
01:04:38 y compris dans ce film, y compris dans la manière dont on a
01:04:41 de raconter, à ce moment-là, l'adolescence.
01:04:43 Ce qui est intéressant quand on va creuser sur les manières
01:04:46 de se projeter dans l'avenir, les manières de se construire
01:04:48 pour les filles et pour les garçons, c'est que finalement,
01:04:51 elles vont raconter un bonheur commun, qui est celui de la conjugalité,
01:04:57 d'avoir une maison, d'être posée, d'avoir un travail
01:05:00 qui permet de vivre, pas juste de subvenir à ses besoins,
01:05:03 mais de vivre une vie tranquille.
01:05:05 Et il y a un moment, il y a un des jeunes qui va dire
01:05:07 "Et c'est ça le bonheur", et c'est ce qu'on va retrouver
01:05:10 dans les propos des filles et des garçons.
01:05:12 Même si pour autant, ils et elles...
01:05:14 - Aspiration, somme toute, assez simple, un bonheur simple.
01:05:17 - Oui, alors un bonheur simple, mais qui n'est pas toujours facile à accéder.
01:05:19 De ne pas juste survivre, mais de vivre du travail,
01:05:23 d'avoir une maison, d'être posée, d'être tranquille.
01:05:26 - Alors pour accéder à ce bonheur simple, il faut en passer par des études,
01:05:32 une ascension sociale ou pas.
01:05:34 On a affaire à quel type de classe sociale dans ce type de quartier ?
01:05:39 - Calais, c'est une ville populaire.
01:05:42 La cité est habitée par les classes populaires,
01:05:46 surtout une cité qui est promise à la destruction.
01:05:49 On voit qu'il y a déjà beaucoup de logements qui sont fermés
01:05:52 ou qui ont été quittés.
01:05:54 Donc souvent, ceux qui restent en plus,
01:05:56 celles et ceux qui restent en dernier dans un endroit
01:05:58 qui est promis à la démolition,
01:06:01 c'est souvent les personnes qui sont parmi les plus fragiles
01:06:04 et les plus précaires.
01:06:05 Donc on est, je pense, en présence d'une frange populaire de la jeunesse.
01:06:11 On ne voit pas du tout les parents, on ne voit pas d'adultes.
01:06:14 C'est un parti pris, j'imagine, du documentariste.
01:06:17 On entend ce qu'on peut imaginer être les parents rappeler à l'ordre
01:06:20 ou essayer de rappeler à l'ordre sur une heure de rentrée à l'intérieur,
01:06:24 mais on ne voit pas les parents.
01:06:26 Mais on est face à des jeunes, et c'est ça qui m'a frappé, encore une fois.
01:06:30 On est face à des jeunes qui sont probablement d'origine très populaire,
01:06:34 qui vont avoir des choix d'orientation très précoces à faire,
01:06:38 puisque plus on est d'origine populaire, plus on nous demande de faire des choix précoces,
01:06:42 puisque poursuivre dans l'enseignement général après le collège,
01:06:46 c'est un destin qui est sélectionné socialement.
01:06:49 Tout le monde ne continue pas au lycée.
01:06:51 - Ce sont des jeunes qui vont aller jusqu'au bac ?
01:06:53 Est-ce qu'ils vont entamer des études supérieures ?
01:06:55 Est-ce qu'ils vont les entamer, en l'occurrence à Calais,
01:06:59 parce qu'on sait qu'on a affaire à des villes
01:07:01 qui n'offrent pas un choix tel qu'il pourrait être dans les grandes villes françaises ?
01:07:06 Concernant les études supérieures,
01:07:08 est-ce qu'ils vont seulement avoir accès aux études supérieures ?
01:07:10 Est-ce qu'ils vont seulement les tenter, ces études supérieures ?
01:07:13 - Il faudrait faire une émission entière là-dessus,
01:07:15 et on ne peut faire que des projections qui sont un peu des a priori,
01:07:18 en fonction de ce qu'on a vu.
01:07:20 Aujourd'hui, on vient, depuis un ou deux ans,
01:07:23 de parvenir à 80 % d'une classe d'âge au bac.
01:07:26 Si on prend l'obtention du bac général,
01:07:28 c'est à peu près 46 à 48 % d'une classe d'âge.
01:07:30 Là, si on fait des prédictions statistiques,
01:07:33 je pense que peu des jeunes qu'on a vus vont rentrer, par exemple, en seconde générale.
01:07:37 Donc, il y a une possibilité de poursuivre des études à Calais,
01:07:40 il y a une université du littoral, il y a des IUT,
01:07:43 il y a des classes de section de technicien supérieur.
01:07:46 Donc, l'offre existe, mais il y a ce à quoi vous avez fait allusion,
01:07:49 des problématiques de poursuite d'études,
01:07:52 et on sait qu'à partir du moment où les trajectoires scolaires
01:07:55 sont très socialement marquées, très socialement situées,
01:07:58 on peut penser que peu de ces jeunes,
01:08:01 statistiquement, bien sûr, peu de ces jeunes
01:08:04 risquent d'entrer dans l'enseignement supérieur quelques années plus tard.
01:08:07 - Et s'ils le font, ils le feront avec des frais
01:08:10 qui vont probablement augmenter, ça veut dire pour
01:08:13 certains de leurs parents, leur payer un logement,
01:08:16 leur payer probablement des transports,
01:08:19 il faudra partir de Calais, probablement, pour...
01:08:22 - Alors, si on envisage, un temps soit peu, des études supérieures.
01:08:25 - Bien sûr, c'est une problématique de la poursuite des études
01:08:28 en milieu rural ou périurbain, c'est souvent la nécessité
01:08:31 de devoir se payer un logement dans la ville dans laquelle on fait ses études,
01:08:34 et ça, pour ces familles d'origine populaire, même les bourses
01:08:37 ne sont pas une bouée de sauvetage suffisante pour lever ce frein financier,
01:08:40 mais qui, encore une fois, n'est finalement pas le seul frein,
01:08:43 c'est un frein qui se pose quand on est déjà arrivé en terminale.
01:08:46 Beaucoup ont arrêté avant la classe de terminale.
01:08:49 - Alors, vous avez beaucoup travaillé sur le thème de la mobilité,
01:08:52 d'ailleurs, dans ce type d'espace périurbain,
01:08:55 mais cette fois en Ile-de-France, et vous dites
01:08:58 que ces fameux espaces sont trop souvent présentés
01:09:01 comme un piège spatial, en particulier par les adolescents
01:09:04 subissant souvent le choix résidentiel-parental.
01:09:08 Autrement dit, la mobilité, c'est un élément essentiel
01:09:11 pour l'émancipation de cette jeunesse ?
01:09:14 - Dans le contexte dans lequel j'ai travaillé,
01:09:17 les jeunes vivaient dans des maisons,
01:09:20 pas dans du logement collectif,
01:09:23 et souvent, les familles étaient arrivées là
01:09:26 pour accéder à la propriété,
01:09:29 avaient quitté des ensembles de logements sociaux
01:09:34 et ne pouvaient accéder à ça que...
01:09:38 ...en s'éloignant de la ville.
01:09:42 - Est-ce qu'ils sont dans un piège spatial ?
01:09:46 J'ai retenu cette expression que vous avez reprise,
01:09:49 justement, dans le cadre de cette étude et de vos travaux.
01:09:53 Ils sont dans un piège spatial, tel que vous le définissez ?
01:09:57 - À partir du moment où vous vivez loin de la ville,
01:10:00 que vous n'avez pas forcément des transports en commun
01:10:03 qui sont à disposition, un car scolaire
01:10:06 qui vous emmène au lycée ou au collège,
01:10:09 et un le matin, un le soir, avec une amplitude énorme,
01:10:13 ça va être un peu compliqué de se déplacer.
01:10:17 Et finalement, l'accès aux deux roues,
01:10:20 qu'on aperçoit dans le film, on voit dans les premiers plans,
01:10:23 il y a des motos, finalement, l'équipement de roues,
01:10:26 ça exige déjà d'avoir un budget.
01:10:30 Et ce que j'ai vu, moi, avec les jeunes
01:10:34 avec qui je me suis entretenue, c'est qu'au moment de...
01:10:38 Et encore, moi, j'ai fait mon étude sur des jeunes
01:10:41 qui étaient scolarisés dans un lycée général ou technologique,
01:10:45 donc qui avaient déjà passé tous les seuils jusque-là,
01:10:49 c'est au moment du choix des études supérieures
01:10:53 que là, il y a vraiment un très gros différentiel
01:10:56 où le milieu social entre en ligne de compte,
01:10:59 qui vient se rajouter au contexte spatial.
01:11:02 Parce que si les parents mobilisent énormément de leur budget
01:11:09 pour rembourser un emprunt,
01:11:11 ça va être très compliqué de payer des études,
01:11:14 de rembourser s'il y en a une,
01:11:16 et quand les deux parents travaillent,
01:11:18 ce n'est pas possible, ça va permettre de partir.
01:11:21 Et souvent, on va se tourner vers le BTS du coin.
01:11:24 Il y a une étude qui a été faite en Vendée par Sophie Orange
01:11:28 qui montre que c'est un choix par défaut
01:11:32 qui arrange bien tout le monde
01:11:34 parce qu'il y a des transports qui sont organisés
01:11:37 et qui permettent d'accéder à l'enseignement supérieur.
01:11:40 -Est-ce que dans la tête de ces jeunes,
01:11:43 c'est un choix qu'il faut partir ?
01:11:45 Est-ce que c'est une priorité de quitter cet environnement
01:11:49 dans lequel ils vivent pour aller vivre dans des grandes villes ?
01:11:53 Pourquoi pas aller vivre à l'étranger s'ils en ont les moyens ?
01:11:56 Partir, quitter ces endroits,
01:11:58 est-ce que c'est une préoccupation forte de ces jeunes ?
01:12:01 -Je pense que typiquement, les jeunes qui sont dans ce documentaire,
01:12:04 la question de partir s'impose à eux
01:12:06 parce que la cité est en train de fermer.
01:12:08 Le groupe va se retrouver éclaté.
01:12:10 Ils ne vont pas se retrouver dans les mêmes zones d'habitat social.
01:12:13 Il y en a qui sont déjà partis.
01:12:15 Cette question de partir s'impose à eux d'une part.
01:12:18 En plus, après, elle s'impose à eux
01:12:20 par les trajectoires de vie des familles,
01:12:22 de leurs parents, des voisins, etc.
01:12:24 Et puis, il y a ce...
01:12:26 -On est très contraints par le parcours parental.
01:12:29 -Ils habitent tous chez leurs parents.
01:12:31 A priori, on n'a pas d'élément.
01:12:33 On ne sait pas où ils habitent.
01:12:35 Mais on va partir de l'hypothèse
01:12:37 que la grande majorité habite encore chez ses parents.
01:12:40 Et donc, ils vont se poser la question.
01:12:42 D'ailleurs, ils en discutent entre eux
01:12:44 et les filles en discutent entre elles dans le film.
01:12:47 "Est-ce que tu irais habiter jusqu'à Boulogne ?"
01:12:50 "C'est trop loin."
01:12:51 Le rapport au "trop loin", il est socialement situé.
01:12:54 On voit bien que les classes populaires
01:12:56 n'ont pas le même rapport à l'espace
01:12:58 mais ne se sentent pas à l'aise de la même manière
01:13:01 pour franchir tous les kilomètres
01:13:03 pour aller dans un territoire où ils ne connaissent personne,
01:13:06 où on ne maîtrise pas l'univers social
01:13:08 dans lequel on peut atterrir.
01:13:10 On va voir que pour les jeunes plus favorisés
01:13:12 de centre-ville, de très grande ville,
01:13:14 il va y avoir une injonction adulte
01:13:16 de leur dire qu'il faut regarder vers l'international,
01:13:19 tandis que les jeunes qui sont dans des petites villes,
01:13:22 on va leur dire qu'il faut regarder vers la grande ville,
01:13:25 la plus proche ou un peu plus loin.
01:13:27 On leur rappelle qu'ils ne sont jamais à leur place
01:13:30 et que ce n'est pas normal de vouloir rester là où on est
01:13:33 et d'être bien là où on est.
01:13:35 Dans les propos des jeunes, et notamment des jeunes filles,
01:13:38 il y en a certaines qui disent clairement
01:13:40 qu'elles sont bien là où elles sont.
01:13:42 Mais par contre, il faut qu'elles aient les moyens
01:13:44 d'être bien là où elles sont.
01:13:46 C'est là où intervient la question du couple, du travail,
01:13:48 pour dire "c'est ça mon bonheur, c'est juste d'avoir ma vie tranquille
01:13:51 et la vie tranquille peut être en bas de chez moi".
01:13:53 - Vous avez l'habitude, et à travers vos travaux également,
01:13:56 de dire qu'il faut, en réalité, pour cette jeunesse,
01:13:59 moins de familles et davantage d'Etat.
01:14:01 Est-ce que ça s'applique à cette jeunesse périurbaine
01:14:04 qui vous intéresse aujourd'hui ?
01:14:06 - Merci de m'avoir lu, déjà.
01:14:08 Quand je dis ça, je parle vraiment des jeunes,
01:14:10 on va dire, à partir de 16 ans.
01:14:12 Je dis 16 ans, car c'est l'âge de fin de scolarité obligatoire,
01:14:15 donc l'âge à partir duquel des politiques sociales
01:14:18 peuvent s'adresser aux jeunes en tant que telles.
01:14:20 - À 16 ans, on est encore au lycée.
01:14:22 - Oui, mais on peut arrêter l'école à 16 ans.
01:14:24 C'est pour ça que quand on parle des jeunes,
01:14:26 du point de vue des politiques publiques,
01:14:28 on parle souvent des 16-25 ans.
01:14:30 Là, ils ont un peu moins de 16 ans.
01:14:32 - C'est un peu comme si on mettait en scène,
01:14:34 dans le documentaire, le poids de l'origine sociale,
01:14:36 du milieu familial, dans le destin qu'on peut leur deviner.
01:14:39 Encore une fois, sans faire de prédictions
01:14:41 dont j'espère que certaines seront démenties,
01:14:43 mais on voit bien qu'effectivement,
01:14:45 si on ne laisse ces jeunes-là dépendre,
01:14:47 dans les prochaines années,
01:14:49 uniquement des ressources de la famille,
01:14:51 on voit bien comment on va faire en sorte
01:14:53 que les inégalités se reproduisent.
01:14:55 On disait au début que ce documentaire
01:14:57 montrait que ces jeunes avaient des aspirations particulières
01:15:00 qui étaient certes, pour le coup,
01:15:02 assez banales, mais finalement assez nobles,
01:15:05 qui est celle de devenir adulte,
01:15:07 de devenir indépendant, de devenir autonome.
01:15:10 - Marier, avoir des enfants, une maison.
01:15:12 - Et pour le coup, je pense qu'on a commencé aussi
01:15:14 l'émission en disant que les jeunesses
01:15:16 étaient très diverses, très fracturées,
01:15:18 et que l'on avait une petite fraction de la jeunesse.
01:15:20 Mais je pense que ce qui unit les jeunesses,
01:15:22 c'est cette volonté d'être soi-même,
01:15:24 de pouvoir devenir ce qu'on a envie de devenir,
01:15:27 et de devenir pleinement citoyen, pleinement autonome.
01:15:30 Et pour ça, effectivement, je plaide pour qu'il y ait
01:15:33 des dispositifs qui permettent aux jeunes
01:15:35 d'avoir le temps d'être jeunes.
01:15:37 Si je devais résumer, c'est ça.
01:15:39 Ces jeunes ont besoin de temps.
01:15:41 On voit les questions qui se posent,
01:15:43 les réflexions qui sont les leurs,
01:15:45 cette espèce de plage d'attente un peu indéfinie
01:15:47 qui s'étend devant eux et devant elles.
01:15:49 Il faudrait que, dans une société du XXIe siècle,
01:15:51 vieillissante par ailleurs,
01:15:53 on laisse le temps à ces jeunes d'être jeunes,
01:15:55 parce que c'est un âge de la vie
01:15:57 auquel on est confronté à des questions
01:15:59 qui nécessitent du temps.
01:16:01 C'est un peu angoissant, quel que soit le milieu d'origine.
01:16:04 Donc oui, je pense qu'il faut aller vers
01:16:06 des politiques publiques plus ambitieuses
01:16:08 qui permettent aux jeunes d'avoir le temps d'être jeunes,
01:16:11 à Calais, dans les grandes villes, dans les campagnes, un peu partout.
01:16:14 - Il est en panne, l'ascenseur social,
01:16:17 pour la jeunesse que nous avons vue dans ce documentaire ?
01:16:21 - Il y a une forte reproduction sociale.
01:16:25 On s'aperçoit que, lorsque l'on a été habitué,
01:16:30 dès l'enfance à bouger,
01:16:32 qu'on a les codes de la mobilité,
01:16:35 c'est beaucoup plus facile de se projeter dans des études,
01:16:38 dans un travail ailleurs,
01:16:40 de se confronter à l'altérité,
01:16:44 alors que si on n'a jamais quitté son village, son quartier,
01:16:48 c'est beaucoup plus difficile.
01:16:51 Ça ne veut pas dire que c'est impossible,
01:16:54 mais il y a une forte reproduction.
01:16:57 Et c'est ça qui est assez désarmant,
01:17:04 parce que ça laisse peu de perspective.
01:17:08 Bien sûr, il y a des contre-exemples.
01:17:11 Et puis on peut aussi avoir envie de partir à un moment,
01:17:15 pour finalement revenir,
01:17:18 ou vouloir partir, ne pas pouvoir partir,
01:17:22 et finalement faire sa vie comme ça,
01:17:26 finalement, qui nous satisfasse.
01:17:29 Donc c'est une période qui est quand même compliquée,
01:17:34 parce qu'il y a des injonctions.
01:17:36 On voit que la jeune mère de famille,
01:17:39 elle est déjà engagée dans un processus sur le long cours.
01:17:44 La première scène avec les deux filles,
01:17:47 que Lulule propose, qu'elle s'imagine avec un gars de Marseille.
01:17:52 Il y a une grande part aussi de rêve dans toutes ces conversations.
01:17:57 Et si on va loin, on peut s'imaginer l'avenir qu'on veut,
01:18:04 sans forcément...
01:18:06 - Justement, vous avez prononcé le mot,
01:18:08 et on leur souhaite, c'est le rêve,
01:18:10 c'est cet espoir en l'avenir.
01:18:13 L'ascenseur social, c'est un élément déterminant,
01:18:16 c'est sans doute pas le seul,
01:18:18 mais peut-on espérer voir ces jeunes rêver,
01:18:20 et qu'est-ce qui permettrait de les faire rêver,
01:18:22 et voir aboutir à ces aspirations ?
01:18:25 - Je pense que d'une part, pouvoir rêver, c'est un luxe,
01:18:29 parce que ça nécessite du temps,
01:18:31 ça nécessite des moyens,
01:18:33 ça nécessite une moindre pression socio-économique,
01:18:36 juste j'ai la possibilité de rêver,
01:18:38 et pas de devoir aller faire un job
01:18:40 pour subvenir aux besoins de la famille,
01:18:43 parce qu'on a quand même une partie importante des jeunes
01:18:45 des classes populaires qui participent à l'économie familiale,
01:18:47 il ne faut pas se leurrer non plus,
01:18:49 mais du coup, participer économiquement,
01:18:51 finalement, à la famille, c'est aussi avoir moins de place pour rêver,
01:18:54 alors sans penser que quand on rêve, on ne fait forcément rien,
01:18:57 mais ça fait partie, ça veut dire qu'on a du temps,
01:19:00 donc je pense qu'il y a un enjeu de classe,
01:19:02 et en même temps, ce qu'on voit, c'est que les rêves
01:19:05 sont aussi proportionnés à hauteur de ce qu'on peut faire.
01:19:08 -Il y a une forme d'autocensure, semble-t-il,
01:19:11 lorsqu'on lit différents articles,
01:19:13 sur cette jeunesse de type périurbain.
01:19:16 -Je ne sais pas si c'est d'autocensure ou du réalisme.
01:19:18 -Il y aurait "Ce n'est pas pour moi, je ne vais pas pouvoir,
01:19:20 je ne vais pas y accéder".
01:19:22 -C'est une forme de réalisme aussi, ils ne sont pas non plus,
01:19:24 ils ne vivent pas dans une planète
01:19:26 qui est séparée de celle du reste du monde,
01:19:28 et ils savent aussi, et elles savent aussi bien,
01:19:30 les conditions matérielles d'existence qui sont les leurs,
01:19:33 ils et elles ont vu leurs parents sans emploi,
01:19:35 et en emploi, et sans emploi,
01:19:37 et donc cette question de l'ascenseur social,
01:19:39 elle se pose, mais en fait, elle se pose aussi d'abord
01:19:41 pour maintenir une situation,
01:19:43 il n'y a plus l'espoir, forcément, de faire mieux,
01:19:45 d'accéder à plus que ses parents,
01:19:47 que déjà de maintenir un niveau de subsistance
01:19:49 qui permette de juste avoir, pas juste la tête hors de l'eau,
01:19:52 or une partie des jeunes,
01:19:54 alors dans ceux-là du reportage, je ne les connais pas,
01:19:56 mais moi, dans les filles que j'ai pu rencontrer,
01:19:58 typiquement dans les filles du coin,
01:20:00 quand on grandit avec des parents juste à la tête hors de l'eau,
01:20:02 on espère juste être un peu plus cool,
01:20:04 et que la fin du mois ne s'arrête pas au début du mois.
01:20:06 - On est davantage peut-être dans ce qu'on peut rappeler
01:20:09 la vraie vie concernant ces jeunes
01:20:11 que des jeunes urbains,
01:20:13 qui ont peut-être plus de temps, justement,
01:20:15 vous disiez, il faut laisser du temps à cette jeunesse,
01:20:17 pour qu'elle puisse avoir leurs aspirations aboutir,
01:20:21 qu'elle puisse vivre, tout simplement,
01:20:23 ces jeunes-là, ils sont dans la vraie vie très vite,
01:20:25 peut-être d'ailleurs, effectivement,
01:20:27 en payant une partie du budget familial,
01:20:31 c'est ça la réalité de cette jeunesse ?
01:20:33 - Ils sont confrontés à des questions économiques
01:20:35 très précocement.
01:20:37 Après, moi, je ne sais pas trop ce que c'est la vraie vie,
01:20:39 les jeunes urbains qui habitent dans des quartiers,
01:20:42 qu'on dit quartiers populaires, en Ile-de-France,
01:20:44 ils sont confrontés aussi à une réalité très brutale.
01:20:48 - Oui, la précarité des contrats de travail,
01:20:51 vous le soulignez aussi dans vos travaux.
01:20:53 - Bien sûr, oui.
01:20:55 - C'est le plus important, le plus fréquent pour les jeunes.
01:20:57 - Yael disait "le rêve, c'est un luxe",
01:20:59 et évidemment, c'est plus facile de rêver
01:21:01 quand les parents ont un niveau de revenu élevé,
01:21:03 des niveaux de diplômes élevés, etc.
01:21:05 Mais je me rappelle d'un autre documentaire
01:21:07 qui suivait, qui s'appelait "Les bonnes conditions",
01:21:09 je crois, qui suivait des jeunes bien mieux nés
01:21:11 pendant plusieurs années, et on voyait qu'eux-mêmes
01:21:13 faisaient face à une pression parentale terrible,
01:21:15 et dès le lycée, alors eux, ils allaient au lycée,
01:21:17 évidemment, dès le lycée, c'était quel prépa,
01:21:19 quel endroit, quel métier,
01:21:21 il y avait finalement une autre pression
01:21:23 qui ne laissait pas beaucoup de place au rêve non plus.
01:21:25 Et c'est pour ça que, moi, je ne pense pas utopique
01:21:27 de dire qu'une des questions que la société
01:21:29 doit se poser, c'est de réfléchir à la manière
01:21:31 dont on peut laisser ces jeunes,
01:21:33 quelles que soient leurs origines,
01:21:35 quelles que soient leurs aspirations,
01:21:37 tout le monde ne souhaite pas s'élever socialement,
01:21:39 je ne sais pas d'ailleurs si l'ascenseur social,
01:21:41 ça veut dire quelque chose pour ces jeunes,
01:21:43 on voit que ce qu'ils veulent, c'est un travail,
01:21:45 c'est une femme, un mari, un toit,
01:21:47 donc c'est une réussite pour eux,
01:21:49 et je pense que pour pouvoir y parvenir,
01:21:51 il faut vraiment qu'on s'inspire des sociétés
01:21:53 qui, elles, ont réussi à penser des politiques publiques
01:21:55 qui permettent aux jeunes de prendre le temps d'être jeunes.
01:21:57 - Et vous pensez à quelle société en disant cela ?
01:21:59 - Typiquement, on cite toujours en exemple
01:22:01 les pays scandinaves qui ont des politiques
01:22:03 plus généreuses et plus universelles
01:22:05 et qui vont accompagner les jeunes en tant qu'adultes.
01:22:07 Je vous donne juste un exemple,
01:22:09 c'est que, par exemple, en France,
01:22:11 on va considérer les jeunes comme les enfants de leurs parents
01:22:13 et si on aide les étudiants, par exemple,
01:22:15 c'est sous condition de ressources des parents,
01:22:17 alors que dans d'autres pays, si on aide les étudiants,
01:22:19 c'est parce qu'ils sont citoyens et on les aide toutes et tous
01:22:21 quel que soit le niveau de revenu de leurs parents.
01:22:23 Donc, voilà, c'est de penser des dispositifs
01:22:25 qui soient universels,
01:22:27 qui soient protecteurs et qui permettent aux jeunes
01:22:29 de prendre un an
01:22:31 pour réfléchir à ce qu'ils veulent faire
01:22:33 et à ne pas considérer que si, par exemple,
01:22:35 on redouble une année au collège ou au lycée,
01:22:37 on a déjà perdu un an.
01:22:39 Ça, je pense que c'est très important.
01:22:41 - Vous voulez rajouter quelque chose ?
01:22:43 Nous sommes à la toute fin de cette émission.
01:22:45 - Non, je pense qu'un des éléments
01:22:47 qu'il faut retenir quand même, c'est la place du groupe
01:22:49 et la place du groupe de copains et de copines
01:22:51 aussi à cet âge-là et qui est constitutif
01:22:53 en fait dans tous leurs propos.
01:22:55 On voit que les parents n'apparaissent pas
01:22:57 dans la sélection des moments choisis,
01:22:59 mais en tout cas,
01:23:01 on voit combien on se situe
01:23:03 dans un groupe
01:23:05 et donc on est un jeune parmi les autres jeunes.
01:23:07 Je pense que ça se retrouve dans les propos des filles,
01:23:09 dans les propos des garçons, et c'est ça aussi
01:23:11 qui va permettre de savoir ce qu'on veut faire,
01:23:13 ce qu'on peut faire, comment l'autre nous a permis
01:23:15 de rêver parce qu'il avait trois ans de plus
01:23:17 et il ou elle a fait ça, et ainsi de suite.
01:23:19 C'est aussi tous ces parcours-là
01:23:21 de gens qui vont faire l'entourage,
01:23:23 de faire le commun,
01:23:25 qui vont aussi permettre d'imaginer,
01:23:27 d'aspirer, de rêver
01:23:29 et de penser à l'avenir pour ces filles et ces garçons.
01:23:31 - Et ces jeunes qui sont rencontrés
01:23:33 dans ces quartiers
01:23:35 à cet âge de l'adolescence,
01:23:37 ce sont des jeunes qui vont se retrouver bien plus tard
01:23:39 une fois qu'ils sont dans leur vie d'adultes
01:23:41 ou alors tout ça est derrière soi ?
01:23:43 - Aucune idée.
01:23:45 Impossible.
01:23:47 - Impossible à dire. Merci vraiment à tous les trois
01:23:49 d'avoir participé à cette émission
01:23:51 aujourd'hui, après ce documentaire.
01:23:53 Vos réactions,
01:23:55 ce sera sur #DébatDoc sur Twitter.
01:23:57 Merci aussi à Selma Sally
01:23:59 qui, comme elle est accoutumée, m'a aidée à préparer cette émission.
01:24:01 Et puis je vous donne tout simplement rendez-vous
01:24:03 pour un prochain Débat Doc et
01:24:05 ce sera bien sûr avec son documentaire et son débat.
01:24:07 A très bientôt.
01:24:09 (Générique)
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